« Je parlais plus haut de la compréhension de l’autre, du différent. Cette démarche de l’esprit s’est imposée à moi dans les questions, comme on dit, sociétales. Plus particulièrement sur celles liées à l’homosexualité. Tout le monde sait d’où je viens. j’avais sur les questions de société la sensibilité traditionnelle. Pas de vulgarité, mais pas beaucoup d’ouverture. Je m’en tirais en affirmant que tout cela appartenait à la vie privée de chacun et que l’Etat n’avait pas à s’en saisir. (…)
Et puis j’ai essayé de comprendre. Ce que disaient mes amis, amis d’enfance, amis de l’âge adulte, qui vivaient l’homosexualité. Mon ami Philippe Meynard a raconté dans un très beau texte comment il avait vécu la révélation à sa mère de la réalité de sa vie. Plusieurs autres m’ont rapporté comment on élève ses enfants lorsque, marié, on découvre ou qu’on révèle son homosexualité. je les ai écoutés avec intensité, et je crois les avoir entendus. Je n’ai pas approuvé la pétition de plusieurs centaines de parlementaires affirmant qu’un enfant avait besoin “d’un père et d’une mère”. (…)
Je me suis exprimé sur l’homoparentalité. Dans le bouche de certains, c’est un gros mot. On me demande, sous forme d’accusation, si je suis “pour” l’homoparentalité. Mais mes interlocuteurs ont-ils conscience que l’homoparentalité ne nous a pas attendus pour exister ? Il y a en France, estime-t-on, environ 300 000 enfants élevés par des parents homosexuels, issus d’unions classiques, dont les membres se sont séparés pour vivre une autre vie. je n’ai pas voulu en laisser dire du mal. Je suis persuadé depuis très longtemps qu’on ne choisit pas de devenir homosexuel. C’est une structure profonde de la personnalité, qu’on accepte ou qu’on refoule, mais dont on n’est ni l’auteur ni le responsable. Et je sais ce que représente de doutes et de lourds combats intérieurs la découverte de cette identité. Un de mes jeunes amis s’est suicidé récemment pour n’être pas parvenu à assumer cette part de lui-même. Le taux de suicide chez les jeunes homosexuels est cinq fois plus élevé que chez les autres jeunes ! En leur direction, je veux une politique de prévention, eux qui sont si fragiles. »
François Bayrou, dans son livre Projet d’espoir.
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