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Les humeurs mensuelles de Bernard Alapetite


Depuis plus de quarante ans, chaque année, avec de rares impasses forcées, je ressens une bouffée de plaisir en arrivant au sommet de l'escalier de la station de métro de la Porte d'Auteuil, premiers pas vers le stade Roland-Garros où je vais rituellement assister aux internationaux de France de tennis. Le mois dernier, je n'ai pas fait exception à la règle. Une fois franchi le barrage des parasites cosmopolites aux trognes patibulaires qui, depuis près de vingt ans, escroquent le chaland (souvent étranger) en leur proposant dans un sabir interlope des places au marché noir, je me retrouve marchant au milieu d'une foule pressée composée d'habitants des beaux quartiers qui ressemblent à ces braves gens de La Varenne que chante Charles Trenet et qui furent mon seul horizon humain pendant mes toutes premières années.


Roland-Garros est un des rares lieux, avec ma chère plage de La Baule, que j'aurais probablement visitée lorsque vous lirez ces lignes, où je peux jouer (mais est-ce transmissible, éclairez moi sur la question) au jeu du génial Perec : JE ME SOUVIENS.

Je me souviens ainsi d'un soir, dans une lumière crépusculaire, sur le central, qui ne s'appelait pas encore Philippe-Chatrier, de Ramirez, le sombre et moustachu mexicain qui n'en finissait pas de battre l'élégant chilien Gildemeister... Je me souviens, ces années-là, en ces heures tardives, du bruit des canettes en verre (pas encore interdites de crainte de jets intempestifs) qui, poussées par le pied maladroit d'un spectateur qui se résignait a quitter l'enceinte avant le dénouement final, dévalaient les gradins avant de se briser en un bruit cristallin qui serait aujourd'hui totalement incongru au royaume de l'ocre... Je me souviens d'avoir vu le jeune et très long Ivasinevic, lors de sa première prestation Porte d'Auteuil, sur un petit court à la campagne (entendez par là un terrain excentré par rapport au central) se faire étriller par le roux australien Woodforde qui était, avec son compatriote, le bien mignon Woodbridge, une paire fameuse dont j'essayais de ne pas manquer les apparitions et que j'ai par conséquent admiré bien souvent, même si elle ne parvint jamais à ravir dans mon coeur la place tenue par un autre duo fameux celui des sud-africains Mac Millan, toujours coiffé de sa casquette plate, et Hewitt... Je me souviens d'un Roland-Garros sans ahanement... Je me souviens du premier joueur qui osa une chemisette de couleur. Elle était d'un beau vert jardin, alors que tous ses camarades se présentaient dans des tenues, de la tête aux pieds, d'un blanc immaculé. Il s'appelait Van Dilen. Je me suis empressé de l'imiter et pour cette raison, je fus renvoyé chez moi par mon entraîneur pour me changer. On ne plaisantait pas en ce temps-là avec la tenue au country club de La Baule... Je me souviens d'un après-midi caniculaire, pendant lequel je suis resté debout, sur la passerelle en ciment qui surplombe le court trois, voir le hollandais Haarhuis battre au courage le triste et vindicatif argentin Mancini que l'on présentait, cette année-là, comme le grand favori car il venait de remporter le tournoi de Monte-Carlo... Je me souviens qu'en 1974, j'ai acheté mon billet pour la finale trente minutes avant le début de la rencontre ; pendant celle-ci, il resta plusieurs places vides sur les gradins et pour la première fois, Borg brandit le trophée...

Je ne me souviens plus en quelle année, les jeunes et jolis manipulateurs des numéros qui affichaient le score sur les courts annexes furent remplacés par des tableaux lumineux... Je ne me souviens plus quand le court, bordé par une charmante et incongrue maison normande, sur lequel par une tiède après-midi j'ai soutenu Alexander, a été supprimé...

Ne croyez pas que je ne me rends à Roland-Garros que par nostalgie. La veille de ma première visite de l'année au stade, je suis aussi fébrile que la lointaine première fois. Le souvenir n'est pas une déploration, c'est au contraire conforter les plaisirs à venir en les asseyant confortablement sur le socle de la mémoire. C'est ce que réalise, avec légèreté et élégance, Christian Giudicelli dans son dernier ouvrage : Les Passants (éditions Gallimard). « Occupons-nous de ceux qui hantent la mémoire en déchirant le flou de nos rêves. Les passants qui répondent présent à nos appels. Les passants, détachés du passé. » La gravité, inhérente à l'exercice puisque l'auteur (par la force des choses) y parle de personnes presque toutes disparues, est sans cesse bousculée par la cocasserie des portraits de ceux qui le marquèrent ou le frôlèrent tel celui d'Alain Cuny, la notoriété de ce bègue pompeux m'est toujours restée incompréhensible. Giudicelli peut être rosse, mais c'est surtout une grande tendresse qui se dégage de ces pages dans lesquelles il ne fait pas mystère de son amour des garçons.


J'ai eu la chance de pouvoir vérifier combien l'esprit et la générosité de Christian Giudicelli n'étaient pas réservés à ses livres mais irradiaient aussi de sa personne. J'étais très ému lorsque je le rencontrai à l'occasion du tournage de son interview qui devait être un des bonus du DVD Le Garçon d'orage, DVD malheureusement jamais édité, d'après le roman de Roger Vrigny (éditions Gallimard). Je voulais qu'il me parle de ce dernier, avec qui, pendant de nombreuses années, il avait partagé l'antenne de France Culture pour leur émission littéraire hebdomadaire qui enchanta tantôt mes matinées, tantôt mes après-midi et qui n'avait rien à voir avec sa remplaçante où une péronnelle trouve régulièrement du génie à des plumitifs abscons pourvus qu'ils soient exotiques. Ce fut pour moi une après-midi inoubliable dont il ne me reste comme seule trace physique la photo que je pris, où mon assistant d'alors, Benoît Delière, maquille l'écrivain. Durant une heure, Christian Giudicelli traça un portrait émouvant de Vrigny, qui fut à la fois son mentor et son ami.

Pour aller Porte d'Auteuil, comme ailleurs, je prends le métro dont les couloirs et les quais me mettent parfois face à une image obscène, comme cette publicité en faveur du tourisme à Cuba sur laquelle on voit une image idyllique de La Havane où une voiture américaine pimpante des années 50 transporte des cubains hilares, sur fond d'architecture coloniale comme neuve. Voilà l'illustration parfaite de notre ploutocratie mercantile, de la complicité criminelle de notre gauche alliée à la lâcheté non moins criminelle de notre droite, traduite par une espérance de profits immoraux, envers le sinistre barbu qui n'en finit pas de crever. La bonne conscience occidentale lui sait gré d'avoir nettoyé le bordel de l'Amérique qu'était devenu Cuba sous Battista. Pour ma part, je préférerai toujours un bordel à une prison... Mon esprit d'escalier, mais c'est un escalier à la Escher qui me ramène toujours au même étage après de pénibles circonvolutions, me fait me souvenir d'une expédition ludique vers Cuba d'un groupe d?écrivains français en 2002 dont le but était de se faire goberger par Fidel sous le fallacieux prétexte d'assister à la 11e Foire internationale du livre de La Havane. À leur retour, les repus n'encoururent pas les foudres de leurs pairs. Je ne peux m'empêcher de faire le parallèle avec l'escapade que firent quelques intellectuels français en Allemagne en octobre 1941, promenade connue sous le nom du Voyage d'automne pour s'y acoquiner avec le régime nazi et furent, en 1945, voués aux gémonies. Entre parenthèses, ce groupe comportait deux homosexuels notoires, Jouhandau qui s'illustrait alors par des propos antisémites ignobles et André Fraigneau dont je crois ce fut presque la seule compromission. Et que croyez-vous qu'il advint ? Le premier n'eut guère à souffrir de ces vacances vert-de-gris, quant à la carrière du second elle fut définitivement brisée. Qui a dit que les temps changeaient... Il est possible de réparer d'une façon minime mais délectable cette injustice, en découvrant de Fraigneau Le Songe de l'empereur : Julien l'Apostat (éditions du Rocher), encore un vaincu dont je ne me console pas de la défaite...


Il faut se souvenir que le régime castriste est aussi répressif envers les homosexuels que le fut celui d'Hitler. Il n'y a qu'à lire pour s'en convaincre les livres d'Arenas et de voir Avant la nuit (DVD chez Films sans frontières), la belle biopic que consacra à Arenas Julian Schnabel, sans parler de l'éclairant documentaire de Nestor Almendros, Mauvaise conduite, mais comment revoir ce chef-d'oeuvre introuvable ?

Il n'est pas mauvais de se souvenir de cela et ne pas oublier non plus comment le PCF traitait l'homosexualité juste après mai 68, comme l'illustre très bien l'excellente mini série Les Camarades qui vient de sortir en DVD chez France 2 éditions.


Malgré tout j'aime beaucoup le métro. C'est pour moi un endroit propice à la lecture et... au matage, activités qui souvent entrent en conflit lorsque une agréable créature entre dans mon champ de vision, elle retarde ma connaissance de la suite de mon roman qui souvent aussi m'empêche de me repaître d'un beau visage comme je le voudrais... Parfois au cours de la lecture d'un livre, une bouffée d'émotions me submerge. Alors je lève les yeux de mon livre pour me refroidir le coeur dans la contemplation de ces voyageurs absents qui semblent se laisser transporter comme des ballots et qui me paraissent bien moins vivants que les personnages que je viens de quitter. C'est ce qui m'est arrivé à la fin du très beau Mon frère et son frère (édition 10-18) qui me provoqua une sorte de collapse entre Ranelagh et Jasmin.


L'auteur d'un commentaire de mon dernier billet, laissait entendre que ce dont je parlais n'était dans ses moyens. Je ne conteste pas que souvent l'art coûte cher, mais parfois aussi il est gratuit, comme l'est la visite des galeries. À la galerie Applicat-Prazan, ces dernières semaines, on pouvait admirer une quinzaine de tableaux abstraits des années 50 parmi les plus beaux que l'on puisse voir. Ils font partie de la collection d'Alain Delon qu'il a réuni au début des années 70. Ces toiles exceptionnelles n'avaient pas été exposées depuis trente ans et n'étaient jusque là visibles que par ses intimes. Comme quoi l'acteur, aujourd'hui un peu ringard et qui histrionna au dernier Festival de Cannes, est aussi un grand collectionneur qui a la générosité de nous faire partager ses trésors. Qu'il soit remercié de nous avoir montrer entre autres son splendide Riopelle... Pendant qu'il en est encore temps, je vous conseille de visiter la galerie Garnier pour retrouver Bernard Buffet. On peut aussi se souvenir qu'il fut un des très rares artistes, dans l'immédiat après-guerre, à représenter des hommes nus sur une toile. Ne voulant pas être taxer de parisianisme, je vous indique un merveilleux site exhaustif sur ce peintre, là encore une visite ne coûte rien, pas même l'usure de la semelle de vos chaussures.

Buffet :      Riopelle :

Dans le dernier livre de Frédéric Mitterrand, Le Festival de Cannes, une phrase à propos de Godard résume bien la dictature que font régner les apparatchiks de la culture sur les français : « Au début on s'en approche chaviré d'émotion et laminé par le rouleau compresseur de la nomenklatura culturelle qui ne souffre aucune critique à son endroit, le cite, le célèbre, l'oint comme les gardes rouges autrefois Mao... ». On peut lire de telles ineptes célébrations régulièrement dans Les Cahiers du cinéma. Heureusement la critique blogueuse nous libère de la bienséance culturelle. Il n'est qu'à lire les textes de Ludovic Maubreuil pour nous en convaincre. En témoigne ce petit extrait : « Et si le cinéma post-moderne, non seulement déconstruit mais cherchant à l'être toujours davantage, non seulement polyphonique mais espérant en sus le supplément d'âme de la cacophonie, non seulement symboliste à outrance mais s'acharnant à vider chaque signe d'un sens trop univoque, n'était pas avant tout de l'esprit de sérieux maquillé en désordre baroque, du labeur pointilleux et de la convention autoritaire faussement désorganisés, du chaos patiemment conçu ?.. Ce que le cinéma classique faisait dans l'harmonie de séquences interdépendantes, le formalisme le mêle jusqu'à l'absurde, le concentre jusqu'à l'explosion, dans quelques images oxymoriques ou ciblées, modernes en somme. » Voici un blog sur le cinéma revigorant que je range précieusement dans mes favoris aux côtés de ces deux autres talentueux furieux subjectifs que sont Mérovingien et Dr Orloff.

Les éditions Fayard font paraître l'éblouissante correspondance de Dominique de Roux, le fondateur des Cahiers de l'Herne, que j'ai eu l'honneur de connaître, malheureusement trop peu de temps en raison de son décès prématuré. Elle ressuscite le brio et les passions de l'homme en donnant quelques leçons de vie à ses lecteurs : « ... Car être aristocrate que voulez-vous, c'est ne jamais avoir coupé les ponts avec ailleurs, avec autre chose. »

Demain sera un autre jour et les ornithorynques, qui ne sont jamais nostalgiques, seront toujours aussi facétieux...


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