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(c) D.R.


Ceci est une histoire vraie « based on a true story ». L’histoire d’une nana (1) qui a traversé ma vie en l’espace d’un peu moins de deux ans, et y a laissé son empreinte.

Flash-back, fin 1999. À la poursuite de mes rêves de gloire, en une époque bénie où la Secret Loft Nouvelle Star Academy Story n’existait pas encore, je cherchais à enregistrer un disque. J’avais trouvé dans Casting Magazine les coordonnées de deux mecs possédant un studio d’enregistrement et qui étaient susceptibles de me faire une maquette. Sur la base de l’orchestration de l’un d’eux, j’ai écrit des lyrics et imaginé une mélodie. La chanson s’intitulait « Ailleurs », et quelques rares vernis en ce monde ont pu l’écouter a capella. Afin de perfectionner ma technique avant l’enregistrement, les gars m’ont branché avec une jeune femme qui donnait des cours de chant. C’est ainsi que je fis la connaissance de Flora (2). Elle avait 25 ans, elle était blonde et charmante. Malgré son jeune âge, elle en connaissait visiblement un rayon et m’enseigna la technique : exercices préparatoires, respiration avec le diaphragme, façon de poser ma voix…

(Dans l’impossibilité de vous montrer une photo de Flora, voici ce que j’ai trouvé de plus ressemblant : Pete Doherty. Mettez-lui des cheveux blonds, des yeux bleus, un soupçon de rouge à lèvres et vous aurez une idée assez ressemblante de l’héroïne de ce billet.)

J’avais matière à faire un tube, mais les deux guignols ont foiré l’enregistrement. La prise de son était minable. Flora, stupéfaite en écoutant le CD, disait même qu’on ne reconnaissait pas ma voix. Bref, je n’étais pas tombé sur des « professionnels » sérieux. Bien évidemment, il aurait fallu que j’aligne un nouveau chèque pour faire une nouvelle prise. Dépités, nous laissâmes tomber ces escrocs (je ne vais pas les citer nommément, mais cela dit, méfiez-vous de Monsieur Bruno « Odibé » – patronyme codé – Note de Zanzi). Si l’orchestration est la propriété intellectuelle de son auteur, en revanche la mélodie et les lyrics sont miens et donc, s’il existe parmi vous, chers lecteurs et zanzifans, un musicien sérieux qui aimerait créer une nouvelle orchestration pour ma chanson, qu’il se manifeste.

Après cette mésaventure, Flora et moi avons davantage sympathisé. Un soir où nous allâmes dîner pour faire plus ample connaissance en dehors du cadre prof/élève, elle se mit à me parler d’elle à cœur ouvert. Elle me raconta qu’elle sortait d’une relation de cinq ans avec un homme qui avait failli la conduire jusqu’à l’autel. Effrayée à la perspective de s’engager, elle avait tout annulé alors que les préparatifs du mariage allaient bon train. Son ex, C.J., était franco-américain, métissé (papa chocolat et maman crème). Tandis que je me désolais de cette rupture, elle me dit qu’à ce moment de sa vie elle sortait avec une femme et était donc bisexuelle. J’écarquillai les yeux. La fille en question était, disait-elle, une des girls du clip de Tom Jones, « Sex Bomb ». Tout un programme…

(Regardez le clip, il y a trois girls, je vous donne un indice : l’ex-amante de Flora n’est pas brune…)

Leur relation n’a pas duré, et bien que C.J. tînt toujours une grande place dans sa vie, Flora ne renouait pas avec lui, en dépit de mes encouragements à le faire. En effet, si tout ce qu’elle m’avait raconté à son sujet était vrai, alors ce mec était vraiment le genre de bon numéro qu’on ne tire qu’une fois dans sa vie et qu’il vaut mieux ne pas lâcher. C.J., à ce que me disait Flora, était en effet plein aux as. Ses parents possédaient un hôtel particulier à Paris 8e, près des Champs-Elysées. Apparemment, son papa était à ce point fortuné qu’un jour Flora me dit en parlant de lui :
— À côté, les Carrington de Dynasty font pauvres.

C’est dire ! Personnellement, je n’ai jamais rencontré C.J. Dubitatif devant une histoire aussi extraordinaire, j’ai néanmoins vu quelques preuves de son existence présumée. À commencer par une lettre à Flora dans laquelle il se disait heureux qu’elle ait trouvé un ami (moi) pour veiller sur elle à sa place (pauvre de lui, toujours entre deux avions entre la France et les USA et ailleurs…). Ensuite, j’ai écouté la cassette d’une chanson qu’il avait enregistrée pour elle. Eh oui, non content d’être le rejeton d’une famille richissime, C.J. était un artiste, auteur, compositeur et interprète à ses heures. Visiblement talentueux, car cette chanson très personnelle – jamais mise sur le marché et que peu de « happy few » ont eu l’honneur d’écouter – était très belle. C.J. avait aussi la particularité (et là attention, accrochez vos ceintures, c’est LE SCOOP en majuscules par lequel je vais griller toute la presse pipelette), il avait, donc, la particularité d’être également le sosie du gendre d’Elvis Presley. Voyez-vous de qui je veux parler ? Pour respecter son anonymat de star mystérieuse, appelons-le « Bambi », comme ça, au hasard.

Bambi avait rencontré C.J. à New York dans les années 80, alors que ce dernier se produisait dans un spectacle de sosies sur une petite scène locale. La star fut impressionnée car, non seulement C.J. lui ressemblait comme deux gouttes d’eau, mais en outre il avait un timbre de voix approchant celui de son illustre modèle. C’est ainsi que C.J. devint la doublure attitrée de Bambi.

Re-SCOOP : ceux qui ont déjà assisté à l’un de ses concerts ont, en réalité, peut-être vu C.J. faire tout le spectacle à la place d’un Bambino fatigué et surmené, ou en tout cas une partie.

C’est là qu’arrivent les dernières preuves qu’il m’ait été donné de voir : une photo de Flora avec C.J. où l’on dirait que c’est Bambi, et l’enregistrement privé en VHS d’un concert de Bambi où l’on voit Flora y assister depuis le backstage…

(Bambi ou C.J. ?)

Je ne comprenais pas pourquoi Flora avait renoncé à une existence à la fois bohème et dorée pour vivre dans un petit (quoique charmant) appartement de la rue du Poteau (qui appartenait à sa mère, ancien professeur de musique du prince Omar de Meknès, actuel roi – j’ai vu une photo ! – NdZ), ou plutôt vivoter de ses cours de chant… et finalement du RMI ! Courant 2000, elle tomba amoureuse d’une mini camionneuse et se déclara officiellement lesbienne. Annabelle, sa copine, aurait pu ne s’appeler qu’Anna, la dernière syllabe étant vraiment de trop. Flora elle-même commença à se métamorphoser progressivement, son look devint plus masculin et sa silhouette s’alourdit. Fin 2000, sa dernière lubie était de passer le concours de la police nationale !

Nous étions cependant plus proches que jamais, je passais tous les mercredis soir chez elle et elle me mitonnait de délicieux plats pantagruéliques. Flora était ma meilleure amie… ou était-elle son meilleur ami ? Sa métamorphose physique et mentale se poursuivait. De lesbienne, elle passa à transsexuelle, se fit appeler « Floris » et m’annonça qu’elle envisageait de se faire opérer pour changer de sexe… quand elle aurait suffisamment d’argent. Ce qui n’était pas pour le lendemain de la veille puisque, après avoir tué la poule aux œufs d’or, elle vivait à la limite de l’indigence. Quelques temps après, elle franchit un nouveau seuil, cessa de se définir comme une transsexuelle car elle estimait qu’en réalité elle était hétérosexuel(le), en tant qu’homme qui aime les femmes prisonnier dans un corps de femme.

Sur ces entrefaites, sa liaison d’un an avec l’insipide Annabelle (il aurait mieux valu qu’elle reste avec la Tom Jones girl) s’acheva et un nouveau court-circuit n’allait pas tarder à se produire. Flora/Floris était mal dans sa peau et cela me peinait. Un soir, elle a dormi chez moi, je ne me rappelle plus quand exactement. Était-ce avant ou après sa rupture avec Anna ? Elle a dormi dans mon lit comme un(e) ami(e), malgré tout c’était très bizarre. Je précise que j’ai la vieille habitude de dormir seul, et que la présence d’un corps étranger à mon côté perturbe mon sommeil.

Juin 2001 arriva. Nous sortîmes ensemble à la fête de la musique, puis à la Gay Pride. Ce samedi-là, c’est Flora qui s’aperçut qu’un twinkie super canon, perché sur le char du club « Le Déclic » (fermé depuis plusieurs années), me matait avec gourmandise. Quelquefois, je suis tellement à l’ouest que je ne vois pas ce qui crève les yeux et ce jour-là, sans ceux de Flora, je n’aurais jamais remarqué le beau Nicolas. Le soir venu, nous allâmes au Déclic. Nicolas était là, magnifique provincial avec le feu au cul, fraîchement débarqué de son Limousin natal pour cette grande occasion. Je me suis laissé draguer avec bonheur. J’ai dansé avec lui, j’ai dansé avec Flora, j’ai fait la fête ce soir-là comme je ne la fais plus depuis belle lurette. Puis je suis rentré chez moi… avec Nicolas. Et notre nuit d’été fut douce et chaude et moite.

Quelques jours plus tard, Flora m’avoua qu’elle avait ressenti de la jalousie en me voyant danser avec Nicolas, puis repartir avec lui. Elle me dit aussi qu’en dansant avec moi elle avait eu un orgasme. Cette prouesse inédite me remplit d’une fierté stupide. Cet été-là, Flora insista pour que nous partions quelque part ensemble pendant un week-end. Nous avions prévu d’aller à Deauville autour du 15 août, mais le projet tomba dans la Manche pour des raisons financières. Je ne sais plus comment nous décidâmes finalement de passer ce week-end « entre amis » chez mes parents. Ce fut le week-end des 15 et 16 septembre 2001. Semaine terrible, mardi tragique, et le vendredi 14 suivant frappa les trois coups du dernier acte de notre histoire insolite.

Gare du Nord, tandis que nous lisions en attendant le TGV, deux cailleras m’ont volé mon sac à dos, malencontreusement posé sur le siège à côté de moi. Je ne les ai pas vus faire. En voyant que mon bien avait disparu, j’ai couru comme un fou à la poursuite de mon diamant vert. Finalement, je les ai rattrapés avec un agent de la SNCF. Ces maudits (grrmmlllbbbrrrr – gros mots autocensurés – NdZ) ont nié l’évidence, prétextant avoir « trouvé » le sac. J’aurais voulu les foudroyer sur place mais les ai laissés partir. Hélas, avant que je les retrouve ils s’étaient débarrassés de ce qui, pour eux, n’avait aucune valeur. Parmi les divers papiers jetés je ne sais où, dans une poubelle ou dans un train en partance pour l’Allemagne, se trouvait mon journal intime. Il recelait une foule de souvenirs et de secrets. J’étais anéanti, triste et en colère. Le voyage jusqu’à Lille fut lugubre.

Chez mes parents, j’ai essayé de surmonter ma perte et de passer un week-end agréable, mais le dimanche, le rideau soudain tomba. Nous nous promenions au parc lorsque Flora me révéla enfin le but caché de cette escapade à deux :
— Je suis amoureuse de toi. Auprès de toi, je me sens redevenir femme. Je t’aime…

J’étais interloqué, sous un choc qu’il fallait que j’encaisse. Ma meilleure amie, la fille hétéro puis LGBT puis de nouveau hétéro m’avouait son amour. Et c’est alors que le voile que j’avais devant les yeux depuis si longtemps se déchira, et tout devint limpide. Des détails que, dans mon aveuglement, je n’avais pas remarqués, révélèrent l’évidence qui couvait depuis des mois. Je rembobinai le film, me repassant les scènes. La réalité me sautait aux yeux après si longtemps, et jusque là je n’avais rien vu venir.

Le soir, de retour à Paris, elle voulut rester chez moi mais je lui dit qu’il fallait que je reste seul pour le moment. J’avais besoin de mettre de l’ordre dans mes idées. Elle m’embrassa sur la bouche et me dit « Bonne nuit, mon amour », puis s’en retourna chez elle. Lorsque enfin je fus seul, la tempête se déchaîna dans ma tête. Tant de questions, si peu de réponses, et le pourquoi qui revenait en boucle. Pourquoi n’avais-je rien remarqué ? Pourquoi brisait-elle ainsi notre amitié ? Pourquoi avait-il fallu que nous partions pour ce voyage sans retour ? Les jours suivants, j’ai laissé sonné mon téléphone, n’ai pas répondu à ses messages. Je ne savais que dire. J’aurais perdu mes moyens en m’exprimant de vive voix. C’est pourquoi j’ai pris ma plume pour lui expliquer comment je ressentais les choses, et pourquoi je trouvais qu’il fallait que nous prenions un peu de distance par rapport à tout ça, pour réfléchir calmement. Je crois que j’ai été dur. Au cours de cette dernière année, elle avait construit autour de moi les murs de sa vie. Je ne supporte pas de me sentir prisonnier comme cela. Je ne voulais pas tout casser, « rompre », d’une certaine façon. Elle et moi avons sans doute attendu que l’autre fasse le premier pas. Je ne pouvais pas. Cet automne 2001, j’en suis tombé malade. Le fil était brisé.

Longtemps, je me suis demandé ce qui aurait pu se passer si cette déclaration avait eu lieu au cours du premier semestre de l’an 2000, lorsque nous entretenions encore des rapports professionnels de maître à élève, et lorsqu’à l’issue de sa première liaison saphique, en tant que bisexuelle, elle était encore féminine. Je l’aimais, c’est vrai, comme un ami, je n’étais pas amoureux d’elle mais aurais-je pu le devenir à ce moment-là si elle m’avait persuadé de tenter l’aventure avec elle ? Le cours de ma vie en eut été différent. En septembre 2001, après toutes ses métamorphoses psychiques, cela n’était plus possible. Tout ceci me semblait relever de la mascarade, au sens premier du jeu de masques. Flora en avait changé trop souvent. Le dernier avait achevé de me troubler et, je peux le dire, de me perturber. J’ai préféré laisser tomber. 

La dernière fois que j’ai aperçu Flora, c’était lors de la Gay Pride 2002. Elle dansait sur le char des transsexuel(le)s.


Notes :

(1) La plupart des (pré)noms ont été changés pour respecter l’anonymat des principaux protagonistes ;-)
(2) Dans le 11e épisode de Zanzi and the City, « Mémoires d’outre-bombe », Flora est citée sous le prénom de Casilda qui est aussi un pseudonyme.

 

Pour lire le précédent épisode de Zanzi and the City, cliquez ici.

 
 
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