Fiche technique :
Avec Sacha Baron Cohen, Alice Evens, Trishelle Cannatella, Emerson Brooks, David Hill, Tom Yi,
Alexander Von Roon, Richard Beymer, Ron Paul, Elton John, Snoop Doggy Dogg, Bono, Harrison Ford, Chris Martin, Sting et Paul dit Slash Hudson. Réalisateur : Larry Charles. Scénario : Sacha Baron Cohen, Dan Mazer, Anthony Hines et Jeff Schaffer. Image : Anthony
Hardwick et Wolfgang Held. Montage : Scott M. Davids et James Thomas. Compositeur : Erran Baron Cohen.
Durée : 83 mn. Disponible en VO, VOST et VF.
Résumé :
Sacha Baron Cohen introduit à l’écran un personnage hors du commun dans une satire
docu(l)mentaire très active dans la provocation. Bref, un pamphlet contre l’homophobie, dégénéré et rentre-dedans, forcément hilarant, qui prend par derrière toutes les communautés, y compris
celles qu’il défend.
Les aventures du personnage de Brüno, un homosexuel autrichien, roi de la mode créé par Sacha Baron Cohen
pour son émission de télévision Da Ali G Show.
L’avis de Frédéric Mignard :
Les anales, désolé, les annales de la comédie peuvent rougir de l’arrivée de Brüno parmi les grands
classiques comiques. Non seulement, s’agit-il de l’œuvre la plus drôle vue ces dernières années, mais surtout la nouvelle comédie des auteurs de Borat s’inscrit comme l’apologie du
subversif, un suppositoire dans le derrière du tout bien-pensant qui implose là où cela fait le plus mal, c’est-à-dire au plus profond des mentalités arriérées et étriquées.
L’humour subversif et dévastateur vise le communautarisme homosexuel, religieux, juif, musulman, les hétéros
du terroir, les blacks du ghetto et les amateurs de talk-shows, les militaires, le show-biz et le monde de la mode... Tout le monde en prend pour son grade dans une apologie du mauvais goût
irrésistible qui aurait pu valoir au film de Larry Charles Religolo une très lourde interdiction, d’autant que niveau cul, porno excepté, on aura rarement vu autant d’attributs masculins
jetés en pâture aux mirettes.
Traité sur le mode du faux documentaire, qui ajoute au mode comique, Brüno relate l’exil d’un
journaliste de la mode autrichien déchu vers l’eldorado hollywoodien où il va tenter de devenir célèbre par tous les moyens. Prêt à tout pour remuer son petit popotin sur scène, il va tenter de
résoudre le conflit israélo-palestinien (très tendance la politique), organiser des interviews avec des vedettes (caméos de Paula Abdul et d’Harrison Ford inclus), adopter un bébé noir à la façon
de Madonna et d’Angelina Jolie (en fait le môme a été échangé contre un Ipod lors d’un détour shopping en Afrique noire), faire un film X avec un politicien, participer à un talk-show et, comme
rien ne marche, tenter par tous les moyens de devenir hétéro pour réussir une carrière de comédien comme Kevin Spacey et Tom Cruise (les rumeurs d’homosexualité sur les deux comédiens étant
légion...).
L’imbécilité crasse de Brüno, emblème d’un monde branché et superficiel, rappelle le personnage de Candide à
la découverte du monde. Le récit quasi picaresque n’est évidemment pas sans faire écho aux péripéties du reporter kazakh Borat qui découvrait les USA avec sa crédulité et ses préjugés. Face à la
vraie vie, l’homosexuel fantasque à la sexualité exacerbée et aux goûts vestimentaires kitsch, devient immédiatement la victime consentante de sa propre bêtise et des intolérances agressives. Le
procédé de tourner avec des anonymes a valu à l’équipe pas mal de sueurs froides. Sacha Baron Cohen, créateur du personnage, qui joue également le rôle éponyme, s’est placé à plusieurs reprises
en danger de mort en se fourvoyant dans la provocation la plus chargée parmi des homophobes endurcis, prêts à manifester leur haine viscérale pour les impies par la violence.
La frontière entre la réalité et l’écrit est troublante et rend le spectacle aussi étonnant qu’hilarant.
L’incroyable cohérence qui en ressort, la finesse des dialogues paradoxalement lourds en réflexions politiquement incorrectes... tout cela fait de Brüno la comédie de studio la plus
outrancière jamais tournée. Une page de l’Histoire du cinéma, édulcorée par la bande-annonce (pour une fois le trailer en dévoile peu), qui ne laissera, pour sûr, personne indifférent.
L’avis de Voisin Blogueur :
Brüno présente une émission télé de mode en Autriche. Gay très efféminé, extravagant, trash, il est un
curieux mélange de naïveté et de provocation permanente. Licencié par sa chaine, Brüno tente sa chance aux États-Unis et compte bien tout mettre en œuvre pour devenir célèbre : concepts
télévisuels aux frontières du porno, charity business, adoption d’un bébé black… Jusqu’où ira-t-il ?
Après un Borat aussi débile que divertissant, Sacha Baron Cohen revient sur les écrans avec un nouveau personnage qui se veut encore plus déjanté. On
aurait tendance à l’oublier mais derrière la caméra il y a quand même un réalisateur (dont personne ne parle), Larry Charles. Il vaut d’ailleurs mieux ne pas trop se pencher sur la réalisation, car disons le
franchement : Brüno est visuellement très laid, plus mal filmé qu’une
émission people sans budget. Se pose alors la question de savoir si cette farce « no limit » a vraiment sa place sur un écran de cinéma. Tout fait penser à une émission MTV (en beaucoup
plus trash quand même).
Le concept est simple : accumuler les provocations, choquer le petit bourgeois, enchainer les blagues
de cul de plus en plus graveleuses. D’un mauvais goût extrême, cette production va parfois tellement loin qu’on ne peut s’empêcher de rigoler. Le show est assuré. Mais on regrette vraiment que le
scénario soit si pauvre. On assiste à une collection de sketchs plus ou moins drôles et assez répétitifs et le côté « docu-fiction » laisse perplexe tant on sent que certaines
situations sont préparées.
Faire de la bêtise des autres son fond de commerce, pourquoi pas. Reste que Brüno est une comédie
extrêmement périssable, qui accumule les clins d’œil people qui dans quelques années n’évoqueront déjà plus grand-chose. À recommander aux gens à l’humour très « pipi caca » et à ceux
qui veulent se vider la tête grâce à une surenchère constante.
L’avis de Bernard Alapetite :
J'essaye ici que ne s'étale pas une suite de bougonnages et au contraire je tente d'y faire partager plus
mes admirations que mes colères. Je pense que c'est à la fois plus productif et meilleur pour ma santé. Mais lorsque je lis, à longueur de gazettes des considérations louangeuses sur la daube de
l'année (j'arrête un instant ma diatribe pour m'interroger sur le pourquoi on affuble un mauvais film du qualificatif de daube ? Qui signifie, selon le petit Larousse illustré, un de mes plus
fidèles et anciens compagnons : « Manière de cuire à l'étouffée certaines viandes braisées (surtout le bœuf) avec un fond de vin rouge; viande ainsi accommodée. » Si un docte
lexicographe est de passage, j'aimerais qu'il m'informe sur cette curiosité, car le bœuf en daube c'est bien bon...)... Or donc devant tant de propos laudatifs sur la daube en question, qui est
Brüno, je me sens néanmoins contraint d'y aller de ma petite hargne. Dans ce film, nous voyons essentiellement durant plus de 90 minutes interminables un personnage sans aucun talent
exhiber sa queue circoncise, même pas belle ! Je lis ici et là que Sacha Baron Cohen, le navrant réalisateur de Brüno, est subversif. Il me faut encore faire une incise et rappeler
qu'être qualifié de « subversif » de nos jours par l'intelligentsia est la condition sine qua non pour pouvoir briguer l'espérance d'une audience. Est-ce que faire des moulinets avec
son sexe est « subversif » ? J'avais, il y a de cela bien longtemps, un amant de passage qui réalisait cet exercice, d'un intérêt somme toute limité, très bien. Je précise qu'il était
beaucoup plus beau que le sieur Cohen, mais il ne me serait pas venu à l'idée de le considérer alors comme un preux révolutionnaire.
Il n'est pas plus subversif de ridiculiser, une fois de plus, les intégristes de tout poil. Je m'aperçois
depuis déjà longtemps que cela ne les empêchent de se multiplier encore plus vite que les lapins, tout en ayant beaucoup moins de cervelle que ces charmantes bêtes. La seule subversion de ce
film, qui en outre est un pâle calque de Borat précédent pensum commis par Cohen, est d'arnaquer le prix d'une place de cinéma ou d’un DVD à autant de gogos de par le monde.
Il y a un seul cinéaste (je n'oublie pas la prestigieuse fratrie des Coen mais leur nom n'a pas la même
orthographe) qui a pour nom Cohen et il est français : c'est Ilan Duran Cohen. Si vous ne le connaissez pas encore, à la place de voir Brüno, découvrez-le; vous pouvez voir et
revoir ses films qui sont des modèles d'intelligence, d'humour et de sensualité et dont le dernier Le Plaisir de chanter est sorti récemment en DVD.
Nota : Vous remarquerez que pour une fois, sur mon blog, je n'ai pas mis une seule illustration mais je ne
voulais pas que la gueule de raie (cher lexicographe de passage, pourquoi ce délicieux et gracieux poisson est une injure ?) du sieur Cohen dépare mon blog.
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