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LA FIERTÉ DE MARCHER

par  Jean-Paul Tapie

 

Jean-Paul Tapie est un écrivain français, auteur d'une dizaine de romans et nouvelles. Il a aussi publié sous le pseudonyme de Zaïn Gadol des romans érotiques. Fasciné par les thèmes de la virilité et de l'homosexualité, Jean-Paul Tapie décline dans ses œuvres ses désirs et ses contradictions.

Né à Bordeaux dans une famille de la petite bourgeoisie, il grandit ensuite en Vendée, à La Roche-sur-Yon. Une adolescence difficile lui laissera à jamais un souvenir amer de cette ville et de cette région. Après des études de journalisme, il part en Israël où il passe un an dans un kibboutz. Il y apprend non seulement l'hébreu, mais aussi que l'on peut être heureux en acceptant d'être ce que l'on est. La parution de son premier roman, Dolce Roma, en 1974, marque le début de son acceptation de son homosexualité et de son épanouissement personnel. Pendant les années qui suivent, déçu par l'échec de son premier, puis de son deuxième roman (Le bal des soupirs, 1982), il se consacre très intensément à la recherche du plaisir et à l'exploration de ses fantasmes. Ce n'est qu'en 1996 qu'il écrit son troisième roman, Le désir du cannibale. A partir de là, il va écrire et publier au moins un livre par an, toujours avec le même insuccès, à l'exception de Dix petits phoques en 1998. Il se décrit lui-même comme un auteur de "worst sellers". En 2000, il part s'installer à la Réunion, où il vit toujours. Il décrit cette installation comme « la plus grande connerie de sa vie », mais affirme ne pas regretter de l'avoir faite. En dehors de la littérature et du plaisir, il a consacré une grande partie de sa vie au sport : ski nautique, parachutisme, course à pied, course de montagne, escalade, randonnée, musculation.

 

 

Hier, c'était la Gay Pride. C'était aussi l'anniversaire de ma meilleure amie et j'en profite de le lui re-souhaiter (bisous, Marie !).

Je n'ai jamais caché l'agacement que provoque en moi la Gay Pride, ravivé à bon escient par la lecture d'un article de blog dans lequel l'auteur s'emploie à justifier cette manifestation aux yeux d'un ami sceptique en lui rappelant toutes les agressions homophobes dans le monde, et notamment dans les pays de l'Est. Au bout de trois lignes, j'avais envie de dire à l'auteur : si c'est pour cette raison que tu marches, chéri, au lieu de marcher boulevard Voltaire, va parcourir la Perspective Nevski ou Vaclaské Namesty. Va te faire caillasser à Varsovie ou à Moscou. Je me demande quel est le pourcentage de "marcheurs" qui ont conscience de le faire pour lutter contre la violence homophobe, ou même simplement pour les droits des homosexuels (mariage, adoption). J'y ai participé plusieurs fois (quand je militais à Aides, qui nous demandait de venir y faire de la visibilité) et j'ai vu davantage une foule de teufeurs qu'une horde de militants revendicatifs. Franchement, les gays ont-ils besoin d'une fausse bonne raison pour faire la fête ? Qu'on baptise cela la Gay Parade et je viendrai y faire un tour. Peut-être même m'exhiberai-je nu sur un char, avec une plume dans le cul ‒ jusqu'à ce qu'on me lapide !

Mais bon, au fond, ça ne me dérange pas plus que ça que les gays marchent dans Paris. Mais qu'ils le fassent pour défendre leurs droits et non pour affirmer leur fierté. Il n'y a rien de plus con que la fierté d'être ce que l'on est sans jamais avoir décidé de l'être, ou sans avoir pu ne l'être plus si cela ne nous plait pas. C'est comme la fierté d'être Français chère à Besson et Sarko. Fierté mon cul ! Les seuls Français qui peuvent se dire fiers de l'être sont ceux qui le sont devenus par choix, autrement dit des étrangers de naissance. Une minorité qui se dit fière de ce qu'elle est autorise la majorité opposée à le dire aussi ‒ et quand les majorités commencent à proclamer leur fierté d'être ce qu'elles sont, on sait comment ça se termine !

Moi, ma seule fierté, c'est la fierté de marcher, d'avoir marché, d'avoir parcouru des milliers de kilomètres à pied sous toutes les latitudes, partout dans le monde, sous le soleil ou sous la pluie, à midi ou à minuit, il y a tout c'que vous voulez…

 


Reproduit avec l’aimable autorisation de l’auteur (27 juin 2010)

Première publication : http://jeanpaul-tapie.com/

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