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3. LOUIS DUPONT, ALCHIMISTE CINÉASTE… (2/2)

 

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Marie Fritsch

 

« Personne ne fera de moi ce que je ne suis pas

Tant pis si cela ne vous plaît pas

Les clichés glissent sur moi

Moi je suis une fille, une folle, un garçon

Je suis sur le fil, caméléon... »

 

23 ans après Mylène et son « Sans contrefaçons », Natacha Lejeune reprend le flambeau et vous parle de Marie. Elle traverse les  miroirs et les genres avec la même aisance…

 

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Lire la première partie de l’interview

 

Dans Memosium, les éléments se confondent et donnent à voir une chorégraphie de l'air (le vent), l'eau (la mer qu'on aperçoit par les fenêtres), la terre (le béton, toutes les délimitations de l'espace dans lequel évolue le danseur)... Dans un genre complètement différent Les Garçons de la piscine évoque une succession de tableaux où se mélangent couleurs et lumières d'une façon très dense, si bien que surgissent par endroits des conglomérats des différents éléments composant l'univers du film (l'eau, l'air, la lumière). Ce phénomène se produit essentiellement dans les plans subaquatiques, comme si la lumière captée par la caméra à travers telle ou telle nuance de bleu solidifiait l'eau et lui conférait une musculature ainsi qu'aux corps des nageurs. Un véritable tour de force. Un résultat magnifique et très charnel.

Dans un film comme dans l'autre, tu donnes à voir le corps dans l'effort avec cette méticulosité jusque dans le grain de peau, et tu insuffles de même à chaque parcelle qui compose l'espace une teinte très organique, une véritable incarnation. 

Avais-tu une appréhension particulière à filmer l'essentiel du film dans une piscine ? Les moyens techniques mis en place ont-ils permis d'avantage de liberté ou au contraire ont-ils été une contrainte formelle ?

Ce que j'aime particulièrement mettre en scène, c'est la confrontation de corps avec un espace. Mes projets de films se produisent souvent lorsque moi même je suis confronté a un espace. Le lieu de l'action de mes films est primordial et souvent limité à un espace pour l'explorer à fond. Je voulais travailler depuis longtemps dans l'eau pour sa force symbolique, symbole de la sagesse divine, de l'eau purificatrice, de pureté donc et de purification, symbole féminin aussi, figure de l'inconscient et du corps maternel.

Je pense l'espace comme une matière et tente de la lier plastiquement à un élément fondamental de l'univers (eau, feu, terre, air, etc.). Dans Les Garçons de la piscine par exemple, la scène de répétition dans le désert est liée au feu et en filmant la séquence je pensais à cet élément. Il en va de même pour mes indications musicales envers le compositeur. Généralement, je tente d'accentuer ces espaces-éléments artificiellement pour les rendre présents comme la couleur du ciel dans le désert avec les garçons. Une approche très particulière que j'explore encore beaucoup et qu’il m'amuse de développer – même très discrètement – car elles me donnent le sentiment d'être dans la démarche d'un alchimiste. Ce sentiment est encore plus fort quand je travaille en pellicule car je suis à même d'intervenir sur la matière cinématographique, comme dans la conjuration cinématographique Allah est grand.

Si on considère que l'eau est une contrainte, pour Les Garçons de la piscine, techniquement, cela a été très difficile mais très excitant, surtout que le budget du film ne me permettait pas de travailler des prises de vue subaquatiques très sophistiquées ! Heureusement deux plongeurs, Serge Huber et Rémi Levi Di Leon, m'ont aidé par leurs conseils et Serge Huber a même filmé pour moi sous l'eau. Chose très rare car je ne laisse jamais mon cadre à quelqu'un d'autre.

Généralement, les contraintes sont pour moi un élément créatif et me permettent de proposer de nouvelles formes esthétiques. Le budget de mes films ne me permet pas de travailler d'une manière industrielle. Je travaille seul et m'occupe du cadre, de la lumière et du son. Je reste donc un artisan confronté à des limites économiques donc techniques et je dois inventer à chaque fois des procédés de filmage propres à mon économie. Et ce n’est pas plus mal. Et quelque fois cette production économique donne des accidents techniques et artistiques très intéressants qui nourrissent aussi mon esthétique.

 

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Le mouvement est omniprésent dans Les Garçons de la piscine, l'immobilité presque coupable (un sportif ne doit pas fléchir). Mais il s'agit d'un travail à la fois très contemplatif, tu parles ici ou là de voyeurisme, loin d'une raideur académique, comme pour Les Garçons de la plage. Comment expliques-tu ce paradoxe d'une dynamique dans la contemplation ?

Tes remarques me rappellent quelques accusations de complaisance dans certains films, comme Dialogus Corporis (séquelle du film Les Garçons de la plage). Je peux avoir tendance à m'installer dans une forme de contemplation et ne pas hésiter à la proposer aux spectateurs. Mais toujours une contemplation dynamique car après tout la contemplation, c'est le mouvement. On en revient presque à Deleuze mais aussi à la méditation et à l'union avec autrui. D’ailleurs la contemplation n'est-ce pas ce mouvement qui permet l'union et la fusion ? Ultimement, la contemplation est la fusion de l'Être avec l'Univers. C'est un peu ce qui se passe dans mes films comme dans Les Garçons de la plage et les Pin'up Boys. Et ce grand mouvement se ressent beaucoup dans mon filmage. Car la contemplation c'est aussi s'oublier, lâcher prise avec son intellect pour laisser s'exprimer son corps – et son cœur ! C'est un peu étrange à expliquer mais c'est un peu ce qui se passe. Ma caméra est emportée par le mouvement généré par ma contemplation !

C’est certainement pour cela que je ne prépare jamais de découpage technique ou implicite de mes séquences. Et que, s'il y a scénario, il n'est là alors que pour aider à évaluer économiquement le film et à toucher des financeurs potentiels.

Mon travail, plus chaotique en apparence, du à ce non-règlement, propose au moins du vivant et surtout mon regard sur le monde. C'est de cela que l'on parle, non ? Du regard d'un artiste sur le monde. Si ce regard produit est fabriqué comme l'on fabrique une voiture, avec des ingénieurs, des designers, des ouvriers, des publicitaires, etc. je pense que le regard "pur" ou "dur" de l'artiste est bien loin derrière ! C’est ce que l'on appelle dans ce cas, je crois, du cinéma "industriel" et ce n'est pas ce cinéma-là que j'ai le désir de partager. Du moins pour l'instant. Mais cela serait te mentir que de te dire que je n'aime pas regarder de belles voitures.

 

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Si dans Les Garçons de la piscine le style est plutôt académique, on croise dans l'ensemble de ton cinéma un souci d'exploration formel assez singulier. Dans Torse tu crées toi-même le concept de redécoupage de l'image sur le plan projeté grâce à ton invention du "cylindroscope". Les différentes vignettes à l'écran démultiplient le regard, comme différentes consciences à l'œuvre dans la même image. L'intensité dramatique est là, malgré la non-narration évidente. De la même façon que dans la parade des Garçons de la plage, la diversification des rythmes et des plans crée une densité qui même sans musique entraîne le spectateur loin de la simple représentation des corps et des espaces (la ville pour Torse, les cafés, le bord de mer pour Les Garçons). Milites-tu pour une liberté totale dans l'expression du geste artistique ?

Oui je suis un militant de la liberté totale dans l'expression du geste artistique. C’est ce que j'ai toujours défendu et transmis auprès de mes élèves. Leur offrir la possibilité de s'exprimer loin des codes de la culture dominante, quitte à réinventer de nouveaux codes propres à eux ou au groupe dans lequel ils évoluent. J'ai surtout appris en travaillant la transmission à écouter. J’ai très vite compris par exemple avec les jeunes de la rue que je ne pouvais leur imposer les codes d'une société qu'ils rejettent en bloc. Il fallait leur laisser la possibilité de réinventer les leurs. Même chose avec des primo arrivants de divers pays, cultures, sexes, religions etc. regroupés dans un stage que l'on ma confié. Impossible de travailler ensemble sur les bases de la société française et de leur propre société. Les filles ne parlaient pas aux garçons, les garçons aux filles, les musulmans aux juifs, les juifs aux chrétiens, les blancs avec les noirs etc. Il y avait même deux trois racailles de banlieue assez agitées ! Je leur ai proposé de tout remettre à plat et d'abord de s'inventer un langage. Notre propre langue ! Nous sommes partis d'exercice de la voix, d'impros, etc. Nous avons beaucoup ri au début et la sauce a pris ! Nous avons pu réaliser un film : Linguortz (du nom de la langue inventé « Le linguortz »).

Je me suis aperçu aussi que cette approche permettait à des individus jeunes ou moins jeunes de développer leur personnalité, leur regard et leurs modes d'expressions. Leur permettre d'acquérir une signature qui leur est propre et la proposer à autrui avec confiance tout en acceptant alors celle des autres.

 

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En ce qui concerne la portée sociale et politique du film, quand tu parles du Paris Aquatique, tu évoques un havre naturel où peut s'épanouir la communauté LGBT. Quoique le club s'ouvre à la mixité des genres et des orientations sexuelles, ce postulat de départ pose la question du rapport des gays à la performance physique.

Sans rentrer dans les clichés du gay accro à sa salle de gym et shooté aux anabolisants, il semblerait que le phénomène de dépassement de soi et de compétitivité existe bel et bien et soit particulièrement présent dans la communauté. Ton film même si il ne fait pas l'apologie de la gonflette, de loin pas, encourage cette idée que le corps doit être parfait et dynamique. Sachant que le film pourrait être un support de travail ou de discussion dans le tissu scolaire ou universitaire, n'as-tu pas eu envie de faire passer un message du type mise en garde ou d'insister plus sur les conséquences d'un tel entraînement physique ?

Le corps est très important aujourd'hui. Surtout l'image du corps. Sa représentation.

On le voit bien dans les medias gays, on ne communique pas sans un corps de mec standard qui répond à certains critères esthétiques. Mais il se passe la même chose du côté des medias classiques. Prenons l'exemple des magazines féminins. On retrouve le même procédé. 

Je pourrais l'analyser et je le fais d'une certaine manière à travers mon travail en utilisant les mêmes procédés d'ailleurs.

Je ne pense pas avoir réalisé Les Garçons de la piscine pour encourager l'idée que le corps doit être parfait et dynamique. J'e l'ai réalisé pour présenter le parcours de trois sportifs gays, physiquement hors des clichés (On ne peut pas dire que Tom est le cliché du gay moyen. Non Tom est vraiment comme n'importe quel garçon maître nageur de son âge ! On a tous envie de l'avoir comme gendre, non ?) Et de leur entraîneuse à travers le tissu associatif Gay et Lesbien. Et nous découvrons que ces trois sympathiques garçons s'épanouissent malgré toutes les contraintes qu'un entraînement professionnel requiert et grâce au soutien de leurs entraîneurs. Et ils y arrivent. En même temps on découvre leur monde. Ah c'est vrai, j'oubliais, ils sont gays ! Mais cela, comme le dit Gigi, on s'en fout ! Et même comme elle semble nous le confier naïvement, c'est même un atout !

Pour ce qui est de la beauté dans le film (les trois garçons le sont mais pas seulement physiquement d'ailleurs), je l'ai justement mise en échec à un moment du film et donc ce que l'on pourrait considérer de parfait, fort et dynamique est contrebalancé "cinématographiquement". Pour bien faire comprendre que attention, en face il y a une jeune fille qui pourrait être considérée moins belle mais qui a, et elle nous le montre, dans son magnifique ballet – comme les trois garçons – toutes les qualités pour produire quelque chose de beau. En image ensuite se succèdent divers individus d'âge, de sexe, de sexualité et de factures différentes.

Avec Les Garçons de la piscine, je ne veux porter aucune mise en garde. Il n'y a en pas. Il y a beaucoup de chose dans ce film mais il n'y pas de mise en garde. Personnellement ce film qui aborde pour la première fois dans un documentaire l'homosexualité de cette manière-là parle avant tout de sensualité et de complicité.

Et je suis persuadé que les jeunes qui découvriront ce film n'y verront aucune allusion à un quelconque danger à pratiquer un sport. Ils verront surtout que les gays et les lesbiennes peuvent être comme les autres.

 

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Un voile de timidité et de pudeur plane sur l'ensemble du film.

Est-ce voulu ? Ou dû à la personnalité des trois garçons ? Tout semble facile et à la fois trop beau pour être vrai. On a du mal à croire que tout soit si policé dans le monde de la compétition. On a presque envie que l'un des personnages devienne méchant ou disjoncte. Le discours des personnalités officielles reste consensuel, tout comme celui des gays et lesbiennes interrogés. Même Gigi dit à un moment avec un sourire un peu naïf que du fait de leur homosexualité, les trois nageurs sont "affectueux" avec elle. Ils la portent dans leurs bras, l'embrassent, la câlinent. On se croirait presque au pays de Candy. Existe-t-il un discours consensuel LGBT ? Seule la co-présidente du Tournoi International de Paris 2008 avoue que dans la communauté homosexuelle « les sportifs ne se sentent pas toujours bien dans leur sport »... 

C'est vrai. Le film laisse apparaître le club du Paris aquatique et d'autres structures sportives gays comme un havre de paix, un Eden pourrait-on dire. Un lieu d'épanouissement pour beaucoup de gays et de lesbiennes ? Sûrement, mais pas seulement puisque que l'on y rencontre beaucoup d'autres genres, hétéro, bi, trans etc. Un esprit communautaire y prévaut au-delà de l'esprit de compétition. C’est cela que j'ai souhaité mettre en relief dans le film. Il n'y a pas de discours consensuel LGBT. C'est le désir de chacun de s'ouvrir à autrui, à la différence et d’accueillir tous les genres pour participer à des pratiques sportives dont certaines ne sont pas reconnues par les instances sportives internationales et nationales. De plus il ne faut pas oublier la forte homophobie qui règne dans les autres sports et c'est là dessus que porte la réflexion de la co-présidente LGBT. On voit comme il est dur encore d'affirmer son homosexualité dans le sport. Un homo dans un vestiaire risque d'être mis à l’écart à cause de la peur de son regard sur les autres.

Les individus membres de ces clubs ne disjonctent pas et ne deviennent pas méchants car les enjeux ne sont pas les mêmes que dans un autre club de sport professionnel. Encore une fois ils sont là pour – peut être aller au delà de "quelque chose" – mais avant tout pour un épanouissement personnel. Ici les sportifs se sentent vraiment bien dans leur sport. 

Ces clubs permettent aussi à leurs membres de se retrouver dans un environnement où l'intolérance et la discrimination sont bannies. On peut être obèse ou vieux et concourir avec des athlètes de haut niveau ou avec de très jeunes sportifs. On peut surtout y vivre son homosexualité et sa différence sans être jugé ou être obligé de baisser l'échine devant des discours racistes et homophobes...

Et avec l'actualité autour des Outgames (jeux gays internationaux) de Copenhague où des participants gays et lesbiens ont été victimes d'actes violents d'homophobie, on comprend mieux pourquoi encore aujourd'hui, des homos se sentent mieux ensemble pour pratiquer un sport.

Il faut remettre aussi le film dans le contexte de ma vie personnelle. En effet, quand j'ai pensé le film, je voulais tout simplement me faire du bien à travers une histoire simple. J’avais aussi besoin de me confronter à un univers différent et ouvert. En effet de 2000 à 2007, je m'étais investi dans la défense d'un cinéma différent et Queer. Je pensais y trouver un environnement propice au développement de mon travail par l'échange avec d'autres artistes comme moi. Je n'y ai trouvé malheureusement que petites jalousies, mesquineries et trahison. L’aigreur aussi d'artistes sans reconnaissance. Cela a été un choc car en totale inadéquation avec ma culture personnelle de transmission et de partage et avec l'idée que je me fais du cinéma. C'est cela aussi peut être mon côté « Candy » ? Une sensibilité à fleur de peau ! J'avais donc besoin à travers Les Garçons de la piscine de me confronter à un univers plus en adéquation avec ma philosophie de vie.

 

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Dans une toute autre mesure, avec Allah est grand et malgré l'aspect poétique sous une forme de conjuration et de rituel magique, tu prends la température des mentalités sur des sujets difficiles (l'intégrisme, le fanatisme religieux, la place de la femme surtout). Quelles sont les réactions ? Par le biais du cinéma expérimental (3 projecteurs, pluralité des sources tant sonores que visuelles, performance à voir en direct), penses-tu pouvoir toucher un public diversifié ? Peut-être plus militant ? As-tu l'impression que pour faire passer une idée forte, la déconstruction du formel et des conventions dans la création sont indispensables ?

Je m'interdis de penser aux destinataires de mes films par respect justement pour ces mêmes destinataires qui attendent de moi mon regard et mon point de vue. Aussi, je produis des images car cela est une nécessité. J’ai besoin de capter ce qui me touche. La forme que prennent mes films peut être déroutante dans les procédés et les procédures de fabrication et de présentation. Mais j'ai appris en travaillant avec les jeunes de la rue pendant plusieurs années à me détacher des codes de la culture dominante et à m'exprimer librement même si cela peut être difficile d'accès.

Dès mes premiers films j'ai compris que cette signature particulière que je développais pouvais s'imposer. Les destinataires s'habituant à cette vision du monde parfois déroutante.

Allah est grand que tu cites est pour moi une forme aboutie de conjuration cinématographique où l'intégrisme, l'hystérie, la beauté, la sensualité, la joie, l'espace sont jetés pêle-mêle par trois projecteurs sur un même écran, un film vivant dont la forme change à chaque projection et une souffrance matérialisée par la pellicule qui brûle devant l'objectif. Les réactions ont été par exemple assez intéressantes, parfois même troublantes. Néanmoins, la performance a toujours été très bien reçue – il faut dire que du point de vue plastique, c'est assez étonnant ! – sauf une fois à Berlin au Porn Film Festival où des lesbiennes militantes féministes françaises m'avaient reproché de parler d'un sujet que je ne connaissais pas puisque je suis un homme blanc occidental (ce qui est faux puisque j'ai souvent travaillé et étudié le problème en France comme en Algérie – j'ai d'ailleurs réalisé le premier documentaire sur l'homosexualité en Algérie Être – et qu'une partie de ma famille vient d'Egypte). Et une autre fois, des musulmans, femmes et hommes, ont soulignés l'approche poétique.

Je pense que tous ces films sont accessibles à tout le monde. Ils demandent peut-être parfois une présentation de l'auteur car ils sont réalisés en toute liberté et donc signés d'une facture très personnelle. Cette liberté est souvent déroutante pour un public occidental éduqué et formaté. Mais j'ai toujours remarqué que ces champs d'expression libre sont très stimulants, surtout auprès du jeune public, plus particulièrement les adolescents. Ils voient là un champ nouveau et très personnel qui leur permet de se détacher des formes standards dans lesquelles ils ont souvent du mal à s'identifier. Comme les ados ont besoin de s'affirmer dans la différence, cela fonctionne très bien. Même chose auprès de populations dites orales ou analphabètes : l'approche poétique et complètement formelle les touche aussi beaucoup car à travers ce cinéma différent ce sont les sens souvent que l'on sollicite le plus et non l'intellect.

 


 

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Les Garçons de la Piscine (Juin 2009) :

Un film documentaire réalisé par LOUIS DUPONT

Produit par Acis productions. Coproduction Epicentre films

Pin'up boys :

http://dvdpinupboys.blogspot.com/

Bouche-à-bouche :

http://www.artevod.com/programDetails.do?emissionId=2207

Memosium :

http://www.myspace.com/memosium

DVD Les Garçons de la Piscine :

http://www.adventice.com/store/detail/46180/les-garcons-de-la-piscine.html

Page Louis Dupont sur Myspace

http://www.myspace.com/louisdupont

 

[Note de Daniel C. Hall : Cher Louis, Marie et moi te remercions pour ta disponibilité, ta gentillesse et ton talent. Et je me permets, Louis, de t'embrasser bien amicalement. Tu es chez toi sur Les Toiles Roses...]

TO BE CONTINUED…

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