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ASSOCIATION LE REFUGE

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MADAME X,

infirmière scolaire :

« J'ai bondi quand il y a quelques années un membre de l'équipe de direction a dit en présentant l'établissement : « Ce n'est pas un lycée de pédés ! »

 

 

[Note : Pour protéger l’identité de Madame X, des jeunes en question, pour respecter le secret médical et devoir de réserve, nous avons « anonymisé » l’ensemble de ce témoignage. Néanmoins, Gérard et moi tenons à saluer le travail des personnels de l’Éducation Nationale, enseignants, administratifs, médicaux dont beaucoup aident, chaque jour, des élèves en souffrance. Nous aimerions que les associations de lutte contre l’homophobie reçoivent un agrément du Ministère pour intervenir dans les établissements scolaires sans passer par un véritable « parcours du combattant » indigne de la patrie des Droits de l’Homme et du Citoyen.]

 

Les Toiles Roses (Gérard Coudougnan) : Bonjour madame. Vous êtes infirmière scolaire et avez exercé dans divers types d'établissements dont un lycée professionnel. Dans cet établissement, il y avait 95 % de garçons. Comme collègue de travail, j'ai pu apprécier vos qualités d'écoute qui font que les élèves viennent se confier à vous sur divers sujets. Le mal de tête qui permet de venir vous demander un cachet d'aspirine est parfois un prétexte pour venir s'entretenir avec vous de sujets plus graves. Quelques élèves sont venus vous parler de leurs difficultés d'intégration au lycée et dans leur famille en raison de leur homosexualité. Pouvez-vous nous donner quelques exemples, dans le respect évident du secret professionnel qui nous lie vous et moi à ces jeunes ?

Madame X : Je pense d'abord à Stéphanie (1), une élève majeure dont la petite amie, Mélanie (1), avait 17 ans. Les parents de Mélanie menaçaient Stéphanie de porter plainte pour « détournement de mineure » et empêchaient par tous les moyens tout contact entre les deux jeunes filles. J'ai expliqué à Stéphanie que cette plainte n'avait aucun fondement dans un pays où la majorité sexuelle est, pour tous (2), fixée à quinze ans. Mélanie était victime d'un isolement permanent, maintenue enfermée chez elle et ses moyens de communication sous contrôle. Ne fréquentant pas le même lycée que Stéphanie, elles avaient peu d'occasions de se voir et la menace de plainte, malgré l'absence de tout fondement légal, inquiétait beaucoup les deux jeunes filles.

 

Elles étaient donc victimes d'une sorte de « mise à l'isolement » assez différente du Casse-toi ! dont il est question dans le livre de Jean-Marie Périer ?

Oui, tout-à-fait. Je n'ai pas connu de jeunes expulsés de chez eux pour ce motif. J'ai, en revanche, plusieurs exemples de séquestrations ou harcèlements d'une violence assez proche d'une mise à la porte du domicile familial.

 

Pouvez-vous nous en dire plus ?

J'ai encore en tête l'exemple de Xavier (1), 17 ans. Ses parents l'avaient surpris dans une posture sans aucune équivoque possible : au lit avec son petit ami. Ils se sont mis à l'insulter et à le harceler avec un objectif précis : l'amener vers l'hétérosexualité, dont il s'était détourné « par accident ». Contrôle du téléphone, de l'Internet, interdiction de sortir seul en dehors du lycée, conversations forcées sur la beauté des femmes et l'abomination des « pédés ». Xavier était quasiment séquestré et victime d'un harcèlement moral permanent.

 

Comment l'avez-vous aidé ?

J'ai fait le tour des solutions possibles en attendant sa majorité ; je lui ai donné le numéro de la Ligne Azur (3) puis conseillé de faire un courrier au juge pour expliquer la maltraitance morale dont il souffrait. Ce n'est qu'après avoir entendu leur fils expliquer devant un juge qu'il était homosexuel, et que ni lui ni personne ne pourrait le faire changer que ses parents ont compris et ont desserré leur étau. Xavier est devenu majeur quelques mois plus tard. Il a eu le courage de ne pas dissimuler son homosexualité au lycée et je me souviens qu'il me disait d'un air amusé : « Madame, si je suis le seul à oser le dire, j'en connais d'autres dans le lycée qui jouent les machos mais sont comme moi »

 

L'Éducation Nationale vous donne-t-elle les moyens de faire face à ce genre de situations ?

Si l'on se sent concerné, oui. J'ai participé à une journée de formation « Lutte contre l'homophobie en milieu scolaire » et l'on nous a parlé non seulement de la Ligne Azur mais aussi de cette institution dont je retrouve ici le nom et la mission, Le Refuge. Il faudrait simplement faire passer plus largement le message... J'ai bondi quand il y a quelques années un membre de l'équipe de direction a dit en présentant l'établissement : « Ce n'est pas un lycée de pédés ! ». J'ai eu honte pour lui et pour l'ensemble de l'équipe pédagogique.

 

Merci Madame et encore bravo pour la qualité de votre écoute. Je sais que vous êtes l'un des éléments de stabilité invisible mais réel de votre lycée.

 

(1) Les prénoms ont été modifiés

(2) http://fr.wikipedia.org/wiki/Majorité_sexuelle

(3) Numéro de téléphone : 0810 20 30 40. Site : http://www.ligneazur.org/

 

Un site important à consulter, par des membres de l’Éducation Nationale :

http://www.homoedu.com/

 

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Suite à la sortie du livre de Jean-Marie Périer Casse-toi !, voici trois nouveaux commentaires de lecteurs(trices) de L’Express que je ne désire pas corriger donc ils sont (sic) lol (il y a des limites au masochisme tout de même, non ? Les « lobbys hétéros » ne savent-ils plus écrire ? ;-). Et ces trois personnes sont peut-être des parents… Ce que je ne souhaite à personne...

 

lus36bi - 03/02/2010 16:58:12

L'homosexualité est une des conséquences de la grossesse mal vécue :fragilité des 4 premiers mois (grossesse non désirée,contrariée par les événements extèrieurs etc ) et par les cris maternels dus aux contrariétés dans la 2ié partie de la grossesse qui induisent une peur de la femme ,le nourrisson devient insensible à la tendresse maternelle (quand elle existe !) des 8ié au 18ié mois et se trouve privé d'une image sexuelle féminine agréable. Ce qui influencera sa sexualité d'adulte .

 

moimeme - 03/02/2010 16:24:15

NON Mr Dany52, on ne nait pas homosexuel, mais on le devient. Voyagez un petit peu dans les pays connus pour être des pays de tourisme sexuel et, croyez moi, vous allez être écoeurés par un spectacle des plus désolant et des plus révoltant, que représente la prostitution masculaine où des jeunes garçons, poussés par une extreme misére et non pas par des pulsions à caractére sexuel, s'offrent à des touristes fortunés qui ne sont là que pour profiter de la misére des gens pauvre. Ces jeunes ne guerrisseront jamais de cette homosexcuealité qu'ils ont choisi par nécessité et non pas par amour.

 

Esterbat - 03/02/2010 13:41:57

Oui mais.... Ne voit-on pas aussi que la pression continue des lobbys homos, entre autres sous la forme d'une victimisation permanente, puis de provocations du type gay pride, revues très ( sinon presque exclusivement) orientées sur le sexe débridé, revendication du mariage et de l'adoption, conduise à radicaliser les réactions? Et que celle d'un certain milieu bien-pensant pour lequel toute critique de l'homosexualité ou de ses pratiques constitue un délit homophobe passible des tribunaux a conduit à ce qu'il devienne impossible d'exprimer librement son avis sur la question? La tolérance ne doit pas être à sens unique. Un homo ne sera jamais censuré par un modérateur, tandis qu'un critique l'est presque systématiquement. Pourtant, même si cela peut être discuté, il est tout à fait compréhensible et respectable que de nombreuses personnes, des parents entre autres, considèrent, selon leur morale, leur culture, leurs valeurs, leur idée de la famille, que l'homosexualité puisse constituer "un vice" selon la définition même du terme ( une entorse à la morale, justement ). Eux aussi souffrent beaucoup, et les faire passer pour des salauds ou des intolérants est insupportable.

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NICOLAS NOGUIER

Président de l’association Le Refuge :

« Il s'agit d'un véritable enjeu de santé publique ! »

 

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Les Toiles Roses : Nicolas, peux-tu pour ceux qui découvriraient Le Refuge, décrire cette association nationale unique ?

Nicolas Noguier : Le Refuge est une association créée en 2003 qui gère plusieurs dispositifs d'hébergement temporaire et d'accompagnement psychologique et social de jeunes victimes d'homophobie, en rupture familiale.

Sur Montpellier, l'association gère une maison d'accueil de 9 places au sein de laquelle résident, dans des appartements-relais indépendants, des jeunes garçons et filles âgés de 18 à 25ans.

Le projet est opérationnel en Ile-de-France et se développe actuellement à Marseille et Mulhouse.

L'association développe également des actions de sensibilisation (en milieu scolaire ou auprès du personnel éducatif de structures sociales ou médico-sociales), de prévention de la prostitution des jeunes garçons et de prévention du mal-être et du suicide des jeunes homosexuel(le)s et transsexuel(le)s.

Au-delà d'être une association de terrain, l'association est également une association militante avec plus de 500 adhérents en France qui constituent sa principale force.

 

Y a-t-il des salariés ou êtes-vous tous bénévoles ?

L'essentiel du travail repose sur des bénévoles sensibilisés et formés.

Un directeur coordonne le développement de la structure et des travailleurs sociaux telle une conseillère en économie sociale et familiale, qui assure plusieurs permanences hebdomadaires, interviennent également au sein de la structure.

 

Combien de jeunes avez-vous hébergés depuis la création et dans combien de lieux ?

Plus de 80 jeunes ont été hébergés depuis la création du Refuge, principalement sur Montpellier et en Ile-de-France.

Les durées d'hébergement varient de quelques semaines à plusieurs mois.

Nous pouvons héberger entre 20 et 30 jeunes par an alors que nous recevons plus de 100 demandes d'admission par an (directes ou par l'intermédiaire de travailleurs sociaux).

À l'heure actuelle, Le Refuge répond à 10 % de la demande.

Il s'agit d'un véritable enjeu de santé publique qui doit mobiliser l'ensemble de la communauté à laquelle nous faisons appel pour continuer à tisser notre réseau.

 

Peux-tu nous en dire plus sur ton contact avec Jean-Marie Périer et l'idée de ce livre qui paraît lundi prochain 8 février 2010 ?

Jean-Marie Périer est venu vers nous spontanément et humblement, touché par un article relatif à nos actions.

Le contact a été chaleureux d'emblée et les rencontres magiques.

Jean-Marie Périer est quelqu'un de très généreux, très simple et engagé pour les causes qui lui tiennent à cœur.

Pour de multiples raisons qu'il exprime dans le livre, la cause de ces jeunes rejetés et isolés est très importante pour lui.

 

Un livre, une chanson, et bientôt deux récitals des Melo'men : ce buzz médiatique a-t-il déjà des effets positifs visibles pour les finances du Refuge ?

La chanson "De Il à Il" de Ganaël Joffo et Frédéric Ange, portée, entre autres, par David qui a été accompagné par Le Refuge est un projet qui vient aussi droit du cœur.

Les effets sont encore difficilement appréciables mais l'important est que les mentalités évoluent et que les pouvoirs publics se saisissent de ce problème de santé publique.

 

Merci Nicolas et nous sommes fiers et honorés de servir Le Refuge.

 

 


Fadela Amara, secrétaire d'Etat chargée de la politique de la ville parle du Refuge (2009)

 

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Le Père Docu s'appelle Gérard Coudougnan, il est né en 1962 et a pour qualification « enseignant-documentaliste », vous savez la dame qui râle au C.D.I. (centre de documentation et d'information) : c'est lui. Pour des raisons indépendantes de sa volonté, il est en ce moment éloigné de son lieu de travail habituel mais a toujours un C.D.I. (contrat à durée indéterminée) avec les bouquins pour qui il a une vraie A.L.D. (affection de longue durée).

Au hasard de ses lectures, il a croisé Marc-Jean Filaire puis Môssieur Daniel C. Hall (« The Boss ») qui lui a proposé de regrouper ici quelques « recensions » d'ouvrages à thématique LGBT.

Toute remarque, toute suggestion sera la bienvenue. Les avis, sous forme de commentaires, pour échanger des points de vue encore plus !

La bibliothèque rose est ouverte… vous avez lu Le Club des Cinq d'Enid Blyton ? Claude, le « garçon manqué » est peut-être alors votre première rencontre avec une petite lesbienne ou une future transgenre ? Ah bon, vous n'avez pas connu les Bibliothèques Rose et Verte ? Qu'importe, entrez (couverts !) ici et faites ce que vous voulez entre les rayons, ne soyez pas sages ...

 

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CASSE-TOI !

Crève mon fils, je ne veux pas de pédé dans ma vie, Jean-Marie Périer

Oh ! Editions, 2010, 176 pages, 14,90 €

 

Un Périer frappant !

 

Jean-Marie Périer reprend dans son titre la délicate apostrophe de parents envers leur fils ou leur fille homo. À soixante-dix balais, le photographe des stars a découvert au hasard de ses lectures de la presse régionale l'existence d'une association destinée à porter assistance aux jeunes virés de chez eux par leurs parents pour cause d'homosexualité : Le Refuge.

Les deux responsables de cette structure nationale unique qui ne dispose pas d'hébergements pour plus de quinze personnes ont répondu à ses questions et lui ont présenté quelques uns de ces ados et jeunes adultes dont les parents ont confondu orientation sexuelle non choisie et perversité.

Avec l'aide de Véronique Mougin, journaliste plus proche en âge de ces expulsés – elle a la trentaine ‒ il raconte le vécu de dix d'entre eux.

Ils viennent de différents milieux, de différentes cultures. Ils ont un point commun : une attirance pour les personnes de leur sexe. Parce que leurs parents pensent qu'ils l'ont choisie, que l'on doit les soigner, les éloigner ou les tabasser, ils les expulsent. Parce qu'ils les privent de la joie incommensurable du mariage qui épatera les autres, du doux bonheur d'être un jour grands-parents (forcément, un pédé ou une gouine, ça n'a pas de gosses !), qu'ils foutent le camp. Papa et/ou maman leur ferment la porte au nez en leur donnant, dans le meilleur des cas, quelques vêtements dans un sac poubelle. Que le sang de leur sang se débrouille, emporte loin du foyer familial sacré, sa débauche avec la honte qui aurait pu souiller la maisonnée idéale.

À chacun de ces témoignages, Jean-Marie Périer apporte son regard de sage, qui connaît les joies et les interrogations de la structure familiale, la valeur relative des liens du sang et de l'amour filial. Certains récits sont enrichis de l'avis de Benoît de Baecque, l'un des psys du Refuge.

La majorité des lecteurs de ces lignes ont connu les questions sans réponses sur l'orientation sexuelle et les problèmes d'acceptation de soi : replacer ces interrogations dans un contexte familial aussi dur paraît inconcevable dans la France de 2010.

On ressort de ce livre tout retourné de tant de cruauté et de bêtise. Quelle que soit sa propre vie sexuelle on a du mal à suivre ces jeunes qui deviennent SDF, se retrouvent escorts ou prostitué(e)s avant de « trouver Refuge » dans l'institution dont Nicolas Noguier (le créateur) et Frédéric Gal sont les gestionnaires... bénévoles. En 2010, aucune autre structure n'existe pour prêter secours à ces cas : plus de 300 appels à l'aide par an !

Le Refuge a besoin d'argent : ce livre devrait lui en rapporter un peu. Il nous est également possible, avant, après lecture de ce document au sous-titre éloquent « Crève mon fils, je ne veux pas de pédé dans ma vie » de leur apporter une aide financière (1) directe (déductible à 75 % des impôts de ceux qui en paient (2).

Des chanteurs (3) et des concerts des Melo'Men les 13 et 14 février prochains à Montpellier (4) permettront de compléter cette lecture prenante par un geste concret en réponse à ces inadmissibles paroles de parent à son enfant : « Que Dieu leur envoie le sida », « Tu as intérêt à courir vite car je t'égorgerai », « Tu n'es plus mon fils » ou « Arrête d'être une lopette »...

 

(1) http://www.le-refuge.org/nous_soutenir/paypal.htm ou

http://www.le-refuge.org/nous_soutenir/formulaire_de_don_2010.pdf

(2) http://www.le-refuge.org/nous_soutenir/reduction_d_impots.htm

(3) Lire l’article précédent.

(4) http://www.melomen.com/

 

POUR EN SAVOIR PLUS :

Sur Le Refuge : http://www.le-refuge.org/

Sur l'auteur : http://fr.wikipedia.org/wiki/Jean-Marie_Périer

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Photo © D. R.


TROIS QUESTIONS À JEAN-MARIE PÉRIER

Par  Gérard Coudougnan

 

Les Toiles Roses : Pouvez-vous définir un profil type du parent qui dit à son enfant « Casse-toi ! » ?

Jean-Marie Périer : Non, il n'y a pas de profil type. Le problème touche toutes les classes de la société. Il s'agit de gens mal informés ou dont le cerveau est influencé par les théories des traditionalistes et autres religieux qui ont peur de perdre « le contrôle ». Mon propos n'est pas d'accuser ces parents-là, mais de leur demander seulement de se poser la question : lorsqu'on a eu le culot de mettre quelqu'un au monde, n'a-t-on pas l'obligation de les aider à vivre la vie qu'ils se sont choisie ? Si votre enfant est homosexuel ce n'est pas pour vous emmerder, c'est sa vie, c'est tout. Ils ne font pas la guerre, ils ne posent pas des bombes, ils veulent juste aimer quelqu'un à leur manière. Vous êtes là pour les aider à vivre. Vous n'êtes pas d'accord ? C'est trop tard, il ne fallait pas faire de gosse.

 

Parmi les cas que vous avez décrits, y a-t-il de vrais happy end ?

Oui, il y a de vrais happy end. Car ceux que j'ai rencontré au Refuge sont déjà sauvés puisqu'ils ont eu le courage d'arriver jusque là.

Mais je pense à tous ceux qui n'osent pas appeler et qui sont seuls avec leur problème. Ceux que l'on force à se nier, à faire semblant d'être quelqu'un d'autre pour être « dans la norme », ceux que l'on pousse à la honte d'eux-mêmes alors qu'ils sont beaux d'avoir le courage d'aimer. Le but de ce livre est de demander à des parents d'oublier leurs certitudes et de dire à ces adolescents qu'ils ne sont pas seuls et qu'ils ont le droit d'être ce qu'ils sont.


jean-marie-perier_117.jpg Photo © D. R.


Vous avez dédié ce livre à Jean Marais : avez-vous voulu rendre un simple hommage à un ami ou y a-t-il un autre lien avec le contenu de votre enquête ?

Jean Marais est simplement un homme dont j'admire le courage d'avoir affirmé son homosexualité dans une France de l'après-guerre aux convictions étroites. Contrairement aux médias parisiens qui veulent nous faire croire qu'aujourd'hui le problème est réglé et qui m'explique que j'enfonce des portes ouvertes, je crois que dans notre beau pays les portes de l'homosexualité sont toujours aussi fermées. Il me semble que mettre son enfant à la rue parce qu'il ne ressemble pas à nos désirs est une infamie. Et aux gens qui franchissent ce pas-là, j'ai envie de dire que du haut de mes soixante-dix balais, la seule chose dont je suis sûr c'est que je ne suis sûr de rien. Alors qu'ils les laissent vivre, c'est déjà assez difficile comme ça.

 

Merci Monsieur Périer.

 

[Daniel C. Hall et Gérard Coudougnan remercient Oh! Editions et plus particulièrement son trio de choc : Valérie Taillefer, Béatrice Calderon et Stéphanie Le Foll pour les envois express des services de presse, leur professionnalisme, leur disponibilité et leur sens de l’écoute. Elles nous ont mis en relation avec Jean-Marie Périer, que nous remercions tout particulièrement pour ce combat qu’il mène à nos côtés. Merci, Monsieur.]

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Le Père Docu s'appelle Gérard Coudougnan, il est né en 1962 et a pour qualification « enseignant-documentaliste », vous savez la dame qui râle au C.D.I. (centre de documentation et d'information) : c'est lui. Pour des raisons indépendantes de sa volonté, il est en ce moment éloigné de son lieu de travail habituel mais a toujours un C.D.I. (contrat à durée indéterminée) avec les bouquins pour qui il a une vraie A.L.D. (affection de longue durée).

Au hasard de ses lectures, il a croisé Marc-Jean Filaire puis Môssieur Daniel C. Hall (« The Boss ») qui lui a proposé de regrouper ici quelques « recensions » d'ouvrages à thématique LGBT.

Toute remarque, toute suggestion sera la bienvenue. Les avis, sous forme de commentaires, pour échanger des points de vue encore plus !

La bibliothèque rose est ouverte… vous avez lu Le Club des Cinq d'Enid Blyton ? Claude, le « garçon manqué » est peut-être alors votre première rencontre avec une petite lesbienne ou une future transgenre ? Ah bon, vous n'avez pas connu les Bibliothèques Rose et Verte ? Qu'importe, entrez (couverts !) ici et faites ce que vous voulez entre les rayons, ne soyez pas sages ...

 

 
Frédéric Ange et Ganaël : "De il à il"
Au profit de la formidable association "Le Refuge"
soutenue par Les Toiles Roses
!
Soutenez, adhérez, faites un don...

 

Une chanson simple sur un thème très simple : l'amour.

Oui mais il s'agit ici de l'amour en général… entre deux garçons. Pas de plaidoyer, elle n'a pas été écrite rue Sarasate (1) et ses protagonistes ne marchent pas dans les villes, les banlieues les bidonvilles (2). Nous avons cherché des chanteurs qui « osaient », à part Dick Annegarn (3), nous n'avons pas trouvé grand monde. Dave nous a expliqué le pourquoi du comment de son silence, tandis que l'immense Trenet n'a jamais eu le courage ni l'audace d'aller au-delà d'une chanson crypto-gay quasiment inconnue (4).

Un bijou discographique encore disponible (5) rassemble plus d'un demi siècle de chansons « interlopes » rangées en deux CD : la dérision et l'ambiguïté.

Les coming-out récents de chanteurs de la nouvelle génération peuvent-ils faire avancer les mentalités et sortir de leur isolement moral les adolescents en détresse du fait de leur orientation sexuelle ? La situation est connue (6) mais il n'existe aujourd'hui que deux structures d'accueil, l'une à Montpellier et l'autre à Montreuil, offrant à plus de 300 demandeurs par an un REFUGE de… QUINZE places.

C'est pour eux, pour ceux dont s'occupe avec une ardeur et une conviction remarquables Nicolas Noguier et l'équipe du Refuge (7), qui a su attirer l'attention de Fadela Amara (8) que deux chanteurs se sont engagés et aujourd'hui une étape est franchie, grâce à Ganaël et à Frédéric Ange.

 

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La chanteuse Ganaël a déjà un long et beau parcours dans le monde de la chanson. Elle a écrit pour Nicole Croisille, Fabienne Thibaut, les Mini Stars, Richard Joffo, Line Renaud, Jean-Pierre Savelli ; Jacques Dutronc a composé des musiques pour ses textes.

Frédéric Ange (qui fut un temps Fred Ange) a travaillé dans divers médias gays et ses disques ne laissent aucun doute, ni sur sa révolte, ni sur son amour des garçons, lui qui cherche, selon son délicieux néologisme, son « hémisexe ».

Ces deux voix se sont unies autour de la cause du Refuge. Dans un texte où le pathos est absent, où le seul souhait consiste à chanter l'union De il à il, on fredonne la simple et belle mélodie de deux personnes qui rêvent d'une histoire d'amour aussi banale et extraordinaire que celle qui va De il à elle, ou dans le duo, De elle à elle.

 

(1) http://www.youtube.com/watch?v=6WLAGwndSg0

(2) http://www.bide-et-musique.com/song/12136.html

(3) http://fr.wikipedia.org/wiki/Dick_Annegarn

(4) http://www.deezer.com/listen-895133

(5) http://labelchanson.free.fr/interlopes.htm

(6) http://www.ho-editions.com/caddie/description.php?II=68&UID=2010010811003686.69.122.119

(7) http://www.le-refuge.org/

(8) http://www.dailymotion.com/video/xatfyn

 

POUR EN SAVOIR PLUS :

Sur Ganaël : http://www.myspace.com/ganaelchante

Sur Frédéric Ange : http:/www.fredericange.com

POUR FAIRE PLUS :

Adhérer au groupe FaceBook :

http://www.facebook.com/group.php?v=info&ref=mf&gid=154701991734

« Investir « dans ce disque de Ganaël :

http://fr.akamusic.com/ganael

Donnez  votre avis sur la chanson : http://www.youtube.com/watch?v=2wuBlZdSbs0

Adhérer à l'Association Le Refuge  (fiscalement non déductible) :

http://www.le-refuge.org/nous_soutenir/formulaire_adhesion_2010.pdf

Faire un don (fiscalement déductible) :

http://www.le-refuge.org/nous_soutenir/formulaire_de_don_2010.pdf

 

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Une discussion sur la Toile

entre Ganaël, Frédéric et le Père Docu

 

Les Toiles Roses : Bonjour Frédéric, tu n'es pas un inconnu pour un grand nombre d'entre nous. Entre tes émissions de télévision, tes chroniques et tes chansons, tu as déjà ta place dans le monde de la variété. Tu fus Fred Ange, tu es aujourd'hui Frédéric Ange : changement d'étiquette ou mutation plus profonde ?

Frédéric Ange : Effectivement, c'est un changement que beaucoup de personnes ont remarqué : j'ai voulu reprendre mon vrai prénom en entier, car je me suis dit qu'il manquait comme une autre partie de moi-même et c'est pour cela que je suis redevenu Frédéric. Un changement aussi dans l'écriture, une renaissance et ça fait un bien fou de se retrouver un peu plus naturellement, j'ai grandi (rire).

 

Ton précédent CD, Intersex était clair sur tes aspirations humaines... et ta gaieté. Comment le public a-t-il réagi à ton audace ?

Dans un premier temps, certaines personnes ne comprenaient pas la nature profonde d'Intersex, mon coup de gueule ou mon audace, je ne l'explique pas : c'est venu naturellement, d'autres se sont identifiés au texte comme un goût de déjà-vu chez eux.


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Il y a dans le monde littéraire d'interminables discussions sur l'opportunité ou non de discerner une littérature gay, que ce soit abstraitement ou dans les étagères des librairies. On trouve aussi des « rayons gay » chez les marchands de DVD. Vois-tu un intérêt quelconque (en dehors d'alimenter les pages de la presse people) à ce qu'il y ait un style gay dans la chanson ?

Non, je ne pense pas qu'il existe de style gay, je dis ouvertement que je suis gay lorsque j'écris mes propres textes, j'écris ce que je ressens sur ce dont j'ai envie de parler, beaucoup de chansons d'amour sont « accès  hétéro », d'un homme qui dit je t'aime à une femme et le contraire, il en manque dans le paysage de la musique, de vraies chansons qui n'ont pas nature à avoir de sexualité ou encore homosexuelle. On peut se souvenir du groupe Mecano ou encore de Lara Fabian mais qui parlait, elle, juste de différence, alors que je pense que l'amour est universel et n'a pas de sexe.

 

Dans ton adolescence, as-tu eu des exemples marquants, positifs ou négatifs, de personnages gays réels ou imaginaires (cinéma, littérature, etc.) ?

Je suis un grand fan du Petit prince de Saint Exupéry, que j'ai lu et relu des centaines de fois mais rien à voir avec l'homosexualité (rire). Rupert Everett m'a marqué non seulement parce qu'il était gay mais qu'il l'affirmait. Son côté très naturel m'a longtemps attiré et même encore aujourd'hui. Dans les années 90, deux films m'ont marqué, tout d'abord Pédale douce mais que je trouvais trop caricatural et ensuite Gazon maudit beaucoup plus profond, la profondeur aussi du film Le Secret de Brokeback Mountain, ce que j'aime dans les films c'est le naturel de l'homosexualité, pas les clichés.


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Ton duo avec Ganaël est un beau travail de simplicité, de sensibilité et d'émotion. Sais-tu si des radios « généralistes » l'ont inscrit dans leurs playlists ?

Nous sommes sortis du studio pour la dernière fois le 31 décembre, nous avons communiqué d'abord avec les internautes pour savoir ce qu'ils pensaient de la chanson, de ce duo et de notre lutte, nous sommes actuellement en train d'essayer de la faire rentrer en playlist, mais ce n'est pas évident de forcer certaines portes comme NRJ ou une autre radio. Je crois que si j'entends, ne serait ce qu'une fois, De il à il sur NRJ j'en pleurerais de joie, car cela voudrait dire que les radios aussi acceptent la différence et ce n'est pas encore le cas aujourd'hui.

 

Connais-tu Nicolas Noguier et as-tu rencontré des jeunes dont il s'occupe, avec un soutien plus symbolique que matériel des institutions ?

Non, je n'ai pas encore rencontré Nicolas Noguier, mais sur internet nous avons pu discuter quelquefois ensemble sur Facebook. Je lui ai ouvertement tiré mon chapeau pour son association, assuré que je serai toujours là et que je me battrai à ses côtés, en ce qui concerne les jeunes, âgés entre 18 et 27 ans. Le premier jour où j'ai rencontré Ganaël, un des jeunes était présent, c'est le petit protégé de Ganaël (rire), il ne m'a pas laissé indifférent, il est devenu mon petit ami, il est devenu mon combat et je me bats maintenant avec lui ; quelque part cette chanson est devenu notre histoire à tous les deux.


Ganaël, j'aime ce disque et je veux l'acheter. Que dois-je faire ? Dans le prix que je vais payer, quelle somme ira à l'association « Le Refuge » ?

Ganaël : Dès que le CD sort, on va signer un accord avec le Refuge où je lui confirmerai que je vais reverser des droits d'auteur au Refuge, les droits d'auteur sur la chanson De il à il, comportant ceux de la vente des CD, mais aussi ceux des passages radio et télé. Vu que je suis auteure et compositeur de la chanson.

Sur le CD, on écrira « chanson De il à il au profit du Refuge ».... ce sera donc officiel et sans équivoque.

En plus, vu que la vente des CD ne rapporte plus beaucoup d'argent aujourd'hui, je vais donc m'engager à reverser des droits sur les passages télé et radio qui, eux, rapportent beaucoup plus et ceci dans l'intérêt du Refuge.

 

Comme cette discussion à trois me touche énormément, qu’elle rassemble tellement de valeurs universelles que nous défendons ici, aux Toiles Roses, et de vos vécus personnels, je vais vous laisser le soin de conclure en vous remerciant de ce que vous faites, de ce que vous êtes...

Frédéric : Je remercie Ganaël d'avoir écrit cette chanson, de m'avoir fait confiance pour l'interpréter. Avec quelques difficultés pour moi car toujours trop d'émotions m'envahissent quand je suis en studio et davantage quand elle s'adresse un peu à ce qui est ma vie. Je pense bien sûr à Richard Joffo qui m'a guidé en studio et qui est un peu le grand papa de cette aventure, à Arnaud Rozenblat, qui a été le premier à suggérer à Ganaël de me contacter pour ce projet, et à mon p’tit loup qui travaille à nos côtés pour que De il à il  soit visible partout. Je n’oublie pas tous ceux qui nous envoient des messages de félicitations et d'encouragements auquels on a un peu de mal à répondre : tant d'émotion, un vrai partage, pour une cause qui nous porte, pour Le Refuge.

Un grand merci aussi à toi Gérard de me soutenir depuis le début.

Ganaël : J'ai écrit cette chanson avec mon cœur, j'espère qu'elle plaira et que ce sera bénéfique pour le Refuge, cette indispensable association.

Je remercie Frédéric Ange de s'être lancé avec moi, de toute son âme dans cette aventure.

Frédéric Ange et moi remercions tous ceux qui nous soutiennent avec des commentaires qui font chaud au cœur, et qui nous prouvent qu'ils croient en nous.

En espérant que cette petite chanson pourra faire de grandes choses…


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Le mot de Nicolas Noguier,

président de l'association Le Refuge :

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Ma rencontre avec Ganaël a été magique. Au-delà de son talent indiscutable, Ganaël a un cœur immense et une générosité qui la porte à réaliser des projets merveilleux. 

Je la remercie pour toute l'énergie qu'elle dépense au quotidien pour soutenir Le Refuge.

Je suis émerveillé et ému aussi par la voix de Frédéric Ange, un artiste qui a déjà fait ses preuves.

Leur merveilleux duo délivre un formidable message de tolérance et nous transporte. Je suis ému à chaque écoute.

Merci à tous les deux pour votre soutien au Refuge.

Grâce à leur formidable énergie et à votre soutien, nous pourrons développer et pérenniser nos actions à destination des jeunes en rupture familiale, victimes d'homophobie.

 

Nicolas Noguier, Président du Refuge

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Je suis un fils et un frère homosexuel privilégié…

par  Daniel Conrad Hall

 

 

J’ai 41 ans. Je suis un fils et un frère homosexuel privilégié. Je n’ai jamais été obligé de faire mon coming-out auprès de ma famille. À 16 ans, ma mère est montée dans ma chambre et m’a trouvé dans le même lit que mon premier petit copain, mon premier grand amour : J.-F. Nous avons eu le droit à notre petit-déjeuner (presque) au lit. Même si il y a eu quelques larmes le soir même (ma mère avait toujours su pour moi, et peut-être même avant moi, et devait se résoudre à admettre que c’était vrai ; moi je pleurais car je me sentais coupable), ma mère a conclu une longue discussion par ces mots : « Quoi que tu fasses, qui que tu sois, tu seras toujours mon fils, tu seras toujours mon gros titi. » Gros titi, moi ? Oui, c’est vrai et je l’avoue, c’est mon seul véritable coming-out. Pour mon frère et ma sœur, j’ai été et je suis toujours leur grand frère et gay ou pas, cela n’est jamais entré et n’entre pas en ligne de compte. Mes petits amis ont toujours été accueillis comme des membres de notre famille. Ni plus ni moins que les amies de mon frère ou les amis de ma sœur. L’amour de ma vie est même devenu le troisième fils de ma mère et un frère pour mon frère et ma sœur. Jamais, je dis bien jamais, ma famille n’a fait preuve d’homophobie ordinaire ou involontaire. Pour eux, je suis moi tout simplement, naturellement. J’ai une famille en or que j’aime. Et qui milite pour l’égalité des droits. Qui regarde et aime mes films et séries consacrés à l’homosexualité. J’aimerais tellement partager ma famille, ma maman, ma sœurette et mon frangin, avec les jeunes de l’association « Le Refuge » !

J’ai connu Nicolas Noguier par le biais de Facebook. À ma grande honte, je ne connaissais pas l’association (la seule et unique en France) que lui et Frédéric Gal portent à bout de bras, bénévolement, avec détermination, avec courage, luttant contre tous les obstacles possibles et imaginables. Depuis j’ai vu des reportages à la télévision, j’ai parlé avec Nicolas, j’ai lu le livre de Jean-Marie Périer – le photographe des stars – intitulé Casse-toi ! et consacré aux jeunes du Refuge. Pour de multiples raisons, j’avais décidé de ne plus m’investir dans le milieu associatif (après 25 ans de militantisme associatif) mais là, j’ai brutalement compris une chose. Une seule. Importante. Vitale. Ces jeunes lesbiennes et gays jetés à la rue par les êtres « humains » qui les ont conçus, ce pourrait être moi si l’amour (malgré nos petites bisbilles ordinaires) n’avait pas guidé ma famille. Et je dois avouer que je n’aurais pas eu le centième du courage de ces jeunes. Non. J’aurais peut-être fait comme des centaines, des milliers, d’adolescent(e)s qui chaque année décident d’en finir définitivement. Parce qu’ils aiment les garçons. Parce qu’elles aiment les filles. Et surtout parce que leur famille n’est qu’un décor de carton-pâte qui s’écroule ou s’écroulerait devant cette révélation. Oui, je pense sincèrement que j’aurais mis fin à mes jours si ça avait été moi.

Alors que dans d’autres pays (comme la Belgique), ce genre de structures est habituel et aidé par l’Etat, ici, en France, en 2010, il n’existe que Le Refuge qui survit comme elle peut. J’entends déjà les esprits chagrins et les pisse-vinaigre qui vont m’accuser de faire du « communautarisme », ce mal affreux dont nous accusent ceux qui regardent de l’extérieur et souvent sans compassion humaine. Ils disaient avant : « Au lieu de vous occuper des homos en Iran, en Arabie Saoudite, en Afrique, en Amérique centrale… Occupez-vous déjà de ceux qui sont ici ! » C’est vrai, alors je le fais – sans arrêter mes combats pour mes frères et sœurs de tous les autres pays. Et l’on va me dire maintenant : « Oui, mais bon, et les jeunes hétéros, jetés de chez eux, désespérés et à la rue ? Ils ne comptent pas ? » Je sais que cela va arriver. Aussi, j’ai déjà la réponse. Oui, être jeune, jeté de chez soi par ses parents et désespéré c’est une horreur absolue. Mais comme il existe des degrés dans l’horreur, si vous ajoutez à cela le fait d’être homosexuel, c’est franchir un degré supplémentaire dans l’horreur. Et que l’on ne me dise pas le contraire ! À accumuler les « tares », on descend encore plus vite en enfer. Et être et dire que l’on est homosexuel en France en 2010 n’a jamais été une partie de rigolade (contrairement à ce que laissent penser les médias parisianistes et certaines associations privilégiées appartenant à un certain microcosme). Au contraire, le retour à une forme de puritanisme (le néo-conservatisme hérité de nos amis américains avec quinze ans de retard) tend à ce que cela devienne de plus en plus difficile, de plus en plus impossible.

Je ne fais pas, malgré ce que pensent les gens que nous gênons, partie d’un lobby (si seulement il existait un lobby gay en France ! Cela se saurait !) ; je ne suis pas « communautariste » (quelle stupidité politico-médiatique que ce terme) ; je ne suis même pas un « activiste » gay. Je suis homosexuel mais avant tout humain. J’aime tous les êtres humains, même les pires salopards. Mais je me sens un lien supplémentaire avec certains : nous appartenons à une même minorité (le plus souvent invisible), un lien qui fait notre différence. Une différence qui doit enrichir tout le monde et non pas séparer ou diviser. Ah, mon rêve, c’est que tout le monde comprenne que l’humanité est « une infinie diversité en une infinie combinaison ». Je sais, je suis stupide. Mais je suis fier de l’être. Comme je suis fier d’être gay.

J’ai décidé de me battre pour Le Refuge. Mon équipe est derrière moi. Nous allons pendant trois jours vous présenter cette association (et je continuerai ensuite à vous informer très régulièrement). Nous allons appeler à les soutenir. Nous allons simplement être ce que nous sommes, nous « pédés et gouines comme ils disent » d’un certain âge : être les parents de ces nouvelles générations de jeunes homosexuel(le)s alors que nous ne pouvons toujours pas adopter d'enfant. Nous allons simplement être ce que nous sommes, nous jeunes « pédés et gouines comme ils disent » acceptés par nos familles et plutôt bien dans nos vies : être les sœurs et frères de nos nouvelles générations de jeunes homosexuel(le)s. En adhérant, en faisant un don, en proposant notre aide, en parlant autour de nous du Refuge

Égoïstement, je suis heureux de ne pas être un enfant du Refuge. J’ai ma famille qui m’entoure depuis toujours. Pourtant, je me sens un enfant du Refuge et je vais me battre pour que mon sentiment d’impuissance soit démenti : nous pouvons tous faire un petit quelque chose pour eux.

Je voudrais remercier Nicolas et Frédéric, des « héros » pour moi (et cela va terriblement leur déplaire que je les appelle ainsi, mais j’assume !), qui m’ont accordé autant de temps et d’attention que celui qu’ils donnent aux jeunes. Et aussi à Gérard Coudougnan, mon second, qui aurait pu trouver refuge au Refuge.

Ne m’en veuillez pas d’avoir été long et peut-être lyrique. Tout ce que je viens d’écrire sort de mes tripes, de mon cœur et de ma tête. J’espère qu’il en sera de même pour vous. J’y crois.

 

Daniel Conrad Hall

Rédacteur en chef de Les Toiles Roses

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Suite à la sortie très prochaine du livre de Jean-Marie Périer Casse-toi ! (nous en parlerons demain sur ce blog avec la participation de Jean-Marie Périer), je vous invite à consulter le premier reportage consacré aux jeunes homosexuel(le)s en rupture familiale du fait de leur homosexualité :
http://www.lexpress.fr/actualite/societe/ces-jeunes-homos-rejetes-par-leurs-parents_846025.html

Je vous laisse découvrir le commentaire édifiant posté par Pierrefilant - 03/02/2010 15:50:21, peut-être père de famille.
« L'homosexualité est une sottise biologique, et donc une sottise tout court. Son "mécanisme" a été fustigé par la très célèbre et respectée spécialiste de l'éducation des jeunes Françoise Dolto, qui a bien montré que cette stupide déviation de la sexualité pouvait et devait être combattue chez les jeunes, et que rien n'était irréversible ! On ne nait pas homosexuel, on se laisse par bêtise et faiblesse le devenir. Ce n'est pas un péché ni une honte, mais un formidable aveu de manque de caractère. »
Inutile de revenir sur la souffrance énorme que pourrait ressentir la fille ou le fils de cette personne...


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