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Le Père Docu s'appelle Gérard Coudougnan, il est né en 1962 et a pour qualification « enseignant-documentaliste », vous savez la dame qui râle au C.D.I. (centre de documentation et d'information) : c'est lui. Pour des raisons indépendantes de sa volonté, il est en ce moment éloigné de son lieu de travail habituel mais a toujours un C.D.I. (contrat à durée indéterminée) avec les bouquins pour qui il a une vraie A.L.D. (affection de longue durée).

Au hasard de ses lectures, il a croisé Marc-Jean Filaire puis Môssieur Daniel C. Hall (« The Boss ») qui lui a proposé de regrouper ici quelques « recensions » d'ouvrages à thématique LGBT.

Toute remarque, toute suggestion sera la bienvenue. Les avis, sous forme de commentaires, pour échanger des points de vue encore plus !

La bibliothèque rose est ouverte… vous avez lu Le Club des Cinq d'Enid Blyton ? Claude, le « garçon manqué » est peut-être alors votre première rencontre avec une petite lesbienne ou une future transgenre ? Ah bon, vous n'avez pas connu les Bibliothèques Rose et Verte ? Qu'importe, entrez (couverts !) ici et faites ce que vous voulez entre les rayons, ne soyez pas sages ...

Jérémie SARIEL, J’ai eu quinze ans, Éditions Gaies et Lesbiennes,
128 p., 2009, 5 €

 

Un roman « à l'eau d'étoile rose » vient de paraître... Les Toiles Roses l'ont déniché pour vous !

Entre La Vie est belle et Moi Pierre Seel, déporté homosexuel (1), la place est large. Elle a été cinématographiquement enrichie par Bent (2) et Un Amour à taire (3). Les références historiques du drame des Triangles roses ont été en France cernées par divers travaux de Jean Le Bitoux (conseiller du téléfilm Un Amour à taire) et le contexte général de la sexualité des années 1940-1945 récemment scénarisé en « défaite des mâles » historique par Patrick Buisson (4).

Le roman de Jérémie Sariel ne peut être qualifié de roman historique : qu'importe ?

Il agacera les maniaques de l'orthographe (l'éditeur aurait pu faire des relectures plus attentives) comme les historiens. Il fournira aux lecteurs, aimant les belles histoires où cruauté et bonheur alternent gentiment, de bons moments d'émotions. Défenseur sincère du respect des différences et de l'amour sans limites, l'auteur a utilisé librement un contexte historique douloureux sans s'encombrer de trop de contraintes érudites. Petit roman de science-fiction sentimentale, il attire l'attention sur le drame de la déportation des homosexuels dont il fait le cadre d'une histoire à l'eau d'étoiles roses, pleine de sincérité et touchante de naïveté.

Un roman d'une trempe assez semblable, Folle Alliée (5), n'avait pas trouvé un aussi bon éditeur que les Éditions Gaies et Lesbiennes et reste diffusé de façon marginale.

Cet « amour doublement interdit » vécu à quinze ans sera une lecture facile, rapide et enrichissante pour ceux qui n'ont pas le temps, l'occasion ou l'envie d'entrer dans la réalité documentaire d'un drame dont la simple commémoration reste, comme le souligne justement Jérémie Sariel, taboue même en 2009.

Saluons donc ce premier roman comme un pas vers la vulgarisation sensible de l'intolérance extrême et de ceux qui, comme Michel et Jacques, furent les victimes si peu reconnues d'une barbarie que tant d'autres victimes s'irritent de voir reconnue.

C'est à ce genre de « détail », un roman « rose », triste et gay, à cinq euros sur un thème aussi grave que l'on peut penser que nos ancêtres déportés vont peut-être cesser d'être « Les Oubliés de la méméoire » (6).

 

(1) Pierre Seel, Moi, Pierre Seel, déporté homosexuel, avec la collaboration de Jean Le Bitoux, Calmann-Lévy, 1994, 198 p.

(2) Bent : http://www.lestoilesroses.net/article-5480308.html

(3) Un Amour à taire : http://www.lestoilesroses.net/article-4115163.html

(4) Patrick Buisson, 1940-1945 Années érotiques : tome 2 : De la Grande Prostituée à la revanche des mâles, Albin Michel, 2009, 521 p., photos, notes & index. http://www.lestoilesroses.net/categorie-10839716.html

(5) Emma Psyché, Folle alliée, L'équarisseur d'enfants Éditions, 2003, 244 p.

(6) Jean Le Bitoux, Les Oubliés de la mémoire, Hachette Littératures, 2002, 294 p.

POUR EN SAVOIR PLUS :

Le site le plus complet sur le sujet de la déportation homosexuelle. "Triangles Roses" propose une base documentaire exceptionnelle pour ceux qui souhaitent se renseigner sur le sujet : textes, photos, archives, actualités... Des centaines de documents, des témoignages, des analyses et un historique complet et illustré. Le site propose également un forum. À découvrir absolument.

http://www.hexagonegay.com/TrianglesRoses.html

Le site de l'éditeur :

http://www.livresgaisetlesbiens.fr/

 

INTERVIEW DE JÉRÉMIE SARIEL

 

Bonjour Jérémie, je vais te laisser le soin de te présenter toi-même !

Dans un premier temps, je voulais te remercier de me consacrer cette interview et de l'intérêt que tu as porté à mon roman. Parler de soi... Rien de simple !

Jérémie Sariel, 22 ans, auteur de J'ai eu quinze ans, qui est mon premier roman. Je suis quelqu'un de sensible et passionné.

C'est peut-être un peu court comme présentation mais je ne peux pas tout vous dire... Il faut nous laisser le temps de nous connaître.

 

Je vois à ton sourire que tu n'as pas froid aux yeux !

Revenons à un sujet plus grave : le contexte historique de ton roman. Il est assez évident que tu n'as pas cherché à situer l'action dans des cadres historiques très précis. Quelles ont été tes sources d'inspiration ?

J'avais envie de montrer aux gens qu'une histoire d'amour c'est quelque chose de beau, un sentiment universel qui ne devrait pas avoir besoin que l'on parle ni d'homosexualité, ni d'hétérosexualité...

Les filles qui ont jusqu'à maintenant porté un bel intérêt au roman, ainsi que les autres lecteurs ont fait au fil des pages une totale abstraction du sexe de nos deux personnages principaux et se sont laissé porter par l'amour qui découlait de leur rencontre. Le grand sentimental que je suis a vraiment voulu faire passer l'amour sentiment numéro un de ce livre. C'est une source d'inspiration tellement forte et importante.

La guerre et les camps de concentration sont des décors monstrueusement intéressants, abominables

et réalistes, ce qui donne au lecteur la sensation de vivre l'histoire avec les personnages. Ainsi nous n'oublions pas, car encore aujourd'hui en 2009 la déportation des gays reste taboue, trop de gens ont tendance à oublier et cela n'est pas acceptable.

 

Tu as parfaitement raison et le site que j'ai cité pour compléter la critique de ton roman est très intéressant à ce sujet : déposer une gerbe en l'honneur des homosexuels déportés à l'occasion d'une cérémonie officielle reste un défi, une provocation. Avec un sujet aussi « différent », il n'a pas dû être facile de trouver un éditeur ?

Au départ je n'avais pas l'objectif de faire de mes mots un livre, je me suis servi d'internet pour publier quelques lignes et tout est allé très vite. Que des lecteurs soient assidus et soient demandeurs de suite, cela donne envie de continuer. Alors une page, puis deux, puis dix... De fil en aiguille tu crées l'histoire, les événements... Jusqu'au jour où le manuscrit terminé, j'ai fait les premiers envois auprès d'éditeurs. Je n'ai envoyé que très peu d'exemplaires et j'ai eu l'agréable surprise d'être contacté par Sébastien des EGL quatre jours après réception du texte.

Et voilà le résultat, J'ai eu quinze ans est en vente dans quelques librairies et sur le net !

 

Cette « nouveauté » a dû donner lieu à quelques séances de dédicaces : as-tu un programme de promotion pour cet été ?

Nous sommes justement en train d'y travailler.

J'ai été à la rencontre des lecteurs sur plusieurs Gay Pride et ce furent des moments très agréables que de pouvoir discuter avec des gens qui ont lu ou ont eu envie de lire ce roman. Nous ciblons pour le moment les bars et associations gays.

Invité au Festi'gays de Gourin (56) le 1er août, je suis également en contact avec certaines presses spécialisées.

Une fois terminé, le programme sera publié sur ma page Facebook : http://www.facebook.com/jeremie.sariel?ref=ts.

 

As-tu d'autres projets littéraires ?

Le deuxième roman est en cours d'écriture, sur une période beaucoup plus actuelle, il traitera de sujets tels que l'homoparentalité et parlera bien sûr d'amour qui pour moi est un sentiment inépuisable.

Nous laissons aussi le temps à J'ai eu quinze ans de se faire une place dans vos bibliothèques...

 

C'est tout le mal que nous te souhaitons ! Et en attendant, je vais essayer de faire figurer ton roman dans la section littérature du site http://www.hexagonegay.com/TrianglesRoses.html. En attendant, bel été à toi, Jérémie !

 

LETTRE DE L’AUTEUR AUX FUTUR(E)S LECTEURS(TRICES)

 

À toi,

À toi qui lit cette lettre, le soir où j'ai commencé par taper quelques phrases sur le clavier de mon ordinateur, je n'avais pas prévu de faire le livre dont je vais te parler. L'enchaînement des mots a fait qu'aujourd'hui au travers ce texte, j'ai envie de te faire découvrir l'émotion que j'ai vécue en écrivant J'ai eu quinze ans.

Ce n'est pas une autobiographie et encore moins un document, c'est l’histoire d'un amour qui a dû survivre dans une période si noire...

Et au fond, c'est pendant cette période que Jacques et Michel ont pu ne faire qu'un. Sans la force de leur amour, tout aurait certainement été différent.

Trop de gens sacrifiés pour qu'aujourd'hui nous puissions oublier… Malheureusement ces défunts, qui sont les nôtres, sont trop souvent exclus de toutes les célébrations commémoratives.

À l'heure où Michel rencontre Jacques, ce dernier vient d'avoir ses quinze ans et déjà est enfermé parce qu’il aime autrement, qu’il pense différemment de la majorité.

L'amour qu'ils se portent va tenter de les emmener loin, de les faire avancer, vivre, survivre.

Tu l'auras compris, le thème principal de mon livre est l'amour, vécu avec passion et écrite de manière similaire. Dans un contexte historique si cruel qui sera le théâtre de cette relation, un décor malheureusement réel.

Des mots et maux que j'ai eu envie de partager avec toi, souhait désormais possible puisque les Éditions Gaies et lesbiennes publient ce titre.

Dans l'attente de tes commentaires, cher lecteur je t'embrasse...

Jérémie

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