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Fiche technique :
Avec Yasmine Belmadi, Bernard Verley, Sébastien Charles, Valérie Donzelli, Florence Giorgetti et Sébastien Lifshitz. Réalisation : Sébastien Lifshitz. Scénario : Sébastien Lifshitz et Stéphane Bouquet. Image : Pascal Poucet. Montage : Yann Dedet. Son : Yolande Decarsin.
Durée : 62 mn. Disponible en VF.

Résumé :
Parce qu’il vient d’être renvoyé de son travail, Djamel, à peine 20 ans (Yasmine Belmadi, qui interprétait déjà le rôle principal dans Les Corps ouverts et que l’on retrouvera dans Wild side), s’engueule violemment avec sa grand-mère chez laquelle il vit (deux scènes hors champ). Il décide de quitter Paris, sans toutefois oublier, en guise d’au revoir, de se faire tailler une pipe par sa petite amie.
Il débarque à Grenoble (pourquoi Grenoble ?) où il trouve, étrangement, facilement du travail comme manœuvre dans une usine. Dans cette entreprise, il drague sans attendre une secrétaire qui lui fait rapidement une place dans son lit. Dans le même temps, il éprouve une curieuse attirance pour son patron (Bernard Verley), qu’il va jusqu’à espionner à son domicile... Je vous en dis un peu plus ci-dessous, mais pas tout, car ce film, qui joue constamment sur le frottement entre l’identité sexuelle et l’identité sociale, fusionne ce qui est d’ordre sexuel et ce qui relève du refoulé politique de la France, ce film disais-je est aussi un film à suspense

L’avis de Bernard Alapetite :
Pendant toute la première moitié du film, on s’ennuie un peu et on peut être légèrement déçu. Certes Lifshitz filme parfaitement mais on a le sentiment qu’il refait Les Corps ouverts, à la fois en mieux mais aussi en moins excitant. Il est bien difficile de s’intéresser aux deux protagonistes principaux. Ils nous apparaissent comme deux médiocres salauds. Djamel semble être un beur dépeint à la Le Pen et le patron parait sorti d’un discours de Laguiller ! C’est à ce moment que Lifshitz, en une scène extravagante, dynamise le film et le dynamite, l’élève au dessus du naturalisme, qui jusqu’alors le plombait. Djamel entre dans le bureau du patron (incarné remarquablement par Bernard Verley, qui était déjà parfait dans un autre rôle de père dans Nord de Xavier Beauvois, à la lourde silhouette, la face bouffie et ravagée) pour le mettre en garde contre ses employés qui fomentent une grève. Première surprise devant cette attitude, le petit beur macho se mute devant nous en balance, en traître à sa classe comme on le disait naguère. Le spectateur, à peine remis de sa surprise, va être stupéfait par le coup de théâtre suivant, quand le garçon annonce à l’homme qu’il vient de flatter qu’il est son fils ! Pendant un très court instant, on pense que notre beur est tout à fait givré. Nous sommes aidés en cela par sa curieuse attitude jusqu’alors vis-à-vis de chacun. Mais le cinéaste ne nous laisse pas reprendre notre souffle. Le garçon sort de sa poche une photo de sa mère et la montre au patron médusé en disant que cela l’aiderait à se rafraîchir la mémoire. Et contrairement à ce que l’on pouvait attendre, le patron patelin dit qu’en effet il a bien connu sa mère, une putain qu’il a fréquenté plusieurs semaines, mais qu’il n’est rien pour lui et que vingt autres peuvent être son père !
Le film, jusqu’à son terme, vivra sur la lancée formidable qu’a impulsé cette scène qui ne doit pas durer plus de quatre minutes. On est passé du naturalisme XXe siècle au mélo échevelé dans la grande tradition du XIXe, avec fils caché, père indigne, mère putain et morte jeune, bien sûr, phtisique ou syphilitique sans doute. Le scénario que cosigne, tout comme pour Les Corps ouverts, Stéphane Bouquet ne mollit pas ; il nous assène le coup de grâce en nous révélant en une image que le fils du patron est pédé ! C’est le réalisateur (Lifshitz) lui-même qui embrasse à pleine bouche le fils à papa, en l’occurrence plus un fils à maman, qui elle est snob et superficielle, pour nous faire bien comprendre la chose. Hitchcock se réservait de moins agréables silhouettes dans ses opus. Lifshitz est un récidiviste, il s’était « dévoué » de pareille façon dans son film précédent. L’effet de surprise n’est qu’à moitié réussi, car l’on avait fait qu’apercevoir le fiston et bien des spectateurs ne l’identifieront pas immédiatement. C’est une des rares faiblesses du film, avec celle d’un montage parfois inutilement compliqué ; il y a aussi quelques scènes inutiles, comme celle du voyage qui rompt l’unité de lieu de la ville de Grenoble, cernée par les montagnes, une ville d’où il semble que l’on ne puisse pas s’échapper.
Djamel drague… en digne fils indigne ! Sébastien Charles est très juste dans le rôle ingrat de la victime sacrificielle, le seul personnage un peu sympathique de cette histoire. On peut voir cet habitué de l’œuvre d’Ozon dans Sitcom, Une Robe d’été et Scènes de lit, ainsi que dans Les Passagers de Guiguet... On comprend vite que ce n’est pas le désir sexuel qui anime Djamel mais la volonté de vengeance : enculer son demi-frère pour, dans sa petite tête de macho, le souiller. Et pourtant… le doute subsiste lors de la belle scène du rendez-vous dans la forêt entre les deux garçons qui ont le même âge. Le cinéaste se moque de lui-même lorsqu’il prête au personnage joué par Sébastien Charles ses propres fantasmes sur les beurs : la beauté de leurs mouvements, la fermeté de leurs corps... fantasmes auxquels Djamel répond : « Si tu voyais mon oncle c’est un véritable poivrot », le garçon répond : « Cela ne peut pas être pire que mon père... » Un dialogue qui illustre bien le regard que porte le réalisateur sur l’humanité, un regard que l’on peut qualifier de célinien, même mélange de dégoût, de colère mais aussi de tendresse. Il y a aussi du Chabrol dans cette bourgeoisie provinciale macérant dans son jus, qui ne songe qu’au paraître.
Après avoir batifolé dans les sous-bois enneigés, arrive la grande question, qui devrait déclencher bien des souvenirs chez beaucoup de spectateurs : où aller pour une suite plus sérieuse, résumée par une formule lapidaire de Djamel : « J’ai envie de te la mettre. » Le fils à maman répond le classique : « Il y a mes parents chez moi », auquel Djamel répond le non moins convenu : « On ne fera pas de bruit. » Et les voilà partis dans l’antre bourgeoise de l’ogre. Nouvelle et dernière accélération du scénario avec l’intrusion d’un suspense : Djamel mettra-t-il à exécution son plan diabolique : baiser le fils de son père supposé (rêvé, désiré ?) et le faire savoir à ce dernier ? Vous aurez la réponse pour la deuxième interrogation en voyant ce film âpre et fort. Pour la première, c’est oui, ce qui nous offre un beau plan de baise vu du plafonnier d’où l’on peut admirer les fesses et le coup de reins de Djamel (Lifshitz reprendra le même plan pour la scène de sexe dans les dunes dans Presque rien).
Comme tout cinéaste français qui se respecte, Lifshitz ne fait – bien entendu ! – pas de films gays, voici sa version de cette évidence : « Les Terres froides ne sont pas un film sur l’homosexualité. Je déteste les films qui sont ”sur”, je préfère ceux qui font ”avec”. Les films à thèse destinés à un public précis m’insupportent. Ici, l’homosexualité arrive presque comme une incidence dans le récit... Chez beaucoup d’homos, il y a un fantasme des beurs et des blacks. On les voit comme le symbole de la masculinité ou d’une certaine virilité. Ils sont assez obsédés par la puissance et cultivent sans cesse leur corps. Même désœuvrée, la jeunesse immigrée est magnifique, leur corps c’est leur dernière fierté, même s’ils ont souvent le sentiment de n’être rien dans la société. Les gays, eux, reconnaissent ça chez les blacks et les beurs. Et puis, il y a aussi probablement, chez les gays, le fantasme du voyou, c’est toute la mythologie de Genet qui ressort. » Si je suis plus que dubitatif sur la première partie de sa déclaration, la fin me semble une évidence.

Les Terres froides fait partie de la série Gauche/Droite, collection commanditée par Pierre Chevalier pour Arte, dans laquelle on trouve également le remarquable Petit voleur.
L’image inquiète ; elle intrigue, toujours inventive ; elle distille une perpétuelle sensation de danger. Dans une lumière qui claque comme un temps froid et sec, les personnages évoluent avec rectitude dans le champ de la caméra. Elle est beaucoup plus parlante que les dialogues : ce sont les yeux, les attitudes, les ambiances qui sont bavards, pas les dialogues. Une grande maîtrise de l’ellipse scénaristique fait que de nombreuses zones d’ombres de ce film sont laissées à l’interprétation du spectateur, ce qui lui procurera un plaisir rare, bien au delà de l’heure de visionnage. La bande-son privilégie toujours les « bruits » par rapport aux dialogues. Elle se place dans la droite ligne de celles de Godard. On peut aussi penser à Godard, le Godard post-soixante-huitard, pour ce télescopage entre marxisme et psychanalyse, œdipe et lutte des classes. Lifshitz parvient à insuffler à son discours contestataire une vraie puissance romanesque. Du coup, l’impact du film s’en trouve décuplé, porté il est vrai par une majesté visuelle dont peu de cinéastes peuvent se targuer.
Dans une interview, Lifshitz définissait son film par une réplique réjouissante extraite de Masculin-Féminin de Jean-Luc Godard : « Nous vivons sur la terre, la plus atroce des planètes, parmi les hommes qui sont plus cruels que les pierres. »

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