Tandis que Lily fait du rififi, Amira a ses ragnagnas et Noah fait son ramollo. Pas lucky, Luke. Pour la 2e partie, préparez vos mirettes
et vos mouchoirs...
Un billet d'humeur d'Isabelle B. Price, d'Univers-L
Je suis une femme moderne. J’ai une adresse e-mail. Rectification, j’ai trois adresses e-mail. Une pour les pubs et les jeux débiles que je
suis amenée à faire quand l’envie m’en prend et qui est regorge donc de publicités en tout genre. Si je ne passe pas la vider au moins une fois tous les deux ou trois jours, je me retrouve
rapidement avec 50 spams. La seconde est une adresse professionnelle si un jour je décide de changer de métier, pourquoi pas, et qui me permet de communiquer avec l’association, les collègues
etc. La troisième est celle dédiée à mon site internet. Oui, je sais, je suis une fille extrêmement bien organisée.
Bref, ce matin-là, motivée, je faisais donc le tour de mes boites et sur la première, celle du site, je suis tombée sur plusieurs mails et sur
un petit message en courrier indésirable. Je suis une terrible curieuse qui ne peut s’empêcher de regarder ce qui se cache un peu partout. Donc j’ai été jeter un coup d’œil sur ce mail
indésirable. Rien de plus agréable que d’assouvir sa curiosité quand, en plus, on sait que potentiellement ce peut être dangereux. Ne dites rien à mon frère, s’il savait, il me tuerait.
Le nom de l’expéditeur ne me disait rien, normal, c’était en courrier indésirable me direz-vous. L’intitulé de l’objet
« Bonjour, » était un bon début. Je choisis donc d’ouvrir le message.
La lecture m’a surprise au plus haut point, et je vais donc la partager avec vous. Avant tout, pour vous situer la scène, il était 7h30, je
venais de m’habiller rapidement et j’avais collé ma casquette sur ma tête pour retenir mes cheveux indisciplinés au réveil (et parfois le reste du temps quand ils décident que la coiffure que je
veux faire ne leur convient pas). Donc je m’assois sur ma chaise, fait chanter « Umbrella » à tue-tête à Rihanna (chacun ses faiblesses) tout en m’étirant et en baillant. Et j’ai
découvert ça :
« Bonjour,(bon début, ça change de mes ‘Salut’ et ce n’est pas plus long à écrire. Ça fait très
cultivé aussi, vous ne trouvez pas ?)
Je suis Mme suzanne komo d'origine Angolaise. (Bonjour Madame ! Vous savez, vous avez le droit de mettre des majuscules à votre nom et à votre prénom. Moi, personnellement, j’adore les majuscules. Regardez comme ça rend
mieux : Isabelle B. Price, c’est mieux que isabelle b. price, non ?)Je fus marié à Mr thoé komo qui a travaillé avec les forces marines l'Angola pendant neuf ans avant
qu'il ne decède en 2002.(Même si j’arrive un peu tard, je suis vraiment désolée et je vous présente toutes mes condoléances. Un deuil est toujours horrible et
comme dirait mon médecin, le Docteur Allison Cameron : « Quand quelqu’un de bien meurt, il est normal d’avoir de la peine. »)Nous étions mariés pendant onze années
sans enfant.(Si vous ne vouliez pas d’enfant, c’est votre choix. J’ai des amies qui en veulent, d’autres qui n’en veulent pas. L’important, c’est de vivre en
accord avec ses choix)Il est mort après une brève maladie qui a duré seulement quatre jours.(Ça, c’est foudroyant, ça n’a pas dû être facile
pour vous de vous préparer à cette terrible douleur. Désolée)Avant sa mort nous étions tous les deux chrétiens veritable.(Il faut un accent et
un « s » à « veritable » et je suis heureuse de le savoir. Parce que les faux chrétiens ça existe ? Racontez-moi que je crâne devant ma grand-mère)A sa
mort que j'ai décidé de ne pas me remarier ou obtenir un enfant en dehors de ma maison matrimoniale chose que defend la bible.(Ravie de l’apprendre. En même
temps, il n’est mort qu’il y a six ans, vous n’êtes pas pressée non plus, si ?)Du vivant de mon défunt mari, il a déposé la somme de $6.5 Millions americain (six million cinq
cent milles Dollars americain) dans une banque d'abidjan ici en Côte d'Ivoire.(C’est très gentil à vous de me mettre au courant. Et aussi de l’avoir écrit en
toutes lettres. Parce que dès qu’on dépasse certaines sommes, je m’y perds un peu. En tout cas, ça fait des sous ! Félicitation à vous !)Actuellement, cet argent est
toujours avec la banque.(En même temps, vous en faîtes ce que vous voulez)Récemment, mon docteur m'a informé du fait que je souffrirais d'une
maladie sérieuse: le cancer.(Ah désolée. Ce n’est pas une bonne nouvelle, effectivement. La bonne nouvelle, c’est qu’avec les traitements actuels et la
localisation du dit cancer, il y a d’excellentes chances de survie. Prenez le cancer de la thyroïde par exemple. Si il a été décelé tôt, c’est un bon pronostic. Vous en êtes où ?
Ganglions ? Métastases ? Je peux vous conseiller d’excellents centres en France si vous avez besoin, n’hésitez pas)Le mal qui me dérange le plus est l'hypertension.(Mmmm période de déni. Je peux comprendre. Je connais aussi des psychologues si vous avez besoin. Mais pourquoi elle vous dérange tant que ça votre
hypertension ? Expliquez-moi ?)
Après avoir su mon état j'ai décidé de donner ce fonds à une église ou à une personne qui utilisera cet argent tel que je
l'instruirais.(Votre état, votre état, vous dites que ce qui vous gêne le plus c’est l’hypertension.
Un holter, un traitement et tout rentrera dans l’ordre de ce côté-là. Mon problème serait plutôt de l’autre côté. Enfin comme le dit mon autre médecin, le Docteur Gregory House : « Je
dis ça, je dis rien. » Pour l’argent, je suis ravie d’apprendre que vous êtes une femme extrêmement généreuse. Êtes-vous certaine de ne pas vouloir l’utiliser pour vous
soigner ?)Je recherche donc une église ou une personne de confiance qui mettra ces fonds aux services des orphelinats,veuves, propageant ainsi la parole de Dieu et faire en
sorte que l'oeuvre de Dieu soit maintenue.(Alors là, ça risque d’être un peu plus compliqué. Autant je connais des hôpitaux, autant des Églises de confiance…
c’est pas mon point fort, je le reconnais. Des personnes de confiance. J’en ai plusieurs qui m’entourent mais je ne suis pas certaine qu’elles connaissent des Églises. Voulez-vous que je me
renseigne ?)La bible declare qu'est bénie la main qui donne.(Ma mère et mon père aussi le disent. C’est de là qu’ils le tiennent ! Ils
m’ont caché des choses ! Ah bravo !)
J'ai pris cette décision parce que je n'ai aucun enfant qui pourrait hériter de cet argent et les parents de mon mari ne sont pas
chrétiens.(Vous n’allez pas vouloir rencontrer mes parents alors. Ils ne sont pas chrétiens non plus
et pourtant je peux vous dire qu’ils valent le détour. Ils sont géniaux !)je ne veux pas que les efforts de mon mari soient dilapidés par des non-croyants.(Oui, je comprends votre point de vue. En même temps, je ne veux pas faire la fille qui ne vous croit pas, loin de moi cette idée… mais juste comme ça… pour savoir…
Votre mari militaire, il a fait comment pour réunir autant d’argent seul. Ça n’est pas un héritage, il ne devait pas être autant payé que cela… Mmmm)Je ne veux non plus une
situation où cet argent sera employé dans les choses du monde; raison pour laquelle je prends cette décision.(Les choses du monde ? Il faudrait être un peu
plus explicite s’il vous plait. Du style un tremblement de terre, un tsunami, des inondations ? Vous avez raison. Ne nous dispersons pas. Les veuves et les orphelins. J’ai connu une
combattante, il y a quelques années, elle s’appelait Xena, elle se battait pour les veuves et les orphelins. Elle faisait ça bien, vraiment. Elle avait une amie… qui était Reine. Vous auriez pu
leur faire confiance les yeux fermés. Dommage que vous n’ayez pas écrit plus tôt. Depuis, Xena est morte. Le difficile chemin de la vie. Gabrielle continue de se battre mais le cœur n’y est plus.
Je crains qu’elle nous fasse un deuil pathologique… Excusez-moi de vous ennuyer avec ça. Je comprends que vous ayez d’autres chats à fouetter)Je ne craint point la mort par
conséquent que je sais où je vais.(Je ne veux pas corriger toutes vos fautes parce que j’en fais beaucoup mais quand même, c’est limite là. Vous savez où vous
allez aller ? Mmmm. Ah le Paradis ! Sorry)Je sais que je vais être dans le royaume du seigneur.(Vous lui passerez le bonjour de ma
part parce qu’il y a de très grandes chances... Bon, d’accord, aucune, niet, pas la moindre chance que je le rencontre)Exode 14 verset 14 dit :"le seigneur défendra ma cause et je
demeurerai dans sa paix".(Vos citations sont moins sympas que les miennes mais je ne vous en veux pas)Dès que je reçois votre réponse je vous
enverrais le contact de la banque ici à abidjan.(Pourquoi faire ? Holàlàlà. Ça va pas être possible. Je ne suis pas une personne de confiance,
moi)Je joindrai également une lettre d'accord qui vous prouvera que je suis le proche parent de mon defunt mari lors du depot de cet argent.(Bin
vous devez avoir votre carte d’identité, non ? Le gros avantage du mariage. C’est pour ça que les homos demandent les mêmes droits que les hétéros, ici, en France)Je veux que
vous et votre église priiez toujours pour moi parce que le seigneur soit toujours mon berger.(Oui, alors là madame, je m’excuse mais il faut que nous parlions
sérieusement. Personnellement je ne prie pas. J’ai été baptisée uniquement pour faire plaisir à mon grand-père qui était mourrant et je n’ai jamais été au catéchisme de ma vie. Je faisais du BMX
(il était jaune et vert fluo) dans les rues de mon village pendant que les autres apprenaientla
Biblepar cœur. Mon Église, je n’ai pas d’Église, quelques centaines de lesbiennes qui lisent mes écrits tout au
plus. Puis alors cette idée que le Seigneur soit votre berger (j’ai mis un S majuscule parce qu’on parle d’un type bien quand même) je partage pas vraiment, quoi… Enfin… Ne le prenez pas mal…
Mais je pense qu’on est tous maître de notre destin et tout et tout…)
Mon bonheur est que j'ai vécu une vie de digne chrétien.(Je suis ravie pour vous, sincèrement)Celui qui qui veut servir le seigneur doit le servir dans l'esprit et la vérité.(Vous en
connaissez plus que moi sur le sujet)Veuillez demeurer toujours dans la prière toute votre vie.(Là, comme je vous disais… la prière et moi… ça
fait deux…)Contacter moi à l'adresse e-mail ci-dessus pour plus d'informations, veuillez me rassurer que vous agirez en conséquence comme je l'ai évoqué ci-haut.(Alors il faut que vous sachiez, je n’ai rien contre les veuves et les orphelins mais bon les problèmes actuels du monde sont aussi importants. Et pour être honnête, je dois
vous dire une petite chose à mon sujet qui risque de vous surprendre. En plus de ne pas être une chrétienne accomplie, il se trouve que je vis plus ou moins dans le péché. Ah non, c’est vrai, je
suis une femme. Je crois qu’ils ne disent rien sur moi dansla Bibleparce que les femmes sans les hommes ne sont rien. Heu… donc… je suis homosexuelle. Ne vous braquez pas comme ça. Respirez ! Attention à
votre hypertension, mince ! Je suis quelqu’un de bien. Mais il faut que vous compreniez que nous n’allons pas au même endroit. Vous aurez le droit aux anges, aux ailes et tout le tralalala.
Et moi, je serai en débardeur noir moulant, de la sueur qui ruisselle le long de mes muscles fins en train de casser des pierres, de mettre du bois à chauffer et je ne sais plus quoi d’autre au
rythme de Queen et en discutant avec Marguerite Yourcenar. Ne vous inquiétez pas pour moi, vu le nombre que nous serons en Enfer et le peu que vous serez là-haut, on n’aura pas trop de travail
pour vous chauffer. Non, mais c’est vrai. On organisera des tours de garde, et quand on ne travaillera pas, on se délectera de voir les autres travailler, torses nus ou en brassières, l’air de
rien…)Tout en espérant recevoir votre réponse que Dieu
vous benisse.(Merci pour la bénédiction, même si elle n’est pas si importante que ça à mes yeux, vous
avez l’air d’y tenir. Et puis ça me fait plaisir d’être bénie par Dieu. Vous savez quand j’imagine Dieu c’est comme l’a dit je ne sais plus qui : c’est une femme, noire et
lesbienne)Actuellement,je reside dans un hotel d'abidjan en Côte d'Ivoire.(Et moi je suis une infirmière française qui passe son temps libre à
retaper l’appartement miteux dans lequel elle vit et à s’occuper de son petit site Internet)Veuillez donc me répondre à l'adresse suivante SVP:suzannekomo1@yahoo.fr(Je ne pense pas que ce soit nécessaire finalement, si ?)
Vôtre soeur en Christ,
Mme.suzanne komo, »
Donc voilà, c’était ce message-là. Vous n’avez pas tout compris à cause de mes commentaires ? Je sais, je ne sais pas me tenir. Non mais
c’est vrai, on ne le voit pas sur ma tête… mon site… que je suis une lesbienne athée et bavarde ?
Bonus amusant, tout chaud !
La scène des sandwiches fait partie de l'épisode 55 (2/2).
[Propriété de PGP]
De l'amour, du suspense, des rebondissements, de la violence, des cascades, des marins à poil à New York, du grand n'importe quoi...
Bienvenue dans les dix prochains épisode de "As The World Turns".
Vous n'y comprenez plus rien ? Rassurez-vous, moi non plus.
[ATWT appartient à PGP]
Regardez la superbe vidéo concoctée par MissVanWest pour les un an de Nuke. Très jolie. http://fr.youtube.com/watch?v=h0Yxqj3JcJU
« L’homophobie est une attitude, elle crée un climat et ne s’exprime pas forcément par des violences. Il est en outre toujours un peu
compliqué de la dénoncer. Nous pouvons progresser », estime le ministre en précisant que«l’omerta sur tout cela est toujours présente ». « Des chiffres alarmants montrent que nos jeunes homosexuels ne vont pas bien et qu’ils sont victimes de
leur orientation sexuelle : leur taux de suicide est près de trois fois supérieur à la moyenne », s’insurge-t-il. Le ministre souhaite que « tout élève qui pourrait subir des
vexations, voire des violences, liées à son orientation sexuelle soit protégé ». Pour cela, il propose trois actions. Tout d’abord, il a « décidé pour la première fois de mentionner
explicitement dans la circulaire de rentrée 2008 la lutte contre l’homophobie ». Il veut aussi « rendre systématique à la rentrée l’affichage de la ligne Azur (pour ceux qui se
posent des questions sur leur identité sexuelle) dans les lycées ». Enfin, « la brochure "Homophobie et savoir et réagir" sera en outre disponible dans tous les établissements -
dans les centres d’information et documentation, les infirmeries, les salles des profs ». Xavier Darcos, ministre de l’Education, Libération, 25/06/08.
Remarque préalable : toutes les images de
cette chronique sont cliquables pour être agrandies.
Pour continuer dans le « relativement célèbre chez eux »
et le « tout à fait inconnu chez nous », voilà le cas de Sascha Schneider dont de ce coté-çi du Rhin seuls quelques maniaques de la littérature populaire ont peut-être entendu parler, pour
avoir été l’illustrateur de Karl May le célèbrissime et immortel créateur de Winnetou, le farouche et preux guerrier
indien. Karl May (1842-1912) a été l'un des écrivains les plus populaires en Allemagne. Le romancier a vendu jusqu'à 100 millions d'exemplaires. Albert Einstein et Adolf Hitler ont fait partie de
ses nombreux amateurs. Les premières éditions des aventures de Winnetou étaient agrémentées (et ô combien) par les illustrations de Schneider. Les travaux de ce dernier dénotaient
considérablement par rapport aux autres illustrateurs de l'époque. Il y avait dans ses images une curieuse qualité qui semble être davantage inspirée de la peinture symboliste que des canons de
l'illustration de livres pour adolescents. Mais surtout, ses planches transpirait un homo érotisme patent, à une époque où l'homosexualité était considérée avec suspicion ou carrément avec
hostilité (le fameux paragraphe 175). On peut ajouter que ces dessins n’avaient que peu de rapports avec les aventures qui se trouvaient en regard de ceux-ci. Ils en appelaient à tous les
fantasmes orientalistes, épicés d’un soupçon de métaphysique. Des images plus proches de celles de Kubin que de Joubert qui ont du donner quelques cauchemars aux jolies têtes blondes teutonnes.
L’éditeur, peu satisfait des illustrations de Schneider, les a remplacées dans les éditions suivantes. Un livre les regroupant a été publié récemment en Allemagne.
Mais ce Sascha Schneider n’a pas été que l’illustrateur de westerns choucroutes, dont la lecture à un âge tendre ne m’a pas laissé de grands
souvenirs (il faudra néanmoins que je retourne voir du côté de Karl May, qu'il est sans doute bien réducteur de limiter à Winnetou), cela ne vaut pas les westerns cassoulets de Boussenard. L’artiste allemand a été bien autres choses.
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Il est né à Saint Petersbourg où son père est imprimeur. La famille Schneider ne tarde pas à déménager à Zurich, puis à la mort du père à
Dresde où le jeune Sascha fait ses études. En 1889 après le baccalauréat, il entre à l'Académie des Beaux-Arts de Dresde dont il sortira diplômé quatre ans plus tard.
Mais il sera déçu par l’Académie. Si elle offre un solide apprentissage des techniques artistiques, Sascha Schneider lui doit son
remarquable “métier”, elle est totalement dépassée quant à l’esprit. Les jeunes étudiants de ces années quatre-vingt-dix ne se réclament pas d’une fin de siècle et de sa délectation morose de la
décadence (ce qui est amusant, c’est aujourd’hui que Schneider est considéré comme l’artiste type fin de siècle en Allemagne, assez à tort à mon avis). Ils espèrent en un nouveau départ avec le
20e siècle. Ils veulent se libérer des contraintes artistiques découlant des conventions. En outre, ils sont à l’écoute des problèmes sociaux causés par les structures de la société.
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Toutefois, Schneider ne prend pas le chemin d’une dénonciation directe de ces inégalités par une peinture naturaliste narrative. Il espère
faire passer ses idées d’une manière plus intellectuelle dans ses tableaux. Néanmoins les titres de ceux-ci à cette époque ne laissent aucun doute sur son orientation politique d’alors, "Son
destin" (1894), "L'anarchiste" (1894), "Sur la lutte" (1903), "Le despote" (1903)...
Il s’installe en 1893 dans son premier atelier à Dresde qu’il partage avec le peintre Richard Müller. Il a assez rapidement du succès, ses
images sont largement diffusées, et il entame une brillante carrière de peintre dans la mouvance du cercle de Dresde formé autour de Max
Klinger qui influence considérablement le jeune artiste. Il a parmi ses nombreux admirateurs Hermann Hess ; il n’est guère surprenant
que l’auteur de Narcisse et Goldmund trouve son bonheur dans l’érotisme panthéiste de Schneider.
Le grand succès arrive sous forme de commandes pour de grandes peintures murales dans des bâtiments publics et privés à Florence, Leipzig,
Jena, Weimar, Cologne, Dresde, Meissen... En 1904, lorsqu’il fait la connaissance de Karl May, l’écrivain (homosexuel comme Schneider) est alors âgé de 62 ans et est menacé par un
scandale sexuel. May demande à Schneider d’illustrer ses récits de voyages, Le Kurdistan sauvage, Le Rio de la Plata... Schneider pendant ce temps ne fait pas mystère de son
homosexualité, ce qui aurait peut-être été difficile au vu de ses dessins... Il collabore dès le début à Der Eigene, la première revue gay, fondée par Adolf Brand en 1896. Il est à ce propos très surprenant que les gays studies ne se soient pas penchés sur le cas de Sascha Schneider. À ma
connaissance, il a été complètement négligé. Chers lecteurs, si vous en savez plus n’hésitez pas à compléter mon article, qui malheureusement a bien des béances... On peut peut-être avancer que
cet évitement a en partie pour cause le fumet nietzschéen et élitiste (sous l’influence d’Adolf Brand ?) qui se dégage, dans la deuxième moitié de sa carrière, de certaines de ses compositions et
des petits textes qui les accompagnent.
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En 1904, Schneider rejoint en tant que professeur l'école d'art de Weimar. Dans cette ville, il se fait construire un grand atelier où, dans
les années suivantes, il réalise de nombreuses sculptures monumentales d'hommes et plusieurs grandes toiles. La mort de May en 1912 signifie la fin d'une époque pour Schneider.
En 1908 son homosexualité le contraint à fuir en Italie, où l'homosexualité à l'époque était vécue en toute impunité. À Florence, il rencontre
le futurisme radical et Theodor Däubler dont il se sent proche par les idées. Mais il ne peut que constater que son style pictural est très éloigné de ceux avec qui il partage certaines idées. Il
fait également la connaissance du peintre Robert Spies avec lequel il voyage dans le Caucase. En 1914, il revient à Dresde où il habitera jusqu'à sa mort en 1927. Associé à un général et à un
colonel, il y fonde “La force de l'art”, un institut de formation pour le corps et l'éducation dans la droite ligne des préceptes d’Adolf Brand.
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La fin de la guerre déclenche chez Schneider une forte impulsion créatrice. Il en résulte un grand nombre de nouvelles œuvres. Mais dorénavant,
il se tourne vers les maîtres anciens. Cette inclinaison surprend chez un artiste considéré jusque là comme moderniste et progressiste. La scène artistique officielle de la République de Weimar
ne fait guère de place à Schneider, dont l'art symboliste parait obsolète. Entouré d'un cercle d'amis dévoués, il continue pourtant à travailler.
Après la fin du conflit, il fait de nombreux voyages. C’est d’ailleurs sur un navire qu’il décède à quelques encablures du port de Swinoujscie.
A-t-il succombé à son diabète chronique ? A-t-il été empoisonné accidentellement par de l’eau polluée ? S’est-il suicidé pour échapper à la cécité, causée par le diabète, qui le menaçait ? On
l’ignore. Sa tombe est au cimetière Loschwitz à Dresde.
La tombe de Sascha Schneider
Après un long purgatoire, l’oeuvre de Sascha Schneider a commencée à être redécouverte à partir de 1982 à l’occasion d’une exposition à Dresde
du trio d'amis qu’étaient Sascha Schneider, Oscar Zwintscher et Hans Unger. Il faut malheureusement ajouter que de nombreuses œuvres de Schneider ont été détruites lors de l’anéantissement de
Dresde, mais on peut cependant voir deux de ses sculptures dans le jardin du château de Dresde qui a miraculeusement échappé à la destruction. D’autres œuvres furent mal conservées à l’époque de
la RDA...
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Les dessins et la peinture de Schneider restent pour moi en partie mystérieux. Comment interpréter ses juxtapositions étranges d’éphèbes plus
ou moins musculeux et de monstres dont certains sont plus près des entités extraterrestres que l’on voyaient sur les couvertures d'un pulps comme Astounding que des créatures sataniques
de Dante. D’autant que bien peu se réfèrent à des mythes bibliques ou grecques. Ses mélanges d’anges, de démons et de muscles évoquent parfois l’art de William Blake. Je ne vois aujourd’hui que
Fuchs pour endosser ce pan ésotérique de l’héritage de Schneider. Quant à ses illustrations de Winnetou, qui devraient dépeindre des Amérindiens, elles seraient plus aptes à orner le mur d'un
salon de coiffure à Paris fin de siècle que les histoires de l'Ouest sauvage. Il n’en reste pas moins que son œuvre peinte possède une grande puissance et un charme maléfique et bizarre qui
l’apparente aux visions d’un Fuseli ou d’un Bocklin. L’artiste a accouché surtout de nombreux dessins d’un modelé généreux ; à n’en pas douter, Sascha Schneider était un grand connaisseur de
l’anatomie... Cette partie de son œuvre s'est trouvée récemment un continuateur en la personne de Sacrevoir, et ce
n'est pas un hasard si c'est à Berlin...
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Il y a aussi une énigme quant au style des dessins de Schneider : certains pourraient presque être sortis de la main de Michel-Ange, alors que
d’autres sont plus proches de la ligne claire de la bande dessinée réaliste franco-belge ou de certains travaux, peints à la même époque en France, par Boutet de Monvel. Sa sculpture s’inscrit dans la tradition néoclassique et a la sensualité de celle d’un Paul Dubois et parfois préfigure la statuaire héroïque
d’Arno Brecker. Vous trouverez ici une extraordinaire galerie, presque exhaustive, des œuvres de
Sascha Schneider mais les titres sont en russe. Et là, un large choix des illustrations que Schneider a réalisées pour Karl
May.
« Le deuxième sujet que j'aimerais apporter [lors de la présidence française de l’Union
Européenne], c'est évidemment la lutte contre l'homophobie. Il y a 90 pays dans le monde aujourd'hui où l'homosexualité est pénalisée, dont 6 où elle est passible de la peine de mort. On ne
tue pas quelqu'un, on ne le met pas en prison parce qu'il a telle ou telle orientation sexuelle. C'est complètement inadmissible, et c'est ça que j'aimerais faire : apporter une initiative
européenne aux Nations Unies. Ce serait une déclaration, où l'on compterait le nombre d'états qui pénalisent, ceux qui ne pénalisent pas, où l'on inciterait ceux qui pénalisent à ne plus le
faire. Ce serait une victoire d'obtenir le soutien ne serait-ce que d'un ou deux pays parce que ce sera des milliers de vies qui seront sauvées ». Rama Yade, secrétaire
d'État en charge des Droits de l'Homme, invitée lundi 23 juin sur RMC.
« Mais vous avez déjà un président homosexuel ! Prenez Sarkozy, c’est un président gay : il divorce, drague une
fille et se marie avec trois mois après. Il n’y a qu’un gay pour être aussi pressé en amour ! »Rupert Everett (acteur anglais et homosexuel), Voici de cette semaine, à propos d'une éventuelle candidature de Bertrand Delanoë à la
présidentielle de 2012.
A chacun sa fixette : Lily s'excite sur un carton, Amira devant une caméra. Luke et Casey font la gueule... Vivement que Lucinda vienne
mettre un peu d'ordre là-dedans.
Dans le prochain épisode, Noah va être gâté... Mais on va dire adieu à quelqu'un d'autre. Et réjouissez-vous, Lucinda revient.
De la comédie, du drame, de l'action, du suspense, du romantisme, de la jalousie... des hommes nus. ATWT, c'est comme dans la
vie. Attention : dans cet épisode, Luke et Noah... S'ENVOIENT EN L'AIR SUR UN LIT ! Incroyable mais vrai. (2e partie)
Ce billet est le 2 000e post du blog Les Toiles Roses. Merci à vous toutes et tous pour votre fidélité. Vous êtes
de plus en plus nombreux(ses) à nous lire et à parler de nous autour de vous. Toute l'équipe et les collaborateurs vous souhaitent de futurs bons moments sur notre blog.
Le crépuscule rougeoyant s’abattait sur la ville-lumière, et le soleil dardait ses ultimes rayons qui transperçaient le store vénitien de la
chambre de Florian. Il ouvrit un œil, s’arrachant péniblement aux brumes du sommeil artificiel dans lequel un cocktail de psychotropes l’avait plongé. Les drogues, portes de l’oubli. À part
l’héroïne, qu’il ne prenait pas à cause de sa phobie des aiguilles, il avait tout essayé. Tout… pour oublier Jipé. Mais rien n’y faisait. Les narcotiques auxquels il était devenu accro peuplaient
ses rêves de cauchemars effroyables. Le visage de son tourmenteur y apparaissait sans cesse, sous diverses formes, le contraignant à une fuite en avant désespérée. Pourquoi m’as-tu quitté ? Pourquoi suis-je incapable de t’oublier ?
Cela faisait des mois que Florian préférait dormir de jour. La nuit, pensait-il, ses rêves angoissés étaient deux fois plus forts, et la
sensation de mort qui les accompagnait plus terrifiante encore.
Il se traîna d’un pas lourd vers la salle de bains pour y prendre une douche. Recroquevillé sur le carrelage, il laissa l’eau chaude, presque brûlante, le débarrasser de ses impuretés. Le mal
était dans sa peau, non sur l’épiderme. Je t’ai dans la peau, Jipé. Je t’en prie, ne pars pas !
Jipé était parti depuis dix mois, mais il était toujours là, tel un serpent ondulant dans le labyrinthe du cerveau de Florian. Vingt-quatre
heures sur vingt-quatre, il parasitait ses pensées, l’empêchait de vivre. Un garçon amoureux et abandonné, naufragé d’une nuit plus obscure que celle qui enveloppe Paris, une nuit faite des
seules ténèbres, sans lumière ni espoir. L’autre nuit lui tendit ses bras, comme la précédente. La nuit parisienne, tourbillon de la fête et de l’insouciance. Depuis qu’il ne vivait plus que la
nuit, Florian avait abandonné ses études pour devenir barman. Il avait trouvé un emploi au D-Fonce, sexe-club glauque dont l’éclairage plus que tamisé se fichait pas mal de son teint blafard et
des traits tirés qui griffaient son visage.
Le D-Fonce portait bien son nom : au bar comme dans tous les recoins de la backroom, le sexe et la drogue mêlaient leurs effluves immoraux
dans une sarabande au parfum de stupre. Odeurs nauséeuses pour les novices, arômes enivrants pour les habitués qui, une fois qu’ils y avaient goûté, ne pouvaient plus s’en passer. Florian
n’aurait pu dire quel était le type de musique que passait le DJ ; dans les profondeurs de ce lieu de perdition, les gémissements, les râles orgasmiques et les rugissements rauques des mâles
en rut constituaient le vrai fond sonore. En certains endroits, l’obscurité était totale ; en d’autres, des veilleuses bleues ou rouges offraient un spectacle obscène à la concupiscence des
rôdeurs en quête de leur damnation.
À l’heure de sa pause, Florian frayait parfois avec la clientèle, les tripes nouées, mais l’envie, plus forte que lui, de flirter avec le
danger et de rechercher le baiser de la mort. Cette heure-là était sur le point de sonner lorsque l’arrivée de trois nouveaux consommateurs le fit blêmir. Jipé. Non, pas toi...
C’était bien lui. L’homme de sa vie, l’amour de sa mort. Jipé, étrangement sanglé dans des vêtements de cuir que Florian ne lui connaissait
pas, entouré par deux hommes vêtus de la même façon, dont l’un était le guide. D’emblée, le chef entraîna sa meute réduite dans les entrailles du D-Fonce. Jipé suivit ses compagnons de débauche,
l’œil lubrique, la langue pendante, le sexe déjà gonflé par de coupables désirs.
Avec deux minutes d’avance, Florian quitta son service et s’enfonça à son tour dans les cavernes barbares. Il se fraya un chemin parmi ces
corps sans tête, en ayant l’impression que des milliers de mains tentaient de l’agripper, et qu’autant de queues cherchaient à toucher son intimité. Il sursauta en croisant un garçon qui lui
sembla à peine sorti de l’adolescence, et dont le visage angélique dégoulinait de sperme.
— Si t’en veux toi aussi, c’est par là.
Il tremblait. De peur, de rage, de honte. Il tremblait aussi du manque qu’il commençait à éprouver. Le manque de lui, le manque de stupéfiants.
Le manque de vie. Soudain il l’aperçut, là où il l’attendait le moins. Allongé sur un sling, Jipé, son Jipé, celui qui dans leur couple était le plus actif, se faisait labourer les entrailles à
grands coups de reins. Un Jipé inconnu, possédé par des hommes qui se succédaient dans son cul à tour de rôle, y plongeant sans répit leurs bites nues tout en beuglant des propos orduriers.
— T’aimes ça, hein ? Salope ! Tiens, prends ça dans ton trou à jus !
Florian sentit le sol crasseux et trempé de foutre de la backroom se dérober sous ses pieds. Il fut saisi d’un vertige, les cris bestiaux
tambourinaient dans sa tête. Il se vit alors, dans un effort surhumain, décrocher la croix de Saint-André et l’abattre avec férocité sur ces ombres pornographiques. Frapper, frapper, et frapper
encore, éclater ces corps sans âme, briser leurs attributs virils, et répandre un torrent de sang pour laver la chambre sordide. Provoquer des cris et des hurlements, et tuer Jipé, enfin, car son
crime mérite un châtiment.
— Non !
Une aurore éclatante réveilla Florian devant la porte du D-Fonce, à cinq heures, ce matin d’été.
— Eh Flo, ça va ?
C’était David, son collègue du bar.
— Je sais pas… qu’est-ce qui m’est arrivé ? murmura Florian, à moitié assommé.
— Tu es parti en courant vers une heure du matin, comme un fou. Tu étais dans un état, fallait voir ça !
— Est-ce que j’ai tué quelqu’un ?
— Quoi ? Tu délires encore, vieux.
La porte s’ouvrit, les derniers clients quittaient les lieux. Florian vit Jipé s’en aller avec ses deux compagnons d’orgie, plus trois autres.
Il ne les avait pas massacrés, mais dans son esprit c’était tout comme. Alors, pour la première fois depuis très longtemps, il sourit. Il éprouva un double soulagement. Dorénavant, Jipé n’était
plus rien. Ses bacchanales nocturnes l’avaient tué, enfin, et libéré de son obsession Florian qui n’avait tué personne. Comme un aveugle qui recouvre la vue, il se sentit revivre, affranchi du
joug de Jipé qui disparaissait à l’horizon, la mort dans les veines.
— Il fait jour…
— Oui, répondit David, ça va être une belle journée.
[Petite précision : il s'agit d'une nouvelle qui sera lue ce vendredi 20 juin dans le cadre d'une soirée autour de la
thématique du "thriller gay", organisée par l'association littéraire "La Rive Opposée" (Paris).]
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