Recherche

Podcasts

 

logonewRCN.jpg


MusicPlaylistView Profile
Create a MySpace Music Playlist at MixPod.com

Accueil

Ensembles-copie-1.jpg
pedeblog_kek_logo2.png
Blog LGBT du rédac' chef :
Daniel Conrad

twitter_logo_header.png

Daniel Hall


secondé par :

Gérard Coudougnan


L'équipe des "piliers" en exclusivité
ou en reprise autorisée :

Jean Yves
, Bernard Alapetite, Zanzi, Neil, Kim,
Matoo, Mérovingien02, Juju, Chori,
Shangols, Boris Bastide, Stéphane Riethauser,
 
Niklas,
Robert Wagner,
 Jag1366, Hari3669, Maykel Stone,
Marc-Jean Filaire,
Isabelle B. Price, Psykokwak,
Rémi Lange
, Henry Victoire, Didier Roth-Bettoni
et
BBJane Hudson...

Mais aussi, depuis, Cyril Legann,
Gérard Coudougnan (Livres), Voisin Blogueur,
Nicolas Maille, Sullivan Le Postec, Vincy Thomas,
Jann Halexander, Tom Peeping
, Lucian Durden,
Papy Potter, Nico Bally, Marie Fritsch,
Sir Francisco, Laurent Fialaix
et Hugo Rozenberg.

Special Guest Star : Philippe Arino.

Un grand merci à Francis Moury,
Olivier Nicklaus et à
Yann Gonzalez.
Et en special guest star gay-friendly... Dr Orlof !


et bien d'autres depuis le début et d'autres à venir...

Ce blog est partenaire de

Dreampress.com

Avec l'aide graphique de

Catégories

Fil infos VeryFriendly

W3C

  • Flux RSS des articles

POUR SURFER SUR CE BLOG...

Les Toiles Roses  est un blog collaboratif, indépendant et bénévole optimisé pour Mozilla Firefox (cliquer ici pour le télécharger)

TOUTES LES CRITIQUES DE FILMS : ICI
LES CRITIQUES DE LIVRES (Gérard Coudougnan) : ICI
Nos chroniques vedettes : Zanzi and the City (Zanzi), Et les filles alors ? (Isabelle B. Price),
Derrière les masques : Homollywood (Marc-Jean Filaire),
Merci Bernard (Bernard Alapetite),
Le Bazar de l'Homo Vincy (Vincy Thomas),
L'Histoire de l'homosexualité,
Dans l'ombre de Jann Halexander (Jann Halexander), Spécial Abdellah Taïa (Daniel C. Hall),
La Crypte aux gays (BBJane Hudson), Certains l'aiment camp (Tom Peeping),
 
Le Chaudron rose (Papy Potter), Petits Contes Dark-en-ciel (Nico Bally),
Marie de traverse (Marie Fritsch), Spécial Salim Kechiouche, Si j'étais homo ou hétéro...,
Spécial Stonewall, 40 ans, La gâterie du chef (Daniel Conrad Hall), La Garac'Ademy (Jean-Louis Garac)
A tort ou à travers (Laurent Fialaix), Rencontres de tous les types (Hugo Rozenberg),
 
Le Phil de l'araignée (Special Guest Star : Philippe Ariño),
Dossier et chronique-soutien
à l'association "Le Refuge" (Daniel C. Hall).

Venez rejoindre la rédaction, les lectrices et lecteurs sur le groupe Facebook :
http://www.facebook.com/group.php?gid=61890249500#/group.php?gid=61890249500


Jeudi 19 juin 4 19 /06 /Juin 10:45




LA REPRÉSENTATION LESBIENNE

DANS LES SÉRIES TÉLÉVISÉES


 

2. Des Britanniques sans tabou...


 

Une chronique d'Isabelle B. Price, d'Univers-L
 


Même si la plupart des français considèrent les américains comme les maîtres actuels en matière de séries télévisées, la production anglaise est cependant loin d’être médiocre… au contraire. Moins victime de la censure omniprésente aux États-Unis, elle a tout autant contribué à la visibilité homosexuelle sur le petit écran. En effet, les réalisations sont plus dépendantes des producteurs et des chaînes qui les achètent que des publicitaires diffusant leurs annonces. Cet état de fait a rapidement amené les britanniques à créer des séries de qualités extrêmement décomplexées.


 

Dans une Angleterre conservatrice et rigide où l’homosexualité a pourtant était dépénalisée en 1967, parler de relations entre personnes du même sexe reste un énorme tabou. Et pourtant, en 1999, Russel T. Davies ose la série Queer As Folk. Cette mini série basée sur un groupe d’amis trentenaires homosexuels révolutionne la représentation gay anglaise. Un grand pas pour l’homme et une invisibilité monstrueuse pour les lesbiennes. Alors que Stuart (Aidan Gillen) et Nathan (Charlie Hunnam) s’affichent dans de longues scènes de sexe sans tabou ni complexe, les deux lesbiennes de la série, Romey (Ester Hall) et Lisa (Saira Todd) sont ennuyeuses, moralisatrices et conservatrices. Un comble pour cette série audacieuse et maîtrisée de bout en bout.
Diffusée sur Channel 4 dès le 23 Février 1999, la série fait un véritable tabac mais s’attire les foudres des groupes chrétiens conservateurs. Les hommes politiques sont quant à eux choqués par l’âge de Nathan, le personnage principal d’à peine 15 ans. À l’époque, la loi interdit toute relation homosexuelle aux moins de 16 ans alors que les relations hétérosexuelles sont autorisées dès 14 ans. La communauté gay s’insurge également contre ce qu’elle considère comme une caricature et s’oppose à la série. Mais le succès est au rendez-vous et une seconde saison voit le jour. Durant ce double épisode, les lesbiennes sont plus absentes que jamais.



Heureusement, la même année apparaît sur les écrans britanniques la série Bad Girls traduite Les Condamnées chez nous. Créée par Ann MacManus, Eileen Gallagher et Maureen Chadwick, elle se déroule à Larkhall, une prison anglaise où se côtoient détenues et gardiens. Les prisonnières telles Shaz, Denny, Shell, Zandra ont commis des actes plus ou moins graves allant du simple vol à la fraude en passant par le meurtre. Enfermées, elles découvrent un univers où leur vie dépend autant de leur force que des gardiens qui les surveillent.

Cette série, plusieurs fois vainqueur aux Quick TV Awards et écrite tel un soap opéra, présente tout au long de ses huit années d’existence plusieurs personnages lesbiens. Parmi eux, Nikki (Mandana Jones), une lesbienne courageuse et fière condamnée à la prison à vie pour l’assassinat d’un policier qui s’apprêtait à violer sa petite amie. Nikki est une femme solitaire et intelligente qui assume sa sexualité et possède un réel pouvoir sur les autres détenues qui l’écoutent. Elle se rapproche sensiblement de la nouvelle directrice, Helen Stewart (Simone Lahbib), et finit par tomber amoureuse de cette dernière. Helen, séduite malgré elle par la prisonnière, annule son mariage et démissionne pour que ses actes soient en accord avec ses principes. Elle reviendra à Larkhall après avoir accepté ses sentiments pour Nikki et mettra tout en œuvre pour la faire libérer. Harcelée par Jim Fenner (Jack Ellis), un gardien manipulateur et arrogant, Helen rompt plusieurs fois avec Nikki avant de réaliser qu’elle aime profondément la détenue.



Cette première relation lesbienne marque la série de son empreinte et cette dernière devient une référence en matière de représentation lesbienne. À la fois romance tendre et sensuelle, elle doit se heurter à l’horreur de la prison et du pouvoir. La relation lesbienne suivante entre Roisin (Siobhan McCarthy) et Cassie (Kellie Bright) n’atteint jamais le même niveau. Il est bien sûr question d’amour, de famille, de coming-out et de drogue mais l’on est moins touché. Après de nombreux autres personnages gays, plus variés et complexes que jamais, la série offre, en fin de course, la superbe romance entre Pat (Liz May Brice), une bisexuelle condamnées pour meurtre et Sheena (Laura Rogers), une douce jeune femme emprisonnée à cause de la drogue. La première refuse de tomber amoureuse de peur de souffrir alors que la seconde accepte d’explorer ses sentiments jusqu’au bout.

Pour la première fois une série basée sur un grand nombre de personnages ose proposer plusieurs lesbiennes successives abordées de la même manière que les personnages hétéros. Un traitement identique, des histoires complexes et passionnantes, des personnages profonds et variés, sont autant de qualités qui font le succès de la série.



Deux ans plus tard, en 2001, l’Angleterre renoue avec le style mini série comme pour Queer As Folk. Créée par Rikki Beaddle-Blair, Metrosexuality est une série riche et décomplexée avec des personnages hauts en couleurs. Kwame (Noel Clarke) a 17 ans et deux pères séparés, Max (Rikki Beadle Blair) et Jordan (Karl Collins) qu’il tente par tous les moyens de réconcilier. Malheureusement Jordan est amoureux d’un nouvel homme et cela complique bien les choses. Metrosexuality est certes principalement centrée sur des hommes, mais a l’avantage de présenter deux couples de lesbiennes. Il y a d’abord la sœur de Max, Cindy (Carleen Beadle) qui vit en couple avec Doris (Dee Dee Samuels) et leurs deux enfants. Lorsqu’elles parviennent à se séparer de leur progéniture pour le week-end, leur premier réflexe est de faire l’amour dans toute la maison.

En plus de Doris et de Cindy, il y a Jaye (Pui Fan Lee) et Flora (Preeya Kalidas). Deux jeunes filles qui rêvent de ne pas s’impliquer et de baiser en toute liberté, « comme les mecs ». Et même si leurs histoires ne sont pas au centre de la série, elles ont le mérite d’être là et de présenter des lesbiennes comme on n’en a jamais vu. Deux femmes ensemble avec des enfants qu’elles ont désirés et deux adolescentes ensemble sans l’être réellement. Homoparentalité et prévention des MST chez les lesbiennes sont ici abordées sans complexe ni pudeur.



Ce traitement, loin de la morale bien pensante et des schémas traditionnels, se retrouve dans la série Hex, la Malédiction sortie en 2004. Thelma (Jemima Rooper) est une adolescente amoureuse de sa meilleure amie, Cassie (Christina Cole). Elle rêve que leur relation devienne plus qu’amicale mais Cassie, même si elle connaît les sentiments de Thelma, ne le souhaite pas. Lorsque Thelma est assassinée par un ange maléfique, elle devient un fantôme et découvre les pouvoirs magiques de Cassie.



En tant que fantôme, Thelma se met à hanter la faculté, à s’immiscer dans les rêves de Cassie et à la mâter sous la douche. Elle adore faire des blagues nulles sur les hommes et rencontre un jour une autre fantôme lesbienne dont elle tombe amoureuse. Empreinte de fantastique, d’ésotérisme, de magie et d’humour, Hex obtient un succès mérité lors de sa première saison avant de totalement se perdre en intrigues incompréhensibles lors de la seconde. Avec son look particulier hésitant entre punk et gothique, son humour décapant et sa noirceur désenchantée, Hex, la Malédiction s’adresse aux jeunes de manière intelligente ce que peu de séries savent faire.



Mais la véritable révolution en matière de séries télévisées et de représentation lesbienne anglaise intervient le 7 juin 2005 avec l’arrivée de Sugar Rush. Adaptée du roman éponyme de Julie Burchill, la série se concentre sur la vie de Kim (Olivia Hallinan), une adolescente de 15 ans amoureuse de sa meilleure amie, Sugar (Lenora Crichlow). Malheureusement Sugar est une vraie nymphomane qui couche avec tous les garçons qui croisent sa route. À grands renforts de flashs back et de voix off, Kim nous parle de son désir pour Sugar, de ses sentiments, de ses peurs, de ses doutes et nous entraîne dans sa vie. La première saison est centrée sur cet amour impossible entre les deux adolescentes et la série couronnée de succès obtient un International Emmy Awards. Channel 4 (toujours elle) commande donc une seconde saison.

Un an et demi a passé. Kim a aujourd’hui 17 ans et bien qu’elle tente de se convaincre du contraire, rien n’a changé. À part le fait qu’elle assume d’être lesbienne et qu’elle a définitivement fait une croix sur Sugar. Elle rêve d’amour et rencontre Saint (Sarah-Jane Potts), une jeune femme de 25 ans travaillant dans un sex shop pour femmes. D’incompréhensions mutuelles en rendez-vous ratés, toutes les deux parviennent finalement à sortir ensemble. Loin des clichés habituels, leur relation est dépeinte avec un naturel et un réalisme jamais vu pour une relation homosexuelle. Elles se rencontrent, se plaisent, se découvrent, se séparent avant de s’avouer leur amour mutuel.

Même si les sentiments sont au centre de la série, l’aspect sexuel n’est jamais ignoré. Saint travaille dans un sex shop et Kim n’a couché qu’avec deux femmes auparavant, ce qui fait qu’elle appréhende de ne pas être à la hauteur. Les scènes peu vêtues et les scènes de lit sont nombreuses et ne tombent jamais dans le voyeurisme. Plus nerveuse, réaliste, amusante et européenne que The L-Word, Sugar Rush est une série séduisante et innovante.



Plus récemment, la chaîne BBC a diffusé en Janvier 2008 une nouvelle série, Mistresses, centrée sur un groupe d’amies trentenaires. Toutes entretiennent ou ont entretenues des liaisons extraconjugales. Jessica (Shelley Conn), l’un des personnages principaux, est chargée par son patron, un homme marié qui trompe sa femme avec elle d’organiser un mariage lesbien entre Alex (Anna Torv) et Lisa (Alys Thomas). La relation amicale qui se tisse entre Jess et Alex devient rapidement plus forte et toutes les deux couchent ensemble. Jessica, qui s’était toujours satisfaite de son rôle de maîtresse, se met à souhaiter plus alors qu’Alex ne peut pas ne pas épouser Lisa. Une situation complexe et romantique, interprétée avec bio par deux excellentes actrices qui a permis le succès la série, reconduite pour une seconde saison.



Aborder la manière dont les anglais représentent l’homosexualité de façon décomplexée, riche et sans tabou, en omettant les deux adaptations des romans de Sarah Waters serait une erreur. En 2002, la BBC adapte le livre Tipping The Velvet. Plébiscitée par le public, cette mini série permet à la chaîne de battre des records d’audience avec plus de 5 millions de téléspectateurs. La série se déroule à la fin du XIXe siècle dans l’Angleterre victorienne et reprend les grandes lignes du roman. Même si des aménagements ont dû être fait, la série parvient à restituer le climat, les décors, les sentiments et les combats qui avaient fait le succès du livre.



Après ce pari gagné, la chaîne lance l’adaptation d’un autre roman de Sarah Waters, Fingersmith. Là aussi, le public est conquis par les aventures de Sue et Maud. Les scénaristes parviennent une nouvelle fois à transposer cette histoire dense tout en préservant son âme. Grâce à ces deux adaptations et à la troisième, en cours de tournage, les romans lesbiens sortent du placard et deviennent de véritables mines d’or pour les producteurs. Visibilité quand tu nous tiens !


 

À SUIVRE…

Isabelle B. Price (2008)

Par Isabelle B. Price - Publié dans : ET LES FILLES, ALORS ?
Ecrire un commentaire - Voir les 0 commentaires

Jeudi 19 juin 4 19 /06 /Juin 00:33
Par Daniel C. Hall - Publié dans : VISUELS : Les affiches et pubs roses
Ecrire un commentaire - Voir les 0 commentaires

Jeudi 19 juin 4 19 /06 /Juin 00:08


Par Daniel C. Hall - Publié dans : VIDEOS : Lutte contre le sida
Ecrire un commentaire - Voir les 0 commentaires

Mercredi 18 juin 3 18 /06 /Juin 09:40
FluoFluoFluoFluoFluoFluoFluoFluoFluoFluoFluoFluoFluoFluoFluoFluo

Les humeurs apériodiques de Bernard Alapetite



Remarque préalable : toutes les images de cette chronique sont cliquables pour être agrandies.


 

Shore_Leave
George Quaintance est quelque peu oublié aujourd'hui en Europe. Pour ma part, j’ai découvert ses images en 1980, sous forme de cartes postales, dans les boutiques de Castro street, la grande rue commerçante du quartier gay de San Francisco. Je n'ai appris le nom de leur auteur que bien des années après. Il est difficile aujourd’hui, si l’on en ignore le contexte, de ne pas avoir un certain sourire devant le kitch de ces chromos et pourtant, quelle poésie aussi dans les images... de celui qui fut, dans les années 50, un dessinateur gay emblématique.

ae20126p1
George Quaintance a été l'un des artistes les plus influents en ce qui concerne la représentation de la beauté masculine en Amérique grâce à son style unique et flamboyant, et ceci durant quatre décennies. Mais peu de gens (en dehors peut-être aux États-Unis) du milieu des gay studies savent que Quaintance a été un pionnier de la peinture que l'on peut qualifier de gay. Il a été par ses tableaux un des éveilleurs de la nouvelle conscience gay américaine au début des années 50.

After_The_Storm
Il est né le 3 juin 1902 dans les Blue Ridge Mountains, dans la petite communauté agricole d’Alma près de Stanley en Virginie. Il est le fils unique d'une famille de fermiers ; ses ancêtres sont tous des agriculteurs.
Ses parents l’aident à développer son potentiel artistique au lieu de le forcer à adopter leur mode de vie. Ils lui ont fourni peintures et pinceaux et lui permettent d’étudier les beaux-arts.
Quaintance quitte en 1920, à 18 ans, la maison familiale pour étudier l'art à New York. Il entre à la prestigieuse Art Students League, qui compte Georgia O'Keeffe parmi ses diplômés et où enseignent Robert Henri et Max Weber.

CKGLSLZW
Dès son adolescence, Quaintance est évidemment et activement homosexuel. Toutefois, il est tout à fait discret et totalement dans le placard, passant pour hétérosexuel auprès de sa famille, de ses amis et de ses fans dans sa Virginie natale qu’il adore. Son attitude est en fait commune à tous les gays de l’époque qui s’éloignent du foyer familial afin de mener une vie homosexuelle. Pendant les années 1930 et au début des années 1940, Quaintance est souvent retourné dans son village natal afin de monter ou de conseiller des revues musicales utilisant des talents locaux pour des présentations dans le comté.

Coral_Reef
Outre le dessin et la peinture, il s'intéresse à la danse et suit l’enseignement de Sonia Serova. Sonia Serova était la femme de Veronine Vestoff, diplômé de l'Académie Impériale Russe de Moscou. Tous les deux donnaient des cours mariant toutes les techniques de la danse, étudiant aussi bien les danses folkloriques que le ballet classique, le jazz que la danse orientale. Le dessin et la peinture rétrogradent à la seconde place parmi les multiples intérêts artistiques de Quaintance. Il se produit sur scène dès 1928 dans des numéros de Jazz danse. Sa passion pour la danse conduit Quaintance à faire une surprenante embardée dans sa vie. Lorsque son partenaire de danse, Craig Frances, tombe malade, il rencontre Miriam Chester, une ballerine de formation classique. Ils réalisent rapidement un "partenariat professionnel" et en août 1929... se marient ! Mais tant le mariage que le partenariat sont de courte durée. Le 4 Juillet 1930, Quaintance est photographié dans le Washington Evening Star avec un nouveau partenaire. La légende de la photo mentionne uniquement son prénom, Kare. Il continue ainsi sa carrière de danseur avec des partenaires masculins...

vaudevilleQuaintance danseur


Il semble que Quaintance ait autant de carrières et de talents qu’un chat a de vies !
On le retrouve en effet dans les années 30 et 40 à la fois décorateur d'intérieur (il décorera notamment l’appartement de Mae West à Hollywood), sculpteur et styliste-coiffeur pour des stars comme Marlène Dietrich, Jeanette MacDonald, Gloria Swanson, Lily Pons ou Hélène Hayes et pour quelques douzaines de starlettes. Il ajoute à sa palette de compétences la photographie, en se formant auprès de célèbres photographes new-yorkais comme Edwin Townsend ou Lon Hanagan (1911-1999). Ce dernier est devenu un pionnier de la "Beefcake" école de photographie. Ses modèles dans les années 1940 sont de beaux mâles musclés. Quaintance et son amant, Victor Garcia, poseront pour lui. Victor Garcia est un beau jeune portoricain qui sera souvent le modèle de Quaintance, mais surtout son compagnon et associé jusqu’à sa mort, ce qui n’empêchera pas l’artiste d’avoir de nombreux amants de passage... et surtout de beaux et jeunes hispaniques.

gq_edwardo_2_036gq_bobspahn1_031Photographies de Quaintance


Il n'abandonne toutefois pas la peinture. Il peint les portraits de diplomates, de femmes du monde et autres notables. Il réalisera aussi, sous pseudonyme, des couvertures pour des magazines comme Movie Humor, Tempting Tales ou Movie Merry-Go-round sur lesquelles s'étalent de belles pin up aguicheuses. À cette époque, Quaintance s'essaye à l'érotisme féminin !

72
George_Quaintance_23
En 1938, un article dans le journal de sa ville natale annonce qu'il est « salué comme le plus grand concepteur de coiffures d’Amérique ». En outre, le journaliste vante son formidable talent appliqué à de nombreuses activités artistiques : décors d'intérieurs élégants, vitrines de grands magasins new-yorkais sur la Cinquième Avenue, création de maquillages pour les femmes, création de masques...

masqueMasques réalisés par Quaintance


En 1933, sa mère (qu’il adore) parvient à le convaincre de réaliser un tableau pour son église. Quaintance réalisera une huile sur toile le représentant, à genoux aux pieds du Christ. Cette toile règne encore sur les fonts baptismaux de l’église baptiste de Stanley, en Virginie.

quaintance_1_1
Dans les années 30, il réalise de nombreuses illustrations pour les pulps. Cette activité est très lucrative pour lui, ; il est alors l’un des illustrateurs les mieux payé. Au début de la décennie suivante, il se tourne vers la représentation de la beauté masculine.
Il devient directeur artistique du magazine de Joe Weider, Your Physique, et il réalise des couvertures avec les culturistes connus du moment.

quaintance_2_1
En 1951, la couverture du premier numéro de Physique Pictorial de Bob Mizer (dont le film Beefcake de Thom Fitzgerald met en scène la vie avec talent) est illustré par une peinture de Quaintance : un jeune homme quasi nu à cheval sur un étalon galopant, une nouvelle image choquante de "l'homme parfait". Pour les six années suivantes, l'artiste sera en bonne place dans Physique Pictorial.
À une époque ou règne le maccarthysme et le code Hayes, il est bien évidemment hors de question de publier des magazines ouvertement gays. Culture physique et santé vont servir de prétexte. Le travail de Quaintance trouvera naturellement sa place dans tous les magazines qui vont fleurir après celui de Mizer : Grecian Guild Pictorial, Adonis, Olympic Arts, DemiGods...

George_Quaintance_08
Florence Tamagne analyse parfaitement l’émergence d’une nouvelle esthétique gay : « L’idéal viril du jeune gay sportif et dynamique, qui s’inscrit totalement à contre-courant du stéréotype de l’inverti efféminé a été diffusé, après la seconde guerre mondiale, aux États-Unis, par l’intermédiaire des magazines dits « physiques », qui occupaient le créneau de l’érotisme, en associant des photographies attrayantes de corps nus et musclés à des illustrations plus ou moins explicites. De nouveaux stéréotypes se constituent alors, par exemple autour des œuvres de George Quaintance, « Blade » (Neel Blade) ou Tom of Finland (Touko Laaksonen) qui élaborent toute une galerie de héros homosexuels : cow-boys, policiers, marins, bikers, évoluant dans les lieux symboliques de la scène gay, saunas, bars, discothèques. Là encore l’ambiguïté de cette représentation tient dans son caractère discriminant : la jeunesse, la beauté, la force physique, la virilité deviennent les déterminants de l’intégration à la scène gay. »

George_Quaintance_09
Désormais Quaintance est un des chefs de file dans les nouvelles images homo érotiques, phénomène que Lon Hanagan avait annoncé au début des années 1940. Pour être là où cela se passe, Quaintance et Garcia déménagent pour la côte ouest en 1948.

gq_rossi_1041 gq_rossi_2042.


Quaintance est devenu célèbre pour son travail dans les magazines homo érotiques ; pourtant en 1952, il quitte Los Angeles et installe son atelier en Arizona, à Phoenix. Il s’y entoure de beaux cow-boys et de sensuels Latinos. En outre les paysages de l’Ouest ont toujours été ceux qu’il préférait ; il en fera quelques représentations.

QuaintanceImage
"Rancho Siesta", où Quaintance a idéalisé l'Ouest sera sa dernière adresse. Ce n'était ni un ranch et pas non plus un lieu où l’artiste a du faire beaucoup la sieste quand on voit sa prolifique production durant ses dernières années. Il y vit avec son amant de "cœur", Victor Garcia. Il va y peindre quelques 60 toiles en un peu moins de six ans. Sur fond d'évocations du Far West et de l'antiquité s'affichent des amitiés viriles. Pour cause de censure active, aucune de ces œuvres représente de nudité frontale, ce qui n'empêche pas un style particulièrement suggestif. Il fut notamment le premier à érotiser le jeans.

Navajo
Prenant acte de la nouvelle prise de conscience des gays en Amérique, dans l'immédiate après-Seconde Guerre mondiale, Garcia et Quaintance commencent la commercialisation à grande échelle des photographies en noir et blanc de nus masculins et des reproductions en couleurs des peintures. En 1953, il a écrit un ami que « les ventes ont augmenté d’une façon fantastique dans les derniers mois et vraiment je m'épuise en essayant de suivre la demande. »
En 1954, les photographies de Quaintance sont publiées dans Der Kreis, un magazine édité en Suisse et une des premières publications ouvertement gay dans le monde. Le nouveau Code pénal suisse, adopté en votation populaire en 1938, a introduit la dépénalisation de l’homosexualité. La revue est trilingue « Der Kreis – Le Cercle – The Circle ». Elle sera publiée jusqu’en 1967.

gq_bredlau_2_039
L'une de ses premières et plus emblématiques peintures, “Nuit dans le désert” datée de 1951, représente un cow-boy nu couché, les muscles luisants au clair de lune, ses cheveux blonds parfaitement coiffés. Un beau jeune homme est à côté de lui, ce qui suggère le moment après l’amour. À l'arrière-plan, deux cow-boys hyper-masculins se font face, vêtus seulement de leurs jeans. Dans ce tableau comme dans d’autres de la série, le cow-boy blond ressemble fort à l'artiste, mais très idéalisé tout de même, si on compare les peintures avec les photos connues de Quaintance qui, égotiste et vaniteux, annonçait dix ans de moins que son âge réel et portait perruque. Il s'est souvent représenté lui-même dans ses toiles sous les traits d'un beau blond. Comme dans "Saturday Night", de 1954, où il s'est campé au milieu de trois cow-boys latinos.

Staurday_NightSaturday Night

quai1c  quai1d.


Les modèles de Quaintance étaient souvent ses amants, tel Angel Avila qui a posé pour une série sur le thème de la corrida ("Preludio", "Gloria" et "Moribundo"), ou Edwardo pour des photos, des sculptures ou des dessins. Dans une lettre à un ami en date du 27 avril 1953, Quaintance écrit que les peintures sur la tauromachie « ont été réalisées dans la tourmente et dans la passion. Je pourrais même dire sur le plan affectif à l’ agonie. »

Image_9
Le "Rancho Siesta" tenait du studieux mais sensuel phalanstère gay ; autour du couple composé par l’artiste et son compagnon Victor gravitaient de jeunes beaux mâles tels le superbe Edwardo, un autre Victor, Tom Syphers, un grand blond aristocratique venu de l'Utah et une autre blondeur, Ron Nyman...

gq_edwardo_1_035Edwardo


Les grandes peintures à l'huile de Quaintance représentent des cow-boys robustes, des indiens bien musclés (il a peut-être été le premier à célébrer la beauté des corps des garçons du Mexique et d’Amérique centrale bien avant le politiquement correct !), des hommes peu habillés venus de l'antiquité classique. Les tableaux montrent tous ces hommes nus ou quasi-nus. Ils correspondent à l’idéal physique défendu par les revues naturistes qui publient ses photos.

George_Quaintance_24
Si ces images sont loin d'être pornographiques, Quaintance semble avoir eu toujours le souci d’apprivoiser les normes sociales ; néanmoins, leur contenu, clairement gay, à l’érotisme langoureux, a empêché qu’elles soient exposées, donc vues par un grand nombre de personnes. La seule toile exposée en galerie aurait été “Crusader”, prêtée par son propriétaire, pour un accrochage d'œuvres d'artistes américains contemporains, à la fin des années 50.

George_Quaintance_22Crusader


Celui que Mizer décrivait comme un perfectionniste, travaillait comme un forçat, jours et nuits, pour finir un travail. Il prenait de la Benzédrine pour ne pas dormir. Il finit par s'épuiser à la tâche et le 8 novembre 1957, il meurt suite à une crise cardiaque à l'hôpital de Los Angeles. Il avait 55 ans. Une brève notice nécrologique dans le journal de sa ville natale indique que « Conformément à sa demande, le corps a été incinéré et aucun de services funéraire a eu lieu ». Victor Garcia et Tom Syphers héritèrent...

George_Quaintance_19
Mizer, dans son éloge funèbre, a été grandement optimiste en déclarant : « Partout dans le monde, il a été acclamé comme le pionnier d'une culture qui a été presque ignorée pendant 20 siècles. » Peut-être en fait a-t-il été un visionnaire lorsque l’on constate le regain d’intérêt pour cet original et talentueux artiste qui a fleuri dès les années 80 et 90 aux États-Unis, avec la résurgence de l’art “Beefcake” des années 50.

George_Quaintance_20
Ses toiles sont aujourd'hui très recherchées (ses sculptures sont encore plus difficile à trouver), elles s'échangent  de collectionneur à collectionneur et n'apparaissent pratiquement jamais sur le marché public de l'art, tout comme du vivant du peintre. Elles sont donc très difficiles à voir. Pour ma part, je ne connais l’œuvre de Quaintance que par des reproductions qui, elles, ont été largement diffusées.

gq3
Le nom de George Quaintance n’était connu en Europe que de quelques rares collectionneurs fortunés spécialisés dans les représentations de la beauté masculine, lorsqu’en 1989, l'éditeur allemand Janssen-Verlag publie L'art de George Quaintance, un livre de 80 pages contenant les reproductions, malheureusement en noir et blanc, de nombreuses peintures de Quaintance qu’accompagne une brève biographie de l’artiste, écrite par l'éditeur lui-même, Volker Janssen. En 2003, le livre a été réimprimé et est disponible. Six ans après le l'album de Janssen, l'éditeur allemand Taschen fait paraître Beefcake de F. Valentine Hooven qui, dans ses 166 pages de grand format sous couverture souple, met en vedette la peinture de Quaintance avec “Point Loma” sur sa couverture et contient de nombreuses reproductions en couleurs de ses toiles et de ses photographies.

4363 beefcake_cover.


L’œuvre de George Quaintance a été un pont entre deux époques de la sensibilité gay. Ses peintures sont l'apothéose de l’imagerie gay de la première moitié du 20e siècle, dans laquelle on ne pouvait pas bien sûr représenter le coït homosexuel (mais pas plus l’hétérosexuel) mais où même la nudité frontale masculine était impensable.

George_Quaintance_25
Le  monde est de Quaintance est un rêve, un monde utopique avec ses garçons glamours parfaitement musclés montrant leur corps les uns aux autres, mais sans jamais faire quoi que ce soit de salace.. ne serait-ce qu’un baiser. Mais cette utopie d’une sorte de nouvel amour courtois était plus que suffisante, il y a cinquante ans, pour enflammer avec sa charge érotique l’esprit d’hommes affamés d’images homo érotiques. Ces représentations semblent aujourd'hui bien innocentes, même les bosses des jeans sont sages en comparaison avec celles que dessinent Tom of Finland.

Havasu_Creek
Quaintance a repris tous les stéréotypes de magazines comme Physique Pictorial (dont Quaintance était partie prenante) : les cow-boys, les marins, les matadors, les rapports maîtres à esclaves...  Quaintance adopte les mêmes trucs pour la représentation de la nudité masculine que ceux que l’on pouvait voir pour la nudité féminine sur les couvertures des pulps comme Weird Tales par exemple, sur lesquelles une artiste comme Margaret Brundage montrait le plus de chair nue possible, mais toujours en veillant à ce que des ombres, une traînée de fumée ou un morceau de tissu tombe sur la zone interdite (ce qui garantit également que l’œil soit attiré vers cet endroit). On retrouve dans beaucoup des toiles de Quaintance la version masculine des scènes de bondage qui servaient sur les couvertures des pulps à attirer les acheteurs hétérosexuels (?). Quaintance a aussi montré des hommes nus qui luttent vaillamment avec des serpents ou des démons dans des scènes qui rappellent celles, si vigoureusement hétérosexuelles, peintes par Frank Frazetta.

quaintance2frazetta2 weird_tales
Frazetta                                                   Margaret Brundage
.


Pourtant Quaintance marque le moment où la représentation d’un bel homme échappe à l’alibi de l’histoire ou des mythes, il n’y a qu’à songer aux représentations du martyre de Saint Sébastien à travers les siècles.  Néanmoins Quaintance ne s’en libère pas complètement, on ne trouve pas chez lui des représentations véritablement triviales du quotidien gay comme on peut en admirer chez Cadmus à la même époque, qui fut véritablement le précurseur de la représentation moderne de tout un mode de vie. Je reviendrai sur le parallèle que l’on peut faire avec Cadmus qui est son contemporain. Il n’y a jamais chez lui non plus de sexe apparent. L’apparence de ce dernier est limitée à une relativement modeste bosse dans un jeans. Mais il sait rendre la nudité occasionnelle chez les hommes particulièrement expressive et suggestive. Plus tard, la nudité ne sera plus interdite mais magnifiée comme chez un Mapplethorpe par exemple.

Image_10
Il n’en reste pas moins que la comparaison de Quaintance avec Cadmus est très défavorable pour le premier, qui jamais ne parvient ni à sublimer l’anecdote de ses tableaux ni à l’inscrire dans le contemporain. Il n’y a aucune préoccupation sociale chez Quaintance, contrairement à Cadmus. La raison est à mon sens que Quaintance est comme aveugle à son temps, obnubilé par les braguettes de ses modèles. La sexualité, comme pour un jeune adolescent, semble être son seul horizon.
Néanmoins avant Quaintance, les images de l’érotisme masculin étaient difficiles à trouver, dans l’art, sauf dans celles de la Grèce antique et de Rome. Dans l’étroite fenêtre de temps des prémices de la libération sexuelle, il a trouvé un créneau qui lui a permis d'acquérir la célébrité et la richesse de son vivant et qui devrait lui valoir l'immortalité.

GQpyramid
Les peintures de Quaintance se sont révélées une source d'inspiration pour d'autres pionniers de l'art gay de la fin des années 50, comme le célèbre Tom of Finland (Touko Laaksonen), qui fait l'éloge du travail de Quaintance dans plusieurs interviews parues dans des revues.

Par Bernard Alapetite - Publié dans : MERCI BERNARD
Ecrire un commentaire - Voir les 1 commentaires

Mardi 17 juin 2 17 /06 /Juin 12:28
Par Daniel C. Hall - Publié dans : VISUELS : Les affiches et pubs roses
Ecrire un commentaire - Voir les 0 commentaires

Mardi 17 juin 2 17 /06 /Juin 09:18


Le billet apériodique de  Didier Roth-Bettoni

 

 

Cette satanée mémoire !

 




Je reviens à cette satanée histoire de notre mémoire collective que j’évoquais dans le précédent billet parce qu’elle me semble faire partie des questions essentielles qui se posent à nous aujourd’hui. Car le cinéma a son rôle à jouer pour prévenir cette perte de mémoire qui nous guette à tout moment dont il était question. Il peut ainsi réactiver comme on l’a vu avec le film de Jacques Martineau et Olivier Ducastel, Nés en 68 (on en revient toujours là), un moment de notre histoire commune que les plus jeunes d’entre nous (heureux hommes) n’ont pas connu et n’ont même pas l’idée de ce que cela a pu être, et que les moins jeunes (ceux de ma génération notamment, quadras encore verts…) ont tendance à remiser au rayon des mauvais souvenirs dont la brûlure est toujours à vif. Il peut aussi mettre à jour des éléments jusqu’alors occultés de ce qui aurait pu ou dû faire partie de notre histoire homosexuelle au sein de la société et qui a été tu, ou à tout le moins minimisé.



L’exemple le plus frappant de ce qui est notre lot commun permanent, cette reconquête d’une mémoire si souvent passée par pertes et profits, se trouve dans le très médiocre film que Diane Kurys vient de consacrer à une des romancières françaises les plus populaires du siècle, Françoise Sagan. Si on dépasse les très évidentes limites de cette bio filmée, une chose saute aux yeux qu’on n’aurait jamais soupçonné : c’est que Sagan (incarnée ici par une excellente Sylvie Testud) était indubitablement lesbienne ! Pas juste le temps d’une aventure ou d’une expérience comme il était de bon ton dans les milieux intellectuels des folles années 60-70, mais vraiment fondamentalement lesbienne, toutes ses histoires d’amour véritables ayant eu des femmes pour objets. Or qui, à moins peut-être d’être un véritable spécialiste de Sagan (et encore…) avait cela ? Pas moi en tout cas, et pas la plupart des personnes cultivées à qui j’en ai parlé.

Qu’est-ce que cela veut dire ? Que la vérité (une part d’entre elle en tout cas) sur la si célèbre auteure de Bonjour tristesse a été masquée, de son propre fait ou non d’ailleurs, parce que cette vérité-là aurait peut-être brouillé le mythe et la popularité de la romancière préférée des Français. Et qu’est-ce que cela signifie pour nous, homosexuels de tous les sexes ? Qu’un pan de notre histoire nous a été interdit.



Ainsi, même un mauvais film peut avoir de l’importance dans la reconstitution toujours nécessaire de cette foutue mémoire gay trop souvent défaillante, quand bien même l’homosexualité n’y est pas particulièrement valorisée. Il est en effet frappant de voir que Diane Kurys, dans ce Sagan comme dans Coup de foudre un quart de siècle plus tôt, est incapable de (se) représenter l’homosexualité féminine autrement que comme une forme d’amitié exacerbée entre femmes : on ne trouve en effet aucune trace de tendresse physique, aucun geste amoureux entre Sylvie Testud et Jeanne Balibar (qui joue la styliste Peggy Roche, compagne de longue date de Sagan), comme il n’y en avait pas entre Miou-Miou et Isabelle Huppert…

Voir Sagan aujourd’hui, c’est donc se réapproprier enfin au sein du riche corpus des artistes homosexuels une romancière connue, fêtée et aimée ; c’est aussi mesurer les progrès qui restent à faire du côté d’un certain cinéma « grand public » dans la perception et la transcription de nos amours de même sexe.

Par Didier Roth-Bettoni
Ecrire un commentaire - Voir les 0 commentaires

Mardi 17 juin 2 17 /06 /Juin 01:43
shortbus2.jpg shortF.jpg

Fiche technique :

Avec : Sook Yin Lee, Paul Dawson, Lindsay Beamish, PJ Deboy, Raphael Barker, Jay Brannan, Peter Stickles, Alan Mandell, Adam Hardman, Ray Rivas, Bitch, Shanti Carson, Justin Hagan, Jan Hilmer, Stephen Kent Jusick, Yolonda Ross, Jd Samson, Daniela Sea, Miriam Shor, Rachael Cyna Smith, Paul Oakley Stovall, Lex Vaughn, Justin Bond. Réalisation : John Cameron Mitchell. Scénario : John Cameron Mitchell et le collectif de comédiens. Image : Frank DeMarco. Montage : Brian A. Kates. Musique : Yo La Tengo
Durée : 102 mn. Disponible en VO, VOST et VF.



Résumé (rédigé par Bernard Alapetite)
 :
Shortbus est un film d’amour à l’amour. Il suit, pendant quelques temps, plusieurs personnes trentenaires qui ont des problèmes dans leur couple en raison d’un refus d’un acte sexuel ou dans l’incapacité d’éprouver le plaisir sexuel avec son partenaire. Très vite, deux couples se détachent de la photo de groupe. L’un est hétérosexuel, composé d’un chômeur et d’une sexologue, Sofia (Sook-Yin Lee) qui n’a jamais connu l’orgasme. Pourtant le couple nous démontre devant la caméra qu’il ne ménage pas sa peine dans la révision de leur Kamasutra. Mais Sofia simule le plaisir depuis des années avec son mari Rob (Raphael Barker). Elle croise Severin (Lindsay Beamish), une maîtresse dominatrice décidée à l’aider. L’autre couple, homosexuel, formé de Jamy (PJ Deboy) un acteur sans emploi, ancienne babystar, et de James (Paul Dawson) un ex-prostitué reconverti en maître-nageur. Ce sont des clients de Sofia. Ils songent à ouvrir leur sexualité à un troisième partenaire, le très mignon Ceth (Jay Brannan), mais Jamie ne parvient pas à se décider. Tout ce petit monde se retrouve dans un club libertaire, le Shortbus. Ils croiseront notamment une prêtresse sado-maso, un jeune voyeur, un groupe de lesbiennes engagées et un ancien maire de New York (Alan Mandell). Ce club est dirigé par Justin Bond, figure de la scène underground new-yorkaise, dans son propre rôle. Dans cette enclave, tous les personnages y apprivoiseront progressivement leurs névroses. Dans ce petit club underground, jamais glauque, on y partouze, chante, discute d'art et de sentiments... Chacun y trouvera peut-être ce qu'il cherche, des histoires d'amours et d'amitiés... Car ces habitants de New York ont peur d'aimer, peur de perdre ceux qu'ils aiment...

short0.jpg

L’avis de
Matoo :
Ah moi, il suffit de me dire que John Cameron Mitchell sort un film, et je cours le voir. En effet, depuis Hedwig and the Angry Inch qui est un de mes films cultes, et que je trouve doté de toutes les qualités, je n’attendais que ça. Et je n’ai pas été déçu, j’ai trouvé que c’était un très bon film.
Ce n’est pas non plus le plus grand chef-d’œuvre que la Terre ait porté, mais j’ai trouvé un charme fou à cette œuvre, et surtout un grand talent de réalisateur à John Cameron Mitchell. Je sais que ce qui retient l’attention des médias et des gens, ce sont les fameuses scènes de cul, qui sont non simulées donc, et je serais hypocrite de dire qu’elles ne sont pas importantes. Tout tourne autour du cul, mais c’est tellement décomplexé et désinhibant qu’on finit par ne plus trop faire gaffe aux bouts de bites et de nichons qui se baladent. En outre, le film raconte vraiment quelque chose, et son propos est assez intéressant et impliquant pour que le sexe ne redevienne qu’un prétexte à une vraie histoire.

short01.jpg

L’histoire, c’est celle de plusieurs personnes en proie à des problèmes « sexuels » divers et variés, et qui se retrouvent dans un club underground, le « shortbus », pour tenter de trouver un sens à leurs errances et questionnements. Inutile de dire que tout cela est très new-yorkais, et aurait pu difficilement être situé ailleurs. Il y a Sofia qui est sexologue et qui n’a jamais eu d’orgasme avec son mari, qu’elle aime et désire pourtant sincèrement. Elle a pour patients un couple de gays, dont l’un d’eux souhaite faire entrer un troisième. Le mec qui veut le trio est un peu étrange, il filme tout ce qu’il fait, dont une autofellation avec éjaculation buccale, et ne remarque pas qu’il est lui aussi espionné par le voisin d’en face. On croise aussi Severin, une dominatrice SM qui a un problème avec son vrai patronyme. Tous ces gens, et bien d’autres, se retrouvent au « Shortbus », et s’ouvrent à de nouvelles expériences… ou pas !

J’ai trouvé que pour des comédiens amateurs, le film était tout de même remarquablement joué. J’y ai étonnamment reconnu (je dois être un peu le seul sur cette planète) Sook-Yin Lee (qui jouait la fabuleuse Kwahng-Yi dans Hedwig, un tout petit rôle mais qui m’avait marqué) dans le rôle titre. Je l’ai trouvée particulièrement convaincante, et j’espère bien qu’on la reverra. Après il y en a un peu pour tous les goûts, mais on reconnaît bien les appétences de Cameron Mitchell, pote de Gus Van Sant et Jonathan Caouette, pour les jeunes mecs canons et aux regards singuliers.

short03.jpg

Et ça baise en effet dans tous les sens, et ça se pose des questions, et ça vire aux scènes les plus queers qui soient, avec donc beaucoup d’humour et de dérision, d’aigre-doux et de tendre-amer. Mais surtout, j’ai eu l’impression que cela montrait un peu la voie vers la nouvelle sexualité. Cette manière décomplexée de se représenter le désir et le plaisir sexuel, sans forcément avoir une orientation ou schéma normatif, c’est peut-être bien la sexualité du futur (proche) ? Et ce qui est génial dans ce film et qui est formidablement bien approché par l’auteur, c’est que le sujet principal du film c’est l’amour. Avant tout, c’est d’amour dont il s’agit. Le sexe est une de ses expressions, mais les personnages du film sont dans l’émotion, dans le rapport humain, dans le désir, dans l’altruisme, dans la volonté de s’affirmer dans leur couple et leur relation amoureuse.
Le film n’est pas exempt de défauts, et il a un côté un peu gratuit qui peut agacer, mais je trouve qu’avec tous les risques de virer dans le trash ou l’intello, ou bien de simplement vouloir choquer, là John Cameron Mitchell a incroyablement bien joué. Son film est beau et troublant, et il marque encore son temps d’une empreinte indélébile, comme Hedwig l’a marqué pour moi, il y a cinq ans.

short04.jpg

L’avis de Niklas :
Sofia est une sexologue qui n'a jamais connu l'orgasme, avec son mari Rob, elle simule depuis longtemps. Elle reçoit dans son cabinet James et Jamie, un couple d'homos dont le premier souhaiterait ouvrir leur relation à un troisième partenaire alors que Jamie y est plutôt hostile. Au Shortbus, où ils invitent Sofia à les rejoindre, ils font la connaissance de Ceth, un jeune mannequin, et de Severin, une maîtresse SM...

short3.jpg

Sex is a comedy par James Cameron Mitchell.
Sur le papier, le nouveau film du réalisateur d'Hedwig and The Angry Inch (que j'ai découvert cette année grâce à Matoo), a tout, de par son sujet et les héros qu'il place en avant, pour devenir culte dans la communauté gay. Shortbus est le nom d'un club underground où la musique, loin d'être assourdissante, permet aisément la discussion, dans des salles qui accueillent plus ou moins de nombreuses personnes, et où on baise (ou pas) sous le regard des autres. Il emprunte ce nom, nous explique le maître des lieux, l'excentrique et délicieux Justin Bond, aux petits cars américains qui servent à mener les élèves un peu marginaux, handicapés ou surdoués de la maison à l'école. Ses visiteurs sont de toutes sexualités, de toutes origines sociales et s'y mélangent avec pour seul point d'orgue le plaisir.

short1.jpg

Loin de filmer ces partouzes ou autre auto-fellation comme de la pornographie chic ou choc, Mitchell fait dans la simplicité, évite de trop intellectualisé son sujet et joue plutôt sur le côté tragi-comique de ses personnages. Parce qu'on rigole beaucoup du croisement de ces hommes et femmes mis à mal dans ce qu'ils ont de plus intime et qu'ils affichent volontiers ou non à leurs concitoyens.
Par les yeux de Sofia, le spectateur découvre l'étrange univers nocturne du Shortbus alors qu'en compagnie de Jamy et James, nous sommes déjà en lieu conquis. La recherche du plaisir peut commencer, mais le club n'est pas ici un supermarché du sexe, non ici on s'approche plus du commerce de quartier, pas beaucoup de choix, mais le modèle sollicité existe toujours. Du godemiché ovoïde à télécommande, porte ouverte à de nombreuses confusions, en passant par un triolisme nationaliste où l'hymne américain est entonné dans le plus que charmant postérieur du jeune Jay Branan, Mitchell désacralise le sexe en le ramenant à ce qu'il devrait être, un acte du quotidien comme un autre, tout en gardant en mémoire combien il peut être source de frustration et bien évidemment d'épanouissement.
Le film est construit avec assez de rythme pour ne pas ennuyer et cette construction est à l'image de son discours. Si l'orgasme ne guérit pas des maux, au moins il aide à faire passer le temps, tout comme ce Shortbus qui ne cherche pas à changer le cinéma mais à passer un bon moment parce qu'il est tendre et souvent juste sur la sexualité contemporaine.

short2.jpg

L’avis de Bernard Alapetite :
On sort de ce film ragaillardi au sens ancien du terme, plus gaillard, avec sa bandaison sous le bras. Les acteurs de Shortbus sont beaux et bandants (surtout James) ou plutôt Mitchell a réussi à nous les rendre beaux par l’amour communicatif que sa caméra porte à tous.
Mitchell c’est un peu Casavetes qui réfléchirait moins mais mieux et probablement boirait beaucoup moins. Bien des noms affluent dans notre mémoire cinéphilique après avoir vu le film. C’est aussi du Woody Allen qui passerait aux travaux sexuels pratiques et puis cela rappelle par le mélange d’amour et d’humour, de crudité et de délicatesse les débuts d’Almodovar. Quand à la représentation du sexe, il faut remonter jusqu’à Taxi zum klo pour voir une représentation des actes sexuels aussi désinhibée.
L’humour n’est jamais absent du film. Il désamorce souvent ce qu’il pourrait y avoir de salace et le rire efface la gêne. On ne s’y sent jamais voyeur mais partie prenante. Comme le dit l’un des personnages : regarder c’est aussi participer. Avec générosité, le réalisateur n’exclut personne et surtout pas le spectateur qu’il invite à se joindre aux amis qu’il filme.
Mitchell part du principe que le sexe est le meilleur révélateur de l’être profond : « J’ai toujours considéré la sexualité comme la terminaison nerveuse de la vie des gens. J’ai toujours pensé qu’en observant deux inconnus qui font l’amour, on peut tirer des déductions assez précises sur ces personnes, sur leur enfance, ou sur ce qu’ils ont mangé au déjeuner. » Et pourtant les scènes d’orgies, dans lesquelles les corps s’enchevêtrent avec élégance finissent par s’effacer de notre mémoire pour laisser place à ce qu’elles révèlent : une quête, celle des sentiments, d’un orgasme, du bonheur ou d’une normalité rêvée, heureusement inatteignable.

short4.jpg

Une des rares faiblesses est inhérente à son processus scénaristique. Tous les personnages, malgré la grande générosité du metteur en scène, ne provoquent pas chez lui la même empathie, ce qui l’amène à en privilégier certains notamment James et on le comprend aisément...
L’autre petit défaut est cette parade finale unanimiste un peu forcée qui rappelle la fin, pas complètement réussi, de cet autre chef-d’œuvre nihiliste qu’est The Party de Blake Edwards. Autant de références cinématographiques pour un film qui n’est jamais post-moderne mais toujours novateur et s’inscrit dans l’histoire la plus actuelle (la vue de ground zéro). Ce n’est pas une coquetterie critique mais une évidence. Mitchell est un grand cinéphile comme l’illustre ses déclarations dans lesquelles il se révèle beaucoup moins gentil que dans son film : « Je voulais montrer le sexe comme je ne l’avais jamais vu. J’avais vu beaucoup de films européens de la fin des années 90 qui utilisait du sexe non simulé mais il y semblait quelque chose d’aussi négatif que, disons, les chrétiens conservateurs. J’ai adoré le film de Catherine Breillat À ma sœur mais il m’a donné envie de me jeter par la fenêtre... Les acteurs ne sont pas des marionnettes. Ils sont des associés. Je peux apprécier les films de Bresson, mais Bresson ne laisse pas jouer ses acteurs. D’autres réalisateurs choisissent leurs acteurs juste parce qu’ils veulent les baiser, comme Godard, Visconti ou Pasolini. »
Shortbus est le résultat d’un processus de production totalement original. La recherche des acteurs a duré deux ans. John Cameron Mitchell voulait que les rapports sexuels ne soient pas simulés, ce qui au final est le cas dans le film. Une exigence qui interdisait l’emploi de stars, et même d’acteurs professionnels. Il voulait en plus que ses acteurs soient capables d’improviser et disponibles pour de longues répétitions avant le tournage. Il devait donc trouver des comédiens amateurs dévoués corps et âme au projet. Ce fut fait par l’intermédiaire d’appels dans plusieurs magazines underground. Il y demandait que chacun lui envoie une vidéo sur laquelle il raconterait une expérience sexuelle marquante. La production reçut plus de 500 vidéos. Tandis que certains candidats s'adressaient directement à la caméra, d'autres chantaient ou dansaient, d'autres encore allaient même jusqu'à se masturber. Au final, quarante personnes furent choisies. L’équipe du film a convié les heureux gagnants à l’une des fêtes mensuelles que Mitchell organisait. Par l’intermédiaire de petits jeux, par exemple des couples désignés devaient s’embrasser, des affinités se sont formées... La grande aventure de Shortbus pouvait commencer. 

short5.jpg

Chaque comédien a apporté sa pierre à la trame scénaristique. Prenons le personnage de James, qui est un peu le porte-parole du réalisateur, il a été inspiré par le vécu de son interprète qui photographie continuellement sa propre vie et par Jonathan Caouette, le réalisateur de Tarnation que Mitchell a co-produit. Le film est donc le fruit d’un travail collectif, un travail partagé entre le réalisateur et ses comédiens.
Malgré le coté underground revendiqué de l’entreprise, Mitchell n’oublie jamais de faire du cinéma. Il prouve qu’avec un dispositif léger de tournage on peut faire des images aussi belles que novatrices comme celles de la collection de godes multicolores sur fond de ground zéro, filmées dans une belle lumière chaude. Même s’il y a peu de vues d’extérieur, on sent un amour débordant du cinéaste pour  New York aussi explicite que celui de Woody Allen dans Manhattan, autre référence implicite de Shortbus.
Ce film ne pouvait être que new-yorkais, chaque scène est située précisément par l’intermédiaire de la simulation poétique de la ville en 3D dont l’apparition aère les ébats érotiques. Par son truchement, on suit les cheminements, tant géographiques que mentaux (par le biais de la lumière), des personnages. Elle a été conçue par John Bair, un animateur qui avait déjà réalisé les images numériques sur Hedwig, le précédent film du cinéaste. Il a scanné ses propres dessins pour après les retravailler ; ce qui apporte une touche naïve, un côté peint à la main au résultat. À noter au début du film l’apparition de la Statue de la Liberté, on entend alors chanter “Is you is, or is you ain’t my baby ?” (Es-tu bien ou n’es-tu plus ma chérie ?) tout en découvrant son visage. Un exemple significatif de la manière subtile qu’a Mitchell de faire passer son message politique. La nostalgie des années 70 apparaît au détour d’une conversation lorsque Justin Bond lâche : « There was a time when I wanted to change the world, now I just want to crawle out of this room whithout loosing all dignity » (Il fut un temps où je voulais changer le monde, maintenant je veux juste ramper hors de cette pièce sans perdre toute dignité).
La lumière, ici symbole de la vie, joue aussi un rôle important dans le film car elle défaille à certains moments-clés, et finit par s’éteindre complètement lors d’une panne de courant générale dans New York. La simulation de la ville retrouvera ses loupiotes multicolores lorsqu’un personnage sera arrivé à l’orgasme ou aura résolu une de ses interrogations existentielles.

short6.jpg

Les scènes du Shortbus ont été tournées à Brooklyn dans un atelier collectif d’artistes gays où des soirées dans le genre de celles du Shortbus ont été organisées. Le nom du club, Shortbus, évoque le célèbre bus scolaire jaune américain. Les enfants « normaux » empruntent le Schoolbus, le long bus jaune. Les enfants qui ont besoin d’une attention particulière, les handicapés, les caractériels, les surdoués... utilisent le petit bus parce qu’ils sont moins nombreux ; d’ou le parallèle avec ce club, rassemblement de hors normes. J’ajoute que les shortbus sont surtout utilisés dans les grandes villes américaines, en particulier à Manhattan, parce qu’ils se faufilent plus facilement dans le trafic que les longs schoolbus.
À la sortie du film, une fois mon euphorie apaisée, une phrase du Journal d’André Gide affleura à ma mémoire : « Les personnages de tragédie sont toujours plus ou moins des désœuvrés. “To be or not to be” est un fruit du loisir. » Nous pouvons faire la même réflexion en l’appliquant à la quasi totalité des personnages des films qui nous sont proposés chaque semaine. Cet évitement du travail n’est-il pas symptomatique de nos crises de civilisation ?  
Un grand coup de chapeau à Fortissimo, coproducteur et distributeur international du film à qui l’on doit déjà entre autres Mysterious skin, Ken Park et la découverte en occident de Tsai Ming-Liang, ce n’est pas rien !
Les acteurs sont aussi presque tous musiciens, puisque ce sont eux qui ont signé la bande originale du film.
C'est un beau film hédoniste que nous offre John Cameron Mitchell, un film émouvant, attendrissant, drôle et qui réussit à travers un petit groupe à nous faire un peu plus aimer l’humanité. Shortbus c’est un merveilleux happening et un orgasme cinématographique.

short7.jpg

L’avis de mérovingien02 :
Vous n'en avez pas marre de tous ces films proposant systématiquement des scènes de sexe d'une telle platitude que même votre voisine ménopausée ne serait pas excitée ? Du genre les baisers faussement romantiques donnés du bout des lèvres pendant que monsieur fait des mouvements de va et vient si lentement qu'on se demande s'il ne va pas s'endormir ? Ou encore cette manie de s'envoyer en l'air en se recouvrant d'un drap (c'est d'un pratique, c'est bien connu) ou alors de garder ses sous-vêtements pendant l'acte (madame aime beaucoup ses soutien-gorge) ? L'excès de pudeur est souvent l'ennemi de la crédibilité et c'est pour cela que l'on ne remerciera jamais assez John Cameron Mitchell d'injecter un peu de sperme et de sueur dans un Cinéma paralysé à l'idée de confondre Art et pornographie.

short9.jpg

Comme s'il était honteux qu'un spectateur puisse ressentir de l'excitation sexuelle face à une œuvre, le 7e Art n'a jamais cherché à montrer le plaisir dans toute sa crudité et toute sa beauté. Un film a le droit de faire rire, de faire pleurer ou de faire peur mais pas d'exciter. Voilà qui en dit long sur notre société bien pensante et sur son rapport aux plaisirs de la chair, soit disant réservés à la sphère de l'intime (merci l'héritage judéo-chrétien). C'est un fait : chaque fois que des organes génitaux sont montrés sans fard ou que des rapports sexuels ne sont pas simulés devant une caméra, cela se fait soit dans le domaine de la pornographie pure (et donc limité à une fonction purement masturbatoire), soit dans des films d'auteur froids et tristes. Qu'il s'agisse des œuvres de Catherine Breillat, porte-parole des femmes frustrées (va tirer un coup, chérie, ça ira mieux) ou des machins tout moches de Bruno Dumont, le sexe intellectualisé bande mou et ramené à un acte sale et dégradant. Subsistaient heureusement quelques tentatives pour se sortir de ce carcan moralisateur avec des résultats plus ou moins convaincants (9 Songs souffre de son concept limité et d'une romance mal définie, Ken Park possède une superbe séquence finale mais s'égare parfois dans la provocation facile). Ça, c'était avant Shortbus, le nouveau long-métrage indispensable du réalisateur d'Hedwig and the Angry Inch, comédie musicale glam-rock autour d'un chanteur transsexuel. Pour la première fois sur grand écran, la quête du plaisir n'est plus une invitation à la neurasthénie mais une aventure joyeuse et positive où l'amour triomphe sous toutes ses formes, qu'il soit physique, sentimental ou intellectuel. Avec son club underground sortit tout droit des années 70 et sa bande originale digne d'une tracklist d'étudiant peace and love, on se croirait en pleine libération sexuelle post 11 Septembre.

short8.JPG

Pas question pour autant d'alimenter un scandale stérile ou de satisfaire le bobo ayant trouvé une excuse pour mater du porno. Si Shortbus donne à voir des fellations, des pénétrations, des éjaculations et de la masturbation, s'il filme aussi bien les ébats hétérosexuels qu'homosexuels, il se garde bien de juger ses personnages et les rend instantanément attachants parce que ancrés dans une réalité quotidienne. Quand un jeune homme tente de s'auto-sucer en se mettant en boule, le réalisateur désamorce le graveleux en insistant sur les efforts accomplis (les pieds qui tentent de s'appuyer sur le rebord d'une étagère par exemple). Quand une femme essaie de se masturber dans la salle de bain, le bruit que fait son mari la perturbe et elle se cogne la tête. Rien de vulgaire là-dedans, juste un profond sentiment de vécu à partir duquel découle une sincère émotion. Car John Cameron Mitchell ne retient pas que le goût et l'odeur de la peau. Il contemple aussi la détresse de ses personnages, leurs larmes après l'orgasme (ou leur absence), leurs doutes ou leur quête d'ouverture.
La jolie sociologue ne parvient pas à monter au 7e ciel et tente de maîtriser son vagin, le couple gay est condamné par la séropositivité d'un des garçons, la dominatrice SM est totalement incapable de s'accepter elle-même... Le sexe est le parfait révélateur des sentiments de chacun, comme viendra l'évoquer cette giclée de sperme sur une toile de Jackson Pollock (art abstrait tout ça...). La difficulté qu'a James à se confier est toute entièrement exprimée par la révélation qu'il n'ait jamais accepté d'être pénétré. Le fait que Severin fasse du mal aux autres est révélateur de son dégoût d'elle-même (elle cherche d'ailleurs la solitude en s'enfermant dans un caisson d'isolement). Le malaise de Sofia vient certainement de son expérience d'enfant et de sa peur panique de l'homme (ce n'est que seule, sans l'aide d'objet phallique qu'elle parviendra à trouver le plaisir)...
Pour parvenir à atteindre le plaisir, il convient simplement de trouver la personne avec laquelle on a des connections (voir plusieurs personnes). Le réalisateur illustre cette idée par un black-out total sur New York, une panne de courant généralisée qui ne sera réparée que par un immense orgasme, le sexe devenant une énergie électrique réanimant la Vie. La quête de l'hédonisme doit aussi être une quête du plaisir de l'autre. La grande ville déshumanisée où chacun est coupé des autres (plans aériens sur une charmante maquette en carton pâte servant de transitions entre différents immeubles) s'effacera dans le plaisir mutuel, en se mélangeant aux autres, dans la clameur d'un orchestre et d'une chanson mélancolique (« In the End », interprété par Justin Bond, figure mythique du quartier de Downtown et dans son propre rôle).

short99.jpg

John Cameron Mitchell ne fait pas de la sociologie ou de la politique, même s'il revendique clairement un ton libertaire tranchant avec le conservatisme républicain (à ce titre, on n’est pas près d'oublier cette séquence tout bonnement effarante où une partie à trois entre hommes se termine en entonnant l'hymne américain tout en se bouffant le cul et en prenant un pénis en guise de micro). Pour lui, le sexe est indispensable au bien-être, l'amour physique se mêlant à l'Amour au sens large. Sorte d'ode émouvante à la partouze, le métrage n'hésite pas à prôner le partage et le mélange avec d'autres couples et individus pour ne pas s'enfermer dans la solitude ou l'exclusivité. Un des plus beaux moments sera d'ailleurs un des plus inattendus, lorsqu'un jeune garçon embrassera avec sincérité un vieil homme au discours émouvant. Bien que le titre du film se réfère aux bus scolaires réservés aux handicapés, Shortbus ne parle pas simplement de marginaux en recherche d'expériences sexuelles nouvelles mais est bel et bien un objet universel sur ce besoin d'aimer les autres et de s'aimer soi-même.
Porté par de remarquables acteurs inconnus se livrant sans détour, traversé de purs moments d'émotions brutes (la tentative de suicide et son sac plastique sous l'eau) et justifiant le sexe par une touchante quête affective, le deuxième long-métrage de John Cameron Mitchell est un bijou d'une incroyablement pureté qui parle du corps comme moyen essentiel de langage. Osé mais sensible, beau et extrêmement sain. N'hésitez pas à embarquer dans ce Shortbus, en route pour le plaisir !
Pour plus d'informations :
Par Matoo, Niklas, Bernard Alapetite et Mérovingien02 - Publié dans : FILMS : Les Toiles Roses
Ecrire un commentaire - Voir les 2 commentaires

Mardi 17 juin 2 17 /06 /Juin 00:25
Nous attendons avec impatience vos commentaires sur ce troisième objet :




Photo : © D. R. - Sauf mention contraire, toutes les photos publiées sur lestoilesroses.com sont protégées par les lois sur le copyright et appartiennent à leurs auteurs ou ayants droits respectifs. Si vous êtes propriétaire d'une photo publiée dans un article et que vous souhaitez exercer vos droits d'auteur, merci de
nous contacter afin que nous puissions traiter votre demande.
Par Henry Victoire
Ecrire un commentaire - Voir les 3 commentaires

Lundi 16 juin 1 16 /06 /Juin 06:15
Par Daniel C. Hall - Publié dans : VIDEOS : Lutte contre l'homophobie
Ecrire un commentaire - Voir les 0 commentaires

Dimanche 15 juin 7 15 /06 /Juin 00:49

Visuel : (c) GayClic

De la comédie, du drame, de l'action, du suspense, du romantisme, de la jalousie... des hommes nus. ATWT, c'est comme dans la vie.
Attention : dans cet épisode, Luke et Noah... S'ENVOIENT EN L'AIR SUR UN LIT ! Incroyable mais vrai.
[ATWT appartient à PGP et CBS]


Par Jag1366 - Publié dans : SERIE : AS THE WORLD TURNS (AINSI VA LE MONDE)
Ecrire un commentaire - Voir les 0 commentaires

Dimanche 15 juin 7 15 /06 /Juin 00:46

Visuel : (c) GayClic

Friends version Oakdale.
Je "sens" déjà les commentaire sur le sponsor du prochain épisode..

[ATWT appartient à PGP et CBS]


Par Jag1366 - Publié dans : SERIE : AS THE WORLD TURNS (AINSI VA LE MONDE)
Ecrire un commentaire - Voir les 0 commentaires

Samedi 14 juin 6 14 /06 /Juin 02:42

Visuel : (c) GayClic

Tandis que Luke et Noah interrompent leur 42 759e baiser, Mamie fait des brownies, Amira fait la gueule et Casey fait sa mijaurée.
[ATWT appartient à PGP et CBS]


Par Jag1366 - Publié dans : SERIE : AS THE WORLD TURNS (AINSI VA LE MONDE)
Ecrire un commentaire - Voir les 0 commentaires

Samedi 14 juin 6 14 /06 /Juin 00:19
Nous attendons avec impatience vos commentaires sur ce deuxième objet :




Photo : © D. R. - Sauf mention contraire, toutes les photos publiées sur lestoilesroses.com sont protégées par les lois sur le copyright et appartiennent à leurs auteurs ou ayants droits respectifs. Si vous êtes propriétaire d'une photo publiée dans un article et que vous souhaitez exercer vos droits d'auteur, merci de
nous contacter afin que nous puissions traiter votre demande.
Par Henry Victoire
Ecrire un commentaire - Voir les 2 commentaires

Vendredi 13 juin 5 13 /06 /Juin 00:16

VI - De la clandestinité au Front Homosexuel d'Action Révolutionnaire

À la sortie de la guerre 1939-45, l'homosexualité est considérée comme un délit qui aggrave les peines d'outrage public à la pudeur pour deux personnes du même sexe. La clandestinité est de mise puisque les gouvernements d'après-guerre ont conservé une loi de Vichy qui poursuit les homosexuels (pourtant parmi les populations déportées par l'Allemagne nazie). Dans les grandes villes, certains lieux publics permettent cependant des rencontres furtives, mais toujours dans la crainte de poursuites ou de fichage par la police. Il faut attendre les années 50 pour observer la création de la première association homosexuelle qui prend la forme d'un club littéraire avec une revue, Arcadie, discrète et soucieuse de ne pas choquer l'opinion.

1960, danser entre hommes à La Chevrière : la liberté à Saint-Nom-la-Bretèche (78)

« On se repérait entre nous dès la gare Saint-Lazare, nous prenions tous le même train aux alentours de 14 heures le dimanche et 35 minutes après, à Saint-Nom-la-Bretèche, des dizaines d’homosexuels s’empressaient de rejoindre La Chevrière, une grande propriété isolée, au fond d’un parc, où se tenait le bal de la Colonelle. » Dans les années 60, André, un architecte parisien, était un fidèle de cette échappée dominicale : « La Chevrière était tenue par une lesbienne qui avait aménagé sa résidence en salle de bal et restaurant. Une petite femme à l’allure austère, qui portait toujours des pantalons de cheval et arborait sur son chemisier, la rosette de la Légion d’honneur. Je n’ai jamais su son vrai nom. On ne la connaissait que sous le surnom de "la Colonelle", grade que, selon la rumeur, elle avait acquis au sein de la Résistance. » L’ambiance ? « Comme les guinguettes en bord de Marne, mais avec en plus la danse du tapis, qui permettait de faire savoir à un garçon qu’il ne laissait pas indifférent… La clientèle était plutôt aisée : des avocats, des commerçants… Les homos étaient tous en costume cravate, les lesbiennes en jupe et escarpins, surtout pas d’excentricité ! » Malgré cette atmosphère guindée, André garde un souvenir enthousiaste de La Chevrière : « Vous ne pouvez pas imaginer avec quelle impatience nous attendions le train le dimanche après-midi. Pour draguer ? Pas seulement : pour être libres, tout simplement ! »


VII - Du F.H.A.R. à la dépénalisation de l'homosexualité

C'est après mai 68 qu'un véritable mouvement de libération voit le jour. D'abord inspiré par la contestation des années 70, le Front Homosexuel d'Action Révolutionnaire (F.H.A.R.) naît en 1971 dans les rouages du MLF, les homosexuelles en étant à l'origine, mais il périclite rapidement. Néanmoins, la parole se libére avec force et le mouvement est irréversible. Revendiquant l'abrogation des lois discriminatoires, celle-ci est arrachée après l'arrivée de la gauche au pouvoir en 1982. L'homosexualité s'organise dès lors en mode de vie toléré et admis, même si l'apparition du virus du sida marque profondément cette minorité, touchée de plein fouet par l'épidémie au cours des années 80…

Beaux-Arts (6e), le QG du Front homo révolutionnaire

D’Assemblée Générale en prise de parole délirante, on scandait "Prolétaires de tous les pays, caressez-vous!".

L’amphithéâtre des Loges, à l’école nationale des Beaux-Arts, 14, rue Bonaparte (Paris - 6e), reste un lieu légendaire du militantisme gay, dans sa période la plus subversive, bien loin du politiquement correct qui prévaut aujourd’hui dans les associations gays. C’est là que se réunirent tous les jeudis soir, de 1971 à 1973, plusieurs centaines d’homosexuels à l’appel du FHAR (Front homosexuel d’action révolutionnaire). « Revendiquer un contrat de mariage ou des allocations familiales pour nos gosses ? Mais cela nous aurait fait hurler ou crever de rire ! », affirme Alain, 54 ans, bibliothécaire, qui suivait assidûment les assemblées générales (AG) du FHAR. « De toute façon, il était impossible de tenir un discours sérieux plus de cinq minutes dans cette salle, c’était un happening permanent ! Les lesbiennes doctrinaires ou les transfuges du gauchisme, comme Guy Hocquenghem, étaient sans cesse interrompus par les Gazolines, des folles radicales qui scandaient des slogans hystériques: "L’important, c’est le maquillage !’’, "Nationalisons les usines à paillettes!", ou bien encore leur fameux "Prolétaires de tous les pays, caressez-vous!’’. Entre deux envolées contre "la société hétéroflic", il y avait immanquablement un petit mec de province qui prenait la parole pour raconter sa vie en pleurant, un autre qui donnait son numéro de téléphone à la cantonade parce qu’il ne voulait pas rentrer seul chez lui… C’était un bordel indescriptible, pas de leaders, pas d’ordre du jour, mais aussi une véritable libération de la parole pour les pédés, un moment qui a été fondamental pour beaucoup d’entre nous. » Avec des épisodes mémorables, comme ce strip-tease improvisé par l’écrivaine féministe Françoise d’Eaubonne et le vieil anarchiste Daniel Guérin, juchés sur les tables en formica de l’amphi… Alain constate : « Cette effervescence a vite rencontré ses limites. Au fil des semaines, il y a eu de moins en moins de monde dans l’amphi, et de plus en plus d’affluence au cinquième étage, où les corps-à-corps remplaçaient les discours! Jusqu’à ce que les flics fassent évacuer les lieux… »

Le FHAR n’a duré que deux ans et n’a rassemblé que quelques centaines de personnes. Mais il a inventé un style d’action très particulier, à la fois festif, subversif, provocateur et créatif qui aujourd’hui encore caractérise nombre de manifestations gays.

Depuis 1989, l’association de lutte contre le sida Act Up Paris a repris le flambeau en tenant ses réunions tous les mardis soir dans le même amphi. Mais les débats y sont encadrés, les prises de parole minutées et toute digression immédiatement censurée…


SOURCES : France Culture, Le Nouvel Observateur...


BIBLIOGRAPHIE

Louis-Georges Tin (dir.), Dictionnaire de l'homophobie, PUF (23 mai 2003)
Une longue préface du directeur du dictionnaire présente une définition du terme, les variantes sémantiques (passage de homosexualité à homophobie : "changement aussi bien épistémologique que politique" Daniel Borrillo), un rappel historique, le travail des différents collaborateurs, plus de soixante dix venant d'une quinzaine de pays montrant ainsi la pluralité de l'homophobie dans différents pays. Les divers articles se recoupent et se complètent invitant par l'intermédiaire des renvois le lecteur à circuler selon sa curiosité.

■ Didier Eribon (dir.), Dictionnaire des cultures gays et lesbiennes, Larousse (28 mai 2003) Dictionnaire illustré et international consacré aux cultures gays et lesbiennes contemporaines depuis la fin du XIXe siècle. Contient 570 articles et 50 dossiers thématiques.

Didier Eribon, Réflexions sur la question gay, Fayard (1999) L'auteur, journaliste au Nouvel Observateur et biographe de Michel Foucault, propose une série de réflexions sur l'homosexualité contemporaine, s'interroge sur ce que peut être une "culture gay" moderne en rappelant diverses étapes de l'émergence d'une "identité gay", notamment à travers la littérature anglaise du XIXe siècle.

■ Florence Tamagne, Histoire de l'homosexualité en Europe : Berlin, Londres, Paris, 1919 – 1939, Seuil (coll. L'univers historique) (2000)
Le sous-titre circonscrit l'espace des trois villes et les vingt ans que couvre cette chronique, juste avant la répression allemande. Tolérance presque amusée en France, subversion de l'ordre victorien en Angleterre et revendication culturelle allemande, autant de mouvements éteints qui ont repris vie dans les années 1980.

■ Florence Tamagne, Mauvais genre ? : une histoire des représentations de l'homosexualité, La Martinière (2001)
Une vaste exploration de l'histoire des homosexuels en Occident à travers les images qui l'ont accompagnée, nourrie, modifiée et interrogée, par le biais de la peinture, de l'imagerie médicale, de la photo, de la presse et du cinéma.

■ Patrice Pinell (dir.), Une épidémie politique : la lutte contre le sida en France (1981-1996), Puf (2002)
Montre les actions marquantes des associations dans l'histoire de la lutte contre le sida depuis 1981 jusqu'à 1996 : prise de conscience de la maladie par la communauté homosexuelle ainsi que par d'autres minorités puis par la majorité hétérosexuelle, prise en compte de la maladie par les pouvoirs publics, inauguration d'une politique anti-sida.

Jean Yves


Lire la première partie.
Lire la
deuxième partie.

Par Jean Yves - Publié dans : HISTOIRE DE L'HOMOSEXUALITÉ
Ecrire un commentaire - Voir les 0 commentaires

Vendredi 13 juin 5 13 /06 /Juin 00:05


Le 26 avril dernier, les fans du site vanhansis.net ont organisé une fête en l'honneur de Van Hansis et Jake Silbermann, alias Luke et Noah dans "As The World Turns". L'occasion de rencontrer Roger, qui a créé le site, et de remercier Andy alias LukeVanFan, qui a fait découvrir Nuke au monde entier.
[ATWT appartient à PGP]
Par Jag1366 - Publié dans : SERIE : AS THE WORLD TURNS (AINSI VA LE MONDE)
Ecrire un commentaire - Voir les 0 commentaires

Jeudi 12 juin 4 12 /06 /Juin 12:42

A la veille de la marche des Fiertés LGBT de Lyon, ce samedi 14 juin, la Lesbian and Gay Pride de la ville demande, une nouvelle fois au Préfet du Rhône de régulariser Nadir, comme l'a ordonné la justice.


La 13ème marche des Fiertés LGBT sera l'occasion pour les manifestants de manifester leur solidarité avec Nadir, ce lycéen homosexuel sans papier, en arborant un autocollant confectionné à cet effet avec comme slogan : "Non à l'expulsion des homos et Trans étrangers, le préfet du Rhône doit régulariser Nadir".


Nadir est un jeune lycéen homosexuel, d'origine algérienne, scolarisé à Villeurbanne. Il est arrivé en France à l'âge de 16 ans, laissant derrière lui des années de vexations et d'abus, et s'est rapidement intégré. Il a poursuivi sa scolarité au lycée professionnel de Villeurbanne et doit passer les épreuves du baccalauréat ce mois-ci.

Ses demandes de régularisation au motif de sa vie privée et familiale avaient été rejetées par la Préfecture du Rhône. Mais, le 12 mars dernier, le Tribunal Administratif de Lyon a annulé l'arrêté de la Préfecture, estimant que l'Algérie comme pays de renvoi ferait courir à Nadir un risque pour sa vie.

Pourtant, trois mois après, Nadir n'a toujours pas ses papiers. Il n'est toujours pas régularisé. La Lesbian and Gay Pride de Lyon s'irrite de cette attitude "méprisante" de la Préfecture du Rhône et demande à ses services d'octroyer à Nadir un titre de séjour " Vie privée et familiale " dans les meilleurs délais.

Par Daniel C. Hall - Publié dans : URGENT : Gays, militants et résistants !
Ecrire un commentaire - Voir les 0 commentaires

Jeudi 12 juin 4 12 /06 /Juin 12:24
Par Daniel C. Hall - Publié dans : VISUELS : Les affiches et pubs roses
Ecrire un commentaire - Voir les 0 commentaires

Jeudi 12 juin 4 12 /06 /Juin 00:00



Fiche technique :

Avec Asanee Suwan, Sorapong Chatree,  Nukkid Boonthong, Orn-Anong Panyawong, Sitiporn Niyom, Kyoko Inoue et Keagan Kang. Réalisé par Ekachai Uekrongtham. Compositeur : Amornbhong Methakunavudh.
Durée : 118 mn. Disponible en V0 et VOST.



Résumé :
L'histoire de Parinya Charoenphol, boxeur de Muaythai, un sport de combat ultra violent, qui subit une opération chirurgicale pour changer de sexe et devenir une femme.


L'avis de Steph (Cinéasie) :
Ne vous fiez pas aux apparences, cette femme n'est pas celle que vous croyez ! Beautiful boxer est l'histoire spectaculaire d'un champion de boxe thaïlandaise, dont chacun connaît la violence et, qui n'a qu'un seul souhait, devenir une femme.
Les premières minutes du film mettent en scène un journaliste américain qui, attiré par l'histoire de Parinya "Nong Toom" Charoenphol, cherche à faire une interview de celui-ci (celle-ci) et se présente à la fin d'un spectacle de travestis à Bangkok où il a rendez-vous. Un artiste présent lui explique qu'il(elle) est parti à l'instant. Le journaliste sort du théâtre et court dans la direction de Parinya "Nong Toom" Charoenphol lorsque trois hommes lui tombent dessus et l'agressent.


Une femme vient alors prendre sa défense, et à coups de talons et de manchettes règle le compte des trois agresseurs. La femme n'est autre que Parinya "Nong Toom" Charoenphol.
Le sujet du film est intéressant car le réalisateur met en scène sur la base d'une histoire vraie, la vie d’un jeune garçon, boxeur, un sport viril et violent, qui ne souhaite qu'une chose, devenir une femme. De plus, ce jeune boxeur a une motivation que les autres n'ont pas et deviendra en plus d'être un boxeur avec rouge à lèvre, un champion de boxe thaïlandaise. Face à ses adversaires, c'est plus que la honte qui est en jeu, c'est le respect et l'honneur.


L'histoire commence dans un bar, avec le journaliste, celui-ci démarre l'interview, Parinya "Nong Toom" Charoenphol va lui raconter sa vie. Le spectateur va alors être plongé dans la vie du boxeur, depuis l'enfance du jeune garçon jusqu'à la vie d'adulte de la femme qu'il est aujourd'hui.
On comprend rapidement le conflit qui règne en Parinya "Nong Toom" Charoenphol au regard des autres enfants de son village qui sont déjà tous de jeunes boxeurs. Lui, n'apprécie pas la violence et les premiers entraînements seront assez éprouvants tant physiquement que moralement. Cependant, déterminé, "Nong Toom" a la volonté de ne pas décevoir et ses premiers entraînements et ses premiers combats seront pour lui décisifs et déterminants.


On retiendra toute la partie culturelle de ce film qui nous plonge au centre même de la Thaïlande, là où se construit l'avenir des futurs champions. Notre héros, au fur et à mesure de sa formation, va s'affirmer aussi bien en tant que boxeur que femme. On assistera alors à des combats où les querelles d'adolescents et les moqueries seront les motifs de sa motivation.
Parinya "Nong Toom" Charoenphol lit des livres de combats, maîtrise de mieux en mieux ses coups pour affiner ses techniques et devenir le meilleur, certainement pour aussi gagner le respect de ses adversaires et de son entourage.


Beautiful boxer est finalement loin d'être un film d'action et de boxe thaïlandaise comme on pourrait s'y attendre et, bien que les combats soient nombreux comme les phases d'entraînements, c'est avant tout la vie de Parinya "Nong Toom" Charoenphol que l'on suit, c'est en réalité le parcours vers sa propre identité que cherche avant tout le jeune homme. La boxe thaïlandaise n'est finalement que le moyen d'arriver là ou il le souhaite.


Beautiful boxer est aussi un film qui apprend la tolérance et le regard sur les autres, surtout dans un contexte de Muay Thai, sport violent par excellence. Ekachai Uekrongtham a souhaité mettre en scène la « vraie » vie atypique d'un boxeur dont l'identité est en désaccord avec la pratique de ce sport. Ce conflit mis à nu dans un contexte jeune est finalement violent moins par l'acte, mais par la vision d'incompréhension de son entourage. Une mise en scène évolutive où l’acteur principal, le jeune Asanee Suwan, ici dans son premier film interprète avec finesse ce rôle.
Nous vous conseillons ce film.
Pour plus d’informations :
Site officiel du film
Par Steph (Cinéasie) - Publié dans : FILMS : Les Toiles Roses
Ecrire un commentaire - Voir les 0 commentaires

Mercredi 11 juin 3 11 /06 /Juin 11:58

   


(4.22)


Vidéo (c) Zanzi


Dans la foulée de la disparition brutale de Luc Bourdon, que j’ai évoquée dans mon précédent billet, les médias locaux se sont exprimés sur le sujet et certains chroniqueurs ont livré à leur lectorat des propos fort intéressants. Celui qui m’a le plus interpellé vient de Martin Latulippe, chroniqueur à L’Acadie Nouvelle, dans l’édition de samedi 31 mai 2008, le jour où j’appris la tragédie qui s’était produite l’avant-veille. Les mots qu’il publia dans son billet provoquèrent dans ma tête ce fameux carambolage qui me remua, le soir venu, alors que j’étais seul avec moi-même et mes pensées. Pour mieux comprendre de quoi il s’agit, je me dois d’en citer verbatim les passages les plus significatifs :

« Ma réflexion est la suivante : suis-je à jour avec la vie ? Si j’avais à mourir aujourd’hui, aurais-je profité de cette journée pour dire aux gens que j’aime à quel point je les aime ? Aurais-je été satisfait de ce que je suis devenu et de qui je deviens ? Aurais-je pris le temps de remercier les gens qui m’ont aidé et ceux qui le font toujours avec tant d’amour et de générosité ?
Comment savoir quand cette journée arrivera ? Comme savoir que je ne partirai pas d’une « salope » de façon comme Luc et les jeunes qui étaient dans la fourgonnette en janvier dernier ? Impossible à savoir. Il ne me reste donc qu’à essayer le plus possible d’être à jour avec la vie. Quand j’y pense, l’idée même de partir en dette envers la vie me donne des points au cœur. Qu’est-ce qu’une dette envers la vie ? Tous les mercis qui ne sont pas exprimés, les je t’aime qui sont passés sous silence parce qu’on se dit « elle le sait », les mots d’encouragement qui ne sont pas verbalisés parce qu’on se dit « elles le savent », les petits moments magiques que l’on remet parce qu’on se dit « demain », etc.
Et vous, êtes-vous à jour avec la vie ? Avez-vous dit « aujourd’hui » aux gens que vous aimez à quel point vous les aimez ? Avez-vous serré dans vos bras « aujourd’hui » les gens que vous voulez le plus serrer dans vos bras ? Avez-vous remercié « aujourd’hui » les gens qui vous ont aidé et que vous appréciez ?
 »

J’ai lu et relu ces phrases, et n’ai pu faire qu’un amer constat : non, je n’aurais pas eu le temps de dire je t’aime aux gens que j’aime, ni merci à ceux qui m’ont aidé ; et de plus, non, je n’aurais pas été satisfait de ce que je suis devenu si j’avais à mourir aujourd’hui. En cliquant sur « rewind » et en me repassant le film de ma vie, pis qu’insatisfait, je ne me suis pas senti fier. J’ai beau me dire que toutes ces années de plus que j’ai vécues par rapport à ceux qui sont partis plus jeunes, sont des années d’expériences accumulées, qu’elles n’ont pas été vaines, je ne peux m’empêcher de songer qu’elles représentent un immense gâchis. La vie trop brève de Luc Bourdon est une symphonie inachevée ; la mienne, déjà plus longue, ressemble à un concerto qui n’aurait pas encore débuté et dont la partition, encore au stade de l’ébauche, est ponctuée de notes bleues.

 



Non, je ne suis pas à jour avec la vie. Oui, une mise à jour s’impose. Et si de la tragédie vécue par d’autres et des réflexions qu’elle inspire à des tiers surgissait l’électrochoc salvateur ? Ceux qui, comme moi, regardent en spectateur le film de leur vie plutôt que d’en être les acteurs, sont coupables et partiraient avec une dette énorme envers la vie s’ils mouraient aujourd’hui. J’avais déjà pris il y a quelques semaines la décision de réorienter ma vie et d’en faire vraiment quelque chose. L’année prochaine, je quitterai mon emploi dans le but de réaliser mes rêves et mes ambitions. Avant qu’il ne soit trop tard. Je me souviens de ce que Daniel C. Hall m’a dit un jour : « il vaut mieux regretter d’avoir fait quelque chose que de regretter de ne pas l’avoir fait ». Merci, Daniel, pour cette phrase que je n’ai pas encore mis en pratique. Merci à Martin Latulippe pour son message : la vie c’est « aujourd’hui et maintenant », pas « demain ». Et merci à toi, Luc : par ta mort, tu me montres qu’il ne suffit pas de théoriser ses rêves. La réalisation de soi n’attend pas : c’est maintenant, c’est tout de suite que cela doit se produire.

Je me suis senti redevable. Dimanche 1er juin, j’ai conduit quatre heures d’affilée pour revenir de Grand-Sault à Moncton et assister à une cérémonie commémorative animée par des anciens combattants. Je suis passé rapidement chez moi et j’ai repris la route, pour trois heures de plus, afin d’aller à Shippagan me recueillir de façon anonyme devant le cercueil de celui qui me montre l’exemple. J’ai passé dix heures sur la route ce dimanche-là. D’habitude, au bout de deux heures de conduite j’ai tendance à somnoler au volant. Curieusement, j’ai parcouru 900 kilomètres sans éprouver la moindre fatigue.

Ce soir (lundi 2 juin, il est 15h36 et au moment où j’écris ces lignes le service funèbre de Luc Bourdon se termine), en rentrant chez moi, je dirai des « je t’aime » et des « merci », et commencerai mon aggiornamento. Cela passera aussi par des petits riens, des choses que je n’aime pas faire, comme le ménage, la vaisselle, la lessive. Je commencerai aussi à planifier le calendrier de mon nouveau départ, pour être à jour au moment où je livrerai ma partition et où se joueront les premières notes de la symphonie de ma vie. Si je mourais aujourd’hui, je n’aurais encore rien donné. Je ne laisserais qu’un prélude, des poèmes jamais publiés, des chansons jamais interprétés, des scénarii jamais filmés, des œuvres à l’état d’ébauche dormant dans un tiroir, quatre saisons de Zanzi and the City et des souvenirs qui se feraient de plus en plus vagues au fil des années, avant de disparaître de la mémoire des survivants. Ainsi qu’un océan d’amour jamais dit, jamais fait. Il est grand temps que je fasse ce don, à vous qui me lisez ainsi qu’à tous les autres, car comme le dit un proverbe soufi : « ce que tu donnes est à toi pour toujours, ce que tu gardes est perdu à jamais ».

 





Lire le précédent épisode, cliquez ici.
Par Zanzi - Publié dans : HUMEUR : Zanzi and the City
Ecrire un commentaire - Voir les 5 commentaires

Mercredi 11 juin 3 11 /06 /Juin 00:44
Par Daniel C. Hall - Publié dans : VISUELS : Les affiches et pubs roses
Ecrire un commentaire - Voir les 0 commentaires

Texte Libre

Commentaires

Contact - C.G.U. - Signaler un abus - Articles les plus commentés