Darling, en voilà, un bon épisode, darling ! Forcément, je suis dedans, darling ! Do we have that kind of tiiiiiime,
darling? C'était Lucinda, darling.
« J'ai toujours aimé le sexe fort, que je trouve légitime d'appeler le beau sexe. Mes malheurs sont venus d'une société qui condamne le
rare comme un crime et nous oblige à réformer nos penchants. » Anonyme (en fait, Jean Cocteau), Le Livre blanc, 1928, tiré à 31 exemplaires pour sa première
édition.
1. La Renaissance ou le culte de la beauté masculine
Pendant la Renaissance, sous l'influence du néoplatonisme, doctrine forgée par le prêtre et humaniste toscan Marsile Ficin qui a traduit Platon en tentant de concilier le paganisme des
anciens et la morale chrétienne, promue au rang de philosophie officielle à Florence par Laurent de Médicis, alors que la loi et le discours institutionnel condamnent toujours fermement la
sodomie et autres "actes contre nature", l'amour des garçons retrouve une place de choix dans la littérature, la peinture et la sculpture. L'exaltation et la glorification du corps masculin
par Michel-Ange (1475-1564) dans la plupart de ses chefs-d'œuvre en est la plus vibrante démonstration. A Florence et à Rome, on ne peut cependant que se borner à discuter, voire à célébrer
l'amour courtois, l'adoration spirituelle et chaste d'un jeune garçon, non à pratiquer "l'amour sodomite".
Léonard de Vinci
Léonard de Vinci,Vieillard et jeune garçon se faisant face, vers 1480
Léonard de Vinci (1452-1519), artiste et scientifique de génie, est dénoncé à l'âge de 24 ans pour avoir entretenu des relations avec un
jeune homme de 17 ans, mais l'affaire est classée par manque de preuves. Plus tard, il prendra sous son aile dès ses 10 ans le jeune Gian Giacomo Caprotti qui restera auprès de son maître
pendant 25 ans jusqu'à son départ en France. Sa discrétion quant à sa vie privée, l'absence de femme à ses côtés et surtout quelques œuvres de Léonard, telles que l'Allégorie du plaisir
et de la peine, le Vieillard et jeune garçon se faisant face ou le Saint-Jean Baptiste (1513) laissent supposer ses inclinations affectives.
Michel-Ange, quant à lui, n'a jamais fait mystère qu'il ne vivait que pour ses passions et qu'elles consumaient sa vie et son œuvre :
"Aime, brûle, car quiconque meurt n'aura point d'ailes pour gagner le ciel", écrit-il. Amoureux du beau, amoureux du corps masculin et amoureux de nombreux garçons, ses sculptures,
peintures et dessins tout comme ses poèmes scandent avec une puissance divine la force du désir. Du célèbre David (1500), devenu l'icône gay par excellence, à l'Esclave
mourant (1515), en passant par les 20 Ignudi qui ornent les plafonds de la Chapelle Sixtine (1508-1510), l'artiste célèbre sans relâche dans son œuvre la beauté humaine,
reflet de la beauté céleste.
Michel-Ange
Michel-Ange,David, 1500
Michel-Ange,Esclave mourant, 1515
En 1532, il rencontre le jeune Tommaso de Cavalieri, un jeune noble romain d'une infinie beauté dont il tombe éperdument amoureux et pour
qui il écrit plus de trois cents sonnets, sonnets qui sont publiés modifiés bien après sa mort par son petit-neveu en 1623, en pleine Contre-Réforme, le pronom "elle" ayant remplacé le
"il". Il faut attendre 1863 pour que les originaux puissent être imprimés pour la première fois. Ainsi, pour satisfaire aux exigences pudibondes d'une société intolérante et castratrice,
les Sonnets ont véhiculé une fausse image des amours de Michel-Ange pendant près de 250 ans. Il n'en demeure pas moins que les fresques et les sculptures du génie florentin ont
toujours été là et continueront à l'être pour témoigner de sa passion de la beauté des garçons.
Michel-Ange,Ingudo, Chapelle Sixtine, 1510
Un autre moyen de révéler son orientation homoérotique est de la rattacher à des célèbres mythes culturels. L'exemple le plus fréquent
est certainement le rapt de Ganymède par Zeus, représenté par d'innombrables artistes, dont Michel-Ange. Ganymède, il en est fait mention plus haut, qui servait aussi à désigner l'amant
plus jeune dans une relation pédérastique, et qui est employé comme référent homosexuel par des auteurs comme William Shakespeare (1564-1616) ou Christopher Marlowe (1564-1593), deux
auteurs incontournables, qui, dans le théâtre comme la poésie (voir les Sonnets), pour le premier, et notamment dans sa célèbre pièce sur Edward II d'Angleterre, pour le second,
thématisent l'homosexualité. On retrouve également d'autres mythes sur lesquels divers artistes arriment une volonté d'exprimer une sensibilité homosexuelle, tels que Apollon et Hyacinthe,
Achille et Patrocle, Hercule et Acheloüs, Narcisse, ou encore Saint Sébastien, élevé aujourd'hui encore au rang de symbole gay.
Un peu plus tard, à l'aube de l'âge baroque, les tableaux à la sensualité provocante de Michelangelo Merisi, mieux connu sous le nom de
"Caravage" (1571-1610), se démarquent du néoplatonisme du début de la Renaissance. Sans vergogne, Caravage expose avec crudité le désir masculin à travers les corps aguicheurs de ses jeunes
modèles romains. Dans son Narcisse (1496), le Joueur de luth (1596), le Jeune garçon mordu par un lézard (1597), mais aussi le Jeune garçon avec un
bélier, entre autres peintures, la sensibilité homophile est exprimée plus qu'ouvertement. L'Amour vainqueur (1602), reproduit ci-contre, révèle un violent érotisme en mettant
en scène un ange à la sexualité incarnée qui foule aux pieds les symboles de la guerre, de la musique et de la littérature. Cette représentation rompt avec la tradition des anges asexués et
laisse voir sans ambiguïté les fantasmes pédophiles du peintre.
Caravage, Amour Vainqueur, 1598
Calvin
2. La Réforme protestante et les guerres de religion
Lorsque la Réforme protestante s'installe, au fil des XVIe et XVIIe siècles, Martin Luther ne manque pas d'accuser le clergé catholique
de s'adonner à la sodomie dans son Avertissement aux chers Allemands, paru en 1531. La suspicion d'homosexualité est employée pour discréditer ses opposants, à l'image des
Cathares, appelés parfois aussi "bougres" ou "bougerons", ou des Templiers, qui ont fait quelques siècles auparavant l'objet des mêmes accusations, tout comme le Pape Boniface VIII, que
Philippe le Bel fait passer pour un hérétique et un sodomite, les protestants anglais qui discréditaient les papistes en référence au célibat des prêtres, ou encore le Genevois Théodore
de Bèze, contre qui est menée une campagne de diffamation de la part des catholiques, qui se basent sur ses poèmes de jeunesse pour lui reprocher une supposée homosexualité.
A la même époque, en 1532, l'Empereur Charles Quint promulgue le premier code pénal du Saint Empire Romain-Germanique, dont l'article 116
stipule que tous ceux qui "s'adonnent à la luxure", humain avec animal, homme avec homme, femme avec femme, doivent être brûlés, alors que les Pays-Bas eux aussi punissent la sodomie de la
peine capitale. Et dans la Genève de Calvin, les "actes contre nature" sont sévèrement réprimés : ainsi, entre 1555 et 1670, dans la Rome protestante, on recense plusieurs exécutions
d'hommes et de femmes pour ce motif, par décapitation, pendaison ou noyade.
Les guerres de religion font rage en Europe. Henri III (1551-1589), Roi de France dès 1574, tente un temps de concilier catholiques et
protestants par une politique de tolérance, mais sans succès. Ce qui ne l'empêche point de profiter sans retenue de sa vie privée et d'afficher son homophilie de manière outrancière.
Incapable de donner un héritier au trône, entouré d'une cour de "mignons" qui suscite moult railleries, il ne donne guère l'image du roi que son entourage attend. Pierre de L'Estoile,
rédacteur du Journal pour le règne d'Henri III (1576), décrit ainsi ces favoris qui ne font que soulever l'indignation du peuple et des hautes sphères du pouvoir : "Le nom de
mignons commença en ce temps à trotter par la bouche du peuple, auquel ils étaient fort odieux, tant pour leurs façons de faire qui étaient badines et hautaines, que pour leurs fards et
accoutrements efféminés et impudiques, mais surtout pour les dons immenses et libéralités que leur faisait le roi, que le peuple avait l'opinion d'être la cause de leur ruine (…) Ces beaux
mignons portaient leurs cheveux onguets, frisés et refrisés par artifice, remontant par-dessus leurs petits bonnets de velours, comme font les putains de bordeau. (…) Leurs exercices
étaient de jouer, blasphémer, sauter, danser, volter, quereller et paillarder, et suivre le roi partout et en toutes compagnies, ne faire, ne dire rien que pour lui plaire."
Henri III
Dans l'aristocratie, comme dans toute position dominante, des relations homosexuelles pouvaient être tolérées dans le cadre d'une
sexualité où le maître choisit son partenaire, fille ou garçon, pour autant que ce dernier s'apparente au sexe faible et qu'il soit dominé tant socialement que physiquement. Ainsi, de
jeunes prostitués, pages, valets ou apprentis étaient souvent l'objet du plaisir des seigneurs, des maîtres artisans, des membres du clergé ou des artistes. Il faut aussi relever que les
relations sexuelles entre jeunes gens, apprentis, moines ou domestiques, étaient fréquentes et rendues possibles par une certaine promiscuité, tout comme par la difficulté d'accéder aux
femmes avant le mariage.
3. L'inlassable chasse aux
sodomites
Il n'en reste pas moins que les pulsions homosexuelles, tant dans leur expression artistique que dans le quotidien des villes et des
campagnes, sont confinées au secret et ne doivent jamais être nommées comme telles, au risque de s'exposer aux sanctions pénales. La société chrétienne et patriarcale ne peut en effet
tolérer qu'on vienne ébranler les valeurs sur lesquelles elle repose. La chasse au sodomite poursuit inlassablement son cours : tout au long du XVIe et du XVIIe siècle, on recense des
centaines de condamnations au bûcher à travers toute l'Europe, de la France à l'Italie, en passant par l'Allemagne, l'Espagne, l'Angleterre ou l'Irlande. Le phénomène gagne même les
colonies : en 1636, la colonie de Plymouth (dans le Massachusetts actuel) édicte une loi qui condamne la sodomie par le bûcher. Les autorités portugaises font de même au Brésil en
1646.
4. Le siècle des Lumières et l'émergence de la morale bourgeoise
Le XVIIIe siècle voit apparaître une nouvelle figure de l'homosexuel : le libertin flamboyant et efféminé. Graduellement, la sodomie est perçue comme un "goût" plutôt qu'un vice, même s'il
demeure sujet à railleries et constitue toujours une menace pour la cellule familiale façonnée par la nouvelle morale bourgeoise. Selon le lieutenant de police Lenoir, on recenserait à
Paris, qui comptait à cette époque 600'000 habitants, plus de 20'000 sodomites autour de 1730, et selon d'autres sources policières, 40'000 quelques années plus tard. Des assemblées de
cette étrange confrérie se réunissent dans les cabarets du faubourg Saint-Antoine, et les rencontres nocturnes au Jardin des Tuileries ne sont un mystère pour personne. De l'autre côté de
la Manche, à Londres, les "molly houses" bourgeonnent dans le quartier du parc Saint James. Dans ces lieux, on boit, danse, drague ou parodie le monde "normal". Se positionnant délibérément
en marge de la société, ces intrépides messieurs se réapproprient les injures populaires, parlent au féminin ou se font appeler "tante" ou "madame".
Les "molly houses", lieux de rencontres libertines typiques à Londres
Si l'on assiste encore à quelques exécutions de sodomites Place de la Grève à Paris, leur nombre diminuera au gré de l'avancée du siècle,
les dernières, celles qui virent périr Jean Diot et Bruno Lenoir, étant signalées en 1750. A partir de 1730, l'usage du vocabulaire reflète un tournant : on parle de moins en moins de
"sodomite" et de plus en plus de "pédéraste" et surtout d'"infâme", ce dernier terme étant en France celui qu'on retrouve dans les rapports de police. Le "crime contre Dieu et la nature" se
banalise progressivement et rejoint la liste des autres délits. La philosophie des Lumières gagne du terrain au détriment de l'Eglise. Voltaire (1694-1778), dans l'article sur l'amour
socratique de son Dictionnaire philosophique (1764), trouve des excuses à la pédérastie, mais affirme néanmoins que c'est "une loi qui anéantirait le genre humain si elle était
appliquée à la lettre".
Voltaire (1694-1778)
Jean-Jacques Rousseau (1712-1778), de son côté, narre dans ses Confessionspar deux fois
son horreur devant les avances d'un garçon. Une attitude qui, aux côtés de sa vénération de la famille chrétienne, cautionne ainsi d'une certaine manière l'ordre bourgeois. Diderot
(1713-1784), quant à lui, confesse que "tout ce qui est ne peut être ni contre nature ni hors nature" dans un texte posthume. Le "vice" tend donc à se désacraliser au profit d'une nouvelle
morale bourgeoise, familiale, sociale et scientifique, dont les philosophes des Lumières sont les principaux promoteurs, Rousseau en tête. Une nouvelle éthique qui ne va pas pour autant
conférer aux hommes épris des hommes une liberté plus grande en matière de sexualité, la répression morale continuant de sévir, même si, comme nous allons le voir, la Révolution française,
dans un mouvement pionnier en Europe, va décriminaliser les actes sexuels entre personnes du même sexe.
Jean-Jacques Rousseau (1712-1778)
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NOTA BENE: les ouvrages utilisés pour ce travail sont répertoriés dans la bibliographie
Ce travail est l'oeuvre de Stéphane Riethauser. Il sera publié en 10 parties sur le blog Les Toiles Roses avec
son autorisation. Qu'il en soit chaleureusement remercié. Stéphane est joignable sur le site de lambda éducation.
[A propos de la Gay Pride]« (…) lorsque des chars défilent
dans la rue en étant accompagnés de musique, c’est toujours l’ordre établi qui se met en scène. Qu’à l’occasion de la gay pride plumes dans le cul et techno remplacent uniformes et musique
militaire n’est finalement qu’un détail et d’ici quelques années on aura de la peine à distinguer la pride du défilé du 14 juillet ; et c’est d’ailleurs déjà le cas diront
les mauvaises langues.(…) »
« (…) J’ai aussi toujours pensé que le « mouvement gay » était un moyen et non une fin, un moyen parmi
d’autres (l’immigration notamment) de liquider la culture occidentale et la culture tout court. Que la majorité des homosexuels et la minorité des petits roquets de la gaystapo soient conscientes
ou non du rôle qu’on leur fait jouer n’a finalement aucune importance. »
À peine rentré de Paris où je venais de redécouvrir l’amour auprès d’Andréa,
je dus accueillir avec ma mère une partie de ma famille paternelle que je ne connaissais pas. Prisonnier en Silésie durant le dernier conflit mondial, mon oncle A. y laissa un souvenir dans les
entrailles d’une jeune polonaise. De leur amour bref et intense naquit un fils qui ne connut jamais son père, lequel fut à jamais séparé de son héritier par le rideau de fer qui en 1945 coupa
l’Europe en deux.
Plus tard, dans les années cinquante, oncle A. épousa l’ancien béguin de l’un de ses jeunes frères, l’oncle L., qui fut, lui aussi, une victime
de la Deuxième Guerre mondiale. Il mourut des suites d’un bombardement, vidé de son sang par un éclat d’obus, durant la Bataille de Normandie, alors qu’il rejoignait sa petite amie. Celle-ci fut
à jamais blâmée par ma grand-mère qui n’assista jamais au mariage précité. Cette union fut sans postérité. Au même moment, du côté du Pacte de Varsovie, un cousin inconnu était élevé par sa mère,
mariée elle aussi à un homme qui ne lui fit pas d’autre enfant. C’est ainsi qu’il demeura fils unique.
L’histoire du fils caché de mon oncle A. fut le secret de famille qui hanta régulièrement les conversations des tantes. Le cousin P. était en
quelque sorte notre Mazarine Pingeot. Mais, de lui, nous ne connaissions ni le nom ni le visage. Ce n’est qu’au tournant du millénaire que sa fille aînée, après de nombreuses années de
recherches, finit par retrouver la trace de la famille de son grand-père. Le contact fut noué et un pont jeté entre la France et la Pologne, bien avant que ne se pose la question des plombiers
sexy toujours prêts à venir réparer nos tuyauteries défectueuses.
Tous mes oncles et tantes paternels étant passés dans un monde meilleur (la dernière douairière de sa génération rendit son dernier soupir il y
a un an), mon père, fringant octogénaire, se trouve être l’ultime représentant des enfants de ses parents. L’aînée de mes cousines germaines est plus âgée que ma mère, et trente-sept ans la
sépare de mon frère sur la même ligne généalogique. À la ligne suivante, quarante-neuf ans séparent la fille aînée de cette cousine de ma nièce âgée de 21 mois. J’ai donc préparé un Who’s Who de
la famille Zanzi pour que chacun puisse se retrouver dans les méandres de la descendance de mes grands-parents paternels. La réunion des branches séparées par les affres de l’Histoire donna lieu
à un grand moment d’émotion.
Un autre secret fut révélé à l’occasion de l’anniversaire de mariage de mes parents : le conjoint de mon cousin C. de Montréal faisait ses
débuts officiels dans la famille. « Cushion » (car une fois il avait écrit « coussin » au lieu de « cousin ») créa lui aussi l’événement, si l’on peut dire.
Non-événement pour une grande partie de la famille qu’il nous fait plaisir de constater moderne et ancrée dans son époque, à l’exception notable d’un cousin par alliance, pas réellement méchant
mais exemple typique du beauf attardé que cette « bombe » pétrifia. Il se trouve être le mari de la vieille cousine précitée. Le plus drôle dans cette affaire est que ce vieux hâbleur
autrefois expert en rodomontades mais dorénavant usé n’hésitait pas à déclarer à son gendre (un mec adorable et super-friendly) : « Moi, les pédés, je les sens à deux kilomètres ».
Aussi pouvons-nous penser que sa propre vanité en a pris un coup lorsqu’il a découvert qu’il s’était trompé sur toute la ligne pendant des années.
Le terrain est désormais pavé pour que je puisse, à mon tour, annoncer un jour une relation stable et épanouissante. Bien qu’officiellement
célibataire à la date de cette réunion familiale, tout me laisse penser qu’à l’exception notable de la cousine et de son époux beauf, le secret qui m’entoure n’en est déjà plus un.
Un billet d'humeur d'Isabelle B. Price, d'Univers-L
Mentir c’est mal, on vous a tous élevé en vous endoctrinant de la sorte je suppose. En tout cas, c’est ce que mon père et ma mère ont fait et
extrêmement bien je dois l’avouer. Encore un de ces préceptes judéo-chrétiens à la mords-moi-le-nœud. Et mes parents m’ont d’ailleurs tellement répété cette maxime qu’ils ont fini par me rallier
à leur club. Et pourtant, je travaille à apprendre à mentir. Je vous assure.
Enfin bon, bref. Ce jour maudit où j’ai une nouvelle fois désespéré de ne pas savoir mentir est arrivé. Non pas qu’il y a eu mort d’homme, loin
de là d’ailleurs. Mon ego a simplement pris un sacré coup au point de vaciller.
Le lieu du délit : ma ville natale perdue au cœur des volcans d’Auvergne, la date : le lendemain du 14 juillet, l’heure : le
milieu de l’après-midi… Le reste, on s’en fout. De ces détails aussi d’ailleurs on se moque, mais ça fait croire que je vais parler de quelque chose d’important.
Donc j’aide ma mère à faire les courses au supermarché. Vive les vacances en famille. Je cible le produit sur la liste, je repère le rayon, je
localise mon objectif et je fonce. Ma mère se plaint très vite que je suis très rapide et concentrée, trop efficace même au point qu’elle ne peut pas s’arrêter et flâner dans son rayon préféré
des sous-vêtements. Je fais la fille qui n’entend pas. On n’est pas là pour traîner non plus. On fait les courses. C’est chiant de faire les courses. Plus vite on aura fini, plus vite on sera
rentrées.
Le caddie™ est bientôt plein et nous nous dirigeons vers les caisses. On se faufile dans la queue et l’attente débute. Le problème des petites
villes, je ne le dirais jamais assez, c’est l’incroyable capacité que vous avez à connaître au moins une personne lorsque vous patientez bêtement quelque part. Chez moi, je ne patiente jamais
bêtement. Mais chez mes parents, tout le temps. Et ça n’a pas manqué : qui se trouve dans la file juste à côté de nous ? La voisine.
Notre gentille voisine s’approche et nous fait claquer la bise. Le sujet des vacances arrive rapidement sur le tapis et j’explique que j’ai une
semaine de repos. Trop long d’expliquer que l’hôpital public refusant de me payer mes heures supplémentaires préfère me donner des jours quand ça l’arrange pour faire baisser un compte d’heures
sup’ qui aurait la capacité de relancer l’économie française mais de ruiner le gouvernement par la même occasion. Donc, j’ai une semaine que je passe ici.
On ne s’extasie pas sur mon travail, il est pas gai mon travail. On préfère s’extasier sur la petite fille de la voisine. Et oui, c’est pas
tous les jours qu’on est grand-mère. Donc la conversation glisse gentiment sur ce sujet agréable. Ma mère s’émerveille tendrement. Je sais un peu ce qu’elle pense de l’homoparentalité et c’est
pas folichon. En même temps, comme je n’ai pas non plus d’avis arrêté, on évite d’en parler. Et puis de toute manière, on n’en est pas encore là !
Donc au moment de nous quitter, parce que décidément la file avance, la voisine se tourne vers moi et me pose la question. Vous savez, LA
question.
Non, pas cette question-là. Non, elle ne me demande pas si j’ai un petit ami, celle-là est réservée à ma tante. Non, elle ne me demande pas si
j’ai un fiancé, celle-là elle est réservée à ma grand-mère. Non, elle ne me demande pas si je vais avoir un bébé, celle-là elle n’est pas encore réservée, je suis trop jeune.
Non, en fait elle ne m’a pas posé la question qui désespère à chaque fois que l’on croise quelqu’un dans la rue qui ignore que vous faites
partie de la grande famille des homos célibataires et fiers de l’être. Non, elle m’a posé LA question débile que je voulais éviter, tellement j’avais honte de moi.
« Qu’est-ce qu’il t’est arrivé au bras ? »
Ben oui, j’avais un bandage en bas du biceps, juste au-dessus du pli du coude, qui faisait le tour de mon bras.
Là mes amis, je n’ai rêvé que d’une chose. Savoir mentir. J’ai hésité une fraction de seconde. Une demi seconde. Que pouvais-je
répondre ?
Une balle perdue en sortant de la banque. J’ai eu chaud, c’est pas passé loin. On n’en a pas parlé à la télévision parce qu’il y a des otages,
donc il ne faut pas paniquer les ravisseurs. Ou alors une morsure de serpent. On a évité l’hospitalisation de justesse, le bras c’est près du cœur. C’était pendant une randonnée, un serpent est
tombé d’une branche pile sur mon biceps. Pas le temps de réagir. Ou alors un coup de couteau dans la rue en voulant aider une vieille dame qui se faisait voler son sac. Ou alors un tatouage et
dans la foulée, je fais mon coming-out, ça paraîtra crédible avec la montre de mec, le bracelet de force et le débardeur. Oui… mais maman va me tuer.
Aucune de ces hypothèses ne parvenant à me convaincre, je me suis vue dire la vérité. Et la vérité, elle n’est pas à mon avantage du
tout.
« Je me suis brûlée avec la plaque du four en sortant ma pizza surgelée. »
Regard interrogateur de la voisine. Le même que celui de ma mère quand elle a su. Parce que se brûler à ce niveau-là en sortant une pizza, faut
le faire. Sourire désolé de ma part et tentative de justification.
« J’ai pas compris non plus. Mon bras était au milieu. Il traînait là je ne sais pas comment. »
Éclat de rire de la voisine. Au moins ça l’a fait rire. Ma mère me regarde, désespérée. Et moi, j’ai simplement pensé que dans moins de deux
semaines j’allais avoir 25 ans et que j’ai intérêt à apprendre à mentir un minimum si je veux pouvoir sauver la face. Non parce que là, ce genre de raison, ça ne va jamais passer.
Alors si vous me le demandez, je me suis accrochée à un clou rouillé pendant les travaux de mon appartement. Pas grand-chose mais comme j’étais
en plein mouvement, ça a pas mal entaillé la peau. J’en ai bien pour deux semaines de bandage.
Et pendant qu’on y est, l’homme idéal, je le cherche, je le cherche, je fais que ça de le chercher…
Avec Alex Briley, David Hodo, Glenn Hughes, Randy Jones, Felipe Rose, Bruce
Jenner, Valerie Perrine, Steve Guttenberg, June Havoc, Barbara Rush, Jack Weston, Leigh Taylor-Young, Paul Sand, Tammy Grimmes et Altovise Rush. Réalisation : Nancy Walker. Scénario : Allan
Carr & Bronte Woodward. Musique : Jacques Morali. Directeur de la photographie : Bill Butler. Durée : 124 mn. Disponible en VO, VOST et VF.
L'avis du siteNanarland(repris avec leur sympathique autorisation) :
Can’t Stop the Music : c’est la comédie musicale disco des Village People !Y a-t-il vraiment besoin d’une chronique après avoir dit ça !
Si ? Oh ben, vous êtes exigeants vous, rien que le concept se suffit à lui-même, non ? Bon O.K alors… Eteignez les lumières, allumez les
spots, ressortez la boule à facettes ! La fin des années 70. l’insouciance, les Ray Bans, les moustaches, les synthés rutilants, le melting-pot triomphant, la San Francisco Touch,
le sexe sans SIDA. En un mot "The Village People" (oui je sais, ça fait trois mots…). Dans la grande vague des films disco qui ont inondé les écrans suite au triomphe de La Fièvre du samedi soir, Jacques Morali,
créateur-producteur du groupe, s’est dit que c’était le bon moment pour lancer un véhicule apte à propulser les Village au firmament du succès cinématographique. Une biographie romancée de ses
poulains, pleine de musique et de couleurs, où des p’tits gars sympas et positifs, tout juste sortis des bas-fonds dans leurs défroques de carnaval, se lancent à la conquête du monde. Les
années 80 naissantes portaient la promesse de tous les possibles. La planète déboussolée n’attendait que ça, et s’offrirait sans retenue à ces messies de la joie, de l’amour universel et de
l’ambiguïté sexuelle. Tiens, c’est bien simple, à la pensée de tous ces billets verts qui n’allaient pas manquer de pleuvoir sur ce succès obligé, Morali en avait presque les larmes aux
yeux…
Manque de bol, arrivé après la retombée de la fièvre disco aux States, distribué au même moment que Xanadu et BIM
Stars, écharpé par la critique, récoltant les razzie awards du plus mauvais film et du plus mauvais scénario, le film se ramassa sévère au box-office. Il y eut bien une tentative pour
sortir ce film en France, sous le nom Rien n'arrête la musique (merci à tous les forumers qui nous ont indiqué cette sortie) mais elle se solda vite par un bide tout aussi
retentissant. Autant dire qu’après ça, Morali enterra la pelloche au fond du jardin et s’empressa de l’oublier, au grand désarroi des fans français qui ne virent jamais arriver en VHS cette
fantaisie musicale, budgétée tout de même à 15 millions de dollars de l’époque (soit à peu près le budget de Mega Force et le double du premier Star Wars). On a longtemps pensé qu’on ne reverrait jamais ce film, mais le goût du kitsch étant ce qu’il est, une édition DVD française, reprenant le
titre original, est venue rattraper ce manque. Et à la vision du résultat final, on se dit que c'eut été vraiment dommage de rater ça ! Nous voici donc à New York, dans le Greenwich Village de 1980. Un endroit fun où tout le monde est beau, a le sourire et est toujours
vaguement artiste. Un coin où on fait du patin à roulettes dans la circulation en chantant à tue tête, où personne ne se retourne quand vous vous baladez dans la rue déguisé en indien, où on
rentre dans les appartements par les fenêtres (ouais, c’est New York quoi !) et où le risque principal est de se faire braquer au coin de la rue par une vieille dame. Nous rencontrons Jack
Morell, un jeune compositeur bourré de talent qui cherche à monter le groupe de disco ultime pour mettre en valeur les chansons forcément géniales qu’il compose dans son coin. Morell partage un
appartement avec Samantha, une top modèle adulée par sa profession mais qui a décidé de prendre sa retraite pour, tu vois, faire un peu le point sur le sens de sa vie. Justement, Samantha
connait Felipe, un super danseur qui travaille dans une boîte déguisé en indien… Trouver d’autres gars bien typés pour renforcer le projet ne devrait pas être bien difficile…
New York en 1980. Un monde insouciant et léger...
Reste à financer une démo et alpaguer un producteur… ou à défaut de trouver un pigeon… un brave gars avec un peu d’argent qui pourrait
investir quelques dollars dans l’opération. Samantha va donc se mettre à vamper Ron, un jeune banquier sympa mais un peu coincé (il vient du Midwest) qui peut leur ouvrir les portes des
studios. Bon, soyons honnêtes, l’histoire n’a rigoureusement aucune importance, c’est un biopic totalement idéalisé du groupe qui fut, rappelons-le,
un des premiers « boys band » préfabriqué de l’histoire. En effet, Jacques Morali construisit littéralement le groupe comme un concept, recrutant la plupart des membres par casting, composant
toutes leurs chansons avec son complice Henri Belolo et accentuant volontairement l’imagerie gay du groupe pour accroître son aspect vendeur (alors que la plupart des membres du groupe ne le
sont pas).
Les Village People babies...
Contrairement à ce qu’on pourrait penser au départ, les Village People en eux-mêmes ne constituent pas l'élément le plus nanar du film.
Acteurs très limités, ils ne sont paradoxalement pas mis au premier plan ici, et apparaissent surtout pour se lancer dans des numéros musicaux délirants sur lesquels nous reviendrons car ils
sont véritablement le clou du film. Si l’indien, l’ouvrier et le motard en cuir ont droit à des scènes à eux, voire à leur chanson solo, le soldat, le cow-boy et le policier (pourtant le
chanteur du groupe) sont, eux, curieusement plus effacés. Jacques Morali, véritable patron du projet, a-t-il eu peur d’effrayer le public familial avec six personnages incarnant les plus
flamboyantes caricatures de l’homosexualité ? Assez probable, puisqu'il noie le poisson avec les vrais héros qui sont incarnés par le trio beaucoup plus straight Jack/Samantha/Ron. Voulant
ménager la chèvre et le chou, le film baigne finalement dans une ambiguïté sexuelle permanente à l'imagerie homo très très appuyée sous couvert de film consensuel.
Une imagerie gay vous dites ? Non, on ne peut pas faire plus viril...
Témoin cette scène über-hétéro qu'est la chanson de l’ouvrier en bâtiment, pourtant outrageusement typé gay, et qui se la joue super macho au
milieu de girls lascives.
Jack Morell, le personnage joué par Steve Guttenberg, n’est autre qu’une réinterprétation fantasmée de Jacques Morali lui-même. Personnage
curieux, qui donne une idée de l’égo du producteur. C’est un génie musical totalement asexué dans le film, véritable moine-soldat du disco, qui ne pense et vit que pour créer le groupe musical
parfait. Plus rigolos sont les personnages de Samantha et Ron dont le vaudeville hétérosexuel prétexte donne lieu a des scènes grotesques et parfaitement graveleuses que n’aurait pas reniées un
Philippe Clair, à base de pantalon sur les chevilles ou de robes coincées dans une braguette.
Samantha est surjouée d’une façon parfaitement horripilante par l’ex playmate Valerie Perrine, (le rôle avait été proposé à Olivia Newton-John, qui préféra tourner dans Xanadu. Entre la peste et le choléra…) qui se retrouve mise en avant comme caution féminine d'un film qui
pourrait paraître trop "gay friendly". Quand à Ron, il est interprété par Bruce Jenner, un ancien athlète au jeu limité mais qui porte très bien le body moulant coupé à ras le
nombril.
De l'humour fin.
Des personnages pas caricaturaux...
Des T-shirts estampillés "Bruce Baron approved".
Le film est inégal, les scènes de comédie s’avérant assez vite gavantes à force de nunucherie et d’humour pas drôle. Le film fait quand même
ses 2 heures et n’est pas toujours d’un niveau de crétinerie constant, avouons-le. Ainsi le final, qu’on aurait pu espérer grandiose eu égard à la tartignolerie des numéros musicaux précédents,
n’est qu’un bien trop sage concert géant où les Village People peuvent faire triompher leur talent enfin reconnu. Heureusement (et c’est tout le moins dans un film musical), le film se lâche
dans ses autres numéros chantés absolument déments, tel celui de l’audition où le motard en cuir, à genoux sur une table, se lance a capella dans un vibrant chant irlandais.
Oh Kenny Boy, the Pipes, the Pipes Are Calling...
Le sel de Can't Stop the Music réside également dans la débauche de sous-entendus gays et, plus largement, sexuels qui parsèment le
film. J'en tiens pour preuve cette scène de folie où les Village sont embauchés pour tourner un clip promotionnel pour le lait. Vêtus de costumes blancs, entourés de danseuses et de bouteilles
de lait bien phalliques, ils papillonnent autour d'une Valerie Perrine alanguie dans un verre de lait géant, avant, lancés dans leur chorégraphie, de littéralement prendre leurs showgirls par
derrière ! Au final, après un crescendo orgasmique, tout explose dans un lâché de ballons blancs où ils entourent enfin leur amie rayonnante. Faut être sacrément aveugle pour ne pas voir la
métaphore d’une éjaculation géante, avec nos 6 amis dans le rôle des spermatozoïdes et Valerie en ovule languissant.
Le pompon est atteint avec la reprise de YMCA (le seul de leurs succès réutilisé dans ce film, le reste des morceaux ayant été composé pour
l’occasion), qui se déroule dans un club de sport pour hommes où la réalisatrice ne se donne même plus la peine de cacher les sous-entendus gays. C’est une avalanche de plans d’éphèbes sous la
douche, d’athlètes au ralenti le muscle tendu par l’effort, de lutte gréco-romaine en gros plan, de ballets nautiques, de scènes en jacuzzi… On n'avait plus vu un tel culte du corps sportif
masculin depuis Leni Riefenstahl ! On en a profité pour inclure un petit extrait vidéo qui devrait vous
donner une idée de l’énormité de la chose…
Autant dire que dans son genre, voilà un film qui fleure bon l’insouciance et la folie de la fin des années 1970. Si le résultat final sombre
dans un ridicule achevé, les Village People n’en sortent eux que plus funs et sympathiques. Alors comme ils continuent toujours à tourner sur scène ou dans les discothèques (même si certains
membres du groupe ne sont plus ceux d’origine), n’hésitez pas à vous faire dédicacer le DVD à leur prochain passage dans votre Macumba local !
En 313, le christianisme devient religion d'Etat sous l'empereur Constantin. A partir de ce moment, les relations entre hommes vont être condamnées de manière grandissante. S'appuyant sur
certains textes religieux, et soucieux de redresser la moralité d'une société jugée dégénérée, le pouvoir ne tarde pas à réprimer la "débauche". En 342, les lois de Constance et Constant
prévoient la castration des homosexuels passifs. Les relations entre hommes prennent le statut de "crime contre la dignité humaine", puis de "crime contre nature" notamment sous l'influence
de Saint-Augustin (354-430). Enfin, les lois appliquées sous les règnes de Théodose (379-395) et de Justinien (527-565), sont les premières du genre à prévoir le bûcher pour de tels
actes.
La chute de l'Empire romain et la montée en puissance du christianisme sanctionnent une révolution dans l'histoire des relations entre hommes : à la différenciation entre rôles actif et
passif, entre chasteté et non-chasteté, entre romantisme et absence de romantisme, se substitue, sans la nommer comme telle encore, la différenciation entre hétérosexualité et
homosexualité, qu'il ne faut pas omettre de replacer dans une période d'instabilité politique, économique et sociale avec les invasions barbares, et de lire à travers l'attitude sociale
toujours plus suspecte à l'égard de la sexualité et de l'érotisme en général, la morale chrétienne s'opposant de manière virulente à l'hédonisme gréco-romain.
2. Les condamnations bibliques
Dans l'Ancien Testament, certains passages condamnent sans réserve les pratiques homosexuelles, à commencer par le livre IX de la Genèse dans lequel la ville de Sodome est détruite
par un déluge de feu, parce que ses habitants avaient hébergé deux anges à l'apparence de garçons, ou dans le Lévitique, qui fixe la loi : "L'homme qui couche avec un mâle comme on
couche avec une femme, tous deux ont fait une abomination, ils seront mis à mort, leur sang est sur eux." (XX, 13). On ne recense aucun passage où Jésus condamne ces pratiques, le
Christ étant plutôt ouvert et tolérant à l'égard des péchés sexuels.
Constantin
Précisons que les condamnations bibliques sont appliquées avec plus ou moins de circonspection selon les régions et les périodes, encore
que les données exactes font souvent défaut quant au nombre de poursuites réellement engagées, ce à quoi il faut ajouter que les textes condamnent tout aussi fermement d'autres
comportements, tels que la consommation de porc ou de lapin, certains modes vestimentaires ou la coupe des cheveux et de la barbe. Comme c'est le cas à toutes les époques, le pouvoir opère
une sélection dans les textes pour réprimer ce qu'il considère comme nuisible. L'argument principal contre les comportements "déviants", au-delà de la simple et formelle condamnation
biblique, était qu'ils ne menaient pas à la reproduction, menaçaient l'ordre public, la jeunesse, la survie de la famille et de la civilisation. S'adonnant à des actes "contre nature" --
argument à la consonance implacable quoique ne reposant sur rien de concret, repris de nos jours encore à tort et à travers --, bouc-émissaires de choix au même titre que les Juifs, les
homosexuels sont tenus pour responsables des maux de la société. Le sodomite, qui remet en cause l'ordre "naturel" créé par Dieu, commet un sacrilège : en bouleversant la hiérarchie des
rôles et des genres, il met en danger l'ordre social. En outre, d'autres facteurs pouvaient engendrer une répression accrue de l'homosexualité, telle que la panique morale liée aux
épidémies de peste, comme ce fut le cas à Venise, où au milieu du XIVe siècle, la sodomie apparaît comme le crime le plus grave.
Jésus-Christ et Saint Jean.
Allemagne, vers 1320. Cette représentation très sentimentale de l'amitié entre Jésus et un jeune Saint Jean évoque les amitiés passionnées communes aux moines
du Moyen-Âge et la vision romantique d'auteurs comme Saint Aelred de Rielvaux
3. La culture homoérotique refait surface
Globalement, de la fin de l'Empire romain au XIIIe siècle, la répression est présente mais inégale en Occident. Parenthèse porteuse d'ouverture, on assiste, entre les Xe et XIIe siècles, en
contrepoint à une urbanisation croissante, à la reprise du commerce, et à l'ouverture d'universités dans de nombreuses régions européennes, à une réémergence d'une certaine culture
homoérotique. L'amour courtois existe aussi entre hommes, comme en témoigne la littérature chrétienne de l'époque (cf. Saint-Anselme, Saint-Bernard de Clairvaux, Saint-Aelred de Rielvaux,
ou l'évêque Marbod de Rennes de l'école de Chartres, dont les poèmes vantant l'amour entre hommes sont diffusés en Europe), et plusieurs papes et hommes de pouvoir renoncent à poursuivre
les actes homosexuels (cf. Synode de Latran 1059, Concile de Londres 1102, Décret de Gratien 1140). A l'époque, la prostitution masculine réapparaît, et le terme de "Ganymède", en référence
au célèbre mythe grec qui voit le splendide fils du Roi de Troie enlevé par Zeus, devient synonyme du mot "gay" actuel. Le vocable de "sodomite" semble pour un temps relégué aux oubliettes,
mais il ne tardera pas à revenir en force.
4. La montée de l'absolutisme et la répression
Dès le début du XIIIe siècle et jusqu'à la fin du XVIIIe siècle, l'absolutisme étatique et religieux s'impose de façon grandissante en Europe. Les principes théologiques s'immiscent
toujours plus dans les codes législatifs séculiers. Avec les croisades, les sentiments xénophobes se répandent largement. A l'image des Juifs, qui se voient persécutés partout en Europe
(cf. 4ème Concile de Latran 1215), les "sodomites" font l'objet de poursuites pénales partout sur le continent. Ainsi en Espagne, Alfonso X de Castille promulgue en 1256 un code civil qui
punit de castration et de lapidation le "péché contre nature". Quelques années plus tard, à Orléans, un nouveau code pénal prévoit également la castration, l'ablation du pénis et le bûcher
pour celui qui a commis le péché de sodomie, avant que Louis IX ne fasse pareil en 1270.
Souvent assimilée à l'hérésie, poursuivie sur tous les fronts par les tribunaux de l'Inquisition tout comme par les autorités séculières,
l'homosexualité s'affirme plus nettement comme un crime contre l'ordre de la nature sous l'influence de Saint-Thomas d'Aquin (1225-1274). Théologien renommé et écouté, Saint-Thomas d'Aquin
codifie la morale sexuelle chrétienne dans sa Summa Theologiae, et juge les actes entre personnes de même sexe "contre nature", dogme quasi irrévocable qui alimente la rhétorique
de l'Eglise catholique aujourd'hui encore. Au début du XIVe siècle, Philippe Le Bel s'acharne contre les Chevaliers de l'Ordre des Templiers en les accusant d'hérésie et de sodomie et les
fait massacrer. En Angleterre, le roi Edward II, qui ne faisait pas mystère de son amour pour Gaveston, est déchu, castré et exécuté en étant empalé par le rectum en 1327. Et en Italie, dès
le début du XVe siècle, la sodomie est également sévèrement réprimée, notamment à Florence, qui instaure dès 1432 un tribunal spécial pour poursuivre les crimes de sodomie. Le fanatique
moine dominicain Jérôme Savonarole prendra le relais à la fin du siècle avec ses prêches contre "l'abominable vice". Ce qui n'empêchera pas, comme nous le verrons dans le chapitre sur la
Renaissance, des artistes et certains dignitaires de représenter ou de vivre leurs penchants homoérotiques. Dans la Suisse médiévale, les relations entre hommes sont punies à la même
enseigne qu'ailleurs, comme en témoigne la mise au bûcher pour sodomie du chevalier von Hohenberg et de son valet devant les portes de la ville de Zurich en 1482.
La mise au bûcher du Chevalier von Hohenberg et son valet devant les portes de la ville de Zürich, 1482
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NOTA BENE: les ouvrages utilisés pour ce travail sont répertoriés dans la bibliographie
Ce travail est l'oeuvre de Stéphane Riethauser. Il sera publié en 10 parties sur le blogLes Toiles Rosesavec son autorisation. Qu'il en soit chaleureusement remercié. Stéphane est joignable sur le site delambda éducation.
Wonder Woman contre James Bond rencontre Indiana Jones. [ATWT appartient à PGP] Cet épisode marque les UN AN de la rencontre entre Luke et Noah (1er juin 2007). A cette occasion, regardez la vidéo anniversaire concotée par MissVanWest, que je n'ai pu hélas joindre à cet épisode sur
Dailymotion. http://fr.youtube.com/watch?v=QrE_X55w7pw (après l'annonce du prochain épisode) Making of : http://www.dailymotion.com/Jag1366/video/9887898
Vous risquez de tomber sur un tueur psychopathe qui a déjà tenté d'assassiner votre petit copain... Quelle merveilleuse idée
avez-vous ? Celle d'envoyer un SMS au cas où il vous saute dessus. Evidemment, il fallait y penser. C'est rapide et tellement pratique. A part ça, Noah joue les MacGyver et Luke les Brice Hortefeux.
Enfin, "enquête"... C'est un bien grand mot. Pour Noah, ça consiste à rester trois jours devant une porte pourrie, avec un portable
qui marche pas (normal, en plein New York, on capte mal le réseau...). Vous vous demandez ce que mijote le colonel ? Quel rôle joue Amira ? Quelle est cette mystérieuse transaction ? Je vous préviens tout
de suite, on ne le saura jamais précisément ! Ceci est le premier épisode de la "quadrilogie new-yorkaise maudite", aussi connue sous le nom des "quatre épisodes les plus nuls
jamais postés ici." Vivement que Luke et Noah rentrent à Oakdale...
Vous souvenez-vous de la lettre de l'épisode 57 ? Et de l'Amira de l'épisode 58 ? Eh bien, dans cet épisode, l'une réapparaît, l'autre
disparaît... Laquelle ? A vous de voir. Et profitez bien de ce moment tendre entre nos deux héros... Vous n'êtes pas près d'en revoir tout de suite.
La Grèce antique est souvent assimilée au berceau et au paradis de l'homosexualité. D'aucuns l'imaginent comme un monde dans
lequel les hommes étaient libres d'entretenir des relations avec d'autres hommes. Rien de plus faux. Les structures sociales et les lois en vigueur à Athènes réprouvaient ce que nous
appelons aujourd'hui "l'homosexualité". L'amour entre hommes était considéré comme avilissant et indigne d'un citoyen honorable. Par contre, ce qui était autorisé, et même encouragé,
c'était la relation entre un homme mûr et un adolescent. Erigé au rang d'institution, le rapport entre l'éraste (l'amant adulte) et l'éromène (l'aimé mineur, un jeune à peine pubère)
constituait pour ce dernier un rite de passage à l'âge viril. Même si les liaisons n'étaient parfois pas dénuées de passion, elles avaient surtout valeur éducative. Ainsi, l'adulte prenait
sous son aile un adolescent et le formait à la vie sociale et politique, tout en entretenant des rapports sexuels avec lui, sans que la notion de plaisir prenne le dessus sur les valeurs
intellectuelles et morales de la relation. L'éromène était pris en charge par l'éraste dès ses 12 ans jusqu'à l'apparition de la première barbe vers l'âge de 18 ans.
Homme et jeune garçon, vers 420 av. J.-C.
Eraste en action avec un éphèbe, vers 480 av. J.-C.
C'est donc de "paed-erastia" (pédérastie ou en allemand "Knabenliebe") et non d'"homosexualité" qu'il faut parler. L'adulte était en
théorie toujours actif et transmettait sa semence à l'adolescent qui devait rester passif dans la relation sexuelle. Les Grecs de l'Antiquité, qui seraient aujourd'hui condamnés pour
pédophilie, ne distinguaient pas entre homo et hétérosexualité, mais entre rôle actif et passif. Quant aux femmes, elles ne jouaient aucun rôle dans l'éducation des garçons, pas plus
qu'elles n'intervenaient dans la vie sociale et politique. Dans l'ensemble, l'éducation des citoyens reposait sur ce principe d'initiation destinée à transformer un jeune garçon en digne
citoyen. La plupart du temps, l'éraste était marié à une femme avec laquelle il entretenait des rapports à des fins procréatrices.
En méprisant les relations entre deux adultes - une condamnation morale et non pénale -, la Grèce antique définissait donc les pratiques
homosexuelles de manière restrictive. Mais elle réservait une place de choix aux amours masculines : évoquées par la poésie, le théâtre, l'iconographie des vases ou la statutaire, elles
étaient largement reconnues comme positives et valorisantes.
2. Rome, le culte de la virilité
A Rome, l'initiation sexuelle n'est plus au programme de l'éducation. Ce sont les femmes qui se chargent d'élever les garçons. Bien qu'on puisse en trouver des traces, les notions d'éraste
et d'éromène ont presque disparu. "Vice grec" : ainsi les Romains nommaient-ils la pratique de sodomiser les garçons. Mais l'homosexualité n'était pas condamnée pour autant. Elle était même
largement répandue, comme moyen symbolique pour renforcer la suprématie des citoyens libres dans la société. Car ce qui était répréhensible pour un citoyen libre sous la République, c'était
d'entretenir une relation avec un semblable, non de jouir d'un esclave ou d'un prostitué, personnages inférieurs qui étaient à sa disposition. Le citoyen romain devait se caractériser par
une virilité et une vaillance sans faille, à la guerre comme à la vie civile, et ne jamais subir l'humiliation d'être au service de quelqu'un, donc de toujours tenir le rôle actif dans la
relation, fût-elle avec un homme ou une femme. Sénèque le résume ainsi : "La passivité sexuelle est un crime pour l'homme libre, une obligation pour l'esclave, un service pour
l'affranchi."
Corydon et Alexis, Oreste et Pylade ou Castor et Pollux
Fontaine Ityphallique, marbre retrouvé à Pompéi
A partir du Ier siècle av. J.-C., la séduction des garçons libres réapparaît, à l'image du poète Catulle, épris du beau Juventius : "Si
sur tes yeux doux comme le miel, Juventius, on me laissait mettre sans relâche mes baisers, j'en mettrais jusqu'à trois cent mille sans me sentir jamais rassasié." Horace, Tibulle,
Properce, Lucrèce, eux aussi, racontent les tourments de l'amour des garçons, tout comme Virgile, dans sa fameuse Deuxième Bucolique : "Pour le bel Alexis, chéri de son maître,
Corydon, un berger, brûlait d'amour, sans aucun espoir." (39 av. J.-C.). Les régimes changent, de celui de Jules César (100-44 av. J.-C.), surnommé "l'homme de toutes les femmes et la femme
de tous les hommes", accusé de "passivité", à Auguste qui devient empereur en 27 av. J.-C., et Virgile publie L'Enéïde, où il rapporte notamment la légende des deux guerriers Nisus
et Euryale, un homme mûr et un adolescent, qui puisent dans leur amour réciproque le courage de mourir en héros. Un couple mythique, à l'instar d'Achille et Patrocle.
Sous l'Empire, l'homosexualité et la bisexualité se répandent dans toutes les classes, sans règle et sans retenue, à l'image des
empereurs eux-mêmes, de Tibère à Caligula, "prince de la dépravation", en passant par Néron le scandaleux qui fait châtrer un de ses esclaves avant de le prendre publiquement pour épouse.
Témoins d'un siècle de vie sociale romaine, les fresques et les statues retrouvées sur les sites de Herculanum et Pompéi, conquises en 89 et 80 av. J.-C. et englouties sous les cendres et
la lave du Vésuve en 79 ap. J.-C., montrent de nombreuses scènes de plaisir, parfois suggérées, parfois d'un réalisme plus percutant: du coït anal à des sexes gigantesques, en passant par
de jeunes éphèbes languissants, le culte du phallus et de l'éros masculin est omniprésent.
Les femmes, même si elles pouvaient jouir ou souffrir des pulsions de bien des hommes, se bornaient à tenir leur rôle d'épouse et de
mère, et n'étaient pas autorisées à avoir de relations entre elles.
Hadrien (76-138 av. J.-C.)
Après la débauche de nombre de ses prédécesseurs, l'empereur Hadrien (76-138 ap. J.-C.) donne une tout autre image : il aime d'amour le
bel Antinoüs (110-130 ap. J.-C.), un jeune Grec de Bithynie, qui l'aime en retour. Après la noyade de son amant dans le Nil à l'âge de 20 ans, Hadrien l'éleve au rang des dieux en faisant
ériger un temple et une ville en sa mémoire. D'innombrables sculpteurs lui dressent des statues, des pièces de monnaie sont frappées à son effigie. Des jeux seront même organisés en sa
mémoire pendant près de 200 ans. Antinoüs, devenu canon éternel de la beauté masculine.
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NOTA BENE: les ouvrages utilisés pour ce travail sont répertoriés dans la bibliographie
Ce travail est l'oeuvre de Stéphane Riethauser. Il sera publié en 10 parties sur le blog Les
Toiles Roses avec son autorisation. Qu'il en soit chaleureusement remercié. Stéphane est joignable sur le site de lambda
éducation.
Van (qui était nominé) n'a pas gagné d'Emmy Awards... Alors, je ne sous-titrerai pas les passages de la cérémonie. Voici en revanche une
courte interview (merci à Andy) donnée juste avant. Pas très original, mais j'aime la façon dont Jake répond à la question, sans faire de numéro du style "Ah, c'est pas évident, mais on ferme
les yeux et on pense à autre chose." Il ne fait pas de chichi et reste très pro.
Pour voir les extraits de la (triste cérémonie) : http://fr.youtube.com/watch?v=eVUNG8EyCoI
plus court : http://fr.youtube.com/watch?v=AFoboyBVoP0
Récemment je suis retourné en France, délesté de Jason qui n’appréciait pas
que je parle de lui et du squash dans ces pages. Je vous rassure, notre rupture se fit dans la douceur et le professeur de musique disparut de mon paysage comme s’il n’avait jamais existé…
Je suis donc revenu en France pour la troisième fois de l’année (ô mon pays comme tu peux me manquer !), ayant cette fois une bonne raison
de le faire puisque j’étais attendu au baptême de ma nièce et à l’anniversaire anticipé du mariage de mes parents (à lire dans le
prochain épisode). Jeudi 26 juin, je fus invité à un dîner mondain chez le vicomte Louis Le Fol de La Fresnais, fondateur du cercle littéraire où ce billet fut lu dernièrement et où j’obtins mon premier succès d’auteur. J’étais amusé par la perspective de revoir, après une dizaine
d’années, l’un de mes anciens professeurs, l’éminent Frédéric de Teyssieu, comte d’Empire, chevalier de l’ordre de Saint-Nicolas et homme d’une érudition inépuisable.
Je me faisais une joie d’enfant à l’idée de voir la tête que ferait le comte Frédéric en me revoyant après tant d’années. Las ! Le vicomte
Louis avait vendu la mèche. J’en fus donc pour mes frais, mais ne boudai pas mon plaisir d’évoquer de vieux souvenirs du siècle dernier (et accessoirement du 19e siècle aussi) et
d’écouter à l’envie la glose prodigieuse du maître du gai savoir et de la philosophie aristotélicienne appliquée à l’économie contemporaine (je suis sûr que certains ont déjà décroché mais je
rappelle que vous êtes sur un blog de qualité auquel contribue Bernard Alapetite !). Ce faisant, je badinais en même temps avec mon autre voisin de table, un séduisant marseillais au sourire
carnassier et à la peau ambrée, étrangement dépourvu de l’accent de la cannebière qui hante les films de Marcel Pagnol et la mémoire collective du cinéma français depuis Raimu et Fernandel. Par
respect pour son anonymat, je vais l’appeler Marius.
Champagne, canapés, œufs de caille, vins blanc et rouge aux arômes subtils et aux bouquets raffinés pour accompagner le saumon de l’Atlantique
« Palais de l’Ermitage », au riz basmati sur lit d’agrumes et sauce Restauration (époque Charles X), convives armoriés, meubles antiques, tous les ingrédients d’un dîner parfait étaient
réunis pour flatter les cinq sens de votre serviteur. Seul mon sixième sens était émoussé car, pas l’ombre d’un instant, je ne vis venir ce qui suivit ces agapes gratinées.
Dès que les invités nés sous l’Ancien Régime et la Belle Époque eurent pris congé du maître de maison, ne demeurèrent que les plus jeunes, tous
venus en ce monde après la Deuxième Guerre mondiale et avant l’invasion du Koweït par l’Irak de Saddam Hussein. Le dernier carré groupé autour de son amphitryon reprit qui du blanc, qui du
champagne, et une dose de chocolat de bon goût pour se parfumer la bouche au cacao. Dopé par l’eau-de-vie, Marius entreprit de séduire le jeune et ténébreux italien Andréa. Ses racines
florentines me renvoyait aux portraits d’époque Renaissance des magnifiques Médicis, inoubliables grands-ducs de Toscane dont l’illustre semence donna deux reines à la France.
Peu après que le vicomte Louis se retirât en ses appartements pour laisser la jeunesse donner libre cours à ses désirs printaniers, je quittai
à mon tour cette joyeuse assemblée pour goûter, croyais-je naïvement, un repos bien mérité avant que d’entamer le marathon familial du week-end. Aussi fus-je surpris autant que troublé de voir
Marius et Andréa débarquer dans mon boudoir. Cependant ils repartirent aussi vite qu’ils étaient entrés, suivis peu après par Lord Louis qui vint me souhaiter la bonne nuit, s’attardant
lascivement sur les draps qui, après tout, étaient les siens. Le jeune duo revint et nous fûmes alors quatre sur la couche royale et sous l’œil du jeune maître d’hôtel, attendant que quelque
chose de décisif se produise.
Louis de La Fresnais nous abandonna dans l’expectative pour rejoindre Morphée dans son grand lit à baldaquin. Marius se lança à l’abordage
d’Andréa avec une audace de pirate barbaresque qu’il paya cher : le beau florentin ne voulut point se laisser conquérir et se tourna alors vers moi. Tel le Rescator secourant la belle
Angélique, je le pris dans mes bras protecteurs et le rassurai de mes baisers fondants. Le flibustier de la Bonne Mère capitula et s’en alla la tête basse (et la queue entre les jambes), nous
laissant seuls, Andréa et moi, en proie à nous-mêmes, vivant un instant magique que ni l’un ni l’autre n’attendait plus.
L’aube nouvelle nous cueillit au terme d’une nuit sans sommeil dans le calme de ce matin d’été. À peine réalisions-nous alors qu’un miracle
venait de se produire dans nos vies : nous étions tombés en amour…
« On me traite souvent de “pédé” quand je me promène dans la rue, comme lorsque j’avais 13 ans. Ça doit être à cause de ce phénomène de
“cassage de tapettes”, un truc qu’on fait pour se faire remarquer. » Pete Wentz, le bassiste des Fall Out
Boy, marié et bientôt papa.
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