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Mercredi 25 avril 3 25 /04 /Avr 09:55

Le Sphinx et la prom-queen


par Juju du blog I Love Juju


Le duel aura bien lieu. Dans un splendide élan civique, les Français se sont mobilisés en masse et ont voté. C’est là ma seule raison de me réjouir…

Le score de Monsieur Sarkozy est sans appel, plus de 31 % des suffrages exprimés se sont portés sur lui, soit près de 11 millions et demi d’électeurs, contre tout juste moins de 26 % pour Ségolène Royal avec 9 millions et demi de voix. Je ne trouve que peu de raisons de me réjouir du score historique de Monsieur Bayrou, car loin de souligner la « naissance d’un nouveau mouvement politique », il montre au contraire l’évolution profonde d’une France qui porte tour à tour les outsiders les plus extrêmes puis les plus modérés au sommet ou presque, toujours sur le même leitmotiv, « ni l’un ni l’autre ». Pourtant c’est bien entre l’un et l’autre qu’il faudra choisir.

Suis-je le seul à ne pas voir dans le score du Front National une défaite cinglante ? Bien sûr, le FN n’atteint pas ses quelques 17 % des suffrages du premier tour de 2002, mais en nombre de voix, il fait à peine un million de voix de moins qu’il y a 5 ans, 3,8 millions contre 4,8 millions, ce chiffre est renforcé par le nombre autrement plus élevé de votants qu’en 2002, mais de là à parler d’un effondrement ? Le socle électoral du FN est là et bien là, et à la moindre baisse du zèle électoral des Français, il rééditera volontiers ses exploits passés. Qu’on le veuille ou non, le FN fait partie du paysage politique français et il continuera son action, malgré ces voix en moins. Bien sûr, je pourrais m’en réjouir, mais je garde à l’esprit que ce million de voix est allé quelque part… ne serait-ce pas dans le giron de Monsieur Sarkozy ?

La droite peut parader. Elle a ramené à elle un million de voix égarées. Je l’en aurais volontiers félicité, si elle n’avait pas pour cela appelé ces mêmes voix avec les arguments qui étaient jusqu’alors la marque de fabrique du FN. De l’identité nationale à l’immigration en passant par la délinquance et en mélangeant au passage allègrement les trois sujets, Monsieur Sarkozy a joué toutes les cartes d’une main qui ne devait pas être la sienne, mais celle d’un extrême dont on peut féliciter Monsieur Chirac d’avoir toujours refusé de chasser sur une terre idéologique aussi crasseuse. Monsieur Sarkozy n’a pas ce complexe. Capturer les voix de l’extrême droite, mission accomplie, mais ces mentalités ont-elle évolué, leur vote est-il moins haineux ou revanchard que celui de 2002 ??? J’en doute. Au passage, on aura juste donné ses lettres de noblesse à des idées indignes des valeurs de la République, on les aura auréolées de ce voile de légitimité que Monsieur Le Pen a toujours échoué à leur donner. Monsieur Sarkozy s’est montré fin tacticien, mais les valeurs de la République ont pris une grande claque au passage, car il est infiniment plus aisé d’assumer un vote haineux estampillé Sarko que Le Pen.

À l’opposé de ce prisme, il y a la droite, presque aussi plurielle que la gauche. Et dans l’électorat, une pluralité également. J’ai dans mon entourage plus ou moins proche dix personnes qui ont voté pour Monsieur Sarkozy et avec qui j’ai parlé de leur choix. Trois m’ont dit voter pour lui par rapport aux aspects sécuritaires, trois parce qu’ils soutiennent la vision libérale de l’économie, trois parce qu’ils croient à la promesse de changement, une parce que Ségolène « n’a pas la carrure ». Loin de moi l’idée de reporter un échantillon aussi faible sur l’ensemble des 11,5 millions de voix, mais je pense que les grandes idées sont là.

La sécurité, inutile de revenir dessus, les attaques aux personnes ont doublé en 5 ans, chiffres officiels du Ministère de l’Intérieur, alors que les délits ont baissé. On pique donc moins de sacs à main, mais on agresse, mutile, viole ou tue plus. Passons, on n’est plus à une incohérence près, on fait dire aux chiffres tout et son contraire.

Attardons-nous sur l’idée du changement. Une belle idée, forte, novatrice, audacieuse. Tellement qu’on nous la ressort à chaque présidentielle, qu’on soit de gauche ou de droite d’ailleurs. Là où Monsieur Sarkozy réussit un nouveau coup de maître, c’est qu’il se présente en champion du changement, alors qu’il a passé 5 ans à deux des quatre postes les plus importants du gouvernement. Il se pose en réformateur alors qu’il devrait rendre des comptes sur sa politique, et on ne parle pas que de sécurité. On parle d’emploi, d’écologie, de social, de formation. En 2002, la France était le pays d’Europe de l’Ouest avec le taux de chômage le plus élevé parmi les moins de 25 ans. Cocorico, en 2007, elle l’est toujours (source: Eurostat). C’est une première place dont on se passerait volontiers. La faute à qui ? Aux politiques menées de 1997 à 2002 comme ne manquait pas de le rappeler Monsieur Juppé ce matin sur Europe 1. La droite ferait donc le bilan de son incapacité à corriger les erreurs de la gauche à défaut d’assumer ses résultats ? Il n’y a aucune honte à accepter ses échecs, on en ressort même grandi, mais je doute que ce soit là l’attitude de Monsieur Sarkozy. Passons sur le vide galactique de l’écologie de la droite, le copié mal collé de la réforme de la santé (on a reluqué outre-rhin et on a réussi à faire pire) et passons au libéralisme.

Quel joli mot, quelle vilaine réalité. Pour qui n’a jamais travaillé en entreprise, le libéralisme restera probablement une notion peu concrète, diabolisée par les uns, portées aux nues par les autres. Monsieur Sarkozy a, à nouveau, réussi un joli coup en matière de communication autour d’un véritable casse-tête : comment vendre l’idée de l’individualisme au plus grand nombre ? C’est splendide de voir qu’avec un American Dream au rabais, il a rallié à lui une France populaire, miséreuse, une France désireuse de « travailler plus pour gagner plus ». Une promesse bien vide tant les limites sont nombreuses.

— Il n’y a pas de travail pour tout le monde dans ce pays. Pas pour l’instant. Les politiques de droite des 5 dernières années n’ont pas résorbé le chômage ni la baisse constante du pouvoir d’achat. Travailler plus ne permettra pas de gagner plus, au rythme où vont les choses, ça permettra bientôt de travailler tout court. Pour un employeur, l’équation est simple si on pose la question en ces termes : qui choisir, celui qui travaille 40 heures par semaine pour un salaire donné ou celui qui en travaille 50 pour le même salaire ? En faisant sauter un acquis social, on entraînera les salariés dans une compétition encore plus féroce qu’elle ne l’est déjà. Au passage, je faisais mes 55 heures hebdomadaires du temps où je vivais en Allemagne, je ne gagnais pas plus que ceux qui en faisaient 39 dans la même entreprise et mon poste a quand même été “rationnalisé”.

— Les politiques de gauche ne créent pas d’emplois et font fuir les entreprises. Vieille rengaine tellement éculée qu’il est surprenant qu’elle fonctionne encore. 5 ans de politiques de droite. Combien de licenciements, combien de plans sociaux, combien de délocalisations ? Les entreprises du CAC 40 se portent pourtant bien. On culpabilise ceux qui “profitent” du système depuis 20 ans et vivent des aides de l’État. Mais ces entreprises leur donnent-elles du travail, elles dont les profits sont générés par leurs employés ? C’est vrai, sans les aides, la situation serait plus simple, marche ou crève, on aurait bien moins de chômeurs, mais beaucoup plus de morts. Sélection naturelle on a dit.

— Le libéralisme est pour tous. Faux et archi-faux. Il suffit de regarder dans le monde qui nous entoure pour se convaincre du contraire. L’immobilier et le tourisme explosent à Dubaï. Certains promoteurs et autres pétroleux-reconvertis gagnent en un mois le décuple du salaire annuel du Français moyen. Les petites mains qui bâtissent dans ce paradis du Moyen-Orient sont des Pakistanais payés 50€ par mois. Un ultra-libéral de ma famille me disait : « Tu as le choix, tu peux être dans la minorité qui exploite les gens ou dans la majorité qui est exploitée. Personnellement, j’ai fait mon choix ». Même si ses propos me donnent la nausée, ils sont infiniment plus honnêtes et cohérents que ceux de Monsieur Sarkozy qui promet les fruits du libéralisme à tous.

Revenons au changement. Imaginez une équipe de foot. Elle perd, à maintes reprises, pendant cinq ans. Arrive le moment de la reconduction ou de l’éviction de l’entraîneur. Sa défense c’est l’attaque. Il veut le changement. Mais tout en gardant son poste d’entraîneur mais avec une promotion au passage et sans changer l’équipe. Quand on l’attaque sur ses résultats, il se défend bec et ongle qu’ils sont positifs. Oui mais dans ce cas, à lui d’en faire la preuve et s’ils le sont, pourquoi changer ??? On change ce qui ne va pas, pas ce qui va, si ? Feriez-vous confiance à cet entraîneur ? C’est pourtant la ligne rhétorique adoptée par Monsieur Sarkozy, ligne, que dis-je, ficelle, tellement énorme que des millions de Français se laissent berner. Et pourtant, que le paradoxe est gigantesque, changer, alors qu’on a un bilan soi-disant positif, une aberration…

Là où Monsieur Sarkozy a réussi le changement, c’était hier, dans son discours, un vrai discours de prom-queen, de Miss France tout juste élue et déjà dégoulinante de bons sentiments, un vrai discours de gauche, un discours pour les petits, les sans-grades, les oubliés, pourvu qu’ils ne soient pas “nettoyables” ou génétiquement enclins à la délinquance ou à la pédophilie (le suicide passe, mais à condition de le faire proprement, hein ?!) Il a au passage redonné la parole à ses troupes quasi-muselées pendant les dernières semaines, ce qui devait d’ailleurs arranger les plus modérés d’entre eux tant certains propos de Monsieur Sarkozy étaient indignes d’un homme candidat pour la présidence du pays.

Royal, “l’incompétente”, la “victime” était à l’autre extrême. On eut presque dit que c’était elle, la politicienne de droite. Sérieuse, stricte, le Sphinx et les énigmes qu’elle pose. Jamais depuis 1981 un socialiste n’avait réalisé un tel score, jamais sa victoire finale n’avait paru aussi incertaine. J’ai beau embrasser ses idées et son projet, je ne suis pas aveugle. La gauche s’étend sur un éventail idéologique trop large pour trouver une cohérence, si elle penche trop au centre, elle perdra l’électorat d’extrême gauche, si elle courtise trop cet électorat, les voix Bayrou la fuiront.

Et pourtant, que de symboles dans cette candidature. C’est la première fois qu’une femme atteint le second tour de l’élection présidentielle dans notre pays, un formidable renouveau de l’esprit féministe pourrait renaître, mais je ne vois rien venir. Le « plafond de verre » qui existe dans les entreprises semble frapper la politique également. On l’a assez entendu, le fameux « je ne vais pas voter juste parce qu’elle est une femme », et cet argument a fini par retourner la portée symbolique de ce geste et de l’image de la présidence du pays et risque de détruire le symbole fort qui permettrait à beaucoup de choses de changer les politiques salariales et la part des femmes en politique en France, bien à la traîne si on la compare aux autres pays de l’Europe.

Pour finir sur une note plus légère et pour ceux et celles qui ont eu le courage de lire ce texte jusqu’au bout, je rappellerai simplement qu’un candidat à la Présidence de notre pays se doit d’être irréprochable ou de tout faire pour l’être. J’aurais apprécié que le chauffeur de Monsieur Sarkozy respecte les aspects aussi élémentaires du code de la Route que celui qui consiste à s’arrêter lorsqu’un feu tricolore est au rouge. « Un État modeste et qui rend des comptes » ? Pardon, c’est l’énigme du Sphinx.

Par Juju - Publié dans : URGENT : Gays, militants et résistants !
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Mercredi 25 avril 3 25 /04 /Avr 09:15
     

Fiche technique :
Avec Gerard Butler, Lena Headey, Rodrigo Santoro, David Wenham, Dominic West, Vincent Regan, Michael Fassbender, Tom Wisdom, Andrew Tiernan, Andrew Pleavin, Greg Kramer, Stephen McHattie et Eli Snyder. Réalisation : Zanck Snyder. Scénario : Zack Snyder, Kurt Johnstad et Michael Gordon, d’après l’œuvre de Frank Miller. Directeur de la photographie : Larry Fong. Compositeur : Tyler Bates.
Durée 115 mn. Toujours en salle en VO, VOST et VF.


Résumé :
Adapté du roman graphique de Frank Miller, 300 est un récit épique de la Bataille des Thermopyles, qui opposa en l'an -480 le roi Léonidas et 300 soldats spartiates à Xerxès et l'immense armée perse. Face à un invincible ennemi, les 300 déployèrent jusqu'à leur dernier souffle un courage surhumain ; leur vaillance et leur héroïque sacrifice inspirèrent toute la Grèce à se dresser contre la Perse, posant ainsi les premières pierres de la démocratie.


L’avis de Mérovingien02 :
Certains médias en ont décidé ainsi, avec l'appui du pas du tout susceptible gouvernement iranien : 300 serait un objet de propagande nauséeux au service de l'administration Bush. Ha bon… Étrange. Étrange parce que la BD dont le film s'inspire date de 1998, ce qui tendrait à faire du dessinateur Frank Miller un sacré visionnaire. Étrange aussi parce que des séquences capitales ont été ajoutées au scénario pour éviter toute tentative d'analyse douteuse. Étrange enfin parce que le réalisateur Zack Snyder n'a jamais eu aucune autre prétention que de livrer un péplum excessif dans tous les sens du terme, tape à l'œil, poseur, épique et résolument « fun ». Du divertissement jouissif à consommer sans modération, qui sera sans aucun doute dépassé dans 10 ans mais dont on se souviendra pour ses partis pris grotesques et assumés qui en foutent plein les mirettes. This is Sparta ? THIS IS SPARTA !!!!

Léonidas aux Thermopyles (1814), Jacques-Louis David, Musée du Louvres


Ceux qui seront venus assister à un cours d'Histoire sur l'Antiquité grecque risquent la syncope : le combat d'une poignée de Spartiates face aux hordes d'envahisseurs Perses n'a jamais été envisagé sous l'angle des faits mais bien du mythe, de ceux qui nourrissent l'imaginaire et qui sont parfois capables de mobiliser les foules. Le narrateur n'est d'ailleurs autre que le seul survivant de la bataille des Thermopyles, guerrier perpétuant le souvenir et les idées de liberté de Léonidas pour mener une armée d'athéniens à la victoire. Rien de surprenant alors à ce que 300 joue à fond la carte du manichéisme pour verser franchement vers la dark fantasy qu'évitait le comic d'origine : sous le masque des Immortels se cachent désormais des visages ravagés proches des orcs du Seigneur des Anneaux, des créatures monstrueuses comme le Uber ou l'Éxécuteur sont introduits le temps d'une séquence chacun (apparition pour le moins frustrante concernant le second), des orgies macabres se tiennent sous la tente de l'Empereur Dieu Xerxès... À l'opposé, les surhommes Spartiates exhibent des abdos à faire pâlir d'envie les adeptes du bodybuilding et se baladent dans des tenues affolantes assumant pleinement leur imagerie gay.
L'esthétique revendiquée par Snyder est quand à elle totalement léchée, des ciels fantasmés (une lune géante auréolant le Mont des Oracles) aux tons ocres des champs de blé surgissant tout droit de Gladiator en passant par l'extrême stylisation des combats usant et abusant des ralentis/accélérés pour créer de somptueux ballets sublimant à outrance les exploits des guerriers aux slips en cuir et approchant de très près la dynamique d'une case de BD. Certes, le parti pris du tout numérique n'est jamais bien loin de faire basculer l'ensemble du métrage dans le kitsch complet (surtout qu'un paquet d'effets spéciaux et d'incrustations sur fond bleu a de la merde au cul) mais le délire est si outrancier qu'il en devient gonflé. Tout est dans l'art de la pose iconique et de la composition picturale poussée à l'extrême, permettant d'offrir des plans instantanément traumatisants par leur puissance visuelle, comme celui de Léonidas face aux navires brisés par la tempête, l'arbre des Morts ou encore le mur de cadavres s'écroulant sur l'ennemi comme une avalanche.
Si le réalisateur de L'Armée des Morts ne peut s'empêcher de reproduire fidèlement quelques unes des images charbonneuses du roman graphique de Frank Miller, il ne tombe jamais dans le même travers de Sin City. Alors que Robert Rodriguez s'était contenté d'un copié/collé (qui fonctionnait uniquement parce que la bande dessinée possédait un langage proche des codes du film noir), Zack Snyder a su insuffler une vraie part de Cinéma au modèle papier, prolongeant les vignettes et évitant le statisme qui lui aurait été fatal. Certes, le matériau qu'il avait entre les mains n'était pas suffisamment dense pour tenir la durée mais il n'empêche que les développements narratifs ET visuels méritent d'être salués tant ils parviennent à respecter l'œuvre dont ils sont l'adaptation, tout en apportant un supplément d'émotion bienvenu. Il suffit de comparer le traitement réservé à la formation des phalanges poussant l'adversaire dans le précipice chez Miller et chez Snyder pour s'en convaincre : de 4 cases, on passe à une séquence entière magistralement découpée et mettant en avant la stratégie de Léonidas. Même constat pour la séquence de la nuée de flèches ou l'ajout formidable de la charge d'un rhinocéros : courte mais efficace. Seule l'attaque des éléphants se contente d'un traitement illustratif forcément décevant tant son potentiel à l'écran aurait pu être énorme.

Gerard Butler

Généreux dans le spectacle, le réalisateur l'est aussi avec ses personnages qu'il étoffe sensiblement pour éviter toute analogie politique maladroite, notamment via une sous intrigue ajoutée à Sparte pas franchement indispensable et plombant le rythme des affrontements mais accordant un beau rôle à la reine Gorgo tout en renforçant l'impact dramatique du dénouement. Si le peuple Sparte était proche d'un régime fasciste, le film évite l'amalgame entre sujet et discours dès les premières séquences en offrant une vision particulièrement douloureuse des conditions d'entraînement (violence du père pour endurcir l'enfant, absence de l'amour maternel, abandon au froid et aux loups). De même, c'est par orgueil que les guerriers Spartiates périront puisque leur obsession de l'eugénisme les mènera à leur perte (la vengeance du difforme Ephialtes). Enfin, ne manquons pas de signaler les derniers mots de Léonidas, absents du comic, et allant à son épouse, comme si derrière le sacrifice se cachait le regret d'avoir privilégié la force et le courage au détriment de l'amour.
Film d’action génialement pompier mais traversé d'un souffle épique certain, cette ode inoffensive à un peuple guerrier dévoué à l'honneur n'atteint certes pas l'ampleur d'un Seigneur des Anneaux (les 300 du titre n'ont l'air d'être qu'une cinquantaine) mais trouve sa propre identité dans un procédé technique offrant le champ libre à tous les délires possibles. Ça n'a peut-être pas grand chose à voir avec le récit des Thermopyles par Hérodote mais la jouissance est totale et immédiate, largement appuyée par le charisme insoupçonné d'un Gerard Butler incarnant comme personne la virilité à l'état pur. Espérons que la rencontre Alan Moore/Snyder fonctionnera aussi bien sur la prochaine adaptation, nettement plus périlleuse, des Watchmen.

Pour plus d’informations :
Site officiel
du film et celui-là.

Par Mérovingien02 - Publié dans : FILMS : Les Toiles Roses
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Mardi 24 avril 2 24 /04 /Avr 10:39

« Proust, Gide, Genet – trois écrivains non seulement homosexuels mais qui placent “l'inversion” au cœur de leur art – me persuadent que l'homosexualité a été essentielle au développement du roman moderne, parce qu'elle a conduit à une redéfinition de l'amour, à un profond scepticisme sur le caractère naturel de la répartition des rôles entre les sexes, et à une renaissance de la tradition classique de l'amour entre personnes du même sexe qui avait dominé la poésie et la prose occidentales jusqu'à l'avènement du christianisme... Cette tradition fut pour moi une source d'inspiration. Elle attestait que l'art avait toujours le pouvoir de créer des mythes et de transformer le monde. Elle montrait que la fiction n'était pas seulement mimétique mais aussi prophétique. » Edmund White, Mes vies, page 341 & 342, éditions Plon.

Par Bernard Alapetite - Publié dans : MOTS : Citations philes et phobes
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Mardi 24 avril 2 24 /04 /Avr 10:13
     

Fiche technique :
Avec Ian Mc Keilen, Brendon Fraser, Lynn Redgrave, Lolita Davidovich, David Dukes, Kevin J. O'Connor, Mark Kiely, Jack Plotnick, Rosalind Ayres, Jack Betts, Matt McKenzie et Todd Babcock. Réalisation : Bill Condon. Scénario : Bill Condon, adapté du roman Father of Frankenstein de Christopher Bram. Image : Stephen M. Katz. Montage : Virginia Katz. Décorateur : James Samson. Costumes : Bruce Finlayson. Musique : Carter Burwell.
Durée : 90 mn. Disponible en V.O.


Résumé :
Gods and Monsters relate les derniers jours du cinéaste homosexuel, James Whale, réalisateur d’une vingtaine de films dont le célèbre Frankenstein avec Boris Karloff, avant sa mystérieuse noyade dans sa piscine à Hollywood en 1957.
James Whale (Ian Mc Keilen), âgé et malade, dépérit dans sa demeure hollywoodienne, gardé par une domestique dévouée et autoritaire (dès ces premiers plans, on pense à Sunset Boulevard et les réminiscences cinéphiliques ne cesseront plus…) Il a été banni des studios depuis de nombreuses années, en partie à cause de l’échec commercial d’un projet qui lui tenait à cœur (The Road Back) et surtout en raison d’une homosexualité trop voyante. Les suites d’une attaque cérébrale font qu’il ne parvient plus à se concentrer sur un sujet et que des bribes de son passé l’assaillent constamment. Cela ne l’empêche pas de succomber aux charmes et à la beauté de Clayton (Brendon Fraser, depuis devenu la vedette de La Momie et de ses suites), un ex marine déboussolé qui vit dans une caravane et qui est devenu jardinier pour subvenir à ses besoins. Le vieux réalisateur, peintre du dimanche, parvient à le convaincre de poser pour lui. Ils prennent l’habitude de se retrouver chaque jour pour ces séances de pose qui déclenchent des réminiscences douloureuses en flash-back chez le vieil homme : le tournage de Frankenstein, les « parties » gays que Georges Cukor – une grande honteuse – organisait autour de sa piscine et surtout des épisodes de la Première Guerre Mondiale où il connut son premier amour, un étudiant aux joues roses... La relation de tendresse qui réunira les deux hommes bouleversera leur existence...
L’avis de Bernard Alapetite :
Fausse « biopic », ce film est une spéculation sur les derniers jours de James Whale. Il est adapté du roman de Christopher Bram, Le Père de Frankenstein (aux éditions Le Passage du Marais), dont Angelo Rinaldi écrit : « Faute de pouvoir établir la raison exacte de la disparition de James Whale, le romancier en propose une qui devient emblématique du vieillissement et de la fin de tout artiste... On pensera sans doute au drame de Julien Green, Sud, qui exploite un thème analogue, à ceci près que les deux protagonistes sont de même âge. Mais il arrive qu’un humain s’enraye aussi bien qu’un revolver… L’habileté du romancier, dépassant son anecdote comme un danseur s’envole vers les cintres, est de faire en sorte que l’artiste, à la fin, regagne sa véritable place, aux cotés des vaincus de la société. »
C’est une bonne partie de l’histoire du cinéma que Condon a convoquée pour Gods and Monsters, bien sûr les films de Whale lui-même, mais c’est aussi un peu Bunuel chez Attenborough et Mankiewicz qui s’inviterait chez James Ivory. Cela fait beaucoup de monde sur le pont et le navire prend parfois un peu de gîte mais il tient toujours le cap. On croirait feuilleter un chapitre inédit très émouvant, jusque dans ses dérapages « camp » d’Hollywood Babylone de Kenneth Anger. Hollywood est pour Condon un cimetière de luxe qui abandonne ses vieilles gloires, leur laissant le soin de gérer un peu d’argent et leur anonymat.
Ce n’est pas l’ambition artistique qui a manqué à Condon, et il serait bien injuste de lui en faire grief, l’ambition artistique n’étant pas la chose la mieux partagée dans le cinéma et dans le cinéma gay en particulier. Mais le film auquel on pense le plus est le Ed Wood de Tim Burton. L’insuccès de ce dernier a rendu le montage financier de Gods and Monsters difficile.
On sent chez le cinéaste un grand respect pour son modèle. Il n’adopte jamais un ton paternaliste pour traiter son personnage. Il s’attache à son côté obscur, tout en rendant hommage à son œuvre. L’intrusion du fan qui doit interviewer le cinéaste permet à la fois de présenter un type de gay déluré un peu crétin en opposition un Whale brillant qui n’a pas besoin de jouer un rôle de gay, et d’exposer habilement et sans lourdeur la carrière de Whale. Cette scène met aussi en lumière sa cruauté et sa frustration. Il s’en prend à ce jeune homme dès qu’il réalise que ce dernier ne s’intéresse pas à lui en tant qu’artiste.
À travers le cas particulier de la relation Whale/Clayton, Condon traite plus généralement d’une relation intergénérationnelle entre deux hommes de classes différentes, dans laquelle beaucoup pourront se reconnaître. Comme toute interaction entre deux personnes, celle-ci suggère des montagnes russes de sentiments. Quand l’un domine, l’autre est dominé. De manière simple, chacun désire ce que l’autre a dans un pur phénomène d’attraction/répulsion. Whale désire la jeunesse, la beauté et le futur de Clay, voire même son pur américanisme. Clay désire le passé, l’argent, l’accomplissement de Whale, sa capacité de conteur. Mais il se révèle progressivement qu’ils sont plus proches l’un de l’autre qu’ils ne l’imaginent, dès lors qu’ils laissent tomber leurs défenses. Et c’est là que surgit le concept du Dr Frankenstein et de sa créature. Le film suggère, non sans humour, que c’est l’Europe qui aurait créé l’homo-americanus, incarné par Brendan Fraser, corps d’athlète et mâchoire carrée, comme Frankestein a fabriqué sa créature...
Bill Condon, dans une interview, soulevait la fréquente superposition qui existe entre le public gay et celui des films fantastiques : « Je suis gay, Clive Barker est gay et James Whale l’était. Cela va peut être effrayer certaines personnes, mais Clive remarque d’évidents liens entre son jeune public et le public gay. C’est un certain cinéma fantastique qui fonctionne vraiment chez des gens qui ne sont pas encore au clair quant à leur sexualité. Les films d’horreur jouent sur une terreur organique et sur la répression des instincts naturels ; ils trouvent forcément un écho soit chez les homosexuels soit dans un public qui se cherche. »
La mise en scène très classique n’est pas toujours légère légère, en particulier en ce qui concerne les retours en arrière, pourtant ce film est émouvant de bout en bout… comme touché par la grâce. L’impeccable distribution y est pour beaucoup, à commencer par Ian Mc Kelen remarquable dans le rôle de James Whale (comme il l’était dans celui de Richard III), mais Brendon Fraser ne démérite pas en lui donnant la réplique, ni d’ailleurs le reste de la distribution. Leur duo est aussi succulent que celui de John Hurt et de Jason Priestley dans Long Island Place, les deux films étant d’une tonalité proche. Il est plaisant aussi de rapprocher ce film de celui tiré du roman de Archibald Joseph Cronin Le Jardinier espagnol (The Spanish Gardener) de Philip Leacock avec Dirk Bogarde, dans lequel un jardinier est amoureux, plus platoniquement que dans celui de Condon, d’un enfant. Mais dans ces deux œuvres, aux deux extrémités de la vie, les jardiniers soignent la même solitude.
Bill Condon argumente son choix de Brendon Fraser : « Le roman s’attachait à comprendre ce qui avait motivé son geste tragique et se servait à cette fin du personnage inventé de l’américain Clay, joué par Brendan Fraser. Mais je pense que cette fiction n’est pas si éloignée des événements réels. J’ai en partie choisi Brendan Fraser pour sa silhouette qui rappelle étrangement la créature de Frankenstein. Je n’en étais pas sûr au début puisqu’il avait encore ses cheveux longs, hérités de Georges de la jungle. Mais le choix, ne l’oublions pas, était surtout motivé par ses talents de comédien, son sens inné du comique et la manière avec laquelle il modèle son visage. Je savais que j’allais avoir besoin d’un interprète dont les traits dévoilent immédiatement la pensée, et qu’il fallait qu’il soit tout à la fois beau, séduisant et d’une forte constitution physique, presque menaçante, qui contraste avec celle de Whale. Brendan était celui qui s’apparentait le plus au concept de ”monstre doté d’une âme” que nous cherchions. Il est innocent sans jamais paraître stupide. »
Ian McKellen est sans doute l’acteur de la scène anglaise qui lia le plus directement l’annonce de son homosexualité, en 1988, et sa carrière. Car si elle était florissante sur les planches, elle n’était que modeste à l’écran. À 49 ans, McKellen s’est alors affranchi des contraintes, libéré de lui-même en s’engageant dans de nombreux combats, en particulier dans la lutte contre le sida. Il déclare : « Avant mon coming-out, la seule chose dont je me sentais expert, c’était le théâtre. Désormais, je réalise que j’ai un autre domaine où je suis expert, et une source de fierté : ma sexualité. »
Bill Condon nous a fait une bonne surprise avec l’un des films les plus ambitieux de l’année 1998. Il faut bien dire que l’on n’attendait rien de ce deuxième couteau des productions Clive Baker (un des Maîtres du fantastique moderne – Les Livres de sang, Cabale, La Trilogie de l’Art et le magistral Sacrements –, réalisateur, scénariste, peintre et l’un des papes de la production horrifique et gore, qui a été une cheville ouvrière du montage de Gods and Monsters), réalisateur des oubliables Candyman 2, Sister sister ou encore Murder 101. Depuis, il a livré une biopic un peu moins convaincante, celle de Kinsey.
La critique américaine a désigné ce film comme étant le meilleur film américain sorti en 1998. Il a décroché deux Golden Globe pour ses interprètes Ian McKellen et Lynn Redgrave, obtenu aux Oscars trois nominations et obtint l’Oscar du meilleur scénario, ce qui était amplement mérité et ce qui ne l’a pas empêcher de ne pas être distribué en France. C’est l’honneur de Canal+ de l’avoir programmé en prime-time.
Le film existe en DVD aux USA et en Grande-Bretagne. L’éditon spéciale comporte un documentaire de 30 mn sur James Whale, A journey with James Whale.

A gauche : James Whale, à droite : Ian McKellen

JAMES WHALE

Bien que sa filmographie soit assez courte, le réalisateur James Whale n’en est pas moins, par son sens aigu de l’atmosphère et son style, un des auteurs les plus marquants des années 30. Il naît en Angleterre, dans les Midlands, dans une famille modeste, en 1889. D’abord dessinateur satirique, il participe à la Grande Guerre et est fait prisonnier en 1917. Durant sa captivité il découvre le théâtre ! Rentré à Londres, il s’y livre avec passion jusqu’en 1930 : acteur, décorateur, metteur en scène. À cette période, il est fiancé à une créatrice renommée de costumes de théâtre, Doris Zinkeisen ; si les fiançailles ne se concrétisèrent pas, ils resteront néanmoins de grands amis. La mise en scène en 1929 de Journey’s End de Robert Cedric Sheriff lui vaut un grand succès qui le conduit en Amérique où dès 1930 il tourne le film adapté de la pièce de Sheriff. Le New York Times classe le film parmi les dix meilleurs de l’année. C’est dans ces premières années hollywoodiennes qu’il rencontre David Lewis, qui apparaît dans Gods and Monsters, qui sera producteur pour Warner, Paramount puis en indépendant pour divers studios. Ils vécurent ensemble de 1930 à 1951 et restèrent proches amis par la suite. Whale lui laissa 1/6eles Anges de l’Enfer dont il écrit les dialogues. Ensuite, il adapte une autre pièce de théâtre, Waterloo Bridge de Robert E. Sherwood où apparaît Bette Davis. La M.G.M. en tirera deux remakes en 1940 et 1956. Universal confie la même année à Whale une autre adaptation : Frankenstein. Le film connaît un grand succès. La vision du monstre interprété par Boris Karloff sera pour toujours celle de Whale, on le voit bien dans le remake de Kenneth Brannagh. Le climat d’épouvante plaît à Whale. Il récidive avec UneÉtrange soirée, un huis-clos éprouvant d’après J.B. Priestley dans lequel Charles Laughton, autre gay d’Hollywood, est aux prises avec deux vieilles folles. En 1933, L’Homme invisible est un coup de maître, magnifiquement photographié par Arthur Edeson avec des effets spéciaux dus à John Fulton qui font date, malgré leur grande simplicité. Vient ensuite son dernier grand succès critique et public : La Fiancée de Frankenstein. En plus de posséder une extraordinaire maîtrise de son art, Whale disait posséder « un pervers sens de l’humour ». Élégant, ironique et peu conventionnel… et pas seulement par son homosexualité qu’il n’a jamais cherché à dissimuler, il s’identifiait totalement aux outsiders, à ceux qui travaillaient en marge de l’industrie. de sa succession. Puis il collabore avec Howard Hugues pour
Whale ne tarde pas à entrer en conflit avec ceux qu’il appelait « The new Universal ». Il est sans cesse contredit et censuré pour des raisons ”politiques”, probablement en fait pour son état d’esprit gay sans complexe. Après La Fiancée de Frankenstein s’opère un tournant dans la filmographie du cinéaste. Le thème de la Grande Guerre, qui l’a profondément marqué, ce qui est bien montré dans Gods and Monsters, devient récurrent. Il divorce définitivement d’avec Universal après que le studio eut cédé à la pression de l’Allemagne nazie pour le montage de The Road Bach, adaptation d’un roman d’E.M. Remarque. Devenu réalisateur indépendant, Whale tourna encore huit films dans les douze années qui suivirent, mais jamais il ne retrouva la magie de ses débuts. Renvoyé en 1941 par Columbia durant le tournage de They dare not love, il se retire définitivement du cinéma. Il vécut jusqu’à la fin de sa vie grâce au confortable pécule amassé tout au long de sa carrière, s’adonnant à la peinture et à la mise en scène dans un petit théâtre local. En 1951, Whale lors d’un voyage à Paris rencontre un jeune français, Pierre Foegel ; il en fait son homme de confiance et à partir de 1952 ils vivent ensemble. Comme pour David Lewis, Whale lui laisse 1/6e de sa fortune. Au milieu des années 50, une série d’attaques cérébrales affaiblissent grandement le cinéaste. À l’âge de 67 ans, il écrit une lettre d’adieu et se jette la tête le première dans sa piscine presque vide. La police conclut cependant à un accident, ses amis ne révélant la lettre que des années plus tard. Kenneth Anger, dans Hollywood Babylon donne une version différente des faits, évoquant un meurtre et un jeune gay, version fermement contredite par le biographe du cinéaste et par ses amis.
Pour tout savoir sur James Whale il existe deux livres, mais seulement en anglais : James Whale: A Biographie de Mark Gatiss, Cassell édition 1995 ; encore plus complet (455 pages !) et sérieux James Whale : A new world of gods and monsters de James Curtis, Faber and Faber, Londres 1998. Outre le livre dont est tiré le film, en français Le Père de Frankenstein, François Rivière a ciselé un petit chef d’œuvre, une fantasmagorie autour de James Whale : En enfer avec James Whale aux éditions du Masque (1999) où même les fantômes sont gays ! Le fantastique ne veut pas dire informations fantaisistes et l’on apprend beaucoup de choses sur James Whale mais aussi sur Boris Karloff, Forrest J. Ackerman, Gladys Cooper, Carl junior Laemmele, Robert Cedric Sherriff, George Zucco et quelques autres... En passant, Rivière nous glisse que le jeune Laurence Olivier aurait été l’amant de James Whale... mais ne l’oublions pas, c’est un roman dans lequel on retrouve les influences aussi diverses que celles de Jean Ray, Chesterton, Modiano, Kenneth Anger (celui d’Hollywood-Babylone). Ce livre est le second et le dernier paru d’une trilogie : Blasphème. Dans le premier volet, Le Somnambule de Genève, centré autour de la figure de Mary Shelley on y aperçoit néanmoins James Whale et surtout Sherriff. François Rivière n’en a peut-être pas encore fini avec James Whale puisqu’il apparaît à nouveau en 2004 dans son court roman, L’Ombre de Frankenstein (ed. Cahier du cinéma). Pour rester dans la littérature, un grand roman de l’immense Joseph Hansen décrit le Hollywood gay, côté scénariste de ces années-là : En haut des marches, 1999 aux éditions Rivages/noir, en V.O. Living Upstairs, 1993.
Pour plus d’informations :

Par Bernard Alapetite - Publié dans : FILMS : Les Toiles Roses
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Mardi 24 avril 2 24 /04 /Avr 08:58



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Vendredi 20 avril 5 20 /04 /Avr 10:53

Chères lectrices, chers lecteurs,

Dimanche 22 avril 2007 sera un jour important pour la France. Nous aurons à choisir entre une droite extrême voire une extrême droite, un candidat d’un centre indéfini et indéfinissable et la candidate de la gauche. Les trois premiers sont opposés à la pleine et entière égalité des droits entre homosexuels et hétérosexuels. Deux d’entre eux cultivent la haine des autres. C’est pour cela et pour éviter un nouveau séisme comme en 2002, que Zanzi et moi appelons à voter Ségolène Royal dès le premier tour. En 2002, nous avons eu des regrets. En 2007, nous risquons les remords et la honte. Un deuxième tour Sarkozy/Le Pen n’est pas une fiction. Vous le savez comme nous !

Rejetez dès dimanche l’homophobie, la xénophobie, le racisme, la haine et l’exclusion ! Faites comme nous : votez Ségolène Royal dès le premier tour.

Bon vote.

Zanzi & Daniel C. Hall
Les Toiles Roses

 
Lire aussi :
Juju : ce post et cet autre.
Matoo : ce post.
Freaky : ce post.

 

Par Daniel C. Hall - Publié dans : URGENT : Gays, militants et résistants !
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Vendredi 20 avril 5 20 /04 /Avr 08:47
Par Daniel C. Hall - Publié dans : URGENT : Gays, militants et résistants !
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Jeudi 19 avril 4 19 /04 /Avr 10:05
Par Daniel C. Hall - Publié dans : URGENT : Gays, militants et résistants !
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Jeudi 19 avril 4 19 /04 /Avr 09:39
Par Daniel C. Hall - Publié dans : URGENT : Gays, militants et résistants !
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Jeudi 19 avril 4 19 /04 /Avr 08:00

 
 

Avant et Après

Précédemment, dans Zanzi and the City : Traqué par toutes les polices, Zanzi se déguise avec le masque laissé par l’agent Sharp. Mais ce travestissement fait de lui le sosie de Don Rafaelo Veronese, un chef mafieux. À Las Vegas, Zanzi parvient à duper Benito La Crampe, le bras droit de Don Rafaelo, et grâce à lui, s’envole pour les Bahamas…

Arrivé à Nassau, je m’empressai de me faire fabriquer un nouveau masque en latex et de nouveaux papiers d’identité. C’est fou ce que ça peut aider de transporter une fortune dans une mallette blindée, et de porter sur soi un flingue dans un holster. En moins de 24 h chrono, Stefano Brazzi se volatilisa et je pus ainsi échapper aux foudres du véritable Don Rafaelo qui avait probablement déjà appris qu’un sosie s’était fait passer pour lui au Bellagio.

J’étais content de mon nouveau masque. Il me donnait une tête de playboy et me valait de beaux succès, tant auprès de la gent féminine que des beaux mâles qui sillonnaient les plages bahaméennes. Je pris ainsi dix jours de vacances pour oublier mes problèmes, remplissant mes journées de soleil, de cocktails, de luxe et de sexe. Les choses prirent un tour compliqué lorsque les gens commencèrent à se demander pourquoi mon corps bronzait tandis que mon visage demeurait ostensiblement blanc. De plus, ma véritable identité me manquait. Un mois s’était déjà écoulé depuis que l’Alien m’avait volé mon visage et ma vie. Je devais le retrouver, me retrouver. Mais comment faire ? Au comble du désespoir, et sans entrevoir la moindre solution rationnelle, j’appelai alors mon TiFrère.

TiF est un génie des mathématiques. C’est un brillant scienTiFique qui vit caché dans un presbyterium où il se livre à des travaux occultes sur la physique astrologique et le secret des nombres. Comme j’étais devenu incapable de raisonner, je fis appel à lui et à son avis objecTiF. Je rentrai à Paris. TiF me donna rendez-vous à la Cité des Sciences de La Villette, et sous le dôme du Planétarium, je lui racontai mon histoire.
— Je sais qui peut t’aider, me dit-il.
Le cœur rempli d’espoir, je lui demandai de qui il s’agissait.
— Les frères Bogdanoff !

J’étais interloqué. Comment n’y avais-je pas songé plus tôt ? Igor et Grichka Bogdanoff, les mystérieux frères de l’espace, les spécialistes interstellaires du Temps X et des martiens qui viennent de Vénus, détenaient la réponse à mon problème. Eux-mêmes ont subi, il y a quelques années, une transformation faciale inexpliquée. Peut-être avaient-ils croisé la route semée d’étoiles du même Alien ?
— Je dois les rencontrer. TiF, accompagne-moi.

Trouver les Bogdanoff n’est pas chose aisée. On dit que ce sont leurs projections astrales qui s’expriment lorsqu’ils participent à des conférences. Certains prétendent qu’ils habitent chez Raël, d’autres chez Tom Cruise, et qu’ils seraient les nouveaux gourous de la Scientologie… Pour mettre la main sur ces deux phénomènes métaphysiques, je devais faire appel aux services d’une spécialiste. Une fausse enseigne sur l’avenue des Champs-Élysées sert de couverture à l’agence de voyages Queeny Travels, spécialisée dans la téléportation. La maîtresse des lieux n’emploie que des garçons gays, de moins de 30 ans, qui sont réputés pour être des bombes sexuelles. Un éphèbe vêtu d’un simple pagne en peau de léopard nous introduisit, TiF et moi, auprès d’elle.

— Les Bogdanoff, dit-elle, ont été vus pour la dernière fois à la base de Baïkonour. Ils partaient pour la datcha de Vladimir Poutine. Mais ils n’y sont plus. Je vais interroger mon ordinateur.
Nous la suivîmes dans une autre pièce. Un ordinateur en forme d’œil d’Horus scintillait au plafond. Étrange impression de déjà-vu qui me ramenait dans mon enfance.
— Shabada, recherche sur les frères Bogdanoff !
L’ordinateur se mit à tournoyer. Un bruit venu du fond de la pièce vint nous distraire TiF et moi. Deux éphèbes étaient en train d’explorer mutuellement leur anatomie.
— Mes chers enfants s’amusent, fit remarquer la patronne, n’y faites pas attention, ça leur prend souvent. Alors Shabada, ça vient ?
L’ordinateur cyclope rencontrait des difficultés pour mener à bien la mission qui lui était confiée. Finalement, la réponse lui vint :
— Maîtresse, les frères Bogdanoff se cachent au Futuroscope de Poitiers.

J’étais soulagé de n’être pas obligé d’aller jusqu’en Russie. Tous ces voyages commençaient à me peser. Mais je n’étais pas encore au bout de mes peines, ni de mes surprises. TiF et moi remerciâmes la créature en cuissardes qui nous avait renseignés, et quittâmes son agence alors que retentissait les cris d’un double orgasme. Les « chers enfants » venaient d’atteindre le septième ciel, tandis que je me demandais s’il n’allait pas me falloir monter plus haut encore pour reprendre le visage que l’on m’avait volé.


Pour lire le précédent épisode de Zanzi and the City, cliquez ici.

 
 
Par Zanzi - Publié dans : HUMEUR : Zanzi and the City
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Mercredi 18 avril 3 18 /04 /Avr 12:06
Par Daniel C. Hall - Publié dans : VIDEOS : La TV en folie
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Mardi 17 avril 2 17 /04 /Avr 10:08
Par Daniel C. Hall - Publié dans : URGENT : Gays, militants et résistants !
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Mardi 17 avril 2 17 /04 /Avr 09:56

« Je reçois beaucoup de correspondances email d'homosexuels qui tiennent à affirmer qu'ils sont homosexuels mais pas gays. Ils ne se rattachent pas à cette définition qu'ils estiment être politique. Je dois dire que les homosexuels ont parfaitement le droit d'organiser leur vie comme ils le souhaitent.
Mais nous sommes dans une société qui a un caractère normatif et qui impose dans la vie sociale un certain nombre de modèles, comme le mariage, modèle qui n'est d'ailleurs pas toujours respecté malgré son importance par de hauts fonctionnaires, même s'ils sont candidats à la présidence de la République.

Il reste cependant aux homosexuels qui souhaitent établir leur relation affective et leurs intérêts personnels des pactes civils comme le pacs, par exemple, qui doivent pouvoir leur donner les satisfactions auxquelles ils aspirent. » Jean-Marie Le Pen, Le Monde, mars 2007.

Par Daniel C. Hall - Publié dans : MOTS : Citations philes et phobes
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Mardi 17 avril 2 17 /04 /Avr 09:35

« L'homosexualité est contraire aux principes naturels, biologiques. »

« L'homosexualité est devenu à tort un enjeu politique servant aux partis à recueillir les voix d'individus en état de mal être intérieur. »

« Pire que le PACS que seul Jean-Marie propose sa nécessaire dissolution, le mariage homosexuel est une abomination sans nom, un recul de plusieurs millénaires, une régression aboutissant à un gouffre sans fond, l'éternelle obscurité de la mort... celle des hommes, celle des peuples. »

Citations extraites [et "sic" donc sans correction orthographique et grammaticale de notre part...] du post (14/11/2006) : L'homophilie gagne du terrain, la morale en perd !, du blog extrême.droiture.over-blog.net de François Louis.

Par Daniel C. Hall - Publié dans : MOTS : Citations philes et phobes
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Dimanche 15 avril 7 15 /04 /Avr 12:20
Post de nos amis de GayClic.com (reproduit avec leur autorisation) :



Après avoir défrayé la chronique en début de semaine suite à ses propos dans Philosophie Magazine laissant entendre que la pédophilie était innée puisque génétique, Nicolas Sarkozy revient à nouveau sur le sujet dans un entretien au journal Libération dont voici un extrait :
Pourquoi avoir déclaré que la pédophilie était génétique ?
Nicolas Sarkozy :
« Je n'ai pas dit exactement cela. J'ai expliqué que tout ne dépendait pas de l'acquis, mais qu'une partie pouvait être de l'inné. Dans quelle proportion ? Je ne suis pas savant. Par exemple, quand j'étais enfant, j'étais choqué parce que l'on expliquait, quand un enfant était homosexuel : "Sa mère a eu tort, elle a dormi avec lui." Quand un enfant était anorexique, on disait : "Le père était absent." Quand un enfant était autiste, on disait : "Oh là ! Les parents ont divorcé, cela a provoqué un choc." Depuis, on sait que l'autisme, c'est génétique. Je pense aussi que la sexualité est une identité. »
Pourquoi Nicolas Sarkozy, interrogé sur la pédophilie, ne peut s'empêcher de prendre comme exemple l'homosexualité pour appuyer sa thèse, en y associant également l'autisme et l'anorexie ?! Pédophilie, homosexualité, autisme, anorexie... si ça ce n'est pas de l'amalgame ! GRRRRRRR !!

Par GayClic.com - Publié dans : URGENT : Gays, militants et résistants !
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Dimanche 15 avril 7 15 /04 /Avr 09:49
Par Daniel C. Hall - Publié dans : VIDEOS : Lutte contre le sida
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Samedi 14 avril 6 14 /04 /Avr 11:38
Par Daniel C. Hall - Publié dans : URGENT : Gays, militants et résistants !
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Vendredi 13 avril 5 13 /04 /Avr 10:08
  


Fiche technique :
Avec Nicole Garcia, Gaspard Ulliel, Mélanie Laurent, Bruno Todeschini, Alysson Paradis, Christophe Malavoy et Thibault Vincon. Réalisation : Rodolphe Marconi. Scénario : Rodolphe Marconi. Images : Hélène Louvart. Montage : Isabelle Devinck. Son : Frédéric Ullmann & Nathalie Vidal.
Durée : 105 mn. Disponible en VF.



Résumé :
Pour Noël, Simon (Gaspard Ulliel), dix-huit ans, un garçon sensible, étudiant aux Beaux-Arts à Paris, débarque chez ses parents (Nicole Garcia & Christophe Malavoy), sur l’île d’Oléron, avec une jeune inconnue (Mélanie Laurent) rencontrée dans le train de nuit. Simon retrouve Mathieu (Thibault Vincon), son ami d’enfance dont il est amoureux. Mais Mathieu va beaucoup apprécier Louise...
Durant le séjour, un coup de téléphone vient bouleverser la famille, faisant resurgir un secret enfoui depuis vingt ans…



L’avis de Bernard Alapetite :
Ça commence fort : première image, Simon donne un coup de boule dans une vitre et sa tête passe au travers de la fenêtre ; suivent, sans transition, quelques belles images des lumières de Paris, alternées avec celles d’un sapin de Noël que l’on suppose familial. Dans les dix premières minutes du film Rodolphe Marconi réussit, avec un minimum de dialogues, seulement par des images et un montage dynamique (beaucoup de plans caméra portée mais pour une fois à bon escient), à installer ses personnages, à nous suggérer les liens qui les unissent, à nous présenter les lieux, à nous indiquer dans quel milieu ils évoluent et à quelle période de l’année. C’est remarquable, une belle leçon de cinéma d’un réalisateur qui fait confiance à sa seule mise en scène. Le cinéaste a l’habileté, tout en gardant un grand mystère notamment sur Louise, de glisser dans son scénario de petites informations qui stimulent notre imagination et nous font parfois partir sur de fausses pistes. Il lui suffit de quelques plans pour nous faire comprendre ce qu’il y a entre Simon et Mathieu. Mais avec ses silences, ses litotes, ses non-dit et ce jeu d'acteurs qui met étrangement mal à l'aise, Le Dernier jour est un film à débusquer aussi dans les hors champs.
Après un début dynamique au montage très cut, la caméra se fait moins mobile, se pose. Les cadres sont très construits. Le metteur en scène a une forte propension dans les fréquents moments de silence à filmer ses acteurs de dos et à utiliser le montage parallèle.
Il est dommage que Rodolphe Marconi scénariste n’ait pas assez fait confiance à Rodolphe Marconi cinéaste et ait éprouvé le besoin de ce coup de théâtre téléphonique, très téléphoné, alors que les rapports entre les membres de cette famille et leur entourage suffisaient à nous tenir en haleine. Le scénario n’est pas sans quelques maladresses avec les rôles secondaires sacrifiés comme celui de Malavoy, ou inabouti, comme ce grand-père (?) qui ne fait que passer. Pourquoi ne pas situer précisément l’action, tournée dans l’île d’Oléron, alors que l’on nous suggère qu’elle se déroule en Bretagne ? Autre bizarrerie : pourquoi indiquer que nous sommes à Noël alors que cela n’apporte rien au déroulement de l’histoire et que cela semble oublié par la suite ? Lors de la fête familiale, il n’y a aucune distribution de cadeaux par exemple et surtout la lumière et les vêtements font plutôt penser à la période de Pâques qui aurait aussi bien convenue. Ce ne sont que vétilles mais elles sont d’autant plus agaçantes qu’elles auraient pu être facilement évitées.



On peut aussi regretter que Marconi n’ait pas eu la petite audace d’extraire son intrigue du milieu habituel qui envahit nos écrans. Comme nous sommes dans le cinéma français, nous n’échappons pas à la bourgeoisie qui ne semble prospérer que sur nos écrans hexagonaux. Cette famille n’a aucun souci d’argent, habite une grande maison juste un peu délabrée pour ne pas faire nouveaux riches. On ne saura pas ce que fait le père pour faire bouillir la marmite, mais c’est la mère qui semble porter la culotte. Le fils de dix-huit ans fait des études à Paris et quand il rentre, il retrouve sa voiture et pas n’importe laquelle : un coupé des années cinquante... Curieusement cette voiture, comme la caméra super 8 et non un caméscope qu’utilise Simon, la musique, très connotée années 70, semblent vouloir instaurer un certain flou sur l’époque à laquelle se déroule l’histoire.
Le réalisateur et son chef op sont incontestablement de bons photographes ; on remarque à maintes reprises l’intelligence du cadre, le choix judicieux des couleurs ainsi que l’inventivité des angles de vue. C’est d’ailleurs grâce à la photographie que le film a pris corps nous dit le réalisateur : « On m’a proposé de photographier Gaspard Ulliel (pour la sortie du film Les Égarés). J’ai accepté. Gaspard m’a donné envie de faire ce film dont le scénario était dans un tiroir depuis deux ans. Je l’ai réécrit pour lui et il a accepté le rôle. Le plaisir de tourner avec Gaspard ne se limitait pas à sa photogénie et à son talent, mais surtout à la façon dont il s’est fondu dans le personnage. Il incarnait Simon tel que je l’avais imaginé, c’est-à-dire pas très loin de moi. »
Le traitement du son est également soigné, un mixage subtil de musiques de variétés, souvent en décalage, d’airs classiques, de voix sourdes et de bruitages surprenants. Dans ce domaine, le clou du film est une formidable scène à la Demy dans laquelle une palanquée de pécheurs bretons swingue au son de Mamy blue par Nicoletta dans un rade improbable. Marconi devrait se lâcher plus souvent.
Les acteurs sont parfaits, à commencer par le très craquant Gaspard Ulliel qui tient tout le film. Il est presque de tous les plans et le rôle de Simon est peut-être sa meilleure prestation à ce jour. La lenteur de son jeu apporte une sorte d’élégance et beaucoup de mystère à son personnage. Cette indolence est renforcée par le jeu trépidant et agressif de Nicole Garcia. Le contraste fait merveille. Il ne faudrait pas cependant oublier Mélanie Laurent épatante dans le rôle de Louise assez proche de celui qu’elle tient dans Je vais bien, ne t'en fais pas qui l’a fait découvrir du grand public.

Le Dernier jour est d’abord le portrait d’un adolescent, âme pure et tourmentée, trahi par la médiocrité égoïste des siens. Il y a quelque chose de la colère méprisante d’un Montherlant pour les médiocres dans le regard peu amène que porte le réalisateur sur ses personnages secondaires.
Le Dernier jour est le troisième film de Rodolphe Marconi. Il est en gros progrès par rapport à Ceci est mon corps (2001) et Défense d’aimer (2002), qui se caractérisaient déjà en étant des portraits où le personnage principal découvre sa vérité dans des ambiances tendues. Il est difficile de ne pas rapprocher le cinéma de Marconi avec ceux de Chéreau et de Christophe Honoré. Mais il va plus au bout de ses envies que ces derniers. Il est aussi plus libre. Avec Chéreau, il partage entre autre ce grand comédien qu’est Bruno Todeschini, ici largement sous-employé comme tous les seconds rôles. C’est Hélène Louvart, l’excellente chef op du film qui a aussi signé la photo de Ma Mère de Christophe Honoré. J’ai aussi beaucoup pensé au beau Ciel de Paris de Michel Bena.
Un film d’un cinéaste qui ose presque toujours aller au bout de ses désirs de mise en scène, aux constants changements de rythme, beau et passionnant, mais surtout, profondément humain sur un gamin en quête de lui-même.

Pour plus d'informations :
Voir la bande annonce complète

Par Bernard Alapetite - Publié dans : FILMS : Les Toiles Roses
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Jeudi 12 avril 4 12 /04 /Avr 14:06
Par Daniel C. Hall - Publié dans : URGENT : Gays, militants et résistants !
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Mercredi 11 avril 3 11 /04 /Avr 08:01
Par Daniel C. Hall - Publié dans : URGENT : Gays, militants et résistants !
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