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Samedi 24 septembre 6 24 /09 /Sep 00:00

Fiche technique :
Avec Ben Smail, Jean Carmet, Kader Boukhanef, Albert Delpy, Albert Klein, Hélène Duc et Daniel Schad. Réalisé par Mehdi Charef. Scénario de Mehdi Charef
Durée : 90 mn. Disponible en VF.

Résumé :
Le lot quotidien de Samir, immigré clandestin, c'est les « boulots » précaires, la faim, le froid et la peur de la police. Le rêve de Mona, vieux travesti en décrépitude, est l'opération qui lui permettra de changer de sexe. Samir et Mona vont se rencontrer, s'allier pour survivre jusqu'au meurtre ! « Mona et Samir sont deux êtres qui sont exclus du monde parce qu'ils ne pensent pas comme nous. Ils sont exclus parce que les gens pensent qu'ils ne peuvent pas leur apporter quelque chose. Leur rêve est différent des nôtres. »
L'avis de Jean Yves :
Perruquée, maquillée, talons hauts et tout le tralala, c'est Miss Mona sur son trottoir. Un travelo sur le retour, incarné par Jean Carmet dans le film de Mehdi Charef.
Miss Mona n'est pas heureuse. Malgré son « amour » pour Marilyn Monroe, elle vit une cinquantaine douloureuse, dans une peau qui n'est pas la sienne. Sa passion pour le jeune travailleur immigré clandestin Samir (Ben Smaïl) va provoquer son destin.
Son appétit de vivre nous emporte dans les bas-fonds d'une capitale glauque et nauséabonde, où la corruption et la prostitution, le vol et la mort, sont les seules armes de combat. Un monde peuplé d'homosexuels et d'immigrés, marginalisés à l'extrême, d'une douleur noire, difficilement supportable.
Medhi Charef, le réalisateur se préoccupe des exclus, « les extra-terrestres » comme « ils disent », parce que la loi n'est pas faite pour eux.
L'originalité du scénario, c'est la rencontre des deux protagonistes, qui apparemment, bien qu'exclus, ne sont pourtant pas branchés sur la même longueur d'ondes. L'immigré clandestin a besoin de papiers et, pour ce faire, accepte la proposition de Mona, la prostitution masculine, bien qu'il ne soit pas homosexuel, et que son problème est de pouvoir assumer sa virilité. Quant à Mona, elle n'a de cesse d'économiser suffisamment pour s'offrir l'opération qui lui donnera le sexe qu'elle a choisi.
La trame du film est simple, le texte limité, tout se joue sur les attitudes et les mouvements. La caméra déambule dans les zones chaudes et insoupçonnées d'une capitale en rut, où le sexe se vend bien. Parallèlement à nos deux héros, Charef introduit un troisième personnage conducteur de métro, errant désespérément à la recherche du partenaire idéal qui saura lui donner du plaisir.
Un film grave et douloureux, donc. A bien des égards, "Miss Mona" peut être comparé à L'Homme blessé, dans une version plus cosmopolite.
J'ajoute, pour terminer, que Jean Carmet est prodigieux, c'est un de ses plus beaux rôles. Ne manquez pas la scène où il parodie Marilyn Monroe dans Sept Ans de réflexion, en robe blanche et perruque blonde sur une plaque d'aération…

Pour plus d’informations :

Par Jean Yves - Publié dans : FILMS : Les Toiles Roses
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Samedi 24 septembre 6 24 /09 /Sep 00:00

Fiche technique :
Avec Robert Downey Jr, Val Kilmer, Michelle Monaghan, Corbin Bernsen, Deanna Dozier, Dash Mihok, Larry Miller, Ro
ckmond Dunbar, Shannyn Sossamon, Angela Lindvall, Indio Falconner Downey et Ariel Winter. Réalisé par Shane Black. Scénario de Shane Black et Brett Halliday. Directeur de la photographie : Michael Barrett. Compositeur : John Ottman.
Durée : 102 mn. Actuellement en salles en VO et VF.

Résumé :
Harry Lockhart, voleur en fuite, se retrouve accidentellement au beau milieu d'un casting de polar Hollywoodien. Afin de préparer au mieux son rôle, il fait équipe avec un détective privé sans foi ni loi et une comédienne en herbe. Ils finiront par se retrouver impliqués dans une réelle et mystérieuse affaire de meurtre.
L'avis d’Alex et Greg :
D'ACCORD - PAR ALEX
Que voilà un film curieux débarqué d'on ne sait où, à la fois classique et inattendu. Classique car le film reprend des thèmes chers aux films noirs américains des années 40 ou aux romans policiers de Raymond Chandler : on y parle meurtre, corruption et fausseté des apparences. Inattendu car le style est totalement original : l'ensemble n'est pas lisse ni homogène, comme fait de collages qui font s'alterner les ambiances et le ton du film. Violent, ce film est pourtant jubilatoire de par son humour parfois décalé : c'est une collection de situations cocasses, de répliques cinglantes qui font très souvent sourire et parfois franchement rire. Les acteurs sont excellents : Robert Downey, anti-héros malchanceux mais sympathique, Val Kilmer en détective gay aux méthodes un peu brusques et Michelle Monaghan dans le rôle de la blonde pas si blonde. Une fois que le décor est planté, l'intrigue se déroule à un rythme très (trop?) rapide qui ne laisse pas d'autre choix au spectateur que de se laisser emporter. Ce qui m'a plu aussi dans ce film, c'est qu'il ne se prend pas au sérieux. La voix off qui revient régulièrement apporte de la légèreté et de la distance vis à vis de l'histoire, parfois de manière vraiment très drôle... Un bémol inhabituel avec moi : ce film mériterait peut-être d'être vu en VF car la VO est vraiment ardue!
PAS D'ACCORD... DU TOUT - PAR GREG
C'est l'arnaque ! Présenté comme une parodie du film policier américain classique, KKBB a force de coupures d'actions par une voix off inutile (bien que se voulant drôle) et de répliques cinglantes presque drôles (mais souvent inutiles), on s'ennuie... Le film passe, vous en met plein la vue, les dialogues fusent, l'intrigue évolue autour d'un cadavre, puis deux, puis on perd le fil et finalement tant pis, on a tellement mal aux yeux et aux oreilles qu'on ne pense qu'à la délivrance : sortir de la salle. Robert Downey devient vite agaçant à faire ses grimaces, ne parlons pas de Val Kilmer, tellement bouffi qu'il a du mal à devenir expressif, la fille : je passe... l'histoire : un imbroglio, le souvenir de ce film quarante-huit heures plus tard : une perte de temps de deux heures de ma jeune vie !
(Le petit truc en plus : être à coté de mon chéri qui aime bien, dans la salle :  c'est horripilant !!!!!!)

Pour plus d’informations :
Site officiel du film
Bande annonce

Par Alex et Greg - Publié dans : FILMS : Les Toiles Roses
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Samedi 24 septembre 6 24 /09 /Sep 00:00

« Homosexuels, homosexuels ? Moi, j’appelle ça des pédés. Les mecs s’enfoncent des vélos dans le cul, pourquoi appeler ça des bicyclettes ? » Jean-Marie Gourio (Brèves de comptoir)

Par Soussi - Publié dans : MOTS : Citations philes et phobes
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Samedi 24 septembre 6 24 /09 /Sep 00:00

« La raie au milieu, ça fait pédé, regarde la raie du cul ! » Jean-Marie Gourio (Brèves de comptoir)

Par Soussi - Publié dans : MOTS : Citations philes et phobes
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Samedi 24 septembre 6 24 /09 /Sep 00:00

« C'est pas facile d'être pédé quand t'es entouré d'enculés ! » Renaud

Par Daniel C. Hall - Publié dans : MOTS : Citations philes et phobes
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Samedi 24 septembre 6 24 /09 /Sep 00:00

« La femme est ce que l'on a trouvé de mieux pour remplacer l'homme quand on a la déveine de ne pas être pédéraste. » Boris Vian

Par Daniel C. Hall - Publié dans : MOTS : Citations philes et phobes
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Samedi 24 septembre 6 24 /09 /Sep 00:00
« Sachez que le mot "cocu" employé comme injure ne peut s'appliquer qu'à un célibataire, - sinon c'est une constatation, et que le mot "pédé" ne devient également une insulte que si l'insulté ne l'est pas, etc. (Et que la meilleure façon d'injurier un pédéraste est de le traiter de sale hétérosexuel.) » Boris Vian
Par Daniel C. Hall - Publié dans : MOTS : Citations philes et phobes
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Vendredi 23 septembre 5 23 /09 /Sep 00:00


L’auteur :
David Leavitt est né en 1961 à Pittsburgh et a grandi à Palo Alto, en Californie. Après avoir suivi les cours de Composition Créative à l’Université de Yale, il publie à l’âge de vingt ans sa première nouvelle dans le New Yorker. Tout jeune encore, il publie également le recueil de nouvelles qui lui a valu sa célébrité : Quelques pas de danse en famille, devenu désormais un classique de la nouvelle littérature américaine. Les attentes créées par ses débuts n’ont pas été déçues par la suite : doté d’une écriture raffinée et précise dans la description de l’originalité et de la normalité, il est considéré comme l’un des représentants les plus importants du minimalisme des années 1980.
En 1987, il publie Le langage perdu des grues, son premier roman, suivi d’une dizaine d’autres livres. Ses premières oeuvres présentent déjà les thèmes que l’on retrouvera dans les livres suivants : la dissolution de la famille traditionnelle, le cancer comme métaphore d’un monde en déliquescence, l’homosexualité et l’univers gay des jeunes progressistes américains. En polémique avec le monde littéraire américain, que Leavitt accuse d’être superficiel et opportuniste, l’écrivain a décidé de quitter les États-Unis et a vécu pendant quelques années en Italie, dans un petit village des côtes toscanes.
Il vit actuellement à Gainesville et tient des cours de Littérature Créative à l’université de Floride.
L'avis de Matoo :
Quand j’ai reçu ce bouquin de David Leavitt, je savais bien que ça me rappelait quelque chose, et j’ai vite vérifié qu’en effet j’avais déjà lu avec beaucoup de plaisir : Quelques pas de danses en famille et L’art de la dissertation du même auteur.
Ce roman-ci est encore meilleur, car c’est un roman plus conséquent du fait même de sa forme (Quelques pas de danses en famille est un recueil de nouvelles), mais aussi de l’intrigue qui m’a particulièrement captivée. Et cet auteur est tellement agréable à lire, que c’était une délectation de plonger ainsi dans cet univers familial complexe, et avec des personnages auxquels on a le temps de s’identifier.
Le bouquin narre l’histoire d’un foyer new-yorkais bobo traditionnel, et d’une double implosion thermonucléaire familiale lorsque l’homosexualité du fils, puis du père est avouée et assumée. Le fils, Philip, est un homo tout ce qu’il y a de classique, un jeune mec qui bosse dans l’édition et tombe de Charybde en Scylla en terme de conquêtes amoureuses, sans même voir le petit mec qui l’attend sous son nez. Il rencontre un type dont il tombe éperdument amoureux, et même s’il se fait larguer, il décide d’arrêter l’hypocrisie et de révéler à ses parents son homosexualité. Cela colle un sérieux coup dans la tronche du père, qui vit ses fantasmes homos en douce depuis des années en traînant dans des cinés pornos glauques, et qui ignore son fils depuis belle lurette tant il a des problèmes avec lui-même. Rajoutez à cela une mère « femme forte » qui doit assumer la double culpabilité et alterne entre incompréhension et colère.
Il y a un côté Loin du paradis dans la manière dont on perçoit le couple de parents, et on comprend bien le mari qui a refoulé toute sa vie, a fini par épouser une femme et faire un enfant, et puis a peu à peu cédé à ses impulsions lors de ces « dimanche » où les deux partenaires vaquaient en solitaire. Le désespoir et la souffrance du père sont alors rendus avec beaucoup d’acuité, à la fois en tant que père qui n’a pas compris son fils, mais aussi en tant que mari envers sa femme, et simplement en tant qu’homme qui ne s’est jamais épanoui. Et puis, il y a aussi le fils qui doit gérer tout cela, entre sa mère qui le rejette dans le premier temps du coming-out, le père qui pète un boulon et se confie à son fils, sa vie privée qui fait les montagnes russes…
Bref, un excellent roman familial un peu grinçant et doux-amer sur les non-dits et les faux-semblants familiaux dont nous usons tous, et dont nous nous grimons tous les jours pour que le bateau tienne le cap. Mais lorsque la nature et la vérité reprennent le dessus, il faut alors assumer le bonheur d’être dans le vrai, l’honnête et le loyal, mais aussi les difficultés et avanies que cela engendre forcément.
Pour plus d'informations :
Publié aux éditions Denoël (2004)
Par Matoo
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Vendredi 23 septembre 5 23 /09 /Sep 00:00

Fiche technique :
Avec Marlène Jobert, Gérard Klein, Wade
ck Stanczak, Vittorio Mezzogiorno, Pinkas Braun, Hanns Zischler, Dominique Besnehard, Jean Rougerie et Patrick Raynal. Réalisé par Gérard Vergez. Scénario de Daniel Boulanger et Gérard Vergez, d’après l’œuvre de Jean Giono. Directeur de la photographie : André Diot. Compositeur : Michel Portal.
Durée : 100 mn. Disponible en VF.

Résumé :
En 1911, Marie Castaing, exilée polonaise, exerce la profession de médecin en Bourgogne. Elle fait la connaissance de deux cavaliers, Jason et son frère cadet Ange. Lorsque la guerre éclate, Jason est envoyé sur le front oriental. Il est bientôt rejoint par Marie, qui a perdu son époux et devient sa maîtresse.
L'avis de Jean Yves :
Au village, tout le monde connaît Jason (Gérard Klein), un colosse taciturne, preux cavalier, qui n'hésite pas, chaque été à affronter les meilleurs lutteurs de cavalerie, bandant ses muscles et repartant toujours vainqueur sous les yeux ébahis du public, et à la plus grande joie de son frère cadet (Wadeck Stanczak), prénommé Ange.
Ce dernier rêve du jour où il pourra se montrer aussi fort que son aîné ; l'amour fraternel qui le lie à Jason se transformera – malheureusement – en rivalité.
Les deux frères se portent, au début, un amour réciproque, à la limite de l'ambigu : Jason ne déclare-t-il pas à son cadet : « Mon Ange, je te veux tout entier. » Même l'arrivée d'une femme ne semble pouvoir entacher leur complicité : « Le mariage ? Pas de danger, je suis content avec toi. »
Et pourtant, le sexe féminin se trouve merveilleusement représenté par Marie (Marlène Jobert), exilée polonaise, épouse d'un commandant de garnison. Nos deux héros, au gré de leurs fantasques démonstrations équestres, se lieront avec cette infirmière, âme dévouée aux déshérités.
Hélas, le 2 août 1914, la guerre éclate et le tocsin résonne dans toute la France. Les troupes embarquent par convois entiers et Jason se voit réquisitionné. Mais avant de revêtir l'uniforme, il emmène Ange chez le photographe afin d'emporter un souvenir. Ce n'est pas un portrait qu'il désire mais le torse bombé de son jeune frère : « Montre-leur comme tu es beau ! » Les photos du bellâtre seront enfouies au fond d'un petit coffret qu'il pourra ouvrir dans les moments de nostalgie…
Sur le front oriental, les troupes anglaises et françaises se heurtent à l'armée turque qui tient avec l'Allemagne le détroit des Dardanelles. Une tentative alliée se solde par un massacre dont seuls réchappent Jason et un officier français, d'origine serbe, le lieutenant Gorian (Vittorio Mezzogiorno). Marie, après le décès de son époux, s'est engagée comme médecin militaire. Ange l'aide en qualité de chauffeur, cherchant comme un amant désespéré et abandonné des nouvelles de son aîné, en s'adressant à tous les soldats blessés qui reviennent du front.
Une lettre de Jason, laissant percevoir une tendresse cachée pour Marie, les décidera à partir à sa recherche jusqu'à Salonique. Amour, amitié, les retrouvailles sont saluées par des débordements affectifs…
Gérard Vergez renoue ici avec le film d'aventures, de guerre et d'amour.
J'avoue que je suis sensible à ce désir asexué et délicieusement ambigu, cette délectation de la caméra qui lèche les corps des deux frères en lutte. C'est beau parce que c'est tendre et viril, tout à la fois.

Les cavaliers de l'orage repose également sur les prestations exceptionnelles des acteurs : Marlène Jobert qui joue là un de ses plus beaux rôles, méconnaissable ; Gérard Klein, qui a dû subir un entraînement intensif pendant un an : course, équitation, et lutte pour faire face aux six combats du scénario ; et Wadeck Stanczak « l’ange » qui montre ici une remarquable présence.
Pour plus d’informations :

Par Jean Yves - Publié dans : FILMS : Les Toiles Roses
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Mercredi 21 septembre 3 21 /09 /Sep 00:00


L’auteur :
François Reynaert est né en 1960 à Dunkerque. Il est chroniqueur au Nouvel Observateur, à Campus (France 2) et sur France Inter. Il a déjà publié : Pour en finir avec les années 80 (Calmann-Lévy, 1988) ; Sur la terre comme au ciel (Calmann-Lévy, 1990), une histoire des relations entre l’Église et l’État ; Une fin de siècle (Calmann-Lévy, 1994) ; L’air du temps m’enrhume (Calmann-Lévy, 1997), recueil des chroniques du Nouvel Observateur et Nos Années vaches folles (NiL éditions, 1999).
L'avis de Matoo :
J’ai vraiment lu avec avidité ce bouquin de François Reynaert pour son titre qui m’avait tellement aiguillonné (ainsi que la plupart de mes co-voyageurs du RER, métro et Tram). Mais évidemment, un titre et une couverture bien choisis ne suffisent pas à pondre un bouquin passionnant. Dans ce cas, j’en viens à me demander à quel point il n’a pas eu l’idée du titre en parallèle à son récit, car je trouve la relation entre les deux bien mince.
On comprend bien qu’en racontant une histoire centré sur un personnage homo, avec une palanquée de personnages hétéros qui gravitent et surtout dérivent, l’auteur distillent avec ironie les problèmes que les hétéros, nos amis, peuvent aussi expérimenter. Mais à part ça, je suis vraiment resté sur ma faim.
Le bouquin est divisé en trois parties qui sont en fait trois sortes d’aventures du héros, Basile (journaliste). Ce dernier rencontre un mec, fait son coming-out, dépatouille l’embrouillamini des relations de son meilleur pote hétéro Guillaume et se débat dans ses turpitudes internes face à sa propre relation amoureuse balbutiante avec Victor.
Le tout est fort bien écrit, avec des jeux de mots croustillants et bien sentis, une jolie écriture avec du relief et de la vigueur. Et puis on ne s’ennuie pas dans ces saynètes emboîtées les unes dans les autres, et sujettes à tous les délires. On sent la plume bien aiguisée, à la fois fine et ironique, de François Reynaert qui fait preuve d’un humour queer qui fait mouche, tandis qu’il éborgne sans vergogne ses bêtes noires (les pédés de droite notamment).
Si c’est bien écrit, je regrette par contre d’avoir gardé l’impression, pendant tout le livre, de ne lire que des chroniques de magazine mises bout à bout. Je trouve que ce bouquin manque d’unité, de fluidité et d’un véritable fil qui en ferait un roman homogène. Quand on sait que l’auteur est journaliste au Nouvel Obs, et un fabuleux chroniqueur, du coup cela n’étonne plus guère. Néanmoins, cette manière d’écrire correspond beaucoup mieux à un genre de billet d’humeur plutôt qu’à un récit littéraire. En effet, parfois dans le bouquin, on sent que le « bon mot » est à tout prix amené, mais ne sert pas toujours l’intrigue. Autrement dit, le bouquin manque pour moi d’un véritable esprit « roman ». L’auteur reste un bon journaliste, mais c’est tout (et ce n’est déjà pas mal, on est d’accord). Au bout d’un moment, on arrive à se désintéresser de l’histoire, puisque c’est plus la forme qui accroche.
Pour plus d'informations :
Disponible chez Nil éditions et en poche chez Pocket.
Forum avec l’auteur
Par Matoo
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Mercredi 21 septembre 3 21 /09 /Sep 00:00

Fiche technique :
Avec Rod Steiger, John Philip Law, Ludmila Mikaël, Frank Latimore, Elliot Sullivan, Ronald Rubin, Philip Roye, Jerry Brouer et Memphis Slim. Réalisé par John Flynn. Scénario de Dennis Murphy. Directeur de la photographie : Henri Persin. Compositeur : Michel Magne.
Durée : 108 mn. Disponible en VO, VOST et VF.

L'avis de Jean Yves :
Cet excellent film n'a jusqu'à présent, à ma connaissance, jamais bénéficié d'une programmation à la télévision, bien que réalisé en 1968. Il a par contre été diffusé en K7 vidéo. Il traite d'un sujet ô combien fantasmatique : l'homosexualité dans l'armée. Le Sergent, à travers l'itinéraire d'un homme déchu, reprend ce thème et l'exploite avec finesse.
Affecté en 1952 dans une compagnie cantonnée en France, le sergent chef américain Albert Callan (Rod Steiger) a décidé de reprendre en main le camp où les hommes négligeaient la discipline. Homme de poigne, autoritaire, inflexible, son attention est attirée par le jeune et beau soldat Tom Swanson (John Philip Law) qui contraste avec ses camarades par l'excellence de sa tenue et par sa conduite. Callan propose à Tom de travailler dans son bureau, il s'agit en fait d'un ordre et le jeune homme s'exécute. Tout se passe très bien jusqu'au jour où le sergent retient Tom après les heures normales de service afin de l'empêcher d'aller retrouver Solange (Ludmila Mikael), une jeune française habitant la ville voisine. Tom devient le « compagnon » de toutes les sorties de Callan. Et alors qu'une amitié particulière commence à s'installer, Solange tente de récupérer son fiancé…
En réalité, le sergent Callan refoule l'attraction qu'il ressent pour les hommes. Malgré l'attitude « virile » qu'il a essayée de renvoyer jusque là en jouant le rôle d'un héros de guerre, depuis la rencontre avec le soldat Swanson quelque chose s'est brisé en lui. Pour lutter contre son attirance envers Swanson, Callan va la transformer en agressivité verbale et en punitions injustifiées. Ignorant tout cela, Swanson en vient progressivement à détester son supérieur…

Pour plus d’informations :

Par Jean Yves - Publié dans : FILMS : Les Toiles Roses
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Mardi 20 septembre 2 20 /09 /Sep 00:00

Fiche technique :
Avec Jean-Marc Barr, Philippe Duquesne, Ophélie Winter, Frédéric Bouraly, Raquel Welch, Didier Cauchy, Dominic Keating, Philippe Berberon et Jean-Pierre Kalfon. Réalisé par Jérôme Cornuau. Scénaristes : Guy-Pierre Bennet, Franc Caggiano et Mary Logan. Producteur : Philippe Rousselet. Directeur de la photographie : Jean-Claude Thibault.
Durée : 82 mn. Disponible en VF.
Résumé (dos du dvd) :

Marc est une sorte d'adolescent attardé, qui vogue de galère en galère et de fille en fille. Lisa, businesswoman sous le coup d'une déception amoureuse, ne veut plus entendre parler des hommes.
Marc et Lisa ont un point commun : un couple d'amis homosexuels, Alex et Victor.
Pour dépanner Marc, Victor accepte de l'héberger, mais la cohabitation avec Alex est difficile. Les trois amis mettent alors au point un stratagème : faire passer Marc pour un homosexuel et l'installer chez Lisa...
Il y a des femmes qui changent un homme ! Un film quelque part entre Tootsie, La Cage aux folles et Pédale Douce, une comédie menée à 100 à l'heure dans le cadre idyllique des plages californiennes.

L'avis de Daniel C. Hall :

Les références cinématographiques invoquées par la maison de production laissaient craindre le pire. L’affiche aussi. Détrompez-vous, cela va bien au-delà ! Du reste, il est vrai qu’avec un scénariste du nom de Bennet, il ne fallait pas s’attendre à un miracle. Raquel Welch, sortie de la naphtaline, avait besoin d’argent pour un nouveau lifting, Jean-Marc Barr (que j’aime bien d’habitude) devait payer ses impôts, Ophélie Winter lasse de massacrer les oreilles des djeuns’ (si, si, elle chante ! Enfin, on se comprend…) avait décidé de passer la vitesse supérieure pour s’attaquer (au bulldozer) au cinéma. Bref, ce machin débile est ce que nous appelons dans notre jargon technique et abscons de critique professionnel, une sombre merde. Une feuille de cigarette se révèle plus épaisse que le scénario (ça fait vraiment mal de devoir écrire scénario), et dire qu’ils s’y sont mis à trois ! Je rêve. Et l’idée de l’hétéro qui se fait passer pour un homo afin de draguer une fille, quel génie ! Les tâcherons qui ont pondu ça ont encore de la farine sous le nez, non ? Comme il faut s’y attendre, dans Folle d’elle, on se moque des tapettes, sans jamais rire avec les gays. Même les beaufs n’oseraient plus (bon, oubliez ce que je viens d’écrire, si ils oseraient !). C’est la fête des poignets froufroutants, des lèvres bisouillantes, des croupions frétillants, de la gambette affolante, de la follitude humiliante, de l’homophobie galopante… Tout cela filmé comme un mauvais clip de M6, sans talent, sans envie, mais avec de gros moyens. Pour faire court et intellectuel, Folle d’elle est au cinéma et à l’homosexualité ce que Mon curé chez les nudistes est à la philosophie et à la religion, c’est dire ! Ça swingue comme un wagon de choucroute, c’est drôle comme un abcès dentaire, c’est fin comme du gros sel. Franchement, y a des coups de pelle qui se perdent ! Enfin, juste retour des choses, ce navet a fait un bide total en salle. Il y a donc une justice en ce bas monde. Retour aux mites pour la Welch, aux oubliettes pour la Winter, au bon cinéma pour la Barr ! Voilà enfin un film qui vaut le détour, mais un grand très grand détour, et que l’on défend, avec force et joie, de voir à ses amis.
Par Daniel C. Hall - Publié dans : FILMS : Les Toiles Roses
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Vendredi 16 septembre 5 16 /09 /Sep 00:00

L’auteur :
Cliquez sur ce lien.
L'avis de Matoo :
Je viens de finir ce Premier essai de Guillaume Dustan. Je n’avais pas suivi ses derniers romans, car à en lire quelques pages, j’avais plutôt été rebuté. D’ailleurs, je ne crois pas qu’ils aient bien fonctionné. Mais là, je me suis dit que ce serait peut-être un peu différent, voire intéressant. Au final, il s’agit là d’un bouquin très inégal pour moi, quelques qualités, mais dissimulées dans un texte perclus de défauts.
J’avais découvert l’auteur en 1996 (Dans ma chambre) et 1997 (Je sors ce soir) alors que je débarquais tout juste dans le milieu en tant que jeune pédé de vingt balais. Cette littérature était un sacré renouveau dans les écrits gays et a marqué, en son temps, les années 90. Le fond n’a pas grand intérêt sinon de décrire les errements sexuels d’un mec paumé, mais la forme, elle, m’avait bien accroché, et j’avais trouvé un vrai truc à ce nouveau genre de « l’autofiction ». En outre, j’avais été sensible aux propos des anti-Dustan, même si je n’y souscrivais pas complètement. En effet, à lire ses livres, j’avais envie de tout sauf d’imiter ce qui y était décrit. Ces récits m’effrayaient plus qu’ils ne me fascinaient. Et surtout, je trouvais important que le thème du relapse et du bareba
cking soit évoqué, même si Dustan devait être combattu sur bien des sujets.
Je n'ai vraiment aimé qu'un seul bouquin de lui, un bouquin qui sortait de l’ordinaire et dont le style m’avait vraiment conquis : Nicolas Pages. Et dans ce bouquin, Dustan est souvent détestable et hautain, mais parfois aussi touchant lorsqu’il est blessé ou lorsqu’il livre quelques réflexions bien aiguisées.
Dans l’ensemble, Premier essai est du foutage de gueule, un peu comme on pouvait déjà en trouver dans Nicolas Pages à certains moments. C’est à dire que le type griffonne trois réflexions sur un bout de page, deux-trois idées brouillonnes et vaguement « anti » ou vitriolées et nous les assène quasiment dans une liste à bullets made in Word. Il a rassemblé des opinions diverses sur la société, la politique, les mœurs, les arts et bien d’autres thèmes, et les a organisé par ordre alphabétique sous forme de petits chapitres. On a donc l’impression de se faire un peu avoir en lisant un bouquin qui n’est parfois qu’un brouillon sans queue ni tête. Et puis cette manière si franchouillarde de critiquer à tout va, d’aboyer comme un sale roquet, ça finit par être d’un fatigant, et surtout cela retire énormément de force aux argumentations qui se suivent et se ressemblent (ah ça, on peut dire qu’il fait des fixations sur certains sujets). Ajoutons à cela le destin contrarié d’un homme extrêmement orgueilleux et dont la carrière littéraire ne correspond certainement pas à l’idée qu’il se fait de son karma. Donc le mec est figé sur les années 80 et 90, et a fait sienne la fameuse maxime de Francis Cabrel des Guignols : « C’était mieux avant ! ».
Mais Guillaume Dustan n’est pas con, je le crois même d’une redoutable intelligence et d’érudition (après tout, c’est un énarque) et cela se voit. Aussi, on trouve cachées dans ce bouquin quelques réflexions vraiment intéressantes et des points de vue qui m’interpellent. Parfois, pendant tout un chapitre, je cherche avec délectation le bon mot bien placé, l’idée qui fuse et le verbe qui frétille pour livrer une vision originale d’un fait de société. Malheureusement, c’est bien trop rare parce qu’on retombe indéniablement quelques lignes après dans la diatribe gratuite ou dans le geignement intello.
A noter ces deux chapitres à la lettre P et qui valent le coup : « Pédalerie » et « Pour mémoire ». Le premier m’intéresse à l’évidence parce que je connais un peu le sujet, et puis parce que je suis assez vieux pour avoir suivi de relativement près son histoire dans les années 90. Il y critique le milieu pédé et se défend encore une fois du complot mené contre lui (et gagné) par Lestrade. Mais il explique aussi sa vision du milieu associatif et de la communauté gay avec pas mal de jugeote et quelques remarques judicieuses, même si toujours aussi acrimonieuses. Dans « Pour mémoire », on retrouve pendant quelques pages ce que l’écrivain fait de mieux : parler de lui. Il narre brièvement ses années 80 et 90, son ascension médiatique et littéraire, ses divers déboires avec ses bouquins, et à travers quelques références culturelles et des souvenirs, il brosse un autoportrait assez saisissant.

Pour plus d'informations :
Publié aux Editions Flammarion (2005)
Interview de Guillaume Dustan
Photographies

Par Matoo
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Mardi 13 septembre 2 13 /09 /Sep 00:00

L’auteur :
Quelques livres (dont Vice-Versa, Les Grands singes et surtout Mon idée du plaisir) ont suffi à Will Self pour s’imposer comme l’un des auteurs les plus marquants de la nouvelle fiction anglaise, et comme l’exemple le plus convaincant d’une école subversive apparue au début des années 90.
Héritier d’une certaine tradition de la science fiction, il se passionne pour les phénomènes psychiques plutôt que pour les utopies techniciennes. Psychédélique et cultivé, son univers dépourvu de repères rationnels évoque à bien des égards les épopées paranoïaques de Philip K. Di
ck.
L'avis de Matoo :
Je suis fan de Will Self, ses bouquins sont parmi mes préférés de la littérature anglaise contemporaine (avec Jonathan Coe) avec notamment Les Grands singes. Il s’agit ici d’une transposition assumée (d’où le titre « imitation ») du Dorian Gray d’Oscar Wilde à un siècle d’écart, dans les années 1980/1990. C’est une grandiose réussite, tant du point de vue de l’écriture, que de l’esprit du roman original et dans l’intelligence de la translation temporelle et culturelle.
Dorian Gray est un jeune éphèbe, un aristocrate au corps superbe, qui s’acoquine avec Basil Hallward, un vidéaste homo tendance un peu paumé et écorché vif. Ce dernier réalise une installation vidéo appelée Cathode-Narcissus où sur neuf écrans, Dorian se prélasse devant la caméra, exhibant fièrement son corps et sa jeunesse. Et comme dans le roman de Wilde, il fait le vœu de rester tel que sur ces vidéos. Alors c’est l’installation qui vieillit tandis que le temps n’a plus de prise sur le personnage réel.
Will Self a respecté l’esprit du roman de son prédécesseur, mais a aussi mis beaucoup d’originalité dans ses choix narratifs, et dans la manière dont il transpose son intrigue à un siècle d’écart. Il substitue avec énormément de subtilité la fin du XIXe siècle avec son lot de décadences aristocratiques londoniennes, par des années 80 engluées dans un thatchérisme qui asphyxie les classes populaires et fait la part belle à la drogue et à la superficialité. Dorian Gray a alors l’allure des personnages de Bret Easton Ellis et ressemble pas mal au héros de American Psycho ou de Glamorama. Il est complètement autocentré et succombe à toutes les tentations et dépravations.
Il est intéressant de voir dans cette version une manière moderne d’assumer ce qui n’était que sous-entendu dans le roman d’Oscar Wilde. Dorian Gray fait donc partie d’une clique de dandys homosexuels pervers et débauchés, mais Dorian se vautre dans le stupre et couche non seulement avec des hommes, mais aussi des femmes, se fait enfiler par tout le Mineshaft (club Gay SM) de NewYork, expérimente les drogues dures et joue à user de son charme diabolique pour mieux détruire les gens qui l’entourent. Il devient rapidement séropositif, et il s’amuse à infecter le plus de personnes possibles. Ses vidéos, elles, ressentent les effets dévastateurs de cette vie dissolue et corrompue, tandis que l’homme est toujours aussi beau et intact. Il va plus loin, fort de cette pseudo-immortalité, en assassinant même froidement des gens.
Will Self exploite jusqu’au bout le lien avec le roman imité, dans l’éventualité même que l’histoire soit une simple mise en abîme de Wotton. Il fait raconter certains épisodes de Gray par Basil ou par d’autres protagonistes, et écrit avec une rare intensité et virtuosité. Ce bouquin est passionnant de bout en bout, et l’auteur a vraiment accompli un exploit en réussissant à réécrire cette histoire, sans la trahir, et avec un regard saisissant et singulier.

Pour plus d'informations :
Publié aux Editions de l’Olivier (Grand Format) et en poche chez Points Seuil (2004)
Biographie et bibliographie de Will Self

Par Matoo
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Mardi 13 septembre 2 13 /09 /Sep 00:00


L’auteur :
Bruce Benderson est né à New York. Il a notamment publié chez Rivages Toxico et New York Rage.
L'avis de Matoo :
J’avais lu et aimé Toxico et New York Rage de Bruce Benderson, et comme son dernier opus venait de recevoir le Prix de Flore, j’ai voulu le découvrir à son tour. Il s’agit résolument d’un auteur gay, et parfois trash, queer et décapant, mais ce qui me plait surtout dans ses bouquins, c’est son écriture. Son côté provocant et cru est toujours contrebalancé par un sens du mot et un style qui m’ont toujours fasciné, un peu comme chez Dustan d’ailleurs. Et en effet, je trouve une certaine résonance entre Nicolas Pages et ce roman de Benderson.
Ce livre a d’autobiographique le fait que l’écrivain se mette en scène dans une aventure amoureuse avec un prostitué roumain rencontré à Budapest. Donc « érotique » peut être pris dans un sens très étymologique puisqu’il s’agit d’un épisode amoureux, voire passionnel. Mais cette liaison tumultueuse est aussi l’occasion d’évoquer d’autres éléments très personnels de la vie de l’auteur, tels que sa relation avec sa mère, son travail et plus largement son existence.
J’ai eu très très peur en commençant à lire cet ouvrage, surtout par rapport à l’intrigue centrale du roman. En effet, le début a beaucoup trop, pour moi, de relents de vieux bouquins d’écrivains pédés qui racontent leurs frasques. Le genre de roman que j’aimais bien lire chez Balland il y a quelques années, mais que je trouve franchement moisis aujourd’hui. Parce que l’on voit l’auteur qui rencontre un prostitué et qu’il narre leurs ébats, leur relation viciée par l’argent. Et puis il y a cette amorce de rapport « amoureux » entre un occidental âgé et bedonnant et une petite frappe hétérote de Budapest qui se prostitue pour quelques dollars. Du coup, la relation amoureuse parait tout de suite vouée à sa perte, et l’auteur passe vraiment soit pour un vicelard de base, soit pour une pauvresse finie.
Mais le livre décolle car, encore une fois, je trouve que Bruce Benderson écrit terriblement bien. Il réussit donc à captiver l’attention dans tout ce qu’il raconte autour de cette histoire, et j’ai finalement bien accroché grâce à la manière dont il transcende cette simple escapade inconsidérée. Les évocations de sa mère notamment sont vraiment frappantes de beauté et d’amour. Le pauvre va très loin pour avoir de l’argent et entretenir son micheton, ou payer ses voyages, car il accepte même une traduction d’une biographie de Céline Dion. Et à 10 heures de boulot par jour, on peut comprendre la gravité de ce supplice de Tantale.
L’auteur tente par tous les moyens de se rapprocher de son amant et de sa culture. Le livre se dédouble ainsi au fur et à mesure, entre sa propre intrigue, et une histoire de la Roumanie. Benderson s’identifie à certains personnages historiques du pays et se prend de passion pour la fin de la monarchie roumaine du siècle dernier qu’il raconte avec beaucoup d’émotions.
Ce n’est pas un bouquin sensationnel, mais il a une véritable qualité d’écriture, et j’ai vraiment été sensible à certains émois existentiels de l’auteur, à ses crises, ses doutes, ses regrets, à la manière dont il véhicule ses émotions et surtout dont il les analyse. Oui, il y a finalement vraiment quelque chose à en retirer pour soi.
Pour plus d'informations :
Publié chez Rivages, « Roman étranger » (2004)
Tout sur Bruce Benderson (+ interviews)
Par Matoo
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Mardi 13 septembre 2 13 /09 /Sep 00:00


Fiche technique :
Avec Joe Dallesandro, Geraldine Smith, Patti d’Arbanville-Quinn et Candy Darling. Réalisé par Paul Morrissey. Scénario de Paul Morrissey
Durée : 105 mn. Disponible en VO et VOST.

Résumé :
A New-York, Joe, un marginal, se prostitue pour subvenir aux besoins de sa famille, tandis que Geraldine, sa compagne, mène une vie parallèle avec une autre femme se prénommant Patti.
L'avis de Jean Yves :
New York. Vingt-quatre heures de la vie de Joe Dallesandro qui se prostitue pour subvenir à ses besoins, à ceux de son enfant, et de sa femme Géraldine, qu’il partage avec une autre femme, Patti.
Ce film a été réalisé par Paul Morrissey et produit par Andy Warhol, le maître du pop art, qui en assura aussi la photographie. Paul Morrissey deviendra par la suite son conseiller spirituel et fera découvrir au grand public le « pape de l'underground ».
Le film débute par un célèbre plan très « warholien », caméra fixe pendant plusieurs minutes sur le visage endormi de Joe (Warhol n'a-t-il pas filmé un homme en train de dormir pendant six heures avec le même plan fixe ?) Ce film montre des scènes quotidiennes et quasi-répétitives : le réveil de Joe, la conversation avec son épouse, le déjeuner avec le bébé, la préparation pour aller faire le trottoir, seul moyen de survie du couple, dans un ordre chronologique et routinier.
Vêtu d'un costume on ne peut plus érotique pour l'époque (tee-shirt noir moulant sous une chemise blanche ouverte, jean et baskets), Joe arbore un look beach boy [à mettre en rapport avec la date de création 1968, alors que le film ne sera découvert en Europe qu'en 1973].
Rencontre avec plusieurs types de clients sur fond de 42e rue : le premier, banal, qui désire le revoir ; le second qui lui donne un cours d'histoire de l'Art tout en le photographiant – dans des poses antiques inspirées des fresques de la Chapelle Sixtine – moyennant cent dollars. Retour au tapin, quelques réflexions entre prostitués sur les tarifs et spécialités de chacun. Détour chez un groupe de transsexuels, et retour au foyer pour rejoindre sa femme et sa copine. Même plan fixe final sur le visage de Joe, exténué, se préparant après un sommeil réparateur à reprendre le même chemin le lendemain. Répétition et fatalité.

Flesh est le film d'un beau gars marginal, à qui la splendeur de son physique permet d'échapper aux navrantes contraintes du travail. Flesh, c'est du cinéma direct. La qualité de l'image filmée n'était sûrement pas le souci du réalisateur. Comme si la seule chose qui comptait, c'était que les gens filmés soient beaux. Plus exactement fascinants, par une mise en exergue de l'excentricité ainsi que de tout ce qui sortait de l'ordinaire. « Beauté » des marginaux pour la seule raison qu'ils vivent en marge. Beauté des personnages accrue par l'existence qu'ils mènent. Avec des dialogues en toute liberté, l'improvisation étant un des principes majeurs de la « Factory » de Warhol.
Ainsi, une journée de Joe Dallesandro prend l'allure d'une aventure picaresque. Dans Flesh, le sexe est la grande affaire, sur fond bruissant de dollars. Pour la bonne raison que Joe ne compte que sur le sien pour en récolter. Avec un brin d'humour, qui n'est pas encore aussi noir qu'il le sera dans Trash (1970) ou dans Heat (1972).
Bien sûr, certaines considérations sur le couple et le sexe peuvent paraître démodées. Mai 68 pointait seulement.

Pour plus d’informations :
Site officiel de Joe Dallesandro

Par Jean Yves - Publié dans : FILMS : Les Toiles Roses
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Lundi 12 septembre 1 12 /09 /Sep 00:00

L'auteur :
Voir le site officiel de l’auteur (en anglais).
L'avis de Jean Yves :
Ça commence par une coupure de presse – fait divers étrange. On referme le livre sur une autre coupure de presse – le même fait divers, élucidé par la plume éclairée d'un quelconque pigiste. Entre temps, vous avez parcouru un très beau livre. Le récit d'une vie, mais aussi d'une passion dans l'Angleterre d'aujourd'hui. Henry, surnommé Hal, dans un style très direct se plaît à nous prendre comme complice. Le lecteur est un exutoire, comme la traditionnelle feuille de papier chargée de recueillir nos émotions comme nos angoisses... Sans difficulté, on marche dans la combine. Nous voilà spectateur d'une fabuleuse histoire d'amour entre deux adolescents, Hal et Barry, qui se rencontrent par hasard; et qui durant sept semaines vont s'aimer et tout se jurer. Une dispute violente (pour une fille) les sépare définitivement, Barry se tuant, au sortir de celle-ci, dans un accident de moto. Hal resté seul veut accomplir sa promesse : aller danser sur la tombe de son ami. Cette profanation accomplie suscite une enquête qui entrecoupe le récit de Hal. Cache-cache délicieux entre les deux récits, mais aussi jeu avec le lecteur qui progresse dans le roman selon deux rythmes et deux styles différents.
Ce livre est remarquable de par le langage résolument moderne. Il s'agit de la langue de notre quotidien, à la fois imagée, argotique et souvent drôle. Toujours riche, sans jamais être impropre même si quelques expressions « mode » ou branchées sont parfois discutables. Remarquable aussi de par l'histoire. Relation homosexuelle certes, mais avant tout histoire d'amour. Jamais l'homosexualité ne pose problème à ces deux adolescents (sauf peut-être au moment d'une confrontation avec des loubards). Sans arrêt, le héros questionne l'amour, en relativisant sans la nier sa «couleur» sexuelle. Ainsi vous n'apprendrez rien sur le «coming-out» des adolescents comme vous ne lirez rien qui puisse érotiser votre imagination quant à leur sexualité débutante...
C'est aussi pour cela que ce roman est formidable. Parce qu'il neutralise la sexualité pour mettre en avant l'intensité d'un rapport purement passionnel. En effet. Hal est un garçon de seize ans et demi, pris au piège de sa passion. Il vit ce que nous croyons être des histoires d'adultes. Lui se sait bouffé par l'amour, se sent impuissant et vulnérable parce qu'à la recherche d'un maître gourou qui lui donne l'envie et l'ambition de vivre. L'autre prend du plaisir à n'être qu'un amant pédagogue, aime les histoires d'amour à leur commencement lorsqu'il faut parvenir à se faire désirer.
Aidan Chambers, dans une mise en scène vivante (la structure du roman est presque celle d'un policier) et un décor contemporain, fait revivre dans une histoire l'un des éternels problèmes que posait Barthes dans Fragments d'un discours amoureux.
Ce roman est aussi l'ébauche d'une réflexion sur l'écriture. Un livre qui se dit prétexte d'une thérapie expiatoire révélant beaucoup sur l'action d'écrire sur soi. Lorsqu'on est sa propre matière première, on cesse de penser à soi pour de plus en plus penser à l'œuvre, à l'écriture. C'est du moins ce qu'affirme Hal et qu'il appelle « une mosaïque d'un moi-qui-fus ». Voilà aussi à quoi peut mener une histoire d'amour. Un livre à ne pas négliger.

Pour plus d'informations :
Publié chez Seuil collection « Point virgule » (1983)
Site officiel d’Aidan Chambers

Par Jean Yves
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Lundi 12 septembre 1 12 /09 /Sep 00:00

Fiche technique :
Avec Romain Duris, Audrey Tautou, Cécile de France, Kelly Reilly, Kevin Bishop, Aïssa Maïga, Olivier Saladin, Zinedine Soualem et Gary Love. Réalisé par Cédric Klapisch. Scénario de Cédric Klapisch. Compositeur : Loïc Dury et laurent Levesque.
Durée : 125 mn. Disponible en dvd dans les prochains mois.

Résumé :
Xavier a 30 ans. Il a réalisé son rêve d'enfance, il est devenu écrivain, mais il semble quand même un peu perdu. Il a quelques problèmes avec sa banquière. Il a également des réticences à se fixer avec une fille et enchaîne les aventures amoureuses avec inconséquence. Xavier est contraint de continuer son travail à Londres, puis à Saint-Pétersbourg. Ces nouveaux voyages lui permettront peut-être de réconcilier le travail, l'amour et l'écriture.
L'avis de Matoo :
Le danger lorsqu’on s’attaque au second opus d’un film aussi culte que L’Auberge Espagnole, c’est de décevoir les spectateurs et surtout les aficionados quel que soit le résultat produit. En effet, certains seront désappointés d’une trop grande ressemblance ou d’autres au contraire d’une trop énorme dissemblance. Là, je trouve que Klapisch a tapé dans le mille, en faisant une suite qui récupère tous les personnages, mais qui se détache partiellement des préoccupations du premier film.
Romain Duris est encore, et plus que jamais, la figure de proue du film. Tout tourne autour de ses ennuis et ratiocinations de bobo parisien qui, la mort dans l’âme, s’interroge sans relâche sur ses amours et sa vie professionnelle. Et à l’orée de ses trente ans, ses tergiversations deviennent des angoisses tangibles. Il n’a toujours pas de nana fixe, un boulot d’écrivain qui dégénère en scénariste de téléfilms à deux balles, et puis ses espoirs et fantasmes de post-ado qui se réduisent comme peau de chagrin. Il est dans la juste lignée du personnage de L’Auberge Espagnole avec quelques années de plus, et Duris est vraiment excellent dans le rôle.
On le retrouve aussi avec Cécile de France, lesbienne en furie, toujours aussi belle et butch, ainsi que la plupart des personnages du premier épisode. Certains sont seulement évoqués, d’autres à peine ébauchés, et quelques un participent à cette aventure. Il s’agit avant tout d’un film d’amour, sur la quête amoureuse de Duris, mais aussi de jolis morceaux burlesques comme Klapisch sait les mettre en scène. On a donc toujours ces petites réflexions philosophiques qui émaillent le scénario sur le « quo vadis » de ces jeunes adultes. Forcément, on s’y retrouve ! L’identification est un des facteurs qui fonctionne le plus ici !
J’ai franchement ri pendant les scènes humoristiques, que ce soit lorsque Cécile de France joue la fiancée de Duris pour rassurer le grand-père de ce dernier, ou bien les quiproquos et autres chassés-croisés amoureux entre Xavier, Martine et Wendy. J’ai vraiment passé un bon moment et même si ce n’est pas le film de l’année, je le trouve bourré de qualités et de charmes.

L’avis d’Oli :
Cinq ans après la coloc à Barcelone, Xavier (Romain Duris) est à Paris pour continuer de s'empêtrer avec ses histoires ratées avec les filles, c'est pas mieux pour Martine (Audrey Tautou) ou pour Isabelle (Cécile de France). Et côté boulot, c'est pas le pied non plus, l'écriture de scénarios romantiques pour la télé, c'est pas trop son truc. Bref, ça rame en amour comme ça rame en affaires. Reste le pipeau comme arme ultime pour s'en sortir, ça peut marcher. Et pourquoi pas conduire à Saint-Petersbourg se rendre compte de certaines choses sur l'amour.
Pour un film avec Romain Duris (si vous lisez mes billets ciné sur les films avec Romain Duris, vous savez que je n'aime pas Romain Duris), c'est vraiment un excellent film ! Et donc au final réellement un bon film. Audrey Tautou est vraiment excellente (pun intended), Cécile de France est délicieuse, lesbienne au profil plus complet que dans le premier opus de la saga, et Kelly Reilly est tout comme on voudrait. Les filles en force !
Quelques bourdes au montage (genre l'heure indiquée par la montre de Romain Duris qui recule dans le temps, alors même que c'est à ce moment de l'histoire un élément que le spectateur est susceptible de contrôler). Mais la musique est bonne, la réalisation aussi, le scénario assez touffu, et les rires fréquents. Même Romain Duris m'a fait rire, c'est dire !
Bon, on s'épargnera la réflexion sur l'amour et la roue qui tourne, ce film court un peu trop contre les clichés pour ne pas en rencontrer quelques fois. Ça reste une histoire agréable, des personnages attachants, et on sort de là content, bien que je sois pour l'instant incapable de dire si ce film m'aura marqué.
Donc à voir sans trop hésiter.

Pour plus d’informations :
Site officiel du film
Bande annonce

Par Matoo et Oli - Publié dans : FILMS : Les Toiles Roses
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Lundi 12 septembre 1 12 /09 /Sep 00:00

Le film Brokeback Mountain du réalisateur Ang Lee, récit d'une histoire d'amour entre deux cowboys dans l'Ouest conservateur des années 60, a remporté le Lion d'Or du meilleur film au Festival de Venise 2005.

Date de sortie du film : 11 janvier 2006.
Bande annonce

Par Soussi - Publié dans : LES NEWS ROSES
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Mercredi 7 septembre 3 07 /09 /Sep 00:00

L'auteur :
Voir la biographie complète sur le site de l’auteur.
L'avis de Matoo :
J’avais un peu commencé à l’envers avec Renaud Camus en lisant d’abord le Lac de Caresse avant ce monument de la littérature gay qu’est Tricks. Et pourtant lorsqu’on connaît le type d’écrivain qu’est Renaud Camus, on perçoit ensuite Tricks comme le genre d’œuvre embarrassante, le genre de chose qui rend extrêmement célèbre et qui vous case dans une catégorie qui n’est pas forcément la plus idoine. Or Renaud Camus est un brillant écrivain, mais rédiger en 1978 une cinquantaine de textes qui sont des récits circonstanciés de plans cul dans des backrooms nécessitait bien une préface de Roland Barthes. Et ce dernier le martèle : « Renaud Camus est un écrivain, que son texte relève de la littérature, qu’il ne peut le dire lui-même et qu’il faut donc que quelqu’un le dise à sa place ».
Je comprends qu’à l’époque ce truc a du vraiment choquer, et être considéré comme de la pornographie. Donc les divers préfaces ou notes liminaires devaient affirmer la valeur littéraire intrinsèque d’un tel ouvrage, ce n’était ni de la pornographie, ni des récits érotiques, ni sociologiques ou romanesques. Il s’agit d’une suite de textes qui racontent le plus froidement et chirurgicalement possible des rapports sexuels fugaces entre hommes, et rédigés selon les souvenirs, parfois parcellaires, de l’auteur.
Je lis donc cela presque trente ans après, et surtout après la véritable émancipation des gays, après le SIDA et après Dustan et ses coreligionnaires. Donc ma première réaction quand j’ai commencé à lire ce bouquin fut de ricaner aux avertissements. C’est bien du cul dont ça parle, et de manière bien crue, mais tout va bien, ce n’est pas comme si j’étais une oie blanche. Donc aujourd’hui, on peut affirmer que ces récits ont une puissance sexuelle assez extraordinaire, et qu’ils ont une certaine portée sociologique pour qui s’intéresse aux pratiques des gays de l’époque. Evidemment, Renaud Camus évoque ses propres expériences, mais ne réduit pas sa vie à cela. Au contraire, il ne raconte que sa collection de Tri
cks, et élude sciemment les relations amoureuses qu’il a pu avoir dans la même période. Ce qui l’intéresse, c’est cela et rien d’autre. J’ai eu l’impression qu’il tentait quelque chose, qu’il menait une expérience, celle d’écrire ce qui ne s’écrivait pas alors et de constater ce qui restait vraiment de ces petits moments de plaisirs éphémères piochés dans ces lieux de débauche. Je me demande s’il avait alors une volonté militante, un vrai désir de montrer la réalité (d’une partie) des relations homosexuelles de l’époque.
J’ai d’abord pensé à Dustan, puisque ce dernier a aussi donné dans la description banale de ses actes sexuels. Mais clairement, l’objectif n’est pas le même, et le contexte fait énormément la différence, même si j’avais lu dans Dustan cette même volonté de s’exposer et de raconter sa réalité sans tabou, ni fioriture. Camus est dans une dimension parallèle lorsqu’il rédige et vit ses Tri
cks, un autre monde où le SIDA n’existe pas et les préservatifs sont plus qu’accessoires (mais où tout le monde devait se refiler allègrement sa MST). Un monde où les homos sont encore plus communautarisés et ghettoïsés finalement puisqu’ils n’ont pas vraiment le choix, et que leur sexualité complètement cachée du commun des mortels leur autorise tous les excès et l’hédonisme de leur choix. Or il est bien connu que l’homme est un être gourmand.
Ces récits montrent combien un homo de l’époque pouvait avoir de partenaires et de relations sexuelles. Enorme ! On voit là sur une période très courte, comment l’auteur rencontre et couche avec des dizaines et des dizaines de mecs, ce qui aujourd’hui est encore légion pour certains, mais manifestement moins qu’à cette époque.
Je ne vais pas m’appesantir sur les récits en eux-mêmes car ils sont un peu répétitifs et le scripte est assez redondant. On retiendra rapidement que Camus aime les bruns virils et poilus, bien foutus et versatiles, et que ces récits sont assez excitants évidemment (merci la lecture dans le métro…) mais vraiment pas faits pour cela (simple dégât collatéral). J’ai seulement retenu que je me sentais beaucoup plus proche de ses pratiques que de celles que j’ai pu lire dans les Dustan & Co. Camus est plus simple, naturel, bienveillant et cool en fait. Mais justement au bout de quelques histoires, on se met à guetter le changement, ou bien la petite inflexion qui en dit d’avantage, où l’auteur égare une miette supplémentaire qui en dit un peu plus sur lui-même.
Ce qui m’a beaucoup intéressé et amusé, c’est aussi le fait que l’écrivain ait revu sa copie lors des différentes rééditions (1978, 1982 et 1988), et qu’il ait alors mis à jour certaines informations. A la fin de chaque tri
ck par exemple, il précise s’il a revu la personne ou pas. On peut alors découvrir que certaines personnes n’ont jamais été revues, ah si finalement revues en 1982 mais pas recouché avec, ah si finalement revues entre 82 et 1988 et recouché avec ! Ou même que certaines connaissances amicales s’étant reconnues dans le livre, ne lui adressent plus la parole. Ou aussi certains tricks qui ont repris contact (dans tous les sens du terme) suite à la publication du roman, etc. Et au fur et à mesure des histoires, j’ai l’impression qu’il livre de plus en plus de ces petites impressions et remarques qui ébauchent un peu plus sa personnalité. En plus de ces notes sur les tricks, on a aussi des sortes de didascalies de rédaction qui indiquent quand les récits ont été écrits, où et plus ou moins dans quelles circonstances, ce qui donne lieu à de très intéressants commentaires de l’auteur lui-même (faisant souvent preuve d’ironie ou de dérision).
Ce sont ces minimes variations dans cet enchaînement de textes qui m’ont plu, comme cette infime modification dans le motif musical d’un Glass ou d’un Reich qui retient l’attention et qui donne un plaisir dingue. J’ai apprécié aussi cette plongée dans la sexualité d’un pédé qui avait mon âge en 1978, et évidemment l’identification est immédiate et extrêmement stimulante (intellectuellement ?). Et si j’aime aussi une chose chez Renaud Camus, c’est bien ce mélange, incongru pour tout un chacun, entre un intellectuel, lettré à outrance que j’imagine aujourd’hui comme un homme plutôt bourge et respectueux, et un homo qui a assumé de placer ses relations sexuelles dans un bouquin et tout ce qu’elles ont pu provoqué de négatif dans son image par la suite. Mais bon, il n’avait peut-être pas imaginé leur impact. J’écris tout cela alors que je ne connais rien de ce mec, et donc je suis peut-être complètement dans le faux. Mais comme d’habitude, je livre le fruit de mon ressenti immédiat quelques trente minutes après avoir fermé le bouquin.

Pour plus d'informations :
Disponible chez P.O.L. (France)
Site de Renaud Camus
Site de la Société des lecteurs de Renaud Camus

Par Matoo
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