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Blog LGBT du rédac' chef :
Daniel Conrad

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Daniel Hall


secondé par :

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L'équipe des "piliers" en exclusivité
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Niklas,
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 Jag1366, Hari3669, Maykel Stone,
Marc-Jean Filaire,
Isabelle B. Price, Psykokwak,
Rémi Lange
, Henry Victoire, Didier Roth-Bettoni
et
BBJane Hudson...

Mais aussi, depuis, Cyril Legann,
Gérard Coudougnan (Livres), Voisin Blogueur,
Nicolas Maille, Sullivan Le Postec, Vincy Thomas,
Jann Halexander, Tom Peeping
, Lucian Durden,
Papy Potter, Nico Bally, Marie Fritsch,
Sir Francisco, Laurent Fialaix
et Hugo Rozenberg.

Special Guest Star : Philippe Arino.

Un grand merci à Francis Moury,
Olivier Nicklaus et à
Yann Gonzalez.
Et en special guest star gay-friendly... Dr Orlof !


et bien d'autres depuis le début et d'autres à venir...

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Dossier et chronique-soutien
à l'association "Le Refuge" (Daniel C. Hall).

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Dimanche 1 août 7 01 /08 /Août 12:01


La bannière et la vidéo sont (c)
Syred Pictures
Les vidéos présentes et futures sont diffusées avec l'autorisation de Maykel himself.
Un grand merci à l'équipe de Rien de 9 !
Par Maykel - Publié dans : WEBSERIE : RIEN DE 9
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Dimanche 1 août 7 01 /08 /Août 11:53

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Les vidéos sont (c)
Univers-L.com
Les vidéos présentes et futures sont diffusées avec l'autorisation de
Isabelle B. Price et son équipe.
Par Isabelle B. Price - Publié dans : SERIE : LOS HOMBRES DE PACO
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Samedi 31 juillet 6 31 /07 /Juil 00:00
 

Fiche technique :
Avec Alessandro Gassman, Francesca d’Aloja, Halil Ergun, Serif Sezer, Mehmet Gunsur et Carlo Cecchi. Réalisé par Ferzan Ozpetek. Scénario de Ferzan Ozpetek et Stefano Tummolini. Directeur de la photographie : Pasquale Mari. Musiques de Pivio Aldo De Scalzi.
Durée : 94 mn. Disponible en VO, VOST et VF.


Résumé (dos du dvd) :
Architecte italien, Francesco apprend qu’il est l’héritier de sa tante Anita, qui vivait en Turquie. Il décide de partir à Istanbul afin de régler la succession. Arrivé sur place, il découvre que ce qu’il croyait être une maison est un réalité un hammam… Envoûté par Istanbul, Francesco retarde son retour en Italie et hésite à vendre le hammam. Sans nouvelles de Francesco, sa femme Marta se rend à son tour en Turquie et découvre un homme bien différent de celui qu’elle croyait connaître…

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L'avis de Daniel Conrad Hall :
Le hamman, ce lieu mystérieux si emblématique de la culture turque ou arabe. Derrière les portes et les brumes duquel, les hommes (ou les femmes) partagent des secrets et des rites qui titillent notre imagination. Et bien Hammam porte bien son nom et tient toutes ses promesses. Avant tout, c’est un film qui envoûte. Le terme n’est pas trop fort, un charme étrange opère dès les premières minutes du film. Tout d’abord grâce au talent et à la sensualité de son acteur principal, Alessandro Gassman, remarquable de justesse et de sobriété.

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Ensuite c’est Istanbul, la ville de tous les fantasmes, qui nous séduit grâce à ses charmes discrets (même les plus vénéneux). Istanbul, personnage à part entière de ce film, que l’on sent vivre, respirer, palpiter et qui, insidieusement, nous captive et nous capture. Mais aussi ce vieil hamman qui va abriter les amours interdits de deux jeunes hommes et qui va les conduire au drame. Et cette narration, assez étrange, entre poursuite des aventures du personnage principal, lecture de vieilles lettres très émouvantes, arrivée de la femme de notre « héros »… Tout participe à se sentir véritablement intégré à la trame de l’histoire et même au décor. Vous l’aurez compris, ce n’est pas tant l’intrigue qui compte, mais les sensations et les sentiments, le mystère et l’envoûtement, la sensualité et la suggestion, la poésie et la musique… Alors il faut bien admettre que si la magie a parfaitement opéré sur moi, d’autres resteront peut-être froids et détachés, car insensibles à cette tentative de séduction.

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Saluons tout de même le jeu remarquable de Gassman, de Halil Ergun et de Francesca d’Aloja, mais aussi la réalisation sobre et efficace de Ferzan Ozpetek qui réussit l’exploit de nous faire aimer Istanbul de l’intérieur et les turcs, dont cette famille si attachante. Hammam est une puissante invitation au voyage, une plongée dans les vapeurs moites, purificatrices et sensuelles d’un univers masculin décalé et pourtant bien réel. Acceptez de faire ce voyage, vous ne le regretterez pas…

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L'avis de
Yann Gonzales (avis donné à la sortie du film en 1998) :

Dans le marasme actuel du cinéma italien décrit depuis longtemps par de nombreux critiques et historiens, Hammam, présenté l'année dernière au Festival de Cannes dans le cadre de la "Quinzaine des réalisateurs", vient rappeler la diversité de la cinématographie italienne, dont le Festival d'Annecy se fait l'écho chaque année.
Francesco (Alessandro Gassman, talentueux fils de Vittorio), un jeune architecte romain, doit se rendre en Turquie pour hériter d'un hammam légué par une tante qu'il n'a jamais connue. Il y rencontre les membres de la famille chez qui vivait son aïeule. Ceux-ci l'adoptent très vite et, peu à peu, Francesco tombe amoureux de la Turquie et de son nouveau mode d'existence, avant de se décider à rénover le vieux hammam...

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Ferzan Ozpetek, dont Hammam est la première œuvre, a longtemps vécu entre la Turquie et l'Italie, ce qui permet au film d'échapper à un exotisme de pacotille, à un regard touristique dans l'appréhension cinématographique de l'univers turc (la représentation de l'Italie étant réduite à un lieu unique : l'appartement du couple).
Ozpetek parvient ainsi à créer un climat envoûtant et chaleureux, à travers sa vision de l'architecture orientale, son amour de la culture turque, et surtout l'indolence qui semble bercer le pays, malgré la menace d'un urbanisme grandissant qui le ronge telle une gangrène.
C'est d'ailleurs de son hédonisme revendiqué que Hammam tire ses séquences les plus touchantes. Les repas, par exemple, sont traités sur un mode festif dont les signes les plus aisément identifiables sont l'abondance de la nourriture et de la parole.

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Par contre, le film est d'une trop grande timidité dans son approche des corps. Car le véritable sujet du film est finalement celui du rapt d'un corps (celui de Francesco puis, plus tard, celui de Marta) par un pays. Malheureusement, Ozpetek l'élude quelque peu en privilégiant une sorte de suspense facile autour des amours de son héros.
Ainsi, Hammam joue le jeu des fausses pistes manipulatrices et roublardes, avant une scène de révélation qui s'apparente à un climax voyeuriste contrastant avec la limpidité du reste de l'entreprise.
Il devient alors évident que le film souffre d'une mise en scène trop approximative (utilisation un peu abusive de la caméra subjective pour souligner la situation de l'étranger, par exemple) pour aborder un thème aussi magnifique.
Malgré tout, Hammam demeure une belle œuvre de résistance dans sa façon de célébrer une civilisation qui risque de rendre l'âme (au sens fort) à tout moment.

P
our plus d’informations :

Par Daniel C. Hall & Yann Gonzales - Publié dans : FILMS : Les Toiles Roses
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Vendredi 30 juillet 5 30 /07 /Juil 11:27

MicheleCausse-1.jpg

 

C’est un mail ému de la Coordination lesbienne en France (CLF) qui nous l’apprend: Michèle Causse, essayiste et dramaturge lesbienne féministe, a décidé de « dé/naître » hier, jeudi 29 juillet 2010, le jour de son anniversaire, auprès de l’association suisse d’aide au suicide Dignitas.

« Ses textes, au style très élaboré, prônent en même temps qu’ils cherchent à opérer une subversion du langage tel que nous le connaissons, qu’elle qualifie d’androlecte (langage prétendument universel mais en fait fabriqué par et pour les hommes) et qu’elle présente (…) comme le vecteur majeur de l’oppression féminine », écrivait Lucille Cairns en 2003 dans Le Dictionnaire des cultures gays et lesbiennes.

Il y a quelques mois, le blog Les Toiles roses publiait un texte de Michèle Causse écrit en 1996 et relu en 2008 dans lequel elle expliquait pourquoi les gays ne peuvent pas être les alliés objectifs des lesbiennes. En voici la conclusion (à ne pas prendre comme une excuse pour ne pas aller lire le texte complet): « L’association des gays et des lesbiennes ne saurait avoir lieu sans une critique radicale de la phallogocratie et des privilèges qu’elle confère aux mâles dans leur ensemble. C’est aux gays que revient le devoir de se désolidariser de leur classe de sexe, de refuser l’intégration-assimilation aux hétéros et de mener une vraie politique contre le déterminisme génétique dissimulant le fait que l’hétérosexualité est un régime de pouvoir. C’est à eux de reconnaître que, dans la lutte, la véritable force révolutionnaire est celle des lesbiennes, auxquelles la première place doit être cédée de toute urgence. Faute de quoi les mouvements LGBT ne seront que l’un des avatars de la mixité revue et corrigée au bénéfice des seuls hommes. Pour le moment, l’égalité des lesbiennes et des gays est aussi oxymorique que celle des femmes et des hommes. »

 

© yagg.jpg

 

[Ajout de Daniel Conrad Hall] : J'ai beaucoup échangé avec Michèle pour avoir l'autorisation de publier cet article sur le blog en 2009 (qui a suscité débat et nous en étions contents tous les deux) par email et par téléphone. J'ai aimé ces échanges et cette femme charmante. Je suis heureux aujourd'hui pour elle, partie comme elle le voulait vers un ailleurs que je lui souhaite meilleur ; pour son choix digne que nous ne pouvons pas faire en France ; et suis de tout cœur avec celles et ceux qui restent et éprouvent de la peine en pensant à elle. Merci Michèle !

Par Daniel C. Hall - Publié dans : HISTOIRE DE L'HOMOSEXUALITÉ
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Jeudi 29 juillet 4 29 /07 /Juil 15:56



Fiche technique :

Avec Lara Flynn Boyle, Stephen Baldwin, Josh Charles, Alexis Arquette et Martha Gehman. Réalisé par Andrew Fleming. Scénario : Andrew Fleming. Directeur de la photographie : Alexander Gruszynski. Compositeur : Thomas Newman.
Durée : 90 mn. Disponible en VO, VOST et VF.


Résumé :

Eddy et Stuart partagent la même chambre dans leur campus universitaire. Suite à une erreur administrative, le troisième colocataire se trouve être une fille, Alex. Rapidement, les sentiments prennent place dans leurs vies, des sentiments croisés... Cette improbable situation va finalement les rapprocher pour le meilleur et pour le pire.

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L’avis de Dr Devo de Matière Focale :
Le sujet est inscrit dans le titre : lors d’une rentrée universitaire, trois étudiants sont amenés à partager un logement sur le campus – un macho fêtard (Stephen Baldwin), un jeune à l’homosexualité encore refoulée (Josh Charles) et une superbe jeune femme (Lara Flynn Boyle), qui va naturellement tomber amoureuse du gay, lequel est lui-même attiré par son colocataire qui pour sa part n’est pas indifférent aux charmes de, etc. On est donc, une fois de plus, face à un « film de college », genre fréquemment visité sur mon site (voir Slackers ou Les Tronches par exemple), et qui est loin de provoquer chez moi l’enthousiasme, ou du moins, pas systématiquement –je n’aime pas American Pie, par exemple. Ce qui ne m’empêche pas de reconnaître les caractéristiques et le potentiel d’un genre à part entière, bien qu’il soit typiquement américain, et donc assez peu reconnu dans nos contrées (malgré quelques tentatives d’imitation redoutables du type Sexy boys), et même d’avoir beaucoup de sympathie (College attitude) ou parfois d’estime (Les Lois de l’attraction, ou le superbe Rushmore, à mes yeux le meilleur travail de Wes Anderson) pour une partie de ces films.

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Pourquoi ? Sans doute, tout simplement, parce que le film d’Andrew Fleming m’a semblé assez réussi – je n’aurais peut-être pas fait l’effort d’y jeter un œil si mes collègues ne m’avaient pas promis un très bon film, et j’avoue honnêtement que je n’en attendais pas grand-chose. D’autant plus que Fleming ne m’avait jusqu’alors pas impressionné par ses talents de cinéaste avec des films comme Panics ou encore, avec toujours un pied dans le film de « college », The Craft (Dangereuse alliance), film médiocre qu’il faut tout de même faire l’effort de voir pour la très belle performance de la trop rare Fairuza Balk.

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Attention : je ne suis pas en train de dire que 2 garçons, 1 fille, 3 possibilités est une merveille de mise en scène, loin de là : la réalisation n’a d’autre qualité que celle d’être fonctionnelle dans un registre purement illustratif. Mais les comédiens font un excellent travail, et apportent beaucoup de spontanéité au récit. Plus encore, la sexualité, qui dans ce genre de film est toujours omniprésente mais dans une approche assez creuse et parodique, est ici abordée de façon frontale, non sans parfois une certaine gravité ; le film traite de l’érotisme, de la sensualité, avec un indéniable tact, qui parvient à rendre assez touchant un métrage qui ne dérape, à l’occasion, que dans quelques scènes de comédie plus maladroites ou dans certains dialogues un peu téléphonés (dont une voix-off un rien lénifiante). La vraie limite du film, c’est surtout sa mise en scène conventionnelle (séquences-montages d’une insondable banalité, références appuyées à Jules et Jim, qui est un film que je déteste), mais on sent un projet sincère, qui n’évacue pas certains aspects très cruels du récit (le trio humilie une fille un peu cruche dans une séquence drôle et méchante à la fois) et qui parvient à développer un ton relativement personnel et attachant dans le cadre d’un genre aux pentes bien savonneuses. Un peu fabriqué, certes, mais loin d’être inexistant.

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L'avis de Surfeur51 :
Cette histoire d'une amitié amoureuse entre trois étudiants dans un campus américain, précurseur d'un genre qui allait fleurir dans les années suivantes, est d'un niveau beaucoup plus relevé que les American Pie et autres Allumeuses ! Les dialogues sont savoureux, et les situations cocasses mais crédibles. Alex, la fille, est attirée par Eddy, un garçon sensible et réservé, un peu intello, mais gay. Donc malgré le caractère extraverti, macho et grossier de Stuart, c'est plutôt vers lui qu'Eddy est attiré, alors que Stuart lorgne sur la belle Alex qu'il rêve de mettre dans son lit... Cette situation où les attirances physiques contrarient les connivences intellectuelles, et où l'amitié doit composer avec les peines de cœur et une certaine jalousie, conduit à des rebondissements scénaristiques traités à la fois sur les modes comiques, tendres, romantiques et quelquefois sérieux. Ce méli-mélo inextricable est aussi à l'origine de la seule vraie faille du scénario, à savoir trouver une fin satisfaisante. Ni triste, ni heureuse, la fin laisse le spectateur un peu sur sa... faim.

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Les trois acteurs principaux sont absolument parfaits dans leur rôle, d'un grand naturel (à aucun moment on ne se dit qu'ils jouent la comédie), et l'alchimie entre eux est étonnante. Ils sont tellement dans leur rôle que le réalisateur leur a laissé improviser de nombreuses scènes. Alex (Lara Flynn Boyle), d'abord contrariée de se retrouver avec deux garçons, révèle une nature généreuse, au caractère affirmé, légèrement extravertie (son hobby est de jouer au théâtre), un rien exhibitionniste. Eddy (Josh Charles) est sérieux et réservé. Il ne prend d'ailleurs conscience de son homosexualité qu'en côtoyant ses deux colocataires. Quant à Stuart (Stephen Baldwin), il est excessif, pas très fin, un tantinet macho et limite obsédé sexuel.

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Ces trois caractères dissemblables se rapprochent néanmoins dans une amitié sincère, que les attirances sexuelles vont compliquer. Le scénario approfondit essentiellement cette dualité amitié-sexualité, ce qui donne l'occasion à plusieurs épisodes d'un érotisme assez poussé, mais jamais gratuit. Ce ne sont d'ailleurs pas les scènes de nudité qui sont les plus osées (la baignade dans le lac est plutôt sage), mais celles où le réalisateur cadre les orgasmes d'Alex sur son visage particulièrement expressif. Les comédiens se sont d'ailleurs apparemment lancés sans retenue dans leur rôle, comme nous le révèle le réalisateur dans ses commentaires. Andrew Fleming fait preuve de beaucoup de tendresse envers son attachant trio de personnages, et il a inséré dans le scénario de nombreuses anecdotes personnelles vécues quand lui-même était en faculté. Son traitement de l'homosexualité masculine est par ailleurs d'une grande modernité pour un film tourné en 1993.

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Cette petite comédie n'a pas eu le succès qu'elle mérite, peut-être de part son classement restrictif lié au caractère érotique des scènes et à certains propos à la limite du scabreux. Mais cette peinture alerte, amusante et sans temps mort des rapports amour-amitié de jeunes adultes est une réussite notable, à voir ou revoir avec délectation.

Pour plus d’informations :
Par Dr Devo & Surfeur51 - Publié dans : FILMS : Les Toiles Roses
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Jeudi 29 juillet 4 29 /07 /Juil 11:52

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« Le Sénat est contre la parité hommes-femmes ; les sénateurs souhaitent donc rester entre hommes ; s'ils n'étaient pas aussi contre le PACS, je me demanderais même s'ils ne seraient pas un peu pédés... » Laurent Ruquier, Je ne vais pas me gêner (2000).

Par Daniel C. Hall - Publié dans : MOTS : Citations philes et phobes
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Mercredi 28 juillet 3 28 /07 /Juil 16:08

 


(6.08)


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PREVIOUSLY ON ZANZI AND THE CITY : cliquer ici.

 

Encore deux mois, trente-sept jours ouvrés et j’appuierai sur « pause ». Une pause en forme de prélude à un nouveau départ. Je ne sais pas encore précisément ce que je vais faire, je n’ai aucun vrai projet si ce n’est celui de marquer un temps d’arrêt transitionnel entre le passé et l’avenir.

Je suis retourné brièvement dans la City (1), le temps de régler quelques détails administratifs. Pas vraiment l’occasion de flâner malgré deux belles journées d’été, ni de faire la tournée des grands-ducs. Ce n’est pas encore le bon moment. Pas eu envie de rester jusqu’au samedi 26 (2) et de revivre, avec un casting différent, le scénario de 2008 (3) qui fit l’objet d’un remake en 2009 (4). De tout cela, je suis revenu. Je ne puis affirmer avec certitude que l’on ne m’y reprendra plus, mais quoi qu’il en soit, plus à cette période de l’année. Histoire d’en finir une bonne fois pour toutes avec les débuts d’été qui ne tiennent jamais leurs promesses et de ne plus céder aux emballements de toutes sortes. Ni les miens, ni les vôtres.

Paris a changé. J’ai changé. Brièvement, j’eus l’impression d’errer tel un revenant au milieu de fantômes du passé et, finalement, je me suis senti quasiment étranger à ces groupes de spectres agglutinés sur le trottoir de la rue Sainte-Croix-de-la-Bretonnerie. Ainsi suis-je passé sans les frôler, mais en les observant comme pour mieux me convaincre que nous avons peu de choses en commun.

Au hasard de mes pas j’ai rencontré un ancien flirt. Dans une ville peuplée de plusieurs millions d’habitants, c’est assez curieux. Nous en fûmes quittes pour cinq minutes de conversation, pour dire de prendre des nouvelles l’un de l’autre. In fine, je me suis demandé ce qui m’avait plu en lui. Énigme sans réponse. Peut-être qu’à l’époque j’étais in the mood for it. Bygones.

Vous souvenez-vous de ma soirée de départ, il y a presque trois ans, narrée dans le journal de mes adieux parisiens (5) ? Elle a permis de créer des amitiés nouvelles qui se sont cimentées avec le temps. De fait, des gens qui au commencement n’avaient que moi en commun sont devenus très proches. Peut-être que grâce à cela j’irai au Paradis…

À l’heure où j’écris ces lignes, je suis dans l’avion qui me ramène à Caribouland. Lorenzo avait raison : ces deux semaines m’ont fait du bien et je repars en meilleure forme qu’à l’arrivée. Fin prêt pour l’été. Fin ? Pas tant que cela, aux dires du pèse-personne ! Quatre kilos de plus que mon poids habituel, voilà qui n’est pas un signe de finesse. Assez finassé : il faut que je me mette au sport et que je mange davantage de fruits et de légumes. Pour ne pas devenir une courge !

En parlant de courge, c’est de cette façon que certains de mes amis ont qualifié les professionnels amateurs de notre si peu brillante équipe de « ballon au pied ». Je considère qu’il est dommage d’en faire tout un foin alors que dans le même temps un joueur de tennis français a disputé le match le plus long de l’histoire sur le gazon de Wimbledon. Le foot fait les gros titres, le tennis figure à la rubrique des chiens écrasés. Allez comprendre… ce fait mériterait tout un billet d’humeur mais je ne me sens pas d’humeur à l’écrire. Vu les crispations qu’entraîne le sujet je préfère éviter de donner des ulcères à mon lectorat. En parlant de lectorat, je me demande parfois si je suis encore lu. Non que j’y attache une grande importance – ça, c’était vrai à mes débuts – mais j’ai comme l’impression que je n’intéresse plus beaucoup. Sic transit gloria mundi.

Peut-être devrais-je aborder des thèmes anacréontiques avec une bonne dose de lubricité ! Et tiens, je vais écrire un petit conte d’arc-en-ciel mon mari !

 

27 juin 2010 (envoyé le 27 juillet 2010)

 

(1) En juin : mercredi 23 et jeudi 24

(2) Samedi 26 juin, si vous n’aviez pas encore compris que les événements relatés remontent au mois dernier.

(3) Cf. épisodes 92 et 94.

(4) Qui n’a jamais été évoqué dans « Zanzi and the City ».

(5) Cf. épisode 68.

 

 

TO BE CONTINUED...
Par Daniel C. Hall - Publié dans : HUMEUR : Zanzi and the City
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Mercredi 28 juillet 3 28 /07 /Juil 11:30

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« J'ai personnellement parlé à 10 ou 12 footballeurs professionnels qui sont homosexuels. Ils existent. Je vous le promets. Aucun ne m'a demandé s'il devait révéler son homosexualité. S'ils me l'avaient demandé, je leur aurais conseillé de ne pas le faire. Je ne suis pas un activiste… » John Amaechi, février 2010, ex-basketteur NBA, qui avait lui-même révélé son homosexualité en 2007, mais après avoir pris sa retraite en 2003.

Par Daniel C. Hall - Publié dans : MOTS : Citations philes et phobes
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Mercredi 28 juillet 3 28 /07 /Juil 11:10

 


Avec Daniel Conrad Hall, rédacteur en chef de votre blog Les Toiles Roses, Tatiana Potard, Hervé Latapie, Mathieu...


Merci à nos amis de GayClic.com...

Par Daniel C. Hall - Publié dans : HISTOIRE DE L'HOMOSEXUALITÉ
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Mardi 27 juillet 2 27 /07 /Juil 18:17
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Bruno Gollnisch, délégué général du Front National et député au Parlement Européen, parle de sa vision de l'homosexualité dans l'émission T'empêches tout le monde de dormir du mardi 20 février 2007.

Par Daniel C. Hall - Publié dans : MOTS : Citations philes et phobes
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Mardi 27 juillet 2 27 /07 /Juil 18:03

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Anjem Choudary (au centre de la photographie)

 

« Si un homme apprécie un autre homme, ça peut arriver. Mais si vous satisfaites votre désir et que cela est prouvé, alors il y a une punition à la clé. On ne lapide à mort que s’il y a quatre témoins oculaires, c’est une procédure très rigoureuse (…) Il y a des gens qui sont attirés par des ânes, ça ne signifie pas pour autant que ça soit bien… » Anjem Choudary, imam britannique, qui veut voir la Grande-Bretagne gouvernée par la charia et les homosexuels lapidés, Daily Mail, 21 mars 2009.

Par Daniel C. Hall - Publié dans : MOTS : Citations philes et phobes
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Mardi 27 juillet 2 27 /07 /Juil 16:22



03.

On n'a rien compris à l'homophobie

 

Philippe Ariño



Philippe Ariño, né en 1980 à Cholet, est professeur d’espagnol en région parisienne, écrivain (il a publié aux éditions L’Harmattan un essai en quatre tomes sur les liens entre viol et désir homosexuel : www.araigneedudesert.fr), chroniqueur radio sur Fréquence Paris Plurielle (106.3 FM) à l’émission HomoMicro, et comédien (il a 10 ans de théâtre derrière lui et s'est lancé dans le one-man-show). Il offre un œil nouveau et étonnamment complet sur la culture homosexuelle.

 

 

Actuellement, la nouvelle marotte du militantisme homosexuel et de la société française gay friendly toute entière concernant l’homosexualité, c’est la LUTTE CONTRE L’HOMOPHOBIE. On nous force à la reprendre tous en chœur (… et malheur à celui qui la critique et qui n’y est pas sensible !) : « Les homosexuels sont victimes d’homophobie, en particulier les jeunes adolescents. Il faut accepter les homosexuels ! C’est bien ! Ils ont le droit d’être qui ils sont et de s’aimer ! Et tous ceux qui n’acceptent pas cela sont des intolérants ! » La lutte contre l’homophobie a même fini par supplanter dans les discours la défense de l’identité gay/lesbienne, des amours homosexuelles, de l’homoparentalité, et y compris la lutte contre le Sida. On commence à voir défiler un peu partout depuis plus d’un mois sur les sites communautaires homosexuels ce flyer annonçant l’arrivée d’un événement intersidéral sans précédent : « Participez ! Cette journée VOUS appartient ! 17 mai 2009 : L’Homosexualité n’a pas de frontières. » Non non, ce n’est pas la bande-annonce pour le nouveau film « Star Trek »… C’est juste l’affiche créée à l’occasion de la prochaine Journée Internationale contre l’Homophobie ! Chouette ! Avec nos Marches des Fiertés, ça nous fait encore un autre rendez-vous annuel de plus dans le calendrier consacré à l’homosexualité ! On en a de la chance ! (… Mais dites-moi, est-ce qu’on n’est pas en train d’en faire un peu trop..?)

 

 

Je me trouvais il y a quelques jours à la représentation de Ma Double Vie de Stéphane Mitchell, à la Mairie du 3ème Arrondissement à Paris, le 15 avril dernier, dans le cadre de l’inauguration officielle du 3ème Festival parisien de Théâtre gay et lesbien au théâtre Côté Cour. Cette pièce gentillette, jouée par une vingtaine d’adolescents tous aussi courageux et bien-intentionnés les uns que les autres, a été ovationnée à la fin par une salle enthousiaste qui a acquiescé aux mots pleins de verve et poignants du metteur en scène Anouchka Chenevard Sommaruga sur « l’urgence qu’il y avait à faire qu’une œuvre théâtrale aussi engagée et efficace que celle-ci circule dans un maximum de collèges et de lycées pour faire en sorte qu’enfin le massacre perpétré par cette monstrueuse homophobie (rappelez-vous les suicides des jeunes adolescents homosexuels…) s’achève une bonne fois pour toutes ! (merci, MERCI du fond du cœur, merci, MERCI du fond du cœur, merci, MERCI du fond du cœur, merci, MERCI du fond du cœur,…) » (Rideau) Résultat des courses : on croit et on nous fait croire que le simple fait de « parler d’homophobie » (sans même l’expliquer) et d’afficher qu’on est « contre » (sans expliquer non plus pourquoi), c’est ça le vrai et juste engagement. On nous fait croire que ce qu’on vient d’entendre, ça aborde à fond le sujet de l’homophobie… alors qu’en réalité cette pièce ne traite pas du tout des causes profondes de l’homophobie et n’est pétrie que de « bonnes intentions ». Mais sur quelle planète vivons-nous ? Les Bisounours ? Star Trek ? (… les deux, peut-être ? ;-)…) Qu’a-t-on compris de ce qu’est réellement l’homophobie ? De ses mécanismes ? Comment pouvons-nous, en applaudissant ce genre d’œuvres artistiques au message plat, comme l’immense majorité des discours anti-homophobie d’ailleurs, prétendre avancer réellement dans la lutte contre la réelle homophobie, celle qui ne vient pas justement « que des autres » mais qui se situe au cœur de notre propre désir homosexuel ?

Cette pièce, même si elle a le petit mérite de présenter l’homophobie comme un phénomène « mauvais » et « à combattre » – en plus d’informer et de sensibiliser (le militantisme homosexuel actuel raffole de ces deux mots : « sensibilisation » et « prévention »…) –, ne donne aucune piste sur les « pourquoi, comment, et contre quoi lutter », dans sa manière de simplifier le problème en ne cherchant pas à expliquer concrètement les choses autrement que par des arguments on ne peut plus simplistes sur ce qu’est l’homosexualité (« On naît comme ça, un point c’est tout ; on le choisit pas. L’homosexualité, c’est le nom donné à l’attirance amoureuse entre deux personnes de même sexe, et rien d’autre. ») et sur ce qu’est l’homophobie (« L’homophobie, c’est le rejet envers les personnes homosexuelles exercé par d’« intolérables Intolérants ». » – Je cite – ). En soi, « faire connaître l’homophobie » pour « faire connaître l’homophobie », sans donner l’explication qui va derrière – pire : en interdisant l’explication qui va avec (je vous renvoie au cortège de caricatures parentales de la fin du spectacle, ou bien au listing de toutes les plus grossières remarques étiquetées « classiquement homophobes » qui émaillent le texte de la pièce) –, sans dépasser le terrain de la bonne intention, n’est-ce pas une démarche inconsciemment homophobe ? Prévenir agressivement sans éduquer, cela ne revient-il pas au final à « pisser dans un violon », ou pire, à appeler à soi l’agression ? Je crois paradoxalement que oui. Ce n’est pas en taxant tous les opposants et indifférents aux causes homosexuelles d’« intolérable Intolérants » qu’on attire la sympathie et la compassion, et qu’on ouvre des espaces de dialogue avec nos soi-disant « ennemis ». Ce n’est pas non plus en chantant que l’amour homosexuel c’est merveilleux (hum hum… de quoi et de qui parle-t-on au juste ? du MERVEILLEUX couple formé par Verlaine et Rimbaud, cité généreusement comme exemple d’« amour homosexuel » dans la chanson-phare de Ma Double Vie ???…) – et que si ça ne l’est toujours pas, c’est uniquement à cause « des autres et de la société » et surtout jamais de la faute des personnes homosexuelles elles-mêmes –, qu’on comprendra vraiment les enjeux sociaux réels de l’homophobie. Et ce n’est pas en énonçant main dans la main, toutes générations et sexualités confondues (« hommes, femmes, homos, hétéros, bis, trans, qu’est-ce qu’on s’en fout, d’ailleurs… On est tous des anges asexués queer, non ? ») que « Tout le monde Il est gentil, que la diversité c’est magnifique et que ça doit l’être obligatoirement pour tous », qu’on fera avancer les mentalités sur l’homosexualité. Que reste-t-il de la lutte concrète contre l’homophobie et les discriminations humaines si ce combat se réduit en slogan publicitaire gay friendly manichéen « Alors, POUR ou CONTRE l’homophobie ? NOUS, ON EST CONTRE ! (… parce que l’homophobie, c’est MAL… Et même qu’on sait même pas pourquoi, d’abord… Et on emmerde tous ceux qui sont POUR parce que ce ne sont que des méchants homophobes !) » ?

 

 

J’ai toujours été convaincu que le détonateur de tout type de violence humaine était l’ignorance. Moins on s’intéresse au savoir et à la Réalité, moins on s’ouvre concrètement à soi-même et aux autres : on observe alors l’Humanité de loin, avec des lunettes déformantes, et on perçoit les différences qu’Elle nous offre comme des dangers à détruire, sans avoir cherché à expliquer combien infondées étaient nos peurs, nos caricatures, et notre haine à son encontre. La promotion du déni et de l’ignorance, le refus d’expliquer calmement les choses et de se regarder soi-même en vérité avant d’extérioriser systématiquement sur « les autres » les problèmes dans un processus d’auto-victimisation redoutable, ce sont des attitudes qu’il nous est très facile d’observer au sein de la communauté homosexuelle actuelle, que celle-ci se dise « intra » ou « hors-milieu » d’ailleurs. C’est la raison pour laquelle le monde homosexuel est en train de se gorger de violence en ce moment, tant intérieurement qu’extérieurement. Sale temps pour les personnes homosexuelles, qui, en acceptant cette violence sans broncher et sans l’expliquer, sont en train de préparer de beaux jours à l’homophobie ambiante autour d’elles…

Maintenant, pour faire avancer un peu les débats sur l’homophobie, je vous propose d’essayer de réfléchir ensemble sur ce qu’est réellement l’homophobie, puisque ceux qui utilisent à tue-tête et à toutes les sauces ce mot passe-partout n’ont même pas cherché à le comprendre vraiment.

La communauté homosexuelle traque l’homophobie sans même s’être interrogée sur le sens étymologique du terme. Celui-ci ne désigne pas la phobie de l’homosexualité, ni de « l’homosexuel », ni des personnes homosexuelles, mais bien du même (homo veut dire « même » en grec) (1). « L’homophobie exprime une inquiétude face à l’autre indiscernable, équivoque, et dont les pratiques sont un peu les miennes. » (2) Elle n’est qu’une haine de soi se traduisant parfois par une agression opérée sur les Hommes reconnus comme jumeaux de fantasmes (parfois actualisés). C’est sûrement ce qui fait dire aux personnages homosexuels du film Les Garçons de la Bande (1972) de William Friedkin : « Si seulement nous pouvions ne pas nous haïr autant… C’est ça notre drame. » C’est une réalité difficilement audible dans nos sociétés contemporaines, mais qui s’impose à nous dans les faits : toutes les personnes homophobes sont homosexuelles, et les personnes homosexuelles, très souvent homophobes. Cela se vérifie fréquemment dans les œuvres de fiction – le personnage persécutant le ou les homosexuel(s) se trouve être au final homosexuel lui aussi –, et parfois dans les faits. « À 16 ans, je cassais la gueule aux pédés. À 20 ans, je couchais avec. » (3) Par expérience, on découvre à maintes reprises que ceux qui traitent les personnes homosexuelles d’« obsédés, de malades, de pervers, de détraqués » (4) sont à la fois homophobes et homosexuels. Il faut s’y faire au départ, mais une fois qu’on a compris cela, beaucoup de choses sur les mécanismes de la violence s’éclairent par la suite. Les individus homophobes sont finalement ceux qui reprochent aux personnes homosexuelles d’être homosexuels eux-mêmes. La personne homophobe et la personne homosexuelle se ressemblent dans la peur de leur ressemblance, et ne supportent pas de se renvoyer l’un à l’autre leur désir mutuel de mort. Les individus homophobes ont toujours d’excellents amis homosexuels, connaissent très bien le « milieu », disent ouvertement qu’ils ne sont pas homophobes/homosexuels, semblent trop au courant des pratiques homosexuelles et des blagues sur les pédés pour ne pas « en être ». L’Homme qui rejette l’homosexualité pour en faire une espèce humaine à part entière qui serait tout à fait lui ou pas du tout lui est le même qui, en croyant s’en débarrasser, l’intériorise.

 

Qui oblige les personnes homosexuelles à se cloîtrer dans la clandestinité ? Bien avant que ce soit « la société » qui les y ait contraints, c’est un mode de vie qu’elles ont elles-mêmes choisi. Qui pratiquent les sinistres outing ? Sûrement pas prioritairement « les hétéros homophobes ». Ceux qui outent les personnes homosexuelles sont les individus qui côtoient leurs bars, leurs réseaux Internet, leurs cercles amicaux ou amoureux, donc des personnes homosexuelles aussi. Qui critique le plus la visibilité homosexuelle à la télévision ou à la Gay Pride ? Qui empêche la communauté homosexuelle de se faire une place confortable dans la société et d’être forte ? Ses propres membres. « Comment y aurait-il un pouvoir gay ? Ils se détestent tous ! » ironise Frédéric Mitterrand (5). Ceux qui défendent la cause homosexuelle dans les media s’étonnent que les seules lettres d’insultes qu’ils reçoivent proviennent presque exclusivement de leurs frères communautaires : « Je ne pensais pas qu’il y avait autant d’intolérance chez les homos. Ils se plaignent à longueur de journée de ne pas avoir tel ou tel droit et ils ne sont même pas unis entre eux. (…) Les seuls papiers méchants que j’ai eus dans la presse, c’était dans la presse gay. Quand je suis sorti de ‘La Ferme’, j’ai eu 10000 lettres de fans, et six lettres d’insultes qui venaient toutes de gays. » (6) ; « Curieusement, du côté hétérosexuel, je n’ai jamais eu d’ennemis. Évidemment, il existe toujours quelques vrais conservateurs. Mais mes pires ennemis, je me les suis fait parmi les homos. » (7) ; « Sache qu’on ne m’a pas classé dans une catégorie après mon passage à la télé. Certes, je suis l’homo de service à mon boulot et c’est pour rire que mes collègues balancent des blagues sur les pédés. Mais les gens veulent me connaître pour mes qualités et mes défauts, pas pour mon homosexualité. Ce qui est amusant, c’est que ce sont les homos qui me caricaturent en s’imaginant que j’aime les mêmes choses que les folles, qui fréquentent le milieu. Les homos sont intolérants. » (8)

 

 

Actuellement, les gens ne voient dans la figure de la personne homophobe que l’individu gay frustré, honteux, « follophobe », tristounet, frigide. Ils oublient d’inclure dans le portrait toutes les personnes homosexuelles « assumées », extraverties, tout sourire. Par exemple, certains sujets homosexuels se plaisent à imaginer qu’« il n’y a pas plus lesbophobe qu’une lesbienne qui s’ignore » (9). Qu’ils se détrompent. Il y a tout aussi lesbophobe qu’une femme lesbienne refoulée : une femme lesbienne qui croit se connaître par cœur et qui, du fait de s’étiqueter éternellement lesbienne, refuse de reconnaître qu’elle puisse un jour devenir lesbophobe. On observe à bien des occasions des personnes homosexuelles, jouant en temps normal les grandes tapettes ou les militants de la première heure, se métamorphoser sans crier gare en brutes épaisses détestant leur communauté d’adoption. Bien des personnes homosexuelles, en disant qu’elles s’assument à 100 % en tant qu’« homos », rejoignent dans l’extrême les personnes homophobes qui nient en bloc leur homosexualité, puisqu’elles aussi essentialisent le désir homosexuel, se caricaturent, se figent en objet, et donc refoulent qui elles sont profondément. S’il arrive exceptionnellement que certaines personnes homosexuelles reconnaissent que leur désir homosexuel est en partie homophobe, c’est pour mieux se donner l’illusion que depuis leur merveilleuse conversion à la « cause gay », elles s’assument pleinement en tant qu’homosexuelles et que la triste page de leur passé homophobe est déjà bel et bien tournée. S’avouer « ex-homophobe », cela revient pour elles à combattre l’homophobie et à montrer patte blanche. Mais derrière la personne homosexuelle et agressivement fière de l’être se cache souvent une personne (ex)homophobe convaincue, qui affirme haut et fort que l’homosexualité est quelque chose de monstrueux ou de génial : cela dépend des époques, du sens du vent, et des caprices de son désir homosexuel.

 

Pourquoi une personne à l’homosexualité latente ou au contraire à l’homosexualité clairement déclarée en arrive-t-elle à devenir homophobe ? Voilà une question dont je n’ai pas encore percé tous les mystères. Ce que je peux dire, c’est déjà que ce surprenant turn-over s’explique surtout, je crois, par les ravages de la victimisation. En effet, la cristallisation de la victime en une étiquette béate, inoffensive, ou caricaturale, comporte deux risques majeurs : la fixation sur le statut de victime – encourageant dans la réalité concrète à la victimisation, à la substitution aux vraies victimes, et à la déresponsabilisation –, ou sur celui de bourreau – incitant à la diabolisation, à la déshumanisation des despotes, et aussi à la démobilisation. En effet, autant personne ne peut et ne doit assurer qu’une victime deviendra systématiquement bourreau, autant il ne faut pas perdre de vue qu’historiquement parlant tout bourreau a été jadis victime, soit concrètement, soit du fait de s’être convaincu par l’image et le fantasme qu’un martyr n’imitera jamais son oppresseur. Les personnes homosexuelles, comme tous les êtres humains, peuvent devenir ces « agneaux carnivores » dépeints par Agustín Gómez Arcos, c’est-à-dire des boucs émissaires qui se transforment en despotes parce qu’elles tiennent beaucoup plus à leur déguisement blanc tâché d’un sang réel ou fantasmé qu’à la justice en actes. « La terrible leçon du siècle, c’est ce retournement qui transforme les opprimés, une fois arrivés au pouvoir, en dictateurs. Les persécutés ont perdu leur innocence, ceux-là mêmes dont on attendait justice et rédemption ont fondé d’autres despotismes, d’autant plus redoutables qu’ils s’édifient sous les hospices de la liberté et de la justice. » (10)

 

Bien souvent, les personnes homosexuelles préfèrent se rêver innocentes colombes à l’abri de la faute plutôt que de voir qu’elles sont des êtres humains libres et en (défaillante !) évolution. Afin de s’assigner un destin grandiose de martyr, certaines vont se créer une identité d’éternelles victimes par l’intermédiaire de la diabolisation d’un ennemi « homophobe » décrit comme imbattable et humainement incarné.

Pour beaucoup d’entre elles, l’homophobie constitue une réalité indiscutable. Elle leur paraît d’autant plus vraie et perverse qu’elle est fantasmée et difficilement démontrable. Certaines qualifient – avec des guillemets pour « diaboliser sans paraître diabolisateur » – l’homophobie comme le « mal » suprême (11). « La chose qu’on combat est abominable » dira Michel Foucault (12). Les victimes de l’homophobie qu’elles recensent sont surtout des individus dont la mort est bizarrement plongée dans un mystère total. C’est pourquoi elles affectionnent particulièrement les suicides ou les crimes non-élucidés. L’issue des enquêtes judiciaires les intéresse peu. Ce qu’elles aiment, c’est la bonne vieille montée d’adrénaline et le plaisir de se scandaliser entre elles contre la monstrueuse homophobie afin de se délester de tous leurs problèmes personnels.

Se chevauche à leur mépris minorant de l’ennemi homophobe une sur-évaluation de sa puissance. À les entendre, le champ de leurs ennemis n’arrête pas de s’étendre. Hétérosexuels, bourgeois, religieux (surtout catholiques), scientifiques, politiciens (prioritairement de droite), familles, intellectuels… tout se mélange dans leur tête pour ne former qu’une unique pieuvre diabolique aux mille tentacules méconnaissables. Elles créent des mariages consanguins monstrueux, soit entre leurs supposés adversaires (« l’homophobe » et « l’hétérosexuel » par exemple, « le bourgeois » et « le catholique », « le scientifique » et « le prêtre » (13), etc.), soit entre eux et elles : l’Homme homophobe se trouverait aussi là parmi elles, dans leurs cercles d’amis, chez ceux qu’elles côtoient tous les jours et qui les « tolèrent sans les reconnaître », dans le rang des indifférents, des sympathisants, et même des ignorants, qui par leur aveuglement, rentreraient sans le savoir dans le jeu de l’homophobie sociale subtilement intériorisée.

Tandis qu’elles nourrissent le rêve de sa disparition complète, elles veulent la bête homophobe increvable. Il est fréquent qu’elles grossissent en image les agressions dont leurs héros homos pâtissent, en sombrant s’il le faut dans le scabreux et l’odieux (14). En suivant leur élan manichéen, elles se mettent à transformer leurs opposants en terribles « monstres » (15) qui les cerneraient de tous côtés. C’est pourquoi la traque à l’homophobie demanderait un « travail constant exigeant une attention sans faille » (16), mais aussi – et voilà le paradoxe – une nécessaire défaite, un « constat d’impuissance » (17). Elles s’offrent à l’ennemi homophobe en holocauste comme si elles étaient ses jouets. À les entendre, l’homophobie possèderait une invincible puissance. Elle s’adresserait à une « personnalité nécessairement inférieure » (18) (comprendre « elles-mêmes » !) qui n’aurait même pas le choix de la passivité. Pour mériter son titre de héros homosexuel, il faut être traîné dans la boue, être injustement incarcéré, vivre dans l’hémisphère Sud sous un régime totalitaire, ou bien mourir prématurément à cause du Sida ou d’une cruelle injustice contre laquelle la volonté humaine ne pourrait absolument rien.

 

 

Beaucoup de personnes homosexuelles éprouvent une sorte de « fierté paradoxale » (19) à revendiquer violemment les injures dont la société les affublerait. Le renversement du stigmate en orgueil, dont la Marche des Fiertés contemporaine ou bien les provocations des décadents du XIXe siècle se veulent les audacieuses manifestations, n’est en réalité qu’une auto-stigmatisation, une soumission rebelle à une image négative d’elles-mêmes à laquelle elles ont donné crédit tout en la jugeant ridiculement fausse. Elles réagissent comme Benigno dans le film « Parle avec elle » (2001) de Pedro Almodóvar : « Je suis un psychopathe ?!? Et bien, j’agirai comme un psychopathe ! » Elles prennent leurs agresseurs « au pied de la lettre » (20) en se lançant l’impossible défi d’incarner à elles seules l’injure, mais cette fois puissance dix. « Si nous sommes ce que vous dites, soyons-le, et si vous voulez savoir ce que nous sommes, nous vous le dirons nous-mêmes mieux que vous ! » (21) Mais dans le fait de penser qu’elles peuvent piéger leur ennemi à son propre filet, elles sous-entendent qu’elles croient plus en l’efficacité de son jeu qu’en la force du leur. Elles n’ont pas compris la règle d’or pour la réussite d’un combat pour le Bien : ne jamais utiliser des méthodes contraires au but bénéfique que l’on s’est fixé, ni les mauvaises armes de l’adversaire, même si l’épée de ce dernier tranche apparemment très bien à l’image et dans l’instant.

Beaucoup de personnes homosexuelles se scandalisent trop systématiquement quand on les suspecte/suspecterait d’être monstrueuses pour ne pas valider les croyances mensongères qui pèsent/pèseraient sur elles. Par exemple, certaines finissent par revendiquer le port des emblèmes aliénants, tel que le triangle rose, qui fit jadis l’aliénation de nombreux individus homosexuels dont elles n’ont pourtant pas connu la tragique destinée. La décadence est souvent vue par elles comme une manière de revivre leurs fantasmes d’innocence en négatif. Elles ont la fâcheuse coutume d’associer dans leurs propres fictions les personnages homosexuels à des criminels voués à une mort atroce, à des malades mentaux, à des pestiférés, bref, à tous les clichés de « l’homosexualité noire », et ont du mal à s’avouer qu’elles se trouvent monstrueuses étant donné que leur complexe d’infériorité est enrubanné d’une carcasse de suffisance auto-parodique ou volontairement désespérée. Ce qui est difficile à comprendre, c’est qu’elles croient simultanément être des monstres et des victimes innocentes. Voilà le paradoxe de la victimisation : nous nous rabaissons pour nous élever ; et comme nous nous fions davantage à nos intentions qu’à nos actes, nous croyons nous élever, et nous sommes prêts à tout, même à l’humiliation volontaire, à la domination ou à la cruauté qui nous retirent notre identité de victime, pour être considérés comme des victimes.

Parce qu’elles s’imaginent que la souffrance fournit des passe-droits et qu’elle justifie tout, beaucoup de personnes homosexuelles se lancent dans une pathétique compétition au podium du malheur, aux côtés des autres Hommes qui souffriraient beaucoup moins qu’elles. Je souffre – ou je fais semblant d’être l’humain le plus souffrant de la Planète tandis que je nie ma souffrance réelle – donc j’existe. « Je suis content d’être le plus malade d’entre nous trois. Je crois que je ne supporterais pas d’être le moins malade. » (22) Par exemple, certaines femmes lesbiennes surveillent de près le moindre oubli d’attentions sexistes qui les confirment dans l’oppression machiste dont elles souffriraient. Il n’est pas question pour elles de gommer de l’ardoise une seule de leurs discriminations. Elles se croient rejetées à la fois en tant que femmes dans un monde soi-disant dirigé par les hommes, en tant qu’homosexuelles dans une société « hétérosexuelle », et en tant que lesbiennes dans le milieu majoritairement gay. Elles s’estiment pour cette raison au moins trois fois plus discriminées que les autres, si ce n’est plus quand elles s’identifient aux Noirs, aux enfants, aux ouvriers, aux prisonniers, aux morts, etc..

 

 

L’étiquette de victime n’est pas simplement défendue par des personnes homosexuelles. Maintenant, ces dernières ont de moins en moins besoin de tendre leur main (préalablement salie de suie) pour quémander des droits tant leurs « amis ‘hétérosexuels’ » sont disposés à miauler à leur place pour satisfaire leur propre narcissisme. C’est toujours l’argument de la solidarité envers les défavorisés, ou de la réparation pour tous les outrages historiques que la communauté homosexuelle a/aurait subis, qui revient. « Soyons généreux. Les homosexuels ont été persécutés pendant 2000 ans, ont eu le Sida. Ils ont lutté pour leurs droits. Donnons-leur leurs droits. » (23) Allez, un petit effort… « pour dépanner »…

Beaucoup de personnes homosexuelles rêvent secrètement d’être les ennemis n° 1 des personnes homophobes et des grandes dictatures qui salissent l’Histoire humaine. Or, navré de le leur apprendre, elles sont plutôt les ennemis-annexes quand cela chante aux dictateurs. Pour des raisons très simples : concrètement, la communauté homosexuelle est numériquement moins importante, donc moins dangereuse, que la majorité dite « hétérosexuelle » : elle ne constitue pas pour les dirigeants un enjeu géopolitique prioritaire, et est économiquement trop intéressante (tourisme sexuel, culture médiatique, etc.) pour que les régimes totalitaires la suppriment en priorité. Les individus homosexuels ne semblent constituer une cible des dictateurs que dans un climat de violence généralisée, quand déjà d’autres têtes sont tombées avant eux (24). Ils ne sont en quelque sorte que des boucs émissaires en temps de vaches maigres. Le crime homophobe n’existe pas tout seul. Il vient en second lieu et s’explique par un contexte de conflit fratricide largement étendu à tous les membres d’une société (25). De même, dans l’étiologie d’un suicide dit « homophobe » d’une personne homosexuelle, « souvent se superposent d’autres problèmes à celui de l’homophobie : deuils, séquelles d’abus sexuels, surconsommation de drogues, peines d’amour, etc. » (26). Federico García Lorca a-t-il été assassiné pour son homosexualité ou pour ses sympathies républicaines ? Peut-être les deux, ou même pour 36 000 autres raisons : en temps de guerre civile où la folie meurtrière frappe tout le monde à l’aveuglette, comment le savoir ? Matthew Shepard a-t-il été torturé parce qu’il était homosexuel ou pour d’autres motifs (sa foi, sa belle gueule, son histoire personnelle, la jalousie ou la folie meurtrière de ses bourreaux, etc.) ? Pouvons-nous le savoir ? Sommes-nous habilités à trancher ? À mon avis, l’irrespect de la mémoire de ces hommes-martyrs se situe autant dans le refus de faire mémoire des crimes odieux dont ils ont été objectivement l’objet (peut-être en tant qu’« homosexuels », mais déjà en tant qu’Hommes !), que dans la quête effrénée de réponse par l’identitaire particulariste pour tirer la couverture à soi.

 

 

Aussi bizarre que cela puisse leur paraître, beaucoup de personnes homosexuelles désirent l’homophobie. Elles entretiennent avec elle un rapport ambigu d’attraction-répulsion. Elles sautent sur le premier exemple d’homophobie qui se présente à leurs yeux ou oreilles, comme si celle-ci avait le pouvoir de s’envoler, sans comprendre que leur précipitation est la preuve même, non que l’agression n’ait pas eu lieu, mais qu’elle a été grossie ou même provoquée en partie par elles. Elles désireraient tellement entendre le disque homophobe pour soupirer ou s’offusquer à chaque énormité qui serait prononcée qu’elles le devancent. L’argumentaire homophobe se doit d’être simplifié à l’extrême et ultra-stéréotypé. Elles veulent y retrouver toutes les phrases idiotes qu’elles ont elles-mêmes contribué à immortaliser en les apprenant par cœur (« Est-il vrai que dans un couple homo, il y en a toujours un qui fait l’homme et l’autre qui fait la femme? » ; « Pourquoi avez-vous choisi d’être homo ? » ; « Ne croyez-vous pas qu’il s’agit d’une passade ? » ; etc.). Mais c’est en général ainsi qu’elles cautionnent et donnent corps à la vraie homophobie : celle qu’elles couvrent par la caricature.

Elles louvoient avec les individus homophobes comme des frères homosexuels qu’ils sont en partie, dans l’ordre du fantasme. La personne homophobe, c’est justement celle qui utilise l’image des personnes homosexuelles à ses fins, qui est même prête à se la coller à elle-même s’il le faut, pour ensuite la détruire, et donc l’imiter en acte par iconoclastie (27). Elle est donc bien la personne homosexuelle, ou son frère symbolique. Beaucoup de personnes homosexuelles sont irrésistiblement attirées vers l’ignominie homophobe : ce n’est pas sans raison que certains critiques parlent de l’« aspect sado-masochiste de leur relation avec l’hostilité homophobe de leur entourage » (28). Elles préfèrent par exemple se focaliser sur les quelques slogans de l’absurde manifestation parisienne Anti-PaCS du 31 janvier 1999 qui les salissaient le plus injustement (« Pas de neveux pour les tantouzes ! », « Les homosexuels d’aujourd’hui sont les pédophiles de demain », et le fameux « Les pédés au bûcher ! ») plutôt que de voir qu’ils sont minoritaires et peu représentatifs de l’ensemble des résistances faites au PaCS. La diabolisation de l’action de l’ennemi dit surtout leur croyance en l’efficacité de son pouvoir sur elles. Si elles se sentent obligées de grossir la sottise homophobe, c’est non seulement parce qu’elles désirent diaboliser l’ennemi mais aussi parce qu’elles comptent inconsciemment se convaincre de sa puissance pour accroître leur « droit » de victimes à répliquer avec la même force et la même bêtise que celle qu’elles lui prêtent.

 

 

L’homophobie telle que beaucoup de personnes homosexuelles et hétérosexuelles se la représentent est majoritairement un mythe et une projection de fantasmes, car la véritable homophobie, c’est, je le crois de plus en plus parce que cela se vérifie relativement bien dans les faits, le désir homosexuel célébré/diabolisé, excessivement assumé/refoulé. Au niveau des désirs de réalités fantasmées, il peut exister une homophobie objective, mais dès lors qu’elle s’actualise, elle s’appelle tout simplement « violence humaine ». L’homophobie est un nom particularisé de la violence universelle, car celle-ci n’est jamais intégralement individualisable, n’appartient à aucune minorité humaine spécifique. En tant que telle, l’homophobie n’existe que d’être désirée. Certaines personnes homosexuelles soutiennent que depuis leur plus tendre enfance, elles se sont fait rejeter au collège parce qu’elles étaient homos. C’est parfois un fait... qu’elles se soient fait rejeter, je veux dire. Qu’elles se soient fait rejeter parce qu’elles étaient homos et uniquement pour cela, c’est une autre histoire ! Le meurtre ou l’agression sur une personne homosexuelle ne suffit pas à faire le crime homophobe, quelles que soient les motivations exprimées par ses commanditaires, ou les impressions ressenties par sa victime.

Beaucoup de personnes homosexuelles désirent l’homophobie bien plus qu’elles ne veulent bien l’avouer. Elles s’inventent des ennemis imaginaires, pensent que les regards des passants sont centrés sur elles (parce qu’elles-mêmes passent leur temps à se regarder le nombril !), lisent des moqueries là où il n’y en a pas forcément eu. Elles attribuent leur auto-jugement dépréciatif et paranoïaque sur les autres en moralisant leur « différence ». Par exemple, quand Pierre Cardon souligne à juste titre en ce qui concerne l’imagerie classique des personnes homosexuelles dans les media que « représenter un garçon efféminé n’est pas forcément donner une mauvaise image » de l’homme homosexuel (29), comme le pensent bon nombre de membres de la communauté homosexuelle, il pose la question de l’origine du regard homophobe qui ne vient pas seulement du soi-disant agresseur mais aussi de celui qui se rêve agressé.

La communauté homosexuelle fait tout un pataquès autour des attaques homophobes qu’elle subirait pour ne pas regarder le désir homosexuel en face. Notamment, certains individus n’arrêtent pas de parler du ravage des suicides au sein du « milieu ». Pour les quelques cas de tentatives de suicide de personnes homosexuelles connus, ils sont tous généralement autant explicables par des phénomènes sociaux exogènes (hostilité de l’environnement familial, pression sociale, échec scolaire, etc.) que par des facteurs endogènes (déceptions amoureuses homosexuelles, drames issus du « milieu » homosexuel, comportements aberrants des personnes homosexuelles entre elles, médiocrité de l’accompagnement amical gay, manque de sens trouvé dans un certain mode de vie homosexuel, dégoût de soi et du monde, état dépressif, consommation de substances psychoactives ou d’alcool, angoisses dues à une infection par le VIH, difficile transition vers le troisième âge, etc.). L’homophobie, je le répète, n’est et n’agit jamais seule. L’insistance sur le suicide de(s) jeunes adolescents gay vient autant des individus homophobes qui souhaitent morbidement faire des sujets homosexuels les Hommes les plus malheureux du monde que des personnes homosexuelles qui décrivent un fléau bien plus fantasmé que réel. Même si, juste avant de se donner la mort, certains ont prétendu expliquer leur acte suicidaire par le rejet social de leur orientation sexuelle afin de camoufler les nombreuses raisons étrangères à l’homosexualité qu’ils n’ont pas souhaité affronter de leur vivant, cela ne prouve en rien que l’homophobie ou la société soient les uniques causes du suicide chez les personnes homosexuelles. En général, la communauté homosexuelle se garde bien de livrer les réels motifs de la mort tragique de ses membres car ils ont autant à voir avec leurs histoires de cœur et l’oppression exercée sur les personnes homosexuelles par les personnes homosexuelles, qu’avec des persécutions sociales, même si les deux sont imparfaitement liées. Ce qui empêche les personnes homosexuelles de désigner l’ennemi homophobe, ce n’est pas seulement le voile de mystère entourant l’acte homophobe : c’est surtout la découverte que les principaux ennemis des personnes homosexuelles, ce sont elles-mêmes. La plupart des personnes homosexuelles qui se font assassiner le sont par leurs pairs ou leurs partenaires amoureux. Si les anciennes dictatures traditionnellement connues comme telles maquillaient les meurtres en suicides, la nouvelle dictature homosexuelle, quant à elle, maquille les suicides en meurtres, et les règlements de compte entre communautaires en assassinats venus de l’extérieur. Ce n’est guère mieux…

 

Nous aurons, je crois, fait le premier grand pas contre l’homophobie le jour où nous comprendrons que, plus l’homosexualité sera tolérée socialement en tant qu’identité éternelle/idéal d’amour d’une part, et en tant que négatif parfait de l’homophobie d’autre part, plus la vraie homophobie s’accentuera. Non seulement les individus dits « hétéros » ne veulent aucun mal aux personnes homosexuelles, mais en plus de cela, à force de vouloir leur bonheur, l’écrivent parfois à leur place en ignorant totalement ce qu’elles vivent. C’est peut-être là leur seule homophobie : l’ignorance et l’indifférence sous couvert de respect des différences.

 

Nous, en tant que personnes homosexuelles mais tout d’abord en tant que personnes humaines, devons dès maintenant proposer à notre société une vraie réflexion sur la signification sociale du désir homosexuel pour sortir des faux débats (« À qui la faute ? » « POUR ou CONTRE ? ») qui entourent, cachent, et alimentent l’homophobie.

  

* * * NOTES * * *

 

(1) Michel Schneider dit même que le terme « homophobie » est un contre-sens, et que, pour être exact, il vaudrait mieux parler de « phobie de l’homosexualité » ou « homosexualophobie » (Michel Schneider, La Confusion des Sexes, Éd. Flammarion, Paris, 2007, p. 39). Mais, quand bien même il ait raison, je préfère garder la signifiance de l’erreur de définition de l’« homosexualophobie », si éclairante pour comprendre le « phénomène miroir » de la haine.

(2) Frédéric Martel, Le Rose et le Noir, Éd. Seuil, Paris, 1996, p. 444.

(3) Jacques Nolot dans son film « La Chatte à deux Têtes » (2002).

(4) Sébastien, Ne deviens pas gay, tu finiras triste, Éd. François-Xavier de Guibert, Paris, 1998, p. 60.

(5) Frédéric Mitterrand interviewé dans « Y a-t-il une Culture gay ? », revue TÉLÉRAMA, n° 2893, le 22 juin 2005, p. 18.

(6) Vincent McDoom dans le magazine Egéries, n° 1, décembre 2004/janvier 2005, pp. 52-55.

(7) Rosa Von Praunheim dans le documentaire « 68, Faites l’amour et recommencez ! » (2008) de Sabine Stadtmueller.

(8) Extrait d’une lettre de Jérôme, un invité de l’émission « Jour après Jour » de novembre 2000, écrite en 2001.

(9) Marie-Jo Bonnet, Qu’est-ce qu’une femme désire quand elle désire une femme ?, Éd. Odile Jacob, Paris, 2004, p. 15.

(10) Pascal Bruckner, La Tentation de l’Innocence, Éd. Grasset, Paris, 1995, p. 192.

(11) Mathieu André-Simonet, « Discrimination », dans Louis-Georges Tin, Dictionnaire de l’Homophobie, Éd. PUF, Paris, 2003, p. 134.

(12) Michel Foucault, « Préface » de L’Anti-Œdipe, dans Dits et Écrits II, 1976-1988, Éd. Quarto Gallimard, Paris, 2001, p. 136.

(13) Ce dernier est actuellement considéré comme le summum de la perversion : la profonde aversion que suscite chez certains militants homosexuels la double casquette de « prêtre-psychanalyste » de Tony Anatrella suffit à le montrer…

(14) Je vous renvoie à l’allusion aux « films chocs » dans le paragraphe « L’extériorisation des problèmes conjugaux » du chapitre III de mon essai Homosexualité intime.

(15) Éric Fassin, « Mariage », dans Louis-Georges Tin, Dictionnaire de l’Homophobie, op. cit., p. 277.

(16) Philippe Mangeot, « Discrétion/Placard », Idem, p. 130.

(17) Jean-Michel Rousseau, « Associations », Idem, p. 54.

(18) Daniel Borrillo et Thomas Formond, « Injure », Idem, p. 235.

(19) Sébastien Chauvin, « Honte », dans Louis-Georges Tin, Dictionnaire de l’Homophobie, op. cit., p. 226.

(20) Michel Foucault, « Non au Sexe roi », dans Dits et Écrits II, op. cit., p. 260.

(21)Idem.

(22) Hervé Guibert en parlant du Sida, dans Le Mausolée des Amants, Journal 1976-1991, Éd. Gallimard, Paris, 2001, p. 500.

(23) Élisabeth Roudinesco dans l’émission « Culture et Dépendances », France 3, le 9 juin 2004.

(24) Sandra Boehringer, Thierry Eloi, Flora Leroy-Forgeot, « Italie », dans Louis-Georges Tin, Dictionnaire de l’Homophobie, op. cit., p. 250.; ainsi que l’article « Le Soleil Wilde » d’Anne-Sylvie Homassel, dans Magazine littéraire, n° 343, Paris, mai 1996, p. 30.

(25) Par exemple le documentaire « Au-delà de la Haine » (2006) d’Olivier Meyrou montre bien que le meurtre de François Chenu à Reims perpétré par trois skinheads n’a rien d’homophobe puisque ces mêmes criminels s’étaient auparavant attaqués à des Arabes. L’agression ou le meurtre homophobe n’est jamais que l’illustration d’une intolérance aux différences universelles, et non uniquement à la « différence homosexuelle ». Plutôt que d’homophobie, il serait plus judicieux de parler de « sexophobie ».

(26) Michel Dorais, Mort ou Fif, VLB éditeur, Québec, 2001, p. 87.

(27) Le mécanisme de l’homophobie est particulièrement bien illustré par Frédéric Mitterrand dans son autobiographie La Mauvaise Vie (2005), quand il explique comment lui – et d’autres célébrités telles que Pier Paolo Pasolini, ou Ramón Novarro – en sont arrivées à être persécutées et même tuées par des amants homosexuels avec qui elles avaient été trop maternelles : « Les plus graves menaces surgissent quand on est trop gentil ; le garçon est troublé, il s’expose à éprouver de la sympathie, il ne peut plus mépriser commodément. Si sa nature est franchement mauvaise, il peut prendre peur, s’enrager et devenir incontrôlable avec des pulsions de meurtre pour se débarrasser du gêneur qui a bousculé son équilibre et ses habitudes. (…) Des Pelosi  la grenouille, j’en ai croisé pas mal dans des endroits glauques à Paris. » (Frédéric Mitterrand, La Mauvaise Vie, Éd. Robert Laffont, Paris, 2005, p. 163) ; « Je sais que je ne suis pas le seul à être hanté par ce crime et par tout ce qu’il laisse supposer. » (Idem, p. 164) Ce sont ces pages qui devraient circuler dans les établissements scolaires pour la lutte contre l’homophobie ! La vraie homophobie, ce n’est pas uniquement être trop méchant envers les individus homosexuels : c’est aussi être trop gentil. C’est pourquoi une société gay friendly et relativiste constitue une menace pour la communauté homosexuelle.

(28) Gian-Luigi Simonetti, « Pier Paolo Pasolini », dans Didier Éribon, Dictionnaire des Cultures gays et lesbiennes, Éd. Larousse, Montréal, 2003, p. 306.

(29) Patrick Cardon, « Caricature », dans Louis-Georges Tin, Dictionnaire de l’Homophobie, op. cit., p. 75.

 

Par Philippe Ariño - Publié dans : LE PHIL DE L'ARAIGNEE
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Mardi 27 juillet 2 27 /07 /Juil 11:39

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Par Daniel C. Hall - Publié dans : MOTS : Citations philes et phobes
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Lundi 26 juillet 1 26 /07 /Juil 16:25

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Le rédacteur en chef de Les Toiles Roses, Daniel Conrad Hall, vient d'envoyer des emails de demande d'explications sur le sens et l'objectif de ce petit article à la direction de la rédaction papier et à celle web de Libération, tellement ce paragraphe semble absurde et sans ni queue ni tête (jeu de mots !). À suivre...

 

[Ajout à 20:09] Message de Philippe Castetbon sur Facebook : « Mais c'est de l'humour absurde ! Cet article est d'abord publié dans le quotidien Libération, imprimé sur du papier; vendu en kiosque... Ce petit billet absurde fait partie du cahier "Spécial été" de Libé, soit dix pages par jour. Et chaque jour il y a quelques lignes sur le thème "Dix bonnes raisons d'être..."
Et là, ils se sont lâchés, comme les autres jours.
L'idée et le sens ? Dire des bêtises. Se moquer par l'absurde des cons et des idées reçues.
Voilà, il ne faut pas paniquer ! Bien évidemment que Gérard Lefort n'est pas homophobe !!! Ça serait la meilleure blague de l'année.
Et je peux vous assurer que chaque jour, c'est dans le même esprit, sur les idées reçues. Parfois, à Libé, ils se lâchent et parfois c'est drôle, parfois on ne sait pas.
Et pour votre information, dans Libé de samedi dernier il y avait un excellent portrait de Boy Georges écrit par Marie Colmant, en ouverture du "Cahier été", donc vraiment pas d'homophobie.
Salut à vous. »

Par Daniel C. Hall - Publié dans : MOTS : Citations philes et phobes
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Lundi 26 juillet 1 26 /07 /Juil 15:16



 

Le Père Docu s'appelle Gérard Coudougnan, il est né en 1962 et a pour qualification « enseignant-documentaliste », vous savez la dame qui râle au C.D.I. (centre de documentation et d'information) : c'est lui. Pour des raisons indépendantes de sa volonté, il est en ce moment éloigné de son lieu de travail habituel mais a toujours un C.D.I. (contrat à durée indéterminée) avec les bouquins pour qui il a une vraie A.L.D. (affection de longue durée).

Au hasard de ses lectures, il a croisé Marc-Jean Filaire puis Môssieur Daniel C. Hall (« The Boss ») qui lui a proposé de regrouper ici quelques « recensions » d'ouvrages à thématique LGBT.

Toute remarque, toute suggestion sera la bienvenue. Les avis, sous forme de commentaires, pour échanger des points de vue encore plus !

La bibliothèque rose est ouverte… vous avez lu Le Club des Cinq d'Enid Blyton ? Claude, le « garçon manqué » est peut-être alors votre première rencontre avec une petite lesbienne ou une future transgenre ? Ah bon, vous n'avez pas connu les Bibliothèques Rose et Verte ? Qu'importe, entrez (couverts !) ici et faites ce que vous voulez entre les rayons, ne soyez pas sages ...


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 Théâtre : 

MOI, CARAVAGE

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Le 18 juillet dernier, cela faisait exactement quatre siècles que mourrait Le Caravage. Pourtant, en sortant du Théâtre des amants, Place du grand paradis à Avignon, on avait le sentiment d'avoir passé un extraordinaire moment avec cet homme totalement hors normes.

Le beau Cesare Capitani donne vie au peintre maudit avec une fougue et un talent qui touchent un public enthousiaste, qu'il connaisse ou non la vie ou l'œuvre de Michel Angelo Merisi.

Martine Midoux l'accompagne de diverses manières : en chantant a cappella, elle évoque avec une voix de soprano parfois envahissante l'ambiguïté de ce révolté, l'érotisme de ses relations avec les femmes, avec Mario, avec Gregorio.

La lumière est tout naturellement le troisième acteur de ce moment théâtral : le jeu des bougies, des boîtes noires, des étoffes transparentes ou opaques, le discret projecteur de Stanislas Grassian donnent un relief saisissant aux expressions des deux humains qui évoluent sur scène.

Cesare Capitani a su saisir l'essentiel du roman de Dominique Fernandez, La Course à l'abîme, pour faire ressortir la personnalité de l'artiste dont la cohérence et les ambiguïtés sont mises en évidence avec une force faite de gestes et de mots qui frappent.

Quel plaisir de découvrir les affrontements théologiques qui opposent l'idéaliste inventeur du clair-obscur à d'obscurs clercs aux motivations si bassement matérielles !

Ce monologue vivant, tenu par l'artiste sur le lieu même de sa mort, offre un voyage humain en posant des questions qui, quatre siècles plus tard et à travers la perspective de l'auteur de L'Étoile rose, gardent une valeur intemporelle. S'y ajoute un contexte historique finement évoqué qui, sans jamais laisser le spectateur sur sa faim, lui donne envie de plonger dans les livres d'histoire de cette époque, les albums d'art pour donner encore plus d'éléments à toutes les questions posées par Merisi.

Si vous êtes à Avignon, dépêchez-vous de réserver : ce lieu charmant est minuscule (46 places) et la liste d'attente déjà très longue. Sinon, retenez bien ce titre Moi, Caravage et ne tardez pas quand vous le verrez annoncé près de chez vous !

 

Fiche technique :

Collectif Hic et Nunc/Comme il vous plaira

Interprète(s) : Cesare Capitani, Martine Midoux 

Metteur en scène : Stanislas Grassian 

Décorateur : Jacques Courtes 

Costumière : Evelyne Guillin 

Photographe : Béatrice Cruveiller 

Chargée de diffusion : Sabrina Zielinski

Production déléguée : Sophie Lagrange

 

Pour en savoir plus :

Sur Cesare Capitani : http://www.youtube.com/watch?v=eZC6mSiKvCQ

Critique du site « Un fauteuil pour l'orchestre »http://unfauteuilpourlorchestre.com/?p=2016

Biographie wiki du Caravage : http://fr.wikipedia.org/wiki/Le_Caravage

Infos pratiques Avignon Off :

http://www.avignonleoff.com/programmation/2010/public/M/moi_caravage_4860/lieu/amants_theatre_des-_346/

 

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Dominique Fernandez, La Course à l'abîme, Grasset, 2003, 638 p.

ou Le Livre de Poche, 2005, 790 p.,

22 € (grand format) ou 8 € (poche).

 

Dominique Fernandez est un maître du roman. Pas plus que Dans la main de l'ange, il n'avait souhaité de lien absolu entre P.P.P. et Pasolini, il ne revendique ici de vérité historique concernant Merisi, « Le Caravage ».

Pourtant, quel voyage, quelle épopée dans la Rome de la Contre-Réforme où naît un nouveau genre artistique, l'opéra !

Le contexte historique est un vrai bouillon de culture artistique, théologique et humaine. Le fil conducteur est la théorie de l'Académicien Fernandez qui voit en l'homophobie le moteur d'une créativité artistique ou intellectuelle pouvant parfois aboutir à un anéantissement souhaité et perçu comme un sommet de jouissance.

Au lieu d'un morne débat sur le sexe des anges, l'interprétation des toiles de Caravaggio va donner lieu à d'éblouissants morceaux de bravoure : les prostituées servant de modèles à la Vierge Marie, l'ombre du pénis de l'Amour triomphant, les ongles des orteils de saint Matthieu et tant d'autres "détails" vont être passés au crible de théologiens et de monsignori plus pervers, intéressés et hypocrites les uns que les autres.

Deux personnages que l'Église catholique a érigé aux rangs de saints ressortent périodiquement des débats et réflexions : Thérèse d'Avila et son orgasmique dard et Paul de Tarse, qui apparaît ici comme à l'origine des castrats (p. 244 « Que les femmes restent silencieuses à l'église ») et pourfendeur du « vice innommable » (p.432) des sodomites. Pour peindre « La vocation de saint Paul », le Caravage émet une curieuse hypothèse et représente Paul de Tarse « capitulant sous le plaisir » qu'il va ensuite condamner. Le peintre lui donne le visage de celui qui est pénétré et jouit d'être l'élu d'un Dieu qui va le charger d'une nouvelle mission. Ce thème de Paul « sodomite teigneux » a été depuis repris sous la forme d'un brillant thriller par Olivier Delorme dans La Quatrième révélation (H&O, 2005).

Ce roman est baroque comme l'époque qu'il décrit, foisonnant et passionné comme les débats entre protestants et catholiques aux lendemains du concile de Trente (1563) et de la conversion d'Henri IV (1594).

Et l'amour occupe toujours une place centrale avec une sensualité qui donne à ce roman (plus ou moins historique : quelle importance ?) une force supplémentaire.

 

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Eberhard König, Le Caravage, Könemann, 1998, 140 p., 9,89 €.

 

Emporté dans la vie de Michelangelo Merisi da Caravaggio, dit Le Caravage que "raconte" si bien Dominique Fernandez dans La Course à l'abîme, je cherchais un recueil de reproductions des œuvres autour desquelles se nouent tant d'aventures, d'ébats et de débats, théologiques et esthétiques et sensuels.

Ce livre en contient une grande quantité, ordonné par un historien de l'art qui les présente dans une intéressante approche thématique qui apporte un solide complément à la vision historico-romanesque de Fernandez.

 

Par Gérard Coudougnan - Publié dans : LA BIBLIOTHEQUE ROSE
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Dimanche 25 juillet 7 25 /07 /Juil 11:46


La bannière et la vidéo sont (c)
Syred Pictures
Les vidéos présentes et futures sont diffusées avec l'autorisation de Maykel himself.
Un grand merci à l'équipe de Rien de 9 !
Par Daniel C. Hall - Publié dans : WEBSERIE : RIEN DE 9
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Dimanche 25 juillet 7 25 /07 /Juil 11:42

http://4.bp.blogspot.com/_SNWhINHHc3Q/SqBFx2GWzEI/AAAAAAAABC4/ex5p-8SlUSY/s400/LOGOPYSCAP.jpg


Les vidéos sont (c)
Univers-L.com
Les vidéos présentes et futures sont diffusées avec l'autorisation de
Isabelle B. Price et son équipe.
Par Isabelle B. Price - Publié dans : SERIE : LOS HOMBRES DE PACO
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Dimanche 25 juillet 7 25 /07 /Juil 11:26

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« Finissons ce mois de juillet avec une note de gaieté avec la fameuse Gay Pride. Un « évènement » qui symbolise impeccablement la décadence de notre époque. En effet, se balader le cul nu dans les rues niçoises, avec bas résille et piercings tout en tirant la langue confine bien plus au ridicule qu’à l’originalité, vous en conviendrez comme moi. Revendiquer publiquement sa différence d’ordre privée relève de la bêtise, de l’impudeur, de la soumission et même du conformisme à l’heure du communautarisme. Quant au sempiternel « stop à l’homophobie », nul doute qu’avec un tel comportement, on fait tout pour l’attirer, l’hostilité de l’autre. Les gays étant finalement aux homosexuels ce que les racailles sont à la communauté arabo-musulmane. De sacrés boulets faisant honte plus qu’autre chose. Alors rideau sur ces baltringues défroquées (…) » Johan Livernette, sur son blog, 24/04/10.

Par Daniel C. Hall - Publié dans : MOTS : Citations philes et phobes
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Samedi 24 juillet 6 24 /07 /Juil 18:57

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Daniel Conrad Hall, rédacteur en chef de votre blog Les Toiles Roses, est l'invité de Je t'aime pareil ce soir, samedi 24 juillet, à 21 heures, sur France Inter... Pour écouter en direct, cliquez sur ce lien.

 

Par Daniel C. Hall - Publié dans : LES NEWS ROSES
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Vendredi 23 juillet 5 23 /07 /Juil 00:00

 

L’auteur :

 Edmund White est né à Cincinnati en 1940. Son œuvre compte des romans et des nouvelles, parmi lesquels Oublier Elena, Nocturnes pour le roi de Naples, Écorché vif, L’Homme marié, une biographie de Jean Genet couronnée par le National Book Critics Circle Award et un recueil d’essais, La Bibliothèque qui brûle. Il enseigne actuellement à l’université de Princeton.

L'avis de Jean Yves :
Un Jeune américain est un titre trompeur. A boy's own story (L'histoire d'un garçon) dit mieux le propos du livre d'Edmund White. Histoire intime d'un enfant de sexe masculin, ce roman décrit une révélation authentique de l'homosexualité. L'adolescent fait l'apprentissage de la solitude et du silence. Ses expériences brutales ou sordides laissent vacant l'espoir plus vaste de l'amour.
« Il est clair pour moi aujourd'hui que ce que je voulais, c'était être aimé par des hommes et les aimer, et non pas devenir homosexuel. »
Cette phrase du narrateur exprime le sens véritable de ce récit. Histoire d'un jeune garçon avant qu'il ne s'admette homosexuel…
Le roman s'ouvre sur la rencontre du narrateur (15 ans) et de Kevin (12 ans). Ils font l'amour ensemble. Le plus jeune est l'initiateur. Il sodomise l'aîné, demande la réciproque, tout cela en évacuant tendresse et commentaires. Kevin se conduit en futur hétéro... et Edmund White marque bien la différence. Etre gay, ce n'est pas jouir avec un homme, c'est savoir définitivement que l'essentiel de la vie se construira autour d'une certitude au départ tragique : dans un monde hétérosexuel je ne peux concevoir le plaisir, la tendresse, la véritable intimité... qu'avec un homme.
« Je rêvais d'un amant qui serait plus âgé que moi, plus riche et plus puissant mais aussi plus fidèle, plus sociable. Il attacherait la plus grande importance à ma sexualité qui était à la fois mon essence et mon attribut que je connaissais mal ; elle était comme le vrai nom d'un orphelin ou l'identité magique que celui-ci ignore totalement jusqu'au moment où on la lui révèle. »
Plus importante que la famille, plus préoccupante que les études, la quête de son identité sexuelle devient, pour le jeune garçon, l'obsession majeure, le fil conducteur, développant un sens particulier qui lui fait rencontrer ceux qui l'aideront (par opposition, sympathie ou répulsion) à se retrouver seul devant l'évidence : je suis homosexuel et je dois découvrir mon équilibre dans cette réalité.
Pas de belle histoire d'amour dans ce roman. La seule qui puisse prétendre à l'exaltation, c'est la rencontre de Helen, la belle fille du campus, qu'il croit aimer, pour ressembler aux autres. Le désir va vers les hommes :
« Dans la journée, je passais mon temps à désirer secrètement les hommes. »
Ce désir est sans équivoque, net et dur comme les corps musclés qu'il convoite. À Eton où son père accepte qu'il soit interne, il ne se passe rien... Il rêve au corps du professeur de gymnastique comme plus jeune il avait rêvé de se blottir dans les bras du répétiteur d'allemand.
D'un côté les amis, Howard, Chu
ck et surtout Tommy avec qui il connaît toutes les nuances de la communication jusqu'au seuil de l'interdit.
De l'autre la sexualité brutale, sordide ou frustrante parce qu'elle supprime l'amour. C'est Ralph. l'obsédé sexuel qu'il sucera furtivement, c'est Kevin avec qui il baise mais qu'il ne faut pas embrasser, c'est aussi M. et Mme Scott, qui le mettront dans leur lit pour une partouze d'intellectuels... Les adultes se dérobent, trichent, répondent par la peur. Le père ne veut pas savoir, la mère, fantasque et fragile, n'est d'aucun secours. M. Scott, le professeur de lettres, semblera comprendre mais cèlera son propre secret : sa liaison avec le père Burke... révélations surprenantes, comme chez Proust arrachées aux événements, mais jamais surgies d'un miracle de l'écoute ou de l'amitié. Il est seul. Contre l'hypocrisie, pour faire exploser sa propre peur, il tend un piège à M. Beattie, jeune musicien drogué. Il le dénonce avant de s'enfermer avec lui pour quelques minutes de sexualité brutale :
« ...Ce déroulement était la formulation idéale de l'impossible désir d'aimer un homme sans être homosexuel. »
Edmund White raconte une enfance sans apitoiement et sans réalisme artificiel. L'enfant qui n'aimera que les hommes n'a pas de références. Assoupli aux exercices du jeu social hétéro, il vole, à l'ombre de ses fantasmes, les ersatz affectifs et sexuels qui l'aident à survivre jusqu'au jour de la déchirure, quand une autre vie commence...
Ce petit d'homme, qui cherche en vain l'amour d'un homme, lucide et courageux, se heurte au silence.

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Publié aux éditions 10/18 (2005)

Par Jean Yves - Publié dans : LA BIBLIOTHEQUE ROSE
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