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Mardi 21 septembre 2 21 /09 /Sep 18:27

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« Un secret de polichinelle (…) [Jörg] Haider [leader autrichien de l'extrême droite, décédé] était trop lâche et trop paresseux [pour vivre ouvertement son homosexualité» Kurt Krickler, militant de Homosexuellen Initiative (HOSI). Août 2010.

 

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« L’exemple de Jörg Haider [leader autrichien de l'extrême droite, décédé] montre clairement que ce qui compte, ce n’est pas qu’un homme ou une femme politique soit ouvertement homo, mais quels sont ses actes. » Christian Högl, président de l’association Homosexuellen Initiative (HOSI). Août 2010.

Par Daniel C. Hall - Publié dans : MOTS : Citations philes et phobes
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Mardi 21 septembre 2 21 /09 /Sep 11:50

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« Nous sommes le seul parti [autrichien] à avoir été dirigé par un homosexuel pendant 17 ans ». Gerald Ebinger, élu viennois du Parti autrichien de la liberté (FPÖ), l’ancien parti d’extrême droite du leader, décédé, Jörg Haider – qu’il a quitté pour fonder l’Alliance pour l’avenir de l’Autriche (BZÖ), août 2010.

Par Daniel C. Hall - Publié dans : MOTS : Citations philes et phobes
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Lundi 20 septembre 1 20 /09 /Sep 00:00

 

L'auteur :
Stephen Spender, considéré comme l’un des plus grands poètes britanniques du XXe siècle, est mort en 1995 à Londres à l’âge de quatre-vingt-six ans.
Il était aux yeux des critiques l’un des trois principaux poètes de son pays, avec Wystan Hugh Auden et Cecil Day Lewis. Tous trois avaient formé le noyau d’un mouvement littéraire influencé par des idées humanistes de gauche. Spender avait adhéré au Parti communiste britannique en 1936 pour démissionner quelques mois plus tard en raison d’un désaccord sur la guerre d’Espagne. Il avait participé au lancement en 1953 du magazine
Encounter, qu’il avait quitté en 1967 lorsqu’il avait appris qu’il bénéficiait d’un financement de l’agence de renseignement américaine CIA. Professeur d’anglais à University College de Londres de 1970 à 1977, il avait été anobli en 1983.
L'avis d’Oli :
Les rencontres d'un jeune étudiant d'Oxford, poète à ses heures perdues, avec d'autres garçons de son âge, à Oxford et en Allemagne, en 1929, dans l'insouciance de cette République de Weimar qui n'arrivera pas à détecter l'arrivée du nazisme.
Ce roman est d'abord une histoire à la thématique « homo » très marquée. Assurément à classer au rayon arc-en-ciel. D'une époque où il était inutile de décrire en termes crus une relation hot pour être mis à l'index, où de simples évocations d'amitié, de lectures de poésie et de plages naturistes au bord du Rhin suffisaient à émoustiller le lecteur et le censeur. C'est très bien écrit et très bien traduit (traduction de Guillaume Villeneuve) d'ailleurs, ce qui donne un cachet particulier à ces histoires entre garçons – on est loin du porno-trash sexuel allant de Bret Easton Ellis aux scripts de porno XXL.
Ecrit en 1929, avant d'être retravaillé un demi-siècle plus tard pour être enfin publié, c'est aussi un témoignage sur l'Allemagne des années folles (sans jeu de mots). Une certaine indolence, un culte du corps et une vie sociale intense pour des jeunes fêtards, c'est un peu l'Amérique des 70's, c'est la tranquillité d'une époque qui constate naïvement l'existence de groupes de gens admirant un petit brun moustachu aux propos incohérents mais galvanisants. On les traite avec le mépris dû à leurs idées, mais on ne se laisse pas tracasser par ça outre mesure. Un témoignage historique aussi, donc.
Je ne suis pas tellement habitué à la lecture d'œuvres du rayon homo (au-delà d'Oscar Wilde), j'ai donc à la fois peu de référents du genre, et une certaine surprise à la découverte du style. Surtout un style imagé d'époque (« L'autre se tortillait rageusement contre lui, luttant pour atteindre l'orgasme » étant une des phrases les plus crues de tout le livre...). Une découverte, donc, mais dont la dimension historique m'a davantage intéressé. Homosexualité soft et Histoire de l'Europe des années folles, ça vous fait deux raisons pour lesquelles vous pourriez lire le livre.

Pour plus d'informations :
Disponible chez Christian Bourgois Editeur et chez 10/18 en poche (France)

Par Oli - Publié dans : LA BIBLIOTHEQUE ROSE
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Dimanche 19 septembre 7 19 /09 /Sep 10:56


La bannière et la vidéo sont (c)
Syred Pictures
Les vidéos présentes et futures sont diffusées avec l'autorisation de Maykel himself.
Un grand merci à l'équipe de Rien de 9 !
Par Maykel - Publié dans : WEBSERIE : RIEN DE 9
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Dimanche 19 septembre 7 19 /09 /Sep 10:50

http://4.bp.blogspot.com/_SNWhINHHc3Q/SqBFx2GWzEI/AAAAAAAABC4/ex5p-8SlUSY/s400/LOGOPYSCAP.jpg


Les vidéos sont (c) Univers-L.com
Les vidéos présentes et futures sont diffusées avec l'autorisation de
Isabelle B. Price et son équipe.
Par Isabelle B. Price - Publié dans : SERIE : LOS HOMBRES DE PACO
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Samedi 18 septembre 6 18 /09 /Sep 11:05

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par Daniel Conrad Hall

 Rédacteur en chef de LES TOILES ROSES

 

 

LE BEST OF ET LE WORST OF

DES DÉCLARATIONS DANS LA PRESSE

DES 15 DERNIERS JOURS

SUR NOTRE AMI YOANN LEMAIRE

Je suis le seul joueur de foot homo (enfin j’étais…)

 

Relire le communiqué de presse du Paris Foot Gay

 

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Yoann Lemaire avec Marie-George Buffet - © Julien Guibert


« Je voulais juste jouer au foot avec mes potes. »

Yoann Lemaire

   


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Christophe Hondelatte intervient sur RTL dans l’émission On refait le monde et interviewe Yoann Lemaire. (Écouter l’extrait), 2 septembre 2010.


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« C’est cuit. La FFF m’a expliqué qu’ils ne pouvaient rien faire. Je leur ai posé la question : si c’était du racisme, auraient-ils fait la même chose pour un Noir par exemple ? Là on m’explique que non parce qu’il y a des textes dans les statuts de la FFF. Pour l’homophobie, c’est différent. Personne ne veut se rendre compte qu’il y a des homos dans le sport. D’ailleurs on n’en connaît pas de sportifs homos. Il faut dire qu’on est des mecs comme tout le monde, qu’on peut jouer au foot. Il y a des gays dans le football, c’est évident ! Pourquoi sont-ils obligés de se cacher ? Il y a un problème quelque part. » Yoann Lemaire sur l’antenne de RMC, le 3 septembre 2010.


frédéric coquet

« Il refait la demande par lettre recommandée et ressurgit un autre problème sur Facebook avec des insultes et des menaces de mort. Comment voulez-vous que le comité le reprenne ? C’est impossible ! Si à chaque fois il y a quelqu’un de l’extérieur, ou quelqu’un de l’environnement du club, ou un spectateur l’insulte ou lui dit quelque chose d’homophobe, on ne va s’en sortir. Tout le monde a décidé pour nous protéger, et le protéger aussi des autres personnes. » Frédéric Coquet, Président du F.C. Chooz, sur l’antenne de RMC, le 3 septembre 2010.


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« Nous sommes en contact avec le ministère qui est en train d’étudier le dossier très sérieusement. Nous allons saisir le conseil national de l’éthique afin qu’ils prennent des mesures disciplinaires à l’encontre du FC Chooz. Nous allons également demander au Conseil fédéral qui représente la Ligue de football amateur de saisir également le conseil de l’éthique. Si nous le pouvons, nous saisirons La Halde. Les choses ne vont pas rester en l’état. Nous ne lâcherons pas l’affaire. Il est évident que ce club va avoir des problèmes, et c’est très dommage. Mais ils l’ont voulu. » Pascal Brethes, Président du Paris Foot Gay, sur l’antenne de RMC, le 3 septembre 2010.


frédéric coquet

«  [La personne ayant menacé de mort et insulté Yoann Lemaire] n'a plus rien à voir avec le FC Chooz depuis 2007 (…) c'est donc à [Yoann] de régler ses histoires personnelles sans prendre en otage le club de foot. (…) Yoann fait du tort au club, ça va à l'encontre du but recherché, de la lutte contre l'homophobie que soutient le club. Le club n'est pas homophobe et s'il l'était ça fait longtemps que je l'aurais quitté et que la mairesse nous aurait coupé les aides financières. (…) Je suis quelqu'un de très ouvert. Je possède une entreprise et parmi mes salariés certains sont homosexuels, j'ai moi-même des membres de ma famille homosexuels et croyez-moi, ce n'est pas facile de se faire traiter d'homophobe. Je suis à bout, j'en ai marre, mon carton est prêt pour la démission mais je ne vais pas le faire parce qu'il y trop de personnes derrière ce club» Frédéric Coquet, Président du F.C. Chooz, Le Monde, article du 6 septembre 2010 intitulé « Le FC Chooz rattrapé par les accusations d'homophobie ». 


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« Avant, nous étions le club modèle luttant contre l'homophobie, maintenant on passe pour l'archétype de l'homophobie. » Rémi Vienot, adjoint au maire de Chooz, Le Monde, article du 6 septembre 2010 intitulé « Le FC Chooz rattrapé par les accusations d'homophobie ».


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La secrétaire d'État aux Sports, Rama Yade, évoque (et se saisit de) l'affaire de Yoann Lemaire, exclu de son club amateur à cause de son homosexualité sur France Info, le 6 septembre 2010.


 

Nouvelle page d’accueil du site de l’école de football du F.C. Chooz avec cet avertissement (en l’état sur le site) : « Les articles parus dans la presse local ne concernant que quelques personnes et étant sous le coup d'un dossier pénal en cours, il conviendra à tous d'etre prudent sur tous ce qui est dit et écrit ! Ce n'est pas parcequ'une personne s'acharne sur notre club, qu'il faut dénigré tous ce qui est fait par les bénévoles, les dirigeants, les éducateurs et les joueurs, une décision à été prise pour le bien de tous et doit etre acceptée comme telle !  La tolérance ne doit pas etre à sens unique !! » 6 septembre 2010 [page supprimée depuis].

 

« L'affaire Yoann Lemaire, qui a pris ces derniers jours une envergure nationale, rebondit. Cet ancien joueur du FC Chooz, dans les Ardennes, qui s'est vu refuser une licence en raison de son homosexualité, a reçu le soutien de la secrétaire d'Etat aux Sports Rama Yade. Du coup, la Ligue de Champagne-Ardenne vient de lui délivrer une licence. Il devrait rejoindre bientôt le club des deux Vireux. Dans le même temps, la Ligue a retiré à Denis Nivoix sa licence. Il est reproché à cet ancien dirigeant du FC Chooz des propos homophobes tenus sur Facebook. » Article de L’Union L’Ardennais, 7 septembre 2010.


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Communiqué de presse de Patrick Braouezec, Président de la Fondation du Football, association de préfiguration, déclarant la guerre à l’homophobie et son soutien à Yoann Lemaire, 7 septembre 2010.


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Coup de gueule d’Eugène Saccomano contre la FFF et le club de Chooz, sur I-Télé, dans l’émission On refait le match, 7 septembre 2010, (voir la vidéo à 12’ 30)


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« On est au XXIe siècle, vous avez un club qui interdit à un joueur de jouer parce qu’il est gay, il faut respecter les différences, c’est valable pour tout le monde. Un joueur arabe, on lui dirait « tu ne peux pas jouer parce que tu es arabe » ? Il y a un manque d’autorité notoire de la Ligue de Champagne-Ardenne, du district, du président du club. Dimanche, il y avait beaucoup de nouveaux membres, j’ai pris trois minutes dans le vestiaire pour présenter Yoann, j’ai expliqué la situation. Il y avait les kinés, les médecins, une vingtaine de personnes… Quand j’ai terminé, ils ont tous applaudi. On n’est ni Zorro ni Mannix, mais ce n’est pas normal. » Jacques Vendroux, manager général du Variétés club de France et directeur délégué aux Sports de Radio France, par nos amis de Yagg.com, 7 septembre 2010. 


frédéric coquet

« Cela fait une semaine qu'on m'insulte, que des gens m'appellent pour critiquer le club. C'est pénible pour moi, ma famille et mon entreprise. Je n'en peux plus, je vais finir par craquer, par prendre un fusil et en tuer quatre ou cinq ! Tout ça c'est de la masturbation mentale. Yoann est un abruti, un Pinocchio mythomane et manipulateur. On aimerait bien qu'il porte plainte, car au moins on pourrait enfin se défendre (Me Blocquaux défend les intérêts du club). » Frédéric Coquet, Président du F.C. Chooz, L’Union L’Ardennais, article du 8 septembre 2010 intitulé « Quand Coquet craque ».


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« Il suffit pourtant de lire la Charte éthique du football pour y voir qualifiés de comportements répréhensibles « toute agression verbale ou physique, sur quelque personne ou groupe de personnes que ce soit », ainsi que « toute provocation, toute incitation à la violence, sous quelque forme que ce soit », souligne-t-elle. La circonstance que la Charte éthique du football ne cite pas « expressis verbis », parmi les discriminations prohibées, la discrimination par rapport à l’orientation sexuelle, ne saurait bien évidemment justifier a contrario d’un « droit à l’homophobie » dans les clubs de football ! Une telle position heurte le sens commun et méconnaît l’esprit et la lettre de la Charte éthique du football édictée par la FFF. » Yagg.com, article du 8 septembre 2010, reprenant le communiqué de presse du Paris Foot Gay et de son avocat (édité le même jour) pour annoncer la saisine du Conseil de l’éthique de la Fédération Française de Football.


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« J'ai eu Yoann Lemaire au téléphone. Il m'a demandé si je pouvais le prendre comme joueur de foot. Je lui ai dit qu'il n'y avait aucun souci. (…) Je lui ai bien fait comprendre que je le recrutais comme joueur… (…) [Il sera aligné] lorsqu'il serait opérationnel. (…) S'il m'avait sollicité sans toute cette histoire je l'aurais recruté aussi. » Pino Mingolla, président de l'US Vireux (16 membres sur 18 du comité de direction du club ont voté le recrutement de Yoann), AFP via SFR, article du 8/09/2010.


frédéric coquet

« Sur RTL, Monsieur Hondelatte n'était pas loin de nous traiter de ploucs. Les gens de la Pointe apprécieront ! J'ai lu que nous excluions Yoann Lemaire en raison de son homosexualité et que nous nous étions engagés à le reprendre au sein du club. Deux mensonges que personne ne vérifie ! Même Francis Lalanne s'en est mêlé : c'est du grand n'importe quoi. Ces bien-pensants parisiens sont dans un autre monde ». Frédéric Coquet, Président du F.C. Chooz, La Semaine des Ardennes, article du 09/09/2010. 


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« Je veux simplement expliquer qu’on peut jouer au foot avec un joueur gay, que ceux qui le sont ne doivent pas rester cachés et tristes. Il y a une vie sociale autour du football et on doit pouvoir être soi. Rien d’autre. » Yoann Lemaire, interview sur le site l’humanité.fr, 11 septembre 2010.


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« Bah oui Yoann, mais bon, faut que tu joues mieux, division d’honneur c’est pas terrible, mais surtout fais-toi des filles, des putes, des putes ! Regarde Ribéry, il s’est tapé une pute avec son beau-frère, il a eu sa licence. Donc Yoann, plus d’entrainement, on mouille le maillot et tu te fais des putes. Le foot, c’est pas un sport de tarlouzes ! ». Stéphane Guillon, 11 septembre 2010, sur Canal Plus, dans sa revue de l’actualité de la semaine dans l’émission Salut les Terriens. (voir la vidéo)


frédéric coquet

« Tout est fait pour me dégommer. Maintenant, je ne dis plus rien (…) Il a fait trop de problèmes au club. Il y a eu son problème avec le bus (une histoire de facture impayée), son problème avec Facebook. Avec tout ce qui s'est passé, quand on est intelligent, on ne cherche pas à revenir. C'est le Paris football gay qui l'instrumentalise. Dire qu'on l'a viré à cause de son homosexualité est grave. Maintenant, je n'ai plus rien à dire. C'est son histoire, pas la mienne. (…) Du matraquage » Frédéric Coquet, Président du F.C. Chooz, L’Union L’Ardennais, article du 14/09/2010.  


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« Je n'ai pas vu d'inconvénient à sa venue et je l'ai invité à venir aux séances d'entraînement. Le comité de notre club qui se réunissait lundi soir a évoqué brièvement le sujet. On a d'ailleurs organisé un vote pour connaître le sentiment des seize membres présents. Et à l'unanimité, tous se sont montrés favorables au fait d'ouvrir les portes à Yoann. Et sans la moindre condition préalable. Je lui ai simplement précisé qu'il n'était pas à l'abri d'un spectateur qui pouvait lui pourrir l'existence sur le bord de la touche. La connerie des gens, ça, je ne maîtrise pas ! (…) Il arrive, il s'entraîne et par rapport à sa condition physique du moment et à ses qualités individuelles, il joue en Promotion de ligue ou en Promotion de Première série de district. Il est donc soumis au même traitement que d'autres joueurs. Tout est clair à ce sujet. » Pino Mingolla, président de l'US Vireux, L’Union L’Ardennais, article du 15/09/2010. 

 

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« Ici on te respectera avec tes principes et tes défauts. Tu ne seras pas méprisé (…) Il faut que cette histoire se termine le plus vite possible. Car c'est malsain et gênant. Moi, Yoann, je le considère pour un joueur comme un autre. Et je ne parlerai que de football. Le reste, c'est sa cause à lui. (…) Pour prétendre à une place, il faut déjà revenir aux valeurs sportives. Il n'y aura aucun passe-droit de ma part. » Mario Filippone, entraîneur de l’US Vireux, L’Union L’Ardennais, article du 15/09/2010. 

 

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Yoann dans son nouveau club avec ses trois cousins - © D. R.


« Le fait de m'entraîner ici me permettra aussi d'être prêt pour les matches du Variété Football Club avec qui je dispute un deuxième match, dimanche, près de Rouen (…) Maintenant, je souhaite que la polémique avec mon ancien club s'arrête une bonne fois pour toutes. [À propos de Frédéric Coquet, président du F.C. Chooz] Il faut qu'il fasse taire les mensonges ». Yoann Lemaire, L’Union L’Ardennais, article du 15/09/2010.

 

Par Daniel C. Hall - Publié dans : LA GÂTERIE DU CHEF
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Samedi 18 septembre 6 18 /09 /Sep 10:40

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Fiche technique :

Avec Thomas Dekker, Juno Temple, Roxane Mesquida, Chris Zylka, Kelly Lynch, Haley Bennett, James Duval, Jason Olive, Andy Fischer-Price et Brandy Futch. Réalisation : Gregg Araki. Scénario : Gregg Araki. Directeur de la photographie : Sandra Valde-Hansen. Compositeurs : Vivek Maddala, Mark Peters, Ulrich Schnauss et Robin Guthrie.

Durée : 86 mn. Sortie en salles le 6 octobre. 

 

 

Résumé :

Smith mène une vie tranquille sur le campus ‒ il traîne avec sa meilleure amie, l’insolente Stella, couche avec la belle London, tout en désirant Thor, son sublime colocataire, un surfeur un peu simplet ‒ jusqu’à une nuit terrifiante où tout va basculer.


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Sous l’effet de space cookies ingérés à une fête, Smith est persuadé d’avoir assisté à l’horrible meurtre de la Fille Rousse énigmatique qui hante ses rêves. En cherchant la vérité, il s’enfonce dans un mystère de plus en plus profond qui changera non seulement sa vie à jamais, mais aussi le sort de l’humanité.

 

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L’avis de Frédéric Mignard : 

Araki revient à ses comédies nihilistes des années 90 et déploie une tension érotique et dramatique qui fait mouche à chaque fois. Bref, le gros fantasme de la rentrée !

Malgré une reconnaissance artistique très tardive (les critiques ont commencé à s’intéresser à lui avec le magnifique Mysterious Skin en 2005, Gregg Araki persiste et signe dans le genre de la comédie adolescente métrosexuelle trash qui l’avait fait connaître dans les années 90 (Doom generation ; Nowhere). Sans chercher même un instant à s’approcher de l’excellence émotionnelle et dramatique de Mysterious Skin, il s’adonne à ce qu’il kiffe le plus. Déshabiller des jeunes comédiens de tous sexes dans un environnement pop acidulé sur des dialogues cultes et des ressorts narratifs comico-absurdes et nihilistes !

 

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Bref, l’esprit, dans la construction d’une carrière homogène et singulière, est celui de ses films d’antan : dans la radicalité, sans aucune ambition grand public. Araki préfère déglinguer toutes les règles du bon sens et excelle à lever le majeur à tous les parangons du bon goût (il remercie John Waters dans les crédits, ce n’est pas un hasard). Après tout, son film se veut être une apologie du chaos qui mène à un kaboom final, en français un gros boum ou un mémorable big bang !

 

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S’il faut que jeunesse se passe, celle d’Araki, elle, demeure. Il aime donc toujours filmer la sensualité juvénile, créer une tension sexuelle irrésistible. Le point névralgique de cette chronique d’une fin du monde annoncée par un rêve, est sans surprise un campus où les jeunes s’adonnent aux joies du sexe désinhibé et à la dope sans se prendre la tête sur les conséquences morales ou mêmes seulement mentales de leurs actes. Étudiants, les protagonistes sont pour une fois un peu moins socialement paumés que dans ses précédents opus. Thomas Dekker, vu dans Heroes ou Terminator : les chroniques de Sarah Connor, est le héros central de ces baisouilles à deux, trois, entre filles ou entre garçons. Il incarne à lui seul le désir dans un enchevêtrement de fantasmes qui manipulent sans cesse les spectateurs. L’onirisme éveillé, l’imaginaire de branlette et les cauchemars lynchiens se mélangent à la trame principale, brouillant toujours plus les pistes du linéaire.


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Dans ce sens, le cinéaste assimile les différents genres que les ados adorent. Il insère une scène de concert rock extatique ou des séquences de thriller fantastique pour certaines carrément angoissantes, et multiplie les romances de teen comédies sur le campus qu’il détourne par des dialogues érotico-sulfureux, mais jamais gras. Certes, ici l’ado bourrée vomit sur les pompes du bellâtre dans les toilettes d’une boîte, mais on n’est jamais dans la scatologie grasse d’un American Pie.


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Dans ce joyeux bordel où l’on croise des sorcières, de mystérieux assassins portant des masques d’animaux, un gourou déguisé en Jules César, un colocataire surfeur du nom de Thor qui essaie l’autofellation, Kaboom amuse. Il fascine et éblouit aussi par son intrinsèque beauté. Mais, vers la fin, quand le désordre est définitivement établi, il perd volontairement de son pouvoir de séduction pour devenir le plus gros n’importe quoi cinématographique de l’année. Et on se dit qu’il est quand même dommage que l’aboutissement ne soit juste qu’amusant. Car si on aime énormément cet aspect de la carrière d’Araki, on lui préfère quand même ses zones d’ombre.

Après Cannes en mai dernier, le film sera présenté à Deauville au début du mois de septembre.


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L’avis de Voisin blogueur :

À l’approche de ses 19 ans, Smith (Thomas Dekker) fait un étrange rêve. Il y traverse un couloir et croise le chemin de deux filles inconnues avant d’arriver jusqu'à une mystérieuse porte… Réveillé, le jeune homme finit par rencontrer dans « la vraie vie » les deux énigmatiques jeunes femmes. L’une s’appelle Lorelei (Roxane Mesquida) et s’avère être la nouvelle girlfriend de la meilleure amie de Smith, la piquante Stella (Haley Bennett) ; l’autre finit par disparaître et Smith pense assister à son enlèvement ou meurtre (il n’est sûr de rien car il était totalement défoncé). Que se passe-t-il donc sur le campus ? Les incidents bizarres se succèdent et Smith commence à croire qu’il est au cœur d’une véritable conspiration… En attendant, il tue le temps avec des préoccupations bien de son jeune âge : il fantasme sur son coloc hétéro surfeur décérébré ; Thor, est sur une piste romantique avec un jeune étudiant gay ; couche avec une fille à pédés (la délicieusement paumée London interprétée par Juno Temple). Sauteries et énigmes… Kaboom ?


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Présenté en séance spéciale à Cannes 2010 (où il reçut la toute première « Queer Palm »), Kaboom était particulièrement attendu par les fans de Gregg Araki. Avec son pitch faisant la part belle à une jeunesse sexuellement libérée et défoncée, les amateurs étaient en droit de s’attendre à un retour du réalisateur, digne de ses premiers films rock’n roll, The Doom Generation ou Nowhere (pour ne citer qu’eux). Si on trouvera bien des correspondances, des ressemblances, force est de constater que Kaboom est aussi mainstream que The Doom generation était underground. Ici, exit la jeunesse sexy et sauvage et bonjour la jeunesse des années 2000 : jeunesse méchée, lisse, toujours habillée à la dernière tendance. Plus pop que rock, Kaboom se regarde avec envie, comme une irrésistible sucrerie. Tout le monde y est beau et rigolo, la musique est branchée puis populaire, on parle beaucoup de sexe mais on en montre peu…

 

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Nul doute que Kaboom paraitra comme une « comédie sous acide » pour ceux qui n’ont jamais vu une des précédentes œuvres de son auteur. Mais pour ceux qui le suivent depuis ses débuts, ce divertissement savamment dosé apparaîtra comme un peu trop sage. Et si on s’éclate pendant sa vision, si on ne peut s’empêcher d’exploser de rire face à certaines répliques qui ont tout pour être cultes, pas certain que l’œuvre dans son ensemble le deviendra. Pour autant, faut-il faire la fine bouche ? Non, certainement pas. Car le film reste un pur concentré de fun et on retrouve bien la « patte Araki » à partir de la seconde moitié du métrage, celle où tout part doucement en vrille, où le campus aseptisé devient le terrain de jeu d’un vrai film de défoncé, riche en second degré, en situations absurdes et en rebondissements aussi improbables que jouissifs. Mention spéciale à Roxane Mesquida, amusante et sexy, digne héritière de Rose McGowan.

 

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Les personnages sont tous amusants et attachants, le scénario riche en histoires de cœur et de cul dans lesquelles chacun pourra se retrouver et surtout, mine de rien, Gregg Araki livre un portrait maitrisé et décalé sur la peur d’une jeunesse en fuite, logiquement vouée à s’achever tôt ou tard. Sur la mystérieuse porte que Smith voit dans son rêve, il y a un 19. Derrière elle, un bouton qui pourrait déclencher la fin du monde. Le monde adulte, c'est la fin, la mort. En faisant un petit pas dans ce nouveau monde (celui où on ne peut plus passer ses journées à être défoncé ou se branler en pensant à son colloc hétéro), en quittant le rêve pour la réalité et les responsabilités, c’est une page qui se tourne… Le sujet est traité avec tellement de fantaisie que l’on oubliera de ronchonner sur le fait que c’est un Araki un peu mineur pour mieux se réjouir à l’idée que Kaboom permettra à beaucoup de se plonger dans l’univers d’un cinéaste éternellement adolescent.

Pour plus d’informations :

Par Frédéric Mignard et Voisin blogueur - Publié dans : FILMS : Les Toiles Roses
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Vendredi 17 septembre 5 17 /09 /Sep 16:49

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Fiche technique :

Avec François Sagat, Chiara Mastroianni, Dustin Segura-Suarez, Rabah Zahi, Kate Moran, Lahcen El Mazouzi, Andreas Leflamand, Ronald Piwele, Sebastian D’Azeglio et Sébastien Pouderoux. Réalisation : Christophe Honoré. Scénario : Christophe Honoré. Monteuse : Chantal Hymans.

Durée : 72 mn. Sortie en salles le 22 septembre.

 


Résumé :

Entre Gennevilliers et New-York, Omar et Emmanuel ne s’épargnent rien pour apporter à l’autre la preuve qu’ils ne s’aiment plus.

 

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L’avis de Frédéric Mignard : 

Christophe Honoré s’interroge sur le langage du corps au masculin. Entre expérimentation et improvisation, l’exercice personnel déroute.

Emmanuel est un corps aux yeux des autres. Dans ses galères, il en est dépendant, faisant profiter les plus démunis (vieux et malingres) de ses courbes harmonieuses, de ses muscles travaillés individuellement. Son corps ne respire pas le naturel, mais un entretien intensif. Il incarne une forme de virilité. Celle des œuvres d’art, des héros de mythologie ou des dieux qui la peuplaient. Mais aussi celle moins innocente de l’iconographie pornographique qui le rend un peu vulgaire, notamment aux yeux d’un quinquagénaire qui monnaie ses apparitions dénudées sans être dupe de ce qui se cache derrière la marchandise.

Dans le rôle sexué d’Emmanuel, Christophe Honoré a casté un hardeur gay, François Sagat, qui compose pour la première fois et récite des dialogues, même s’il en a peu. Le comédien montre des limites dramatiques, mais c’est sa fragilité qui nourrit un personnage dans le jeu constant. Pour exister hors du ghetto, Emmanuel, sans le sou et sans le verbe, doit exacerber un rôle ‒ celui d’une brute, d’un actif dominateur, d’un fantasme sexuel. Mais avec le risque de lasser et avec la certitude de vieillir et d’être dépassé par d’autres plus jeunes que lui. Au détour d’un regard peu sûr, le comédien manifeste toutes les contradictions de son personnage qui a tout à prouver dans un milieu qui n’est pas le sien. Sagat joue à l’acteur de fiction comme Emmanuel essaie d’incarner le mâle dominant, dissimulant dans ses silences les conflits internes qui le rembrunissent et sa sensibilité exacerbée.

 

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Emmanuel est le personnage central de l’expérimentation sur le corps que mène Christophe Honoré entre Gennevilliers et New-York. Sans budget, mais avec des caméras numériques peu contrariantes, il suit l’homme musclé dans la ville française où vécut le peintre Gustave Caillebotte dont la toile, Homme au bain, a servi d’inspiration au projet. Aux USA, dans un montage parallèle et dans l’improvisation proche du film de vacances, Honoré déambule, caméscope à la main, pour suivre Chiara Mastroianni (visiblement en promo de Non ma fille tu n’iras pas danser) dans le rôle d’une actrice et l’amant estudiantin d’Emmanuel. La première apparaît comme une extra-terrestre amusée dans cette œuvre en quête du langage corporel (aussi bien visuel qu’olfactif). Le second, interprété par Omar Ben Sellem, est un jeune homme en parfaite opposition avec la carrure imposante de Sagat/Emmanuel. Que ce soit physique (il est chétif), culturel (il est cosmopolite et érudit) ‒ et sûrement affective (cherchent-ils tous deux la même chose dans leur couple insolite ?).

Dans son exploration du corps au masculin, le réalisateur de 17 fois cécile Cassard s’égare. Il se livre à une observation strictement personnelle dans laquelle on ressent ses interrogations, son émoustillement et sa fascination. Son approche est crue, comme l’image de sa caméra, mais sans être impudique. Naturelle sans être poseuse. Toutefois le concept très Nouvelle vague, entre improvisation et expérimentation, laisse peu de place aux spectateurs qui risquent bien de se sentir en marge de cet exercice cinématographique voulu comme mineur par son propre auteur.

 

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L’avis de Voisin blogueur :

Emmanuel (François Sagat) et Omar vivent ensemble à Gennevilliers. Un jour, Omar part en voyages et, las du comportement de son petit ami, lui demande de ne plus être là à son retour. Séparation. Pour une fois, Omar compte faire un voyage sans penser à celui qu’il aime, se laisser porter par les évènements et les rencontres. Destination New York, où il va présenter un film en compagnie de son amie et actrice (Chiara Mastroianni). Il y tient une sorte de journal de bord avec sa caméra DV et nous suivons sa rencontre avec un jeune homme (Dustin Segura-Suarez) dont on devine qu’il tombe doucement amoureux. Pendant ce temps, à Gennevilliers, Emmanuel est confronté à une solitude dont il n’avait plus l’habitude. Il traine, couche avec des amis ou des inconnus, revoit une amie comédienne (Kate Moran) et peine à tourner la page…

Homme au bain est une œuvre à part dans la filmographie de Christophe Honoré. À l’origine, une commande, une carte blanche donnée au réalisateur par le Théâtre de Gennevilliers pour un court-métrage. Mais finalement avec tout ce qu’il avait filmé, le cinéaste a transformé le projet en long-métrage. Le titre fait référence à la toile « Homme au bain » de Gustave Caillebotte, où l’on voyait un homme de dos, s’essuyant après un bain. Une activité qui à l’époque (années 1880) paraissait comme efféminée. L’affiche du film est une sorte de détournement de la toile, une image empruntée à une scène à priori banale durant laquelle Emmanuel s’essuie alors que son copain s’apprête à partir. Avant que les choses ne basculent, qu’ils se séparent. Finalement, un des derniers moments d’intimité du couple…

 

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Pourquoi Homme au bain est-il à part ? Déjà pour son dispositif : le film s’articule autour de la séparation entre Emmanuel et Omar. Nous suivons par alternance l’un ou l’autre. D’un côté Emmanuel à Gennevilliers, avec une image, un format « classique ». De l’autre Omar à New York dans un style presque documentaire, tourné en DV. Ces derniers passages pourront paraître un peu décousus, abstraits. Des images prises à la volée, avec la caméra qui tremble, des scènes parfois inaudibles ou saturées… Il n’est pas toujours évident de trouver ses repères, de deviner où le réalisateur veut en venir. Pourquoi tel plan ? Pourquoi telle référence ou citation ? Pas de scénario qui prend par la main le spectateur. Pour apprécier ce qui se présente devant ses yeux, il faudra qu’il se laisse porter.

Nous sommes là devant une œuvre de séparation, de ruptures. Deux personnages éloignés l’un de l’autre, deux villes, deux façons de vivre la fin d’une histoire d’amour, la musique de Two door cinema club qui se coupe net, reprend un peu plus tard mais ne restera qu’une moitié. Christophe Honoré évite les clichés en esthétisant Gennevilliers (redonner à la banlieue au cinéma des couleurs, de la vie) et en désacralisant New York pour en faire un amas de sensations brèves, furieuses. Et contrairement à ce qu’on aurait pu imaginer, ce n’est pas le sculptural Emmanuel qui se remettra le plus vite. Pour ceux qui suivent la carrière du cinéaste, on a l’étrange sensation d’être perdu entre fiction et réalité. Le passage à New York sonne plus vrai que vrai et on croit y retrouver des passages promos de Chiara Mastroianni pour Non ma fille tu n’iras pas danser. Et il y a cette rencontre intense, presque sans mots, avec le jeune Dustin. Soit l’instauration, la création d’une intimité via l’objectif d’une caméra. On a la sensation de tomber nous-mêmes amoureux de ce garçon, de revoir notre propre carnet de bord de voyage. On peut aussi se mettre à la place d’Emmanuel qui ne peut s’empêcher de penser à son compagnon devenu subitement ex, seul à Gennevilliers. Les images de New-York sont alors destructrices, elles font mal. La page se tourne, Omar partage l’intimité d’un autre. La beauté de cette relation « sur la route », en construction, ressemblerait donc également au pire cauchemar d’un amoureux abandonné qui réalise que son ancienne moitié est passée à autre chose.

 

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Alors qu’à New York tout semble aller très vite, à Gennevilliers le temps apparait comme suspendu. Le massifEmmanuel apparaît comme perdu dans le décor. Très belle scène avec un de ses voisins amateur/collectionneur d’art qui le paie de temps en temps pour un strip ou du sexe. Le vieil homme fait remarquer à Emmanuel qu’il ne le désire plus. Il le voit désormais comme un objet planté dans son salon, une sculpture qu’on ne sait pas où placer. François Sagat, acteur porno gay, est une figure imposante et impressionnante. Nu dans la pièce, il ne semble en effet pas trouver sa place. Comment transformer l’icone porno, la bête de sexe, en un garçon comme les autres, amoché par une rupture ? Comment redonner de la vie, une âme, à un corps que nous n’avons vu qu’exploité dans ses fonctions les plus « basiques » ? Le corps de François Sagat envahit l’espace. Mais progressivement il va se fondre dans le décor, il va devenir un garçon comme les autres auquel on s’identifiera, dans lequel on se retrouvera. On suit Emmanuel dans ses tentatives pour avancer, oublier. Des étreintes chaudes, des confidences et un moment de légèreté avec l’amie Kate, puis enfin de la complicité avec un jeune garçon avec lequel il ne pensait pourtant avoir rien à partager…

Alors qu’Homme au bain pouvait dans un premier temps paraître un peu fermé, difficile d’accès, on finit par ressentir des choses très fortes, à se laisser gagner par la mélancolie ambiante provoquée par des images divergentes. La vie d’artiste, le quotidien en banlieue, l’amour qui nait ou qui se meurt, le mystère de l’intimité, des musiques qui enferment ou libèrent, des corps qui se révèlent et des silhouettes qui disparaissent… Christophe Honoré nous fait voyager à travers son histoire, à travers nous-mêmes. Et du fauteuil de cinéma à l’écran se tisse une complicité.

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Par Frédéric Mignard et Voisin blogueur - Publié dans : FILMS : Les Toiles Roses
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Vendredi 17 septembre 5 17 /09 /Sep 11:27



04.

Freiner l'homoparenté

 

Philippe Ariño



Philippe Ariño, né en 1980 à Cholet, est professeur d’espagnol en région parisienne, écrivain (il a publié aux éditions L’Harmattan un essai en quatre tomes sur les liens entre viol et désir homosexuel : www.araigneedudesert.fr), chroniqueur radio sur Fréquence Paris Plurielle (106.3 FM) à l’émission HomoMicro, et comédien (il a 10 ans de théâtre derrière lui et s'est lancé dans le one-man-show). Il offre un œil nouveau et étonnamment complet sur la culture homosexuelle.


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Homoparenté, Jean-Pierre Winter, Albin Michel, 224 p., 18 €.

 

On peut dire « chapeau et merci » à monsieur Jean-Pierre Winter, pour Homoparenté (Éd. Albin Michel, Paris, 2010), un ouvrage à contre-courant, osé, convaincant, qui devrait être mis entre les mains de tous ces hommes et de toutes ces femmes qui pensent à un projet de parentalité ou de co-parentalité dans le cadre d’un célibat ou d’un couple homosexuel. Grâce à cet homme de poigne (que certaines personnes homosexuelles voient à tort comme « un homophobe » parce qu’ils ne lisent pas ses écrits, et parce que ce dernier n’est pas un béni-oui-oui de l’intégralité des causes homosexuelles), nous avons la preuve qu’il existe encore des intellectuels et des gardiens qui veillent sur nous en portant un regard critique sur les évolutions sociales de notre temps et en nous empêchant de « signer » des projets de lois sans avoir bien lu la totalité du contrat qui nous engage sur des générations et des générations.

Dépassant le terrain de la simple sincérité du désir de maternité/paternité – sincérité qu’il ne remet pas en cause –, le psychanalyste, qu’on a vu maintes fois calmer avec brio l’ardeur des militants homosexuels ou féministes à la télévision, fait une nouvelle fois preuve d’une grande lucidité dans son analyse des enjeux de la transmission de la vie et de l’homoparentalité. Il nous rappelle que la validation légale de la « famille » homosexuelle ne doit pas être de l’ordre de l’évidence, ni simplement une question de « bon cœur », mais qu’elle peut avoir des conséquences fâcheuses dans la construction des enfants et d’une société puisque cette revendication se fonde sur un mythe : celui du couple homosexuel procréatif. « Ce qu’on essaie de nous faire oublier dans la revendication d’égalité des couples homosexuels [par rapport aux couples hétérosexuels], c’est que chez eux ce n’est pas le couple qui fera l’enfant mais un trio. Un trio au minimum, un quatuor dans certains cas, mais pas un couple » (1). Il soulève ainsi la « violence du refus du réel » (2) étant donné que, concrètement, le couple homosexuel ne peut pas avoir d’enfant et n’est pas procréatif : « Contre toute attente, nous sommes là au cœur de ce qui sera le problème de l’enfant élevé par un couple homosexuel. Car ce qu’on lui dit ne correspond pas aux formes qu’il voit. On lui dit qu’il est l’enfant d’un couple qui manifestement ne peut pas avoir d’enfant ; on lui demande donc d’être le témoin de l’impossible. Il est à craindre que cette jonction soit particulièrement difficile à faire pour cet enfant »(3).

Il décortique un à un beaucoup d’arguments employés par les défenseurs de l’homoparentalité, et s’attache à développer des thèses nouvelles pour justifier en quoi le fait d’entériner le droit des couples homosexuels à adopter des enfants (ou à en créer par le biais d’un tiers – personne généralement non-désirée d’amour) nécessite la prudence, non le refus. Il faut bien comprendre que Jean-Pierre Winter ne cherche pas à s’opposer ni à contrecarrer bêtement la demande de législation pour les couples homoparentaux, car il n’est pas « contre » en soi : il se contente de dire « Attention, réfléchissons avant de légiférer un fantasme ». Il n’a même pas repris les arguments classiques des détracteurs de l’homoparentalité (il aurait pu, par exemple, essayer d’expliciter l’une des légendes classiques et clairement homophobes selon laquelle les couples homosexuels ne doivent pas avoir d’enfant(s) car ils rendraient leur(s) progéniture(s) homosexuel-le-s comme eux. Winter est beaucoup plus fin que cela).

Il rappelle certaines distinctions lexicales et sémantiques importantes pour dénoncer les abus de langage et recadrer les choses : notamment, la différence entre « parentalité » et « parenté » ; l’emploi abusif et anachronique de l’adjectif « judéo-chrétien » ; l’apologie de la Grèce Antique présentée comme un modèle civilisationnel, alors qu’il s’agissait concrètement d’une société esclavagiste ; la différence entre le couple femme-homme aimant – il insiste énormément sur la notion de couple désirant – et le couple mythique "hétérosexuel" (4) ; etc. Par ailleurs, il nous sort de l’habituel traitement victimisant de l’homophobie pour la présenter sous un jour plus réaliste, à savoir comme une hétérophobie masquée, une peur-mépris de la différence (des sexes entre autres) : « Est-ce l’homophobie qui empêche les couples d’homosexuels de devenir des parents ‘à part entière’ ? N’y aurait-il pas plutôt dans nos sociétés une espèce d’hétérophobie, au sens de la haine de la différence ? » (5). Jean-Pierre Winter met sur le tapis les conséquences troublantes du rejet d’« altérités fondamentales » (6) telles que la différence des sexes (celle dont nous sommes issus, est-il besoin de le rappeler…) opérée par le couple homosexuel : « le déni de la différence la plus universelle et la plus lourde de conséquence : la différence des sexes, sous-tendant le déni de la différence entre la vie et la mort » (7). Concernant le projet de loi sur l’homoparentalité, il se situe du point de vue concret de l’enfant, et sort des considérations poétiques d’« adultes entre adultes » au nom de l’enfant : « on peut se demander si c’est bien l’enfant qu’il s’agit de protéger, ou plutôt le partenaire du parent légitime qui craint d’être rejeté par l’enfant qui n’est pas légalement le sien. C’est pourquoi il veut établir un lien légal avec l’enfant. La ‘prévention’ protègerait donc le ‘non-parent’, alors qu’il pourrait adopter, plutôt que l’enfant » (8).

Rares sont les essais montrant une résistance aussi claire (éclairante même !) et aussi peu haineuse à la revendication d’une minorité de militants homosexuels ou gay friendly – qui se fait passer, grâce aux médias, pour majoritaire. Qui a dit, lorsqu’on est homosexuel soi-même, ou bien défenseur d’une reconnaissance du désir homosexuel et du respect des couples homosexuels, qu’il fallait obligatoirement cautionner tous les droits demandés par la communauté homosexuelle au nom de la sacro-sainte « égalité » ? (droit à l’adoption, reconnaissance des « familles » homoparentales, droit au « mariage gay », etc.). Bien des résistances à l’homoparentalité et à d’autres droits réclamés par certains militants LGBT zélés sont exprimées, non seulement par des gens non-homos mais aussi par des personnes homos. Certaines réclamations font presque l’unanimité, d’autres dérangent, divisent, et là encore, on se rend compte de l’extrême diversité des opinions et des désirs au sein même de la communauté homosexuelle. Loin de nous inquiéter, ces résistances doivent nous encourager à analyser « ce qui coince ». Car ce n’est pas parce que, au niveau des droits, la communauté homosexuelle a besoin de certains cadres juridiques pour assurer sa sécurité, sa reconnaissance, et son bonheur, qu’elle doit voir se réaliser tous ses désirs sans exception. Même si les mots « droit » et « désir » commencent par la même lettre, ce n’est pas une raison pour que tous nos désirs personnels – et parfois nos fantasmes les plus farfelus –, même bien intentionnés, fassent loi, régissent le Réel et l’Universel, et soient gravés sur la pierre pour l’ensemble de la communauté humaine.

 

Notes :

(1) Jean-Pierre Winter, Homoparenté, Éd. Albin Michel, Paris, 2010, p. 205.

(2) Ibid., p. 115.

(3) Ibid. p. 74. C’est l’auteur qui souligne.

(4) Ibid. p. 192.

(5) Ibid., p. 15.

(6) Ibid., p. 99.

(7) Ibid., p. 135.

(8) Ibid., p. 47.

 

Première publication : Nonfiction.fr

Par Philippe Arino - Publié dans : LE PHIL DE L'ARAIGNEE
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Jeudi 16 septembre 4 16 /09 /Sep 16:59

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Par Daniel C. Hall - Publié dans : VISUELS : Les affiches et pubs roses
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Jeudi 16 septembre 4 16 /09 /Sep 16:56

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Par Daniel C. Hall - Publié dans : VISUELS : Les affiches et pubs roses
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Mercredi 15 septembre 3 15 /09 /Sep 15:36

 

HOMMAGE À

AMAR BEN BELGACEM

(1979 – 2010)

 

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© Stéphane Brégu


« Ma peinture est une fenêtre qui donne sur un monde de joie, un paradis de bonheur, un printemps éternel et une innocence totale. »

Amar Ben Belgacem

 

 

Site officiel d'Amar

Page Wikipédia

Page Facebook des amis d'Amar

 

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© Damien Dauphin

 

J’ai rencontré Amar le 23 mars 2006, lors de la réception organisée par l’ambassade de Tunisie en l’honneur de la fête nationale. C’est lui qui est venu vers moi, spontané, exubérant, flamboyant et généreux. Un séducteur, un personnage comme il en existe peu. Un tour de buffet et un cocktail plus loin, tout aussi spontanément il me proposa d’aller chez lui, à Fontainebleau, le lendemain. Ce fut chose faite, car il m’arrive aussi d’avoir des élans spontanés. Mais comment résister à ce grand enfant au sourire malicieux et désarmant ? C’était impossible. C’est ainsi que j’eus la chance d’entrer dans son univers, dont il m’ouvrit les portes le temps d’un week-end, deux journées marquantes qui nous ont liés pour toujours.

Chez lui, j’ai découvert un artiste total et original, mais aussi une âme complexe. Dans sa façon d’être, Amar me faisait penser à Salvador Dali. C’était un magicien du pinceau qui donnait de belles couleurs à la vie et répandait du bonheur autour de lui. De la vie, il connaissait les zones d’ombre et la part de malheur. Il y a longtemps, il avait perdu un frère et portait cette blessure en lui.

L’éloignement géographique et nos activités respectives firent que nous avions un contact quelque peu distancié, mais qui n’était pas rompu. Je le vis pour la dernière fois le 25 août 2007, trois ans jour pour jour avant sa mort. Il avait organisé chez lui une fête avant mon départ pour le Canada. Ce fut une belle soirée au cours de laquelle se nouèrent de nouvelles amitiés. J’éprouve beaucoup de peine à la pensée que je ne vais plus le revoir, nous avions encore tant de choses à nous dire et à partager.

Amar, sahbi, tu étais une étoile filante destinée à illuminer nos vies, et comme ces étoiles tu as disparu trop vite. Ton œuvre te survivra, et tu demeureras vivant dans le cœur de ceux qui t’aiment. Me diras-tu pourquoi tu es parti pour un voyage sans retour, toi qui tous les ans faisais le tour du monde avec tes toiles mais finalement revenais toujours, chez toi, à Paris ? La vie, si remplie semble-t-elle, n’est-elle donc qu’une errance ? Que dissimulaient les trompeuses apparences au-delà de la bonne humeur que tu affichais ? Permets-moi de conserver ton sourire dans l’écran de mes souvenirs, comme une rose des sables façonnée par le temps, et par lui inaltérée. Tu vas beaucoup me manquer.

 

Damien Dauphin, diplomate.

 

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© Bert Leatherman


Il était à l'image de ses peintures, simple et lumineux, changeant, voire fantasque, en pointillé comme dans ses décisions, il apparaissait, disparaissait, il était à la fois un grand solitaire et un être sociable. Aujourd'hui, il n'est plus, il nous a fait un joli mais douloureux pied-de-nez en ne nous prévenant pas, en décidant de son propre chef de rejoindre les anges. Peut-être que ces chérubins l'accueilleront mieux que nous ici-bas ; repose en paix, Amar et si tu reçois nos messages attristés, sache que ‒ pour paraphraser un certain Léo Ferré ‒ « on t'aimait bien, tu sais ».

Avec regret.

Affectueusement.

 

Patrick

 

PS : Par chance, tu m'avais dédié une de tes œuvres, je l'ai encadrée, seul souvenir vivant de toi car l'art ne meurt pas, c'est bien connu !

 

Patrick Adler, comédien et imitateur

 

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© D. R.


Il y a des hommes qui font rapidement le tour de la vie. Leur présence devient de trop pour l’univers… ils passent donc à la maturité suprême, celle de la mort !

Porter la vie comme un léger tissu, la manier, la façonner et défier ses péripéties par un raffinement surhumain, c’est en quelque sorte refuser la nature même du rapport entre l’homme et son existence. Tragique, imprévisible, sisyphienne…

Quittant, un jour, le Grand Palais après s’être baladé dans une exposition où prenait part une peintre tunisienne que je voulais lui présenter, il avait remarqué à la sortie de l’expo une fleur géante, blanche comme son cœur, grande comme son âme.

Sans hésitation ni étiquette parisienne artificielle, il l’avait prise de son vase et on a traversé le tout Paris avec une fleur blanche comme son cœur, grande comme son âme...

Et comme rien n’est gratuit, quant on est vraiment spontané, cette fleur a atterrit dans les bras d’une autre peintre tunisienne qui exposait le même jour au centre culturel algérien à Paris. Et à qui il voulait me présenter…

Au côté du « peintre de la joie » comme je l’ai appelé dans mes émissions radio à Paris, on sent que les choses prennent un sens romanesque.

Que les coïncidences, les situations et les paroles orbitent autour d’une autre planète qu’il t’indique d’ailleurs avec son index toujours pointé vers une autre direction. Certainement celle des anges !

L’accueillant pour la première fois à la radio, Amar avait réussit dans l’espace de quelques secondes à apporter une lumière de laquelle sautillaient les sourires entremêlés de l'ensemble des collègues, sans l'avoir décidé, ni médité.

Missionné, il n’avait pas besoin de décider. La lune décide-t-elle de faire jaillir la lumière ?

« Lune » est son prénom comme il voulait toujours le rappeler. Avec un seul « M ».

Comme une fleur géante, il enchante désormais les âmes supérieures de l’au-delà. Les jardins terrestres ne sont pas assez fertiles pour accueillir ces fleurs géantes…

Quant à nous pauvres humains, nous dirons que nous avions rencontré l’homme-lune qui se baladait avec une fleur géante, blanche comme son cœur, grande son âme.

 

Mohamed Al Hani, journaliste

 

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© Michel Giliberti


Amar était un être magique et léger.

De nos après-midi à Sidi Bou Saïd ou à Paris je garde le secret de son sourire et la profondeur de ses grands yeux...

Comme une soie qui agace ou qui conforte, Amar avait cette souplesse d’esprit et d’étonnement que seuls les enfants savent offrir à ceux qui les aiment.

 

Michel Giliberti, écrivain, peintre et photographe

 

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© Bert Leatherman


AMAR ‒ Amor à mort.

Amar. Ce mot AMAR signifie en espagnol AIMER, pour les juifs, ce mot hébreu signifie LA PAROLE, tandis que le prénom arabe signifie LE BATISSEUR.

Quand j’ai rencontré Amar la première fois, j’ai d’abord été surpris. C’était la première fois que je rencontrais un vrai dandy. Qui plus est, un dandy tunisien – car c’est exactement ce qu’il était. Les dandies sont rares, et d’origine maghrébine encore plus. Amar était un garçon qui cultivait cette grâce du raffiné. Un être atypique à la parole distinguée, au verbe bien choisi, avec ce regard qui vous déshabillait, ces longues mains qui vous touche sans timidité, avec cette chaleur propre aux gens du sud… Constamment à l’écoute de « l’Autre ». Attentif.

Je le reverrai toujours, dans notre belle intimité, délicat, me caressant le bras et me disant quinze fois d’affilé et sur un ton différent à chaque fois : « Que tu es beau ». C’était ironiquement drôle et tout à la fois poétique dans la façon de faire. Amar était ce poète clownesque, ce pitre lyrique. Cet être amusant en surface et touchant dans l’intimité, mais qui ne voulait jamais qu’on l’atteigne en profondeur. Il donnait ce sentiment qu’une part de lui devait rester inaccessible.

Amar, pour moi, est comme la Mrs Dalloway de Virginia Woolf. Cet être triste dans l’âme qui donne des réceptions mondaines, des moments de vie pleins de ses rires et de joies pour couvrir le silence, pour tenter d’échapper à ses démons, feignant toujours d’aller bien, pensant pourtant au suicide. Amar, comme de nombreux poètes, était une Clarissa Dalloway, à faire du bruit, à provoquer de la joie, de la bonne humeur, à jouer l’artifice pour couvrir ce silence qui l’effrayait, pour cacher ses peines, ses failles, cette crasse impalpable et noire dans son sang.

Je relirai ce roman en pensant à lui.

Personnellement, je n’ai jamais vraiment aimé son travail de peintre. Je ne lui ai jamais dit, mais il l’a toujours su. La première fois qu’il m’a montré son travail, je pensais qu’il se moquait, que c’était une farce. Ces dessins faits aux feutres de couleurs, tels des gribouillages de maternelle… ça ne pouvait pas être sérieux. Amar n’était jamais vraiment sérieux. Et puis j’ai vu les formes se préciser, la technique du pointillisme s’accentuer avec les années et j’ai, avec le temps, apprécier son travail – sans jamais vraiment l’aimer.

Je me demande aujourd’hui s’il ne s’est pas donné la mort à cause de ça : d’avoir été par nous tous énormément apprécié, sans avoir jamais été réellement aimé, sans avoir jamais donné à l’un d’entre nous la possibilité de le faire réellement.

Il a décidé de partir. On ne peut rien faire contre ça. Amar, je te garderai dans mon cœur.

AMAR ‒ Amo, amas…

 

Samuel Ganes, auteur, comédien, metteur en scène

et journaliste presse théâtre 

 

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© Dominique Massard

 

Il y a deux semaines, j'étais à Tunis. Je pensais à lui. Je ne savais pas encore la terrible nouvelle. Nous nous croisions sur Internet. Nous échangions quelques mots. Il aimait mon univers, j'aimais ses peintures. Le temps qui passe trop vite, jamais le temps de se voir, ni de se croiser au détour d'une exposition. Des regrets forcément. Ce qu'il nous reste de lui... ses peintures... ses œuvres qui sont son âme... Mes condoléances à sa famille, à ses proches...

 

Jann Halexander, chanteur et réalisateur

 

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© Samuel Laroque


J’ai appris lundi soir (6/09) le décès d’un pote, Amar Ben Belgacem, avec qui j’étais parti en vacances. D’après les dernières nouvelles, il aurait mis fin à ses jours. Je ne savais pas si je devais pleurer, ne pas y croire ou me dire qu’après tout ce devait être une mauvaise blague ou une erreur.

« Pourquoi tu ne m'aimes plus? » : lettre à Amar 

Je ne te connaissais pas, Amar, aussi bien que l’on connaît un ami proche, mais j’avais passé assez de temps avec toi durant les vacances pour être autant agacé qu’amusé par ta personne.

Ta petite phrase dès qu'on se croisait était « Pourquoi tu ne m’aimes plus ? », avec ce petit accent distingué qui me faisait sauter au plafond dès que tu ouvrais la bouche. Dans le fond, ça me faisait rire et j’aimais t’envoyer balader, une bataille d’ego entre artistes… plus sérieusement, une marque d’affection. Ne dit-on pas : qui aime bien châtie bien ?

La première nuit, tu m'avais réveillé, tu ne voulais pas dormir tout seul ! Pour m'embêter, tu as tiré sur mes draps jusqu'à ce que je cède, que je change de lit et que je dorme à côté de toi ! Il aura fallu que tu t'en ailles le dos tourné pour que je m'en souvienne ! Salopard !

J’avoue que je n’avais pas été emballé par tes peintures que tu nous avais présentées un soir, le souci de l’art abstrait c’est qu’il plaît ou pas. Tu avais ton monde bien à toi, tes délires, ton « moi je » ultra développé qui faisait rire tout le monde à table, tu étais avec Moncef la "princesse" dans son état le plus éclatant et ça t’amusait quand on te le disait.

À aucun moment personne n’aurait pu imaginer que tu puisses commettre cet acte ; la question qui reste en suspens est « pourquoi ? » Tu n’étais pas quelqu’un de suicidaire, que s’est-il passé ? Le silence est la seule réponse qui nous est donnée pour le moment. Quand j’ai su la triste nouvelle, j’ai levé les yeux au ciel en disant : « T’es un salaud de nous laisser ! »

Dans ces durs moments, on se souvient à quel point la vie nous est chère même si parfois elle nous paraît difficile. Profitons-en pour dire aux gens qui nous entourent que nous les aimons et n’attendons pas qu’ils disparaissent pour le faire !

Pourquoi je ne t’aime plus ? Parce que ce n’était pas ton heure, pas encore, pas tout de suite… Amar, même si je ne supportais pas quand tu faisais ta princesse, tu vas me manquer car ce soir, je ne peux plus prendre ma revanche en te réveillant...

Je t'embrasse affectueusement,

 

Samuel

 

En me préparant au matin de la levée du corps qui a eu lieu jeudi 9 septembre, mon regard s'est fixé sur un paquet de coton. Je lisais ton prénom, orthographié différemment avec un "e" mais prononcé de la même façon, "Amare", qui de plus signifie "aimer" en italien. En fait, sur le paquet était écrit "Amarel" mais le reflet de la lumière ne me permettait pas de voir la lettre "l". Ça peut paraître futile, anodin, lié à la coïncidence, au hasard… Je suis persuadé que tu as fais un signe et je tenais à faire partager cette anecdote aux gens qui t'ont aimé, c'est une façon pour toi, j'en suis sûr, de nous dire : « Je suis toujours là » !

 

Samuel Laroque, comédien et chanteur 

 

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© Bert Leatherman


Adieu l’alchimiste des couleurs…

À l’heure où tout artiste prépare sa rentrée, la sphère picturale… la scène culturelle toute entière perd une figure éminente, un jeune artiste dont le talent et la sensibilité, la gentillesse et la joie de vivre étaient la devise : Amar Ben Belgacem n’est plus. Le peintre nous a quittés le premier week-end du mois de septembre à son domicile à Paris…

Né le 18 juin 1979 à Paris, Amar passe les premières années de son enfance dans la Ville Lumière.

À cinq ans, ses parents décident de l’envoyer en Tunisie, à Hammamet, terre des origines, pour débuter et poursuivre ses études. Avec son diplôme du baccalauréat en poche, Amar retournera en France pour se consacrer à des études artistiques. Très tôt, l’artiste trouve sa voie et impose un style à la fois candide et profond dans l’élaboration des œuvres. Abstraites, ces dernières bannissent toute forme connue pour devenir une représentation du monde tel que le perçoit l’artiste. Des lignes et des cercles concentriques viennent habiter l’espace de la toile, puis c’est la couleur gaie et chatoyante, vive et vivace qui dynamise le travail d’Amar. L’œuvre est ainsi renouvelée à chaque nouvel abord. Interrogé sur ce choix, l’artiste ne cessera d’affirmer que ce qu’il propose au public c’est une vision fraîche du monde, une vision d’espoir et de bonheur qui passe par la couleur. Il voulait que sa peinture soit le reflet d’un printemps éternel, d’une joie de vivre démesurée et communicative.

De Paris à Washington DC, de Rome à Madrid, en passant par Nagoya (Japon), Séoul, Beyrouth, Oslo entre autres et la Tunisie, Amar intrigue à chacune de ses expositions professionnelles, curieux et amateurs d’art plastique. Sa joie de vivre naturelle, son aisance et sa volonté d’aller vers les autres, enfin sa générosité de cœur et le don de soi, marquent l’esprit de ceux qui l’ont côtoyé et connu. Attachant et sincère, l’artiste nous faisait entrer dans son monde sans prétention, disant en toute simplicité ce que son cœur ressentait.

En juin dernier, nous nous sommes vu à Paris. Amar m’a offert son hospitalité et nous avons passé une bonne partie de la nuit à discuter de son art et de ses projets. Avec animation, il parlait de ses futures expositions et de son enthousiasme à surprendre tout le monde avec une exposition de tapisseries inspirées de ses œuvres.

Il disait qu’il avait hâte que ce projet aboutisse en Tunisie. Il parla aussi de ces vacances en Espagne, de la rentrée culturelle. Il confiait qu’il avait été souvent déçu par les gens et que certains continuaient à le décevoir, qu’ils profitaient de sa générosité. Mais, il ne tenait rancune à personne. Alors que Paris s’éveillait, Amar nous a accompagné jusqu’à l’arrêt de la navette qui nous déposera plus tard à l’aéroport, nous nous sommes salués et nous nous sommes donné rendez-vous pour sa prochaine exposition à Tunis. Alors que la navette s’acheminait vers la gare Montparnasse, nous vîmes, pour la dernière fois la silhouette d’Amar, enveloppé dans son manteau fétiche, traverser le parc.

C’est avec une immense douleur que nous avons appris sa disparition tragique à l’âge de 31 ans, dans son havre de paix qu’est Paris. Que garderons-nous d’Amar Ben Belgacem, sinon cette image d’un homme attachant au regard candide mais malicieux, un artiste complet à la sensibilité frémissante à l’égard de la beauté indécelable du monde ? Enfin, ce sourire juvénile d’un enfant qui dit les choses sans complexe. Nous garderons aussi en mémoire, l’image d’un travailleur acharné, d’un alchimiste des couleurs qui sans relâche renouvelle son inspiration et la puise dans les senteurs et les teintes qu’il ramène de ses voyages. Son départ prématuré laissera un grand vide et ne demeurera que son œuvre : trace immuable de son génie et de son talent tel « un Ange, entr'ouvrant les portes, / [qui] Viendra ranimer, fidèle et joyeux, / Les miroirs ternis et les flammes mortes. »

 

Raouf Medelgi, journaliste

 

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© Olivier Lemettais


Daniel Conrad Hall s’associe et remercie les amis d’Amar qui ont accepté de lui rendre hommage sur notre site. Les emails d’Amar vont me manquer et ma peine n’est rien à côté de celle de toutes ses amies et ses amis du monde entier. Je t’embrasse, Amar. Je remercie spécialement Stéphane Brégu et suis de tout cœur avec lui dans cette épreuve.

 

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© Stéphane Brégu

Par Daniel C. Hall - Publié dans : LA BIBLIOTHEQUE ROSE
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Mardi 14 septembre 2 14 /09 /Sep 17:30


de  Nico Bally


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QUI GARDE LES GARDIENS ? 

 

Nico Bally a publié une multitude d'histoires étranges sur divers supports, du webzine à l'anthologie, en passant par le livre photo-musical.

Après avoir sillonné les villes les plus exotiques et palpitantes du globe (Dunkerque, Manchester), il vit aujourd'hui à Lille où il fête tous les jours son non-anniversaire (trente ans tout rond) avec un lapin gay, une chatte blanche déguisée en chatte noire, et la fée Clochette.

En marge de l'écriture, il travaille comme contrôleur de contenu pour Recisio Music malgré de longues études en sciences, informatique et philosophie. Il respecte les lois du TATBAR (Touche À Tout, Bon À Rien) en s'adonnant à la photographie naïve, la musique noise-ambiant expérimentale, les courts-métrages DIY, l'auto-pornographie, le rot tonal et la peinture sur vélo.

Pour Les Toiles Roses, il élargit ses univers fantastiques-oniriques en développant les thèmes LGBT qu'il avait trop souvent mis de côté.



 

Je fis la grimace quand le Père Damus entra dans mon bureau.

« Non ! » lui dis-je avant même qu'il n'ait eu le temps d'ouvrir la bouche.

Il afficha aussitôt une mine boudeuse.

« Voyons, vous êtes le meilleur.

— Je suis détective ! répondis-je. Pas guerrier-exorciste…

— Mais cette mission sera différente. Je vous promets que ça ne se passera pas comme la dernière fois... »

Un flash me ramena quelques mois en arrière : un gamin possédé par une centaine de démons, des vomissures de sang, des cicatrices dessinant des pentacles...

Le whisky n'avait pas guéri mes blessures.

« Je choisis mes clients. Et je préfère enquêter sur les époux infidèles que sur vos diables.

— On ne vous demande qu'un repérage… » répondit le Père Damus en plaçant un dossier cartonné sur mon bureau.

Il attendit quelques secondes, puis ajouta sur les documents une liasse de billets.

« Vous aurez le double lorsque nous recevrons votre rapport. »

Il y avait là de quoi prendre des vacances pendant presque un an.

J'ouvris le dossier, par pure curiosité.

Il contenait un plan de la ville, avec plusieurs ronds rouges ici et là. La plupart étaient petits, éparpillés. Mais à un point précis, ils s'accumulaient pour former une grosse grappe.

« Nous avons fait réaliser une analyse des activités magiques du diocèse, m'expliqua le Père Damus. Nous sommes en train de vérifier les différents marquages. C'est ça qui nous inquiète. »

Et bien sûr il pointa de l’index la masse de gros points rouge sang.

« Tout le reste est sous contrôle, ou le sera bientôt, précisa-t-il.

— J'imagine que cette grosse framboise signifie que l'activité magique est inhabituellement intense.

— Cela pourrait être un nid de démons, ou un conflux sorcier.

— Un con-quoi ? Vous voulez que j'aille voir, c'est ça ?

— Exact.

— Et pourquoi moi ? Vous n'avez pas des équipes pour ça ?

— Le lieu... Regardez mieux la carte. »

Je repérai la rue, et l'emplacement approximatif du numéro.

« Y'a quoi là ? demandai-je.

— Un sauna gay. »

Le Père semblait terrifié, comme s'il avait dit : « La Bouche de l'Enfer ».

Voilà pourquoi ils avaient besoin de moi. Leurs équipes étaient prêtes à s'enfoncer dans les grottes les plus sombres et maléfiques, mais jamais elles n'oseraient enquêter dans un tel endroit de perdition.

« Je fais le tour, et je vous dis ce qui cloche, c'est tout ?

— Oui. Un simple repérage. Nous verrons plus tard pour les mesures à prendre.

— Et si un truc m'attaque, je fuis ? Plus question d'expulser les présences surnaturelles ou de vous ramener l'orbe de je-ne-sais-quoi ?

— Un simple repérage… » confirma le Père.

Je pris le dossier et l'argent, en signe d'assentiment.

Le Père plaça alors sa main sur la mienne, et lança sur un ton dramatique : « Mais prenez garde ! Rien n'est plus contagieux que le péché ! »

Me disait-il cela pour les démons ou pour les gays ?

 

Le sauna était caché au fond d'une petite ruelle, encadré par deux boutiques, en plein centre ville. On voyait les habitués s'y engouffrer discrètement. Une simple enseigne et un jeune homme à l'entrée, derrière un guichet classique. Seuls les flyers déposés devant la porte, et les annonces des soirées thématiques, faisaient comprendre que ce sauna n'était pas… familial.

Je demandai une entrée, en précisant que je venais pour la première fois. Le jeune homme me donna une clef de casier et une serviette.

« Vous ouvrez tôt, fis-je remarquer.

— De midi à minuit, tous les jours. Et il y a du monde dès l’ouverture.

— J'aurai pensé que c'était un commerce de nuit...

— Oh non, on n'est pas dans une discothèque. »

Les casiers se trouvaient juste à l'entrée. Deux hommes étaient en train de se déshabiller. Les vestiaires semblaient bien inutiles là où faire son timide ne menait à rien.

Je déglutis un peu bruyamment. J'avais assez fréquenté les salles de sport dans ma jeunesse pour pouvoir me dénuder devant des inconnus sans m'émouvoir. Mais la lumière tamisée et l'air moite me mettaient mal à l'aise.

Je devais me concentrer sur la mission. Une fois la serviette passée autour de la taille, je m'avançai dans la salle centrale où se trouvait un petit bar.

Le guichetier me désigna un client.

« Il peut vous faire visiter, si vous le voulez. »

L'homme était en train de boire un Coca, assis sur un tabouret. Assez gros, le nez un peu aplati, il me sourit gentiment en voyant mon air un peu effrayé.

Je lui tendis la main.

« Je suis Harry, dis-je.

— C'est votre vrai nom ? Ah, peu importe. Appelez-moi Aziz. Ici on ne donne pas forcément nos vrais noms. On ne parle pas non plus de religion ou de politique. »

Il me serra la main en riant. Je me serais baladé en costard-cravate que j'aurai eu l'air moins ridicule.

« Jolis tatouages ! » ajouta-t-il en m'entraînant vers la seconde salle.

Ma mission d'exorcisme m'avait poussé à recouvrir mon corps d'arabesques cruciformes, de talismans et autres formules protectrices. Et accessoirement, c'était effectivement assez beau.

Après le bar il y avait un jacuzzi et des douches. Un téléviseur diffusait un film porno. Trois hommes, dans l'eau bouillonnante, le regardaient d'un air blasé, voire ennuyé.

Puis il y avait le sauna lui-même, envahi par la vapeur. On n'y distinguait que quelques silhouettes.

Je vis un homme en peignoir, et demandai si cela avait une signification particulière.

« Non, il est juste un peu pudique. Il doit être là uniquement pour regarder. »

Nous montâmes ensuite un escalier qui menait aux cabines.

« Tu peux venir ici avec quelqu'un, m'expliqua Aziz. Ou t'y installer seul en espérant qu'on passe devant et qu'on ait envie d'entrer... »

Celle devant laquelle nous passions était justement occupée par un quinquagénaire, couché sur le dos, qui nous jeta un regard implorant.

« Ça semble triste. Attendre là qu'on intéresse quelqu'un...

— Mais parfois on a de bonnes surprises, répondit Aziz. Il y a quelques bons samaritains, qui passent ici uniquement pour donner du plaisir, sans se soucier de l'âge ou de l'apparence.

— Et ça n'est pas dangereux comme système ? Je veux dire, les cabines peuvent être fermées...

— Elles s'ouvrent assez facilement de l'extérieur, et il y a un jour d'une dizaine de centimètres. De toute façon les clients sont respectueux. Tout le monde ici est d'une sage douceur. »

Il semblait le regretter.

« Voilà, nous avons fait le tour. Qu'en dis-tu ? Tu veux qu'on... qu'on aille dans une cabine ?

— Euh... Non.

— OK. Pas de problème. Je te laisse te promener.

— Attends, il y a quoi après ? Ça me semble moins éclairé, par là...

— Ce sont d'autres cabines, mais avec moins de lumière. Juste pour ceux qui préfèrent ne pas être vus trop distinctement. »

Tout était fait pour qu'on puisse être laid.

Pourtant les clients se promenaient, jetaient un œil dans les cabines occupées, passaient du sauna au jacuzzi, du jacuzzi aux cabines, comme un tour de garde monotone et incessant, sans jamais se réunir. Ils semblaient tous chercher quelque chose d'inaccessible.

Je me demandais s'ils étaient tous là, comme moi, seulement pour visiter, ou si les choses fonctionnaient toujours ainsi.

Je m'étais attendu à découvrir une orgie d'hommes jeunes et musclés. Je me retrouvais entouré de personnes timides et banales, qui oscillaient entre ennui et mendicité amoureuse.

Mais rien de magique ou de démoniaque ici.

Mon corps entretenu et tatoué me valut quelques regards insistants, mais je sortis du sauna sans qu'aucun client ne tente autre chose qu'un sourire.

J’étais prêt à écrire mon rapport pour le Père Damus.

 

Il était minuit passé ; j'avais fini ma bouteille, et l'écriture du rapport traînait…

Je savais que le Père Damus me le refuserait. Je n'avais rien trouvé. Ça n'était qu'un sauna libertin pour homosexuels. Rien de démoniaque là-dedans.

Alors pourquoi avaient-ils détecté autant d'activités magiques ?

Je repensai au cas désastreux sur lequel le Père Damus m'avait fait travailler la dernière fois : l'exorcisme. Ce qui m'avait frappé en premier, c'est que cela s'était passé dans une chapelle. Une belle chapelle de campagne qui semblait bien innocente la journée, mais qu’occupaient les démons la nuit venue.

C'était ça ! C'était sûrement ça. Le sauna fermait à minuit. Que s'y passait-il ensuite ?

Je pris ma veste, ma bouteille vide, et y retournai.

 

Je m'installai sur un banc, la tête enfoncée entre mes épaules, la bouteille à la main. J'avais ainsi l'air d'un clochard commençant sa nuit. Ce rôle m'allait à la perfection.

Et bien sûr, du coin de l'œil, j'observais l'entrée du sauna.

Tout comme en journée, des silhouettes s'y glissaient.

Le guichet était fermé. Les clients nocturnes utilisaient un code, une suite de toc-toc-toc assez musicale qui faisait office de laissez-passer.

J'en laissais entrer deux, puis me présentai à la porte et tapai la même mélodie avec mon index.

On m'ouvrit.

C'était le guichetier qui m'avait accueilli l'après-midi, mais par chance il me regarda à peine. Visiblement épuisé, il se contenta de me tendre une serviette et une clef. Pensant qu'on pourrait me repérer à cause des tatouages, je demandai un peignoir.

J'avais bien fait. Trois hommes se déshabillaient devant les casiers. Sauf que ça n'était pas des hommes.

Ils ne possédaient pas de nombril. Ni de tétons. Pas plus que d'organes génitaux ; une peau lisse couvrait leur entrejambe. Et surtout, surtout, ils arboraient chacun une paire d’ailes !

Des ailes blanches, comme celles des colombes, mais à dimension humaine.

Comme je les dévisageais, ils me regardèrent d'un air las. Je détournai la tête, et commençai à enlever mes vêtements. J'attendis qu'ils soient tous passés au bar pour enfiler rapidement mon peignoir.

Le Père Damus se trompait complètement. Il n'y avait aucun démon ici, seulement des anges.

 

Dans l'établissement, tout se passait comme dans la journée : un ange assis au comptoir sirotait un thé glacé, deux anges barbotaient dans le jacuzzi, mais le téléviseur était éteint.

J'entrai dans la cabine à vapeurs pour y réfléchir. J'avais l'air fin avec mon peignoir dans ce lieu étouffant.

Je pensais y être seul lorsqu'une voix me fit sursauter.

« Tu es sur une mission difficile ?

— Euh...

— Moi je bosse sur cette fille, tu vois. Courageuse, et tout. Elle est passée par des trucs pas marrants, mais à chaque fois elle se relève. Je suis assez fier.

— Oh, c'est bien, répondis-je en tentant de ne pas bafouiller.

— Tu ne veux pas me parler de ta mission ?

— Eh bien... Pas tout de suite.

— Pas de problème. La fille dont je m'occupe, elle a changé de boulot. C'est un peu grâce à moi. Si tu savais ce qu'elle endurait... C'est rien par rapport à ce qu'on connaît, mais quand même, heureusement qu'on veille sur eux.

— Euh... oui.

— Bon, je te laisse. »

Je vis la silhouette ailée disparaître au milieu du brouillard moite.

Mais qu'est-ce que c'était que ce truc ? Un sauna pour anges gardiens ?

Une autre silhouette émergea de la brume et s'adressa directement à moi.

« Tu ne devrais pas être là.

— Quoi ? Comment ? Je...

— Je sais que tu viens en paix. J'irai parler au Père Damus, continua la voix. J'espère qu'il comprendra.

— Vous... Vous savez pourquoi je suis ici ?

— Je lis dans ton esprit. N'aie pas peur, je ne veux que ton bien.

— Mais que se passe-t-il ici ?

— Nous venons nous y reposer. Nous cherchons aussi un peu de tendresse. Certains d'entre nous sont sur des missions particulièrement difficiles…

— De la tendresse ? Mais vous n'êtes... vous n'avez pas...

— Nous sommes asexués, oui. Mais on peut quand même s'embrasser, s'enlacer, se caresser... Tu n'as rien connu si tu n'as jamais fait l'amour sans pénétration. »

Je me sentis soudainement très gêné.

« Rentre chez toi, me souffla l'ange. Inutile de rendre ton rapport. Tu seras payé, je m'en charge.

— D'accord. Merci. »

J'avais les idées embrouillées. Quelque chose en moi regrettait de ne pas avoir eu à me battre contre des démons cruels. J'aurais sûrement préféré un bain de sang plutôt que de croiser ces créatures tristes, fatiguées, qui nous protègent toute la journée, et viennent réclamer un peu d'amour la nuit tombée.

L'ange ne me raccompagna pas. Il resta au milieu de la vapeur, préférant sans doute que je ne distingue pas les traits de son visage.

« C'est moi qui veille sur toi, pas l'inverse » conclut-il.

Et je me demandai soudain avec tristesse :

Et lui, qui veille sur lui ?

 

© Nico Bally – 2010.

Tous droits réservés.

Direction littéraire de la série : Daniel Conrad & Pascal Françaix,

avec l'aide de Gérard Coudougnan.


Lire les précédents petits contes
Par Nico Bally - Publié dans : PETITS CONTES DARK-EN-CIEL
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Lundi 13 septembre 1 13 /09 /Sep 15:22

par  BBJane Hudson


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Fiche technique :

Avec Abe Zwick, Scott Lawrence (a.k.a. Wayne Crawford), Don Craig, Robin Hughes, Yanka Mann, Marty Cordova, Maggie Wood, Mike Mingoia, Robert DeMeo, Sandra Lurie, Brad F. Grinter, Charles Guanci et Francelia Waterbury. Réalisation : Thomas Casey. Scénario : Thomas Casey. Directeur de la photographie : Edmund Gibson. Montage : Jerry Siegel.

Durée : 95 mn. Disponible en VO (Zone 1). 

 


Résumé :

Deux minables voleurs de bijoux se réfugient à Miami après leur dernier braquage. Paul (Abe Zwick), le plus âgé, enfile perruque, robes imprimées et bas de contention pour devenir Tante Martha, tandis que son ami Stanley (Wayne Crawford, sous le pseudonyme de Scott Lawrence) se fait passer pour son neveu.


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Irascible et jaloux, Paul/Martha tolère difficilement les frasques de Stanley, qui passe l'essentiel de son temps à se droguer et à courir les filles – bien qu'il soit incapable de les honorer. Toute avance sexuelle féminine le plonge dans l'hystérie, et oblige Tante Martha à intervenir, couteau en main. Le père d'une de leurs victimes parvient à s'immiscer dans le couple, en prétendant être un truand traqué par la police. La situation s'envenimera rapidement, et débouchera sur une conclusion pathétique et sanglante.


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L'avis de BBJane Hudson :

Sometimes Aunt Martha Does Dreadful Things – qui rassemble à son générique plusieurs familiers du cinéma d'horreur floridien, comme Brad F. Grinter, réalisateur des mythiques Flesh Feast(1970) et Blood Freak(1972), ou William Kerwin, l'un des acteurs fétiches de H.G. Lewis – fut inexplicablement la seule réalisation de Thomas Casey, de qui l'on ne sait rien.

« Inexplicablement », car ce coup d'essai est une réussite digne des meilleurs auteurs trash et Camp, et justifiait amplement une carrière plus nourrie. Il est clair que les ambitions de Casey n'étaient pas uniquement mercantiles, contrairement à nombre de ses confrères. Plus qu'un film d'exploitation, Aunt Martha est une appropriation Camp de l'univers et des codes du polar urbain des seventies.

Paul et Stanley sont deux truands ringards organisant des « coups » modestes, comme il en pullulait dans les séries télévisées de l'époque (Les Rues de San Francisco, Mannix, etc.) La différence est qu'ils sont gays, une donnée que Casey ne juge pas nécessaire de mettre en exergue, mais qu'il présente le plus naturellement du monde ; le comportement quotidien des deux hommes, leurs échanges et leurs prises de becs sont typiques d'un vieux couple – en crise et plutôt mal assorti, certes, mais tout ce qu'il y a de plus banal.



Paul (Abe Swick) au naturel – ou presque...

 

La violence de Paul/Martha est l'exutoire de sa souffrance et de sa frustration face au délabrement de leur relation. S'il assassine les jeunes filles que Stanley ramène à la maison, c'est moins par crainte de l'infidélité de ce dernier (il le sait incapable de leur faire l'amour), que parce qu'elles sont le vecteur du comportement pathologique de son ami, mélange d'attirance compulsive et de rejet phobique des femmes, source de leurs ennuis et cause du déclin de leur couple.


Abe Zwick

 

Parallèlement à ces actes criminels (qui ne versent jamais dans le gore), le cinéaste se plaît à multiplier les notations réalistes, et ménage des plages d'intimisme inattendues dans le contexte, comme lorsque Paul confie ses peines de cœur à l'homme qu'il héberge, en éclusant force canettes de bière. Le fait qu'il soit grimé en Martha et parle librement de sentiments homosexuels à un auditeur hétéro (qui ne s'en offusque aucunement), ne suscite aucun effet distanciateur ou humoristique ; au contraire, la scène est traitée avec une ingénuité et un naturel surprenants. Le Camp est réservé aux moments de crise, lorsque les incartades de Stanley font perdre pied à Paul, et le déconnectent de la réalité.


Conversation entre hommes

 

C'est alors que le film se rattache au mélo gériatrique « à la Baby Jane », à cette différence près que la mégère homicide est ici un drag. Il faut d'ailleurs noter que le spectateur en est immédiatement informé, contrairement à de nombreux films où l'on s'applique à nous faire croire que l'assassin est une femme, jusqu'à la révélation finale de son identité masculine (Psychose d'Alfred Hitchcock, 1960, ou Pulsions de Brian De Palma, 1981). Cette approche frontale et non manipulatrice du sujet n'est pas la moindre des originalités de Aunt Martha, et renforce ses implications queer.


Tante Martha (Abe Zwick)

 

Lors du dernier quart d'heure, le rythme s'accélère et la spirale de la violence se resserre inéluctablement, poussant Paul dans l'ultime retranchement de la folie. Contraint d'admettre l'incurabilité des névroses de Stanley (désemparé devant une femme sur le point d'accoucher, celui-ci pratique sur elle une césarienne sauvage), il décide d'immoler leur couple lors d'un finale assez poignant et teinté de sadomasochisme. Pour ce faire, il abandonne l'accoutrement de Tante Martha, et tue Stanley dans un élan de rage désespérée, en déployant une agressivité toute masculine, avant de se supprimer. À l'heure cruciale où l'amour ne peut se perpétuer que dans la mort, le Camp n'a plus droit de cité.

Bonus :
Un article sur le site Bleeding Skull
Un article sur le site Trash Film Orgy

 

 

 


Lire les autres chroniques de BBJane Hudson
Par BBJane Hudson - Publié dans : LA CRYPTE AUX GAYS
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Dimanche 12 septembre 7 12 /09 /Sep 11:45
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Gay comme mon nom ne l'indique pas, et juif comme mon nom ne l'indique pas non plus, je suis tombé tout petit dans une marmite de BD (BD, pas PD !). Depuis, j'ai noirci des milliers de pages de personnages plus ou moins étranges. Depuis cinq ans, je suis chroniqueur du site Unificationfrance.com auquel je livre chaque semaine un dessin. Concerné par la cause LGBT, c'est avec plaisir que j'ai rejoint l'équipe de Les Toiles Roses, blog auquel je participerai avec mes « p’tits miquets ».

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 Ainsi parlait Zarozenbergheustra (19)...

 

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Yoann Lemaire : le soutien d'Hugo


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 Ainsi parlait Zarozenbergheustra (20)...

Voir toutes les rencontres

TO BE CONTINUED...
Par Hugo Rozenberg - Publié dans : DESSINS : Rencontres de tous les types
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Samedi 11 septembre 6 11 /09 /Sep 18:40


La bannière et la vidéo sont (c)
Syred Pictures
Les vidéos présentes et futures sont diffusées avec l'autorisation de Maykel himself.
Un grand merci à l'équipe de Rien de 9 !
Par Maykel - Publié dans : WEBSERIE : RIEN DE 9
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Samedi 11 septembre 6 11 /09 /Sep 18:35

http://4.bp.blogspot.com/_SNWhINHHc3Q/SqBFx2GWzEI/AAAAAAAABC4/ex5p-8SlUSY/s400/LOGOPYSCAP.jpg


Les vidéos sont (c) Univers-L.com
Les vidéos présentes et futures sont diffusées avec l'autorisation de
Isabelle B. Price et son équipe.
Par Isabelle B. Price - Publié dans : SERIE : LOS HOMBRES DE PACO
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Vendredi 10 septembre 5 10 /09 /Sep 00:32
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Fiche technique :

Avec Doug Cooeyate, Nyla McCarthy, Ray Monge, Robert Lee Pitchlynn et Tim Streeter. Réalisation : Gus Van Sant. Scénario : Gus Van Sant, d’après le roman éponyme de Walt Curtis (ed Hachette littérature). Image : John J Campbell. Montage : Gus Van Sant. Musique : Peter Daamaan, Karen Kitchen, Creighton Lindasy.
Durée : 78 mn. Disponible en VO et VOST.

 


Résumé :
Chronique d’un amour impossible entre Walt (Tim Streeter), un jeune épicier blanc, et Johnny (Doug Cooeyate), un immigré mexicain qui vient de débarquer à Portland, Oregon. Johnny se refuse à Walt. Il préfère coucher avec Pepper (Ray Monge), le meilleur ami de Walt. Ce dernier voyant qu’il n’arrivera pas à ses fins tente de se faire de Johnny un ami et couche avec Pepper.



L’avis de
Bernard Alapetite :
Avant toutes choses, il me semble qu’un préambule s’impose. Il faut bien être conscient que si ce film n’était pas signé Gus Van Sant, il ne serait jamais arrivé sur nos écrans et ceci toutes considérations sur sa qualité mises à part. Il ne nous parvient guère, parmi la très nombreuse production américaine dite « indépendante » (il y aurait beaucoup à dire sur ce qualificatif), que les films ayant reçu l’onction du festival de Deauville (Little Miss Sunshine, L.I.E....) ou/et de celui de Sundance (Boys don’t cry); ou encore plus rarement ceux, ayant comme vedette, une personnalité étant soudainement parvenue à la notoriété : le cas de Transamerica est exemplaire. Le parcours de Mala noche est donc tout à fait singulier. Précisons qu’il est sorti dans d’autres pays bien avant la France : USA, Allemagne, Hollande... parfois sous le titre Bad night.


Si le critique se doit de donner à ses lecteurs les éléments (s’il les possède) qui ont conduit à l’élaboration du film et, si possible, situer l’œuvre dans la continuité de l’histoire du cinéma et dans celle du cinéaste, il doit s’abstraire de toutes ces connaissances pour délivrer son opinion sur le film en tant que tel. Il ne doit plus alors que se souvenir de son plaisir et tenter de le faire partager à ses lecteurs. Son plaisir étant bien sûr dépendant de son background et de sa personnalité. Après ces banalités, venons-en à Mala noche dont l’arrivée tardive sur nos écrans est précédée d’un tintamarre parisianiste sans commune mesure avec l’objet qu’il annonce.
Mala noche, premier film de Gus Van Sant est l’adaptation du livre éponyme et autobiographique de Walt Curtis.


Walt Curtis, aujourd’hui âgé de 65 ans, est une figure de Portland. Acteur occasionnel, il est surtout un auteur reconnu qui a publié plusieurs recueils de poèmes. Il est aussi l’un des traducteurs en américain de Pablo Neruda et de Frederico Garcia Lorca. Mala Noche est son unique roman. Lorsqu’il parait aux USA en 1977, Allen Ginsberg écrit : « Mala Noche, de Walt Curtis, est le récit cru des amours et des chagrins glanés au hasard des rues [...]. La vie est décevante, les gamins tragiques, il y a des moments de joie et de jouissance dans des sacs de couchage souillés, et des moments d'amertume quand les flics de l'Immigration interrompent les relations intimes nouées sur la route. Ceux qui n'ont pas un amour pour la vie y reconnaîtront leurs espoirs et leurs déchirements. »
Contrairement à son style habituel, pour cette adaptation Gus Van Sant ne fait pas de longs plans séquences comme dans le génial Gerry ou dans le creux et soporifique Last Days mais découpe à l’extrême son film en une multitude de plans très courts et peu éclairés, tournés en 16 mm dans un noir et blanc granuleux. Le cinéaste use et abuse des scènes nocturnes. Il filme principalement en gros plans avec une profondeur de champ réduite.


Le réalisateur a déjà 33 ans en 1985 lorsqu’il réalise ce premier opus. Curieusement, plutôt qu’un désir pour ses personnages, il y a peu d’images sensuelles alors que l’on est souvent au plus près de la peau des acteurs, c’est plus une complicité qui apparaît. Comme si le cinéaste était l’un de ces marginaux qui peupleront également ses deux films suivants, Drugstore cow-boy et My own private Idaho. Pourtant à l’époque, il travaille dans la publicité à New York, bien loin de cette faune de Portland où il retournera pour tourner le film uniquement en décors naturels.
Gus Van Sant autofinance son projet, le dotant d’un budget minuscule (22 500 $).
Les acteurs ne sont pas des professionnels et n’ont aucune expérience du jeu, à l’exception de Tim Streeter, l’interprète de Walt, un comédien que le réalisateur a repéré sur la scène d’un petit théâtre local. Ray, qui joue Pepper, était un boxeur ; quant à Doug Cooeyate , Johnny, il était chômeur et pas du tout mexicain mais un vrai indien d’Amérique. Aucun par la suite ne fera une carrière d’acteur, mais on peut les apercevoir dans d’autres films du cinéaste. La fidélité, comme on le voit, n’est pas un vain mot pour Gus Van Sant qui reprendra John J. Campbell, le chef opérateur de Mala noche pour My own private Idaho.

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Dans sa note d’intention, Gus Van Sant nous présente son film comme un film crypto politique : « Mala Noche  contient de rigoureuses observations sur la relation des États-Unis avec son voisin du Sud. L’exploitation constituant le thème central, il en résulte une perspective qui découvre aussi bien le mode d’existence de l’immigré en situation irrégulière dans la ville de Portland que les rapports de fascination de Walt avec Pepper et Johnny. Américain privilégié, Walt se trouve dans une position de pouvoir parce qu’il tient une épicerie. Il est à la caisse et compte l’argent. Il peut donner des sandwichs ou faire payer le prix fort. » Comme souvent au cinéma, il y a loin de l’intention à la réalisation. Aujourd’hui ce que nous voyons sur l’écran c’est un pauvre type, plus dirigé par sa bite que par sa conscience politique, chouchouter deux petits voyous machos qui le méprisent et pour lesquels il est prêt à faire toutes les bassesses contre un vague instant de promiscuité sensuelle.


Rares sont les scénarios américains immédiatement transposables dans nos radieuses cités mais quand on voit le maternage nourrit de frustrations sexuelles, de masochisme et d’expiation inconsciente de la culpabilité qu’il éprouve devant ces jeunes mexicains, population systématiquement exploitée, on pense immédiatement à ces benêts qui se pâment aux pieds de lascars qui n’ont au mieux que mépris pour eux et au pire une haine bien recuite.
Si l’on excepte les films fait pour des majors hollywoodiennes, tous les films de Gus Van Sant mettent en scène des jeunes gens perdus (parfois au sens propre comme dans Gerry) dans la société moderne. On trouve déjà dans ce premier film tout l’univers qu’il développera dans les suivants : solitude moderne, individus en marge, amours impossibles, coup de foudre... jusqu’à son tic de réalisation, le sempiternel accéléré des nuages.


J’affirme haut et fort que Gus Van Sant est un des nombreux cinéastes surévalués dans notre pays. Pourtant sa carrière atypique est passionnante, ceci explique peut-être cela. Elle commence d’une manière classique par ce petit film indépendant, objet de la présente critique, suivi par d’autres, un peu plus professionnels qui lui permettront d’obtenir son ticket pour Hollywood pour lequel il fera plusieurs films plus sages mais réussis avec un bon savoir-faire, le plus émouvant étant Will Hunting et le plus caustique Prête à tout. Jusque là rien que de très classique dans la carrière d’un cinéaste. Et soudain, il tourne le dos à ce cinéma classique pour réaliser un des films les plus conceptuels de l’histoire du cinéma, un remake du Psychose d’Hitchcock plan par plan mais cette fois en couleur ! Je conseille de faire l’expérience suivante : Prenez deux portables identiques, mettez-les l’un à côté de l’autre, le premier jouxtant le deuxième, enfournez dans l’un le film d’Hitchcock et dans l’autre celui de Gus Van Sant, faites démarrer les deux films en même temps et regardez-les. Le jeu consiste à remarquer les différences. Le jeu des sept erreurs de notre enfance revisité par l’art contemporain très chic et tout de même un peu vain...


Puis le cinéaste réalise sa trilogie composée de Gerry (dvd ed. MK2), à ce jour son chef-d’œuvre, d’Elephant (dvd ed. MK2), qui lui vaudra la notoriété internationale, et du très surestimé dans notre contrée, Last days (dvd ed. MK2 ). On attend la suite avec curiosité.
Notre metteur en scène déclare que durant l’écriture et le tournage de Mala noche, il a eu trois films dans la tête : Le Troisième homme, Midnight cowboy et Le Dernier tango à Paris. Influences totalement indiscernables lorsqu’on voit le film. Le seul cinéaste auquel on pense c’est Casavetes, plus pour les processus techniques que pour l’image proprement dite. Mais dans les meilleurs moments du film, quelques très beaux plans émergent de ce brouillard charbonneux, c’est surtout aux photos des premiers livres (mais pas aux films) de Larry Clark que l’on songe.
Mala noche fait partie de ces films, hélas de plus en plus nombreux, qui nous poussent à nous demander ce qui nous a pris de nous enfermer, ici 1h18mn, ce qui parait fort long, avec de pareils imbéciles alors que dans la vie de tous les jours nous n’aurions de cesse que de les fuir à toutes jambes si par malheur on avait eu la déveine de les croiser. Par solidarité homosexuelle, on n’est pas obligé d’approuver un ectoplasme uniquement mené par sa libido envers deux bas du front, certes dans leur genre pas complètement moches.
Toutefois, ce film ne peut pas laisser indifférent toutes personnes ayant vécu une passion impossible et qui aura le malaise de se reconnaître quelque peu en Walt.

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L’avis de Niklas :
À Portland, Walt un homosexuel affirmé tombe amoureux de Johnny, un jeune mexicain clandestin. Le garçon n'a pas 18 ans et ne parle pas un mot d'anglais mais devient une véritable obsession pour Walt qui tente par tous les moyens de coucher avec le jeune étranger...
Pour un garçon par Gus Van Sant.
Même si je ne suis pas un client de son réseau de distribution, il faut reconnaître à Marin Karmitz son talent de producteur et du coup sa bonne idée de nous ressortir le premier film de Van Sant (car ça doit bien venir de lui cette histoire). Le réalisateur américain, qui après avoir fait des petits films indépendants comme celui-ci, a réussi son passage hollywoodien avec d'autres tel que Will Hunting avant de revenir sur le circuit plus proche de ses débuts, compte parmi ceux dont j'aime suivre le parcours et donc quand son tout premier film, inédit chez nous, sort enfin sur nos écrans je m'y jette à corps perdu (alors que, je suis sûr qu'il préférerait que je me jette sur lui). Même s'il me faut pour cela, traverser la capitale puisque UGC n'a trouvé que ce moyen pour que je mette quelques fois les pieds dans son complexe de la Défense. Cela dit, pour ce qui est de la filmographie de Gus, mon préféré reste Elephant, avec ses plans séquences magistraux, mais je n'ai jamais vu Drugstore Cowboy, et je persiste à dire que son “Marais" est l'une des plus grosse daube du collectif Paris Je t'aime...


Autant dire que cette Mala noche ressemble beaucoup, dans sa forme du moins, aux premiers films de Van Sant (notamment My Own private Idaho) et devrait combler les amateurs avec son noir et blanc où se révèle une sensualité rare. Les corps des garçons (je ne vous dis pas lesquels, un peu de suspens voyons !) qui pratiquent une partie de jambe en l'air quelque peu troublante sont filmés avec grâce et les différents plans laissent transparaître l'audace et la liberté que le manque de moyens n'affecte aucunement. Bien au contraire, le réalisateur use au mieux de sa caméra pour nous insuffler l'énergie et l'obsession de son personnage principal.
D'ailleurs, celui-ci n'a malheureusement pas fait d'autre films, ce qui est bien dommage parce qu'il est sacrément sexy, quelques petites poignées d'amour certes, mais j'en connais qui s'en contenteraient bien.
Pour en revenir au film, je suis sorti de la salle assez troublé par cette relation qui n'en n'est pas vraiment une, entre un garçon prêt à tout pour une simple nuit d'amour avec un type qui n'en a que foutre de lui, et qui n'est même pas homo. Il y a dans ce rapport un profond malaise et un décalage que le réalisateur parvient à retranscrire et qui est plus que déconcertant, dans le regard admiratif de Walt qui accepte le dédain, de celui de Johnny avec une certaine philosophie, c'est beau et en même temps assez interrogateur pour finir par laisser place au désarroi dans lequel l'Américain se trouve face au Mexicain.


L’avis de
Shangols :
Bon, ben voilà, la curiosité du moment a été vue par un des rédacteurs de ce blog. Mala Noche est sympa, c'est exactement la même émotion (et presque le même film) que pour The Big Shave de Scorsese, Permanent Vacation de Jarmusch, Eraserhead de Lynch ou encore Icarus de De Palma... bref comme tous ces premiers films de grands réalisateurs, on regarde ça avec l'œil compatissant du spectateur qui sait ce qu'ils vont devenir.

Comme tout le monde, Van Sant produit un film très « arty », où le style se veut voyant, un film volontaire et « extraverti » qui fait merveille. Au niveau de l'image, c'est pratiquement irregardable : le noir et blanc, cradasse, sans contrastes, a pour résultat d'effacer les 3/4 de l'écran. Les bords de l'image sont en noir complet, et on distingue au centre de l'écran des formes, floues, heurtées, mobiles, dans lesquelles on reconnaît vaguement les personnages, les actions. Ca, c'est pour les scènes de nuit. Les scènes de jour sont elles assez nettes, baignées de soleil. À noter que les sous-titres, également, sont illisibles, puisque présentés en blanc sur blanc. Tout ça pourrait être gavant, mais je vous l'ai dit, on est bienveillant, et c'est juste délicieusement fashion, et mignonettement audacieux.


Niveau scénario, ça sent le Van Sant de très loin : il s'agit des errances amoureuses d'un jeune mec (très beau et très émouvant Tim Streeter) qui tombe raide dingue d'un tout jeune mexicain indolent, sauvageon et irresponsable, un de ces types qui file des insomnies à Sarko. C'est surtout un joli essai sur l'amour tout court, sur l'aveuglement, la perte de la personnalité et l'humiliation amoureuse. Dans un rythme très saccadé, Van Sant filme les corps qui se choquent (ou ne se rencontrent pas, le plus souvent, Van Sant est aussi un type qui filme la frustration), les petites combines, les bagarres hilares de gosses des rues, et puis aussi la petite vie des Américains moyens (qui achètent tous, à un moment ou à un autre, allez savoir pourquoi, de la crème anti-champignons). Il y a de magnifiques scènes, qui prennent bien leur temps pour s'installer (notamment la longue séquence où le Mexicain s'amuse à faire croire à Walt qu'il l'abandonne sur la route), il y a une compréhension du désir sexuel qui est déjà bien en place, il y a cette fameuse fascination pour les ados qui marquera le cinéma de Van Sant dans son ensemble, il y a une musique à la Paris Texas qui est parfaite. Bref, c'est déjà du très bon cinéma, sans hurler au génie. Et puis la fin (qui a rendu folle furieuse ma voisine de droite) est poilante, puisque le gars arrête son film en plein milieu ("zou rentrez chez vous j'ai plus d'argent pour terminer"). Toute une époque.
Pour plus d’informations :
 
Par Bernard Alapetite, Niklas & Shangols - Publié dans : FILMS : Les Toiles Roses
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Jeudi 9 septembre 4 09 /09 /Sep 17:07

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Par Daniel C. Hall - Publié dans : VISUELS : Les affiches et pubs roses
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Mercredi 8 septembre 3 08 /09 /Sep 09:39

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Fiche technique :

Avec Robert McLane, Curt Gareth, Bo White, Jay Pierce, Anthony McKay, Marilyn Meyers, Barnaby Rudge, A. Bailey Chapin, Scott Eisman, Michael Kell, Sheila Rock, Linda Weitz, Robert Grillo, Howard Blakey et George Diaz. Réalisation : Christopher Larkin. Scénario : Joseph Coencas.

Durée : 86 mn. Disponible en VO et VOSTfr.



 

Résumé :

New York années 70. David (Robert McLane), un ancien séminariste, vit une relation figée dans le moule hétérosexuel avec un jeune cadre, Mark (Curt Gareth). L'échec de ce couple amène David à vivre l'expérience des gays de New York : saunas, partouzes, bref la consommation du sexe prônée à cette époque de libération sexuelle. Le jour de la marche des fiertés, David rencontre un beau militant gay très actif, Jason... Tous deux décident de tenter un autre mode de vie, qui exclurait le couple fermé du modèle hétérosexuel et la frénésie consumériste de la libération sexuelle...


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L’avis de Voisin blogueur :

David (Robert McLane) quitte son monastère pour devenir professeur dans un lycée public… et surtout tenter d’assumer enfin son homosexualité. Un soir dans un bar gay, il craque sur un inconnu qui semble également le trouver à son goût. Il s’appelle Mark (Curt Gareth), il l’invite à danser et ils finissent par passer la nuit ensemble. Mark est un homme d’affaires qui n’a jamais connu de vraie histoire d’amour avec un garçon. David non plus. Assumer son homosexualité est quelque chose d’encore récent, nous sommes au début des années 70. Si rapidement David tombe amoureux et rêve d’une relation avec Mark, ce dernier tient à garder sa liberté, a du mal à avouer ses sentiments, à s’engager.


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Les mois passent et les « je t’aime » finissent par arriver. David et Mark emménagent ensemble. La vie de couple ne semble malheureusement pas leur aller à merveille : David n’a pas des envies sexuelles aussi fortes que son compagnon et refuse parfois de coucher avec lui, ce qui le frustre. Mark a pour sa part besoin d’espace, refuse tout le temps de tout partager avec son partenaire, de n’exister que par lui. Lassitude du quotidien et petites tromperies vont amener le couple à se briser peu à peu…


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Une chose très naturelle (A very natural thing en VO) commence avec des images de la Gay Pride à New York. Le militantisme gay est en marche, l’affirmation semble enfin possible. Oui, l’homosexualité est une chose très naturelle. Mais pour les gays eux-mêmes, son affirmation est quelque chose de nouveau. Beaucoup découvrent ce qu’est une histoire d’amour entre deux garçons et réalisent que le fonctionnement n’est peut-être pas le même que celui des couples hétérosexuels. Pas de mariage, pas forcément d’enfants (même si l’on voit plusieurs personnages d’hommes fraichement divorcés et pères de famille enfin sortis du placard), un rapport au sexe plus facilité…


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Alors qu’on pouvait s’attendre à une œuvre sur le coming out, sur la difficulté de gérer ses attirances homosexuelles, on est agréablement surpris de voir que le réalisateur filme l’histoire de David et Mark comme justement quelque chose de très naturel. L’homosexualité n’est pas un problème, les problèmes viendront de la relation entre les deux hommes, qui se découvrent au fil du temps et seront bien amenés à comprendre qu’ils ne regardent pas vers la même direction.


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Christopher Larkin sonde le couple gay. Il nous montre de façon parfois presque documentaire comment deux hommes amoureux vivent ensemble, quelles sont les difficultés qu’ils peuvent rencontrer. Les problèmes sont souvent les mêmes que pour les hétéros : sentiment d’étouffement, de manquer d’espace, supporter la mauvaise humeur de l’autre, devoir faire des compromis, un engagement au quotidien... Mais à l’heure du début des 70’s où une certaine liberté sexuelle est de mise, il n’est pas vraiment facile de se caser. Bon nombre de gays s’éclatent dans les saunas, font des partouzes… Si David, le plus romantique, ne ressent pas de frustration, Mark lui est travaillé par son envie de plaire encore, de rester un objet de désir pour les autres. Les disputes (parfaitement mises en scène et bénéficiant d’une écriture d’une rare justesse) se succèdent, l’amour devient affrontement et incompréhension. Nos amoureux essaieront de s’ouvrir aux autres, d’être plus libres ensemble mais David aura bien du mal à envisager que Mark ne soit pas totalement à lui.


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L’intrigue n’est peut-être pas particulièrement novatrice mais le film offre une vision tellement réaliste sur le couple gay dans les années 70 qu’il dépasse le stade de la curiosité pour atteindre le statut de film culte. L’envie d’aimer, la désillusion, l’affirmation de soi au sein d’un couple puis seul… David va avoir droit à son éducation sentimentale, découvrir ce qu’est la vie gay dans le New York des 70’s entre sexe facile et complexité des sentiments. Si Une chose très naturelle met en scène des situations très sensibles voire dramatiques, il reste toujours étrangement lumineux. Tout est filmé avec une énorme délicatesse et il est quasi-impossible de ne pas s’attacher à ces personnages si bien croqués. Des décennies plus tard, les questions abordées continuent de toucher droit au cœur. L’approche de Christopher Larkin est à la fois sensible et frontale, ce long-métrage ne manquant pas de chair (plusieurs scènes de sexe sensuelles ou vraiment troublantes – comme celle où David, célibataire, se laisse aller dans un sauna entre peur, malaise et excitation). Deux hommes peuvent-ils vraiment reproduire le schéma du couple hétérosexuel ? L’homosexualité permet-elle de passer outre les règles de la fidélité sans faire de drames ? La vie à deux n’est-elle pas une prison qui détruit l’amour et qu’il faut prendre soin d’éviter ? Avec beaucoup de tendresse, ce film séduit, captive autant qu’il interroge. Indispensable.

Pour plus d’informations :

Par Voisin blogueur - Publié dans : FILMS : Les Toiles Roses
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