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Vendredi 18 juin 5 18 /06 /Juin 11:33

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Voici venu le temps de

l'Idéologie Gay !

  

par Sabrina Shami Lafourcade de  Les Anti-culture gay

 

 

Après avoir opportunément libéré la sexualité de ses entraves et inventé de nouveaux modes de vie, les homosexuels français s'attellent désormais depuis ces deux dernières décennies à la construction d'une communauté gay.

Du coup, le mouvement homosexuel, polarisé jusqu'à présent contre le sida, réinvestit le terrain identitaire. La Lesbian & Gay Pride, marche annuelle homosexuelle, l'atteste : entre les pom pom girls, les go-go-dancers, les drag queens et les chars décorés aux couleurs arc-en-ciel (emblème gay), on attend chaque année à Paris, plus de 200 000 homosexuels venus de toute l'Europe pour défiler, le cœur léger, et affirmer leur « fierté gay ».

De même, on observe l'émergence d'une culture gay, avec son lot de films dédiés, de séries pour nous les dames (The L Word), de romans spécifiques... Ce mouvement culturaliste a trouvé son penseur : le sociologue Pierre Bourdieu (éminemment connu des étudiants en Sciences de l'éducation comme moi !), qui se proposait d'insuffler en France les « Gay & Lesbian studies », c'est-à-dire d'imaginer des départements universitaires ou des laboratoires de recherche consacrés à la culture gay. Étonnant itinéraire : après avoir défendu les revendications corporatistes des cheminots, le théoricien intuitif de la « reproduction scolaire » s'ait mis à rêver secrètement d'un « bac pédé »!

Voici donc l'idéologie gay. Quand elle consiste à défendre un folklore amusant ou la très conceptuelle Gay Pride, quand elle prend la forme d'un simple culte pour les sous-vêtements ou d'une passion folle pour la techno, cela ne porte pas à conséquence (quoi que cela me fasse doucement rire !). Mais quand cette idéologie débouche sur des messages d'injonction, incite les identités individuelles à se figer et les cloisons entre les groupes à se durcir, quand elle encourage la désignation de porte-parole, demande aux individus d'« avouer » leur homosexualité, d'en être fier ou de faire leur coming out, il est possible de se poser des questions.

S'interroger tout d'abord sur le sens des revendications. Pourquoi réunir plus de 200 000 gays et lesbiennes à Paris, si on se contente de brandir comme slogan un consensuel et creux « Pour une vraie citoyenneté européenne » et afficher par contre aux yeux de tous une image de dépravation (mecs à moitié à poil déguisés en bonne sœurs, filles exhibant des godes à la ceinture) qui restera celle collée aux homos par la masse populaire ??? Pourquoi prétendre promouvoir le monde associatif et le militantisme, quand la Gay Pride devient une opération de super-consommation, qu'elle est organisée par une société commerciale aux objectifs moins militants qu'économiques et quand, en lieu et place de revendications, on trouve le merchandising : des tee-shirts, des montres et des serviettes de bain aux couleurs arc-en-ciel ???

S'interroger ensuite sur le sens de la culture gay. Faut-il voir d'un bon œil cette folie hypermoderne qui consiste à créer un ghetto culturel ? Faut-il approuver un projet qui participe à l'enfermement et non au dialogue, au cloisonnement et non à l'ouverture sur le monde ? S'interroger enfin sur les ambiguïtés de la communauté gay. Ne présuppose-t-on pas, en la célébrant, que la minorité homosexuelle est forcément bonne, idyllique, et surtout homogène ? N'oublie-t-on pas que les parcours d'entrée et de sortie dans l'homosexualité sont extrêmement variables, les uns passant par la bisexualité, d'autres se mariant et d'autres en effet qui le sont, comme moi, depuis la naissance et qui ne se privent pas pour autant des questions originelles de cette homosexualité : l'étais-je ou le suis-je devenue en mode réactionnel à un héritage social (Bourdieu, là encore !) ?

En définitive, loin de la propagande de l'idéologie gay et des impasses de la culture gay, il est peut-être temps de défendre concrètement et efficacement les droits des homosexuels et pour cela privilégier l'individu avec son libre choix, plutôt que le groupe et son caractère parfois aliénant. Chaque homosexuel doit se construire lui-même, être capable de maîtriser seul son rapport au monde, y compris, comme moi, s'il le souhaite, en restant en dehors de la communauté gay ‒ ou au contraire en s'y insérant. Mais, si l'on parle d'insertion, ne serait-il pas idéal de chercher avant tout l'insertion à la société globale, la société dans son ensemble où la frontière hétéro/gay serait enfin gommée ??!!!!

 

Article reproduit avec l'aimable autorisation de l'auteur.

Par Sabrina Shami Lafourcade - Publié dans : LIBRE PAROLE
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Jeudi 17 juin 4 17 /06 /Juin 09:52

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Fiche technique :

Avec Mark Duplass, Joshua Leonard, Alycia Delmore, Lynn Shelton, Trina Willard, Steven Schardt, Jane Hall et Tania Kupczak. Réalisation : Lynn Shelton. Scénario : Lynn Shelton. Directeur de la photographie : Benjamin Kasulke. Compositeur : Vinny Smith.

Durée : 95 mn. Disponible en VO et VOSTfr.

 


Résumé :

Un soir, Andrew débarque sans prévenir chez Ben, son vieux copain de fac. Les deux hommes ne tardent pas à renouer avec leur bonne vieille complicité de machos hétéros. Afin de distraire Ben de sa petite vie bien rangée, Andrew l’entraîne dans une fête aux mœurs libérées. Sur place, tout le monde ne parle que de participer au festival local de porno amateur et de tourner des films érotiques d’art et d’essai. Andrew semble plus que partant. Ben semble un peu moins concerné... Quelques litres d’alcool plus tard, une idée prend vite l’allure d’un pari : Andrew et Ben coucheront ensemble sous l’œil bienveillant d’une caméra. Ce n’est pas gay, ça va bien au-delà. Ce n’est pas du porno, c’est de l’Art.

Le lendemain, impossible pour eux de se dégonfler. Rien ne pourrait les arrêter... sauf peut-être la femme de Ben, l’hétérosexualité ou certaines questions d’ordre mécanique...


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L’avis de Frédéric Mignard :

Un instantané de cinéma indépendant drôle, frais et surtout libre d’esprit, qui s’introduit avec réalisme dans les doutes d’Américains à l’aube de la quarantaine.

Deux potes se retrouvent après 15 ans de trajectoires différentes. L’un s’est rangé et contemple une vie pépère avec femme, traites de la maison à payer et un bébé à concevoir ; l’autre joue au globe-trotter et mène la vie de bohème avec bonhommie et une immaturité gloutonne. Quand ce dernier revient se poser chez son ami, les doutes de chacun quant à leur itinéraire respectif reviennent sur le tapis. Aussi, comme pour exorciser ces craintes de virilité déplacée (d’une part le couple tue-t-il l’homme et d’autre part le vagabondage libertin définit-il l’essence de l’homme, le vrai), ils se mettent en tête, une nuit de défonce, de coucher ensemble dans un porno amateur pour soi-disant repousser les frontières de l’art.


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Le postulat de départ (le petit X gay entre potes hétéros) est une idée vendeuse car amusante et gentiment polissonne. Le défi entraîne le spectateur dans une mise en abîme rigolote où la conclusion est tirée de manière conventionnelle tellement l’idée de cet exercice artistique est saugrenue. Pourtant, si elle vaut à l’écran, notamment dans la dernière demi-heure beaucoup de ridicule, de complexe et de malaise à nos deux mecs bien sûrs de leur sexualité, ce n’est pas forcément ce qui en définitive nous séduit le plus dans ce métrage.


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Lynn Shelton, femme aimant à travers ses longs redéfinir les rapports entre mecs, joue avec perspicacité la carte du naturalisme à l’américaine. Elle met en scène des instantanés de vie formidable de réalisme. Elle dépeint remarquablement les sentiments générés par les retrouvailles : les deux hommes sont partagés entre la joie de se retrouver, la nostalgie de leur jeunesse complice qui justifiait toutes leurs dérives, et l’embarras face à leurs présentes différences. Mais la cinéaste dessine également à merveille tout un contexte social et sociologique, celui de l’Américain moyen à travers ce couple de la middle-class qui se construit dans le mariage en étouffant sa part de rêve, de folie et d’immaturité.

Le propos n’est pas nouveau, mais le jeu naturel des comédiens ‒ tous formidables ‒ et la petite trouvaille scénaristique qui procure un enjeu comique à ces petits tracas existentiels, permet à Humpday de s’imposer comme un agréable moment de comédie indépendante américaine, dans la pure tradition de ce que le cinéma de Sundance nous propose chaque année.


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L’avis de Voisin blogueur :

Humpday : la comédie qui bande mou…

Ben mène une vie paisible et partage une belle complicité avec sa femme. Mais voilà que débarque son vieux pote Andrew. Jadis ils étaient inséparables, aujourd’hui ils semblent aller vers des directions opposées. Ben est prêt à fonder une famille, Andrew ne cesse de voyager et d’accumuler les amourettes. Alors que les deux amis repassent une soirée alcoolisée ensemble, ils en arrivent à se lancer un défi osé : participer au Hump Festival. Un festival pas comme les autres où sont projetés des films pornos conceptuels. Et leur concept est simple : faire un porno qui met en scène deux vrais hétéros qui couchent ensemble. Ben et Andrew y auront les rôles principaux. Iront-ils jusqu’au bout ?


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Comédie indé fauchée, Humpday dispose d’une idée de départ originale et amusante. Et alors que l’on découvre le casting, avec en tête le duo Mark Duplass/Joshua Leonard, on s’attend au meilleur. Malheureusement, malgré l’énergie de ses interprètes et l’attachement aux personnages, c’est bien le pire qui arrive. Du moins pour un certain public. En effet, Humpday peut s’avérer gênant du point de vue d’un gay. Le malaise que génère les prémices du passage à l’acte avec ce côté « Beurk c’est trop pas excitant de coucher avec un homme » avec rires gras en bonus pourra créer une certaine irritation. Triste mais criante réalité : dans les films lorsqu’un personnage gay essaie de coucher avec une femme il n’y a guère de goujaterie mais quand un hétéro s’essaie aux hommes c’est une autre affaire…


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Si ce point de vue, pas du tout objectif, est donc à prendre à la légère, ce n’est en tout cas pas le seul défaut du projet. Deux hétéros planifient de faire un porno gay ensemble, idée intrigante mais étirée jusqu’à la corde. C’est simple : tout le long-métrage met en place cet « événement » qui finira par ne pas du tout tenir ses promesses. Faussement audacieux, confortant le public dans ses préjugés et en veillant bien à ne jamais aller trop loin, Humpday ne cesse plus de débander. Et ce ne sont pas ses dialogues faussement prises de tête évoquant un Woody Allen en beaucoup moins bien qui sauveront le tout. Une belle déception.

Pour plus d’informations :

Par Frédéric Mignard et Voisin blogueur - Publié dans : FILMS : Les Toiles Roses
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Mercredi 16 juin 3 16 /06 /Juin 11:47

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(G) Bart de Wever avec un de ses amis que l'on connait bien / (D) Elio Di Rupo

 

« Non, [je le connais pas], je ne l’ai rencontré qu’une seule fois dans ma vie, il était avec son copain au Proximus Diamond Game à Anvers [le Proximus Diamond Game n’est pas, précisons-le, une boite gay, mais le tournoi de tennis féminin d’Anvers] nous avons parlé seulement quelques minutes. On voit bien que c’est un homme avec beaucoup d’élégance toujours très soigné, il parle toujours d’une manière très prudente. » Bart De Wever, leader indépendantiste flamand,  « rappelant » l'homosexualité d'Elio Di Rupo, président du PS francophone, qui ne cache plus son homosexualité depuis 1996, lorsqu’il a été obligé de faire son « coming out » au lendemain de l’affaire Dutroux à la suite d’une campagne particulièrement ignominieuse l’accusant de pédophilie, interview dans La Libre Belgique, juin 2010.

Par Daniel C. Hall - Publié dans : MOTS : Citations philes et phobes
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Mercredi 16 juin 3 16 /06 /Juin 11:24

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« Personne ne veut être homosexuel, cela vous tombe dessus. S'ils pouvaient changer leur orientation sexuelle grâce à une pilule, 99 % d'entre eux le feraient. » Le psychiatre Joaquin Muñoz, qui travaille à la clinique Tibidabo qui propose en Catalogne de « guérir » les homosexuels et sous le coup d’une enquête, au journal catalan El Periodico, juin 2010.

Par Daniel C. Hall - Publié dans : MOTS : Citations philes et phobes
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Mercredi 16 juin 3 16 /06 /Juin 10:34

chaudronpotter

 

20.

LA "BELGIAN LESBIAN AND GAY PRIDE"

EST MORTE !

Papy Potter


Papy Potter est né en pleine folie hippie de parents qui ne l'étaient pas. Depuis lors, il vit au milieu de ses arbres avec son adorable pirate des trains, tout au bord d'un marais nommé « du ru d'amour ». À quelques kilomètres de là, s'étend une vaste forêt où il travaille. Dans le chaudron rose, comme il est devenu vieux (il a presque 40 ans) et que Moudulard a fermé ses portes depuis longtemps, il glose sur le lien sulfureux et amoureux liant les gays aux diverses spiritualités du monde.

 

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Je ne l’avais découvert que le matin du samedi alors que je surfais sur Internet en baillant. Le journal télévisé me confirma toutefois la nouvelle. La « belgian lesbian and gay pride » est morte. À présent, on parle de « belgian pride ». Apparemment pas de gay, de lesbian, de bisexual et encore moins de transgender dans son nom. « Le défilé accueille tout le monde », ont précisé les organisateurs. Finies les gay prides de papa où les hétéros mataient du trottoir sans oser se mêler au cortège. Maintenant, la foule est totalement mélangée : gays, lesbiennes, bisexuels, transgenres et hétéros font la fête ensemble dans le meilleur des mondes.

La fête, dites-vous ? Il n’y a donc plus rien à revendiquer en Belgique pour les LGBT ? Bien sûr que si, je vous rassure. Notamment plus de facilités quand il s’agit d’adopter, ou une meilleure acceptation des personnes au genre moins marqué que les autres… Depuis quelques années, la gay pride belge s’est davantage ouverte aussi sur l’extérieur. Quand on a moins de revendications à formuler pour soi-même, on le fait pour les autres. Ainsi, la pride dénonce-t-elle notamment la situation souvent désastreuse des gays et des lesbiennes dans les autres pays du monde, en Afrique par exemple.

Il n’empêche. La disparition des mots « gays » et « lesbian » du nom de la pride belge m’interpelle. « Belgian pride » donc. La première idée qui me vient est que cela exprime davantage la fierté d’être belge dans un pays où les problèmes communautaires ont réussi à faire chuter le gouvernement. Bien, pourquoi pas ? La seconde idée est qu’à présent que les LGBT ont conquis des droits essentiels, ils sont des citoyens à part entière et non des citoyens de seconde zone. Donc « belgian », oui.

OK !

Toutefois, cela n’exprimerait-il pas aussi que « maintenant que les gays et les lesbiennes n’ont plus rien à demander, ou si peu, au moins, on ne les entendra plus ? » Ou, pire, que « finalement les gays en tant que groupe ne sont que politiquement définis. Maintenant que tous les droits sont conquis, pourquoi encore parler de mouvement LGBT en Belgique ? »

Désolé, si je comprends la volonté des organisateurs, une part de moi déplore la disparition des mots «gay », « lesbian », « bisexual » et « transgender » de l’appellation de la « pride». À trop vouloir se fondre dans la masse, ne tue-t-on pas aussi certaines spécificités ?

Ce qui m’amène à la sempiternelle question : « Au-delà des revendications en termes de droits et de lutte contre la discrimination, existe-t-il une identité « gaye » ? lesbienne ? » Et si oui, quelle est-elle ? Cela veut dire quoi, être gay ? Est-ce seulement être un homme qui vit des relations affectives, amoureuses, sexuelles avec un ou plusieurs hommes ? Ou est-ce aussi autre chose ? On peut, pour répondre à cette question, formuler la question autrement : « Les gays ont-ils, comme la plupart des autres groupes identitaires, une culture et/ou une philosophie et/ou une histoire ? » Je pense, pour ma part que oui. Les gays ont une culture qui leur est propre, ce qui ne signifie pas que leur culture en tant qu’être humain se limite à cette culture « gaye ». Je veux simplement dire qu’il existe un cinéma gay, une littérature « gaye », sans doute même une peinture et une musique. Sinon d’ailleurs, pourquoi ce blog existerait-il ? De même, les gays ont une histoire, même si le mot lui-même est assez récent. Les homos existent depuis toujours et ont traversé diverses périodes, tour à tour méprisés et respectés, voire honorés. Certaines sociétés leur confiant même des fonctions sociales et religieuses précises.

Une « belgian » pride qui efface les mots « gays » et « lesbiennes » ne commence-t-elle pas à les replonger de manière insidieuse dans le silence dont ils ont eu tant de mal à sortir ? Comme si, en dehors de leurs revendications politiques ils n’existaient tout simplement pas ? D’accord, tout le monde a vu que cette pride était somme toute très « gaye » et très lesbienne. Mais tout de même…

À trop vouloir se fondre dans la masse, on finit par disparaître soi-même.


Plongez dans les précédents « Chaudrons roses »

 

TO BE CONTINUED...
Par Papy Potter - Publié dans : LE CHAUDRON ROSE
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Mardi 15 juin 2 15 /06 /Juin 12:15



01.

 

Années 80 : 80 % homosexuelles

 

Philippe Ariño


Philippe Ariño, né en 1980 à Cholet, est professeur d’espagnol en région parisienne, écrivain (il a publié aux éditions L’Harmattan un essai en quatre tomes sur les liens entre viol et désir homosexuel : www.araigneedudesert.fr), chroniqueur radio sur Fréquence Paris Plurielle (106.3 FM) à l’émission HomoMicro, et comédien (il a 10 ans de théâtre derrière lui et s'est lancé dans le one-man-show). Il offre un œil nouveau et étonnamment complet sur la culture homosexuelle.

 

 

Il y a 3 ans de cela, en 2006, j'habitais à Rennes, la deuxième ville de mes études, en collocation avec une amie peintre, Claire Lardeux, dans l'Avenue Janvier, juste en face de la gare. Pour fêter notre arrivée et connaître nos voisins, nous avions décidé d'inviter tous les habitants de notre immeuble à prendre l'apéro, sans faire aucune sélection sur l’âge, le sexe, le statut social, le nombre… C'était un risque à prendre, mais nous savions que nous ne serions pas déçus ! Nous avons vu débarquer chez nous des convives très divers. Parmi eux se trouvait une voisine âgée de 85 ans, une veuve très dynamique, qui avait toute sa tête et toujours le mot pour rire. Je ne me rappelle plus de son prénom, alors on l'appellera Raymonde. Dans mes souvenirs, nous avions joué au « jeu du chapeau » (une invention de mon cru toute bête et très conviviale : il suffit d'écrire sur des petites bouts de papier plein de questions différentes, parfois profondes, parfois anecdotiques, qu'on mélange et qu'on tire du chapeau en les adressant au fur et à mesure à une personne de son choix dans le groupe). C'est ainsi que nous avons découvert le doux prénom du premier amour de Raymonde. Elle tirait un malicieux plaisir à nous amuser de ses confidences impudiques et coquines. Elle nous a aussi fait découvrir la vie parisienne pendant la Seconde Guerre mondiale. Et un détail a étonné toute l'assistance : elle a déclaré que ses années d’adolescence furent à ses yeux le plus beau moment de sa vie. Pour nous qui ne jurions que par les manuels scolaires et les documentaires dits « historiques », c’était incroyable d’entendre qu’une époque aussi malfamée que les années 1939-45 avait pu être pour quelqu’un le théâtre du bonheur et de l’insouciance la plus totale. Raymonde a été une adolescente de 15-20 ans, qui a vécu ses premières amours avec l’enthousiasme innocent de la jeunesse, avec l’insolent et triomphant aveuglement de l’enfance qui privilégie toujours la vie à la mort.

 

philrochefortwinnie.jpg

 

Magnifique force d’émerveillement que donne l’enfance. Mais aussi dangereuse capacité d’accoutumance au pire, car tout peut être ré-enchanté, réécrit, idéalisé, dans l’esprit d’un môme. Je suis convaincu qu’on peut naître à une période trouble et obscurantiste, au milieu des bombes, pendant une terrible guerre, à une époque jugée par certains « superficielle » et « décadente », rien n’entachera pourtant les premières années de notre existence. C’est comme cela que je regarde les années 80 : comme un superbe cadeau, une « Nuit magique » qui me rendra toujours nostalgique, même si ce n’est pas une époque rêvée pour tout le monde, et loin de là (il n’y a qu’à se tourner vers l’Amérique latine des années 80 pour s’en convaincre…).

 

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Toujours en 2006, à l’occasion de la Gay Pride à Rennes et de la semaine d’événements culturels qui l’avait introduite, j’avais amené Éric, un ami homo angevin à la quarantaine bien tassée, à une soirée au Bar gay rennais du Bon Accord. On y diffusait un documentaire que j’avais déjà vu, Bleu Blanc Rose d’Yves Jeuland, qui retrace l’histoire du mouvement LGBT français des années 1970 à nos jours. Le visionnage était suivi d’un débat, et c’était celui-ci qui m’intéressait. Je pensais faire plaisir à Éric en le traînant à cette soirée de convivialité. Mais, au moment où ont retenti les premières notes du générique « effrayant » des Dossiers de l’Écran (intégré dans le reportage), j’ai senti mon pote se crisper machinalement. Il m’a avoué en sortant du bar combien se replonger dans cette période où il a vu presque tous ses amis homos disparaître du Sida l’avait déprimé… même s’il s’était détendu en fin de soirée. Je n’avais pas réalisé combien les années 80, si dorées pour moi, sont aussi les plus cauchemardesques pour d’autres…

 

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Je suis un vrai enfant des années 80, pas de doute là-dessus ! Un enfant de la télé, de la société de consommation dans sa phase paillettes et encore bon enfant. Je suis né pile en 1980 en plus. Le jour de l’anniversaire de la mort de Dalida (elle s’est suicidée un 3 mai, quand on me fêtait mes 7 ans, « l’âge de raison » dit-on). Pour moi, les années 1980, c’est le temps du toc sincère, le temps du générique de Stade 2 (avec les synthétiseurs des Chariots de Feu de Vangelis), des kermesses avec les chorés sur Gold ou Jean-Michel Jarre, des dimanches soirs cafard parce qu’il fallait s’endormir avant le générique de 7/7 d’Anne Sinclair (sinon, ça voulait dire qu’on commençait une angoissante insomnie…), des soirées dansantes de mariages dans les MJC de province avec des hommes aux vestes vert-pomme et rose fushia se trémoussant sur « Partenaire particulier », « Début de soirée », et « Embrasse-moi idiot », le temps des moquettes marron, le temps des marionnettes à la TV (le Bêbête Show, les Fragglerocks, Le Village dans les Nuages, le Muppet Show, etc.), des premiers spots publicitaires dignes de ce nom, le temps des mangas de La Cinq (Jeanne et Serge, Princesse Sarah, Creamy, Oh Lucile embrasse-moi !, etc.), le temps des superproductions américaines (Les Goonies, Retour vers le futur, Star Wars, Willow, Indiana Jones, Les Dents de la mer…) et des nanars français (La Grande vadrouille, Le Gendarme de Saint-Tropez, La Boom, Le Père Noël est une ordure, etc.), le temps de l’« exceptionnelle » autorisation parentale de regarder le film de 20h45 le mardi soir, le temps des disques vinyles (pour écouter Anne Sylvestre, Yves Duteuil, Le Petit Prince ou encore Émilie jolie), le temps des playmates du Cocoricocoboy de Collaro le samedi soir, le temps des échographies où on n’y voit que dalle, le temps de la chute du Mur de Berlin, de la mort de Ceauşescu, des otages du Liban (à ce propos, quand j’avais 7 ans, ma maîtresse de CP a rapporté à ma maman que pendant une récré, je lui aurais demandé très spontanément si « les otages du Liban avaient tous été libérés »…), le temps des premiers jeux vidéos, le temps des billes, le temps des élastiques fluos (incontestablement, les années 1980 resteront la décennie des couleurs !), le temps des lunettes de vue énormes (genre les hublots qui faisaient aviateur) et des brushing monstrueux à la Dynastie, le temps des maillots de bain une pièce, le temps des voitures Mazda et des Opel Corsa, le temps des caravanes et du camping, des soirées pétanque, le temps des trafics d’images autocollantes PANINI sur la cour d’école, le temps des décors télé exotico-pourris (« Kolé-Séré » et « Il tape sur des bambous » de Philippe Lavil, « Belle-Île-en-Mer » de Voulzy, la Compagnie Créole et Kassav, le folklore « beauf » des Licence 4 ou des Gipsy King, etc.), le temps des chanteurs qui n’avaient pas encore besoin d’avoir un physique de rêve pour être connus (Pierre Bachelet, Philippe Lavil, François Feldman, Carlos, Bernard Menez…), le temps des clips glauques, sombres, mais de plus en plus élaborés (« Tainted Love » de Soft Cell, « Relax » de Francky Goes to Hollywood, « It’s a sin » des Pet Shop Boys, « Voyage voyage » de Desireless, etc.), le temps des images en 3D et des performances « techniques » (est-ce un hasard si le Parc du Futuroscope de Poitiers ouvrent ses portes dans les années 80 ?), le temps des émissions pour enfants (Karen Chéryl, Douchka, Dorothée, Chantal Goya, Récré A2, etc.), le temps des films érotiques où c’est si difficile d’y voir quelque chose (merde alors !), le temps des séries débiles (Pour l’Amour du risque, La Croisière s’amuse, Colombo, Punky Brewster, Drôles de dames, Arnold et Willy, L’Homme qui valait 3 milliards, Dallas, Starsky et Hutch, etc.), le temps des bals du village sympas et colorés (avec « L’Aventurier », « Boule de Flipper », « C’est l’Amour », « La Chenille », « Life is life », etc.), le temps du trio comique des Inconnus à la télé (fin des années 80 surtout), le temps des grands chanteurs « made in France » (Jean-Luc Lahaye, Jean-Jacques Goldman, Mylène Farmer, Jeanne Mas, Elsa, Vanessa Paradis, Michel Berger, France Gall, Marc Lavoine, Laurent Voulzy, Alain Souchon, Étienne Daho, Francis Cabrel, etc.), le temps des K-way (avec la fermeture-éclair qui se pète vite…), le temps des jeux nazes à la télé (Le Juste Prix, La Roue de la Fortune avec Christian Morin et Annie Pujol, Jeux sans Frontières avec Marie-Ange Nardi et Georges Beller, Tournez Manège, Intervilles avec Guy Lux, Léon Zitrone et Simone Garnier, etc.), le temps des événement télévisuels exceptionnels (Le Téléthon, le bêtisier du 31, Vidéo Gag, les blagues de Bruno Masure, les speakerines, le Top 50, l’émission Les Enfants du Rock, 30 Millions d’amis, etc.), le temps des cassettes VHS et des cassettes audio à bande magnétique qui se coinçaient dans le poste (irrécupérable…), le temps des pâtes Bolino chimiques, de la Vache qui rit, des Chupachups, des Malabars, des sèche-cheveux Calor, des pubs Ovomaltine (et non pas « Homo Maltine », attention…), de Prosper (le roi du pain d’épice), du jus d’orange en poudre Tang, des pots de colle blanche odorante Cléopâtre, des premiers céréales pour le petit-déjeuner (Rice Krispies, Smacks, Frosties, etc.), des pubs Carambar (Abracarambar !!! « Jeanine, tu es sortie sans tes gants ?!? Tu n’as pas honte, Jeaaaanine ??? »), du Banga, de Raider (« Deux doigts coupent faim », les ancêtres de Twix), Manpower, « C’est très jus de raisin », etc., le temps des séries françaises rasoirs (Maguy, Marie Pervenche, Papa Poule, Pause-Café, Les Brigades du Tigre, Heidi, etc.), le temps des rebelles (Téléphone, le groupe Europe et son « Final Countdown », U2, Michael Jackson, Madonna, etc.), le temps des cabines de photomaton avec les rideaux orange, le temps de l’émission Apostrophe de Bernard Pivot, le temps de 40° C à l’ombre, de T’es pas cap’, ou encore de Génies en herbe, le temps des pyjamas qui piquent, qui sont délavés et difformes, le temps des sous-pulls atroces et collants (héritage des grands frères nés en 70 : trop sympa, merci ^^), le temps des tapisseries bleues turquoise, violettes, orange et marron, le temps des salles de bain, le temps des documentaires SVT avec les fonds sonores 100 % synthés, le temps des soirées diapositives projetées sur grand écran blanc (et regardées 300 000 fois en famille : magique), le temps des gros téléphones à fil en torsades, le temps des télés couleurs à écran gris limite opaques, le temps des soirées Disney Channel avec Zorro (en noir et blanc !) et Winnie L’Ourson présenté par Jean Rochefort, le temps des photos en « mat ou en brillant », etc.

 

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Les années 1980 sont également l’Âge d’Or de l’homosexualité. C’est la première et la dernière fois qu’elle est si visible et flamboyante. Jamais plus elle ne sera aussi décomplexée, incorrecte (l’a-t-elle été vraiment un jour ?) ; jamais plus elle ne retrouvera cet éclat eighties qu’elle a eu.

 

Alors quelles raisons peut-on trouver pour expliquer ce lien entre années 80 et désir homosexuel ? J’ai quelques éléments de réponse qui valent ce qu’ils valent.

 

D’une part, c’est la décennie où apparaît le Sida, maladie qui dans un premier temps a touché majoritairement les personnes homosexuelles, il faut bien le reconnaître (ce n’est qu’en 1990-2000 qu’elle « s’hétérosexualisera » davantage). D’autre part, les goûts homosexuels s’orientent en général vers la nostalgie kitsch, vers le monde sucré et adolescent musico-télévisuel typiquement eighties. Beaucoup d’égéries gay sont des chanteuses ou des actrices provenant des années 1980 (Karen Chéryl, Dorothée, Jeanne Mas, Mylène Farmer, Chantal Goya, Lio, Vanessa Paradis, Madonna, etc.). Il n’y a qu’à constater la population homosexuelle que drainent à Paris des boîtes comme Le Tango ou le Club 18, le Carnaval Interlope de l’Élysée Montmartre, les soirées 80 des « Crazyvores » et des « Follivores » au Bataclan, pour le comprendre. Exprès pour écrire cet article, je me suis d’ailleurs rendu à la soirée « So 80’s Gay Friendly » du 3 mars 2010 dernier au Réservoir à Paris, organisée par l’Œil d’Éros, pour humer cette passion homo-érotique pour cette période. La population homosexuelle aime en général le crépuscule en rouge et noir que représentent les années 80.

 

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Par ailleurs, les années 80 sont aussi la période qui sacralise l’homme-objet et surtout la femme-objet androgyne, ces êtres mi-mythiques mi-réels sur lesquels se sont principalement focalisées les personnes homosexuelles dans leur quête identitaire et amoureuse. Au cours des années 80, la publicité acquiert une vraie place d’honneur dans la société, devient un enjeu politique et commercial de taille. Avant les années 1990, il importait peu pour les jeunes Français de porter des vêtements de marques, par exemple : c’est avec le travail de lobbying marketing des années 1980 que la société de consommation a pu se faire une beauté et soigner solidement son image. Les artistes homosexuels ne sont pas étrangers à cette révolution de l’art et de la société matérialiste : ils en sont le fer de lance. Dans les années 80, les foyers ont commencé à se claquemurer dans leur maison : la télé est devenue omniprésente, un objet incontournable. C’est l’ère du divertissement, de la télé-loisirs, des émissions de variétés, d’un monde où le magazine TV hebdomadaire pèse dans l’organisation pratique des ménages et des familles, où le petit écran apparaît aux esprits faibles comme un fidèle miroir du monde. La réputation des années 80, c’est d’avoir produit du toc, du kitsch, de la pacotille, un art-poubelle. Et pour cause : quand on cherche à produire du naturel via l’artifice scientifique, sentimentaliste, et surtout artistique, on finit toujours par créer du monstrueux, de l’hybride, de l’inachevé, du ridicule, des semi-mensonges, du grotesque !… puisque la Nature se reçoit et s’entretient : on ne La crée pas, par définition. Les médias des années 80 et leurs consommateurs veulent du « plus que naturel » pour s’évader d’une réalité jugée morne ou banale. Ils s’évertuent à nous montrer que les effets spéciaux cinématographiques sont capables d’être réalistes, que la rencontre du Troisième Type ou d’un terrible requin mangeur d’hommes dans une station balnéaire est probable. Ils créent une Nature maquillée. Ils s’approchent du réel jusqu’à le taillader parfois : rien d’étonnant que les années 80 aient donné naissance aux premiers vrais films d’horreur, aux premiers bons films d’action, et aux premiers films pornos grand public.

 

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Loin de jouer uniquement sur le terrain du commercial et du populaire, les années 80 se sont révélées être un terrain d’expérimentation(s) et de ruptures extraordinaire, un laboratoire d’apprentis sorciers, un Eldorado d’audace, un condensé de tentatives d’indépendance plus ou mieux heureuses. Elles ont fait bon accueil à l’art contemporain par exemple. Esthétiquement, il y a eu de belles trouvailles : je pense notamment au sublime générique de l’émission Champs-Élysées, chorégraphié par les Ballets de Réda, et qui a tellement fait écho à ma fantaisie homosexuelle… C’est dans les années 80 qu’on s’est ouvert aux arts plastiques et audiovisuels, aux bizarreries épate-bourgeois à la Philippe Découflé, aux chaînes de télé expérimentales et « anti politiquement correctes » comme La Sept puis ARTE. S’il y a une valeur qui a été défendue par les années 80, c’est bien celle de l’originalité. Des mouvements artistiques comme La Movida madrilène, très axée sur l’homosexualité, la drogue, et les provocations en tout genre, en fournissent une parfaite illustration… même si, avec le recul, on peut se demander si « l’originalité » en question n’était pas plutôt un poncif petit-bourgeois, une préciosité élitiste, une intention plus qu’une action, un feu de paille né d’un anti-conformisme intellectualisé plus qu’une réalité, une soumission rebelle (par l’inversion) aux normes sociales tant décriées, une convention de l’individualisme ambiant, un slogan marketing « United Color of Benetton ». Les années 80, c’est tout à fait la décennie de l’homosexualité noire et victorieuse, de la confusion des sexes, où la communauté médiatique la plus influente s’attache à nous fait croire que le genre, le maquillage, le regard sur sa propre identité sexuée, et le vêtement, peuvent se substituer au sexe biologique (on voit par là arriver en coulisses la Queer Theory des années 1990…), où le « tout est permis » à la Rita Mitsouko est encore révolutionnaire, culotté. Les faux rebelles apparaissent. La culture punk underground, la New Wave anglosaxonne (Culture Club, Bronski Beat, Depeche Mode, etc.) battent leur plein et sont les expressions d’une homosexualité agressive, camp… une homosexualité en fin de règne au bout du compte. C’est l’ère des carnavals, des travestissements : on ne s’est jamais autant déguisés et travestis qu’à partir des années 1980 (pensez à l’émission Sébastien c’est fou !!!, aux tubes musicaux carnavalesques qui sont nés à cette époque-là : le « Bal masqué » de la Compagnie Créole, la « Salsa du démon » de la troupe du Splendid, la chanson « Maquillaje » du groupe Mecano, etc.). C’est le temps où on commence à maîtriser suffisamment les techniques audiovisuelles pour s’amuser à brouiller les identités sexuées homme/femme. C’est l’heure de gloire des travestis. C’est la décennie de la confusion des identités, non pas de genres, mais des identités sexuées.

 

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Autre raison qui peut expliquer les liens forts qui existent entre désir homosexuel et les eighties : durant cette période, l’artistique prend doucement le pas sur le pouvoir politique pour se substituer à lui. Le star system – et l’actrice en premières lignes – a visiblement gagné davantage le cœur du Peuple que les présidents et leur cour de ministres. Dans la première moitié des années 1980, les femmes arrivaient sous les traits aguichants de la femme-enfant candide, féminine et parfois affaiblie (Vanessa Paradis, Elsa, Sabine Paturel, Mélody, etc.) ; ce n’est que dans la seconde moitié des années 80 – juste le temps d’une « mise au point » comme le chante Jackie Quartz… – qu’elles ont montré leur masque de femme libérée (Julie Piétri, Caroline Loeb, Lio, À cause des garçons, Lova Moore, etc.), en endossant parfois le blouson de cuir (c. f. « L’Homme à la moto » de Fanny, « Liverpool » de Patsy, « La Légende de Jimmy » de Diane Tell, « Who’s that girl ? » de Madonna, etc.). La chanteuse s’installe au pouvoir pour détrôner et travestir les hommes politiques (jadis puissants, charismatiques, peu démagos), forcés désormais de se « jet-setiser » pour rester visibles et accessibles, de jouer progressivement les potiches, d’accepter qu’une marionnette à leur effigie s’exprime à leur place et soit davantage écoutée qu’eux (Le Bêbête Show est plus suivi qu’un discours présidentiel !), de faire la « Une » des journaux à scandale. Dans les années 80, la femme cinématographique a battu l’homme politique sur le terrain des médias : la chanteuse s’improvisant homme d’affaires, la princesse devenant chanteuse, l’homme n’a plus grand chose à faire dans ce tableau ! Les trois symboles forts du phénomène, ce sont Stéphanie de Monaco, Madonna, et Lady Di. C’est la décennie des femmes phalliques. À ce titre, la chanson-phare des années 80 de Michel Sardou « Être une Femme » (« Femme des années 80, mais femme jusqu’au bout des seins, ayant réussi l’amalgame de l’autorité et du charme… ») est emblématique, ainsi que « Les Démons de Minuit » du groupe Image (« j’aime cette fille sur talons aiguilles qui se déhanche… »). Pendant les années 80, le matriarcat succède au patriarcat, via les medias. « Fallait pas commencer… » nous a prévenus Lio. La femme-objet a gagné la première bataille : celle des images, leaders d’opinion, qui annoncent le règne des femmes phalliques d’une société occidentale de la douilletterie, de l’homosexualité masculine. Les Prince Charles et autres Albert de Monaco sont des couilles molles, des pédés. Les films seventies d’Aldo Maccione annoncent la fin de la masculinité qui roule des mécaniques : place aux « losers » type Michel Blanc des Bronzés, figure d’homosexualité latente s’il en est…

 

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Les années 1980, c’est le temps où les machines commencent à envahir de manière manifeste notre quotidien, mais encore assez gentiment pour préserver en nous l’insouciance, et nous préserver de la dépendance. C’est le passage grisant, drôle, du fantasme à la possibilité visuelle de voir tout type de rêves humains actualisables. On s’amuse pour la dernière fois de voir des scènes comme l’incipit du film Retour vers le futur qui démarre par une sonnerie de réveil (plus qu’originale : improbable !) enclenchée par une chaîne complexe de roueries réglées comme du papier à musique. Les années 1980, en quelque sorte, c’est l’époque où l’on est passé des fantasmes aux réalités fantasmées. La « réalité fantasmée » est une notion que je développe beaucoup dans mon essai Homosexualité intime (Éd. L’Harmattan). Elle est cette actualisation incomplète, forcément foireuse, au départ amusante mais finalement violente, des désirs d’irréalité et de réification impulsés par les progrès scientifiques, le star-system des années 1950-1970, et la société de consommation qui propose un monde sans limites. Une phrase que j’ai entendue dans le documentaire Pin-Up Obsession (2004) d’Olivier Megaton donne une excellente définition de la révolution qui s’est produite : « Dans les années 80, nous sommes passés du fantasme au réel. » Les années 1980 sont ce moment où l’euphorisant fantasme d’irréalité s’actualise en réveil engourdi et désagréable. On retrouve ce désenchantement dans les mots de Philippe Guy, cofondateur du Front Homosexuel d’Action Révolutionnaire avec Guy Hocquenghem, qui parle du retour de bâton de la fête homosexuelle des années 1980 : « Nous avons été des déclencheurs, mais nous n’avons jamais voulu ça. Nous avons eu tort et nous avons créé des ghettos et Guy m’a dit, la dernière fois où nous nous sommes vus, au milieu des années 80 : ‘Nous sommes allés trop loin.’ »

Pour moi, les années 80, c’est vraiment cela : le bouquet final d’un feu d’artifice à peine consommé. Les discothèques encore conviviales des années 1980 laisseront place aux boîtes bruyantes et enfumées des années 1990. Les années 80 indiquent l’apogée de la sexualité décomplexée et de la consommation de drogues, mais en sonnent déjà aussi le glas : la chape de plomb du Sida descend sur le Palace ; le Minitel n’a pas l’impact qu’aura Internet et ne marchandise pas trop les rapports amoureux. On s’amuse encore… « mais pas comme avant », comme chante France Gall. On sait que le plus beau char du carnaval (celui de la « Libération sexuelle ») va être brûlé.

 

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Philippe Guy cité dans Frédéric Martel, Le Rose et le Noir, Éd. Seuil, Paris, 1996, p. 294.


Toutes les photos sont © leurs auteurs ou ayant droits et ne sont reproduites qu'à titre purement illustratif. Elles peuvent être retirées sur simple demande à l'adresse email du blog.

Par Philippe Ariño - Publié dans : LE PHIL DE L'ARAIGNEE
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Mardi 15 juin 2 15 /06 /Juin 10:59

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Notre ami Jean-Paul Tapie dédicacera ce soir à 19 heures à la librairie Les Mots à la bouche (6, rue Sainte Croix de la Bretonnerie – 75004 PARIS) son nouveau roman Amaury ou Les chemins de Paris (H&O éditions).

Nous invitons toutes les lectrices et lecteurs du blog Les Toiles Roses à lui rendre une petite visite…


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Amaury est le descendant direct de Dolko. Il est né de mon envie d'écrire des romans d'aventures, des épopées, des sagas dont le héros est farouchement homo. Pourquoi laisser aux hétéros l'apanage des d'Artagnan et des Pardailhan ? Après l'Antiquité, le Moyen Age m'a paru l'époque la plus riche en opportunités homos, car c'était une période où les hommes occupaient pratiquement seuls le devant de la scène et se regroupaient en associations viriles d'où les femelles étaient exclues : la chevalerie, les ordres religieux, les croisades. Quand on y parlait d'amour, c'était de celui qu'un chevalier portait à un autre chevalier ‒ bien entendu, dénué de tout contenu sexuel. Mais avec un peu d'imagination... La suite s'imposait d'elle-même ! (Jean-Paul Tapie)

Par Daniel C. Hall - Publié dans : LES NEWS ROSES
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Lundi 14 juin 1 14 /06 /Juin 11:13

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« Le pompon, c'est pour la fin...

Ici [l'affiche ci-dessus], Marianne a tourné lesbos, et elle est en couple avec une métisse.

Fallait bien que ça nous arrive ! "Droit au séjour ! Droit d'Asile"... lit-on, et toute la panoplie immigrationniste, raciste-anti-française-de-souche y est, litanies et autres jérémiades. Les Lgtb sont les Gauchos-Capitalistes-Collabos du Système auto-destructeur !

Regardez bien tous ces logos des assos et autres sociétés privées Gaies qui appuient et soutiennent ces conneries... PINK TV - transfuge de TF1 and co -...

Français, faites très gaffe !

Un stalinisme LGTB, piloté par la Maçonnerie et la Finance est en train de s'organiser.

Le Péril Rose est aussi dangereux que le Rouge, en plus sucré et insidieux. »

Le Goff, du blog d’extrême-droite Le Gay Savoir. Sous le pseudonyme lâche de « Le Goff » se cache le chanteur, comédien et écrivain frustré Christian Le Gall [dont le roman chez H&O est très instructif, autant que le film Oranges et pamplemousses de Martial Fougeron. Nous en reparlerons très vite sur ce site].

 

[Ajout de Daniel Conrad Hall - 16h00] : Il est bien entendu que mes amis de H&O éditions et Martial Fougeron ne sont complices et encore moins solidaires des propos de cet homme. Il fallait que cela soit écrit.]

Par Daniel C. Hall - Publié dans : MOTS : Citations philes et phobes
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Lundi 14 juin 1 14 /06 /Juin 10:52

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« On parle beaucoup d'homosexualité dans les médias, on ne peut pas dire que c'est un sujet tabou et, en règle générale, c'est abordé de façon correcte (…) Sauf les médias sportifs (…) On ne peut plus ouvertement faire de discrimination ; autrefois, on voyait de gros mots à la télé, dans les médias (…) Les médias ont compris qu'on ne pouvait pas laisser passer n'importe quoi. C'est un grand moment dans le traitement de l'information dans les dernières années (…) J'aimerais seulement que l'Église reconnaisse que deux personnes de même sexe peuvent s'aimer. » Laurent McCutcheon, Président de Gai-Écoute et de la Fondation Émergence (Canada - Québec).

Par Daniel C. Hall - Publié dans : MOTS : Citations philes et phobes
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Dimanche 13 juin 7 13 /06 /Juin 10:13

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Les vidéos sont (c)
Univers-L.com
Les vidéos présentes et futures sont diffusées avec l'autorisation de
Isabelle B. Price et son équipe.
Par Isabelle B. Price - Publié dans : SERIE : LOS HOMBRES DE PACO
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Vendredi 11 juin 5 11 /06 /Juin 11:19

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Par Daniel C. Hall - Publié dans : ASSOCIATION LE REFUGE
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Jeudi 10 juin 4 10 /06 /Juin 11:27

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Jean-Louis Garac vit à Nice et est passionné par la littérature et la poésie, l'art et le cinéma. Il aime également écrire sur des sujets divers des « billets d'humeur ». Il possède une maîtrise de lettres modernes et son sujet de mémoire a été consacré à Colette. Il tient un blog personnel d’une excellente qualité et participe au fonctionnement de plusieurs associations. Jean-Louis, qui n’est pas responsable du titre de sa chronique (c’est un mauvais jeu de mots, spécialité du chef Daniel C. Hall), entre avec classe dans la grande famille du blog Les Toiles Roses

 

04.

HOMOPHOBIE ET RELIGION...

 

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Le livre Contre l'homophobie, l'homosexualité dans la Bible de Patrick Négrier, vient de sortir aux éditions Cartouche. Il s'agit d'un livre érudit mais passionnant à lire qui relève du domaine de l'exégèse et de l'étude pointue des termes utilisés dans les différentes parties de la Bible, selon les époques. Ainsi l'étude du sens des mots dans leur contexte et du rappel d'autres utilisations dans d'autres passages met en lumière une tout autre signification !

Les rapprochements avec d'autres textes liés à la culture égyptienne, mésopotamienne et grecque sont également passionnants et très instructifs. En interne dans les écrits bibliques, l'éclairage sur tel passage rappelant tel autre dans un livre postérieur ou antérieur donne un nouveau sens à ce qui pouvait passer inaperçu ou être peu compréhensible de prime abord, se forme ainsi un réseau ou des échos troublants dessinent un autre sens que celui donné par une lecture superficielle.

Philosophe et hébraïsant, Patrick Négrier permet une nouvelle lecture de la Bible qui modifie profondément tout ce que nous avons pu apprendre et comprendre jusqu'ici ! Digne d'un détective faisant fonctionner ses petites cellules grises, il retraduit certains passages en expliquant le contexte souvent obscur qui les entoure. Ce travail est d'autant plus intéressant qu'il touche un point essentiel qui a modelé pour si longtemps nos sociétés à savoir, dans le domaine religieux, puis laïc, ce qui est permis et ce qui est condamné, ce qui est "juste" et ce qui est criminel.


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Lucas van Leyden, Loth et ses filles

 

En ce qui concerne le seul point de l'homosexualité, l'Église, violant elle-même un des dix commandements, le « Tu ne tueras point », ainsi que le message compassionnel du Christ, a jugé et fait mettre à mort durant des siècles des hommes pour le seul motif d'être des sodomites, c'est-à-dire parce qu'elle voyait en eux des hommes dégénérés et homosexuels pareils à ceux qui ont été tués par Dieu dans les villes de Sodome et Gomorrhe, selon le récit traditionnel !

Patrick Négrier rappelle qu'environ 300 hommes ont péri brûlés vifs en Espagne sous l'Inquisition et que 41 hommes furent exécutés en France (pendus ou brûlés) jusqu'au milieu du XVIIIe siècle. Je mentionnerai également le très beau livre de Maurice Lever, chercheur aujourd'hui disparu, Les Bûchers de Sodome, riche d'enseignements sur l'ordurerie commise par tant de prélats dont la foi s'alimentait de haine homophobe et de condamnations pauliniennes.


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Ces excès perdureront encore avec les régimes totalitaires en Europe et continueront de plus belle sous d'autres latitudes ! Rappelons que la liberté chèrement acquise par les gays et lesbiennes en Occident a commencé il y a seulement une quarantaine d'années pour évoluer plus ou moins rapidement selon les États.

La sortie, il y a quelques années aux éditions Bayard, de La Nouvelle traduction de la Bible n'a pas donné lieu à de grandes modifications ou modulations du texte sur les passages traitant de l'homosexualité de façon claire ou voilée, de plus aucune note ne vient agrémenter ou éclairer le texte à l'inverse des autres traductions classiques dont celle d'Osty ; la tradition semble toujours peser lourd sur les recherches linguistiques et l'émergence de nouvelles pistes !

Avec Patrick Négrier, comme dans le cas d'un livre aussi fort intéressant de Daniel Helminiak, Ce que la Bible dit vraiment de l'homosexualité, nous entrons dans une lecture attentive, comparative et philosophique des différents passages bibliques. Négrier fait ainsi ressortir l'emploi de certains termes en les dépoussiérant et surtout fait émerger « le rôle de la typologie et de la symbolique dans l'interprétation objective de la Bible ». (Extrait du livre de P. Négrier)


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Du meurtre d'Abel par Caïn, de Sodome et Gomorrhe, de David et Jonathan, du Lévitique, d'Isaïe, de Daniel, d'Esther, de Jésus, de Paul, et j'en oublie, la reformulation et l'éclairage insufflé par Patrick Négrier est totalement renversant et j'emploie ce terme à dessein en pensant au Christ qui a renversé les étals des marchands du Temple !

C'est bien ce que fait ici notre chercheur qui donne sur certains passages une interprétation et un sens radicalement différents des traductions habituelles. Il n'hésite pas non plus à souligner la non compatibilité de certains livres ou passages (notamment Lévitique et Paul) avec les textes dits "supérieurs" ou directement inspirés. Sa recherche nous délivre (dans tous les sens) une cohérence de la Bible qu'on n'espérait plus et ainsi défait du lierre opacifiant de l'ignorance et de la tradition nous fait comprendre que ces écrits bibliques condamnent en fait farouchement l'homophobie et la xénophobie !

« (...) l'homophobie est un produit direct de l'hétérocentrisme qui résulte de la tradition égotique de considérer un point de vue particulier comme étant un point de vue universel, et de se fonder sur cette extension indue (identification du particulier à l'universel) pour normaliser les représentations et les comportements différents (en l'occurrence homosexuels) accusés de déviance morale et de dissidence politique. » (Extrait du livre de P. Négrier)


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Le passage clef, celui le plus utilisé par la mémoire collective et qui par delà les siècles a frappé les imaginations de millions de croyants, enrichissant le vocabulaire entre autre, et qui de plus a servi également aux non croyants comme bois de chauffe pour alimenter leur bûcher de haine homophobe, est le récit de Sodome et Gomorrhe !

Patrick Négrier, dans une remarquable démonstration, dévoile tout le mécanisme mis en place par des traductions fautives qui ont ainsi renversé le sens initial du texte. À l'exemple du célèbre tableau de Rembrandt, où l'on a voulu croire qu'il fallait admirer « Une ronde de nuit » alors que le peintre avait réalisé « Une ronde de jour », il nous faut maintenant prendre conscience du changement radical de sens apporté par cette nouvelle lecture. Comme dans le tableau de Rembrandt, une fois enlevée la crasse et les couches de vernis inutiles et jaunis, qui détériorent les couleurs, on peut enfin regarder aujourd'hui l'œuvre telle qu'elle a été voulue et conçue par son auteur.

« (...) il permet (le rétablissement de la vérité textuelle) d'ores et déjà de dénoncer avec fermeté et avec vigueur l'illusion herméneutique des clercs qui jusqu'à présent, pour discréditer au nom de la Bible les pratiques homosexuelles, utilisèrent à tort et à travers un texte qui au contraire dénonçait et condamnait en réalité les violences des hétérosexuels homophobes contre les homosexuels, et les violences des indigènes xénophobes contre les étrangers. » (Extrait du livre de P. Négrier)

En tout cas, ce livre a le mérite de nous faire réfléchir sur ces textes fondateurs de notre culture judéo-chrétienne afin de nous en révéler l'homogénéité initiale, du moins pour tout ce qui concerne les écrits inspirés directement par les prophètes et le Christ. Il en désacralise aussi certains en les resituant dans leur contexte sociopolitique. Il nous questionne ainsi sur ces apparentes fractures de sens entre les différents écrits bibliques, d'un côté : règles de vie, compassion, pardon, amour, et de l'autre : condamnations, violences et mort !


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R. Santi, Isaïe


Lire les autres chroniques de Jean-Louis Garac

Par Jean-Louis Garac - Publié dans : LA GARAC'ADEMY
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Mercredi 9 juin 3 09 /06 /Juin 10:41

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Fiche technique :

Avec Fabien De Marchi, Johan Libéreau, Christian Giudicelli, Thomas Badek, Alexandre Palmieri, Nathalie Mann et Sabine Bail. Réalisation : Cyril Legann. Scénario : Cyril Legann. Images : Kosta Asmanis & Antoine Aybes-Gilles. Montage : Jean-Luc Simon. Musique : Franck Sforza.

Durée : 50 mn. Disponible en VF (dvd allemand).

 


Résumé :

Jonathan (Fabien De Marchi), un garçon de seize ans, vit en banlieue avec son père et sa belle-mère, mais la cohabitation est difficile, surtout depuis que cette dernière attend un bébé. Il trouve un peu de réconfort auprès du prêtre de la paroisse locale, avec lequel il entretien une relation forte depuis longtemps.

Sur un coup de tête, il vole de l’argent dans le sac de son père (Thomas Badek) et entraîne Steve, son meilleur ami, dans un périple à la capitale où ils espèrent profiter de plaisirs interdits.


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Ils se rendent dans un squat pour acheter du cannabis, et Jonathan décide de s’y réfugier pour la nuit, n’osant plus rentrer chez lui. Alors que Steve (Alexandre Palmieri) est reparti, il s’endort, embué par la fumée du joint. C’est bâillonné et ligoté qu’il est réveillé par Shooter (Johan Libéreau), un dealer qui fuit lui aussi quelque chose. Actuellement recherché pour une affaire qui a mal tourné, il décide de garder Jonathan en otage.


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Profitant d’une absence momentanée, Jonathan tente de s’enfuir. Lorsqu’il est rattrapé par Shooter, c’est l’escalade dans la violence. Devant l’état alarmant de l’adolescent, le junkie est pris de compassion et décide de le soigner.

Une relation ambiguë s’installe entre le bourreau et sa victime.


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Au sortir de cette expérience, Jonathan est bouleversé et décide de rejoindre un pensionnat religieux afin de devenir prêtre.


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L'avis de Bernard Alapetite :

Chemin de croix, c'est un peu Mauriac chez les lascars. Vous supputez déjà l'absolue obsolescence, pour ne pas dire l'ineptie, d'une telle prémisse. Cyril Legann a imaginé et a pris pour héros de son film une créature fort improbable, un adolescent, Jonathan, demi-sel de banlieue touché par la grâce, comme Claudel le fut planqué derrière un pilier de Notre-Dame de Paris.


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Ce qui plombe encore plus l'opération est le choix du chérubin endossant le redoutable rôle de Jonathan dont on devine que ses ancêtres viennent plus du côté de Sidi Bel Abbes que de Lourdes. Par ce déplorable choix on devine que Legann doit être un maraisien de fraiche date, car ces autochtones sont friands de produits exotiques. Faire jouer un garçon mystique à un énergumène dont le regard est moins expressif que celui d'une vache normande est le signe d'une totale cécité de la part du réalisateur, ce qui est gênant pour un cinéaste.


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De plus, Fabien De Marchi se montre un bien médiocre acteur, mais c'est presque tout le casting qui est calamiteux. La palme revenant à « l'actrice » qui joue la mère de Jonathan et qui ânonne péniblement son texte. Dans l'insane médiocrité, elle devance de peu Alexandre Palmieri (trop vieux pour le rôle) qui interprète Steve, le meilleur ami de Jonathan, qui est censé être issu sinon de la bourgeoisie au moins de la classe moyenne, alors que par son aspect et son accent tout chez ce garçon sue la cité...


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Pour sans doute accentuer son erreur, Cyril Legann a affublé le personnage du prénom de Steve qui ne connote pas vraiment une provenance de la classe moyenne. Je ne voudrais pas trop insister, je l'ai fait ailleurs, sur la médiocrité en tant qu'acteur de Johan Libéreau, curieusement très surestimé mais qui a néanmoins la bonne idée de ne pas encombrer les écrans.


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Il y a tout de même quelques éléments dans Chemin de croix qui sauvent la réputation du métier d'acteur, malheureusement ils ont tous des rôles très secondaires. À commencer par un amateur, l'écrivain Christian Giudicelli, savoureux en prêtre. Il faut encore citer Thomas Badek, un habitué des productions de Josée Dayan, très convaincant en père du héros. C'est avec plaisir que l'on retrouve Nathalie Mann que l'on avait perdu de vue depuis Une autre femme de Jérôme Foulon dans une excellente apparition en mère de Steve.


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Si la direction d'acteur est affligeante et le scénario pas crédible, il est en revanche indéniable que le réalisateur a un véritable sens de l'image. Le cadre est toujours soigné avec un grand souci de la composition et certaines prises de vues, comme celles dans l'église, sont de toute beauté.

 

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Comme cette séquence le démontre, Cyril Legann a un grand sens également des décors et de leur utilisation. La prise de vue en plongé de la nef de béton de l'église est une vraie trouvaille. Belle idée également de perdre ses personnages dans un plan large qui embrasse un bel exemple de Street Art dans la scène d'arrivée au squat. Ce souci des décors et leur choix judicieux parviennent à monopoliser l'attention du spectateur, tant le jeu des acteurs qui s'y agitent est indigent. C'est cette qualité de l'image qui parvient à faire que l'on regarde ce film sans ennui malgré des personnages dénués de vérité psychologique.


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L'éclairage, s'il n'est pas toujours sans défaut, est parfois inventif et suggère une atmosphère, comme par exemple la séquence dans laquelle apparait Johan Libéreau. Le son, quant à lui, est souvent désynchronisé.

Le montage donne beaucoup de fluidité et de nerf au récit, il est seulement dommage que ce dernier nous importe peu...


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Ce film raté, en dépit de ses réelles qualités techniques, démontre une fois de plus que le métier de cinéaste est un métier exigeant et qui fait appel à de nombreuses qualités rarement réunies dans une même main. Cyril Legann devrait éviter d'écrire ses scénarios et encore plus de diriger des acteurs.


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Je lui conseillerais de se consacrer uniquement à la prise de vues, en particulier dans le porno soft, la scène de triolisme est bien filmée, beaucoup mieux que celle dans Douche froide.


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Dans le même ordre d'idée, une autre séquence réunit Steve, Jonathan et le dealer joué par Johan Libereau, nus, dans un songe érotique cinématographiquement d'une totale complaisance...

Pour plus d’informations :

Par Bernard Alapetite - Publié dans : FILMS : Les Toiles Roses
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Mardi 8 juin 2 08 /06 /Juin 17:09
Par Daniel C. Hall - Publié dans : VIDEOS : La TV en folie
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Lundi 7 juin 1 07 /06 /Juin 16:40
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Gay comme mon nom ne l'indique pas, et juif comme mon nom ne l'indique pas non plus, je suis tombé tout petit dans une marmite de BD (BD, pas PD !). Depuis, j'ai noirci des milliers de pages de personnages plus ou moins étranges. Depuis cinq ans, je suis chroniqueur du site Unificationfrance.com auquel je livre chaque semaine un dessin. Concerné par la cause LGBT, c'est avec plaisir que j'ai rejoint l'équipe de Les Toiles Roses, blog auquel je participerai avec mes « p’tits miquets ».

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Front Homosexuel d'Action Révolutionnaire Planétaire

 

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Ainsi parlait Zarozenbergheustra (9)...


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Retour vers le passé...

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TO BE CONTINUED...
Par Hugo Rozenberg - Publié dans : DESSINS : Rencontres de tous les types
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Dimanche 6 juin 7 06 /06 /Juin 16:35

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Les vidéos sont (c)
Univers-L.com
Les vidéos présentes et futures sont diffusées avec l'autorisation de
Isabelle B. Price et son équipe.
Par Isabelle B. Price - Publié dans : SERIE : LOS HOMBRES DE PACO
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Jeudi 3 juin 4 03 /06 /Juin 10:12

Lesbiennes sous le IIIe Reich :

disparaître ou mourir


Par  Edna Castello

 


Bien peu d’historiens se sont intéressés au sort réservé aux lesbiennes durant le IIIe Reich. Rafles, internement, viols, « thérapies » par la prostitution, tel était leur lot sous le régime nazi. Les travaux d’une chercheuse allemande, Claudia Schoppmann, révèlent des pratiques peu connues du grand public.

Une partie de l’Europe fête le 65e anniversaire de la libération de l’occupation nazie. Pour l’occasion, on édite de nouveaux ouvrages sur cette période, de nouvelles analyses et de nouvelles biographies. Pourtant un aspect du régime nazi reste obscur, une page de l’histoire du IIIe Reich n’a pas été lue. Que sait-on de la vie des lesbiennes sous le régime nazi ? Pratiquement rien. Le sort des lesbiennes a rarement intéressé les chercheurs. On dit même souvent qu’elles n’auraient pas souffert. Étonnant quand on sait que l’idéologie nationale-socialiste considérait l’homosexualité comme une tare et que toute femme ne respectant pas son rôle de femme mariée et de mère pour perpétuer la race pure, attirait les soupçons.

Rendre compte de la persécution des lesbiennes, en l’absence de documents concrets, de lettres, de témoignages, reste un défi pour les historiens. Presque seule à s’intéresser à ce versant de l’Histoire, une chercheuse allemande, Claudia Schoppmann, nous livre pourtant de précieuses informations (1). Faute de données, Claudia Schoppmann se tourne en effet vers le témoignage pour restituer une image de l’histoire collective des lesbiennes qui, autrement, risquerait de se perdre. L’un de ses ouvrages, Zeit der Maskierung: Lebensgeschichten lesbischer Frauen im «Dritten Reich», traduit en anglais (2) mais malheureusement pas encore en français, est un recueil de récits poignants qui dessinent une histoire de la répression des lesbiennes allemandes sous le joug nazi. Dans ces témoignages, on retrouve l’effervescence et l’ambiance euphorique du Berlin lesbien des années 20. La ville compte un nombre impressionnant de bars, de clubs, d’associations, de magazines destinés aux lesbiennes. Cet essor et ce dynamisme se heurtent malgré tout à de virulentes attaques lesbophobes. Dès 1909, le gouvernement essaie d’inclure les femmes dans le fameux paragraphe 175, qui condamne les activités homosexuelles entre hommes. Plus tard, pendant des années, des juristes, des criminologues, des théoriciens du parti nazi font de nouveau pression pour que l’homosexualité féminine entre dans le paragraphe 175. Pour eux c’est « une menace morale à la pureté de la race », une façon de « soustraire les femmes aux hommes et à l’institution du mariage ».

Le lesbianisme n’entrera pourtant jamais dans le paragraphe 175, pour plusieurs raisons : dans la société allemande, les femmes sont exclues des postes politiques et administratifs importants. Leur influence est donc peu redoutée. De plus, d’après des conclusions médicales de la fin du XIXe siècle, l’homosexualité féminine ne serait pas antinomique avec le désir de se marier et de fonder une famille. Cette théorie conforte l’idéologie nazie qui préfère croire que l’homosexualité se soigne. La thèse d’une homosexualité innée répandue en Allemagne pourrait mettre à mal le concept de « race maîtresse pure ». Enfin, les relations « intimes » entre femmes sont trop courantes, trop difficiles à identifier. Le meilleur moyen de ne pas « encourager la diffusion de l’épidémie » chez les femmes est donc de la passer sous silence. Les lesbiennes échappent ainsi aux graves condamnations infligées aux hommes homosexuels : 50 000 d’entre eux sont condamnés sous le paragraphe 175, parmi eux, 15 000 sont internés en camps de concentration et les deux tiers n’en reviennent pas. En revanche, ce silence autour des lesbiennes ne permet pas de mesurer l’étendue de leur persécution, le plus souvent cachée sous des prétextes divers, ni de dégager des chiffres.

 

Rafles dans les bars

L’arrivée au pouvoir d’Hitler en 1933 frappe de plein fouet la communauté lesbienne. Les rafles dans les lieux lesbiens sont si fréquentes qu’ils ferment tous rapidement. À Berlin, seuls deux ou trois bars – des arrières salles – ouvriront dans la clandestinité. La presse lesbienne est interdite, les associations dissoutes et un témoignage prouve que les nazis dressent des listes de lesbiennes. De nombreux témoignages recueillis par Claudia Schoppmann montrent que les lesbiennes vivent dans la peur des dénonciations. Elles craignent également, à juste titre, les licenciements, car les lesbiennes sont licenciées quand elles sont « découvertes » sur leur lieu de travail. La plupart des femmes interrogées racontent qu’afin de passer inaperçues, elles changent leur apparence et adoptent une allure féminine correspondant aux canons nazis. La pression sociale sur les lesbiennes est telle que nombreuses sont celles qui se marient, certaines avec des homosexuels. Finalement, le seul moyen de ne pas être persécutée en tant que lesbienne, c’est de rentrer dans le rang… et de ne plus l’être.

On sait que de nombreuses lesbiennes sont pourtant arrêtées, emprisonnées ou envoyées en camps de concentration. On trouve dans Zeit der Maskierung le récit de Lotte Hahm, une des plus grandes militantes lesbiennes berlinoises, arrêtée avant la guerre et envoyée en camp de travail pendant plusieurs années en raison de ses activités, entre autres la gestion d’associations et de clubs. La présence de blocs réservés aux lesbiennes est attestée dans certains camps, comme à Bützow (ex-R.D.A.) où les lesbiennes étaient maltraitées et humiliées. Les SS incitaient les prisonniers du camp à les violer. Dans le camp de femmes de Ravensbrück, les lesbiennes portaient un triangle rose avec le sigle « LL » (Lesbische Liebe, amour lesbien) (3). Mais le plus souvent, les lesbiennes portent le triangle rouge des « asociales ». Ce terme désigne tous ceux qui ne se conforment pas aux normes ; il comprend les sans abris, les chômeurs, les prostituées, les homosexuels, les tsiganes.


Photos d’identité de Henny Schermann, vendeuse dans une boutique de Francfort sur le Main. En 1940 la police arrêta Henny, qui était Juive et lesbienne, et la déporta vers le camp de concentration pour femmes de Ravensbrück. Elle fut assassinée en 1942. Ravensbrück, Allemagne, 1941.


Contraintes à la prostitution

Claudia Schoppmann rapporte le témoignage d’un homosexuel (4), Erich H, qui a rencontré Else (on ne connaît pas son nom de famille) dans un camp. Elle travaillait à Potsdam comme serveuse et vivait avec son amante. Elle est arrêtée apparemment en raison de son homosexualité mais est enregistrée à Ravensbrück comme « asociale ». Elle est ensuite emmenée au camp de Flossenbürg où la plupart des prisonniers sont des hommes « asociaux » ou « criminels ». C’est au bordel du camp qu’ils se rencontrent, en 1943. Des bordels sont en effet mis en place, à partir de 1942, dans bon nombre de camps de concentration. On y voyait le moyen d’accroître l’efficacité des travailleurs forcés dans l’industrie de l’armement. D’après Claudia Schoppmann, Himmler considérait aussi les bordels comme un moyen de combattre l’homosexualité masculine. Un grand nombre de prisonnières sont forcées d’entrer dans les bordels des camps. D’après Erich H « les nazis aimaient tout particulièrement faire travailler des lesbiennes dans les bordels. Ils pensaient que ça les remettait dans le droit chemin. » Après avoir passé plusieurs mois au bordel de Flossenbürg, on pense qu’Else a ensuite été déportée dans un camp d’extermination (Auschwitz) et qu’elle y est morte. C’était en effet le sort réservé au bout de six mois à toutes celles qui étaient envoyées dans les bordels.

Si elles ont le malheur d’être juives, les lesbiennes sont évidemment particulièrement menacées. Claudia Schoppmann évoque le cas d’Henny Schermann internée en mars 1940 et de Mary Pünjer internée en octobre 1940, toutes deux à Ravensbrück. Elles sont sélectionnées par Friedrich Mennecke, qui les déclare « indignes de vivre », comme des dizaines de milliers d’autres « patients ». Le « diagnostic » d’Henny Schermann la décrit ainsi : « lesbienne compulsive ; fréquentant seulement ce genre de bars et de clubs. N’utilisait pas son prénom Sara. Juive apatride (5). » Quant à son avis sur Mary Pünjer : « Lesbienne très active. Fréquente sans cesse les clubs lesbiens et s’exhibe avec ses congénères. » Elles sont envoyées à la chambre à gaz au début de 1942.

Combien de lesbiennes ont-elles été tuées comme elles sous le IIIe Reich ? Combien ont été violées, combien ont dû se cacher parce qu’elles étaient lesbiennes ? La lesbophobie, qui n’est pas une prérogative du IIIe Reich, rend aujourd’hui toute évaluation impossible. Pourtant, il serait dangereux de minimiser la persécution des lesbiennes, sous prétexte qu’elle a été effacée par leurs tortionnaires et par l’Histoire. À quand d’autres ouvrages aussi intéressants que ceux de Claudia Schoppmann ?

 

(1) Lire aussi les travaux en allemand de la sociologue Ilse Kokula.

(2) Days of Masquerade: Life stories of lesbians during the Third Reich.

(3) Ilse Kokula, Der Kampf gegen Unterdrückung, Verlag Frauenoffensive.

(4) Tiré de Ganz normal anders. Auskünfte schwuler Männer aus der DDR de Jürgen Lemke.

(5) À partir de 1941, tous les juifs sont déchus de la nationalité allemande.

 

© Edna Castello.

Première publication : 360° Magazine.

Reproduit sur Les Toiles Roses avec l’aimable autorisation d’Edna Castello.

Par Edna Castello - Publié dans : LIBRE PAROLE
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Jeudi 3 juin 4 03 /06 /Juin 09:39
Par Daniel C. Hall - Publié dans : VIDEOS : Lutte contre l'homophobie
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Jeudi 3 juin 4 03 /06 /Juin 06:43

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« Les homosexuels, c'est comme les OGM, c'est pas naturel ! » (2006)

« Ça ne me gêne pas qu'ils [les homosexuels] vivent ensembles mais c'est une fuite en avant par rapport à la race humaine ! S'il n'y avait eu que des homosexuels, je ne serais pas sur terre. Je ne changerai jamais sur ce point ! » La Tribune d’Orléans, 11 mai 2010.

« Depuis quelques années, on cherche à faire passer les couples normaux, majoritaires en France, comme arriérés et sexuellement anormaux. Et je ne suis pas d'accord. » La République du Centre, 17 mai 2010.

Michel Guérin, conseiller général et maire de Saran (Parti Communiste).

Par Daniel C. Hall - Publié dans : MOTS : Citations philes et phobes
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Mardi 1 juin 2 01 /06 /Juin 16:41

davidlaws

 

« Même si mes récents problèmes ont été causés par mon désir de garder ma sexualité secrète (...) Je ne peux pas échapper à la conclusion que j'ai, d'une certaine manière, mal agi, même si je n'en ai pas tiré de bénéfice financier (…) Je ne vois pas comment je peux mener à bien ma tâche cruciale sur le budget et la révision des dépenses en ayant à gérer les implications privées et publiques des récentes révélations. » David Laws, secrétaire au Trésor britannique (libéral-démocrate) du gouvernement de David Cameron, en démissionnant le 29 mai 2010. Il est impliqué dans le scandale des notes de frais des députés. Il percevait des indemnités pour louer des chambres dans des maisons appartenant à son compagnon.

Par Daniel C. Hall - Publié dans : MOTS : Citations philes et phobes
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