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FILMS : Les Toiles Roses


Fiche technique :
Avec Michel Piccoli, Mohsen Mohiedine, Mohsena Tewfik et Patrice Chéreau. Réalisé par Youssef Chahine. Scénario : Youssef Chahine. Directeur de la photographie : Mohsen Nasr. Compositeur : Gabriel Yared.
Durée : 115 mn. Disponible en VO, VOST et VF.
Résumé :
Avide de puissance et de gloire, Bonaparte entame la campagne d'Égypte. Loin de ces préoccupations guerrières, Caffarelli, l'un de ses généraux, part à la découverte de ce pays et de son aâme. Il va s'opposer à l'action exclusivement destructrice de Bonaparte.
L'avis de Bernard Alapetite (Eklipse) :
Le film retrace la campagne d'Égypte de Bonaparte en 1798 vue sous le regard d'une famille d'Alexandrie composée du père, de la mère et de trois fils dont Aly, le poète et Yehia, le plus jeune. De nombreux scientifiques accompagnent Bonaparte qui se pose en libérateur, parmi eux, le général Caffarelli (Michel Piccoli). Ce dernier se lie d’amitié avec deux jeunes égyptiens, Aly, un poète et son jeune frère, Yehia (Chahine reprend ce prénom dont il a nommé son double dans sa trilogie autobiographique. Est-ce à dire que le réalisateur s’identifie au jeune garçon ?). L’attirance sexuelle du général pour les deux garçons est évidente, Aly pour son esprit et Yehia pour son corps. Sa personnalité séduit les deux frères mais la guerre détruit leur amitié. Devant Saint-Jean d’Acre Caffarelli mortellement blessé accuse Bonaparte d’avoir trahi l’idéal révolutionnaire. Son amour des deux garçons a fait qu’il s’est désolidarisé du colonialisme brutal du futur Napoléon. Il meurt laissant Aly à sa tristesse, mais fort de l’humanisme qu’il a su lui transmettre.
Caffarelli est une figure magnifique de grandeur blessée, un personnage à contre courant du sens de l’histoire qui se sait condamné, (par ses supérieurs, par son âge, par ses désirs ) et n’a plus envie de jouer aucun jeu, désire seulement faire tomber tous les masques et s’ouvrir aux autres.
À signaler qu’au milieu d’un casting inventif, dominé par Michel Piccoli qui trouve là peut-être son plus beau rôle, on voit passer fugitivement Christian Patay, ex-meurtrier bressonien de L’Argent interprétant Horace Say et Claude Cernay acteur récurrent des films de Gérard Blain. Claude Cernay est populaire en Égypte où il a joué dans plusieurs feuilletons télévisés, quant à Patrice Cherreau sa piètre interprétation de Bonaparte est la seule fausse note du film mais ce choix est cohérent avec les déclarations du réalisateur : « Bonaparte a été un abominable dévastateur, mais finalement, il a été l’un des personnages les moins importants de l’expédition... Ce qui a compté pour l’avenir des Égyptiens, ce n’était pas Bonaparte, c’étaient les âmes universelles et cultivées dont il avait eu l’idée lumineuse de s’entourer, des gens comme Monge ou Caffarelli. Caffarelli est le symbole de cet amour que les français de 1799 éprouvèrent pour l’Égypte. Du coup, leur image chez nous est restée celle d’amants et non pas d’oppresseurs. Un mélange de science et de curiosité amoureuse ont fécondé l’Égypte, et l’Égypte moderne est née. Le colonialisme anglais au contraire, fut sec, fermé. »
Ce grand film a inspiré à Serge Daney, sous le titre ”La petite phrase” un de ses plus beau texte sur le cinéma dont voici un court extrait: « Caffarelli est dans le film cet aventurier-général-savant-utopiste qui s’intéresse moins à ce qu’il devine (la froide ambition de Bonaparte) qu’à ce qu’il découvre (l’Égypte, mythe réel, un monde à civiliser, un peuple à respecter, des garçons à aimer – d’un amour sublime, s’il se peut). Youssef Chahine a aimé inventer le personnage de Caffarelli. Il y a mis la partie universelle de ses affects. Car Caffarelli est le précurseur de tous ces soldats plus ou moins perdus que la sensualité du desert et des villes arabes révélera à eux-mêmes.»
Serge Daney (Ciné journal, ed. Cahiers du Cinéma.)
Pour plus d’informations :

Fiche technique :
Avec Dennis Baines, Mickey Clark, J. J. Davis, Jean Garrett, Kathy Gerber, Kathy Giotta, Luba Gregus, Jack Halton, Steve W. James, John Kartovsky et Billy Lux. Réalisé par Arthur J. Bressan Jr.. Scénario : Arthur J. Bressan Jr.
Durée : 94 mn. Disponible en VO.

Résumé :
Thomas a 14 ans et il est efféminé. Il est battu par ses parents et finit dans un hôpital, où il rencontre Larry, un homme de 32 ans qui prévoit de réaliser un film sur l'enfance maltraitée. Un peu plus tard, Thomas appelle Larry pour essayer de savoir s'il est également homosexuel. Pour s'en assurer il tente de le rencontrer dans des toilettes publiques.
L’avis de Bernard Alapetite (Eklipse) :
Larry, 35 ans (Richard Ryder) doit tourner un documentaire sur l’enfance maltraitée pour sa thèse. Il rencontre Thomas (Raphael Sbarge), 14 ans, efféminé, battu par ses parents. Petit à petit ils deviennent amis. Grâce à Larry, Thomas retrouve goût à la vie Mais le garçon a envie d’autre chose que d’une amitié platonique. Il fait des avances à Larry qui cède. Leur amitié se transforme en amour et les oblige à fuir ensemble à San Francisco.
Film largement autobiographique, cette histoire forte, audacieuse, mais aussi sensible, d’un adolescent maltraité dont l’homosexualité s’éveille a fait grand bruit au sein de la communauté gay américaine à cause de son approche positive de l’amour homme/garçon, sujet tabou s’il en est, très rarement abordé au cinéma et presque jamais d’un point de vue favorable. Abuse est une exception auquel on peut ajouter Pour un soldat perdu et Montréal main street. Le film fut rejeté par tous les distributeurs indépendants avant d’être accepté par Cinevista, une compagnie basée à New York, spécialisée dans les films gays. À propos de son film Bressan déclara : « En 1975 quand j’ai rencontré le vrai Thomas Caroll, je n’avais pas en tête de faire un film sur lui et notre relation. C’est seulement après que nous ayons été amis, puis amants et finalement ex-amant que j’ai ressenti quel film puissant cette histoire pouvait faire. Mes amis gays et hétéros me critiquèrent pour ma relation sexuelle avec Thomas. Certains m’ont dit que je l’exploitais, d’autres qu’il allait avec moi simplement pour fuir ses parents qui le battaient. J’ai écouté mes amis mais, comme Larry, le réalisateur dans le film, je n’ai pas suivi leurs conseils. Au contraire, Thomas et moi nous sommes allés vivre à San Francisco. J’ai fait Abuse parce que j’ai pensé que c’était une histoire émouvante et unique, qui parlait de gens et de choses que le cinéma américain avait l’habitude d’ignorer. »

ARTHUR J. BRESSAN Jr :
Très dogmatique dans ses opinions et intransigeant dans son travail, Arthur J. Bressan Jr, mort du sida en 1991 et réalisateur de seulement trois films gays, devrait être considéré comme l’un des plus importants réalisateurs gays des années 70 et 80. Depuis Abuse où il aborde l’enfance maltraitée et la relation homme-adolescent, au documentaire hilarant Gay USA, en passant par son dernier film Buddies, Bressan a su apporter un regard courageux sur de nombreux sujets gays. Il dit qu’il a fait Buddies parce que le cinéma est un moyen d’atteindre les gens et de faire passer le message que le sida n’est pas une maladie gaie, qu’elle touche tout le monde et qu’il faut dépenser plus d’argent dans les soins et la recherche.
Né à New York en 1943, Bressan fut d’abord un professeur sans histoires dans une école catholique pour garçons, avant de s’installer à San Francisco, où il fit son coming-out et commença à militer pour les gays. Sa carrière dans le cinéma commença dans la pornographie masculine, où elle dérouta les spectateurs en incluant dans des films pornos des personnages sensibles et romantiques ! Son premier porno fut Passing Strangers (1974), puis il fit Daddy Dearest, Juice et Pleasure Beach (1984) que, -Adult Videos News- a classé dans les 100 meilleurs films pornos. Ces films l’aidèrent à financer ses 3 longs-métrages. À noter qu’il a aussi réalisé quelques documentaires dont Thank you Mr le President, The Press conferences of JFK pour PBS. Vito Russo dans la nécrologie qu’il écrivit dans The Advocate définit bien le cinéma de Bressan en une phrase: « Arthur Bressan n’a jamais renoncé à sa vision personnelle face à la caméra et au public, ainsi ses films possèdent un charme particulier, entre racolage et élégance. »

Pour plus d’informations :
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Fiche technique :
Avec Dirk Bogarde, James Fox, Wendy Craig, Sarah Miles, Catherine Lacey, Richard Vernon, Patrick Magee et Harold Pinter. Réalisé par Joseph Losey. Scénario : Harold Pinter. Directeur de la photographie : Douglas Slocombe. Compositeur : John Dankworth.
Durée : 115 mn. Disponible en VO, VOST et VF.

Résumé :
À Londres, Tony, un aristocrate jeune et brillant, vivant dans une luxueuse demeure du XVIIIe siècle, engage Hugo Barrett comme domestique. Ce dernier se révèle être un valet modèle, travailleur et intelligent. Mais Susan, la fiancée de Tony, n'apprécie pas le comportement de Barrett, lui trouvant quelque chose de malsain...
L'avis de Jean Yves :
Un grand film en noir et blanc

On y retrouve une manière, une atmosphère, un indescriptible qui fait l'époque. Une sorte de monotone ennui, un profond psychologisme visant à montrer la fausseté des rapports entre les êtres malgré le bien être économique de cette décennie 60.
L'histoire se passe en Angleterre. Un jeune maître, Tony, décide de prendre à son service un valet, Hugo Barrett, lequel est frauduleux, aussi malhonnête que lui, mais un peu plus réaliste, donc un peu plus vicieux. Toute l'action se déroule en vase clos : la maison ; à part quelques incartades comme celle de la réconciliation entre le maître et son valet.

Dès le début du contrat qui les lie, on sent que le rapport n'est pas celui entendu par les clauses du contrat. Un drame couve. Au début les rapports sont distants entre les deux hommes. Toutes les autres figures, ne sont, tout au long du film, que de vulgaires pièces d'échiquier, que les contractants déplacent au fur et à mesure qu'augmente « l'amour », l'adversité, la dépendance réciproque, en un mot : la connivence. C'est en ce sens qu'il faut voir la position de la fiancée du maître : pièce maîtresse oui, mais si facilement contournable pour un homme averti.
Qui du valet ou du maître est vraiment ce par quoi sa fonction le désigne ?
Toute l'analyse du rapport que fait Losey est basée sur une homosexualité latente entre les deux hommes. Elle est plus lucidement vécue de la part du valet. Leur rapport sado-maso ou maître-esclave, en sera le catalyseur : la scène de la douche, réalisée dans les limites décentes que permet l'époque, sera donc sous-entendue.
À partir de là, le lieu de l'action se resserre pour faire corps avec le lieu qui distribue le rapport de pouvoir : l'escalier. L'escalier sera la métaphore du rapport entre James Fox (Tony) et Dirk Bogarde (Hugo Barrett) : l'un dominant l'autre ; encore faut-il savoir lequel ?

Joseph Losey montre toute sa force et son talent dans ce film qui pourrait être aussi une nouvelle version de Dorian Gray, dans la mesure où le valet et son maître ne sont après tout qu'à la recherche d'une perpétuelle jeunesse que leur rapport leur interdit.
Pour plus d’informations :


Fiche technique :
Avec Scott Gurney, Michael Cunio et Deborah Harry. Réalisé par Richard Glatzer et Wash West.
Durée : 94 mn. Disponible en VO et VOST.

L'avis de Laurent Mullens et Francis Lamberg (La Lucarne) :
Si, dans l'immobilier, le fluffer désigne la personne qui améliore l'apparence d'une maison pour en augmenter le prix de vente, dans l'industrie du porno, le fluffer est le dépanneur érectile. La bouche habile qui redresse l'acteur défaillant et remet la queue à l'ouvrage. Le fluffer dont il est question dans le film, c'est Sean (Michael Cunio), jeune caméraman fraîchement débarqué à Los Angeles. En quête désespérée d'un emploi, sa vie s'arrête (et l'horloge murale de sa cuisine avec) lorsqu'il loue par mégarde Citizen Cum, au lieu de Citizen Kane. Il tombe alors amoureux de Johnny Rebel (Scott Gurney), hétéro mais gay for pay. Sean parviendra à se faire engager chez Men of Janus, maison de production qui a l'exclusivité de Johnny. Dès le premier tournage, Sean démontre qu'il est meilleur suceur que caméraman et devient le fluffer attitré de Johnny. Son obsession amoureuse va aller grandissante à mesure qu'augmente l'ambiguïté de son idole. Alors que Sean est fasciné par Johnny, la petite amie de l'acteur, Babylon (Roxanne Day) va être confrontée à ce qu'il est en réalité : menteur, drogué et agressif. Le cocktail explosif, quant à lui, ne s'intéresse qu'à lui-même. Baise, tromperie, drogue, meurtre, évasion, tout s'enchaîne pour se terminer sous le soleil mexicain où, symbolisée par l'horloge d'une église, la vie de Sean va redémarrer.
Fluffer, ce sont des acteurs pornos (Derek Cameron, Zach Richards, etc.), un scénario de films pornos mais ce n'est pas un film de boules. Fluffer est un conte contemporain, vaguement inspiré du mythe de Narcisse et d'Echo (Ovide, Les Métamorphoses) et semblable à un Freeway gay et porno. Fluffer, c'est aussi un film sur les soumissions (à l'argent, au sexe, à l'autre, etc.) mais, et surtout, sur une soumission universelle au temps qui passe et à la vieillesse (qui vient tôt dans ce milieu socio-professionnel). Comme dit Johnny : « La mouche est un animal qui ne tient pas en place et qui meurt jeune. » C'est pour cette raison qu'il en a une tatouée dans le dos. On retrouve dans ce film un savant mélange des expériences professionnelles des deux réalisateurs Richard Glatzer et Wash West : Disney pour le premier et le porno gay pour le second (citons, entre autres, Naked Highway et Devil is a bottom qui ont rencontré un succès inespéré aux États-Unis). Quand à Scott Gurney, alias Johnny (Clueless, Turbulence, etc.) il est épatant de vérité et de sex-appeal. À croire que cet ancien acteur d'Alerte à Malibu est véritablement passé par les studios hollywoodiens du porno gay pour préparer son rôle. À voir absolument, la prestation de Chi Chi Larue en chanteuse rock limite punk, apparition qui n'est pas sans rappeler ses incursions dans ses propres films falconiens.
En bonus sur le dvd : 8 scènes coupées avec commentaires (vostf) : leur passage à la trappe entraîne l'accélération souvent attendue dans le film. L'album souvenir du Fluffer : le faux album photos de l'idole de Sean. Galerie photos : les photos du film. Le monde de Johnny Rebel (interview, séance photos, prises ratées) : pour se sentir plus proche de Johnny. Ne rêvez pas trop, that's all folk !

Pour plus d’informations :

Site officiel du film




Fiche technique :
Avec Lior Ashkénazi, Knut Berger, Caroline Peters, Gideon Shemer, Hanns Zischler, Carola Regnier, Eyal Rozales et Sivan Sasson. Réalisé par Eytan Fox. Scénario de Gal Uchovsky. Directeur de la photographie : Tobias Hochstein. Compositeur : Ivri Lider.
Durée : 1O4 mn. Disponible en VO, VOST et VF.
Résumé :
Eyal est un agent du Mossad. Sa mission est de retrouver la trace d'un ancien officier nazi, Alfred Himmelman. Pour mener son enquête, il va servir de guide touristique au petit-fils d'Himmelman, Axel, venu en Israël rendre visite à sa soeur. Celle-ci vit en effet dans un kibboutz depuis qu'elle s'est brouillée avec sa famille. Axel veut essayer de la convaincre de revenir avec lui en Allemagne pour l'anniversaire de leur père. Malgré leurs personnalités contrastées, Eyal sympathise avec Axel. Même si parfois le machisme et le conservatisme d'Eyal se heurtent aux vues libérales d'Axel, en particulier quand ce dernier lui révèle qu'il est homosexuel. S'installent alors des relations tendues entre les deux hommes.
Alors qu'Axel rentre en Allemagne sans sa sœur, le Mossad suspecte l'ex-nazi Himmelman de vouloir refaire surface pour la fête d'anniversaire du père d'Axel.
L'avis de Mérovingien02 :
Dans le genre, une bonne surprise ! Avec un titre pareil, on se dit que revoilà un petit film Israélien qui va nous endormir vite fait bien fait, pendant que Télérama se caressera tranquillement, puis on lit le résumé et là, ben tous les thèmes du film d'auteur répondent à l'appel : la Seconde Guerre Mondiale, la religion, l'homosexualité, la déforestation au Niger et les bébés phoques... Rien de très rassurant. Ah tiens, les Inrocks ont pas aimé, c'est bon signe... Bon, on va le voir quand même ce film ? Bon allez, on se lance... J'ai dis « ON SE LANCE » !
Et puis, c'est parfois bon de faire le grand saut. On ressort parfois de la salle avec la pêche, content d'avoir vu un film pas révolutionnaire mais très divertissant et finalement plus intéressant que ce qu'on l'on craignait. Première bonne surprise : le film démarre comme un bon thriller avec espionnage, mort d'un terroriste et enfant qui pleure parce bon, il vient de perdre son père quoi... Si on nous avait dit qu'on venait voir un thriller israëlo-belge, je l'aurais pas cru ! Ha ben non tiens, apparemment, c'est un drame puisque monsieur qui viens d'accomplir rentre chez lui et découvre sa femme morte avec un mot sur la table de chevet. Un James Bond version carcasse épuisée dans le milieu du Mossad ? Ouais, pourquoi pas, ça peut le faire aussi. Ha, tiens une nouvelle mission : infiltrer des jeunes allemands pour remonter à un grand-père ancien nazi qui s'était enfui de sa quarantaine... Cool. Ha ben je ne comprends plus rien ! Il semblerait que ce soit une comédie vu la tournure du film... Ou un drame familial ? Ho et puis merde ! Le tout, c'est de se laisser porter par le film puisque celui-ci se plait à zigzaguer entre les genres. Et avouons que ça fait du bien, à l'image de la bande originale tellement hétéroclite que ça en devient presque insolent, surtout que chaque morceau s'insère à merveille dans le film : on passe ainsi des voix féminines ismaïliennes de Esther Ofarim et Gigliola Cinquetti à du Bruce Springsteen, avec une pointe de techno qui fait danser les cheveux et, cerise sur le gâteau, un vieux vinyle des années 70 bien rétro (le génial Cinderella Rockafella).
Tu marcheras sur l'eau est un peu un film « somme » bigrement agréable ! Alors oui, il est vrai que le script aurait tendance à balancer tous les sujets à la mode mais le film ressemble à son réalisateur, qui se décrit lui-même comme un juif israélien et gay. On parle donc de tolérance, de respect des peuples et de bonheur bien niais sauf qu'à l'écran, ça ne l'est jamais. C'est même vachement plus revigorant parce que si l'on parle de la Shoah, c'est sans jamais insister. L'enquête n'a pas pour but de dire « Bouh les vilains nazis » ou « Holala ! la Guerre, c'est terrible, la guerre... La guerre quoi... ». Cette toile de fond est même en partie délaissée en cours de route et quand le « monstre » apparaît enfin, c'est pour mieux révéler son ridicule. Lorsque l'agent Eyal se retrouve face à ce vieillard, le silence, l'hésitation à aller au bout de la mission révèlera en un instant l'absurdité du geste : à quoi bon tuer un homme sur le point de mourir ? On se gardera bien de raconter comment cela s'achève mais quoi qu'il en soit, le sort de l'ancien n'est qu'un enjeu annexe ne servant qu'à dresser le portrait de deux hommes, un gay allemand et un Israélien macho qui finiront par se comprendre. Car en dépit de leurs différences, chacun a vu une partie de ses « ancêtres » persécutée pendant la Seconde Guerre Mondiale, ce qui leur fait un point commun. On se délectera des nombreuses séquences que les deux hommes ont en commun, des discussions sur la plage jusqu'au coin du feu, de la traduction d'une chanson d'amour jusqu'à un bar gay où le gay se lancera dans une description de la sodomie à l'hétéro intéressé... Le réalisateur Ethan Fox et le scénariste Gal Uchovsky étant en couple, ils se sont à n'en pas douter régalés à mettre en boîte ces face-à-face, jouant habilement sur la tension sexuelle qui naît entre les deux êtres, offrant une brève scène limite homo-érotique rien que pour le plaisir des yeux et entraînant une sorte de suspense sur l'hétéro qui se livrera enfin ou non ? Tu marcheras sur l'eau est un film d'amour aussi, finalement.
Il est véritablement réjouissant de voir l'homosexualité vécue sans complexe par le héros, se rendant sans problème dans les boîtes gays de Tel Aviv, couchant avec un arabe et sans avoir à faire face aux problèmes classiques des parents homophobes et tout ce qui va avec (même si le cas des parents sera bien présent mais de manière indirecte et plus subtile). Il est encore plus réjouissant de voir le conflit entre arabes et juifs évoqué de manière cynique, par la vision finalement détachée des multiples attentats suicides (ça en deviens presque un gag) et au détour d'un bref ping-pong verbal entre Eyal et un jeune arabe. La religion est donc un des thèmes du film, jusque dans le titre même du long métrage. Cette eau sur laquelle le Christ a marché devient le symbole d'une purification de l'être humain qui doit se défaire de ses démons, laisser tomber sa colère intérieure (s'exprimant par un boulot qui permet de tuer) pour commencer une nouvelle vie à zéro. Un message final naïf sans doute, qui édulcore sans doute un peu le conflit qui secoue Israël mais qui apporte une touche d'espoir dans un final religio-gay des plus poétiques, préférant insister sur le fait que les hommes peuvent changer et que nous sommes tous égaux dans la mort face à Dieu et qu'il est nécessaire de pardonner les autres autant que soi-même.
On appréciera particulièrement le comédien Lior Ashkenazi au charisme impressionnant, tout en virilité dans le corps (et quel corps !) et avec un regard d'un bleu fragile qui laisse passer une foule d'émotions, passant du doute au désir avec une facilité déconcertante. La révélation du film, c'est lui.
À force de mêler quantité de thèmes pas forcément en rapport et de mixer les genres, le tout sur fond de dépliant publicitaire (le Mur des Lamentation par-ci, la Mer Morte par là), le film d'Ethan Fox aurait pu se casser la gueule. Il n'en est que plus imprévisible et charmant, un rien désuet mais totalement sincère.
Pour plus d’informations :
Bande annonce
Lire la Fiche n°1, l'avis de Paula et Jean Yves

Fiche technique :
Avec Kim Min-sun, Park Yen-jin, Lee Young-jin et Jong-hak Baek. Réalisé par Kim Tae-Yong et Min Kyu-Dong. Scénario de Kim Tae-Yong. Directeur de la photographie : Yoon-soo Kim. Compositeur : Sung-woo Jo.
Durée : 97 mn. Disponible en VO, VOST et VF.

Résumé :
Dans un collège sud-coréen pour jeunes filles, Min-ah est déconcertée lorsqu'elle découvre un journal intime que deux de ses camarades rédigent de concert. Alors qu'elle en prend connaissance, elle est la proie d'étranges hallucinations.
Afin de pouvoir le lire plus en détail, Min-ah feint un malaise et est transportée à l'infirmerie. Là, elle est le témoin involontaire d'une étreinte amoureuse entre Hyo-shin et sa petite amie Shi-eun, les rédactrices du fameux journal.
Mais quelques temps plus tard, alors que les filles s'apprêtent à passer l'examen de santé annuel, Hyo-shin se jette par la fenêtre. Contre toute attente, Shi-eun ne semble pas être affectée par cet accident et affiche un visage indifférent dans les jours qui suivent.
C'est à partir de ce moment-là que se manifestent dans l'école d'étranges phénomènes qui vont peu à peu bouleverser la vie de Minh-ah.

L'avis de Mystere Vic (Cinéasie) :
Min Kyu-Dong va plus loin. Plus loin que le court-métrage qu'il avait réalisé il y a quelques années intitulé Her Story et qui abordait la même thématique que ce nouveau long métrage Memento Mori, co-réalisé avec Kim Tae-Yong. L'histoire d'une liaison amoureuse entre deux lycéennes qui ont décidé d'aller jusqu'au bout ensemble mais dont le suicide de l'une d'entre elles, Hyo-shin va bouleverser la donne.
Le film a pour cadre le lycée de jeunes filles dans lequel sont scolarisées les deux héroïnes et ce cadre va constituer une prison pour les lycéennes de laquelle elles vont avoir du mal à s'extirper, ceci imprimant au récit une sensation de lassitude et d'étouffement.
En lieu et place de ce qui aurait pu être un huis clos angoissant, on se lasse de ces murs de briques rouges, de ces professeurs, caricatures d'un système scolaire en déliquescence et de ces jeunes filles puériles qui se veulent se prendre pour des femmes avant d'avoir quitté l'enfance.
Seules au milieu de toute cette cohue, Hyo-shin, Shi-eun et Min-ah trio étrange et décalé sur lequel le réalisateur veut porter son attention. Mais si ses images empruntent aux histoires de fantômes un brin de fantastique, si sa caméra frôle les corps dans un ballet lancinant et terrifiant, si la lumière se fait tantôt l'alliée des adolescentes tantôt leur pire ennemie, Min Kyu-Dong ne parvient pourtant pas à isoler la relation entre les deux protagonistes principales suffisamment pour que l'intensité de leur amour et de leur dévouement puisse crever l'écran.
Seul lien tangible au cours du film, le journal intime partagé par les deux amies, fil d'Ariane surprenant qui va nous conduire par flash-ba
ck successifs au pourquoi de cette fin tragique. Les séquences mêlent indifféremment le pré- et le post-suicide rendant à Hyo-shin une présence encore plus palpable et qui va doucement prendre corps.
Néanmoins, derrière les symboles, on perçoit le discours, derrière les comportements, la cruauté de la société, mais l'histoire de ces deux âmes liées pour l'éternité ne parvient à nous captiver qu'à moitié comme une course que l'on aurait déjà courue et qu'on saurait perdue d'avance.

Pour plus d’informations :


Fiche technique :
Avec Anne Bancroft, Matthew Broderi
ck, Brian Kerwin, Karen Young, Harvey Fierstein et Eddie Castrodad. Réalisé par Paul Bogart.
Durée : 120 mn. Disponible en VO, VOST et VF.

Résumé :
Évocation des amours homosexuelles d'Arnold d'après la pièce semi autobiographique d'Harvey Fierstein qui obtint les Tony du meilleur acteur et de la meilleure pièce et fut à l'affiche à Brodway pendant trois ans.
L'avis de Jean Yves :
Un travesti s'éprend d'un bi, vit le grand amour avec un très jeune mec, lequel se fera assassiner, et qui, au grand scandale de sa mère juive, adopte un garçon, pédé lui-même, pour l'élever en couple avec son premier amant.
Écrite dans les années 70, la pièce de Harvey Fierstein a été portée à l'écran en 1989 par Paul Bogart : Torch Song Trilogy, le film, se penche avec un certain recul sur la condition homosexuelle à New York dans les seventies.
Le comédien Harvey Fierstein, également auteur de la pièce originale et scénariste du film, a choisi d'y interpréter le rôle principal, en s'entourant des acteurs qui figuraient dans la distribution scénique, en particulier le jeune Matthew Broderi
ck, qui jouait d'abord David avant d'être Alan à l'écran.
De cette trilogie théâtrale, démesurée, en trois actes dont la longueur imposait de les jouer séparément, il a été extrait un long métrage de deux heures. Une telle entreprise se heurtait d'emblée à un double écueil : celui de donner dans le théâtre filmé et celui de faire un film daté avant l'heure. Autant dire que ces risques ne sont pas toujours parfaitement surmontés dans Torch Song, dont le style repose, par ailleurs, sur la tradition de la grande comédie américaine : les répliques serrées et à l'emporte-pièce se renvoient comme au ping-pong. La facture du film ne ménage donc pas de grandes surprises.
S'il est vrai qu'avec l'apparition du sida, l'homosexualité a pris un accent tourmenté, Paul Bogart a délibérément choisi de ne pas sacrifier à cette tendance. Le pathétique, la violence et le drame ne sont pourtant pas évincés du film :
– Alan finira tragiquement assassiné.
– Ed (Brian Kerwin), partagé entre un obscur besoin de « normalité » et son homosexualité, aura bien du mal à choisir.
– La mère d'Arnold (Anne Bancroft) n'échappera pas aux préjugés, ceux de sa judéité et ceux de la morale publique.
Seul l'adolescent adoptif, David (Eddie Castrodad), incarne l'image sans ombre d'un jeune gay qui s'assume pleinement dans le sain environnement familial de ses deux « parents » mâles.
Harvey Fierstein peint avec un immense humour un microcosme de psychologies réalistes, de personnages concrets qui s'émeuvent, aiment, souffrent, encaissent, s'acharnent à exister. Comme tout le monde. Et une homosexualité, non pas restreinte à une sexualité ; une communauté gay non pas enfermée dans ses exclusions et ses rituels de ghetto, un imbroglio affectif assez dense, assez universel pour être largement compris. Avec une histoire drôle, sensible et chaleureuse, et surtout une authenticité morale qui sauve les grands principes : la famille, la paternité, la religion.
Un autre parti pris de ce film : celui de la pudeur, loin des outrances de Fassbinder ou de l'esprit décapant d'Almodovar. Torch Song pose de l'intérieur, sur le tabou persistant, un œil viscéral, généreux, tendre, poignant.

Torch Song, c'est le regard porté en 1990 sur la « condition » homosexuelle des années 70, la reconstitution d'un certain climat new-yorkais, devenu « exotique » : spectacles de travestis dans des cabarets glauques, baises grégaires de backrooms baptisés « Paradise » en lettres au néon, ratonnades punitives et pressions policières... Un film historique, en somme.
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Fiche technique :
Avec Macha Meril, Jacques Penot, Richard Berry, Manuel Gélin, Pieral, Pascal Greggory, Anne Caudry, Rosette, Jean Dasté, Sonia Saviange et Jean-Marie Proslier. Réalisé par Guy Gilles. Scénario : Guy Gilles. Compositeur : Jean Wiener.
Durée : 90 mn. Disponible en VF.

Résumé :
Pour sortir de l'anonymat, un jeune homme endosse la responsabilité d'un crime qu'il n'a pas commis.
L'avis de Jean Yves :
Une belle histoire comme sait si bien les raconter Guy Gilles, mettant en scène le ténébreux Richard Berry en journaliste homosexuel face à Jacques Penot, irradiant.

Le crime d'amour ne pourrait être qu'un fait divers : Jean Doit (Jacques Penot), jeune mec de La Courneuve, « né dans la rue », met sur la piste d'un meurtre un journaliste homosexuel (Richard Berry) et accessoirement la police. Jean affirme d'abord n'être pour rien dans la mort de Jeanne (Macha Méril) dont il prétend seulement exploiter la découverte pour gagner quelque argent. Mais Jean dit des mensonges, le mystère s'installe, jusqu'au moment où on découvre que la victime avait une sœur jumelle. Le fait divers devient vite un alibi : Guy Gilles évite les clichés comme il contourne le mélodrame, ménageant ses effets (Jean soudain s'accuse du crime), faisant tisser à ses personnages une toile un peu irréelle dont Jean est le centre.
Jean semble peu à peu se perdre dans son propre filet, comme s'il était dépassé par l'événement qu'il n'a peut-être pas créé, du moins auquel il a donné cette tournure étrange.
Guy Gilles offre le paradoxe d'une sensibilité à la fois poétique et froide, dans sa façon de cadrer un corps ou un visage, dans l'image insolite qu'il donne de caractères a priori stéréotypés :
● Macha Méril est conforme à une idée de la féminité particulière au monde homo : trop belle, trop déifiée pour être objet de désir.
● Jean n'est pas un petit loubard sorti d'un moule (sinon la dégaine et les santiags, ou la fausse assurance), il aime la solitude et la poésie, et n'a façonné cette histoire que pour devenir un héros de roman… qu'il écrira d'ailleurs.
En fait, Guy Gilles fouille la psychologie d'un milieu adolescent-loubard qu'il place en contre-champ de la société. Les situations s'éclairent autant par des silences révélateurs, des phrases qui en sous-entendent d'autres, que par un dialogue théâtral et construit.

C'est là que le cinéaste est parvenu à me prendre au piège, celui d'un langage où s'opère une communion originale des mots, des silences et de l'image.
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Fiche technique :
Avec Kirk Douglas, Jean Simmons, John Gavin, Nina Foch, John Ireland, Laurence Olivier, Tony Curtis, Charles Laughton, Peter Ustinov, Herbert Lom, Woody Strode, Charles McGraw, John Dall et Anthony Hopkins. Réalisé par Stanley Kubrick (et Anthony Mann, non crédité). Scénario : Dalton Trumbo. Directeur de la photographie : Russell Metty. Compositeur : Alex North.
Durée : 198 mn. Disponible en VO, VOST et VF.

Résumé :
A l'époque de l'Empire romain, Spartacus, esclave et gladiateur, conduit ses semblables à la révolte.


L'avis de Jean Yves :
En l'an 73 avant Jésus-Christ, fils et petit-fils d'esclaves de Thrace, Spartacus travaille dans une mine, en Libye, lorsqu'il est remarqué par Lentulus Batiatus, qui dirige une école de gladiateurs près de Capoue.
Il découvre la dure vie des combattants de l'arène, qui apprennent à s'entretuer en donnant du spectacle.
Pour récompenser les plus performants d'entre eux, on jette une femme dans leur cellule. C'est ainsi que Spartacus rencontre Varinia, esclave comme lui. Lorsque le sénateur Marcus Licinius Crassus vient visiter l'école, il oblige Spartacus et son ami Draba, un robuste Ethiopien expert dans le maniement du filet et du trident, à combattre pour son plaisir...
Spartacus (Kirk Douglas), s'évadera de l'école de gladiateurs et, rassemblant plus de cent mille esclaves, ira jusqu'à menacer Rome. Mais Marcus Licinius Crassus mate la révolte et fait crucifier six mille hommes, dont Spartacus, sur la voie Appia.
Le film, inspiré par un best-seller de Howard Fast (1951) avec un scénario signé par Dalton Trumbo, brode sur cette fable une intrigue complexe, cryptée d'un bout à l'autre par une érotique ambiguë. Hollywood ne s'y était pas trompée qui, à l'époque, censura les séquences les plus triviales ou greffa des répliques édulcorées sur certaines expressions jugées alors équivoques.
La plus célèbre scène concerne le dialogue entre Marcus Licinius Crassus (Laurence Olivier) et son bel esclave affranchi Antoninus (Tony Curtis). Crassus alors dans son bain, fait discrètement allusion à son goût sexuel aussi bien pour les hommes que pour les femmes à travers une métaphore gastronomique.
Il convient, d'ailleurs, de reproduire la totalité du dialogue, et non pas seulement la fameuse réplique où le maître dit : « Pour satisfaire mes goûts... il me faut des huîtres et des escargots. » Car cette ultime affirmation est amenée sournoisement, dans la nuit de l'atrium par une série graduelle de propositions charnelles… Cette scène est un délice.
Crassus – As-tu jamais volé, Antoninus ?
Antoninus – Non, maître.
Crassus – As-tu jamais menti ?
Antoninus – Pas, si je peux l’éviter.
Crassus – As-tu jamais déshonoré les dieux ?
Antoninus – Non, maître.
Crassus – Te refrènes-tu de ces vices par respect des vertus morales ?
Antoninus – Oui, maître.
Crassus – Manges-tu des huîtres ?
Antoninus – Lorsque j'en ai, maître.
Crassus – Manges-tu des escargots ?
Antoninus – Non, maître.
Crassus – Considères-tu que c'est moral de manger des huîtres et immoral de manger des escargots ?
Antoninus – Non, maître.
Crassus – Bien sûr que non. Tout est une question de goût, n'est-ce pas ?
Antoninus – Oui, maître.
Crassus – Et le goût n'est pas semblable à l'appétit et donc n'a aucun rapport avec la moralité, n'est-ce pas ?
Antoninus – Cela pourrait sans doute se discuter, maître.
Crassus – Ça suffit. Mes vêtements, Antoninus. Pour satisfaire mes goûts... il me faut des huîtres et des escargots.
À la sortie du bain, sur le balcon, Marcus Licinius Crassus, couve alors du regard le jeune homme torse nu, et s'écrie :
« Là, mon garçon, c'est Rome…, la puissante, la majestueuse…, nul ne peut résister à Rome… et moins encore un jeune garçon. Il faut la servir, courber la tête devant elle, ramper à ses pieds, il faut l'aimer. ».
La fuite d'Antoninus suit directement ce dialogue, et son évasion a plutôt à voir avec sa peur d'avoir à faire face à l'homosexualité de son maître Crassus.
On trouve également, dans ce film très intelligent, une admirable dialectique du pouvoir, développée en particulier dans la bouche du vieux sénateur Sempronius Gracchus (Charles Laughton), présenté comme homosexuel de façon à peine voilée, mais aussi comme la victime lucide, impitoyable et désignée, de la raison d'État.
Les femmes, quant à elles, cèdent à une concupiscence exacerbée, névrotique ou bien, comme la jolie Varinia (Jean Simmons) délaissée par Crassus (et pour cause !), sont vouées à un amour absolu et sacrificiel. Varinia, enceinte de Spartacus, ira pleurer auprès de la croix où il est supplicié. Dénouement à connotation évangélique qui fait laïquement de la crucifixion, un pur naufrage passionnel.
Le sexe, dans Spartacus, sert d'un bout à l'autre de décodeur. C'est ce qui en fait un chef-d'œuvre de malice perverse.

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Fiche technique :
Avec Liz Renay, Mink Stole, Susan Lowe, Edith Massey et Mary Vivian Pearce. Réalisé par John Waters. Scénario : John Waters. Directeur de la photographie : John Waters
Durée : 90 mn. Disponible en VO, VOST et VF.

Résumé :
Une riche femme au foyer assassine son mari avec l'aide de sa servante. Les deux femmes prennent la fuite et se réfugient à Mortville, où elles font la connaissance d'une lesbienne et sa maîtresse. Elles s'unissent pour affronter Queen Carlotta, qui règne en maître sur la ville.
L'avis de Samuel Minne (Homo SF) :
Ce film de 1977 commence par un générique qui rappelle les mélos de Douglas Sirk : service de table rutilant, musique somptueuse et couleurs flamboyantes. Mais la viande qu'on sert dans l'assiette est un rat ! Alors que les enfants jouent, le père de famille raccompagne le médecin : sa femme Peggy (Mink Stole) sort d'une dépression. En effet, elle ne va pas bien, et ses crises d'hystérie, parodies de la folie bergmanienne, tournent vite au drame. Avec son infirmière obèse Grizelda (Jean Hill), elle fuit à Mortville, la ville des criminels et des dépravés. Un couple de lesbiennes agressives, Mole et Muffy (Liz Renay) accepte de les héberger.
Et il y en a, des crimes et des perversions dans Desperate Living ! Après une ouverture faussement « mainstream » (ce cinéma respectable et conventionnel qu’il tournera en dérision dans Cecil B. Demented), Waters se délecte à choquer ses spectateurs et en rajoute dans le délire et le mauvais goût. Sordide et kitsch, entre grotesque et humour noir, cet opus n'a de rivaux qu'en certains films de Pedro Almodovar, comme Laberinto de pasiones ou Entre tinieblas, et un digne successeur en Hustler White de Bruce Labruce. Quant à la scène finale, elle serait à comparer au Sebastiane de Derek Jarman et au court-métrage de Rosa von Praunheim « Can I be your Bratwurst, please ? » (1999).
On suit bouche bée les tribulations de nos personnages, lesbiennes, nudistes ou trans, on éclate de rire devant les scènes « hénaurmes », mais ce qui fatigue, c'est le volume sonore d'actrices toujours en pleine vocifération. De belles performances… un peu épuisantes à la longue ! L’ensemble du film laisse une impression de malaise, tant il est difficile de distinguer des enjeux dans ce jeu de massacre : les personnages meurent sans raison autre que le hasard, les plus consistants semblent horribles et décatis (Grizelda,  ou la reine Carlotta), et les moins épouvantables se réduisent à des fantoches falots (la princesse Coo-Coo, les gardes de la reine). Dans son interview, Waters met en avant l’influence des films de prisons de femmes, et place Desperate Living sous la tutelle de Jean Genet : on y retrouve en effet l’inversion des valeurs (« crime is beauty »). La source d’inspiration déterminante semble cependant avoir été Le Magicien d’Oz, dont Mortville représente l’envers maudit, en capitale des vices peuplée de personnages ignobles, sur qui règne une Carlotta boursouflée.

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Fiche technique :
Avec Tony Leung Chiu Wai, Leslie Cheung et Chang Chen. Réalisé par Wong Kar-Wai. Scénario de Wong Kar-Wai. Compositeur : Danny Chung.
Durée : 96 mn. Disponible en VO et VOST.


Résumé :
Deux amants, Lai et Ho, quittent Hong Kong pour l'Argentine. Leur aventure tourne mal et ils se quittent. Lai retourne à Buenos Aires et travaille comme aboyeur dans un bar de tango pour économiser l'argent de son retour à Hong Kong. Ho réapparait et s'intalle chez Lai. Il trouve du travail dans un restaurant chinois où il rencontre Chang, qui vient de Taiwan.
L'avis de Niklas :
En Argentine, deux amants débarqués (Lai et Ho) se promettent un nouveau départ : recommencer à zéro dans ce pays loin du leur...
Prix de la mise en scène à Cannes en 1997, ce film est probablement l'un des plus remarquables du réalisateur hongkongais car il semble être l'aboutissement parfait de ses films précédents sur la jeunesse.
Dans un pays inconnu pour lui, aux antipodes du sien, il reconstitue son propre univers stylistique. Le détail qui m'avait profondément marqué à la première vision de ce film, c'est que pour la première fois un film ne montrait pas une histoire entre deux hommes aux prises avec leur mal-être homosexuel. Ce que Wong Kar-Waï nous offre ici est une histoire d'amour, de déchirure, de rupture entre deux hommes qui ne se comprennent pas, se cherchent dans leurs absences mais ne peuvent vivre ensemble. Les héros auraient pu être hétéros, lesbiennes, qu'importe, le réalisateur n'en fait pas son cheval de bataille. Il se contente de raconter la lente descente de ces deux êtres qui s'aiment mais sont trop différents pour croire en une vie commune.
« Le tango est une représentation horizontale du désir », avec cette phrase le réalisateur résume une bonne partie de son film.
La musique, certes très importante et lancinante, n'a de cesse de rappeler ô combien l'attirance de ces deux personnages. Mais aussi le rapprochement des deux corps, ces seuls moments du film où Lai et Ho ne se disputent pas.
Paradoxalement, la lutte que se livrent les deux personnages intervient le plus souvent dans des lieux étroits (une petite chambre, un coin de rue) ou encore lors de cadrages serrés, oppressants, comme pour appuyer sur les douleurs et insister un peu plus sur le caractère intime de la relation.
Wong Kar-Waï joue sur les mouvements. Ralentis et accélérations d'images donnent à son sujet toute la force et captent l'ambiance créée par de multiples effets de style qui font aussi la dimension de ces films suivants (In the mood of love ou 2046). Et la photo de Christopher Doyle accentue encore un peu plus les diverses intensités d'érotisme.
L'esthétisme très travaillé implique une obsédante lenteur dans laquelle s'immisce le sujet principal. À l'image du Tango Argentin, les amants vivent de pas en avant et de pas en arrière. Ils se quittent et retournent ensemble pour finalement se quitter encore. Si l'on pourrait y voir un récit stagnant dans d'autres films, ici le processus du réalisateur consiste à intercepter avec subtilité les sensations de la quête que le personnage de Lai tente d'atteindre.
Avec son titre ironique, Wong Kar-Waï explore les difficultés du « couple » mais surtout celles des individus à trouver leur place dans un monde nerveux où s'opposent brutalement leurs vies, leurs désirs et leurs illusions léthargiques. Un film douloureusement poétique.

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Fiche technique :
Avec Dani Levy, Frank Beilicke, Joseph Hofmann, Anja Franke, Maria Schrader, Nina Scultz, Helam Fehrmann, Martin Walz et Li Hensel. Réalisé par Dani Levy. Scénario : Anja Franke et Holger Franke
Durée : 95 mn. Disponible en VO et VOST.
L'avis de Jean Yves :
Système D oblige, deux amis, un homo et une hétéro habitent sous le même toit. Les portes claquent, les amants défilent et l'humeur n'est pas toujours au beau fixe. Il y a comme de la frustration dans l'air.
Et une vie sans femme, est-ce possible ?
Le défi devient réalité.
Exit le sexe féminin, trois grands garçons s'installent dans le loft et jurent leurs grands dieux qu'aucune femme ne franchira le seuil de l'appartement.
Au début, ils ressemblent à ces célibataires désemparés qui errent comme des âmes en peine durant tout l'été, car les femmes et les enfants sont partis en vacances. Mais les usages sont moins pragmatiques. On rigole, on s'amuse, on retrouve les liens amicaux qui unissent ces charmants gaillards en manque de sensations.
Les soirs de beuverie, arrosés de quelques joints, on en arriverait presque à succomber au charme de l'homosexuel qui a tôt fait de retrouver son compte dans cet univers exclusivement masculin. On croit rêver…
Mais la morale bourgeoise reprend ses droits. Les femmes forcent la porte et tentent de remettre de l'ordre dans ce foutoir dont elles sont exclues.
L'honneur est sauf. L'homo repart vers des histoires sans lendemain, une quête effrénée, à la recherche d'un amour absolu. Les hétéros, un peu veules, se glissent douillettement entre les pattes acérées de leurs concubines. Tout est en ordre et la vie continue.
Ce film est un délice. Il n'est pas un plaidoyer, encore moins un état des lieux. Avec un regard lucide et aimant sur la vie. Juste, de surcroît, un vrai plaisir.
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Résumé :

Space Gays est une compilation de courts-métrages d’horizons variés mais en grande partie francophones, de tous formats, qui se regroupent autour de deux thèmes centraux : la réalité homosexuelle et la Science-Fiction. Récompensés par de nombreux prix, salués par la critique spécialisée et les maîtres du fantastique contemporain comme Clive Barker, ces films, qu'ils soient expérimentaux ou professionnels, ont en commun un humour décapant, un sens inné du "kitch", tout en délivrant des messages contre l’homophobie (Les gays Envahisseurs 2 de Myriam Donnasice), ou même en critiquant certains comportements homosexuels (Suroh, l’E.T. auto-stoppeur de Patrick McGuinn).

L’avis de Samuel Minne (HomoSF) :

Désireux de distribuer un cinéma « queer » indépendant, Rémi Lange propose une collection de courts-métrages qui mêlent science-fiction et homosexualité. L’ensemble se révèle, comme souvent dans les réunions de courts (voir Courts mais gays), inégal, mêlant pépites et déceptions. Ainsi, la SF peut ne servir que de prétexte à une reprise superficielle de clichés qui prétendent à la parodie (« Interstellar Cruise Control », « SPF 2000 »). Mais une connaissance profonde de la SF peut aussi apporter de vrais bijoux (« Split », « Stargay »). De la même manière, l’homosexualité peut recevoir un traitement anecdotique voire largement décevant (« Destination Saturne »), ou plus satisfaisant et même jubilatoire (« Les Gays envahisseurs », « Stargay » à nouveau).

« Les PD dans l’espace » de Rob Clarke (USA, 2005, 2 min.) est un petit clip d’animation réalisé pour internet par un dessinateur facétieux. Il entre tout à fait dans la mouvance hédoniste des comics gays.

« Les Gays envahisseurs » de Myriam Donnasice (France, 2003, 6 min.) milite de façon sympathique, vu le peu de moyens, par le biais de l’ironie. Les thèmes homophobes de l’invasion et de la contamination y sont tournés en dérision, et en musique s’il vous plaît.

« Interstellar Cruise Control 4000 » de Michael Velliquette (USA, 2005, 10 min.), malgré le travail sur les images brouillées et recolorées, ne fait pas oublier le propos xénophobe : l’extermination d’un clone, sous le prétexte de défendre les droits sexuels. C’est peu dire que l’humour tombe à plat.

« SPF 2000 » de Patrick McGuinn (USA, 1997, 11 min.), qui se déroule au bord d’une rivière, montre une scène de drague très amusante, avec une mère involontairement complice. Mais à côté de la fraîcheur et de la justesse du début, l’arrivée de l’extraterrestre apparaît comme plaquée et artificielle. L’extraterrestre qui tente d’entrer en contact revient dans l’autre court du même réalisateur, « Suroh ».

« Split » d’Erik Deutschman (USA, 1997, 12 min.) se place dans la lignée du David Lynch d’Eraserhead. Énigmatique et profondément original, avec une bande son très travaillée et une utilisation de l’image avant-gardiste et pleine de sens, ce court-métrage livre une réflexion sur le corps et les rapports entre extérieur et intérieur assez angoissante, pour ne pas dire éprouvante. « Split » arrive de plus à entrer véritablement dans une problématique gay. On ne peut que souscrire aux louanges de Clive Barker, qui encense ce film fascinant !

« Stargay » de Stephan Deraucroix (1999, 15 min.) est un film français mais il est majoritairement parlé en anglais. Dans une base spatiale isolée, les gays sont ultra-minoritaires. Pertinent et ingénieux, « Stargay » exploite avec intelligence le cadre SF, dont on ne peut extraire l’histoire, tout en rendant transposable la solitude du héros. Et en plus, c’est drôle ! Malgré des moyens limités, une réussite incontestable.

« Destination Saturne » de Carnior (Canada, 2003, 17 min.) fait sourire d’abord, car les feuilletons de SF des années 50 font l’objet d’une parodie savoureuse : filmé en noir et blanc, le court recycle les clichés. Mais l’humour montre vite ses limites, et l’homosexualité, reléguée à l’arrière-plan, est traitée avec indigence.

« Suroh, l’E. T. auto-stoppeur » de Patrick McGuinn (USA, 2000-2005, 33 min.)  semble mélanger l’esthétique du porno gay des années 80, le film de SF de série Z et le cinéma underground. Un gay S/M recueille un extra-terrestre qui s’est écrasé sur Terre. L’image est laide, les effets spéciaux artisanaux, et le discours pompeux. Propos et images hétérogènes n’apportent guère plus de crédibilité à cette confrontation de différences. On peut cependant saluer l’entreprise rarement tentée de trouver une sexualité commune entre un humain et un extraterrestre.

On peut regretter la quasi absence de lesbiennes dans ce premier bouquet : seul « Les Gays envahisseurs » les prend en compte… Initiative passionnante, cette collection permet cependant de révéler des courts-métrages souvent talentueux, novateurs ou audacieux. Ils ont le mérite de chercher leur propre langage, et ne peuvent qu’encourager de nouvelles créations. Les homos n’ont pas fini de secouer la SF, et la SF n’a pas fini d’interroger la sexualité…

Pour plus d’informations :

Le site des Films de l’Ange



Fiche technique :
Avec Jean-Philippe Ecoffey, Hélène Vincent, Michèle Laroque, Georges du Fresne, Daniel Hanssens et Laurence Bibot. Réalisé par Alain Berliner. Scénario de Chris Vander Stappen et Alain Berliner. Directeur de la photographie : Yves Cape. Musiques de Dominique Dalcan.
Durée : 88 mn. Disponible en VF.

Résumé :
Evocation de la différence à travers l'histoire de Ludovic, garçonnet persuadé d'être une petite fille.
L'avis de Jean Yves :
Dans ce film, Alain Berliner s'intéresse aux tracas identitaires d'un petit garçon de 7 ans, Ludovic, qui se prend pour une fille. Le traitement d'un tel sujet aurait pu être passionnant. Mais pour cela il aurait fallu que le réalisateur choisisse d'interroger toutes les questions qui tournent autour de l'identité de l'enfant. Ce qu'il n'a pas choisi de faire. Dommage que jamais le scénario ne se pose la question de savoir comment un petit garçon en vient à se prendre pour une petite fille.
En refusant de réfléchir à la personnalité de Ludovic, le réalisateur n'a fait qu'aplatir le personnage. Comme si « l'inversion sexuelle » en question ici se réduisait à un simple goût disproportionné pour le travestissement, une sorte de fantaisie.
Je ne m'explique toujours pas comment Ludovic arrive à ne pas intégrer la censure que lui applique son entourage. Il continue à s'habiller en fille, à raconter qu'il en est une, sans se rendre compte que ce faisant il transgresse une norme. Pourtant comme tous les petits garçons qui se sont déjà déguisés en fille, je sais dans quels abîmes cette pratique m'a entraîné. On dirait que Ludovic a une telle force psychologique que le regard des autres n'agit pas sur lui. Même si j'accepte bien volontiers que le cinéma n'est pas une traduction du réel, je trouve cela quand même difficile à avaler.
Pour fuir la violence sociale quand même bien présente dans le film, Ludovic se réfugie tranquillement dans un monde enchanté rose pastel, nappé de musique sucrée et de rêve de pacotille. Comme si cette violence ne produisait dans le monde intérieur du garçon ni honte ni culpabilité. Il aurait pourtant été passionnant de voir comment l'enfant réagit quand il prend conscience de son attitude perçue comme monstrueuse par son entourage. Alain Berliner avait là un beau sujet de film : c'était une occasion rêvée d'aborder, par exemple, la question de la sexualité infantile…
Le film, en évacuant toutes ces zones de questionnement, devient « recevable » à tout public. Mais je doute qu'une telle normalisation du sujet serve à faire évoluer les idées et les clichés.

Pour plus d’informations :


Fiche technique :
Avec Kevin Kline, Joan Cusak, Matt Dillon, Debbie Reynolds, Wilford Brimley, Bob Newhart et Glenn Close. Réalisé par Frank Oz. Scénario : Paul Rudnick.   Directeur de la photographie : Rob Hahn. Compositeur : Marc Shaiman.
Durée : 90 mn. Disponible en VO, VOST et VF.

Résumé :
Howard Brackett enseigne la littérature et la poésie anglaises au lycée de Greenleaf, une paisible bourgarde de l'Indiana où il a passé son enfance. Célibataire desinvolte, il est fiancé depuis trois ans à la timide Emily Montgomery, qui attend avec impatience leur mariage, comme sa mère. C'est alors qu'un de ces anciens élèves, devenu comédien, recoit un Oscar à Hollywood. Filmé par la télévision, il rend un hommage public à son ancien professeur et inspirateur, Howard Brackett... qui est gay.
L’avis de Olivier Loncin (Cinopsis) :
Howard Brackett, honorable prof d'anglais d'une non moins honorable bourgade typiquement US, est sur le point de se marier. Mais ne voilà-t-il pas que lors de la cérémonie des oscars, Cameron Drake, ancien élève de Howard et désormais meilleur acteur, dédie son oscar tout frais à son professeur et à l'homosexualité de ce dernier. Émoi dans la bourgade ! Émoi dans le moi d'Howard ! Être gay ou ne pas être gay, telle est la question.
Nous voici en présence d'un pur produit hollywoodien qui, sur le ton de la comédie, nous apprend qu'être homosexuel n'est pas une maladie honteuse. Quoi ? Comment ? On peut être homosexuel et être un type bien ? On peut être pédé et ne pas être rejeté par son papa et sa maman ? Quelle découverte ! Quel choc ! Ironie à part, ce qui est effarant, au-delà des maigres qualités comiques de la chose, c'est qu'en 1998, Hollywood se sente encore le devoir moral d'expliquer ce genre de trivialités au bon peuple américain. Bien sûr, les scandales répétés liés aux supposées relations extra-conjugales de monsieur Clinton nous laissaient entrevoir le virulent regain de puritanisme au pays de l'oncle Sam. Mais tout de même, Tom Hanks était sorti oscarisé pour Philadelphia, qui avait de surcroît rencontré un réel succès public.
Remettre pareillement le couvert pour un combat (à savoir, l'acceptation de l'homosexualité dans notre société occidentale) que l'on aurait souhaité être définitivement d'arrière-garde, fait froid dans le dos.
Il est de certaines avancées sociales et/ou culturelles que l'on aimerait pouvoir tenir pour définitivement acquises, du genre le droit de vote pour tous, la gratuité de l'enseignement, le droit des femmes à la contraception, l'abolition de la peine de mort. Le respect des inclinations affectives et sexuelles de chacun fait partie de ces avancées. L'existence même d'un film comme In & Out ne fait que prouver qu'en ces matières les retours en arrière sont toujours possibles et que, tel le Phénix, l'obscurantisme puritain sera toujours capable de renaître de ses cendres.
Sombre constat que ne vient même pas égayer la présence de Frank Oz à la réalisation. L'autrefois jubilatoirement burlesque réalisateur de The Little Shop of Horror, de Dirty Rotten Scoundrels ou encore de What About Bob ? a laissé sa verve au vestiaire pour assurer une rassurante mise en boîte. Et ce ne sont pas les quelques vannes lancées à l'encontre de la cérémonie des oscars et des top models (bien que le coup du téléphone soit authentiquement génial !) qui relèveront ce brouet par ailleurs bien peu pimenté.
Ah oui, pour ceux qui s'inquiétaient de savoir ce que Tom « Magnum » Selleck était devenu, le voici de retour, peigné et sans moustache, dans le rôle d'un journaliste touille crotte.

L’avis de Q. B. :
Charmante comédie sur un sujet pas toujours facile à traiter, In & Out de Frank Oz permet à Kevin Kline de jouer le rôle d'Howard Brakett, un professeur de littérature qui va devoir se retrouver malgré lui confronté à son homosexualité et ce juste au moment où il va se marier. On vous laisse alors imaginer les gags de circonstance qu'une telle situation peut entraîner. Oz évite la vulgarité de certains films sur ce sujet pour aborder l'histoire avec sensibilité et humanité, même si l'on pourra reprocher au réalisateur d'un peu trop « marcher sur la pointe des pieds » et ne de pas trop prendre de risque. On évite pas évidemment certains clichés comme la scène finale lors de la remise des diplômes qui rappellent un peu le style de la fin de Dead Poets Society de Peter Weir (Le Cercle des Poètes Disparus).
Pour plus d’informations :

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