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FILMS : Les Toiles Roses


Fiche technique :
Avec Claire Nebout, Patri
ck Jouanné, Françoise Arnoul et Jean Dasté. Réalisé par Guy Gilles. Scénario : Guy Gilles. Directeur de la photographie : Jacques Boumendil. Compositeur : Vincent-Marie Bouvot.
Durée : 90 mn. Disponible en VF.

Résumé :
Jean, peintre à Paris, erre de cabine en cabine. Tout le nuit il va parler par téléphone à Stella, une jeune femme avec qui il a vécu, de leur histoire d'amour qui se termine. Au fil de son parcours il va rencontrer un jeune prostitué.
L'avis de Jean Yves :
Avec Nuit docile, le spectateur est frappé par l'incessant passage du noir et blanc à la couleur. Il faut noter que, Jean, l'homme qui rompt avec sa femme, est peintre : il voit certaines choses comme des tableaux, comme il aimerait les peindre. En utilisant le noir et blanc et la couleur, le réalisateur permet de relier les retours en arrière à ce que Jean vit cette nuit-là. On peut penser aussi que ce sont des images mentales qui rejoignent son univers pictural qu'il a dans sa tête.
Jean rencontre des gens, et en particulier le jeune Jeannot qui lui donne la possibilité de vivre en une nuit tout ce qu'il aurait voulu vivre durant toute sa vie. Il explique à sa femme que son sens de l'absolu le pousse à considérer l'amour d'une manière romantique mais il regrette que l'amour ne dure pas avec la force des premiers jours.
Avec l'apparition de Jeannot, Jean va vivre pleinement tout son potentiel en un laps de temps très court. Jeannot est une sorte d'accoucheur qui révèle la vérité des autres personnages. Plus exactement un accoucheur accouché, car Jean est aussi amené à faire dire des choses à Jeannot. Mais le jeune homme, qui est un cynique tendre, est tellement pris dans son style de vie qu'il ne se rend plus très bien compte de ce qu'il vit : il est dans un tel état de confusion que les choses les pires lui semblent naturelles.
Quand Jeannot dit : « La mort je la vois en face », on peut considérer qu'il est conscient de ce qu'il fait : le cœur de son personnage reste pourtant cette peur d'aimer qu'il manifeste notamment dans la cabine téléphonique lorsqu'il déclare qu'il n'aimera jamais.
Jean lui répond alors :
« Tu aimeras, tu souffriras comme tout le monde, sinon tu deviendras un vilain petit fruit sec. »
Jean, l'adulte, tient en quelque sorte un double discours, puisque avec Stella qu'il a aimée et avec Jeannot, il fait courir sur le film deux langages différents :
– En révolte contre Stella, il tient un langage plutôt dur, mais on voit dans les retours en arrière qu'à d'autres moments de leur vie commune, il n'a pas toujours parlé comme ça.
– Au contraire, l'espèce de désespoir du jeune prostitué l'amène à lui dire ce qu'il y a de beau dans la vie.
Entre cette dureté et cet enthousiasme, il y a Rémy, le cinéaste qui a aimé Jean et que Jean a aimé lorsqu'il était adolescent. Rémy est une sorte de médiateur. Nuit docile oppose le visage marqué de Jean à ce qu'il était à dix-sept ans, sur la vidéo de Rémy. C'est un peu un résumé de la vie, l'altération des visages et la fixité du souvenir. Jean est court-circuité par le temps, mais c'est surtout un homme qui se sent ballotté entre sa passion de l'art et celle des êtres humains. C'est difficile pour lui de concilier ces deux passions, mais la situation est plus difficile encore pour les gens qui l'aiment : l'art est un rival pour Stella.

Pour plus d’informations :
Le site consacré à Guy Gilles

Fiche technique :
Avec Stéphane Audran, Jean-Pierre Bacri, Jean-Luc Bideau, Roland Blanche, Richard Bohringer, Fanny Cottençon, Darry Cowl, Eva Darlan, Denise Grey, Sylvie Joly, Bernadette Lafont, Jacqueline Maillan et Bernard Menez. Réalisé par Jean-Pierre Mo
cky. Scénario : Jean-Pierre Mocky. Directeur de la photographie : William Lubtchansky. Compositeur : Gabriel Yared.
Durée : 88 mn. Disponible en VF.

Résumé :
Charles et Emmanuelle convolent en justes noces. Ils ont cent ans chacun et décident de profiter enfin de la vie. Mais qui va leur succéder à la tête de la parfumerie Vanbert ? Charles, à l'occasion du séminaire annuel où tous les cadres de l'entreprise sont réunis, décide de choisir son remplaçant.
L'avis de Jean Yves :
Les Saisons du plaisir, même s'il fait plus penser à un super show télévisé qu'à un film, a au moins le mérite, de n'être ni bêtifiant ni gnangnan. Réunissant une escouade de comédiens (un peu à la manière d'une émission de variétés), il entend distiller un comique bête et méchant qui n'épargne quasiment personne.
Seuls peut-être, Charles Vanel et Denise Grey, en couple de centenaires encore alertes, passent entre les flèches empoisonnées du réalisateur, et même l'aident à en décocher de cruelles.
Le scénario est un exemple de minceur : le vieux couple, qui est à la tête d'une grosse entreprise de parfums, reçoit dans son château provincial les successeurs potentiels à l'occasion d'une fête annuelle.
Non loin, une centrale nucléaire menace régulièrement la région. Le bruit que la succession est ouverte déchaîne les rivalités : les postulants s'acharnent les uns sur les autres avec les arguments les plus bas, au sens propre comme au figuré.
INVENTAIRE :
– Jacqueline Maillan, à moitié nue en petite fille de soixante ans, est la plus étonnante de cette gâterie des fantasmes. Fille du couple centenaire, elle s'excite en cachette avec son minitel pour compenser les défaillances de son mari.
– Jean Poiret cherche les minettes, tandis que sa compagne se satisfait avec une sensuelle domestique.
– Dragués par Sylvie Joly frustrée, Richard Bohringer et Bernard Menez préfèrent la révélation des amours entre hommes derrière un rocher.
– Bernadette Lafont interdit à sa fille d'approcher les garçons ; on apprendra qu'elle se fera plaisir en essayant elle-même les jouvenceaux qui soupirent après la jeune vierge.
– Roland Blanche aligne les billets de 500 F, et le sort veut qu'il montre à tout le monde qu'il est monté comme un âne.
– Quant à Darry Cowl, il lorgne sur un jardinier, fils d'immigrés qui sent bon l'exotisme et le danger.
Les pédés comme les autres en prennent plein la gueule devant la caméra du vilain Mo
cky.
C'est parfois amusant, c'est vrai, mais pour le cinéma, on repassera.

Pour plus d’informations :

 

Fiche technique :
Avec Mostéfa Djadjam, Anna Magdalena Montezuma et Antonio Orlando. Réalisé par Werner Schroeter. Scénario : Werner Schroeter et Magdalena Montezuma. Directeur de la photographie : Elfi Mikesch.
Durée : 90 mn. Disponible en VO et VOST.

Résumé :
Albert vit avec sa mère dans une demeure au Portugal. Il cultive les roses et cherche la fleur idéale tandis que sa mère les vend. Il va être fasciné par le jeune Fernando, qui vit reclus dans sa bergerie.
L'avis de Jean Yves :
Albert surprend Fernando en train de dévaliser la chapelle de sa demeure. Il le séquestre et devient son amant. Une passion brûlante et mortelle sous l'œil de sa mère, Anna.
La mort rôde constamment dans ce film de Werner Schroeter. Pas de trame, d'histoire précise dans ce long métrage, mais une suite de symboles, où la musique et les langages de tous horizons se mêlent pour un hymne à la passion mortelle.
Chant funèbre : Le Roi des roses ne l'est pas seulement en vertu de l'atmosphère outrancièrement morbide qui plane sur l'action. Ce film est chargé d'épines. Du reste, la référence au Christ, au chemin de croix, parcourent l'ensemble de cette longue procession funèbre.

Le Roi des roses est une célébration, où la multiplicité des langues rencontre le bel canto, l'opéra, l'oratorio, la rengaine populaire... hors de toute signification explicite, ressaisis par la pellicule, dans une pure imagerie d'esthète comme si les idées, la psychologie, la rhétorique paroles/son/images n'intéressaient absolument pas le réalisateur.
Trois interprètes, trois origines dans cette histoire (une Allemande Anna/Magdalena Montezuma, un Arabe Albert/Mostefa Djadjam et un Italien Fernando/Antonio Orlando). Ce tissage de cultures renvoie à l'extraordinaire bande sonore du film à laquelle Schroeter a apporté le plus grand soin.
Pablo Neruda récite lui-même un poème en espagnol. Melina Mercouri fredonne : « Je te dirai les mots les plus beaux… des mots d'amour que je connais... et que je n'oublierai jamais… ». La radio nasille une série noire anonyme des années quarante... Tour à tour on entend du Verdi, du Puccini. Théodorakis se mêle aux folklores portugais, italien. Fernando récite devant la vierge des prières napolitaines. Albert lit des extraits du Coran. On passe de Charpentier à Edgar Allan Poe comme si pour Werner Schroeter, toute langue, toute musique, était un chant. Le film utilise six langues différentes et la version sous-titrée serait encore plus accessible si on avait aussi traduit tous les éléments musicaux qui se superposent comme autant de strates, à mesure que le film avance.
De même, visuellement, les symboliques s'accumulent, se rechargent mutuellement : les roses, le sang, le rite d'ablution, la noyade dans l'écume, la source sur le rocher, le feu, l'envol des oiseaux, le batracien...
Schroeter apparaît ainsi dans ce long métrage comme un véritable géomètre de l'image, un orfèvre de la lumière, un maître dans l'art de la composition des couleurs. Sa caméra trouve à chaque plan l'angle le plus approprié, le moins orthodoxe.
Anna éprouve pour son fils, Albert, un amour quasi-incestueux. C'est pour cela qu'elle ne veut pas voir ce qui se passe dans la bergerie. Anna ira même jusqu'à proposer à l'amant de l'argent pour qu'il parte... Le fils, pour sa part, est dépassé par les sentiments que lui inspire Fernando : cette rencontre entre les deux hommes provoque un tel bouleversement intérieur chez Albert que ça le transforme complètement.

Le Roi des roses exploite avec tendresse le thème de l'être capturé et séquestré finalement captivé par son ravisseur. Albert se laissera emporter par sa propre passion, celle de la recherche de la rose parfaite. Il faut reconnaître que les amours heureuses n'ont pas la même profondeur que les tragédies. Le mérite de Schroeter est d'avoir atteint dans la plus délicate pudeur une sensualité brûlante. L'esthétique du film atteint son sommet avec la scène où Albert entreprend de laver son prisonnier après l'avoir détaché, l'ensemble étant filmé comme une image pieuse.
Pour apprécier ce film, il est recommandé d'ouvrir grand ses yeux et ses oreilles sans chercher une cohérence absolue entre tous les éléments de la mosaïque, du kaléidoscope que seul son réalisateur doit comprendre de bout en bout.

Le Roi des roses est l'exégèse rituelle de la passion mortelle – passion au double sens de « supplice » et de « tragédie du sentiment ». La Mère (abusive), le Fils (bâtard), l'Ange (sacrificiel) y forment une trinité insécable. L'emblème de la fatalité.

Pour plus d’informations :
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Fiche technique :
Avec Shabana Azmi, Nanditas Das, Jaaved Jaaferi, Kulbushan Kharbanda, Ranjit Chowdhry, Khushal Rekhi et Laurence Côté. Réalisé par Deepa Metha. Scénario : Deepa Metha. Directeur de la photographie : Giles Nuttgens. Compositeur : A. R. Rahman.
Durée : 100 mn. Disponible en VO, VOST et VF.

Résumé :
Sita est une toute jeune épouse qui croit à l'amour absolu. Mais Jutin son mari a déjà la tête qui tourne pour une autre. Le frère de Jutin délaisse sa femme, Radha, fuit le désir et les plaisirs et trouve refuge chez un gourou. Tous vivent dans la maison familiale sous le regard sévère de la mère des deux frères, gardienne des traditions ancestrales. Révoltée, Sita refuse le silence et bouscule le fragile équilibre de la famille. Sa rebellion déteint sur Radha et les deux femmes se rapprochent progressivement.
L'avis de gayvisual :
Fire, c’est l’épreuve ultime du feu : le désir de deux femmes de se libérer de la rigidité des castes, des croyances religieuses et des coutumes ancestrales en Inde. C’est la confrontation du monde moderne et de la Tradition.
Après un mariage arrangé, Jatin et Sita se découvrent lors d’un voyage de noce dont l’étape traditionnelle est une visite du temple romantique du Taj Mahal, symbole monumental de l’amour éternel. Sita, vêtue du sari traditionnel, s’émerveille alors de la légende de l’empereur Shah Jahan qui fit construire le mausolée à la mort de sa femme. Jatin est un homme moderne, indifférent au romantisme suranné qu’exprime sa jeune épouse. Ce voyage expéditif révèle alors davantage les dissonances que la complémentarité du couple. Conformément aux usages, Sita est ensuite introduite dans la maison familiale d’un faubourg de New-Dehli.
Accueillie par Radha, la femme soumise d’Ashok, le frère aîné de Jatin, la jeune mariée va rapidement faire face à ses premières déceptions. Elle comprend amèrement que sa vie est scellée comme celle de sa belle sœur, qui vit dans la servitude et la culpabilité de ne pas pouvoir avoir d’enfants. L’inconnu qu’elle a épousé continue de fréquenter une jeune chinoise plus sophistiquée et plus moderne qu’elle. Dorénavant elle doit consacrer sa vie de façon fonctionnelle et utilitaire : travailler dans la boutique familiale, obéir à son époux dans un silence religieux et faire des enfants pour perpétuer le nom et occuper son quotidien.
Toute la famille se partage un même appartement, soumise aux injonctions silencieuses de Biji, la mère des deux frères, paralysée et muette. Celle-ci représente la gardienne rigide et intraitable de la Tradition qui ne manque pas de sanctionner le moindre écart irrévérencieux de conduite.
Chaque soir, une fois le petit commerce familial fermé, Jatin rejoint la jeune Chinoise. Celle-ci a refusé de l’épouser, convaincue de sa réussite prochaine dans le cinéma de Hong Kong. Marié depuis quinze ans à Radha, qu’il n’honore plus depuis longtemps, Ashok, rejoint son gourou à la recherche obsessionnelle d’une pureté transcendantale. Il a appris à renoncer à tout désir charnel, à choisir l’indifférence des sens afin d’approcher l’illumination éternelle.
L’une bafouée et méprisée par son époux volage, l’autre délaissée par un mari dévot, Sita et Radha se retrouvent seules, nuit après nuit, dans l’ombre de la terrasse. Elles partagent la même huile dont on oint les cheveux, se confient l’une à l’autre, s’apprivoisent et se comprennent instinctivement. Elles partagent le même territoire, la même solitude, les mêmes frustrations et les mêmes impressions. Les deux belles-sœurs vont découvrir une échappatoire aux manques absolus de tendresse et d’amour dont elles souffrent cruellement au quotidien.
De cette oppression culturelle va naître d’abord une forte complicité empreinte de grâce et de douce sensualité puis un amour tendre et fusionnel entre les deux femmes.
Leur liaison mise à jour, la Tradition exige que Radha se prosterne aux pieds de son mari et implore son pardon. Mais pour elle, « la vie c’est le désir ». Sans désirs, elle était « morte ». Elle lutte avant tout pour « vivre encore ».
Sexe, religion, Tradition, tribu familiale et racisme sont les thèmes explorés par ce film qui parvient à présenter les contradictions d’une Inde duale en quête d’identité. Les désirs et les frustrations des femmes sont complètement laissés pour compte. Le mot « lesbienne » n’existe d’ailleurs pas en hindi. La relation homosexuelle apparaît comme un refuge face à une société phallocratique, insensible et conventionnelle. Ecartelées entre le désir de maîtriser librement leur vie et la Tradition écrasante, les femmes revendiquent leur droit à exister.

Fire n’est pas un film sur le sexe. Il ne fait pas l’apologie de l’homosexualité ou du choix d’orientation sexuelle. Il illustre davantage les inégalités entre hommes et femmes. Entre un frère qui incarne la Tradition et la soumission à une religion conservatrice et intolérante, et l’autre tenté par les luxes occidentaux, il ne reste aucune place pour le désir et l’autonomie des femmes. À travers cette histoire amoureuse, c’est d’abord la condition et le statut de la femme en Inde qui sont visés.
Deepa Mehta lutte à travers ce film contre l’arbitraire des dogmes religieux, une sexualité utilitaire et reproductive, la hiérarchie des sexes, le mariage arrangé et lutte pour l’homosexualité, le droit des femmes à disposer d’elles-mêmes. Elle ne cache rien, mais dévoile avec beaucoup de pudeur la maturation et l’épanouissement du désir et le besoin de liberté. La réalisatrice, qui fut menacée de mort dans son pays lors de la sortie du film, milite pour un autre développement de son pays à travers un cinéma contestataire et libre.

Fire fut couronné en 1996 par les festivals les plus célèbres : Festival de New York, prix du public au Festival de Toronto, Rencontres Internationales de cinéma à Paris, Prix spécial du jury du Festival de Mannheim-Heidelberg, Prix de la meilleure Actrice pour Shabana Azmi du Festival de Chicago. En 1998, lors de sa sortie sur les écrans français, le film fut salué par l’ensemble de la critique.
L’interprète de Radha, Shabana Azmi, a joué dans quatre-vingt-dix films depuis 1974, notamment dans la Cité de la Joie en 1992. De confession musulmane, elle est l’objet d’une Fatwa pour son rôle dans Water (2002) le dernier film de Deepa Mehta. Pour elle, « le cinéma doit être entendu comme un instrument d’évolution sociale ». Elle est par ailleurs ambassadrice des Nations Unies et membre du Parlement Indien.

Fire est un film qu’il faut absolument apprendre à connaître et promouvoir pour découvrir un cinéma indien qui est à  la fois ancré dans la Tradition artistique de son pays, avec une grande beauté des images, une pudeur empreinte de sensualité et des couleurs chaudes, mais également parce qu’il apporte un souffle nouveau, moderne et subversif.
Il est d’autant plus important de le soutenir qu’il fut très controversé lors de sa sortie en salles. En Inde, Fire a été retiré des salles suite aux violences perpétrées par des extrémistes hindous et le gouvernement a exigé que le film repasse devant la commission de censure.
L’avancée des Droits de l’homme et des Libertés Publiques d’un pays se juge finalement plus par la violence de telles réactions que par l’œuvre elle-même. Elles prouvent le danger de se brûler aux institutions et aux interdits. 

Pour plus d’informations :


Fiche technique :
Avec Bernard Bloch, Christiane Cohendy, Madeleine Marie, Albert Delpy, Jean Dautremay, Bernard Freyd, Hans-Rudolf Twerenbold et Jacques Bonnafé. Réalisé par Richard Dindo. Scénario : Richard Dindo. Directeur de la photographie : Pio Corradi.
Durée : 141 mn. Disponible en VF.

Résumé :
Film documentaire de fiction qui retrace la vie d' Arthur Rimbaud en faisant parler les gens qui l'ont le mieux connu : sa sœur Isabelle sa mère Vitalie son ami d'enfance Delahaye son professeur Izanbard Paul Verlaine et l'employeur à Aden, M. Bardey.
Les personnages (joués par des acteurs) racontent la vie de Rimbaud dans les lieux même où celle - ci s'est passée dès l'enfance, jusqu'à la mort en passant par Charleville, Paris, Londres, Bruxelles, Aden et Harrar.
Tout le film se comprend comme une enquête qui a eu lieu quelques années après la mort du poète et qui reconstitue les moments cruciaux de sa vie, avec cette question qui revient toujours : pourquoi a-t-il abandonné la littérature ?
La voix de Rimbaud est reconstituée comme un monologue intérieur qui traverse le film à travers des extraits de poèmes et de lettres.
Bref, un film sur la parole et la mémoire, à partir de la vie du poète rebelle, du plus illustre des poètes.

L'avis de Jean Yves :

Ni évocation documentaire, ni analyse de texte, ni exégèse biographique, le film se contente de faire dire le poète (par la voix de Pascal Bonnaffé) et parler les témoins, à la manière d'une enquête fictive qu'on viendrait mener à Charleville, quelques années après la mort du poète.
L'écrivain Alain Borer a grandement contribué à démythifier l'image double du voyant maudit, changé en sombre mercenaire. Il est probable que le film de Richard Dindo doit beaucoup à ses ouvrages : déjà, ils restituaient Rimbaud, non dans la séparation, mais au contraire dans la profonde et tragique unité de son existence : l'archange adolescent du Bateau Ivre est bien le même que le grabataire gangrené d'Aden.
Il n'y a qu'un seul Arthur Rimbaud, de Charleville en Abyssinie, c'est ce que nous montrent ces témoins rétrospectifs, tous admirablement crédibles, avec la distance qu'il faut pour que le film ne soit précisément pas une reconstitution.
Sur ce que fut exactement sa liaison avec Verlaine, sur son importance biographique et sa dimension sexuelle, le film de Dindo a le mérite de ne pas faire l'impasse d'usage. Même si aucun poème de l'album zutique n'est cité...
Un Rimbaud en son temps, en somme, très scrupuleux et très élaboré.

Pour plus d’informations :
Lire un autre avis

Fiche technique :
Avec Sandrine Bonnaire, Marc Fourastier, Paul Blain, Evelyne Bouix, Tanya Lopert, Armand Delcampe, Xavier Beauvois et Pascal Bonitzer. Réalisé par Michel Béna. Scénario : Isabelle Coudrier-Kleist, Cécile Vargaftif et Michel Béna. Directeur de la photographie : Jean-Marc Fabre. Compositeur : Jorge Arriagada.
Durée : 90 mn. Disponible en VF.

Résumé :
Marc et Suzanne ont quitté ensemble le sud de la France et habitent en amis le même appartement à Paris. Un jour, à la piscine, Suzanne s'évanouit dans l'eau et va se noyer quand Marc et un inconnu la sauvent. Le trio, devenu inséparable, continue de jouer le jeu d'une amitié sans nuage, qui n'est qu'une illusion.
L'avis de Jean Yves :
Un chassé-croisé entre trois jeunes gens, sur le thème du désir.
Marc et Suzanne partagent à Paris le même appartement. Une pudique amitié les lie, jusqu'au jour où ils rencontrent à la piscine qu'ils fréquentent assidûment, Lucien, un garçon plutôt renfermé qui sauve Suzanne de la noyade. Marc, homosexuel, est immédiatement séduit par le jeune homme qui, lui, n'a d'yeux que pour Suzanne. Une amitié douloureuse va unir les trois personnages...
Un imbroglio sentimental à la tonalité plutôt sombre qui mêle trois êtres jeunes, deux garçons et une fille, entre lesquels circule, volatile, récurrent, panique, le désir.
Dans Le Ciel de Paris de Michel Bena (un ancien assistant de Téchiné), on a souvent l'impression que l'essentiel s'est passé hors champ. Cette histoire d'amour à trois, pas vraiment triangulaire, vaut par la présence d'une Sandrine Bonnaire (Suzanne) excellente, honnêtement secondée par Marc Fourastier (Marc) et Paul Blain (Lucien).
Suzanne s'y montre à fleur de peau. Lucien est un peu gauche et coincé et voudrait tant que Suzanne soit à lui, d'emblée. Marc, est le plus habité de ce trio fatal, en dépit (ou à cause) de son âpreté. Une rencontre à la piscine, un amour-passion indicible et précaire, sans répondant, pour Lucien qui, lui, en pince pour Suzanne, l'amie-complice de Marc.
Marc est un personnage très entier. Il drague Lucien à la piscine, et on a l'impression parfois que c'est Lucien qui le dévore du regard. Lucien est sans doute simplement troublé. Pour lui, Suzanne et Marc sont des inconnus, c'est le garçon qui l'accoste, mais il imagine que cette femme et cet homme forment un couple. À un moment, Lucien dira à Marc : « Je ne peux pas te donner ce que tu demandes. »
La force du sentiment conduit au désir. Les sentiments sont asexués. C'est très bien montré dans le sens Suzanne-Marc. Mais entre Lucien et Marc, l'échec est patent. Suzanne navigue de l'un à l'autre. Lucien n'a catégoriquement rien à dire à Marc.
Marc apparaît comme une victime et en même temps, il est difficile de le trouver totalement sympathique. Marc vit avec Suzanne sans la voir. Il exige tout, immédiatement, de Lucien. Quand il se rend à l'évidence que cela ne marche pas, il dit à Suzanne : « Laisse-le tomber. Suis-moi ! »
Par déception Marc va « se lever » un type sur les quais. Le mec qu'il rencontre a tout pour séduire, mais Marc, au retour, ne se sent pas plus heureux. Il ne recherchait donc pas simplement un corps...
Dans Le Ciel de Paris est un film assez « janséniste » : le dialogue est très stylisé, il n'y a pas de musique. Comme si le réalisateur avait voulu aller droit au but, éviter tout élément inutile à l'intrigue. À la manière d'une tragédie classique, où les actes quotidiens, quand ils ne sont pas éludés, doivent produire du sens.
Entre Suzanne et Marc, le compagnonnage reste périlleux, traversé de rancœur et de jalousie. À la dernière image du film, la piscine est vide, et l'eau transparente...

Pour plus d’informations :
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Fiche technique :
Avec Cecilia Bengolea, Leonardo Brezi
cki, Carlos Issa, Fernando Moumdjian, Juan Martin Gravina, Adrian Fondari, Pablo Razuk, Fabien Talin et Adrian Blanco. Réalisé par Veronica Chen. Scénario : Veronica Chen. Directeur de la photographie : Nicolas Theodossiou. Compositeur : Edgardo Rudnitzky.
Durée : 91 mn. Disponible en VO et VOST.

Résumé :
Andres a vingt ans. C'est un « taxiboy », un prostitué volant. Il opère la nuit, souvent dans les cabines de distributeurs de billets. Il vient de se vendre à un homme quand Réni entre pour prendre de l'argent. Ensemble, ils vont errer dans un Buenos Aires tentaculaire et luminescent. Un jeu dangeureux s'installe qui mêle amour, désir et argent...
L'avis de gayvisual :
Andrés est un jeune homme de vingt ans, très beau. Chaque nuit, il glisse en rollerblades sur le « monstre tentaculaire » qu’est la ville agitée de Buenos Aires à la recherche de nouveaux clients.
Il se prostitue dans des guichets automatiques sous le contrôle indiscret des caméras de surveillance. Une nuit, Reni, une jeune fille âgée également de vingt ans, le rencontre dans l’un des guichets alors qu’il se trouve en compagnie d’un de ses clients. Elle entre, retire de l’argent et oublie sa carte. Il la conserve et n’accepte de la lui rendre que si elle se soumet à son jeu : il lui demande cent dollars pour la satisfaire. Mais elle n’a pas l’habitude de payer pour obtenir en échange du sexe ou un peu d’amour. Elle refuse et le laisse partir avec sa carte.
Chanteuse dans un bar de nuit, elle s’euphorise sur une musique moderne qui mélange les percussions traditionnelles aux sons électroniques. Son monde s’effondre lorsqu’elle perd son job de chanteuse et du même coup ses amis. Cet événement sera pour elle l’opportunité de donner une ouverture nouvelle à sa vie, de se laisser séduire par la beauté d’Andrés et de plonger aveuglément dans son univers peu conventionnel.
Elle découvre que pour lui l’amour a un prix. « Si tu n’as pas de prix, tu n’as rien à offrir, tu es sans valeur. Tu ne vaux rien. L’amour, c’est l’échange. » Être payé, c’est l’unique moyen pour Andrés de se sentir aimé. La dignité n’a pour lui aucune signification. Andrés choisit de dire « oui » à tout. Il ne se considère pas comme indispensable, mais seulement comme étant cher. Parce que Reni désire être aimée à son tour, le couple se laisse acheter par le même client. Il ne s’agit pas tant d’une initiation à une nouvelle façon de vivre que l’unique moyen pour elle d’approcher l’intimité d’Andrés, de partager sa vérité et de fuir loin dans son sillage.
Mais peu à peu, la douceur et la légèreté du jeu de l’attirance et de la séduction se mélange au goût amer de la mélancolie. Andrés et Reni se blessent mutuellement car ils ne parviennent pas à se rencontrer véritablement, à se posséder. Reni lui avoue ne pas vouloir oublier Andrés alors que ce dernier ne veut surtout pas qu’elle lui manque.

Vagon Fumador ne peut être une histoire d’amour. Il s’agit de deux sensibilités différentes qui se confrontent la nuit dans Buenos Aires, juste le temps de la rencontre.
Vagon Fumador fut produit par Donald K. Ranvaud qui fut également producteur exécutif de Central Do Brasil (1998) ou encore producteur associé de Adieu ma concubine (1993). Le présent film fut présenté au Festival du Film SUNDANCE aux États-Unis.
Verónica Chen, la réalisatrice du film, est née à Buenos Aires (Argentine) en 1969. Elle étudie la littérature à l’université puis suit des cours de mise en scène au CERC (Centro de Experimentación y Realización Cinematográfica). Depuis 1995, elle travaille en tant que monteuse pour des films de Daniel Burman, Un chrysanthème explosé à cincoesquinas présenté en 1998 au Festival des films du monde de Montréal et En attendant le Messie en 2002. Elle réalise également quelques courts-métrages, dont Ezeiza et Qué Felicidad. Elle signe avec Vagon Fumador son premier long-métrage.

Vagon Fumador s’inscrit complètement dans cette nouvelle vague marquant le cinéma argentin depuis quelques années. Cette renaissance a en effet comme caractéristique de présenter une réalité imprégnée par une Argentine à la fois moderne et moribonde et de révéler les blessures d’un pays sensible à des changements sociaux, de profondes inégalités et la chute des idéologies. Cette réalité sert de cadre à une fiction filmée comme un documentaire.
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Fiche technique :
Avec Adam Chubbuck, James Ransome, Tiffany Limos, Stephen Jasso, James Bullard, Shanie Calahan, Eddie Daniels, Bill Fagerbakke et Patricia Place. Réalisé par Larry Clark et Edward Lachman. Scénario de Harmony Korine. Directeurs de la photographie : Larry Clark et Edward Lachman. Compositeur : Matt Clark.
Durée : 95 mn. Disponible en VO, VOST et VF.
Résumé :
Un tableau provocant d'adolescents américains de classe moyenne qui trompent leur ennui avec du sexe, de la violence et de la perversion à Visalia, une petite ville de Californie. Leurs parents sont pour la plupart médiocres, aveugles, méprisants et alcooliques.
L'avis de Surfer51 (dvdpascher) :
Ken Park, c'est le nom de l'adolescent que l'on voit au tout début du film faire du skate-board, puis s'arrêter pour se tirer une balle dans la tempe dans un grand jaillissement de sang. Ken Park, c'est le titre d'un film dérangeant, qui choque beaucoup plus par la peinture d'un milieu où les adultes sont aussi paumés que les ados, que par les scènes de sexe non simulées qui lui ont valu une interdiction aux moins de 18 ans. On assiste en parallèle à l'histoire de quatre jeunes confrontés à un monde d'adultes au comportement discutable, voire inacceptable. Claude se heurte en permanence avec son père, un adepte de la musculation, imbibé d'alcool et aux tendances incestueuses. Tate vit chez ses grands-parents qui ne le comprennent pas, et lui-même est incapable de communiquer avec eux et se réfugie dans l'univers virtuel de son ordinateur et dans des pratiques masturbatoires à risque. La jeune Peaches doit composer avec un père rigoriste, vivant dans le souvenir de sa femme décédée et qu'il revoie à travers sa fille qu'il rêve d'épouser. Quant à Shawn, lui a moins de soucis, mais il couche avec la mère de sa petite amie. Le portrait de ce microcosme est sombre, glauque, provoquant, mais se veut l'image d'une certaine réalité qui existe dans les banlieues des grandes villes américaines. Le réalisateur Larry Clark, habitué à peindre des jeunes marginaux de la société, se défend de vouloir choquer les spectateurs, mais choisit de montrer sans artifice leur vie réelle, avec leurs loisirs (skate, ordinateurs, musique…), leur sexualité, et leurs rapports conflictuels avec le monde des adultes, pouvant aller jusqu'au meurtre.
Les quatre jeunes ne sont pas des acteurs professionnels, au contraire des personnages adultes, et Clark les a repérés dans la rue, à l'exception de Tiffany Limos (Peaches), qu'il avait déjà mise en scène précédemment. Leur performance est d'autant plus remarquable car il n'y a aucune fausse note dans leur jeu, et qu'il a du leur falloir un certain courage pour tourner devant la caméra quelques scènes particulièrement explicites. Ceci donne forcément du poids au message que veut délivrer le réalisateur dans sa recherche d'authenticité, sachant qu'il s'est inspiré de faits divers réels pour la plupart des scènes (en particulier celle du meurtre), ou de situations qu'il a lui-même pu constater.

Ce film ne peut être conseillé sans un avertissement sur son caractère jusqu'au-boutiste dans la peinture d'une réalité choquante. Ce spectacle, présenté en sélection officielle à la Mostra de Venise en 2002 ne se veut pas un divertissement, et on en ressort avec une impression plutôt pesante. Il n'en reste pas moins qu'il a été salué de manière unanime par la presse spécialisée qui lui reconnaît des qualités indéniables scénaristiques et cinématographiques, et l'interdiction aux mineurs qui a interrompu sa diffusion en salles a été considérée à juste titre comme un acte de censure scandaleux. C'est un film qu'il faut regarder comme une sorte de reportage, en évitant de trop rentrer dedans si l'on ne veut pas broyer du noir. Heureusement, la dernière scène où Peaches, Claude et Shawn font l'amour de manière saine et libérée permet de terminer le film sur une note un peu plus sereine.

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Bande annonce
 

Fiche technique :
Avec Kevin Bishop, Juliet Stevenson, Paul Rhys, Allan Corduner et Geraldine McEvan. Réalisé par Ventura Pons. Scénario : Ventura Pons, d’après une nouvelle de David Leavitt.
Durée : 112 mn. Disponible en VO et VOST.

L'avis de Fred Goutier (La Lucarne) :
Paul, dix-huit ans, rêve de devenir un pianiste de renommée internationale comme son idole Richard Kensington. Tandis que celui-ci donne un concert à San Francisco, Paul est amené à devenir son « tourneur de page ». Son charme juvénile trouble le maestro. Quelques semaines plus tard, abandonnée par son mari pour une autre femme, la mère de Paul décide de l'emmener à Barcelone où il retrouve Kensington. Là, naîtra entre eux une passion tumultueuse. Mais Kensington finit par être effrayé par la force des sentiments de Paul et retourne à New York, sans un au revoir, pour retrouver son agent et compagnon de longue date ! D'autre part, Paul devra affronter une relation difficile avec sa mère, hystérique et dépressive, à qui il n'a pas osé parler de son homosexualité.
Une réalisation soignée, des décors magnifiques (voir les prises de vue de Barcelone) et des acteurs très justes dans leur interprétation pour un film emprunt de poésie. Sans oublier que Kevin Bishop qui interprète Paul est beau à damner un saint !!! (NDR) C'est un film un peu brouillon, aussi, dans son traitement car les genres n'y sont pas définis de manière assez claire (pendant plus de la moitié du film, j'étais persuadé d'être dans un thriller ! NDR) Le personnage de Paul est-il naïf ou manipulateur ? Victime ou coupable ? Il semble rongé par l'ambition et peut être perçu par moment comme prêt à tout pour parvenir à ses fins. Il semble se servir des autres autant que ceux-ci se servent de lui. Et finalement, il n'en est rien et on ouvre les yeux sur la vraie nature de ce personnage en même temps que ce dernier, aidé par sa mère, ouvre les siens sur ceux qui l'entourent. Une fausse note qui laisse en bouche comme un goût de trop peu.

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Fiche technique :
Avec Emmanuelle Riva, Charlotte Clamens, Gilles Treton, Alexandra Kazan, Jenny Clève, Christophe Huysman, Eric Doye et Christine Murillo. Réalisé par Jean-Claude Tilly. Scénario : Jean-Claude Tilly. Directeur de la photographie : Benoît Delhomme.
Durée : 100 mn. Disponible en VF.

Résumé :
Vigoureuse satire de la petite bourgeoisie à travers les retrouvailles de toute une famille à l'occasion de la fête des mères.
L'avis de Jean Yves :
Juliette, dans la grande propriété de Normandie où elle vit seule avec Honorine, la bonne, (depuis que son mari l'a quittée pour vivre au Brésil) attend tous ses enfants et petits enfants pour la fête des mères.
Tous viennent pour leur mère, mais les liens entre eux sont complexes et les relations tendues derrière les apparences du bonheur...
Huis clos au vitriol…
Jean-Claude Tilly pénètre avec ce film dans les rites d'une famille bourgeoise au charme infiniment peu discret. Loin du Brésil prend d'abord des airs bon enfant : le masque même de la cruauté. Provinciale resplendissante et fanée, Juliette – une Emmanuelle Riva tout en grâce et en glace – a convoqué les siens dans le fief familial pour une Fête des Mères de retrouvailles : galerie de portraits qui imperceptiblement vire, d'un ton de gentille ironie, à une acidité corrosive.
La blonde neurasthénique en cours de grossesse et son faux jumeau, rebelle, flanqué d'une femme impertinente qui fait métier d'écrivain ; la pin-up télévisuelle en transit entre deux reportages tiers-mondistes ; l'aîné, le quincaillier aux mains moites, nanti de sa BMW polishée, de sa bourgeoise sur son trente et un, de sa descendance en kilt, façon Sainte-Marie de Neuilly...
Enfin et surtout, le préféré, Benoît, dit « le bézot » (Christophe Huysman), affublé de son amant clandestin Kim (Eric Doye) qu'il essaie de faire passer pour « un ami », sorte de gigolo aux favoris faussement virils.
Réunion idéale, donc, sous l'œil bovin d'Honorine, la bonne obtuse (excellente Jenny Clève), et tout cela baignant dans les effluves de « mauvaise réputation » que le pays prête à Juliette : veuve joyeuse se consolant, dans la débauche d'un club très privé, de la lointaine désertion maritale.
Le film nous achemine avec un très sûr instinct dramatique vers son dénouement abrupt, lorsqu'il deviendra patent que la mascarade de ces retrouvailles indigènes a assez duré. Quand la famille révèle son vrai faciès de veulerie, d'opportunisme.
Dès lors, ce huis clos, à l'humour acide, tout en demi-teinte, franchit aussi, au dernier acte, le cap de la tragi-comédie respectable, pour passer du côté du drame. À l'instar du visage intraitable, décomposé de Juliette, Loin du Brésil bouleverse alors le château de cartes de l'attachement tribal.
« Familles, je vous hais ! » : le mot fameux de Gide pourrait être l'épigraphe de ce règlement de compte d'autant plus efficace qu'il ne s'annonce jamais pour tel. Tout comme les paroles assassines mais qui n'insistent jamais, le comique qui affleure mais sans jouer les renvois d'ascenseur à perpétuité.
Juste, précis, impitoyable, ce petit film délicatement perfide va droit au cœur : la meilleure cible.

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Fiche technique :
Avec Joe Dallesandro, Taylor Mead, Louis Waldon, Eric Emerson, Alan Midgette, Francis Francine. Réalisé par Andy Warhol et Paul Morrissey.
Durée : 109 mn. Disponible en VO et VOST.

Résumé :
Deux amis sont à la poursuite de leur idéal. Vont-ils le trouver dans la ville fantôme où ils arrivent ?
L'avis de Jean Yves :
Les premiers cowboys homos au cinéma ne sont pas ceux du film d'Ang Lee : Brokeback Mountain, d'après une nouvelle d'Annie Proulx (sortie le 18/01/2006).
En effet, Lonesome cowboys tourné en 1968, par le tandem Andy Warhol/Paul Morrissey, se déroulait déjà dans les reliefs de l'Ouest.
Deux illuminés défoncés traversent une ville abandonnée, en quête d'une âme sœur, d'amis, d'amants pour délirer un peu plus. Cinq somptueux cavaliers de l'Apocalypse surgissent de la nuit, tels des Zorro en goguette. Luttes et pressions s'engagent afin de séduire et de percer les vraies natures de ces cinq frères au goût étrange.
Les cowboys, dans ce film, se comportent en solitaires, une secte qui se suffit à elle-même, alignant les mythes les plus sexistes et affichant une homosexualité latente faite de bravoure, de franche camaraderie et de jeux de mains.
Warhol utilise le cadre qu'il a choisi – le western – pour dévoiler et analyser vies intimes, sociales et modes relationnels. C'est dans ce sens que Lonesome cowboys est un film symbolique : les acteurs incarnent leurs personnages et proposent, au bout du compte, une image qui n'est autre que le reflet de l'Amérique.
Un autre aspect de Lonesome cowboys est de montrer de façon explicite l'élément homosexuel ou plutôt bisexuel latent dans les films de cowboys ordinaires, et plus généralement dans les récits de l'histoire des États-Unis.

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Fiche technique :
Avec Jaya Bachchan, Shah Rukh Khan, Saif Ali Khan, Preity Zinta, Sushma Seth, Reema Lagoo, Delnaaz Paul, Ketki Dave et Sulbha Arya. Réalisé par Nikhil Advani. Scénario : Karan Johar. Directeur de la photographie : Anil Mehta. Compositeur : Shankar Ehsaan Loy.
Durée : 180 mn. Disponible en VO, VOST et VF.

Résumé :
Naina fait partie de la communauté indienne installée à New York. Elle a 23 ans, mais l'air d'en avoir 50 : depuis la mort de son père, elle semble porter le poids de sa famille sur ses épaules, supportant les humeurs massacrantes de sa grand-mère acariâtre, et observant sa mère, Jennifer, subir l'échec de son fast-food, que les banques vont bientôt lui reprendre. Elle se concentre sur ses études et n'a que deux amis : Sweetu, la copine boulotte qui cherche désespérément le prince charmant, et Rohit, le célibataire invétéré qui drague toutes celles qu'il rencontre. L'amour ? Pfff, Naina n'y pense même pas !
C'est alors que s'installe juste en face de chez elle Aman. Il est insouciant, séducteur, drôle, enjoué, blagueur, charmant, insolent. Autant de qualités qui exaspèrent sa voisine au plus haut point...

L'avis de Mérovingien02 :
New-York Masala. Putain, quel titre de merde tout de même ! Je vous vois déjà fuir mais attendez ! Le titre original n'est autre que Kal Ho Naa Ho, ça a quand même plus de gueule ! Et au moins, ça rend justice à la marchandise en lui redonnant son cachet exotique hindi. Un film indien ? Ouais, ben comme d'hab, quoi. Un gros film Bollywood pété de thunes avec numéros musicaux en pièces montées à rendre suicidaire n'importe quel clip MTV et romance rose bonbon qui colle aux dents, le tout enrobé de bons gros marshmallows.
Oui, parce que si vous avez déjà vu un Lagaan (ZZZzzzz....) ou un Devdas, vous ne serez pas spécialement dépaysé. Quoiqu'à bien y réfléchir, New-York Masala fait surtout penser à la Famille Indienne (quel titre de merde – bis), jusqu'à son titre à rallonge avec plein de mots bizarre (Kabhi Kushi Kabhie Gham, ha oui quand même...). Normal, c'est le même producteur, Yash Johar, décédé l'an dernier, qui est derrière les finances. C'est également le premier film de l'assistant réalisateur du même film, ceci expliquant cela. On retrouve dans les deux métrages le même esprit d'ouverture sur le monde qui offre une touche de modernité indéniable à un genre trop balisé, sans que cette irruption sur un nouveau continent ne vienne brader l'identité du film. New-York Masala, ça se passe donc à New York (si ça se passait en Éthiopie, ça s'appellerait Éthiopie Masala, sauf que non).
L'histoire ? Ben comme n'importe quel film Bollywood : une jeune fille sexy, avec des lunettes lui conférant un côté pète sec qui lui sied à merveille, tombe amoureuse. Si vous regardez bien le casting, vous savez déjà pour qui elle va craquer, non ? Mais siiiiiiii !!! Shah Rukh Khan, of course !! L'acteur super star qui joue dans TOUTES les comédies musicales indiennes !!!! Celui qu'on a envie de gifler tellement il est fatigant à toujours être partout pour faire chaque fois la même chose. Enfin bref, voilà cet être exceptionnel qui débarque cheveux aux vents à côté de la bombasse pour lui faire découvrir l'amour de sa vie. Sauf que la révélation, ce n'est pas lui, c'est le meilleur ami sexy de la fille. Oui oui, il est amoureux d'elle depuis toujours. Bref, une classique histoire de triangle amoureux avec tout ce que le genre exige. Rimmel et mascara qui coulent à flots, romantisme hypertrophié et décomplexé, fille en pleurs sur le pont de Brooklyn parce que la vue est super sympa, ect. Terrain connu donc. Et en bon Bollywood, on a même droit à la fin tragique où le héros meurt d'une maladie horrible. Tellement horrible qu'il a les joues roses Barbie quand il meurt, même pas de cernes ni rien du tout. Poignant.
Mais finalement, on s'en fout puisque New-York Masala cultive ce côté kitsch à fond les manettes et utilise la carte postale du début à la fin. Le générique présente l'héroïne qui fait son petit footing en traversant tout Manhattan sans suer une goutte, les disputes ont lieu dans la grande gare parce que c'est plus joli (et tant pis si les personnages n'ont aucune raison d'y être) et les déclarations d'amour se font dans un immense musée parce que c'est plus impressionnant et romantique. Quand on prie, il neige dehors mais aussi dedans ; quand on pleure, il pleut dans l'appartement. Délire total assumé.
Mais l'ingrédient essentiel, celui qui attire en premier lieu les spectateurs, ce n'est pas le plaisir masochiste de se taper trois heures de film d'amour glucosé. Non, on vient avant tout pour le spectacle musical. Les longues chansons sur lesquelles se déhanchent les héros dans un feu d'artifice de paillettes, on doit bien reconnaître qu'on aime ça, surtout quand il y a un décor immense pour pouvoir foutre la caméra n'importe où et la faire voler à la moindre occasion. Vous y ajoutez environ 150 figurants en T-shirt moulants et voilà le travail. Pas de doute, New-York Masala tient ses promesses de ce côté-là. On commence sur une reprise de Pretty Woman version curry qui éclate sa mère aux clips de Britney en se foutant ouvertement de la gueule de l'américanisme béat (voir le drapeau américain qui sert parfois de toile de fond), puis on enchaîne sur une reprise musclée du Chale Chalo de Lagaan avant de faire un saut dans une boîte de nuit telle qu'on les rêve (pleine de mecs huilés et de vraies filles sachant danser – rien à voir avec les pétasses blanches dandinant du cul sur du Rn'B comme on les voit dans la vraie vie – le tout dans une ambiance survoltée).
On l'aura compris, tout ce qui fait le cinéma Bollywoodien se retrouve une nouvelle à l'écran. Les morceaux musicaux vertigineux, le sentimentalisme outrancier et même le ridicule hindi qui veut que l'on parle de l'exaltation des sentiments sans que jamais les personnages ne fassent l'amour ni même, pire, que les comédiens s'embrassent. Alors si le film comporte déjà tout ce que l'on a pu déjà voir dans ce cinéma bien trop balisé (franchement, au bout d'une dizaine de Bollywood, vous avez fait le tour complet du genre au moins trois fois), quel intérêt trouve-t-on à voir New-York Masala ?
Et bien finalement, pour un peu toutes les raisons citées plus haut. Parce que c'est Bollywood donc c'est la fête pendant trois heures un rien longuettes (surtout sur la fin) et que le film a le mérite de réussir dans chacun des domaines clefs du genre. Pas de nunucheries au rabais, de vrais tourbillons de musiques et de bulles multicolores...
Mais là où le métrage marque des points, c'est dans son étonnante modernité dans un cinéma qui n'aime pas spécialement le changement. Les danses se font plus contemporaines, possédant une puissante dynamique insufflée par la grande chorégraphe Farah Khan, enchaînant les mouvements simples à un rythme si frénétique que ça en devient complexe. Par chance, la mise en scène ne réduit jamais ces temps forts à une esthétique MTV de pacotille. Les longues robes de princesses et les tuniques des hommes ont disparu au profit de jeans moulants, de débardeurs et de Gel Vivel Dop. Le tout sous des spots flashy qui tendent à faire valider l'hypothèse selon laquelle New-York Masala est un film furieusement gay. On connaît l'aversion de l'Inde pour l'homosexualité mais il se pourrait bien qu'en délocalisant l'action aux États-Unis, le producteur et le réalisateur du film aient tenté de décoincer des mœurs fermement vautrées dans des traditions ancestrales et réacs. À voir les lumières fluo tendance queer ou les tenues affolantes des personnages masculins, impossible de ne pas voir l'orientation du film ! Et à ceux auraient encore quelques doutes sur la sexualité ambiguë du métrage, on les renverra aux multiples scènes où les deux héros s'endorment ensemble et sont surpris par une vieille femme paniquée, croyant voir là un couple gay. Ce n'est qu'un exemple parmi tant d'autres où une allusion homo vient offrir un supplément d'âme à un mode de pensée occidentalisé. New-York Masala, militant pour l'ouverture des mœurs ? C'est déjà ça !
Cerise sur le gâteau : le script aussi épais qu'un ti
cket de ciné est sauvagement dynamité par une mise en scène chargée jusqu'à la gueule de trouvailles visuelles et narratives lorgnant vers Sex and the City et Friends. La présentation des personnages avec ralentis et arrêts sur images, les conversations téléphoniques en split-screen ou encore une leçon de drague en 6 leçons avec des figurants présentant chaque jour finit de tirer le film vers le sitcom de luxe en scope.
New-York Masala est donc un digne représentant de l'école du cinéma indienne. Il excelle dans les passages obligés tout en marquant certaines innovations contemporaines dans ce type de productions. Alors si en plus on a le droit à une vision de New York qui n'a jamais été aussi romantique et coloré, difficile de ne pas se laisser tenter malgré la durée. Enivrant, furieusement kitsch et romantique ! Encore !!!
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Fiche technique :
Avec Nigel Terry, Andrew Tiernan, Tilda Swinton, Steven Waddington, Jerome Flynn et Jody Graber. Réalisé par Derek Jarman. Scénario : Derek Jarman, Ken Butler, Steve Clark-Hall, Stephen McBride et Anthony Root, d’après l’œuvre de Christopher Marlowe. Directeur de la photographie : Ian Wilson.
Durée : 90 mn. Disponible en VO, VOST et VF.

Résumé :
Du fond du donjon où il est prisonnier, le roi Edward II se remémore les événements qui ont provoqué sa chute, son amour immodéré pour son favori Piers Gaveston.
L'avis de Jean Yves :
Passion, érotisme, trahisons, violence forment la trame de ce film exceptionnel.
Dans la même veine que Caravaggio (1985), Edward II est une tragédie écrite par un contemporain de Shakespeare mort poignardé à 29 ans : Christopher Marlowe.
L'histoire ? Edward II (Steven Waddington), monarque follement épris de son giton Gaveston (Andrew Tiernan), s'aliène la cour et sous la contrainte bannit son amant. Ourdi par son épouse et Mortimer (Nigel Terry), chef des armées, un complot rappelle Gaveston pour mieux l'assassiner, semer la guerre civile et triompher du roi, quitte à jeter contre lui son propre frère. Isabella, la reine (Tilda Swinton), et Mortimer célèbrent leur victoire sur sa dépouille : le fer rouge est prêt pour empaler Edward.
Le synopsis ne dit pas grand chose du climat tout ensemble visionnaire et réaliste, vertigineusement cru, délicat et sarcastique où Jarman atteint ici le sommet absolu de son art. Sous son objectif, cette pièce ancienne, admirablement dite par d'impeccables comédiens devient un jet de soufre contre l'intolérance, une supplique amoureuse, un acte d'insurrection. Edward II montre la maîtrise éblouissante d'une esthétique dont Jarman, plasticien et poète, a su explorer toutes les ressources. La plus spectaculaire étant le perpétuel télescopage temporel, qui récuse tout réalisme historique : souverain en débardeur sur son trône, barons et pairs en tenue de ville, reine en tailleur de star hollywoodienne. Sans oublier la somptueuse langue élisabéthaine, ornée, maniériste, que Jarman dans ses dialogues restitue avec exactitude.
Le réalisateur exprime, dans ce film, sa rage, sa foi, en vrai poète : intraitable et radical.
Magnifique film-manifeste qui est en même temps un drame amoureux pantelant de poésie et un réquisitoire acide contre la société britannique.

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Fiche technique :
Avec Ja
cklyn Jose, Daniel Fernando, Princess Punzalan, Allan Paule, William Lorenzo, Johnny Vicars, Bobby Sano, Joel Lamangan et Tony Mabesa. Réalisé par Lino O. Brocka.
Durée : 123 mn. Disponible en VO et VOST.

L'avis de Jean Yves :
Un voyage dans le monde du porno gay, la prostitution masculine et le meurtre. Abandonné par son amant, Pol, un bel adolescent se déplace à Manille pour soutenir sa famille financièrement.
Dans ce film, le jeune Pol est l'équivalent exotique de Pierrot dans J'embrasse pas de Techiné. Comme lui, son héros, un campagnard brave et fruste, va faire l'apprentissage de la ville...
Comment devient-on « Macho dancer » dans les bordels tenus par des « mothers » et régis par des macs ?

Macho Dancer jette un œil savoureux et ethnologique à la fois sur ce petit monde interlope de la corruption et du sexe. Le film, mélodramatique a souhait, respire une sorte de naïveté qui reflète assez bien l'innocence qui semble s'attacher là-bas à l'homosexualité – sur fond de misère, d'inculture et de régime dictatorial.
Par contre, le réalisateur, pour la « bonne morale » nous suggère que les rapports homos sont exclusivement monnayables : l'amour le vrai (à l'instar de l'amitié), est hétéro...

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Fiche technique :
Avec Gil Frank, Hanoch Re’im et Tzofit Elyashiv. Réalisé par Eytan Fox. Scénario : Nathan Brand et Eytan Fox. Directeur de la photographie : Avi Karpik. Compositeur : Yehuda Poliker.
Durée : 45 mn.

Résumé :
Hiver 1983. Avant de partir pour le front de la guerre du Liban, un groupe de jeunes soldats israéliens passe quelques heures de permission à Jérusalem. Yonatan erre dans la ville, aperçoit soudain son commandant, le suit et découvre un secret qui changera sa vie.
L'avis de Jean Yves :
Un jeune soldat subit les brimades de son supérieur. Lors d'une permission, ils vont se révéler l'un à l'autre. Le premier court métrage (45 minutes) du réalisateur de Yossi & Jagger et de Tu marcheras sur l'eau.
Ce film met en scène un lieutenant macho et homo, un appelé troublé par le spectacle de son chef dans une pissotière de Jérusalem et une femme-soldat qui joue les figurantes souriantes.
Le service militaire est une expérience très forte pour tout jeune Israélien. En mêlant l'identité sexuelle (l'homosexualité) à celui de l'armée (particulièrement parlant en Israël), Eytan Fox pose, dans son court métrage, la question suivante :
« Qui suis-je face à la société qui m'entoure ? »
La période où l'appelé fait ses classes, est particulièrement difficile. Il ne faut pas oublier que les jeunes soldats sortent à peine de l'adolescence, qu'ils viennent du lycée, qu'ils quittent papa-maman et tombent d'un coup dans cette société de machos sous la dictature d'un lieutenant et la présence étrange d'une femme en treillis.
Cette jeune fille n'est pas une invention du réalisateur, elle existe réellement dans l'armée israélienne : chaque unité militaire a « sa » femme qui est supposée être douce, sympathique avec tout le monde, dorloter les appelés, les soutenir, leur remonter le moral alors que le lieutenant incarne la discipline, la dureté, la virilité. La jeune fille s'occupe des repas, distribue le courrier et les journaux, collecte le linge sale... Pourtant ce poste est considéré comme un titre de prestige parce que la femme-soldat suit l'unité partout lors des exercices militaires.
Dans La perm, cette femme est jolie, elle tourne autour du lieutenant homo. En fait, elle lui sert de couverture bien malgré elle, et, à la fin elle se retrouve seule.
Yonathan, le soldat du film n'a pas encore d'identité solide de « soldat-héros national ». En plus, il découvre l'homosexualité de son chef qui lui en fait baver au service... la scène de baise très forte à laquelle il assiste lui fait prendre conscience de sa propre ambiguïté sexuelle. Yonathan est encore un enfant. Il n'est pas sûr de ce qu'il pense politiquement, il n'est pas encore concerné. Seule compte sa guitare. L'expérience de La perm montre qu'il est troublé. Il hésite entre la fille et son lieutenant. Cet épisode va sans doute déterminer ses choix, sa vie future.
Le spectateur peut penser que Yonathan découvre son homosexualité en voyant son supérieur faire l'amour dans les toilettes situées dans un lieu de drague de Jérusalem. Eytan Fox ne le dit pas et a conservé l'ambiguïté jusqu'au bout du film.
Autour de l'identité sexuelle de son héros, jeune soldat-voyeur, Eytan Fox signe un film autobiographique, puissant et dérangeant.

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