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LA BIBLIOTHEQUE ROSE



Le Père Docu s'appelle Gérard Coudougnan, il est né en 1962 et a pour qualification « enseignant-documentaliste », vous savez la dame qui râle au C.D.I. (centre de documentation et d'information) : c'est lui. Pour des raisons indépendantes de sa volonté, il est en ce moment éloigné de son lieu de travail habituel mais a toujours un C.D.I. (contrat à durée indéterminée) avec les bouquins pour qui il a une vraie A.L.D. (affection de longue durée).

Au hasard de ses lectures, il a croisé Marc-Jean Filaire puis Môssieur Daniel C. Hall (« The Boss ») qui lui a proposé de regrouper ici quelques « recensions » d'ouvrages à thématique LGBT.

Toute remarque, toute suggestion sera la bienvenue. Les avis, sous forme de commentaires, pour échanger des points de vue encore plus !

La bibliothèque rose est ouverte… vous avez lu Le Club des Cinq d'Enid Blyton ? Claude, le « garçon manqué » est peut-être alors votre première rencontre avec une petite lesbienne ou une future transgenre ? Ah bon, vous n'avez pas connu les Bibliothèques Rose et Verte ? Qu'importe, entrez (couverts !) ici et faites ce que vous voulez entre les rayons, ne soyez pas sages ...

 


Christophe AVELINE, L'Infidélité : la relation homosexuelle en question,

L'Harmattan, collection Sexualité humaine, 2009, 67 p., bibl., 10,50 €.

 

La fidélité, la monogamie, l'exclusivité sexuelle. Y a-t-il un sujet qui turlupine plus nos esprits que celui-ci ? Toi et ton mec, euh, je veux dire, vous êtes « open » ? Tu ne crois pas que les voisins organisent des touzes ? Ah, un « couple » de mecs, oui enfin « couple, vous me comprenez », ça va ça vient…

Dans notre XXIe siècle occidental où s'affichent libido, libertés conjugales et fast-sex, quelle est la place de la fidélité au sein du couple homosexuel masculin ?

C'est à cette question cruciale que Christophe Aveline apporte de très sérieux éléments de réflexion, dans une prose érudite mais accessible. Son argumentation est solide et efficacement construite. À partir d'une remarque étonnante d'un psychiatre, selon lequel l'infidélité chez les gays a une origine génétique (p. 9), l'auteur mène une étude qui aborde les différents aspects de la fidélité puis de l'infidélité avant de se centrer sur le couple gay et ses différentes façons de vivre à deux… ou plus.

Les éléments sanitaires (sida) et juridiques (pacs) ont un rôle qu'il tente de cerner dans ces relations de couple où l'amour est au centre du débat (p. 49 chapitre Au commencement était l'amour).

Les dernières pages font un sort au prétendu particularisme génétique des homosexuels dont on ne peut que se révolter d'en trouver la place dans le raisonnement d'un professionnel de l'écoute diplômé de médecine.

Avec l'intention de montrer que la fidélité est un modèle raisonnable pour le couple gay, Christophe Aveline ne fait aucun prosélytisme mais présente une intelligente argumentation à tous ceux qui pensent ou vivent différemment leur couple, sans donner de leçons à personne.

Reposant sur une solide culture littéraire et scientifique, avec des sources que ce libraire passionné cite pour étayer son raisonnement, ce petit livre ouvre brillamment les pistes d'une réflexion qui interpelle chacun.

 

INTERVIEW DE CHRISTOPHE AVELINE

 

Les Toiles Roses : Bonjour Christophe et merci de nous accorder quelques instants à l'occasion de la sortie de ton livre. Pourrais-tu d'abord te présenter ? Écrivain, poète ou libraire ?

Christophe Aveline : Qu’ils sont loin mes rêves de jeunesse ! Où je m'imaginais en avocat de la veuve et de l'orphelin, en juge impartial plaidant, robe noire ou rouge agitée par la passion de la cause, le bras droit levé au ciel comme pour en appeler à une force céleste plus compétente, et bras droit sur le cœur. Non rien de tout cela, je suis libraire plaidant avec passion, la cause des livres.

 

Le texte ne se suffit-il pas à lui-même ?

Même si l'auteur est le mieux placé pour défendre son œuvre, il faut encore et encore des tas d'intermédiaires pour renforcer l'idée que le livre mérite d'être lu. Le libraire est-il compétent pour le faire, lui qui n'a pas de diplôme, lui qui agace l'éditeur parce qu'encore indispensable mais ne se résumant a ses yeux qu'à un intermédiaire coûteux ! Le libraire plutôt manutentionnaire, balayeur, livreur voilà ma réalité, ma souffrance ,ma vie commencée le 7 janvier 1989 à Paris XIIIe dans une librairie achetée quelques jours avant, Le Cerf volant, aujourd'hui disparue dans des circonstances très tristes.

 

Était-ce le simple fait du hasard ?

Non pas vraiment, ce métier était une sorte de tradition familiale. Comme les autres, je n'avais pas cette vocation à devenir libraire, les circonstances bonnes et mauvaises de la vie m'y ont conduit... Le reste, la volonté de servir le livre, les auteurs et les éditeurs, tout cela est arrive petit à petit...

 

Tu as donc dû vivre de grands moments ?

Combien de rencontres riches et émouvantes ! Un chapelet ininterrompu de talents, des journées parisiennes aussi pleines que celles de ma vie de province sont vides ! C'était la visite de Daniel Pennac, de Jean-Claude Barreau, du génial et dernier grand critique de théâtre Gilbert Chateau (critique à la NRF et au Petit journal de la comédie Française) ami génial et regretté chaque jour depuis sa disparition, Jean-Claude Eslin, Charles Ficat, Véroniqe Nahoum-Grappe l'historienne, Daniel Cohen l'éditeur, l'impressionnant Jérôme Lindon fondateur des Éditions de Minuit : un chapelet ininterrompu de talents. Les conversations allaient bon train. J'aimais à dire le plaisir éprouvé à la lecture du seul et unique livre de Claude Chevreuil sur Giorgione, mon goût pour les livres de Xavier Pattier, le plaisir jamais émoussé à la lecture de Julien Gracq, de Sénèque, de la découverte de En l'absence des hommes de Philippe Besson, Le Clézio, Woodehouse, Zweig, Schnitzler et Paul Auster... Mon goût pour l'histoire de l'art, la théologie et la musique trouvèrent au milieu des publications qui arrivaient chaque jour à se satisfaire.

 

Le Cerf volant avait un lien particulier à la musique dont se souviennent peut-être certains de nos lecteurs !

La musique fut en effet un moment de la vie de cette librairie, devenant une fois la nuit tombée et le rideau levé sur une petite scène pour les musiciens qui acceptèrent de s'y produire, un nouveau lieu d'expression. Ce cabaret qui accueillit entre autres Luce Klein ou Michel Dintrich le guitariste...

 

Et de tout ce cocktail d'expériences, tu en es arrivé à l'écriture ?

Oui bien sûr, à force de lire et de fréquenter des bons textes, les yeux et les oreilles s'éduquent, la main se discipline, il doit en rester quelque chose ! J'ai éprouvé le besoin d'écrire. Le plaisir d'écrire un roman, un essai, une nouvelle, une critique est proche, voire identique. Toujours la même volonté de chercher et trouver le mot juste traduisant tant que faire se peut au mieux la pensée, trouver l'image qui frappera, imprimera sa trace dans les esprits et les cœurs. L'essai ne repousse pas l'art littéraire au fond, bien au contraire : ce qui se conçoit bien s'énonce clairement ! Il n'existe ni nouvelle ni ancienne écriture sauf dans les laboratoires à titre expérimental mais une bonne et une mauvaise littérature.

 

Mais tu es aussi poète !

La poésie révèle à son auteur un procédé créatif bien différent. À titre personnel, je n'ai pas pu résister à son amicale pression qui vous prend n'importe où et qui exige d'être soulagée immédiatement sous peine de débordements intérieurs dommageables. Donc une écriture automatique émanant d'une conscience inspirée et éduquée avec des mots choisis dans une mécanique d'imprimerie assez peu contrôlable. Les mots, les sons se mettent à chanter, à s'ordonner, à transcrire les pulsions intérieures les moins dicibles. Puis arrive le temps d'après, celui que je consacre au travail de polissage, d'écrémage, de démolition, de reconstruction...

 

Ton essai sur la fidélité dans le couple homosexuel est dans l'air du temps, le mensuel Têtu de novembre consacre un dossier (1) à ce sujet et toi tu fais un intéressant tour de la question. Verrais-tu, en tant que libraire, ton propre livre dans un rayon de librairie spécifiquement gay ?

Je ne pense pas qu'il soit nécessaire de créer un rayon homo mais il est souhaitable de trouver des romans, des essais sur le thème de l'homosexualité. Les auteurs ne souhaitent pas être identifiés en raison de la spécificité du thème, appréciés pour cela mais tout simplement parce qu'ils écrivent bien et qu'ils ont des choses intéressantes à dire !

 

Ton essai a pour point de départ le raccourci cinglant d'un psy affirmant que les homosexuels n'ont pas la possibilité d'être fidèles…

Il existe me semble-t-il une association des médecins gays (2) qui doit en principe être avertie et sensibilisée aux questions liées à l'homosexualité. Pour les psys, c'est très particulier car il existe un paradoxe que j'ai du mal à comprendre. À Paris tout du moins, car en province il n'y a pas d'homo c'est différent !!!! La clientèle des homos chez les psys est importante, or ils semblent peu enclins à bien les entendre, ils ne les apprécient guère sauf pour toucher les honoraires… c'est étrange.

 

Donc une mésentente parisienne entre les psys et leurs patients gays ? Je peux te dire qu'au fond de ma province, j'ai eu des expériences assez positives !

Je ne crois pas que les psys soient suffisamment à l'écoute ni formés pour bien soigner les homos en souffrance. Pour ce qui me concerne, je dois dire et répéter que j'ai eu une chance inouïe avec beaucoup des personnels de santé que j'ai rencontrés, notamment un psychiatre (Paris XVI) et un médecin généraliste qui a su mieux me parler des questions d'homosexualité que n'importe lequel des dits spécialistes : c'est donc comme souvent une question d'âme !

 

Merci à l'âme que tu as mise au service de ta plume dans ton essai et de ton verbe au cours de cette discussion !

 

(1) Têtu n° 149, novembre 2009, p. 114-116, Christophe Bougnot, Couple fidèle ou couple libre ?

(2) Association des Médecins Gays : http://www.medecins-gays.com/


Note de Daniel C. Hall : Si les éditeurs ou les auteurs (auto-édités ou non) souhaitent envoyer un service de presse à Gérard en vue d’une critique sur ce blog, merci de prendre contact avec le chef Daniel C. Hall qui vous communiquera ses coordonnées : lestoilesroses@hotmail.fr.


TO BE CONTINUED…


L'auteur :
Née en 1967 à La Nouvelle-Orléans, récompensée en 1994 par le British Fantasy Award, Poppy Z. Brite fait figure de chef de file d'une nouvelle génération d'auteurs entre littérature underground et terreur. Son oeuvre provocatrice dévoile la réalité froide et crue d'une société puritaine à la dérive.
L'avis de Stéphanie Nicot :
« Nous attachions leurs poignets et leurs chevilles avec des dentelles noires, nous lubrifiions et pénétrions leurs moindres orifices, nous leur procurions des plaisirs qui leur faisaient honte. Je me souviens de Félicia, une beauté aux cheveux mauves, qui parvint à un orgasme sanglotant, sauvage, grâce à la langue râpeuse d'un chien errant ». Dès les premières lignes de « Sa bouche aura le goût de la fée verte » (Allusion à l'absinthe chère à nos Rimbaud et Verlaine), on devine que rien, ou presque, ne nous sera épargné. On se convainc également que les antiennes sur l'écriture « féminine » et autres sottises sexistes ne résistent pas une seconde à la lecture des nouvelles de Poppy Z. Brite.
Inutile de dire que le fantastique de Brite a très peu à voir avec les bluettes surannées, sans âme, en un mot inoffensives qui font crouler les rayonnages des éditeurs de littérature générale, ce fantastique des familles qu'on étudie dans les meilleurs lycées, qui ne dérange pas les partisans de l'ordre moral, qui ne trouble ni les critiques, ni les lecteurs.
Avec Poppy Z. Brite, Eros et Thanatos célèbrent leurs sombres noces à chaque page, poussant chaque fois un peu plus loin les limites du dicible. L'auteur des Contes de la fée verte renoue sur le plan des thèmes avec la grande tradition du fantastique du XIXe siècle (Poe, Gautier, James qui évoquent sous le masque des histoires de revenants et de vampires les pires horreurs sexuelles...) tout en injectant dans sa prose les stigmates de la modernité (surpopulation, violence de masse, ravages de la drogue).
Comme le souligne Dan Simmons, dans une préface chaleureuse, il s'agit d'une œuvre au contenu « brillant, ténébreux, infiniment tragique et extraordinairement juste », une œuvre qui parle « de sexe et de décomposition, des extrêmes ténébreux de l'amour où violence et passion se confondent. » : les abîmes de la gémellité (Anges), la peur inconsciente de la féminité (Xénophobie), la mort d'un enfant (Paternité), les affres de la jalousie et de l'amour (Cendres du souvenir, poussière du désir)...
On soulignera que certains des récits les plus brutaux et les plus désespérés ont été écrits par une gamine de vingt ans et on se demandera quelles douleurs secrètes produisent une littérature aussi personnelle, aussi puissante, aussi radicale : « II me tendra les bras, m'invitera à reposer avec lui dans son lit grouillant de vers ».

Pour plus d'informations :
Disponible chez Denoël (France)
Site de Poppy Z. Brite (anglais)


L'auteur :
Née en 1967 à La Nouvelle-Orléans, récompensée en 1994 par le British Fantasy Award, Poppy Z. Brite fait figure de chef de file d'une nouvelle génération d'auteurs entre littérature underground et terreur. Son oeuvre provocatrice dévoile la réalité froide et crue d'une société puritaine à la dérive.
L'avis de Org :
« Les Beatles étaient devenus plus populaires que le Christ ». Cette phrase a été prononcée par John Lennon en 1966. Bon. Maintenant, imaginez que les deux piliers, les vrais moteurs de ce groupe « plus populaire que le Christ », aient été gays. Cela aurait il un tant soit peu changé le monde ? Tel est le postulat de départ de Plastic Jesus. Et autant vous le dire tout de suite, d'après Poppy Brite, la réponse à la question posée est bien évidemment oui... Donc, John et Paul (ils ont un autre nom et leur groupe ne s'appelle pas les Beatles, mais il s'agit bien d'eux), sont gays. Et John (en fait, sont nom c'est Seth, dans le bouquin) meurt le corps truffé de balles — cinq, pour être précis. Paul (son nom à lui, c'est Peyton), fou de douleur, va voir le psychanalyste de John/Seth, un vrai fan de leur groupe ayant lui-même assumé son homosexualité grâce aux deux rock-stars. Paul veut rencontrer Ray Brinker, l'assassin de John, et pense que le psychanalyste devrait pouvoir lui permettre d'accéder au meurtrier. Les deux hommes discutent, et bientôt Paul raconte son histoire, sa rencontre avec John, la formation du groupe, sa vie amoureuse...
Plastic Jesus n'est pas un mauvais livre. Ce n'est pas non plus, loin s'en faut, le chef-d'œuvre de Poppy Brite. Le texte est court (100 pages, le reste du volume étant meublé par une introduction, des illustrations hideuses de l'auteure, une interview ainsi qu'une sorte d'essai fictionnel tiré de Coupable, recueil d'essais abscons de Brite publié aussi Au diable vauvert). En fait, il s'agit davantage d'une novella que d'un roman. Brite y fait preuve de son habituelle sensibilité, de sa justesse de ton et de son style simple, nerveux. Si ses motifs centraux demeurent inchangés (l'amour, le sexe et ses orientations, le rock, la créativité, etc.), on notera toutefois qu'on retrouve ici l'auteure d'Âmes perdues non seulement débarrassée de son appareillage gothique habituel (fantôme, vampire et magie), mais aussi du cadre classique de ses bouquins (principalement la Nouvelle Orléans et la Louisiane). De fait, Plastic Jesus tient davantage de la littérature générale que de la littérature de genre. Voici donc un livre d'une auteure dont le talent n'est plus à prouver mais qui vaut surtout par la dimension (direction ?) nouvelle qu'il donne à son œuvre.
Pour plus d'informations :
Disponible au Diable Vauvert (France)
Première publication & autorisation de la revue Bifrost
Site de Poppy Z. Brite (anglais)



L'auteur :
Née en 1967 à La Nouvelle-Orléans, récompensée en 1994 par le British Fantasy Award, Poppy Z. Brite fait figure de chef de file d'une nouvelle génération d'auteurs entre littérature underground et terreur. Son oeuvre provocatrice dévoile la réalité froide et crue d'une société puritaine à la dérive.

L'avis de Olivier P. :
Poppy Z. Brite était considérée comme l'icône d'une littérature glam-trash gothique, placée sous le patronage sexe, drogue et rock'n'roll. Toujours aux environs de la Nouvelle-Orléans, son univers bariolé mettait en scène tour à tour des vampires, des serial killer et presque systématiquement des personnages gays. A travers ses nouvelles et ses romans passés, elle avait provoqué de violentes polémiques, certains trouvant ses œuvres trop extrêmes, et/ou trop racoleuses. Elle avait cependant un bon nombre de défenseurs, qui reconnaissaient les justes qualités de son œuvre, que nous apprécions et défendions sur le blog.
Depuis quelques années, Poppy semble prendre un virage à 180°. Finis la violence et la drogue à outrance, le sm trash et le fantastique gore. Toujours portée sur l'homosexualité, elle apparait ici plus sensible, plus introspective aussi. Petite cuisine du diable, son nouveau recueil de nouvelles, marque de façon nette ce basculement a priori irrémédiable. Que ses fans se rassurent, nouvelle orientation ne veut pas dire perte de talent. Bien au contraire. On y retrouve, bien sûr la Nouvelle-Orléans, et son quartier gay. Mais dépouillé des oripeaux du vampirisme, des tueurs en série impitoyables, et de toute sa faune gothique.
Petite cuisine... s'ouvre sur une préface qui explique la genèse de ce recueil, véritable clé de voûte de la mutation de l'auteur. Avant de parler des textes, où l'homosexualité est comme toujours centrale, je voudrais dire que ce recueil est tout simplement ce que Poppy a écrit de meilleur. Différent, plus sensible et introspectif, ce recueil annonce une nouvelle Poppy, enfin arrivée à sa maturité.
Si la plupart des textes tournent autour de l'homosexualité, ou comportent des personnages homosexuels, certains n'en parlent pas. Heureusement, ce sont souvent les meilleurs qui parlent d'homosexualité, sujet que Poppy maîtrise ici à merveille, comme jamais. Tout commence avec le superbe "Rien de lui ne s'étiole", titre magnifique pour texte sublime, sur l'amour de deux êtres condamnés, qui sauront transcender la mort par l'amour. D'une rare sensibilité, ce texte est l'un des plus beaux jamais écrits sur l'homosexualité. Rien de fantastique au sens littéraire, non. Mais une incroyable acuité à sonder l'âme et le corps de ses personnages. "Pansu" est une amusante variation autour de la possession démoniaque, où la femme d'un restaurateur se met à faire des propositions scabreuses à un couple gay. On découvre vite qu'elle est envoûtée, reste alors à l'exorciser, mais comment ? La sensibilité est à nouveau à l'honneur, quoique marginalement, avec "Tout feu tout flammes", histoire d'une mutante écrite en hommage à la BD Hellboy. La marginalité d'une mutante trouve un écho avec le racisme et l'homophobie. "Bayou de la mère", situé en pleine Louisiane, met en scène un couple de restaurateurs partis faire un voyage touristique. La religion et la culpabilité, dont elle sait accabler la sexualité en général et l'homosexualité en particulier, sont les thèmes majeurs de ce texte au fantastique diffus, dont on retrouvera les personnages dans le plus beau texte de ce recueil, "Une saison d'enfer". Ce texte se passe dans le restaurant des deux protagonistes du "Bayou de la mère". Il mettra un jeune face à sa conscience, face à la conscience de son homosexualité. Thème souvent douloureux, traité ici avec une brillante maestria, et l'on a vraiment peine à croire qu'il ne peut être autobiographique, tellement son ton est incroyablement juste. C'est simple, ce texte devrait être obligatoire, car jamais on n'a su, dans l'imaginaire, traiter la prise de conscience de son identité sexuelle avec une telle sensibilité, mais surtout une telle justesse. On devrait d'ailleurs retrouver ces personnages dans le prochain roman de la Poppy, Liquor. Donc, autant le dire, ce roman s'annonce grandiose, tout simplement.
Nous défendions Poppy, nous continuerons à la défendre. Elle peut changer de style, peu nous importe, car elle reste une figure talentueuse et incontournable. Ame gay dans un corps de femme, comme elle aime à se définir, elle signe avec ce recueil une brillante introspection dans l'âme gay, avec une sensibilité et une maîtrise nouvelles, qui font de ce recueil un superbe cadeau.
Pour plus d'informations :
Disponible au Diable Vauvert (France)
Site de Poppy Z. Brite (anglais)


L'auteur :

Née en 1967 à La Nouvelle-Orléans, récompensée en 1994 par le British Fantasy Award, Poppy Z. Brite fait figure de chef de file d'une nouvelle génération d'auteurs entre littérature underground et terreur. Son oeuvre provocatrice dévoile la réalité froide et crue d'une société puritaine à la dérive.
L'avis de Robert Wagner :
Zach est un jeune hacker de La Nouvelle-Orléans qui vit de ses exploits de pirate informatique, une vie ponctuée d'aventures sans lendemain et dominée par la peur de s'engager dans une véritable relation amoureuse. Mais sa vie va être un peu bousculée lorsqu'il apprend que le FBI l'a repéré et vient l'arrêter. Il prend la fuite, sans trop savoir où aller. Trevor a vingt-cinq ans et revient dans la ville de Missing Mile où son père, Bobby McGee, un dessinateur de BD underground, a massacré sa femme Rosenna et le frère cadet de Trevor, Didi, à coups de marteau vingt ans plus tôt. Trevor revient à Missing Mile parce qu'il veut comprendre ce qui a conduit son père à de telles extrémités et surtout pourquoi, lui, Trevor, a été épargné. Les trajectoires de Trevor et Zach vont se croiser à Missing Mile pour le meilleur et pour le pire.
Sang d'encre témoigne une nouvelle fois (après Âmes perdues, chez le même éditeur) de l'habileté diabolique de Poppy Z. Brite dans la construction de personnages de chair, de sang et d'émotions. Les aventures de Trevor et Zach sont la preuve que l'on peut maîtriser la littérature de terreur sans faire appel aux clichés qui l'ont affaiblie ces dernières années — d'ailleurs, quand Zach voit dans un miroir une version en pleine décomposition de lui-même, sa réaction pourrait être celle de tous les lecteurs fatigués par ces clichés : « Zach fut pris d'une soudaine bouffée de rage. Qu'est-ce que c'était que ce truc blanc ? Des asticots ? Du pus ? Encore du sperme ? Mais qu'est-ce que c'était que ce Grand-Guignol à intention moralisatrice ? » Les intentions de Brite ne sont certes pas moralisatrices. Elle ne juge pas, elle décrit avec précision et sensibilité et mieux encore, elle permet au lecteur de comprendre et de ressentir de l'empathie pour ses personnages. Ni anges, ni démons, ils sont humains et on en vient à aimer même leurs défauts pour cela.
Poppy Z. Brite est aussi l'auteur qui a su le mieux saisir le lourd héritage de la génération issue des années 60. Zach contemple une photographie sur un emballage de brosse à dents : « Une photo montrait la famille idéale, le père, la mère, la fille et le fils, tous dotés d'un sourire étincelant — et sans doute des plus hygiéniques. Qu'étaient donc devenus ces visages typiques des années cinquante, se demanda Zach, ces icônes innocentes de la publicité d'après-guerre, ces archétypes made in America » et Trevor lui répond : « Les sixties sont arrivées et leur ont défoncé le crâne. » Et toutes les valeurs traditionnelles de l'Amérique ont été désintégrées dans la conflagration, en premier lieu la plus sacrée d'entre elles, la famille.
Les personnages de Poppy Z. Brite se cherchent tous une famille que le modèle nucléaire ne leur donne plus. Alors qu'il tient Zach dans ses bras, Trevor songe : « Tu es venu ici à la recherche de ta famille. Peut-être as-tu commis l'erreur de supposer qu'elle était composée de Bobby, de Rosenna et de Didi. Kinsey et Terry t'ont accueilli à bras ouverts, t'ont manifesté plus de tendresse que tu n'en avais jamais connu. Et qui tiens-tu dans tes bras sinon un membre de ta famille ? »
Sang d'encre est le roman sidérant d'humanité et de maturité d'un écrivain de trente-deux ans qui n'a pas fini de nous émouvoir et de nous étonner.
Pour plus d'informations :
Disponible chez Albin Michel et J'ai Lu (France).
Site de Poppy Z. Brite (en anglais).
Bibliographie française de Poppy Z. Brite.

L'auteur :

Née en 1967 à La Nouvelle-Orléans, récompensée en 1994 par le British Fantasy Award, Poppy Z. Brite fait figure de chef de file d'une nouvelle génération d'auteurs entre littérature underground et terreur. Son oeuvre provocatrice dévoile la réalité froide et crue d'une société puritaine à la dérive.
L'avis de Daniel C. Hall :
Refusé, censuré, interdit dans certaines librairies et bibliothèques, présenté par certains critiques comme un livre dangereux, Le Corps exquis est précédé d'une réputation scandaleuse telle que l'on n'en avait plus vue depuis le roman American Psycho de Breat Easton Ellis.
Histoire d'amour entre Andrew Compton et Jay Byrne, deux tueurs en série, cannibales et nécrophiles, Le Corps exquis explore les tréfonds de cette incroyable liaison, les aspects les moins reluisants de la maladie et de la mort ainsi que les affres de la condition de victime. Rythmé par les délires de Lush Rimbaud, un animateur de radio-pirate en train de mourir du sida, et dont le but ultime est de semer le désordre dans le statu quo ambiant, le roman oblige le lecteur à pénétrer dans l'esprit d'un psychopathe et à expérimenter cet univers effroyable. Une expérience fascinante, révoltante, douloureuse car les tueurs en série ne sont pas des monstres à l'esprit insondable mais des êtres humains, de nouveaux prédateurs. Mais ce qui est le plus troublant, le plus déstabilisant, c'est cette lueur d'humanité qui nous oblige à passer outre les descriptions cliniques des actes les plus révoltants pour découvrir, avec stupeur et horreur, que Jay et Andrew s'aiment et que cet amour, incompréhensible et pourtant tellement beau, total et destructeur, aveugle et dangereux, nous touche. Parce que nous rêvons tous d'éprouver un jour cette passion absolue, ce sentiment exaltant d'avoir trouver son alter ego, de ne plus avoir à réfléchir sur les limites — physiques et morales — de ce lien, de pouvoir aller jusqu'au bout... jusqu'à la mort... ensembles.
Beau de par sa nature détestable même, Le Corps exquis est un voyage sans concession dans les recoins les plus sombres et les plus secrets de l'esprit humain. Puissant, il fascine non par sa violence mais par les réactions qu'elle engendre. Et passé le malaise initial, ce qui choque véritablement le lecteur n'est pas le regard clinique et explicite de l'auteur sur les crimes et les liens de ses personnages mais le réalisme et la concevabilité d'un tel duo dans notre quotidien. Sans jamais approuver ou condamner, Poppy Z. Brite nous place en position d'arbitre face à cette histoire sans concession, mais pouvons-nous juger ? En avons-nous le droit et les moyens ?
Le Corps exquis est un roman inclassable, un brûlot, un supplice pour le lecteur. Il est l'œuvre d'un écrivain dont l'écriture n'a cessé de progresser et de mûrir. Il est sans aucun doute l'une des plus grandes réussites au rayon des fictions consacrées aux psychopathes, un chef d'œuvre de la culture underground, le magnus opus de Brite. Mais peut-on l'aimer ?
Pour plus d'informations :
Disponible chez J'ai Lu (France).
Site de Poppy Z. Brite (en anglais).
Bibliographie française de Poppy Z. Brite.


Le Père Docu s'appelle Gérard Coudougnan, il est né en 1962 et a pour qualification « enseignant-documentaliste », vous savez la dame qui râle au C.D.I. (centre de documentation et d'information) : c'est lui. Pour des raisons indépendantes de sa volonté, il est en ce moment éloigné de son lieu de travail habituel mais a toujours un C.D.I. (contrat à durée indéterminée) avec les bouquins pour qui il a une vraie A.L.D. (affection de longue durée).

Au hasard de ses lectures, il a croisé Marc-Jean Filaire puis Môssieur Daniel C. Hall (« The Boss ») qui lui a proposé de regrouper ici quelques « recensions » d'ouvrages à thématique LGBT.

Toute remarque, toute suggestion sera la bienvenue. Les avis, sous forme de commentaires, pour échanger des points de vue encore plus !

La bibliothèque rose est ouverte… vous avez lu Le Club des Cinq d'Enid Blyton ? Claude, le « garçon manqué » est peut-être alors votre première rencontre avec une petite lesbienne ou une future transgenre ? Ah bon, vous n'avez pas connu les Bibliothèques Rose et Verte ? Qu'importe, entrez (couverts !) ici et faites ce que vous voulez entre les rayons, ne soyez pas sages ...

 


Yvan QUINTIN, Mythologie gaiement racontée, illustrations de Hames STEINERT, ErosOnyx Editions, 2009, 110 pages.

Les amours grecques, vous connaissez, bien sûr. Vous souvenez-vous de ce que vous en avez appris en sixième, année où l'antiquité grecque est au programme ? Un souvenir flou peut-être, un homme nu en rouge sur le fond noir d'un vase, avec un sexe de petite taille mais visible... On vous a peut-être parlé de l'enlèvement de Ganymède. Rien de bien précis, et pourtant il y avait bien ce groupe de « grands » qui jouaient les durs en ricanant « les Grecs ? Tous des pédés !!! ».

Et puis, pour ceux qui ont poursuivi de leur propre initiative et dans leur coin, répondant à des interrogations plus intimes, les lectures plus approfondies. Le Banquet de Platon a pu redevenir centre d'intérêt en Terminale en philosophie et faire le lien avec la Moitié d'orange (1) de Jean-Louis Bory...

Yvan Quintin est un helléniste, un professeur de grec qui a publié plusieurs livres « classiques » sur la Grèce et ses penseurs. Devenu fondateur et directeur d'ErosOnyx Editions, il vient de publier un ouvrage de référence sur la mythologie grecque, avec une introduction, un glossaire et une liste des sources très complets.

Après des siècles de maquillage hétéronormatif (dont Louis-Georges Tin (2) a récemment fait le thème central d'une brillante étude), Yvan Quintin a effectué un retour aux sources des textes antiques. Rassemblant divers auteurs autour du sujet des amours masculines, il offre une série de contes où les garçons ont le comportement habituel des Grecs de l'Antiquité avec la touche de rêve et de magie qu'autorisent les contes.

Ce sont donc seize petits récits très gays où les amours sont divines, les plaisirs décrits sans pudeur, les rivalités et l'ambition apportant une tension narrative à ces jeunes gens à la beauté divine. Hannes Steinert a su répondre au défi d'actualiser l'illustration antique : dans un style graphique qui a su reprendre et mettre au goût du jour (pour les Grecs anciens, un beau pénis était de petite taille : Steinert a gonflé les engins !) les canons helléniques (3), il offre au lecteur des images simples, harmonieuses et efficaces des récits savamment mythonés par Yvan Quintin dans des vases anciens où Ovide, Virgile, Euripide racontent la saveur des amours viriles dont tant de siècles de civilisation judéo-chrétienne n'ont heureusement pas réussi à faire disparaître la force érotique.

C'est une véritable œuvre de salut public qu'il faut saluer ici dans un livre que l'on peut lire d'une seule traite ou garder à portée de main pour y picorer au hasard quelques minutes de lecture roborative, subtile et dépaysante.

 

(1) Jean-Louis BORY, Ma Moitié d'orange, préface de Dominique FERNANDEZ, H&O - poche, 2005, 125 p.

(2) cf la cinquième recension de http://www.lestoilesroses.net/article-29701813.html

(3) Très intéressant dossier Le Corps mis à nu : des Grecs aux naturistes dans L'Histoire n° 345, septembre 2009 p. 46 à 69.

POUR EN SAVOIR PLUS :

Une critique de ce livre : http://www.infoculture.ca/?page=6&view=2νmero=12610

Hannes Steinert : oeuvres diverses :

http://images.google.fr/images?rlz=1C1GGLS_frFR320FR320&sourceid=chrome&q=Hannes%20Steinert&um=1&ie=UTF-8&sa=N&hl=fr&tab=wi

Biographie d'Yvan Quintin :

Yvan Quintin a longtemps enseigné les lettres. Après des ouvrages scolaires et universitaires, il a préféré se consacrer à l'écriture littéraire, à la fiction. Il ne récuse pas l'étiquette d'auteur de nouvelles érotiques, la littérature érotique ayant aussi à ses yeux ses lettres de noblesse. Il a publié en 2001 L'odeur du buis, roman (Editions La Bruyère), et en 2005 Amours grecques (Publications orientalistes de France), traduction du grec ancien de pièces érotiques en l'honneur des garçons, appartenant à l'Anthologie palatine.

 


Renée VIVIEN, Etudes et Préludes, Cendres et Poussières, Sapho, ErosOnyx Editions, 2007, 140 p.

Nos lectrices sont certainement plus nombreuses que nos lecteurs (y compris le Père Docu) à connaître et à apprécier Pauline Mary Tarn (1877-1909), poétesse surnommée « la fille de Sapho et de Baudelaire ».

Son œuvre a marqué des générations tout au long du XXe siècle et ErosOnyx va prochainement collaborer avec l'Ulip (University of London in Paris) à un grand colloque pour attirer l'attention sur une femme à la stature poétique exceptionnelle.

Voici comment Pierre Lacroix l'évoque dans le deuxième tome de son autobiographie, Homo Pierrot II : Sous les toits de Paris (1)

Vivien, alchimiste de la boue en bijoux, orgie de rythmes et d'enluminures pour que la vie comme la mort soient grises d'extases, pâles sœurs des Kitharèdes et des Orphées qui savent qu'il faut mourir seuls après le fugace embarquement à deux pour Cythère, sentir l'épine après la fleur et se soûler, se soûler, se soûler de tous ses vers tressés, de tout ce qui peut soûler la chair et les songes pour passer l'heure noire, faire pardonner le crime de la vie et noyer enfin, au moment d'en finir, ses amours pourries et sa chair exsangue entre les violettes bleues des vagues de Lesbos !

À lire Vivien, Pierrot se sentait du même sang lyrique et menacé, du même sang violet d'amour grec et de rouge tailladé. (p. 18).

Les trois recueils ici réunis en un seul bel ouvrage sont mis en perspective par des introductions qui situent chacun d'entre eux dans la vie et l'œuvre de Renée Vivien, qui doit revivre sous plusieurs manières : un colloque à Paris en novembre pour les cent ans de sa mort et la publication de deux nouvelles éditions (chez ErosOnyx, bien sûr) de Sapho et de Poèmes : 1901-1910.

 

(1) recensé précédemment ici http://www.lestoilesroses.net/article-33227040.html

POUR EN SAVOIR PLUS :

Nicole G. Albert, spécialiste de Vivien, a aussi publié en juin un ouvrage collectif sous sa direction : Renée Vivien, une femme à rebours - Etude pour un centenaire, Orizons, 2009.

Le site de Renée Vivien : http://www.reneevivien.com/

Fiche biographique wiki : http://fr.wikipedia.org/wiki/Renée_Vivien

 

 

INTERVIEW D’YVAN QUINTIN

 


Yvan Quintin, bonjour et merci d'avoir accepté de nous accorder un peu de temps qui doit être compté quand on dirige une maison d'édition, même si votre attaché de presse Clément Marie l'appelle joliment une « maisonnette d'éditions ».

En complément de la recension de votre dernière publication, Mythologie gayment racontée, figure une courte biographie. Souhaitez-vous y ajouter des compléments ?

Y. Q. : Pas spécialement. Je tiens d'abord à vous remercier de vous intéresser à ErosOnyx et à son "patron" comme vous le dites, bien que notre aventure éditoriale soit collective – même réduite en nombre de personnes, et qu'aucune décision ne soit jamais prise par une seule d'entre elles, sauf urgence. Mais le cas ne s'est pas encore présenté.

 

De votre expérience d'enseignant, avez-vous un ressenti de frustration face à la machinerie hétéronormative qui écrase, efface, transforme la réalité des amours grecques ?

Oui et non. Oui, parce qu'on ne peut jamais devant des élèves aborder à brûle pourpoint une ou des questions d'ordre sexuel, parce que, implicitement, quand on étudie tel ou tel auteur c'est la lecture et la réflexion hétéronormatives qui l'emportent, c'est vrai. Mais pas de frustration hétéronormative, toutefois, dans la mesure où la liberté d'esprit propre à un professeur et sa liberté pédagogique qui est et doit rester entière (sans qu'elle relève d'un prosélytisme gay ou d'une obsession sexuelle, bien entendu) doivent lui permettre de dire les choses comme elles sont ou comme elles étaient. Par exemple forcer le trait, dans le sens homosexuel, au sujet de l'amitié entre Montaigne et La Boétie ne convient sans doute pas, mais laisser planer le doute, faire entendre que peut-être... mais pas sûr..., faire comprendre que l'amitié entre deux hommes ne ressemblait pas à ce qu'elle peut être à notre époque (de même que les liens conjugaux d'alors ne ressemblaient pas à ceux de notre temps), était tout à fait permis quand j'enseignais. Du moins, je n'ai jamais eu à me plaindre d'une quelconque censure. En revanche, parler clairement et explicitement des rapports de Verlaine et de Rimbaud, des goûts de Montherlant, de la liberté critique de Diderot, de la vie et des œuvres de Genet, révéler à de grands adolescents la beauté des Nourritures terrestres ou l'audace de Gide avec Corydon relève tout à fait de cette liberté d'esprit et de la liberté pédagogique que je mentionnais. Tout comme dans les cours de grec s'attarder sur l'amitié si dense d'Achille et de Patrocle, sur le personnage d'Orphée dont la tradition réduit la vie à sa relation à Eurydice... Mais là-dessus, je vous renvoie à un livre bientôt dans le commerce.

Je me souviens très bien des réactions suscitées dans mon cours de latin quand, avec des élèves de prépa il est vrai, j'ai abordé les mœurs d'Antoine (vous savez, celui d'Antoine et Cléopâtre !) dénoncées par notre grand (et si prude) Cicéron. Il a été marié, le cher Antoine et à un homme en plus, quand il était jeune. Marié à un dénommé Curion par « un mariage stable et régulier » dit Cicéron ! Et le poète Catulle, donc ! Il n'y va pas de main morte, c'est le cas de le dire, pour invectiver un adversaire. Là où nous disons « Va te faire enc... », les Romains, eux, disaient « Je te jouirai dans la bouche ». Certains parmi mes élèves étaient un peu choquées, m'a-t-on dit, parmi les filles, paraît-il.

Je ne sais si mon cas est généralisable, bien sûr, et je ne le crois même pas, puisqu'un de mes jeunes collègues, parlant des rapports de Néron et d'Agrippine et des traces laissées par le fils dans la litière de sa mère, s'est fait taper sur les doigts par son proviseur, sur plainte de parents. Et c'était au lycée Louis-le-Grand !

L'idée d'introduire la sexualité dans l'Education nationale a dû m'habiter bien des années avant, quand j'ai appartenu à une association (disparue depuis longtemps) dénommée AGLAE (association gay et lesbienne autonome d'enseignants – autonome pour expliciter notre indépendance de tout autre mouvement) qui malheureusement n'a pas abouti. L'entreprise se poursuit sous d'autres formes, je crois, et tant mieux, grâce à des enseignants déterminés. Je n'en sais pas davantage.

 


À l'opposé, de nombreux auteurs, historiens et hellénistes ont fixé les limites de cette homosexualité aux frontières assez strictes (éraste et éromène) qui font qu'il est délicat de comparer les évolutions actuelles avec une antiquité aux codes tellement différents....

La sexualité a toujours été la sexualité, la nudité a toujours été la nudité... Vous citez fort justement le numéro d'Histoire sur ce sujet. Ce sont les modalités de l'une comme de l'autre qui changent d'une époque, d'une civilisation à l'autre. Mais ce qui reste vrai, cependant, c'est que les Anciens faisaient moins d'histoires à propos des rapports entre mâles, jeunes et jeunes, jeunes avec de moins jeunes. Le mariage était une institution jugée nécessaire pour la survie non seulement de l'espèce ou d'un nom, mais aussi de la cité, de la société. Mais il serait abusif, à mon sens, de dire que les rapports entre hommes et femmes excluaient les rapports sexuels entre hommes. Sous quelle forme ? Peu de textes nous le disent explicitement, crûment devrais-je dire. Pourtant jusqu'à la prédominance "totalitaire" du judéo-christianisme (encore que Boswell à ce sujet soit plus nuancé), il n'y avait pas que de jolis éromènes et d'athlétiques érastes pour illustrer les amours grecques. Foucault dit que c'est l'époque moderne qui a inventé le fist fucking. Probable. Mais chaque époque a ses pratiques et le godemiché ne date pas d'aujourd'hui.

 

Votre maisonnette d'éditions fait figure de « petite maison gay dans la prairie auvergnate ». J'aime vous comparer à H&O qui, basée à Montpellier, fait elle aussi un travail d'une incroyable audace en misant sur la très haute qualité. Votre statut associatif fait la différence et pourrait intéresser certains de nos lecteurs qui ont envie d'écrire : pouvez-vous nous donner quelques détails sur l'histoire d'ErosOnyx et sa localisation dans le Cantal ?

La localisation d'ErosOnyx dans le Cantal vient simplement du fait que les premiers "aventuriers" de cette association habitent le Cantal, et aussi d'une rencontre d'idées sur la question de l'édition. J'ajouterai que cette histoire, qui a aujourd’hui deux ans et demi, a été suggérée par la directrice d'une maison d'édition spécialisée dans la littérature orientaliste, elle-même située dans le Cantal.

Créer une maison d'édition qui puisse au moins salarier un individu était et reste impensable. Mais notre but n'est pas de faire du profit, c'est de nous faire plaisir et si l'on écrit soi-même sur le vaste sujet de l'érotisme (gay en priorité), de ne pas envoyer son manuscrit à droite et à gauche, sans jamais recevoir de réponse (nous nous faisons un devoir de répondre dans les trois mois à quiconque nous envoie un texte). Le but aussi est de semer des graines et, par la recherche de textes de qualité (autant que possible), créer des liens entre les gays (et les lesbiennes) qui se reconnaissent, ne se sentent pas seuls dans les livres que nous publions, découvrent un patrimoine à eux etc. Cela n'exclut pas que nous puissions éditer des textes hétéros s'ils glorifient aussi une dimension que nous estimons essentielle dans l'être humain, la sexualité et la relation de chacun avec Eros. C'était particulièrement le cas avec Erotika de Yannis Ritsos.

Avec notre projet d'une publication si possible annuelle, intitulée Des nouvelles d'Eros, nous offrons à qui le veut et partage notre conception sur ce point, l'opportunité de voir publié ce qu'il écrit dans ce sens. Nous ne censurerons rien, du moment que le texte nous paraît avoir une qualité littéraire, une touche personnelle.

Nous voulons en outre que l'objet livre soit lui-même attrayant, beau (papier, couverture à rabats, cahiers cousus à l'ancienne...). Aurillac a une tradition dans l'imprimerie et nous avons la chance d'être toujours judicieusement conseillés par notre imprimeur (qui est une femme).

Malheureusement, le Cantal n'est pas Paris pour ce qui est des relations et des soutiens ! À bien des critiques littéraires nous devons paraître très provinciaux ou peut-être prétentieux, malgré nos titres comme ceux de Vivien, Delarue-Mardrus ou Ritsos... Et il y en aura d'autres !

Il faut ajouter que nous n'avons pas créé ErosOnyx Editions pour le seul public gay et lesbien. Si Les Mots à la Bouche, à Paris, nous soutiennent avec régularité, il y a à Aurillac une excellente librairie qui, sans être gay (je le dis en plaisantant, bien sûr !)  nous soutient aussi chaleureusement. et qui n'est pas du tout effrayée par la thématique de nos publications. Le libraire à qui nous offrons toujours un exemplaire de nos nouveaux livres, nous fait chaque fois un compliment sur leur beauté matérielle. Mythologie gayment racontée lui a ainsi particulièrement plu, mais le Sapho de Vivien aussi. Que dira-t-il donc de notre onzième ouvrage, Poèmes 1901-1910 de Vivien prévu pour novembre ? Je dois reconnaître qu'il peut y avoir eu des ratés. Ainsi de Fleur de chair dont je ne suis pas moi-même très satisfait ... !

 


Quels sont vos liens avec la revue Inverses et l'Association des Amis d'Axieros, dont il sera prochainement question sur Les Toiles Roses ?

Après un service de presse assuré auprès d'Inverses, son directeur de publication a pris contact avec nous pour une collaboration qui, jusqu'à présent, a été fructueuse. Il s'agit de la co-édition de Nos secrètes amours de Lucie Delarue-Mardrus. Nous n'avions pas encore un an d'existence. La direction d'Inverses a dû nous juger assez sérieux pour nous proposer cette collaboration qui pourra et devrait se poursuivre.

 

Tout comme H&O, vous semblez superbement et stupidement ignorés par les grands médias, gays ou généralistes : pensez-vous que votre situation hors des cercles parisiens soit la cause de ce silence ?

Je le pense vraiment, malgré nos efforts et particulièrement ceux de Clément pour joindre de "grands" noms des médias parisiens. Même pas une réponse ! D'où ma réticence personnelle à faire trop d’envois de presse, même à Têtu qui nous ignore superbement. Peut-être, si suivant les conseils de notre premier distributeur (racheté par notre distributeur actuel), nous avions racheté les Editions gaies et lesbiennes, avec leur catalogue, nous serions-nous mieux fait connaître. Je n'en sais rien à vrai dire. Nous ne l'avons pas fait parce que nos lignes éditoriales n'étaient pas du tout les mêmes et, disons-le franchement, parce que nous n'en avions pas (et n'en aurions toujours pas) les moyens !

 

En contrepartie, posséder un livre édité par ErosOnyx donne l'impression d'avoir près de soi un trésor caché. Quels sont, pour ceux qui n'ont pas encore goûté à ce plaisir les moyens d'y accéder (libraires, sites internet ...) ?

Le bouche à oreille, le cadeau fait à un ami, le détour par Les Mots à la Bouche si l'on habite Paris, et je devrais le dire tout d'abord.... en consultant les commentaires critiques avisés comme ceux de Toiles Roses ou de Handigay !

 


Vous avez récemment reçu une aide du Centre National du Livre pour votre publication du livre de Yannis Ritsos, Erotica : je suppose que cela doit avoir la valeur d'une reconnaissance officielle très gratifiante ?

En effet, recevoir le soutien financier du CNL moins de deux ans après notre création, a été un grand encouragement avec, comme vous le dites, la valeur d'une reconnaissance officielle. Nous comptons récidiver !

 

Vous accordez – et ce n'est pas courant – une place quasi équivalente aux amours entre filles et aux thèmes gays. Pourriez-vous nous présenter l'état des lieux du prochain colloque autour de Renée Vivien ?

Je dois ici exprimer ma gratitude à Nicole G. Albert, spécialiste de Vivien, à qui je m'étais ouvert de cette idée de marquer le centenaire de la mort de Renée Vivien. L'idée lui a immédiatement plu et nous avons depuis l'hiver dernier mis en œuvre des efforts communs pour faire aboutir le projet. Le contenu du programme de cette journée du 20 novembre, à savoir « Une femme entre deux siècles » vient de Nicole G. Albert, auteure, sous la direction de qui a été récemment publié un ouvrage collectif intitulé Renée Vivien, une femme à rebours. Oui, Vivien une femme à rebours, c'est bien pourquoi nous nous sommes aussi intéressés à cette poétesse injustement méconnue. Encore que... il semble que son nom revienne peu à peu si l'on en juge par les cinq poèmes d'elle cités dans l'Anthologie de la poésie érotique et décadente (aux Belles Lettres) – elle dont le nom d'ailleurs clôt l'ouvrage – contre un seul d'Anna de Noailles !

 

Il ne me reste plus qu'à vous remercier pour cette si instructive conversation. J'ose espérer que l'on ne nous accusera pas d'avoir parlé comme deux enseignants ! Nous avons cherché à faire partager les plaisirs littéraires et plus généralement humains qu'ErosOnyx s'emploie si bien à proposer au public.

Sans aucun doute, j'aurais bien des choses à ajouter et à vous dire. mais vos questions m'auront déjà permis de bien faire le point sur notre entreprise que nous préférons appeler "aventure". Au nom de notre petite équipe, je veux vous remercier de cette interview.


Note de Daniel C. Hall : Si les éditeurs ou les auteurs (auto-édités ou non) souhaitent envoyer un service de presse à Gérard en vue d’une critique sur ce blog, merci de prendre contact avec le chef Daniel C. Hall qui vous communiquera ses coordonnées : lestoilesroses@hotmail.fr.


TO BE CONTINUED…



par Gérard Coudougnan

       

TF1 n'aura pas eu besoin de Mireille Dumas pour mettre Bas les masques dont elle s'est affublée depuis le début de cette émission qui se voulait d'une audace exceptionnelle et qui s'est achevée en triste mascarade avec la délicieuse formule : « Tout est bien qui finit bien ».

Et pourquoi cela finit-il aussi bien ?

Tout est bien qui finit bien parce que Christopher a pu empocher ses 100 000 € sans que sa virilité ne soit entachée par le moindre geste déplacé de son partenaire. On a vu que l'idée d'un baiser d'Emeric « avec la langue » était vraiment une horreur insurmontable. La même scène « jouée » par un homo style « Cage aux folles » parlant d'un baiser de fille aurait été source de fous rires irrépressibles.



Tout est bien qui finit bien parce qu'Emeric était un comédien (nous l'a-t-on assez rappelé ?), et donc pas un vrai pédé : ouf ! parce que l'émission a dû être un bon moment de franche et virile rigolade durant les soirées du mardi. On imagine bien les commentaires dans les campings : « Oh merde, déjà dix heures, on finit la partie de pétanque et on rentre à la caravane voir le truc des pédés ! ».

Tout est bien qui finit bien parce que TF1 a, dans sa vignette de générique, utilisé le terme de « tolérance ». Il faudrait donc « tolérer » les homos ? Tolérez-vous les blondes, les bossus, les handicapés, les rousses aux yeux noirs ? Si, pour reprendre Claudel, la tolérance, il y a des maisons pour ça, enfermez les pédés dans les saunas, les bars, sex-clubs et saunas gay, gay-ttoïsez le Marais et on n'en parle plus !! Nous ne voulons pas de tolérance, nous existons, comme les autres, point barre. Et ce genre de proclamation à la fausse générosité sirupeuse n'est plus, dans la France du XXIe siècle d'actualité mais totalement rétrograde.



Tout est bien qui finit bien parce que l'équipe de production a, suite au départ du père de Christopher, décidé d'interrompre le tournage. Quel bluff ! Sur quatorze jours de tournage, on a mythonné sept émissions d'environ quarante sept minutes chacune, bourrées de flash-back jusqu'à saturation. Sur un total de 336 heures, quel sacrifice a-t-on fait « par respect pour l'émotion de Christopher » en ne gardant que cinq heures de diffusion ?

Tout est bien qui finit bien parce que Christopher, dans un grand élan d'humour ou de sincérité trouve le mot le plus drôle, le plus juste, le plus pertinent qui convienne en apprenant qu'il a été le jouet d'une « blague » : « enculés ! enculés ! ».

Il ne nous reste que quelques questions :

Que venaient donc faire dans cette galère les deux « références gays », Benjamin et Xavier, en dehors de leur propre promo, d'un cachet et de quelques phrases fatigantes sur le coming-out et de remarques pertinentes sur les tendances suicidaires des jeunes n'osant annoncer (Christopher dit « avouer » mais on ne va pas charger sa barque avec ça !) leur homosexualité ?

Cette émission, c'est à notre avis et depuis le début notre souci permanent, aurait-elle permis à des jeunes homos de mieux avancer dans la perception de leur différence et du partage avec leurs proches ? Quelques parents d'homosexuels m'ont fait part d'appréciations positives qui diminuent la réserve dans laquelle je me cantonne.



Beaucoup de bruit pour pas grand chose :

Une vraie mascarade, un jeu de dupes où l'on aura eu droit à beaucoup de belles larmes d'un garçon en qui la production avait, dès le début semble-t-il, investi cent mille euros qui se sont concrétisés dans un tri de ses attitudes les plus positives.

Une promotion touristique de l'Andalousie qui a dû largement subventionner ce tournage.

Des raccourcis stupides résumant souvent l'homosexualité masculine à l'acceptation d'une part de féminité.

L'idée discutable du caractère sacré et obligatoire d'un coming-out cérémonial : quel intérêt (en dehors des 100 000 € !) d'offrir une telle preuve de confiance à un type aussi borné que le père de Christopher ?

Quelques mises au point graves noyées dans une piscine de bling-bling, même signée (!) par Picasso...

Allez, quand ce genre de bêtise pourra être tourné en Egypte, en Iran, au Sénégal ou en Russie, nous cesserons de jouer les fines gueules.

 

Quelques liens sérieux, au risque, assumé, de nous répéter :

Livre : http://www.ho-editions.com/caddie/description.php?II=68&UID=2009083111113590.4.198.48

Sites de soutien, d'écoute et d'accueil :

http://www.sos-homophobie.org/

http://www.le-refuge.org/

Pour dédramatiser...

http://www.ho-editions.com/caddie/description.php?II=36&UID=2009083111160390.4.198.48

 


Mon Incroyable Fiancé 2,

une fin prévisible et décevante...

Par Lucie Ashley J., 26 ans

 

Mardi dernier, l’aventure de nos compères « amoureux » arriva enfin à sa fin.

L’épisode numéro cinq nous avait promis beaucoup d’émotion et de larmes, mais que nenni. Ces deux derniers épisodes, furent décevants, mais surtout prévisibles.

Au début de l’épisode six, toujours autant surchargé de flash-back redondants, Christopher est en pleurs, après le départ précipité et trop silencieux de son père, dans les bras de sa mère qui accepte contrairement à son ex mari, la prétendue homosexualité de son fils.

On s’attend à tort à une émotion intense, vu que la voix off prétend que celui-ci était si perturbé qu’ils ont dû arrêter la production de l’émission. Pas très longtemps d’ailleurs, vu qu’on n’hésite pas à aller réveiller Christopher le lendemain matin.

À partir de là, soit moins de dix minutes après le début de l’émission, il n’y a déjà plus de suspense. La voix off nous dit d’ailleurs que depuis la veille son père ne souhaite plus participer à l’émission, donc en tant que téléspectateurs, nous savons déjà que Christopher a perdu son pari.



Petite remarque intéressante, la voix off aurait-elle fumé un peu trop le calumet, car lors du départ de Jean-Michel, le père de Christopher, elle nous annonce qu’ils auraient informé les parents de celui-ci qu’il aurait menti pour gagner 100 000 euros. La production ne respecterait-elle même plus ses propres règles en leur révélant cette information ? Ben apparemment, non.

Dernière minute de l’émission, Christopher et Emeric sont coachés par notre experte fashionistique Benjamin Bove, qui apprend même au premier à sourire. Merci Benjamin, qu’aurait-il fait sans toi ?

Flash-back alors que Christopher regarde par la fenêtre du premier étage. On est censé angoisser, mais pas de bol, on connait déjà la fin.

Christopher et Emeric font leur entrée aux bras de leur belle-maman. Les amis et faux amis font leur discours et nous cassent les oreilles en chantant. Bernadette, la mère de Christopher est là, pas son père. Pas vraiment une surprise, la production nous l’a déjà dit et même Christopher s’en doutait.

Christopher a théoriquement perdu. Mais avant Emeric lâche le morceau : « Je ne suis pas qui tu crois »… etc. Christopher se sent bien bête. Comme on le comprend. Alors, gagné ou pas ? TF1 aime les happy-end. Christopher gagne malgré tout. TF1 ne suit encore une fois pas ses propres règles.

Nous sommes ravis pour Christopher, il en a bien besoin de cet argent, mais un peu perdus, car contrairement à ce que disait la voix off, bien la Bernadette elle n’a pas été mise au courant du pot aux roses. Quand je vous disais que la voix off avait fumé.



Donc, tout le monde il est content. S’en suit l’épisode sept sur le « passionnant » making of de l’émission, que j’ai vite zappé après m’être rendu compte que cinq mois après, Christopher était encore plus beau.

En bref, l’émission avait débuté de manière plus que mitigée, mais nous avait laissé entrevoir une lueur d’espoir avec le cinquième épisode, mais elle se sera terminée sur une fin illogique, bien que joyeuse, surtout pour Christopher, bien qu’il sache désormais que s’il n’était pas comme tout le monde papa ne l’accepterait pas. Une fin somme toute prévisible.

La ménagère de moins de cinquante ans sera satisfaite.


POUR EN SAVOIR PLUS :

Le site de l'émission : http://www.tf1.fr/mon-incroyable-fiance-2/

 

THE END (et c'est tant mieux !)


par Gérard Coudougnan

       

Coup de chapeau à l'équipe d'une émission qui devenait plus qu'ennuyeuse : le cinquième épisode a été vivant, varié et constitue un vrai motif de relance avant les deux épisodes de ce soir (soit cinq tunnels publicitaires avant, pendant et après !).

Les connaisseurs de l'Andalousie ont dû rêver en voyant les rues de Mijas, perle touristique surchargée en été, désertes pour les discussions autour d'un verre ou à dos d'âne entre les parents d'Emeric leur fils et Christopher

Le père d'Emeric a son rôle bien dans la peau. Il sait jouer le « beauf » basique qui a transformé son épouse en simple reproductrice et sa conjointe en mère : il l'appelle « maman », comme le font tant de pères de familles ou... de gays qui, entre eux, veulent railler ce comportement qui transforme le lien conjugal en lien de filiation.

Il pose au cours du dialogue LA question qui est dans la tête de tant de personnes qui croisent un couple d'hommes : « Qui est-ce qui fait la femme ? ». Dommage que Dr Benjamin et son acolyte n'aient pas rebondi sur ce sujet qui intrigue tant de monde. Comment expliquer, dans ce genre de situation, que la sodomie n'est pas une étape obligée ni indispensable, que les rôles sont fixes ou variables... et que cela ne regarde personne ?

Avec le père de Christopher, nous quittons les comédiens. Le gars n'est pas tombé de la dernière pluie et on imagine assez facilement le rapport de force auquel il a dû soumettre son fils.

Si le montage est conforme à l'ordre chronologique, il a compris « l'embrouille » en voyant son Christopher et Emeric sucer le même spaghetti. Et alors que Christopher rame comme un malheureux avant d'arriver à faire sa révélation, il lui tend une superbe perche en lui demandant si en espagnol pédalo ne se dirait pas pédala...

Christopher est trop troublé pour saisir la balle au bond, ou refuse ce biais.

Christopher est à bout...

La veille, au tablao flamenco, il a été infiniment gêné par les « yeux de biche » d'Emeric. Inconscient de son charme, tétons turgescents sous son T-shirt moulant, il a dû repousser virilement les approches de son amoureux transi, sans perdre de vue les 100 000 € qui seront ce soir en jeu...

 


Mon Incroyable Fiancé 2,

le manège continue et les larmes coulent....

Par Lucie Ashley J., 26 ans

 

Mardi dernier fut diffusé le cinquième épisode, sur sept, des aventures cathodiques de notre beau gosse et de son amoureux transi à Marbella en Espagne.

Au programme, balade en ânes et jupe plissée, conseil de notre gourou Benji, resto en amoureux, mais surtout le coming out qu’on attend tous, celui devant les parents de Christopher.

Le lendemain du pseudo coming out burlesque d’Emeric où, souvenez-vous sa « mère » avait fugué pour chanter sur un bateau, après que la colère de Zeus, incarné par le père d’Emeric, ne se soit abattue sur eux, nos deux jeunes hommes vont devoir faire une balade avec beau-papa et belle-maman à Miras. Tout un programme !

Au pied levé, dans leur sublime et clinquante limousine rose, notre petit couple est donc allé retrouver ceux-ci pour – Surprise ! – une balade en ânes. C’est qu’elle avait l’air maligne la mère d’Emeric avec sa jupe plissée sur son âne, et Emeric qui monte une ânesse en amazone. Quelle horreur ! Un peu de virilité Emeric, papa veille au grain.

Une petite balade pas très fascinante, mais agrémentée des fameux commentaires blessants de beau papounet qui durant le déjeuner, peu après, ne supporte même pas de voir la main d’Emeric dans le dos de Christopher.

Mais après une bonne dose de morale de la bien gentille môman d’Emeric, papounet se calme, n’aime pas, mais accepte. Personnellement, je trouve ce processus d’acceptation un peu trop facile. C’est trop court et me semble surréaliste.

Après cette charmante balade, arrive notre gourou, que dis-je notre dieu, Benjamin, qui tout fier de lui, leur annonce que lui et son compère Xavier leur ont concocté un petit diner andalou en amoureux à l’Anamaria. Chouette !

Christopher, lui, aurait préféré, à juste titre, cogiter sur la manière de parler à ses parents et éviter de dîner aux chandelles avec Emeric. Leurs dîners sont souvent propices à des déclarations enflammées de la part de ce dernier. Celui-ci « jubile ». Son petit Cri-cri  et lui au resto, que du bonheur !

Christopher avait bien raison d’avoir peur. Au cours du repas, Emeric lui avoue à quel point il n’envisage plus de vivre sa vie sans lui. Christopher ne sait que répondre. Il faut le comprendre. Que répondre à une personne que vous n’aimez pas et qui ne peut plus vivre sans vous ?

C’est la panique et demain sera pire, ses parents arrivent.

Le moment fatidique arrive à grand pas. Christopher, qui en a été malade toute la journée, tourne en rond comme un lion en cage et ni les mots apaisants d’Emeric, ni la musique classique qu’il joue au piano, n’y ont rien changé. Dans la limousine blanche qui les conduit à la villa, la mère de Christopher est pleine de confiance et de fierté ; son père, lui, imagine le père… et à juste titre. Comme il le dit : « Christopher, il nous fait que des bêtises. » Cela n’annonce rien de bon.

Les parents arrivés, Christopher fond en larmes dans les bras de sa mère. Le téléspectateur est réellement ému. Christopher ne peut s’empêcher de passer sa main sur le bras de son père tandis qu’il leur fait faire le tour du propriétaire, signe de sa grande anxiété ou/et d’une peur panique d’un éventuel abandon de celui-ci. Suivent le toast et le visionnage de l’album de photos de vacances, où il n’y avait « pas une seule nénette » et où ils se sont « bien éclatés dans tous les sens du terme ». Regard froid et agressif du père de Christopher envers Emeric. Emeric fait gaffe, tu vas t’en prendre une !

Emeric tâte toujours le terrain : « Mes parents ont hâte de vous rencontrer. » Tout cela sous le regard médusé de la mère de Christopher, qui lui est en panique totale et finit par lâcher le morceau : « Emeric et moi, on est ensemble. » Fait assez hilarant, alors que Christopher est livide en annonçant la nouvelle, Emeric est aux anges, comme s’il était sur sa planète.

Christopher fond en larmes, le téléspectateur aussi, quand son père fuit la villa en refusant que son fils lui parle.

Pour une fois, TF1, ou plutôt Christopher, a réussi à captiver le spectateur et à faire pleurer dans les chaumières. Oui, les larmes ont coulé mardi dernier et couleront aussi le 25 Août.

Personnellement, même si je trouve toujours que la trame du jeu n’est pas assez poussée ou crédible pour certains faits, il est sûr que grâce à Christopher et à sa sensibilité qui nous émeut, le spectateur restera fidèle et le suivra jusqu’à la fin.

Du moins, moi je le ferai.


POUR EN SAVOIR PLUS :

Le site de l'émission : http://www.tf1.fr/mon-incroyable-fiance-2/

 

 

Ce soir, les deux derniers épisodes (6 et 7)

sur TF1 à 22h10.

Réagissez dès maintenant et demain en commentaires sur ce billet !



Le Père Docu s'appelle Gérard Coudougnan, il est né en 1962 et a pour qualification « enseignant-documentaliste », vous savez la dame qui râle au C.D.I. (centre de documentation et d'information) : c'est lui. Pour des raisons indépendantes de sa volonté, il est en ce moment éloigné de son lieu de travail habituel mais a toujours un C.D.I. (contrat à durée indéterminée) avec les bouquins pour qui il a une vraie A.L.D. (affection de longue durée).

Au hasard de ses lectures, il a croisé Marc-Jean Filaire puis Môssieur Daniel C. Hall (« The Boss ») qui lui a proposé de regrouper ici quelques « recensions » d'ouvrages à thématique LGBT.

Toute remarque, toute suggestion sera la bienvenue. Les avis, sous forme de commentaires, pour échanger des points de vue encore plus !

La bibliothèque rose est ouverte… vous avez lu Le Club des Cinq d'Enid Blyton ? Claude, le « garçon manqué » est peut-être alors votre première rencontre avec une petite lesbienne ou une future transgenre ? Ah bon, vous n'avez pas connu les Bibliothèques Rose et Verte ? Qu'importe, entrez (couverts !) ici et faites ce que vous voulez entre les rayons, ne soyez pas sages ...

 

SPÉCIAL FRANÇOIS REYNAERT

& BASILE POLSON

François Reynaert est chroniqueur au Nouvel Observateur et dans l'émission Le Fou du roi de Stéphane Bern sur France Inter et il est l'auteur de plusieurs romans, parmi lesquels Nos amis les journalistes où le lecteur fait la connaissance du journaliste Basile Polson, qu'il retrouvera dans le roman Nos amis les hétéros et dans Rappelle-toi... François est l'invité du blog "Les Toiles Roses"...


       

       François REYNAERT, Nos amis les journalistes : Roman comique, Nil, 2001, 263 p. ; (poche) Pocket, 2004, 256 p.

        Vous hésitez encore sur votre destination de vacances estivales ? Vous voulez fuir les lieux recommandés par Têtu Voyages mais ne refuseriez pas de viriles étreintes avec de jeunes soldats peu farouches ? Le Tourdistan est LA destination qu'il vous faut ! À cheval (ou plus exactement, à chameau) entre les zones d'influence iranienne, turque et ex-soviétique, ce pays offre une palette d'émotions aussi diverses que variées à celui qui saura faire l'effort de fuir les clichés et les idées reçues sur des univers à l'exotisme... exotiquement exotique.

        Pour le découvrir, foncez chez un bouquiniste, à la bibliothèque la plus proche (si elle a une « bonne » politique d'achats !) ou sur une librairie en ligne (l'édition originale semble plus disponible que celle de poche) et avec Nos amis les journalistes, vous aurez un aperçu vivant et assez détaillé des « mille et un visages de Tourdistan ». Avec un trio de reporters de choc, dont le jeune pigiste gay Basile Polson, impossible de s'ennuyer dans ce pays qui a raté de peu la une des médias.... mais qui pourrait bientôt s'y installer (1).

        François Reynaert est là-dessous, oui celui que vous filez directement retrouver dans sa chronique du Nouvel Obs, que « Le classement des hôpitaux », «Le salaire des cadres », « La vérité sur les Franc-maçons » ou « Les derniers prix de l'immobilier » soient ou non en couverture ! Et même si vous ne lisez pas ce journal, si chez le dentiste ou le coiffeur vous sautez sur L'Auto-journal, Femme Actuelle ou Ici Paris... cela n'est pas vraiment important...

        Le bougre n'est pas que chroniqueur, il sait aussi nous tenir, souvent hilares, en haleine au long d'un récit qui est plus et mieux qu'une satire du milieu de la presse. Un véritable amant de la langue française déploie ici ses talents, que ce soit dans la pratique du moliérien idiome par d'étranges étrangers plus subtils que d'hispaniques bovins ou dans une autodérision qui pourrait valoir à Basile Polson des sanctions !

 

(1) on murmure au Quai qu'un jeune et influent diplomate français, actuellement en poste au Caribouland, devrait y être « promu » ...

POUR EN SAVOIR PLUS :

Sur l'auteur, sa biographie (officielle ??) : http://fr.wikipedia.org/wiki/François_Reynaert

Chez son éditeur : http://www.laffont.fr/livre.asp?code=2-84111-224-1

Sur le Tourdistan :

Le site de l'Office de Tourisme du Tourdistan (non disponible en français) :

http://www.kase.kz/ru/page/normative_base

 


       François REYNAERT, Nos amis les hétéros : (Roman de genres), Nil, 2004, 273 p. ; (poche) Pocket, 2005, 273 p.

        Basile Polson, héros de cette enquête ethnologique, a l'impression désagréable d'être le « pédé de service » dans son hebdomadaire quand on lui demande de préparer un dossier spécial sur les homos…

        Qu'a cela ne tienne, le jeune homme a du répondant et l'enquête pour ce numéro « être gai, ça n'est pas triste » va le conduire dans un monde étrange et pénétrant, celui des hétéros !

        Basile n'aime pas les simplifications, c'est un esprit libre qui agit avec une vraie empathie. Ses amis, ses collègues, son Victor en font ici l'expérience à un degré étonnant.

        Les livres américains du style Retrouver le mâle qui est en soi, Elevez vos garçons comme des garçons ou le terrible Les hommes viennent de Mars et les femmes de Vénus (adapté en pièce de théâtre !) provoquent chez lui un urticaire intellectuel partagé par toute la section littéraire des Toiles Roses… C'est avec un altruisme sincère, désintéressé et aux conséquences parfois cocasses qu'il va mener sa barque dans des remous de jalousie, d’adultère, et d’autres crises conjugales. Les altérophiles (1) sont parfois des êtres déroutants (2) en comparaison avec le couple que forment Basile et Victor dans le contexte où les récentes années sida sont évoquées (p.105 à 107) avec maestria.

        Que l'on ait ou non partagé les aventures de Basile Polson, pigiste envoyé spécial au Tourdistan (3) importe peu. L'heure est au coming out familial, à la tendresse avec ce beau philosophe qu'est Victor, au pacs flottant… tout un contexte où l'amour s'affiche sur cinq colonnes à la une pour Basile, qui doit suivre ses amis (dont quelques vrais ours !) dans un quotidien de faits divers aux conséquences moins brèves que prévu.

        Un cocktail de réflexions existentielles plus que pertinentes, d'interrogations fondamentales mais jamais pédantes au milieu d'une aventure humaine : l'insolite déclaration d'amour de Basile à Victor sur près de trois cents pages.

 

(1) cf. Pascal Fioretto, Gay Vinci code, Chiflet&Cie, 2006, p.87 « Par opposition à l'homophilie, l'altérophilie est la tendance à éprouver des pulsions amoureuses pour un sexe opposé au sien »

(2) Voir à ce sujet les brillantes chroniques de Monsieur Durden, notre « hétéro de service » :

http://www.lestoilesroses.net/categorie-10924403.html

(3) Dans Nos amis les journalistes déjà évoqué dans cette rubrique.

POUR EN SAVOIR PLUS :

Chronique de François Reynaert sur « la confusion des genres » …

http://hebdo.nouvelobs.com/hebdo/parution/p2083/articles/a250756.html

 


       François REYNAERT, Rappelle-toi, Nil, 2009, 228 p.

        Internet a fait de notre vie un Perdu de vue potentiel… on peut retrouver ses copains d'avant pour en faire, éventuellement ses coquins d'aujourd'hui ! Voilà comment le héros de François Reynaert reçoit un mystérieux courriel d'un certain Patrick Legoff, compagnon de vacances adolescentes au camping des Tournesols dans la Manche. Patrick Legoff ????

        Quadragénaire épanoui dans sa relation de couple avec Victor, professionnellement serein et reconnu dans son hebdomadaire et à la télévision, Basile Polson vit ici son aventure la plus intime dans une plongée vers un passé incertain où les ombres ont un charme envoûtant qui donne au présent un relief nouveau.

        Roman sur la maturité où l'humour et une lucidité décapante ne font jamais défaut, Rappelle-toi est écrit comme une enquête policière : en cherchant à résoudre l'énigme de base, Basile va faire le point sur son bonheur actuel tout en goûtant à de délicieux flashbacks dont fait partie le beau Tony, son « premier mec ». Roman d'apprentissage du quadragénaire de ce début de XXIe siècle, ce livre nous touche encore plus que les précédentes aventures de son protagoniste : il est un tout qui peut être lu sans être passé par les étapes antérieures.

        Serons-nous nombreux à faire savoir à son auteur que nous en voulons encore et que nous n'aimons pas l'idée que le point imprimé page 229 soit le point final des aventures de Basile Polson ?

 

POUR EN SAVOIR PLUS :

Très belle interview de François Reynaert par nos amis de Polychromes avec une bonne analyse de Rappelle-toi :

http://www.polychromes.fr/spip.php?article219

 

 

Fragile, Basile ?

Une chronique hommage de Gérard Coudougnan

 

        Avez-vous déjà entendu parler du Tourdistan ? Avez-vous lu un dossier spécial « Être gay ça n'est pas triste » dans un célèbre hebdo français ? Étiez-vous juilletiste au camping des Tournesols à Juniac au début des années 80 ? Si vous avez répondu oui à une de ces questions, vous connaissez donc Baz, Babaz, Basou : Basile Polson. Ce nom ne vous dit rien ? Veinards : une belle rencontre vous attend.

        Lisez-vous Le Nouvel Obs ? Lûtes-vous 20 ans ? Écoutez-vous Le Fou du Roi sur France Inter ?

        Vous connaissez donc François Reynaert, l'un de Nos amis les journalistes, auteur des trois romans qui nous ont fait découvrir son collègue Basile avec qui il a quelques points communs.

        Baz a fait irruption sur la scène littéraire en 2002 : jeune pigiste au Journal, il a brillé dans un reportage à hauts risques à Moulighour, capitale du pays mentionné dans la phrase d'accroche de ce papier. Gay assumé mais pas encore vraiment sorti du placard, c'est en 2004 qu'il a fait son coming out dans une brillante enquête sur un monde étrange et pénétrant, celui de Nos amis les hétéros. Nous voilà à peine en 2009 que Basile revient en quadra tourmenté dans Rappelle-toi dont on apprend avec un effarement doublé d'une irrépressible (irréfrénable, incommensurable, insondable) tristesse doublée d'une égale (à vous de voir, donc) indignation qu'il clôt une trilogie (quatrième de couverture) !!!

        Basile, vous ne pouvez pas nous faire ça !!! Reprenez avec moi tous en chœur : Basou c'est pas chou, Babaz t'es trop naze !

        On vient à peine de faire ta connaissance que tu nous lâches : tu as pris vingt ans entre 2002 et 2009, d'accord. C'est le droit de ton papa, une « licence littéraire », on la lui concède. Mais nous laisser en plan au bout de 767 pages, c'est petit, c'est mesquin. Et puis ta quarantaine avec Victor, ton compagnon prof de philo, même si tu restes un gars fragile, elle nous a encore plus émus que tes précédentes aventures.

        Ta sensibilité et ta culture, ton sens de l'autre, cette empathie qui te conduit à te comporter en aoûtien pour ne pas blesser un fracassé de la vie, ton relativisme par rapport aux divers engagements qui te tentent sans jamais t'aveugler touchent beaucoup de lecteurs.

        T'avoir comme pote était un plaisir régulier : là tu avais su nous faire attendre. Cinq ans entre le numéro deux et le trois, le Polson était mollasson. Mais on pouvait te retrouver avec tes amis journalistes ou hétéros en attendant. Ta prose était légère, ton humour caustique et tu restais disponible même à une deuxième ou troisième lecture, on se délectait encore en découvrant un quatrième degré à certaines de tes réflexions.

        Rappelle-toi, Basou, comme il fut doux de te suivre roue dans roue sur les routes aux multiples trous des I love you des années Scooby-Doo... Hou le voyou !!!

        Tu te barres, nous ne voulons pas y croire.

        Ton public est là, Babaz ! Tou les entends dans le noir, ils sont tous là : les zomos, les zétéros, les journaleux, les filles à pédés, les mamans qui se demandent si leur fiston ne serait pas « comme ça », les lecteurs de tout poil, les potaches, les amateurs de bonnes histoires comme les quadras sensibles qui se sont un peu identifiés à toi.

        Qu'est-ce que tou croyais ? Devenir comme ça Babaz le Prix Renaudot ? Eh bien, non, tou es Basile Polson, de Mer (Département de la Manche), ancien voisin de madame Leguen et neveu du Général Roger Lefranc !

Alors voilà, tu nous fais sans doute le coup des « adieux au music-hall ». Cela ne marche pas : nous avons tous tout compris. Nous bissons de joie, à l'idée de te retrouver dans quelques années.

        Une trilogie ? C'est pagnolesque, Basile. Sois au moins wagnerien et essaie donc la tétralogie, on verra bien plus tard.

        Nous avons les moyens de nous faire entendre via ton Journal. Nous sommes une majorité à l'ouvrir fébrilement à la recherche de « la » chronique de F. R. Et si nous nous abstenions d'observer ? Et si nous cessions de l'acheter ?

        Cela pourrait commencer dès vendredi, si Basîle déserte.

 


Basile Polson

Interviewé par Gérard Coudougnan

(Merci à l’ami François Reynaert d’avoir transmis

nos questions à son collègue)

 

        Bonjour Monsieur Polson, c'est un immense honneur que vous faites aux Toiles Roses de nous offrir votre première interviouve, en exclusivité interplanétaire. Si je vous présente comme un self-made journaliste quadragénaire, travaillant depuis une vingtaine d'années pour un grand hebdo national, pacsé avec Victor, qu'avez-vous envie d'ajouter à cette première ébauche de portrait ?

        B. P. : Comme vous l'avez remarqué avec finesse, les livres dans lesquels on me fait le plaisir de parler de moi sont assez flous en termes de chronobiologie. Une fois je suis un perdreau de l'année, dans le roman suivant, j'ai déjà 40 ans. En clair, il serait bien d'arrêter de parler d'âge, ce qui, de toute façon, est inconvenant. Disons que, comme tous les gens raisonnables, je pratique le célèbre adage que Sacha Guitry appliquait au beau sexe : « c'est entre 30 et 31 ans que les femmes passent les dix plus belles années de leur vie ».

Pour le reste, vous avez tout dit, et Victor se porte comme un charme. Il a pris le soleil, son teint est de pêche, la douceur de sa peau d'un abricot. Je ne me lasse pas de la caresser de toutes les façons possibles, des yeux et des mains.

 

        Vous avez, Basile, un vrai sens de l'autre, une ouverture qui déteste enfermer les personnes dans des cases les résumant à un statut social, un métier, une origine, une orientation sexuelle : ne vous fait-on pas parfois grief de ce « grand angle » ?

        Votre question est trop gentille pour que j'aie l'immodestie d'y répondre. Ça me fait trop penser à une vieille interview à la radio de Bernard-Henri Lévy – tout au moins ai-je quelques amis qui prétendent l'avoir entendue, mais je ne saurais y croire, tout ça est trop beau. En tout cas, selon eux, l'interviewer avait commencé par : « Bernard-Henri, vous êtes jeune, vous êtes beau, vous êtes intelligent... » Et BHL, sans se démonter, de répondre : « Bien, reprenons point par point ».

Sans blague, disons que je n'aime pas enfermer les gens dans des stéréotypes, parce que si souvent, j'ai juste envie de les enfermer dans mes bras.

 

        Parmi les débats actuels de la planète gay française (lutte contre la transphobie, mariage gay, homoparentalité, etc.) y a-t-il des sujets qui interpellent plus personnellement François et Vincent, oh pardon : Basile et Victor ?

        Je suis très admiratif du travail militant en général. On vit dans une société dominée par le fric et la gagne. Penser que des tas de gars et de filles donnent de leur temps et de leur énergie pour faire avancer leur lutte, c'est magnifique.

        Je dois vous avouer, par ailleurs, qu'à titre personnel, j'ai un peu de mal à m'intéresser aux débats trop français, parce que j'ai trop mal au cœur en pensant à la situation de tant d'homos hors de France. Bien sûr, je serais content que l'on obtienne un mariage de plein droit, et la garantie que mon petit Victor sera aussi bien protégé par ce statut que le sont nos amis les hétéros. Mais après, je vois ce qui se passe au Sénégal, au Cameroun, en Russie, en Irak, en Iran, je pense aux gays qui sont persécutés, martyrisés, juste parce qu'ils sont ce qu'ils sont, et je me dis qu'il est peut-être raisonnable de penser en priorité à les aider eux, non ?

 

        Nous sommes bien d'accord sur ce point : nous savons que notre blog est consulté depuis de nombreux pays où nos revendications peuvent passer pour des caprices d’enfants gâtés en comparaison avec la répression, la négation dont les homosexuels sont les victimes permanentes.

Ma question suivante est un exemple type de ce contraste entre nos démocraties et ces pays où nous serions traités comme des parias : Basile, avez-vous une opinion sur un sujet qui a récemment déchiré Les Toiles Roses, à savoir Mylène Farmer ?

        Carton rose. Non, carton jaune ! Enfin le carton qu'on sort quand on ne sait pas répondre, c'est quoi déjà ? Ah oui, un joker.

 

        Entre Ziegmens, la honteuse du Journal, et Tony, votre premier garçon au temps des vacances à Juniac, pourriez-vous détailler ce qui vous fait hurler chez le premier et craquer chez le second, en sachant que l'on pourrait, trop rapidement, les faire entrer tous les deux dans une case que vous n'utilisez jamais, celle des bisexuels ?

        Je ne crois pas que Ziegmens soit bisexuel. Ziegmens est un type d'un autre temps comme il y en a encore beaucoup, qui est un homosexuel planqué, et tellement obsédé à l'idée de cacher ce « terrible secret », qu'il parle de femmes tout le temps, ou, pire encore, d'homosexualité sur un ton faussement détaché. Ziegmens, c'est le garçon qui passe 98 % à parler des gays avec un air très libéral en précisant : « Attention, moi personnellement ça ne me dérange pas du tout », et passe le reste de l'après-midi à mater dans son bureau le calendrier des rugbymen. J'en connais plein, des comme ça. En général, personne n'est dupe, c'est ce qui est amusant avec ce genre de types. Tout l'entourage fait semblant de rentrer dans son jeu, de croire à ses conquêtes féminines imaginaires, tout en disant après : « Tu comprends, ça le gêne tellement son homosexualité... »

        Tony c'est autre chose, Tony il est plus qu'homo ou hétéro, il est sexuel tout court. Quand je pense à lui, je pense à ses jambes, à son torse. Il faisait beaucoup de football, à l'époque. Le foot, ça cambre les reins, ça muscle les fesses, et ça fait des jambes très légèrement arquées. Si vous saviez comme c'est beau, des reins qui chutent sur des fesses rondes et musclées portées par deux jambes de cow-boy.

Passons à la question suivante, je sens que je m'égare.

 

        Parmi les personnages de Rappelle-toi, vous avez cité, page 170, Laurence, une mère docu « à la mémoire d'éléphant ». Avez-vous pensé à des documentalistes de presse ou à de vraies enseignantes, collègues du Père Docu qui vous interroge actuellement ?

        Dans le journal pour lequel je travaille, qui s'appelle donc Le Journal, j'ai les meilleures relations avec mes copines de la doc. Je passe mon temps dans leur bureau. C'est ma petite thébaïde, mon aire de doux repos, j'aime y passer parfois, à piapiater de tout et de rien avec des filles rieuses, intelligentes, et cultivées.

 

        Vous faites rougir votre interlocuteur : c'est donc vous qui aviez interviewé BHL (rires)...

Que savez-vous de votre public : avez-vous une idée de sa composition ? Pourriez-vous nous confier quelques réactions à certaines de vos trois aventures ?

        C'est difficile à dire parce que le public a été très différent à chaque fois. En général, le premier, Nos amis les journalistes, a plutôt fait rire la profession, et le deuxième, Nos amis les hétéros, a plutôt fait rire les homos. Quant au troisième, Rappelle-toi, il me semble qu'il a touché quelques lecteurs, des petits cœurs sensibles, comme le mien. Je me souviens d'un garçon – un beau garçon – qui m'a arrêté dans la rue pas loin de là où j'habite, qui a commencé à dire « Je me suis beaucoup retrouvé dans... » et qui n'a pas réussi à finir parce qu'un sanglot montait dans sa gorge. Avant de s'enfuir, il a juste dit : « Je suis trop ému ». Je n'ai même pas pu lui répondre : « Et moi donc ! »

 

        Vous savez que cette interviouve est destinée à un site de cinéphiles. Nous sommes donc contraints, vous et moi, à un minimum de réflexions à caractère cinématographique : si vous avez envie de vous lancer, allez-y, vous qui savez placer en tête des gaffes les plus terribles « défendre Lelouch devant le directeur des Cahiers du cinéma » (Nos amis les hétéros, p.155). Si vous souhaitez conclure là-dessus, vous avez les moyens et toute la liberté de vous faire aimer d'un public exigeant mais ô combien sympathique (bonjour public !) et de le rassurer sur la pérennité de votre œuvre littéraire, rayon grâce auquel on essaie de détourner un peu ces obsédés de l'image, maniaques de l'écran...(Aïe ! C'est pô vrai, il y en a qui lisent !)

        Alors soyons simples. J'adorerais que mes aventures deviennent un film, un jour. Ça a été en cours à un moment, et puis, problème de producteurs, problème de tous genres comme il en arrive cent fois par semaine dans ce milieu compliqué, c'est tombé un peu à l'eau. Mais puisque des amis cinéphiles nous lisent, qu'ils se lancent, nom d'une pipe ! Regarder c'est bien les amis, mais faire c'est mieux !

 

        Parmi tous les richissimes producteurs qui forment l'essentiel du lectorat des Toiles Roses, il est impossible que ce discret appel reste sans réponse !

        Et je confirme : Basile est une perle rare. Merci Basile et à bientôt pour le tome quatre...

 

Les photographies et les réponses de Basile sont © François Reynaert.

Un grand merci à vous, François, pour votre disponibilité, votre talent et votre gentillesse.


Note de Daniel C. Hall : Si les éditeurs ou les auteurs (auto-édités ou non) souhaitent envoyer un service de presse à Gérard en vue d’une critique sur ce blog, merci de prendre contact avec le chef Daniel C. Hall qui vous communiquera ses coordonnées : lestoilesroses@hotmail.fr.


TO BE CONTINUED…



par Gérard Coudougnan

       

Christopher (qui ignore qu'Emeric est un comédien) utilise un terme peu courant (1) pour qualifier la cérémonie qui va l'unir à son partenaire de télé-réalité : construit à partir de pacs et de mariage, ce terme assez lourd est la seule vraie nouveauté du dernier épisode... qui a autant découragé téléspectateurs que commentateurs.

Les différents trailers, résumés et bandes-annonces démotivent totalement puisque l'on sait quasiment tout ce qui va se passer. On savait donc que le coming out d'Emeric serait agité. On a simplement appris que cette comédie lourdingue avait été le fruit de longues répétitions. Papa a évoqué « Sodome et Gomorrhe » et maman, après une fugue grotesque, trouve que son futur gendre est bien.



Il a fallu passer par un rituel « repas de coming out » assez effrayant. On est aux antipodes de la remarque de Bernard Alapetite à propos du héros du film J'ai tué ma mère (2) « Cette déculpabilisation nous évite l’obligée scène de coming out qui devrait, heureusement, bientôt être rangée au rayon des antiquités scénaristiques.

Nous sommes bien au rayon des antiquités scénaristiques, et cela devrait être encore pire ce soir, puisque c'est Christopher (qui ignore qu'Emeric est un comédien) qui va organiser sa soirée de coming out. Et l'on sait déjà que Maman le prendra mieux que Papa. Si la famille d'Emeric est composée de comédiens professionnels, comment qualifier le naturel des parents de Christopher (qui ignore qu'Emeric est un comédien) lorsqu'ils répondent, filmés, aux demandes du fiston ?



Ne reculant devant aucun sens du ridicule, les scénaristes ont même organisé un « enterrement de vie d'hétéro » jumelé avec l'anniversaire (une semaine = hebdoversaire ?) de la rencontre. Cela se passe dans une boîte où de sculpturales danseuses en tenues minimalistes se contorsionnent le long de barres métalliques avant d'aller agiter leurs appâts sous les yeux des spectateurs. Dans ce contexte, Emeric réussit un petit discours sensible et plutôt touchant en l'honneur de Christopher (qui ignore qu'Emeric est un comédien).

En fonction de ce qui a déjà été montré, ce soir le père de Chistopher (qui ignore qu'Emeric est un comédien) va quitter la table et sans doute la villa tandis que sa mère va se rapprocher de son fils. On ne sait pour l'instant (et le suspense est quasiment insoutenable) si elle agit par amour pour Christopher (qui ignore qu'Emeric est un comédien) ou par opposition à son mari avec qui elle est en instance de divorce depuis six ans.

Il y aura une cérémonie à la villa mais reste à savoir si les conditions seront toutes réunies pour que ce brave Christopher (qui ignore qu'Emeric est un comédien) puisse empocher les 100 000 € qu'il a déjà bien mérités. C'est l'unique et bien faible motivation pour rester fidèle à une émission qui n'a même pas énoncé la règle complète du jeu ...

Et la fête va continuer jusqu'au mardi 25 août où l'on aura même droit à deux épisodes consécutifs... TF1 nous gâte vraiment.

 

(1) À titre de comparaison la recherche des mots suivants sur Google donne pour pacsage 1580 réponses, pacs 7 580 000, mariage 31 600 000.

(2) http://www.lestoilesroses.net/article-34195788.html



Mon Incroyable Fiancé 2, de plus en plus ennuyeux,

de plus en plus drôle.

Par Lucie Ashley J., 26 ans

 

Mardi dernier fut diffusé le quatrième épisode des aventures de notre pseudo couple gay favori, où la tension générée par les coming out en série devait arriver à son paroxysme. Oh mon Dieu, comment vont réagir les parents, acteurs, d’Emeric face à la nouvelle de l’homosexualité de leur cher bambin ? Un suspense insoutenable.

Pour cet épisode, précédé de ces interminables flash-back en série insipides et barbants, Emeric et son chéri d’amour ont dû fêter leur premier anniversaire ensemble. Chouette, c’est Emeric qui est content de s’afficher avec son petit Christopher.

Donc, petite soirée dans un club de striptease tout ce qu’il y a de plus classique, où tenté par les courbes rebondies de ces jeunes filles, Christopher en aurait presque oublié ce qu’il faisait là. Mais attention, Emeric veille au grain. Après lui avoir reproché qu’ils ne faisaient pas assez gay – mais oui Christopher, il faut que tu tripotes Emeric enfin ! – le bellâtre fut ramené à la réalité par l’arrivée du fameux gâteau d’anniversaire, énorme bien sûr, comme leur « amour ». No comment !

Après avoir résisté à l’assaut des stripteaseuses, Christopher doit subir l’horrible, que dis-je la terrible épreuve, qu’est d’écouter Emeric lui déclarer sa flamme : « Tu as fait de moi l’homme que je suis ». Bla bla bla. Christopher en reste sans voix. Si bien qu’à son réveil, il ressent le besoin de se confier à la caméra : « Emeric me regarde avec des yeux de biche et a besoin de me toucher. » Au secours !



S’en suivent de longs et rébarbatifs flash-back, avec des gros plans sur les yeux énamourés d’Emeric et de ses mains baladeuses. Pauvre Christopher harcelé par Emeric toute la sainte journée. Sortez les mouchoirs mesdames, messieurs.

Toujours pas remis de la déclaration de celui-ci, Christopher ne sait plus où se mettre. Mais TF1 ne va pas s’arrêter en si bon chemin et au travers de leur potiche d’animatrice surpayée, elle annonce à nos deux compagnons qu’ils devront annoncer aux parents d’Emeric qu’ils sont gays, ce soir-là. Les pauvres, que de pressions sur leurs frêles épaules !

Notez cela dit, le changement de verbe : « être » gay et non plus « devenir » gay. Quelqu’un leur aurait-il appris qu’on ne devenait pas gay ?! Sûrement un coup de notre chère Benjamin.

La chaîne a donc prévu de pimenter la soirée d’Emeric et Christopher, mais avant… déjeuner avec les amis respectifs qui – Surprise ! – se connaissent déjà. Et là, convaincu de sa sagesse et fier comme un paon, Aymeric qui sort à Emeric – Vous suivez toujours ? – que s’il est gay, c’est parce qu’il aime le banana split, sous les yeux ahuris de son ami, de Christopher et d’Emeric, outrés par son attitude. Et voilà, Christopher et Emeric qui défendent leur pacs, oui pacs, pas mariage, avec vergogne. Puis Aymeric et Emeric, qui se battent pour savoir lequel des deux connait le mieux Christopher. Une fois de plus : No comment.



Durant ce déjeuner, le spectateur s’ennuie comme un rat mort et n’a qu’une « hâte », voir la réaction des parents d’Emeric. Et là, toute fière d’elle, la chaîne nous offre une vision des coulisses, du making of de la scène du dîner. Waouh, quelle chance nous avons… Ça promet.

Le moment fatidique arrive. Le suspense est à son comble… Enfin, il paraît… Emeric « est » paniqué. Christopher, lui, s’efforce de rester confiant, comme tout bon « winneur » qui se respecte. Le diner est long et barbant, tout tourne en rond, jusqu’à ce qu’Emeric revenu de la cuisine où il a évidemment cassé les belles assiettes de porcelaine toutes neuves – Mince alors ! – se décide et dit haut et fort : « J’aime Christopher. »

Le père d’Emeric choqué par cette dramatique nouvelle, hurle de rage et ose dire « Ta gueule ! » à Christopher. Emeric, en homme fort, fait face. Christopher, en homme sage, raisonne son beau-père. Tout va bien. Tout le monde il est content dans le meilleur des mondes. Mais, où est passée la maman d’Emeric ? Oh mon Dieu, se serait-elle suicidée ? Oh non, quel drame ! Ressortez vos mouchoirs mesdames. Tout le monde panique, se dispute. Le spectateur se marre bien à voir Christopher courir partout. Pas sûr que TF1 ait atteint son but avec cette scène longuement répétée.



Dix minutes de stress émotionnel intense et – Ouf ! – on l’a retrouvée. Chouette ! Elle ne nous avait pas beaucoup manqué à nous. Et qui c’est qui chante sur un bateau avec deux messieurs ?! Je vous le donne en mille, c’est la môman d’Emeric. Comme toute maman, elle savait déjà que sont fils était gay. Évidemment. Mais attendez, vous ne savez pas tout. Coup de théâtre, la mère d’Emeric donne la main de son fils à Christopher. Ah Christopher, que tu le veuilles ou pas, Emeric est devenu ton boulet personnel.

Tout est bien qui finit mieux que cela n’avait commencé. La famille de trublions se transforme en anges adorables et plein de tolérance et de bonté. C’est magnifique, la vie est belle. On s’embrasse et c’est fini. La suite la semaine prochaine.

Donc, en gros, l’épisode qui devait être centré sur le moment où la tension devait être à son paroxysme et où le téléspectateur devait s’arracher les cheveux sous l’effet de l’angoisse de la disparition de la mère d’Emeric, se transforme en un vieux gag, assez drôle d’ailleurs où le ridicule frôle l’invraisemblance. Toute cette attente pour ça. TF1 a raté le coche sur ce coup-là.



TF1 se fiche bien de nous, en nous prenant pour des abruti(e)s fini(e)s, à qui il faut rappeler la présence d’acteurs toutes les dix secondes – Merci, on l’avait encore compris – en nous assénant des flash-back à répétitions et des déjeuners d’un ennui mortel, dans le but de combler le manque de substance et d’intérêt d’un programme qui pourtant s’avérait prometteur.

POUR EN SAVOIR PLUS :

Le site de l'émission : http://www.tf1.fr/mon-incroyable-fiance-2/

 

 

Ce soir, cinquième partie sur TF1 à 22h10.

Réagissez dès maintenant et demain en commentaires sur ce billet !



par Gérard Coudougnan

       

La situation évolue par à-coups, répétition de teasers et introduction de grosses ficelles.

Un trailer de près de six minutes avec des flashs (départ du père de Christopher, « mariés » en costumes blancs, alliances posées sur le coussin rouge) laisse croire que l'on va vraiment en apprendre beaucoup en ce troisième volet.



Le bilan est pourtant moyen. L'empathie si bien décrite par Micka (commentateur n°7) entre l'équipe de réalisation et Christopher devient suspecte, tellement ses moindres larmes en sont traquées et diffusées, rediffusées sous divers angles... à comparer avec les scènes d'autres giclées filmées sous tous les angles dans des films destinés à un public majeur.

Les comédiens, les « amis » d'Emeric, jouent une dose de beaufitude qui retient l'attention : le coup de la boisson au goulot ou du banana split avec deux boules dépasse volontairement (c'est au moins à espérer) les limites de la bêtise. Les amis de Christopher sont sincèrement troublés et pas entièrement convaincus mais ils n'ont pas d'autre gêne que celle d'une non-conformité avec l'image de leur ami. Cette recherche d'un passé est pertinente : pas besoin de savoir si Christopher jouait à la poupée ou avait eu des « expériences » avec l'un deux : il ne rentre pas dans le moule du pédé refoulé qui découvre et affiche sa voie.



C'est le profil qui a été décidé pour Emeric-le-Boulet. Soirée à Torremolinos avec Piensa en mi par Benjamin, docteur ès-gaytitude qui massacre la chanson de Luz Casal à coups de Talons aiguilles (1).

Emeric vire sa cuti au contact d'un danseur bodybuildé enduit d'une huile envoûtante. Clin d'œil volontaire ou non, le sous-titre de son propos en ce moment où « la bête commençait à monter » est :J'étais scotchée (minute 33 seconde 51 !). Elle parle déjà au féminin, la copine Emeric ? En tous cas la part de féminité des gays reste un argument solidement ancré dans ces esprits-là !

Christopher n'est pas au bout de ses peines : ce naïf ne fait pas de cadeau à son prétendant qui roucoule dans son coin. Il le provoque même avec un tee-shirt CCCP (CouCourouCoucouPaloma).

Emeric homo refoulé ? Christopher va prendre des arguments proches de son physique d'entraîneur sportif pour le motiver... en gardant une distance prudente. Pas vraiment crédible dans ce contexte, mais les 100 000 € sont toujours un objectif.



L'invitation téléphonique (téléphonée ?) des parents est orchestrée comme un grand moment : comédie de boulevard pour les acteurs qui jouent Emeric et son père. Véritable tempête intime pour Christopher : ce grand gaillard ne veut pas peiner sa môman et a peur de son papa. Scène de larmes n°3.

La bande annonce du prochain numéro laisse penser que maman, au moins, comprendra...

Bilan pour la « cause » : plus que mitigé. Les drames du coming-out passent après les affres du mensonge douloureux. On a répété en début d'émission les difficultés des personnes ayant une vérité à énoncer avec un enjeu vital et non financier. On est allé trop loin dans la stupidité.

Une émission un peu écœurante comme un banana split commandé à la fin d'un repas dont la carte paraissait plus novatrice, plus audacieuse.

L'audimat est en berne... avec de sérieux motifs de flaccidité !

http://www.purepeople.com/article/mon-incroyable-fiance-2-la-mayonnaise-ne-prend-pas_a37130/1

 

(1) http://www.youtube.com/watch?v=tqJ9263FA-Y dans Piensa en mi, France & Espagne, Pedro Almodovar, 1992.

 

 

Mon Incroyable Fiancé 2, tout s’accélère, tout va trop vite.

Par Lucie Ashley J., 26 ans

 

Mardi dernier fut diffusé le troisième épisode de notre blague cathodique du moment, où bien sûr Christopher et son acteur de faux petit ami, doivent encore et toujours, prouver à leur famille qu’ils sont « devenus » gays. D’ailleurs l’usage répétitif dans l’émission du verbe ‘‘devenir’’ est assez agaçant. Ne savent-ils pas qu’on ne devient pas gay mais qu’on l’est simplement ? Apparemment non.

Au programme des deux premiers jours cette semaine, boîte de nuit, massage, les pauvres chéris, et hôtel de luxe, pour changer. Faut bien les occuper ces petits. Ensuite, soirée avec les amis de Christopher, puis déjeuner avec ceux d’Emeric et de nouveau ceux de Christopher.

Donc, une fois arrivés dans leur luxueuse demeure, à peine sorti de leur jolie petite limousine toute rose, si gay et si fashion, le fameux « couple » a dû se rendre dans une boîte gay, pour accomplir la mission du soir : se fondre dans la masse. Évidemment TF1 leur réservait quelques petites surprises. Quel suspense !

Premièrement, mais qui est cette magnifique drag queen ? Mais c’est Benjamin, mon cher Christopher. Sublime, Christopher est tout content, mais il déchante ensuite bien vite quand Emeric se frotte ensuite contre un bel apollon en string. Christopher en reste bouche bée.

Conséquence dramatique de cette séance de frottements, qui aurait provoqué une semi-érection chez celui-ci, le lendemain, Emeric s’éprend subitement de Christopher. Il lui avoue d’ailleurs son amour lors de leur séance de massage. Christopher, surpris, se planque sous sa serviette.

Puis Emeric désire quitter l’aventure. Trop de pression. Pauvre Christopher ! Emeric en plus d’être un boulet est maintenant un amoureux transi... Christopher va devoir alors essayer d’être moins sexy.

Fait marquant tout de même, la petite leçon de morale à Emeric, où il lui fait comprendre qu’il doit être un gagnant et non un perdant. Mais non, il ne lui fait pas la morale uniquement pour gagner les 100 000 euros !!!!

Espérons cependant que les adolescents regardant l’émission, auront eux aussi retenu la leçon. Du moins TF1 l’espère. Il faut quand même faire plaisir à la ménagère de moins de 50 ans !



Après ce déchirant moment où Emeric lutte contre ses sentiments, Christopher accueille ses deux meilleurs amis pour le dîner. Donc bien sûr, Christopher énonce sa phrase fétiche : « Emeric et moi sommes plus que des amis ». Un second coming-out donc pour Christopher, mais un coming-out un peu laborieux. On n’y croit pas trop et on se demande comment ses deux amis aux regards médusés, eux y croient. Mais comme ils sont tolérants et gentils, ils l’acceptent bien que ne comprenant pas ce revirement de situation. Il est tout de même drôle de voir Emeric défendre leur histoire d’amour. S’il n’était pas acteur, on croirait presque qu’il y croit vraiment à cette farce.

Personnellement, je me demande tout de même, comment les amis de Christopher n’ont pas senti le coup fourré, vu qu’ils ont été conduits dans la villa où flottent des rainbow flag à bord d'une limousine (noire, celle-ci : la rose était en révision ou il fallait faire augmenter le fabuleux suspense ?) et que des tapis roses sont disséminés un peu partout. Ben oui, le gay aime le rose. Vous en doutiez ?

Fait émouvant, après leur départ, Christopher fond en larmes et ressent le besoin de s’isoler. Mais lui et ses amis ont à peine le temps de se remettre de leurs émotions, qu’ils doivent affronter les beaufs plein de préjugés qui font office d’amis à Emeric. Donc, bien sûr, sachez tous que si vous aimez les banana split, vous êtes un gay refoulé. No comment.

Puis, une fois qu’ils s’en sont allés, Christopher s’effondre une seconde fois, lorsque lui et Emeric doivent appeler leurs parents pour les inviter à les rejoindre. Au moment de joindre son père au téléphone, il éclate en sanglots, tout en souhaitant se montrer fort, puisqu’il refuse l’étreinte d’Emeric. Nous voyons ici à nouveau à quel point il est sensible et a horreur du mensonge.



Je disais donc au départ que tout s’accélérait et allait trop vite. Pourquoi donc ? Simplement parce qu’en seulement environ une heure d’émission, Emeric est passé de l’état de Monsieur Je-ne-peux-pas-jouer-les-gays à Monsieur Je-suis-fou-de-toi-Christopher ! Puis, parce qu’à peine arrivés à leur résidence, nos deux compères sont déjà de retour, fin prêts à accueillir les amis de Christopher et dans la foulée, de les revoir en compagnie de deux amis/acteurs lourds de préjugés d’Emeric. Lors du déjeuner, on parle déjà du mariage, déjà, comme le fait remarquer un ami de Christopher.

Comme au début de l’émission, les événements s’enchaînent trop vite, jusqu’à s’accélérer sans qu’aucune transition logique ne soit vraiment visible. À vouloir trop tout enchaîner si rapidement, TF1 ne risque-t-elle pas de perdre aussi vite ses téléspectateurs ? Peut-être un effet de la crise. Il faut éviter les frais et raccourcir le tournage. Cependant Christopher a beau être un homme apparemment adorable, saura-t-il à lui seul donner envie au téléspectateur de le suivre jusqu’au bout de cette « aventure » ? Nous verrons bien lors du quatrième épisode.

 

POUR EN SAVOIR PLUS :

Le site de l'émission : http://www.tf1.fr/mon-incroyable-fiance-2/

 

 

Ce soir, quatrième partie sur TF1 à 22h10.

Réagissez dès maintenant et demain en commentaires sur ce billet !



Le festival d'Avignon est terminé. La ville est depuis nettoyée des tonnes d'affiches qui l'ont recouverte, des milliers de flyers qui l'ont envahie. Les Théâtres redeviennent des lieux quelconques : garages, ateliers, dépôts en tous genres.

Les Toiles Roses remercient toutes les troupes qui leur ont fait l'honneur d'une invitation.

En 2010, si l'opération se renouvelle, nous publierons la liste de celles qui n'ont pas daigné nous répondre, mais en attendant voici les derniers spectacles vus et appréciés pour vous.

Les cinq troupes ici commentées ne doivent pas hésiter à nous communiquer leur calendrier 2009/2010 que nous reproduirons ici le moment venu.

Avignon va passer à son statut estival n°2 : halte dans une cité papale pour les pèlerins italiens sur la route de Lourdes.

Dieu lui-même a fait une escale étincelante remarquée :


 

L'Opération du Saint-Esprit

 


Comité de crise au sommet du christianisme.

L'heure est grave : Père et Fils se rasent et le Saint-Esprit a pris du plomb dans l'aile. Il va passer sur le billard... à l'Hôtel Dieu.

Marie rêve d'un vrai retour sur Terre, discret mais complet, à la différence de ces apparitions brèves mais frustrantes qu'elle trouve vraiment trop Lourdes. Jésus songe à un véritable come-back sur Broadway pour damer le pion à ce Saint Sébastien qui attire tant de regards concupiscents en jouant les mijaurées, pénétré de toutes parts.

Saint Pierre, alcoolique repenti à la mode George W. Bush, tente de gérer les revendications hormonales des anges dont les voix de faussets exaspèrent tout le monde, public compris.

Lucifer est bougon : pas de clients pour lui non plus. La libéralisation générale des mœurs le prive de tous ces égarés : plus personne ne culpabilise !

Avec un peu de testostérone angéliquement répartie, les castrats passent au grégorien... libidineux !

Une blague d'hôpital : « Quelle différence y a-t-il entre Dieu et un chirurgien ? » Dieu sait qu'il n'est pas chirurgien. Il va ici le prouver dans cette Opération du Saint-Esprit.

Depuis que cette pièce tourne (fin 2006), son texte s'est affiné au point de devenir un échange de mots tellement subtils que l'on voudrait en ralentir le rythme pour mieux jouir en même temps de la gestuelle des acteurs. Dans la ville qui fut de 1309 à 1367, siège social de l'Eglise ici réunie les Caramels Fous devenus Les Emplumés enflamment l'ancienne fabrique d'allumettes qu'est le Théâtre de l'Etincelle. Face au siège avignonnais de l'UMP, les secours devraient être au moins aussi véloces qu'en cas de malaise vagal présidentiel.

Marie est gentiment gourdasse : Vincent Baillet lui instille toute la candeur de la mère juive qui n'a jamais vu le loup. Xavier Sibuet donne à Saint Pierre la carrure du manager qui sait répartir la parole entre le staff managérial et la chorale militant pour l'obtention de gonades à dégoupiller rapidement. Laury André, alias Gaby, en est le représentant idéal avec des yeux d'ange et une pomme d'Adam à performances variables. Jésus est un beau garçon en petite tenue : son pagne dissimule un service complet, on sent bien que celui-là a envie de plaire à tout le monde, filles et garçons. Mais il est clair qu'il a depuis longtemps fait une croix sur le passage à l'acte. Jean-François Dewulf est un Lucifer au charme infernal : ses yeux injectés de sang, son manteau de cuir (dix kilos !) et son missel auto-autodafé en font un diabolique partenaire, le plus sexy de la bande ?

Et Dieu dans tout ça ? Serein, conscient de ses devoirs, de ses limites, de ses échecs (ah, la Réforme !) de son personnel (ah, ces papes, cet Allemand !), de la concurrence (ah ces barbus !). Michel Heim, auteur du texte, coordonne divinement ce délicatéchisme décapant qu'il sera important (c'est un conseil plus qu'un onzième commandement !) de ne pas rater lorsqu'il passera près de votre paroisse.

POUR EN SAVOIR PLUS :

Le site divin : http://www.le-theatre-de-michel-heim.fr/

Bande annonce de la pièce : http://www.youtube.com/watch?v=t6fU-kzMtI0

Scène finale : http://www.youtube.com/watch?v=gXf7T3GLg9M

Pour se procurer le texte intégral de l'œuvre :

http://boutique.lescaramelsfous.com/product_info.php?products_id=40&osCsid=b3ae617f84a250b1072d84d1a2cc4f91


 

*

Les Lascars gays


 

Deux djeun's : Ryan (bronzé) et Steeve (pââle). Pleins de peps, d'énergie, de gouaille. Dans leur zone du 9-3, ils zonent et discutent, se disputent, confrontent leurs idées, leurs expériences et... leurs fantasmes. Les filles ? Ben, ce n'est tout simplement pas leur truc : ils préfèrent les mecs. Ils n'en font ni un drame, ni une gloire. C'est comme ça.

Ces deux-là ne sont pas des tafioles : on frémit à l'idée de les voir rencontrer les « coachs gays » de la télé- « réalité » été 2009 de TF1, Mon incroyable fiancé !

Pendant plus d'une heure, Majid Berhila et Hugues Duquesne enchaînent sous la houlette de Luc Sonzogni une série de sketches délirants, en contact très proche avec un public qui jubile et en redemande.

Au programme :

De la musique et de la danse : Ryan est le clone de Madonna, Like A Virgin, sur le banc de la téci et Steeve a un abdomen de danseuse du ventre.

De la mode : les boxers s'exhibent puisque les jeans ont une liberté de chute assez importante (en données corrigées des variations des ondulations de hanches).

Du cinéma : analyse comparée de la part de suspense de deux films récemment primés : La Graine et le mulet et Entre les murs.

De la religion : Islam, Benoît XVI et signes ostentatoires.

De la politique : Ségo ou Sarko ?

De la culture : un Big Bisou à Françoise Dolto, via feu son fils.

De l'amûûûûr : des rivalités, des joies, des larmes.

Du racisme : en costard, un certain Jean-Claude trouble Steeve.

De la verve tout le temps, des mots qui cognent, des idées qui frappent.

Et la vulgarité, les grossièretés ? Elles sont dans la tête de ceux qui ne supportent pas les différences. Des racistes et homophobes de tout poil.

Le pari était extrêmement risqué. Les vidéos des Lascars que l'on trouve sur le net ne peuvent donner l'idée de leur présence, du lien que le public, de tous les âges, entretient avec l'un, l'autre ou les deux. Le naturel avec lequel le plus « ordinaire » des spectateurs devient le prétendant de Majid, le rire de celle sur laquelle il jette son dévolu pour une acrobatique exploration en zone féminine inconnue en sont un modeste échantillon.

Les sketches sont variés, enchaînés à bonne cadence. Leur écriture a réussi le défi annoncé : « le mariage étrange de deux univers distincts, Lascars et Gays, tout en évitant astucieusement les clichés véhiculés par ces deux... ghettos »

Visière à l'arrière ou à l'avant, on se découvre devant ces Lascars... à courir applaudir s'ils passent dans le quartier !

POUR EN SAVOIR PLUS :

Leur site : http://www.leslascarsgays.fr/memo/index.html

Dossier de presse : http://www.leslascarsgays.fr/memo/images/presse.pdf


[Remerciements] : Daniel C. Hall, Big Boss des Toiles Roses, remercie les responsables des différences compagnies et tous les acteurs des spectacles présentés ici d’avoir invité nos collaborateurs et les avoir si bien reçu, comme tout représentant de la presse « officielle ». Merci à vous toutes et tous, et bravo pour votre passion et votre talent.



De la part de Daniel C. Hall :


Voici un petit chœur de facéties de quelques personnes qui tiennent à toi, Gérard. Oh, je sais ! Les anniversaires, ce n’est pas ton truc. Mais c’est pour te remercier de ta gentillesse, de ta bonne humeur communicative, de ton implication dans notre blog et de ton talent de passeur de savoir… Personnellement, je suis honoré de te compter par mes vrais amis et t’envoie, ma chère Môman Gérard, toutes les preuves de mon affection sincère. Je sais que toute l’équipe et les lectrices et lecteurs des « Toiles Roses » se joignent à moi. Kissous.

 

De BBJane Hudson :

 

Voici qu’est venue l’heure où les veules pendules

Accordent le grelot de leurs voix dissonantes,

Et croisent au cadran du Temps qui nous tourmente

Les pointes acérées de leurs doigts ridicules.

 

Un an de plus, l’ami !... La sentence est sévère,

Qui, à l’injure atroce du vieillissement,

Ajoute sans remords les outrages cuisants

Des vœux à recevoir, et des sourires à faire…

 

Mais qu’est-ce qu’une année ?... Une broutille !... Un vent !...

Ton âme est une enfant qui se rit des ridules

Et ne connaît du Temps ni le sombre ergastule,

Ni l’ombre émasculante, ni les vains tourments.

 

Tu es jeune, l’ami !... À jamais !... Forever !...

Preuve en est ton talent qui ne sent pas le bouc,

Et qui nous restitue, des Toiles à Facebook,

La juvénilité bandante des rêveurs !

 

Heureux anniversaire, camarade de plume !

Je serai, le sept août, en un autre hémisphère,

Mais je penserai fort à celui de mes frères

Dont la sororité m’est chère – et je présume,

 

Que tu auras noté l’abondance des « ules »

Ponctuant la galante harmonie de mes stances,

Et qu’en dépit de leur atroce rémanence,

Je me suis abstenue de rimer sur « encule »…

 

Bisous,

BBJane

 

De Cécile :


Oh fan !

Encore un an ?

Ça fait quarante-sept fois qu'on te le souhaite,

Mounette !

Aujourd'hui au baudou qui du docu est Le Père,

LaCécileDeNice  dit : « Joyeux Anniversaire ! »

 

 

De Zanzi :

 

Le Père Docu, dans sa bibliothèque rose,

Tisse sa toile toute en mots.

Mots à la bouche, en vers, en prose,

Il édifie tous ses marmots.

 

Père Docu, bon anniversaire !

Qu'en ce jour si particulier

Nous récitions le Notre Père

Qui êtes Docu, que votre nom soit sans curé.

 

Zanzi

 

De Jérémie Sariel :


Gérard,

Un bon anniversaire à toi mon Père Docu, tu es la première personne qui m'a permis de communiquer sur J'ai eu quinze ans alors merci...

De merveilleuses choses...

Amicalement.

 

De Frédéric Nérinckx :


Te souviens-tu, Gérard, comment on s'est rencontrés ? Mais si, tu m'as cueilli sur le blog d'Olivier Delorme où, je suppose, je commentais une de ses descentes papales. Hop donc, nous voilà amis sur Facebook. Mais, ventrebleu, qui est ce Gérard ? me demandai-je. Il se fait appeler Père docu, il doit sûrement avoir la soixantaine alors, non ? Tiens, non. Il est même encore un peu vert, vu qu'il n'a que la quarantaine (vers laquelle je m'encours moi-même sans inquiétude). Et une adresse internet qui revient souvent. Les Toiles Roses, Les Toiles Roses. Cela me dit quelque chose. J'y ai vu une vidéo récemment. Allons voir. Et là, de livres en films, de séries web en chroniques, j'avançai donc dans la toile. Pardon, dans LES toiles. Et c'est ainsi que petit à petit, j'entrai dans la grande famille. Merci à toi, Gérard. Et bon anniversaire. Bisous félins. Ben oui, quoi, t'es lion, non ?

 

Fred

 

Vous pouvez aussi souhaiter un bon anniversaire à notre rédacteur en chef adjoint (ou lui écrire des poèmes, des insultes, des blagues pourries, des trucs homophobes et autres slogans footballistiques) dans les commentaires de ce billet !



par Gérard Coudougnan

       

TF1 ne dissimule pas ses objectifs : capter le cerveau disponible de ses téléspectateurs pour leur fourguer, dans des espaces publicitaires encadrés d'émissions conçues pour les appâter, du conditionnement commercial coûteux les guidant dans leurs actes d'achats.


        En vertu de ce principe, Mon incroyable fiancé 2 a loué une villa à Marbella. Vu la crise immobilière qui y règne, le loyer a dû être plus que modique. Dans ces lieux aux proportions honorables, à la décoration pouvant aussi bien satisfaire un nouveau riche russe qu'un petit touriste saoudien habitué à la sobriété du style « nouvelle renaissance koweitienne », s'affaire une équipe de télévision autour de deux garçons.

        L'un deux, Christopher, est le seul bénévole de la bande. Il peut repartir sans un sou de plus.

       Son partenaire, Emeric, est un acteur. Si le mariage des deux garçons est effectivement célébré, Christopher aura gagné 100 000 €. La somme est assez ridicule pour la chaîne mais quand on entend Christopher en faire « dix ans de salaire », on comprend que ce superbe barman fait partie des travailleurs pauvres avec un revenu mensuel d'environ 830 €…



        Ce garçon est un vrai rayon de soleil. Un physique d'athlète avec un charme ravageur et une mentalité vive, ouverte et généreuse que l'émission semble construite pour en mettre en valeur.

        Il a envie de gagner ce fric pour aider ses parents, point barre. Il faut faire croire qu'il est homo : et alors ? C'est pô vrai, tout le monde le sait bien, et on sent bien qu'il en a pour des années à se marrer en racontant à tout le monde : « Vous vous souvenez quand j'ai dû faire croire que je préférais les mecs  !!!!!!!! »

        Christopher a du vocabulaire et manie instinctivement la litote : « Emeric et moi, on est un peu plus que des potes ». Les excès de son partenaire le déstabilisent, mais c'est en pensant à la douleur que va représenter pour ses amis, puis sa famille, leur souffrance à l'idée qu'il est gay, qu'il éclate vraiment en sanglots.

        TF1 vise un public peu attentif : chaque fois que Christopher parle, on souligne qu'il « ignore qu'Emeric est un acteur ».



        TF1 vise un public qu'elle respecte au point de vouloir parfaire son éducation en matière d'homosexualité : la chaîne a rameuté deux de ses anciens employés d'une émission Queer. Ces conseillers en gaytitude parlent en experts : ils sont caricaturaux, hautains et se donnent des airs supérieurs. Ce sont des gays assumés. La classe. Ils savent enlever les nus féminins des murs de la villa et révèlent qu'en chaque homme il y a une part de féminité. Ils savent que le coming out « c'est vachement important » et quand ils parlent du suicide des jeunes n'assumant pas leur orientation sexuelle ou des homos martyrisés dans beaucoup de pays, on se demande quelle part du public va faire le tri dans ces affirmations à la louche. Ils savent choisir de belles fringues et sont trop cools dans leur belle limousine ROSE.



        Écartons notre dose de follitude et posons-nous une seule question : ce programme est-il bénéfique ou nocif ? Un jeune qui regarde Mon incroyable fiancé 2 en compagnie de parents ou d'amis à qui il n'a pas encore confié sa différence peut-il tirer profit de cette blague, pour reprendre le terme utilisé à deux reprises par la présentatrice ?

       Pour l'instant, grâce à Christopher et, restons lucide, au traitement bienveillant de son rôle par les scénaristes, la réponse semble positive : on peut apprendre des choses intelligentes sur l'homosexualité.

          Attendons la suite…

 

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        Mon incroyable fiancé 2, des débuts mitigés.

        En début de semaine, furent diffusés sur TF1, le premier et second épisodes de Mon incroyable fiancé 2, dont le principe de base reste le même que pour la première édition. Une personne à la recherche de l’âme sœur, un homme cette fois-ci et pensant la trouver au cours de l’émission parmi de multiples prétendantes. Coup de théâtre, ce n’est pas une, mais un prétendant qui est présenté à Christopher, le candidat sélectionné, nommé Emeric.

        Comme Laurent Ournac, précédemment, Emeric est un acteur, dont le but est de faire un enfer de la vie de Christopher. Au programme, attitude excessive, ridicule et crises d’hystérie. Christopher quant à lui ignorant qu’Emeric est un acteur, doit, avec l’aide de celui-ci, convaincre leur famille, qu’ils sont amoureux et en couple. Ainsi que les amener à accepter leur mariage. À la clé : 100 000 euros.

        Nos deux compères sont coachés par deux ex de l’émission Queer, diffusée sur TF1, Benjamin et un de ses acolytes.

        Pourquoi des débuts mitigés ? Tout d’abord, car trop de stéréotypes du « gay » vus par la société y sont selon moi véhiculés. Benjamin, lui-même, dont on se demande parfois où il a égaré son cerveau, est à lui seul la caricature du « gay » dans le vent. Car comme nous le savons tous, ou devrions le savoir, tout bon gay se doit d’être une fashion victim à la pointe de la mode, fan d’art et se balader en limousine rose. Le gay aime faire la fête et danser.

        Il me paraît évident que TF1 n’aurait pas dû chercher à mettre la population homosexuelle dans un case prédéfinie, mais plutôt montrer un groupe d’individus différents, ayant la même orientation sexuelle. Je ne peux nier l’existence d’une culture gay, mais la caricaturer de la sorte me parait bien décevant.



        De plus, les événements s’enchaînent selon moi, beaucoup trop vite. À peine sont-ils arrivés, que déjà ils se retrouvent dans une mini gay pride, puis à inviter les amis d’Emeric.

        Cependant, la sensibilité et la tolérance de Christopher a été une grande et formidable surprise. Notamment lors de la scène, où il doit s’imaginer faire son coming out à sa famille. Ce faisant il réalise la complexité et la force mentale nécessaires, pour pouvoir annoncer à sa famille, que l’on n’est pas la personne qu’elle croyait que l’on était. Cette scène est particulièrement émouvante car Christopher se retrouve submergé par l’émotion et pleure. On découvre un homme doté d’une grande sensibilité.

        Autre fait marquant, durant l’émission, Christopher, pourtant doté d’un physique iconique de « macho », reprend plusieurs fois et même s’énerve contre Emeric dont l’attitude est plus que caricaturale, comme lorsqu’il dit qu’il s’est entraîné car ils, les homosexuels, «  ont une façon particulière de marcher », ou alors quand Emeric choisit une tenue excentrique pensant faire gay. En le remettant en place, Christopher fait preuve d’une justesse et d’une grande tolérance envers la communauté homosexuelle et redonne de la saveur à cette émission.

        Malgré une intrigue trop rapide, des stéréotypes bien présents, l’émission parvient tout de même à tirer la sonnette d’alarme en mettant en évidence la difficulté de certains à faire leur coming out et à être acceptés autant par notre société bien pensante que par leurs amis et leur famille.

        Je conclurai donc en disant, que malgré des débuts mitigés, Mon incroyable fiancé 2 est une émission qui vaut la peine d’être regardée, car elle a le mérite de traiter d’un sujet original et de prodiguer un peu de tolérance dans notre paysage cathodique.

Lucie Ashley J., 26 ans.

 

POUR EN SAVOIR PLUS :

Le site de l'émission : http://www.tf1.fr/mon-incroyable-fiance-2/

 

 

Ce soir, troisième partie sur TF1 à 22h20.

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