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FILMS : Les Toiles Roses



Fiche technique :
Avec Adam Chubbuck, James Ransome, Tiffany Limos, Stephen Jasso, James Bullard, Shanie Calahan, Eddie Daniels, Bill Fagerbakke et Patricia Place. Réalisé par Larry Clark et Edward Lachman. Scénario de Harmony Korine. Directeurs de la photographie : Larry Clark et Edward Lachman. Compositeur : Matt Clark.
Durée : 95 mn. Disponible en VO, VOST et VF.
Résumé :
Un tableau provocant d'adolescents américains de classe moyenne qui trompent leur ennui avec du sexe, de la violence et de la perversion à Visalia, une petite ville de Californie. Leurs parents sont pour la plupart médiocres, aveugles, méprisants et alcooliques.
L'avis de Matoo :
J’avais beaucoup aimé Kids. Je l’avais découvert quand j’étudiais à Newcastle, dans un petit ciné de quartier. A l’époque, on disait que c’était le film « qui avait choqué Madonna », et en effet il y avait de quoi. Mais surtout, c’était une réflexion pleine de sagacité (en même temps qu’une critique au vitriol) et un constat dérangeant sur le sexe chez les adolescents, ainsi que la manière dont l’âge de l’inconscience rencontrait celui des premières expériences. Et surtout, il présageait la manière dont le sexe se pratique, de plus en plus jeune, sans repère ni raison et sans aucun discernement.
En ce sens, Ken Park est le juste dérivé de Kids. En effet, le film est trivial et largement plus voyeur en terme de scènes de cul. Je n’avais jamais vu de démonstrations aussi explicites, et ce n’est pas tant que j’ai été choqué de cette crudité (pas mal excité même) que je n’ai plutôt pas compris son intérêt, étant donné que ce n’était pas le prétexte à un trait de scénario mais la simple mise en abîme d’une série de faits.
L’histoire tourne autour d’une bande de jeunes de Californie qui se font littéralement chier, sont complètement en inversion de phase avec leurs parents, et cherchent à tout prix à passer le temps. Il y a donc plusieurs portraits qui se succèdent, et le film démarre par le suicide assez spectaculaire et gore de l’un d’entre eux. Cette mort est le prétexte à une présentation des personnages dans leur famille et environnement respectifs. Ils sont tous plus déstructurés et paumés les uns que les autres, les enfants vivant les affres de l’adolescence, et les parents sont engoncés dans leurs vies moroses. L’un des ados se tape la fille et la mère, tandis que le second ne supporte plus ses parents et expérimente le gasping en se branlant (une scène assez space… on le voit se branler et éjaculer tout en s’étranglant pour avoir une meilleure jouissance), il finit par assassiner ses grands-parents parce qu’il ne les supporte plus, une autre a un père catho intégriste complètement taré, etc.
J’ai été un peu déçu par cette manière de montrer un environnement et des situations vraiment extrêmes et rien d’autre, ainsi que par les scènes de sexe qui ne débouchent sur rien de spécial dans le film (même si dans la réalité c’est assez plausible). En fait, je m’attendais à un scénario mieux construit, et j’ai seulement vu un défilement de jeunes gens perdus et écartelés, qui baisent et c’est tout. Du coup, quel est vraiment l’intérêt de cela ? Et la surenchère dans le suicide du début et le crime des grands-parents ?! Vraiment, j’ai eu du mal à suivre.
Je ne peux pas dire que c’était complètement nul ou bien que je n’ai pas été sensible aux personnages, mais je ne vois pas où ils veulent en venir. Et finalement, ce qui m’a plu, c’est que les mecs sont plutôt bien montés, qu’on voit leurs bites, que les scènes de cul (hétéros) sont plutôt bandantes, et que le plan à trois de l’affiche est aussi beau que la photo (une scène vraiment très sensuelle, à la fois tendre et sexuelle…). Est-ce que c’était le but du film ? Non, quand même pas ? Ou alors, j’ai raté le coche. Ouais, ça doit être ça.
Pour plus d’informations :
Bande annonce
Voir la fiche n°1, avis de Jean Yves et G. F.
 

Fiche technique :
Avec Colin Farrell, Angelina Jolie, Val Kilmer, Jared Leto, Anthony Hopkins, Jonathan Rhys-Meyers, Rosario Dawson, Christopher Plummer et Gary Stretch. Réalisé par Oliver Stone. Scénario de Oliver Stone, Christopher Kyle et Laeta Kalogridis. Directeur de la photographie : Rodrigo Prieto. Musiques de Vangelis.
Durée : 170 mn. Disponible en VO, VOST et VF.

Résumé :
La vie d'Alexandre le Grand, narrée par Ptolémée : de son enfance à sa mort, des cours d'Aristote aux conquêtes qui firent sa légende, de l'intimité aux champs de bataille. Fils du roi Philippe II, il soumit la Grèce révoltée, fonda Alexandrie, défit les Perses, s'empara de Babylone et atteint l'Indus pour établir à 32 ans l'un des plus grands empires ayant jamais existé.
L'avis de Samuel M. :
Superproduction destinée à engranger les bénéfices, fresque historique emplie de bruit et de fureur, le dernier film d’Oliver Stone déçoit par ses partis pris esthétiques : réalisation, musique, décors, jeu des acteurs ne brillent pas par leur originalité, et le souffle épique peine à soutenir la longueur du film. Alexandre éveille surtout l’intérêt par son portrait de l’empereur. Celui dont l’histoire a traversé les siècles et qui a inspiré de nombreux romans est présenté comme un homme complexe, rappelant quelque part les héros de John Huston, depuis son enfance instruite par Aristote jusqu’à sa mort à l’âge de 33 ans. On y voit un jeune homme peu assuré se changer en chef de guerre assoiffé de conquêtes. La narration, dévolue à Ptolémée, fait la part belle à la théorie du complot chère à Stone, et prête à Alexandre des aspirations universalistes et un discours de rapprochement des peuples qui sonnent comme anachroniques, et d’ailleurs montrés comme incompris. L’Alexandre d’Oliver Stone tente ainsi de restituer la fascination exercée par un homme empli de contradictions, au destin grandiose, mais tragique par sa brièveté. Comme l’écrit Ménandre, ceux qui sont aimés des dieux ont une vie courte... 
Le fils de Philippe de Macédoine, animé par sa mère d’une ambition dévorante, manifeste très tôt son attirance pour les garçons, en particulier pour Héphaestion. Sa mère lui reproche même de ne pas surmonter son indifférence devant les femmes pour épouser une future reine, dans un but uniquement politique, bien sûr. Par-delà les conquêtes, les trahisons et les menaces de mutinerie, jamais son affection pour Héphaestion ou son attirance pour Gaboas ne sont remises en cause par ses hommes (qui l’encouragent même à embrasser ce dernier lors d’une fête). S’il s’éprend de Roxane au point de l’épouser, et si leur nuit de noces est à peu près la seule scène érotique du film, son attachement pour Héphaestion demeure indéfectible, alors qu’il délaisse progressivement Roxane. Le gage d’amour que lui offre son amant, une bague, en est le signe très clair. Enfin, lorsque Héphaestion meurt, malade ou empoisonné, on voit Alexandre tremper ses doigts dans sa coupe et les lécher fugitivement, suggérant la volonté du héros de suivre son compagnon dans la mort. Il succombera en effet trois jours après. Le film s’ouvrait sur l’agonie d’Alexandre faisant tomber une bague sur le sol. L’image de la bague, symbole d’amour même dans la mort, encadre alors le film, et vient mettre en avant l’histoire d’amour souterraine qui parcourt toute l’œuvre. Elle fait baigner les spectateurs dans un singulier dépaysement. Celui d’être projeté dans un monde où le héros n’adhère jamais aux codes sexuels du cinéma grand public du XXe siècle, malgré la scène « gay » censurée  : hétérosexualité conquérante, virilité conventionnelle... Désarçonné ou aux anges, le public voit ses attentes trompées. Si les producteurs ont assagi les images, le scénario résiste à une représentation formatée. Un dépaysement qui n’est pas gratuit, donne un peu d’âme et d’audace à ce « blo
ckbuster » hollywoodien et en fait autre chose qu’un pur produit commercial.
L'avis d'Oli :
Tout d'abord, je tiens à dire que je vais donner mon avis sur un film dont UGC a maladroitement diffusé le Director's Cut de 2h50 au lieu de nous montrer la version intéressante d'1h30 nettoyée des chutes et des passages ridicules. Qu'ils sont distraits, chez UGC...
Le défi d'Oliver Stone, avoué ou pas, c'était de faire aussi bien que Gladiator. Histoire rectifiée pour les besoins du spectacle, décors exceptionnels, musique symphonique grandiose et augmentant l'effet scotchant aux moments paroxystiques, acteurs à l'aise dans leur rôle et une bonne dose d'angoisse pour que le spectateur sente son destin lié à celui du héros. Eh ben, euh, à part le premier point, c'est complètement raté. Enfin, si, les décors de Babylone, de la Porte d'Ishtar aux Jardins suspendus, sont très jolis (on y voit même deux tours de Babel tout droit sorties du tableau de Brueghel l'Ancien). Mais les moments ridicules sont légion, les scènes de combat sont un bon cran en dessous du Seigneur des Anneaux, quelques détails sont grotesques (les pétales de fleur qui surgissent d'on ne sait où pour fêter une décision fraîchement prise par Alexandre, alors que nous sommes dans un camp militaire de fortune qui n'a certainement pas que ça à faire d'emmagasiner des pétales de fleurs fraîchement coupées, ou bien Héphaïstion regardant droit dans les yeux Alexandre, ses beaux yeux bleus arborant de splendides lentilles de contact). Et puis les acteurs ont visiblement moins de mal à simuler un amour hétérosexuel qu'un amour homosexuel. Pour une chatte d'actrice bien visible, tu as le droit à une main sur l'épaule de l'acteur. Bonne mesure du décalage dans la société occidentale.
Il reste quand même l'histoire, qui n’est pas mal, mais c'est un peu imposé par l'Histoire. Et puis ça fait réviser ses classiques (comment s'appelait le précepteur d'Alexandre ? Et son cheval indomptable ?). Non, mais sinon, ce film ne mérite pas qu'on lui consacre ses trois heures, on peut allègrement faire autre chose à la place. Passez votre chemin, sans intérêt.

Pour plus d’informations :
Bande annonce
Site officiel du film
Voir la fiche n°1, avis de ExCalin
 



Fiche technique :
Avec Terence Stamp, Bill Hunter, Hugo Weaving, Guy Pearce, Sarah Chadwi
ck et Mark Holmes. Réalisé par Stephan Elliot. Scénario de Stephan Elliot. Directeur de la photographie : Brian J. Breheny. Compositeur : Guy Gross.
Durée : 103 mn. Disponible en VO, VOST et VF.

Résumé :
Road movie excentrique, « Priscilla » raconte l'histoire de trois girls de Sydney dans la panade, Felicia, Mitzi et Bernadette, deux travestis et un transsexuel. Prix du public Cannes 1994.
L'avis de Jean Yves :
Bernadette vient de perdre son compagnon. Ex star dans une version australienne du Paradis Latin, la transsexuelle accepte de se joindre à deux drag-queens, Felicia et Mitzi, pour aller se produire au fin fond du bush. Les comparses affrètent Priscilla, bus scolaire reconverti en loge ambulante d'artistes. Parsemée d'embûches et de rencontres, la traversée est un voyage inoubliable vers la liberté.
La fantaisie à l’état pur côtoie l'émotion pour nous entraîner loin des sentiers battus et des idées toutes faites sur l'homosexualité.
Derrière le prix du public reçu par ce road movie au Festival de Cannes, il y a bientôt dix ans, fallait-il comprendre que seule l'excentricité était la dimension acceptable pour les homosexuels ? Pour ma part, j'ai trouvé à l’époque derrière les rires et les paillettes, une véritable ode à la liberté et à la différence.
Les bonus du DVD : Gloria Gaynor et son fameux I will survive ouvre le bal, suivie de Village People, Abba, Lena Horne... C'est le must du disco !
Le bêtisier : Avec un sérieux imperturbable, les acteurs se prennent les pieds dans leurs robes extravagantes. En prime, dans la caravane, des techniciens déguisés en portemanteau.

Pour plus d’informations :


Fiche technique :
Avec Larson Darrell, Ryan O’Neil, John Hurt, Bridget Fonda, Wendy Hughes et Kenneth McMillian. Réalisé par James Burrows. Scénario de Francis Veber. Producteur : Aaron Russo. Compositeur : Georges Delerue. Directeur de la photographie : Victor J. Kemper.
Durée : 98 mn. Disponible en VO et VF.
Résumé (dos de la VHS) :
Après une série de crimes dans la communauté « gay », l’inspecteur Benson se voit confier l’enquête aidé par un policier aux tendances homosexuelles.
Nouvel avis de Jean Yves et explications :

Oui, vous avez remarqué la divergence : mon premier article (pour ceux qui l’ont lu) était basé sur ce que je me souvenais de ce film... Je viens de le revoir : je me suis dit que ce premier article était trop sévère (d'autant plus pour l'époque de sa réalisation) et puis il manquait d'argumentation détaillée sur des passages du film. C'est pourquoi, j'ai décidé de le refaire, au risque de me contredire. J'ai quand même repris en partie la critique du personnage de Kerwin (trop de clichés à mon goût)...
Les deux poutres maîtresses de Partners sont beaucoup plus l'intelligence du scénario et le jeu des deux acteurs principaux que la mise en scène elle-même, soignée mais très banale. C'est Francis Veber qui est l'auteur du scénario et des dialogues de Partners : il se rachète de ses anciennes bêtises (il fut l'adaptateur pour Edouard Molinaro de La Cage aux folles d'après la pièce de Jean Poiret) et parvient à concilier le suspense policier et les problèmes psychologiques de ses personnages, de l'inspecteur Benson (Ryan O'Neal) en particulier.
Partners repose sur une double progression :
Premier aspect
, un crime a été commis dans le milieu gay de Los Angeles : un cover boy de la revue Man's Man a été mystérieusement assassiné et l'on accuse la police de renoncer à retrouver le coupable, de faire du sexisme primaire. Le capitaine Wilkins (Kenneth McMillan) décide d'envoyer deux de ses hommes sur les lieux pour s'infiltrer dans le quartier gay, très important à Los Angeles, avec ses immeubles où n'habitent que des couples homosexuels, ses salles de gymnastique… Tout au long du film, la place de l'enquête n'est jamais négligée : les deux flics feront leur travail, recueilleront des indices, prendront des risques, démêleront l'affaire.
Deuxième aspect, c'est le rapport entre les deux policiers, où Veber a su faire preuve de sensibilité et de nuances. Benson est un homme à femmes, œil de velours et sourire conquérant qui font tomber en pâmoison les dactylos de la brigade criminelle ; son acolyte Kerwin (John Hurt) est au contraire un homosexuel refoulé qui travaille aux archives de la police ; il n'est jamais allé sur le terrain, mais, comme homosexuel, son rôle sera de servir de carte de visite à Benson.
« Je veux que vous viviez comme un couple gay», ordonne le truculent capitaine Wilkins, petit gros malicieux et même un peu pervers, aux réparties pleines d'humour qui donnent à son regard délavé une impression curieuse d'autosatisfaction. Quand Benson lui demande, exaspéré, pourquoi il a été choisi, Wilkins répond : «Parce que vous êtes vraiment un bon flic, Benson, et puis... parce que vous avez un beau cul !»
Le « comique » vient de ce que nous assistons à une situation renversée : l'hétéro tombeur de femmes qui règne et se pavane dans le monde majoritaire se retrouve soudain en minorité dans un univers homosexuel ; il est aussi mal à l'aise qu'un homo contraint de jouer le jeu de la « normalité » dans la société hétérosexuelle. Le comique vient aussi de ce que Benson demeure un flic, un professionnel qui a une mission à remplir : ses réticences sont vaincues par l'objectif à atteindre et Francis Veber a, psychologiquement, vu juste. Chaque fois que Kerwin exprime le désir de revenir en arrière, d'en rester là, de ne pas faire ceci ou cela, Benson, qui sait très bien que c'est ceci ou cela qu'il faut faire pour avancer, relève le défi et répond positivement (scène où il pose pour la couverture de Man's Man, notamment, prenant le double risque de servir d'appât à l'assassin et de passer aux yeux de tous et de toutes pour ce qu'il n'est pas). Certes, Benson aura toujours l'habileté d'éviter le corps à corps sensuel dans des amours qui ne sont pas son genre.
Cela ne l'empêche pas d'observer et de tirer certaines conclusions. Après que le tenancier d'un motel gay l'a peloté sous la table quelques instants, il prend conscience d'une réalité de la condition... féminine : « Ça ne doit pas être drôle d'être une femme, note-t-il, se faire mettre la main au cul par des types répugnants ! » Amusante aussi la scène où, pour se désintoxiquer du milieu pédé par lequel il se sent agressé, il drague une jolie fille... qui le prend pour un pédé : voulant montrer qu'il « n'en est pas », il insiste pour honorer la mignonne... mais n'arrive pas à bander.
Sans doute Francis Veber n'a-t-il pas résisté à présenter quelques caricatures outrancières : le personnage de Kerwyn est un condensé de tous les clichés les plus éculés (refoulé, tremblotant, balbutiant, il ne sait guère que cuisiner, coudre et repasser. Quand il doit manier le revolver, il est pris d'un accès de tremblement qui dure tellement qu'il en manque sa cible), de même pour le tenancier du motel et le logeur de l'immeuble gay : mais, emporté dans tout le contexte, ça passe assez bien, d'autant que cette fois le comique n'est pas à sens unique. De plus, il montre que ce fameux milieu gay n'est qu'un microcosme où les individus restent fidèles aux passions humaines traditionnelles : amour, jalousie, recherche du bonheur, tous les sentiments propres à la nature humaine y sont reproduits, ni en mieux ni en, pire ; l'homosexualité n'y apparaît ni comme une monstruosité bouffonne ni comme une dépravation malsaine. Le talent des comédiens apporte même à ce film une dimension souvent émouvante.
Globalement, Partners est un film positif : il ne provoque ni le sarcasme ni la haine latente et constitue une approche plutôt sensible de l'homosexualité grâce au comique cinématographique.
A titre d'information, mon premier avis :
Avec Partners, nous retombons dans le marécage des lieux communs hétérosexistes. Le scénario est d’un ennui à périr. Pour débusquer un assassin de pédés, la police envoie un couple d’inspecteurs infiltrer le milieu gay : le bon flic, Benson (Ryan O’Neil), sera piloté dans cette exploration par une « honteuse », Kerwyn (John Hurt), qui évidemment tombera amoureux de son collègue.
Le personnage de Kerwyn est un condensé de tous les clichés les plus éculés : refoulé, tremblotant, balbutiant, il ne sait guère que cuisiner, coudre et repasser. Quand il doit manier le revolver, il est pris d’un accès de tremblements qui dure tellement qu’il en manque sa cible. Quant à l’univers pédé, il est grotesque.
Le seul intérêt de cette sinistre pantalonnade est de nous rappeler la dose de bêtise et de clichés que certains trimballent encore. Précisons enfin que ce pauvre Kerwyn trouvera son salut dans la mort. Vision tout à fait optimiste de l’homosexualité. Comme si, in extremis, il fallait faire la preuve qu’un pédé peut avoir du courage et se « conduire en homme ». Happy end…
Ce n’est bien sûr pas ici qu’il faut chercher une quelconque interrogation sur les rôles sociaux : pour James Burrows, les pédés ne peuvent que sautiller en mitonnant des petits plats, les femmes sont des salopes qui ne pensent qu’à ça…


Fiche technique :
Avec Anthony Ma
ckie, Kerry Washington, Ellen Barkin, Monica Bellucci, Jim Brown, Sarita Choudhury, Ossie Davis et Brian Dennehy. Réalisé par Spike Lee. Scénario de Michael Genet et Spike Lee. Directeur de la photographie : Matthew Libatique. Compositeur : Terence Blanchard.
Durée : 138 mn. Disponible en VO, VOST et VF.

Résumé :
Diplômé de Harvard, John Henry "Jack" Armstrong est cadre supérieur dans une entreprise de biotechnologie. Mais lorsqu'il dénonce les malversations financières de ses patrons à la Commission des Opérations de Bourse, il est aussitôt licencié. Désormais considéré comme un mouchard, il est aux abois.
Quand son ex-compagne Fatima, brillante femme d'affaires devenue lesbienne, lui propose d'être le père biologique de son enfant et de celui de sa nouvelle petite amie Alex contre paiement, Ja
ck entrevoit le moyen de se faire de l'argent facile. Son « commerce de paternité » à 10 000 dollars le rendez-vous lui assure bientôt la célébrité : les lesbiennes en mal d'enfant sont de plus en plus nombreuses à solliciter ses services.
Mais entre les tentatives de ses ex-patrons de le faire tomber pour fraude et sa reconversion douteuse, la vie de Ja
ck prend un tour bien compliqué...
L'avis de Samuel M. :
C’est avec opportunisme que Spike Lee centre son film autour de thèmes tels que la recherche contre le sida et la maternité lesbienne. Comment expliquer autrement qu’au sein d’un film assez démagogique (voir la scène du procès et la comparaison avec Frank Wills), on trouve un patchwork de scènes montrant de manière habile tout et son contraire ? Le réalisateur semble jouer aussi bien avec les préjugés que contre eux. On y voit le héros, John Armstrong (Anthony Mackie, à la fois sobre et à l’aise dans la folie du film), rabaissé au rang d’objet sexuel par un groupe cosmopolite de lesbiennes lipstick faisant appel à ses services d’étalon, en une scène de retournement irrésistible. Cependant, les (com)plaisantes scènes d’accouplement montrent des femmes découvrant le plaisir masculin, de la prude à la délurée, en passant par la mystique ou la pragmatique. Cette séquence est suivie par l’arrivée d’un nouveau contingent de lesbiennes, cette fois-ci masculines, bâties en force et peu effarouchées par un mâle qu’elles dominent entièrement. Ces scènes jubilatoires où le héros étouffe littéralement sous les exigences féminines forment l’exact pendant de la séquence susmentionnée...
Pour le reste, l’intrigue entre son ex-fiancée bisexuelle, Fatima (Kerry Washington), et la compagne de celle-ci, Alex, s’avère fadement conventionnelle : on devine que l’ex va fondre de nouveau pour le beau John Armstrong, et le ménage à trois apparaît comme une solution facile : Armstrong et Fatima s’embrassent, puis Fatima tend la main à Alex, qu’elle embrasse sous le regard de John ; enfin Alex se laisse embrasser par John... Dénouement peu réaliste mais conçu pour réconcilier opposants et militants (de quoi au juste ? On sent qu’on cherche à séduire la plus grande majorité possible dans le public).
La scène qui clôt le film est peut-être plus réjouissante : sur une plage, les jeunes mères confient les enfants à leur père, qui se voit ainsi investi du rôle parental, tandis qu’elles s’embrassent, conservant la haute main sur la sexualité. On assiste alors à une répartition originale, qui remet en cause la classique « division naturelle » des tâches. Enfin, on peut aussi voir ce film comme faisant la promotion de la maternité lesbienne, montrée de manière enjouée, et vantant l’insémination artificielle, lorsqu’on voit avec quelle exigence les donneurs sont choisis (contre les idées élitistes exprimées par les « clientes » du héros).

Pour plus d’informations :
Bande annonce
Site officiel du film


Fiche technique :
Avec Isabelle Carré, Catherine Frot, Melvil Poupaud, François Berléand, Julie Depardieu, Claire Nebout, Eva Ionesco, Marc Andreoni, Emmanuelle Riva et Jacques François. Réalisé par Danièle Dubroux. Scénario de Danièle Dubroux et Pascal Richou. Directeur de la photographie : Jean-Marc Fabre. Compositeur : Reno Isaac.
Durée : 106 mn. Disponible en VF.

Résumé :
Une fille de bonne famille bisexuelle en ménage avec une jeune critique de cinéma, un mari maso relégué au garage qui espère reconquérir sa femme, un jeune homme fougueux que les situations tordues excitent un peu trop...
Une mystérieuse maison close vient d'ouvrir et propose des traitements de choc, menés par des dominatrices, « pour soulager tous les problèmes de libido ». Les voilà bientôt tous embarqués dans une thérapie intensive qui va les mener au bout d'eux-mêmes.

L'avis de Samuel M. :
Danièle Dubroux, qui nous avait ravis avec Le Journal du séducteur, intrigant conte sur le désir tissé d’humour noir, fait débuter son dernier film au sein d’un couple de lesbiennes, Catherine (Isabelle Carré) et Agnès (Catherine Frot). Cette dernière voit débarquer son ex-mari, Adam (François Berléand), qui se prétend amnésique et qui, pour s’installer chez elles, prétexte ne pouvoir recouvrer la mémoire que dans les lieux de son passé. De son côté, Bruno (Melvil Poupaud) tombe amoureux de Catherine au premier regard. Apprenant l’infortune d'Adam, il décide de faire d’une pierre deux coups : conquérir Catherine et rendre Agnès à son légitime époux.
Sous les yeux ahuris du spectateur, Dubroux filme l’implacable victoire du stratagème pourtant transparent et de la mise en scène grossière de Bruno : l’intrigue toute entière obéit à la loi du désir masculin hétérosexuel, et tout se passe comme prévu. La scène finale, où Adam (au prénom prédestiné) coule des jours paisibles entouré de sa femme et de la nouvelle maîtresse de celle-ci, ne dissipe pas la lourde impression d’arrangement en faveur de l’homme, qui retire tous profits de la situation finale. Les critiques qui parlent de « subversion » semblent trouver le couple lesbien traditionnel au possible, et l’hétérosexisme furieusement tendance...
Devant tant de roublardise, on ne peut se rattraper qu’à l’idée que la réalisatrice a été aveuglée par son scénariste. Restent la satire de la critique de cinéma underground, savoureuse, la description hilarante du milieu SM où évolue Bruno (mention spéciale pour la trop rare Claire Nebout, excellente en dominatrice), et la part d’autobiographie. En effet, l’histoire, dans ses grandes lignes et aussi invraisemblable qu’elle soit, est réellement arrivée à l’auteure. Il est regrettable qu’elle n’en ait pas tiré quelque chose de plus original et inspiré.  

L’avis d’Oli :
Mauvais signe, j'ai du mal déjà à vous expliquer l'intrigue du film. En gros, Melvil Poupaud va aider François Berléand à retrouver son ex-femme, Catherine Frot, qui vit maintenant avec Isabelle Carré, laissant François Berléand vivre dans le garage aménagé pour l'occasion. Et Melvil Poupaud bosse pour un cabinet de relaxation psychologie par réalisation de fantasmes sexuels. Et Eva Ionesco, en couple lesbien, veut que Melvil Poupaud lui fasse un gosse (aucun rapport avec le reste de l'histoire, une incongruité de plus dans ce film).
La caution humoristique de ce film semble être la dimension sexuelle perverse. On sourit facilement à voir des consuls se déguiser en soubrette pour se destresser. Après, ben, c'est flou. Une construction en (deux) tableaux très très capillotractée, des rebondissements pas nécessaires, des acteurs qui tentent tant bien que mal de relever le niveau (mais même Catherine Frot a du mal à rendre son personnage attachant, tellement le scénario ne s'y prête pas). La mise en scène manque singulièrement de chaleur et ne vient donc même pas donner un coup de main au scénario anémique. Et puis voilà, quoi. On se dit que l'histoire ne valait pas le coup d'en faire un film, que faut y aller seulement pour voir comment de bons acteurs se dépatouillent, et qu'on aurait mieux fait d'aller voir Mensonges et Trahisons si on tenait absolument à aider le cinéma français. Ou de finir sa nuit tranquillement chez soi.
C'est plat, c'est sans intérêt, très décevant.

Pour plus d’informations :
Bande annonce

 

Fiche technique :
Avec Ornella Mutti, Jeremy Irons, Alain Delon, Fanny Ardent, Marie-Christine Barrault, Jean-Louis Richard, Anne Bennent, Charlotte de Tur
ckheim, Jean-François Balmer et Roland Topor. Réalisé par Volker Schlöndorff. Scénario de Jean-Claude Carrière, Peter Brook, Marie-Hélène Estienne et Volker Schlöndorff, d’après le roman de Marcel Proust. Directeur de la photographie : Sven Nykvist. Compositeur : Hans-Werner Henze.
Durée : 110 mn. Disponible en VF.

Résumé :
Swann, un homme de la haute société, voue une passion infinie à une demi-mondaine au passé mystérieux. Ces sentiments ravageurs entretiennent chez Swann le feu de la jalousie et remettent sans cesse en question la poursuite de cet amour destructeur.
L'avis de Jean Yves :
Quand on a lu et relu À la recherche du temps perdu, quand on porte sur la rétine de l'imaginaire, la blondeur altière de la Duchesse de Guermantes, la minceur élégante de Swann, une Miss Sacripant devenue Odette de Crécy, grande rousse osseuse au profil proéminent (transformée par le mariage, plus tard, en une blonde moelleuse), quand il est impossible de donner un physique au narrateur, ce Marcel de la coulisse, voyeur, écrivain, peut-on se réjouir d'une adaptation cinématographique du roman de Proust ?
Volker Schlöndorff a osé... ce travail difficile. C'est que l'œuvre de Proust présente une vision du temps où s'imbriquent passé et présent, et parfois avenir. Les personnages vieillissent, rajeunissent (ne voit-on pas Albertine, au gré du désir du narrateur, se transformer de toute jeune fille aux grosses joues roses et aux cheveux roux en brune émaciée au teint cireux ?) parce qu'ils sont contenus dans ce qui est l'essentiel du roman, un immense mouvement passionnel de la mémoire.
Schlöndorff, pour vaincre l'absence de véritable structure de récit, a choisi Un amour de Swann, qui est une sorte de roman dans le roman. Schlöndorff a aussi choisi de concentrer sa mise en scène sur une seule journée de 1885 parce qu'Un amour de Swann est la seule enclave du roman qui dessine un temps véritable, c'est le temps d'une passion, la cristallisation de l'amour de Swann pour Odette, les affres de la jalousie qui conduisent Swann au mariage.
Plus tard, le lecteur retrouvera cette Odette installée dans le grand monde, tenant salon ; plus tard encore, elle s'affine dans la vie mondaine tandis que Swann, peu à peu, se déprend d'elle. Nous la suivrons dans ses métamorphoses, veuve, remariée à Forcheville, puis, plus tard encore, maîtresse du Duc de Guermantes. Sa fille Gilberte Swann épousera Saint-Loup, neveu de monsieur de.Charlus et des Guermantes.
En choisissant l'épisode « Swann », Schlöndorff réduit considérablement l'histoire des personnages.
Par exemple, Charlus n'est, dans Un amour de Swann qu'un personnage secondaire, grand ami de Swann, amant supposé d'Odette dans le passé. Il n'est pas encore le superbe inverti, l'homosexuel « officiel » qu'il deviendra dans la suite du roman. C'est là tout l'art de Proust qui ne décrit pas ses personnages mais les fait découvrir par le lecteur, progressivement, à travers le discours d'autres personnages et selon les nouveaux éléments du récit et de son suspense.
Schlöndorff a donc dû « épaissir » le rôle de Charlus joué par Alain Delon en greffant sur son apparition dans Un amour de Swann des épisodes de sa vie que nous connaîtrons plus tard mais qui « existent » déjà mais ne sont pas connus, d'après le système narratif fragmenté et ralenti cher à Proust.
Charlus est tout au long de La recherche un personnage de premier plan. Loin des jérémiades ou de l'illusion, Proust a montré un homosexuel dans sa plus forte véracité, un homosexuel de son temps bien sûr, mais qui, par nombre d'aspects, pose l'éternité psychologique de l'homosexualité. Il est le premier écrivain à avoir su réunir des images apparemment discordantes. Le baron de Charlus, c'est l'inverti avide d'amour (cf. tous les magnifiques passages avec Morel), c'est aussi le dragueur de tous les instants, le masochiste qui se fait enchaîner dans un bordel et demande le fouet à des soldats ou des ouvriers. Proust n'a pas craint de dire que l'homme n'est ni grand, ni vil, mais tout simplement multiple, sensuel, obsédé, pervers mais délicat, douloureux, érudit...

La recherche, à mesure que le temps s'écoule, nous dévoile que la plupart des hommes avaient du goût pour les garçons. Proust a traqué toutes les formes d'homosexualité, dans tous les milieux sociaux.
Je crains que le film de Schlöndorff ne réduise le roman de Proust (pour les spectateurs ne connaissant pas l’œuvre écrite) à cet « extrait filmé » qui ne traduit pas l'apport considérable que l'auteur a introduit dans l'univers romanesque quant à ce qu'on appelait alors l'inversion.

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Fiche technique :
Avec Mika Okuno, Chika Fujimura, Toshiya Nagasawa et Hidetoshi Nishijima. Réalisé par Kaze Shindo.
Durée : 78 mn. Disponible en VO et VOST.

L'avis de Bastian Meiresonne (Eiga go go !)) :
Portant sur ses épaules le lourd héritage de son génial grand-père réalisateur et scénariste Kaneto Shindo et de son influent père producteur Jiro Shindo, la jeune Kaze fait preuve d'un réel talent prometteur dans son premier long métrage. S'attaquant au difficile et tabou sujet du lesbianisme, elle signe une première œuvre sensible et aboutie.
Chinatsu et Kyoko sont deux amies inséparables, logeant sous un même toit et partageant jusque le même lit. Vivant au jour le jour, gagnant quelques yens en travaillant dans des bars de nuit, leur amitié sera mise à rude épreuve le jour où Chinatsu tombe amoureuse de sa co-locatrice.
Née en 1978, Kaze Shindo intègre la prestigieuse école de cinéma Visual Shooting and Lighting Course of Nihon Eiga Gakko créée par Shohei Imamura. Se spécialisant dans la réalisation et l'éclairage, elle attire une première fois l'attention en réalisant un fort remarquable documentaire (Oji-Chan/My Grandfather) concernant son illustre grand-père durant ses années d'études. Après quelques travaux d'assistanats, elle signe le scénario et la réalisation de son premier long métrage, tourné avec un budget très peu élevé. Si sa famille a certainement pu jouer un rôle important dans son parcours personnel, Shindo en démontre pourtant aux plus envieux détracteurs. S'imposant comme la plus jeune réalisatrice actuellement en activité au Japon, elle ose également relever le défi de s'attaquer à un sujet particulièrement épineux au sein de la communauté japonaise : l'homosexualité des femmes. Suivant les traces de Ryosuke Hashiguchi, qui compte parmi les rares cinéastes à s'être ouvertement attaqué au sujet à travers ses Grains de Sable et Hush!, elle aborde le thème avec une légèreté et un naturel déconcertants ; pourtant l'homosexualité est peu admise au sein de la population japonaise et seules les représentations caricaturales ou faussement exagérées trouvent quelque grâce aux yeux des spectateurs.

Love/Juice est un drame intimiste très simple. À travers le quotidien de deux amies inséparables, passablement fêtardes la nuit tombée et souvent fauchées, elle brosse le sensible portrait criant de vérité de tout un pan de jeunes de ces dernières années. Elle réussit en quelques plans à esquisser une juste représentation d'une génération bien trop mal assimilée dans de nombreux films par ailleurs. Fêtardes, glandeuses, les deux amies n'en sont pas moins des jeunes tout à fait normales, en pleine transition entre une adolescence s'achevant et le monde adulte les guettant.
L'homosexualité de Chinatsu est abordée sans fausse pudeur dès la séquence d'ouverture du film. Les filles sortant en boîte, la lesbienne se plaint de ne trouver chaussure à son pied parmi les filles présentes et de regretter de ne pas être née garçon. Cette frustration sera un véritable leitmotiv tout au long du film et démontre l'admission d'une sexualité encore fragile : Chinatsu souffre véritablement de ne pas être un garçon. Sa coupe, son visage poupin, ses habits et ses attitudes trahissent de véritables manières d'un garçon manqué ; mais moins aspirant à changer véritablement de sexe, son comportement trahit une identité encore mal assimilée. Kyoko, de son côté, subit la phase de sa propre recherche sexuelle. Plutôt attirée par les garçons, elle est curieuse de la sexualité de son amie. Elle ne ressent aucune répulsion à l'embrasser et n'exclut – du moins au début – de coucher un jour avec elle. Déçue par ses expériences sexuelles passées, elle demande même conseil quant à comment avoir un orgasme et sera irrémédiablement excitée par une démonstration d'onanisme de la part de sa co-locatrice.
Toutes ces annotations sexuelles ne sont jamais exploitées de manière spectaculaire ou voyeuriste par la réalisatrice, mais témoignent – au contraire – d'une rare sensibilité et d'un respect particulier. Au-delà de la simplicité de l'histoire, Shindo intègre quelques éléments parfaitement auteurisants. Le besoin régulier de prendre Kyoko en photo démontre un certain côté possessif ; au contraire, les clichés pris par Kyoko ne représentent qu'un jeu pour la jeune fille, mais est mal vécu par Chinatsu. Tel un homme, elle cherche à dominer dans une relation où elle est autrement soumise par ses sentiments amoureux non retournés par l’objet de son désir. Elle est tel un prédateur, cherchant sa proie, représenté par les nombreuses séquences de poissons rouges dévorés : dès qu'ils sont mis dans un même bocal avec un poisson d'une autre espèce, ils se font dévorer tout cru. Poissons rouges qui servent également de métaphore à la relation même des deux filles : mis dans un étroit verre (aussi petit que l'appartement partagé par les filles), l'un meurt au moment de la « rupture » des deux amies et de la menace de suicide de Chinatsu. Métaphore certes facile, mais une nouvelle fois juste et étonnant pour un premier métrage réalisé par une jeune femme de 22 ans.
Métrage centré tout entier autour des deux filles, la gente masculine n'a que peu de place dans leur univers ou est représentée de façon médiocre : un vendeur de poissons exotiques renfermé et indécis, un barman rendant visite avec force alcool et un patron violeur. D'après l'aveu de Kaze Shindo elle-même, elle a cherché à décrire un univers qui lui était intimement familier et proche ; elle ne semble en tout cas pas porter beaucoup d'affection pour la gente masculine.
Premier film tout à fait réussi, ne souffrant que d'une fin par trop démonstrative et appuyée, le talent de Kaze Shindo est très prometteur. Disposant de la même fraîcheur que les premiers métrages de Sofia Coppola, son premier métrage mérite d'être découvert par un large public et donne envie de suivre ses futurs pas derrière la caméra.

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Fiche technique :
Avec Valérie Lemercier, Claude Rich, Dieudonné, Marthe Keller, Patri
ck Catalifo, Didier Brengarth, Amira Casar, Didier Bénureau et Alain Doutey. Réalisé par Valérie Lemercier. Scénario de Valérie Lemercier et Aude Lemercier. Compositeur : Gregori Czerkinsky. Directeur de la photographie : Patrick Blossier.
Durée : 102 mn. Disponible en VF.

Résumé :
Quand une jeune femme de la campagne découvre que son père est un homosexuel de gauche, très esthète et très parisien, elle veut à tout prix comprendre l'univers de son géniteur. Frédérique revêt alors les atours traditionnels d'un gay et se fait passer pour son fils. Elle ignore que son père fait partie de ces gens pour qui le bon goût n'a pas de limites et prime même les liens du sang.
L'avis de Gabriel de Monteynard :
On la connaît dans ses one woman show savoureux où elle joue avec brio des personnages très différents les uns des autres en accentuant leurs traits avec suffisamment de finesse pour ne pas tomber dans le mauvais café-théâtre. Mais la mise en scène et l'écriture de scénario c'est autre chose, et là, notre chère Valérie tombe dans le comique de boulevard. Le titre laissait présager le pire...
Après l'enterrement de sa mère, Frédérique (Valérie Lemercier) parvient à retrouver son père (Claude Rich) qu'elle n'a jamais connu. Elle découvre que celui-ci, personnalité du monde de la culture, est homosexuel, et décide de se déguiser en garçon pour mieux pénétrer son univers, en jouant sur les clichés gays de la folle, se faisant passer ainsi pour son fils.
Le film commence très fort : Frédérique, la provinciale un peu cruche, débarque à Paris chez un ami homo et danseur, évidemment très folle, comme il se doit. Première soirée entre amis où un coiffeur perruquier à l'Opéra, plus folle tu meurs, propose de déguiser Frédérique en garçon, afin qu'ils puissent aller tous ensemble au Victory, boite pédé à la mode. Autant vous le dire tout de suite, le Victory et sa clientèle sont la pire caricature du genre. Dès l'entrée, une grosse bonne femme crie à des hétéros cravatés : « C'est un lieu réservé aux HOMOSEXUELS ! ». Très crédible. À l'intérieur, les habitués sont partagés entre les « cuirs », super machos bariolés de colliers cloutés et autres attirails exotiques, et les folles, dont font partie nos camarades, vêtus de tee-shirts moulants. Toujours les mêmes poncifs des pédés qui « jouent le rôle de l'homme », plus mecs que mecs, et des folles, passives, plus féminines que les vraies femmes. Décidément, on ne sortira jamais de ces images préfabriquées. C'est triste.
Quelques gags font mouche, et de temps à autre on rit tout de même. Le talent de Claude Rich et Marthe Keller y est pour beaucoup. Mais l'accumulation des clichés est édifiante. Petit échantillon : Francis (Dieudonné), « mari » du père de Frédérique, ne supporte pas l'idée d'un coït vaginal (il en pleure même), ni la vue d'une mère donnant le sein à son enfant, collectionne les parfums et autres cosmétiques par dizaines, se fait des masques de beauté sur le visage à la couleur rose bonbon, est expert es maquillage (liste non exhaustive). Chaque personnage pédé a droit à son lot de lieux communs. C'est la règle. Et cette règle de comique troupier interdit le moindre moment d'émotion entre la fille et son père par exemple, que l'on attend tout le long et que l'on désespère de ne jamais voir. Pas plus d'émotion dans le couple Dieudonné/Claude Rich.
Valérie Lemercier n'hésite pas à tomber parfois dans le graveleux. Dieudonné jouant le proctologue (spécialiste des maladies de l'anus) dit à son patient, en lui examinant les fesses à un mètre de distance, que s'il continue à son âge, il faudra lui mettre un anus artificiel (!). Ou quand Frédérique fait semblant de pisser contre un arbre, assumant son rôle de garçon jusqu'au bout (Cf. la bande annonce). Dans son film précédent, Quadrille, il y avait au moins le texte de Sacha Guitry !

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Fiche technique :
Avec Jean-Claude Adelin, Claude Brasseur, Jacques Bonnaffé, Marianne Denicourt, Thierry Lhermitte, Didier Bezace, Daniele Lebrun, Jean-Pierre Cassel, François Berléand, Laurent Malet et Maurice Barrier. Réalisé par Marcel Bluwal. Scénario de Jean-Claude Carrière. Compositeur : Antoine Duhamel. Directeur de la photographie : Philippe Pavans de Ceccaty.
Durée : 120 mn. Disponible en VF.

L'avis de Gabriel de Monteynard :
Le cinéma ne manque pas de références à la déportation des juifs. Mais combien de films se sont intéressé à celle des homosexuels ? Chaque époque à ses préjugés et reconnaissons que cet aspect de l'histoire a été longtemps éludé. Il y a les « vrais » martyrs, et les autres, pas très politiquement corrects, que l'on laisse de côté. À ma connaissance, seul Bent, tiré d'une pièce de théâtre datant de 1979, aborde le problème de front (je vous laisse le soin de compléter la liste...). Ce film n'a jamais trouvé de distributeur français (il n'a été diffusé en France que dans des festivals). Voilà un pan de l'histoire qui semble déchaîner les passions ! Décidément, nous sommes toujours très seuls dans notre combat pour une forme de reconnaissance.
Paris, 1942. La France occupée aspire à oublier et se divertir. Les théâtres et les cabarets font le plein, le cinéma ne s'est jamais mieux porté... Mais la Révolution nationale exige plus que des distractions et a besoin de héros rassembleurs pour stimuler les consciences amollies. Le colonel Valogne demande au producteur Couperin de financer un film sur Mermoz dont les exploits font vibrer les écoliers de France. Le tournage démarre dans l'incertitude et l'improvisation. Au moment où l'équipe se soude, Lambert, l'interprète principal est arrêté par la police allemande...
La subtilité du film est de ne dévoiler son vrai thème que tardivement, après que l'on se soit attaché au personnage qui attirera sur lui les foudres nazis. Déporté pour son homosexualité, il ne correspond à aucune image caricaturale du genre. Il en est même l'opposé : viril, sûr de lui, costaud, aimant la compagnie des femmes. Au point que la surprise est totale. Pour vous qui lisez ces lignes sur un site gay, il est difficile de garder le suspens entier...
Ces gens qui ont léché les bottes des allemands, prêts à tous les compromis pour garder des prérogatives de seigneurs (celles du milieu du cinéma, en l'occurrence), sont incarnés par des personnages grotesques à force de compromission. Mais ils gardent une humanité, malgré tout. Il faut finir ce ridicule film de commande sur Mermoz coûte que coûte. Et de fait, Le plus beau pays du monde ne manque pas d'humour en faisant le « making of » de cette pochade de collabo. La compromission n'a plus de limites et le producteur devient une vraie marionnette aux mains de la France de Vichy. Devant leurs exigences toujours plus strictes, il plie sans cesse, au point où, par exemple, les proches de Mermoz ne doivent plus être cités car leur passé n'est pas (soi-disant) sans tâche. Saint-Exupéry sera surnommé "Le Poète" !
Les protagonistes imaginent toutes les hypothèses possibles pour expliquer l'arrestation. Était-il communiste, juif (pourtant on est sûr qu'il ne l'est pas), résistant ? Personne ne pense à l'homosexualité. C'est l'hypothèse impensable. Elle ne vient tout simplement pas à l'esprit. Elle est naturellement occultée. Rien n'a tellement changé finalement.
Le film ne « démarre » vraiment qu'à partir de cette arrestation. Même si tout ce qui précède permet de mieux comprendre le personnage central et de mieux préparer l'effet de surprise, cette partie manque quelque peu d'une certaine vigueur dramatique. Mais la gravité du sujet emporte tout, et c'est bouleversé que nous sortons de la salle. Car la fin est proprement surréaliste, cruelle, émouvante, et pourtant bien réelle ! (surprise...)
Voilà un film qui, malgré une belle brochette d'acteurs prestigieux (Claude Brasseur, Marianne Denicourt et Jacques Bonnaffé, tout trois prodigieux), donc, peut-on supposer, malgré certains moyens, a sérieusement manqué de promotion. En avez-vous seulement entendu parlé ? Alors, de grâce, passez le mot !

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Fiche technique :
Avec Frédéric Andrau,, Vincent Branchet, Urs Peter Halter, Martin Schenkel, Jean-Pierre von Dach et Jessica Frueh. Réalisé par Marcel Gisler.
Durée : 92 mn. Disponible en VF.

Résumé :
Beni tombe amoureux de Fogi, leader et chanteur d'un groupe de rock. L'attitude rebelle de Fogi favorise le désir de liberté de Beni et lui donne la force de vivre sa vie hors du milieu social dont il est issu. Il se dévoue corps et âme à son amant, à tel point qu'il n'arrive plus à réaliser quel homme est vraiment Fogi. Quand il se rend compte que Fogi est au bord de la déchéance physique et morale, Beni tente de se raccrocher à cet amour et se trouve bientôt confronté à la décision la plus terrible de sa vie.
L'avis de Francis Lamberg et Laurent Mullens (La lucarne) :
Le F du titre désigne Foggy, charismatique chanteur de rock dont Benny tombe amoureux. Benny sort de l'adolescence et a tout pour mordre dans la vie à pleine dent. Foggy est désabusé, redoute la vieillesse et est narco-dépendant. Assez vite, Benny s'installe chez Foggy et, après une période de grâce, Foggy finit par projeter son autodestruction latente sur et en Benny. Ce dernier est amoureux fou et malléable. Sans identité propre, il est prêt à tout recevoir de son compagnon, y compris le pire. Il devient donc littéralement le chien de Foggy : toute marque d'intérêt, fût-elle violente, est perçue aveuglément comme une preuve d'amour. Il va alors vivre un semblant de bonheur d'animal domestique (« Le bonheur, c'est ne plus être responsable de rien » ira-t-il même jusqu'à avouer) jusqu'à ce que le clash du groupe de rock de Foggy et sa replongée dans la drogue ne donne à Benny l'ascendant sur son maître.
F., cela aurait tout aussi bien pu être l'initiale de fascination, fantasme ou fugue. Sur fond de sexe, drogue, yaourt & ro
ck'n roll, ce film aborde avec densité et force le thème sempiternel de la passion destructrice et de l'amour en déséquilibre. Le jeu tantôt lumineux, tantôt sombre de Vincent Branchet est magnifique de nuances et de justesse. Plus habitué aux planches qu'à la caméra, son jeu reste empreint d'une grande théâtralité mais son interprétation réellement canine du personnage est une réelle performance d'acteur ! L'interview en bonus montrera également combien une certaine alchimie reste nécessaire entre les acteurs pour que les personnages fonctionnent. Pari gagné pour ce film ! Pour on ne sait quelle sombre raison, ce film magnifique a connu une sortie plus que confidentielle en salle. Par exemple, certains festivals de films gay ont essuyé un refus à leur demande de diffusion. Sa sortie en DVD est une aubaine de (re)découverte.
L'avis de Gabriel de Monteynard :

Ne vous est-il jamais arrivé, en sortant du cinéma, dépité, de vous dire : « Mais quand est-ce qu'il sortira une simple histoire d'amour entre deux mecs (ou deux femmes) qui ne soit ni un film glauque ni une comédie pour beauf ! ». Une histoire qui nous ferait rêver d'amour, certes un peu comme un roman de gare, et c'est là toute la limite du genre. F. n'est pas ce film mais il aborde un point essentiel des rapports amoureux : cet inévitable déséquilibre des sentiments dans le couple, qui rend l'un esclave de l'autre. Cette logique que nous connaissons est poussée ici jusqu'à son paroxysme, celle du premier amour et de l'aliénation qu'il constitue.
Sur fond de décor années 70, cheveux longs et milieu ro
ck underground, F. est une vision cruelle mais juste de la passion amoureuse que voue un adolescent (Beni) à sa star de rock favorite (Fögi). L'adolescent aime une image qu'il idolâtre. Comme tout adolescent immature, il se complaît dans un imaginaire qu'il croit être l'image de la réalité. Son besoin d'affection et sa peur de ne pas être aimé en retour finissent par engendrer l'agacement, voire la haine de Fögi, qui devient plaisir de dominer, seule issue à ce stade de la relation. Cette mise en scène de la dépendance affective dans un rapport amoureux est l'idée maîtresse du film.
Une lente progression nous entraîne vers une relation dominant-dominé jusqu'à la folie de Beni, refuge dans lequel il s'abandonne totalement, découvrant cette sensation d'absolue liberté qu'elle engendre. N'avoir plus d'amour propre à défendre. Se laisser aller. Devenir le chien de son maître. Cette folie est parfaitement traduite à l'image par une mise en scène inspirée et onirique. Ce ne sont que quelques moments du film mais leur importance justifie d'autant plus cet effort particulier. 
Ce rapport sado-maso n'a rien de sordide. Il constitue plutôt une transition nécessaire dans la relation exacerbée du couple, vers un équilibre des sentiments et une vraie réciprocité. Car les rapports s'inversent et l'image que l'on a de l'un et de l'autre n'est plus aussi claire et définie, les pistes se brouillent, et les deux protagonistes révèlent leur complexité et leurs contradictions.
Seule ombre au tableau est la trop lente progression du début ou l'on attend la suite des événements pendant un bon tiers du film. L'évolution des deux personnages se doit d'être lente pour donner plus de poids à la suite, certes. Mais toute cette première partie manque d'une atmosphère soutenue, d'une tension dramatique, que la suite possède réellement. Le jeu approximatif de l'ensemble des seconds rôles y est pour beaucoup. Il crée une distanciation pas très heureuse. Le couple Beni-Fögi, lui, s'en tire bien, et c'est malgré tout l'essentiel.
Le film prend corps dès qu'il devient huit clos. Quelques moments de pure émotion, sans aucun pathos, entre Beni et Fögi, nous laissent cloué sur notre siège. Certes l'amour entre mecs est encore une fois synonyme d'instabilité et de marginalité, pratiqué chez des « voyous » qui s'adonnent notamment à la drogue. Mais ce mode de vie est associé ici plutôt à une époque et à un certain milieu, celui du ro
ck. F. n'est pas la limpide histoire d'amour gay dont on pourrait rêver mais sa force vaut le déplacement.
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Fiche technique :
Avec Takeshi Ito, Simon Kumai, Kiyomi Ito et You Suzuki. Réalisé par Hisayasu Sato.
Durée : 60 mn. Indisponible en VO et VOST.

L'avis de Martin Vieillot (Eiga go go !) :
S'il est bien un réalisateur qui divise, il s'agit assurément de Hisayasu Sato. Fer de lance du renouveau du pinku-eiga au milieu des années 80 qui entraîna dans sa suite des cinéastes plus classiques, son univers reconnaissable entre mille provoque autant de fascination que de dégoût. Films ouvertement sulfureux brassant érotisme déviant et déprime urbaine avec un net attrait pour l'expérimentation visuelle, les œuvres de Sato ressassent à l'infini les mêmes obsessions morbides jusqu'au malaise. Plus connu en Occident pour son célèbre Naked Blood, une œuvre à part qui l'a malheureusement vite catalogué au rayon des auteurs gores, son impressionnante filmographie dégage une thématique autrement passionnante et fascinante. Souvent qualifié de prétentieuses esbroufes, il convient de replacer ses travaux dans leur contexte originel pour mieux en apprécier leur singularité. Muscle, une de ses premières réalisations, fait partie de sa série de barazoku-eiga (films gay), un sous-genre incontournable du pinku eiga. La sexualité chez Sato, c'est surtout l'expression des pulsions cachées. Souvent violentes et morbides, ici cette thématique ne diffère guère de celle de ses films hétérosexuels. Les actes sexuels n'y tiennent d'ailleurs qu'une place secondaire, s'effaçant vite derrière les traumas de ses personnages. Muscle illustre d'ailleurs bien cette orientation qui confine à l'obsession maladive.
Ryuzaki est photographe pour Muscle, un magazine de body-building. Il tombe amoureux de Kitami, un jeune homme rencontré lors d'une exhibition culturiste avant-gardiste. Fascinés par la douleur, leur relation tourne rapidement aux pratiques sadomasochistes. Un jour, lors d'une séance photo, Ryuzaki pris d'une pulsion incontrôlée tranche le bras de son amant. Libéré après un an de prison, Ryuzaki retrouvera l'air libre et ne pourra s'empêcher de retrouver son ancien partenaire.
Habitué aux scénarios complexes mêlant flash-ba
ck et onirisme, Sato s'appuie ici sur un canevas somme toute linéaire. Muscle illustre la dérive d'un homme à la recherche désespérée de l'homme qu'il aimait. Une structure qui donne au film un arrière goût de thriller lorsque Ryuzaki s'enfonce la nuit dans les ruelles glauques de Tokyo. L'esthétique résolument eigties s'accorde ici parfaitement à l'univers dépeint. Filtres bleuâtres, néons à la lumière blafarde et mortifère, Sato déréalise les lieux qu'il filme, les teintant d'une inquiétante et souterraine noirceur renforcée par l'emphase de Sato sur l'univers fantasmé de l'homosexualité. Peu d'expérimentations visuelles, mis à part son attrait prononcé pour les reflets en tout genre. Film-monde donc, où l'ambiance prime avant tout.
La thématique sadomasochiste reste malheureusement superficielle, la relation entre les deux amants peine à faire ressentir leurs tourments intérieurs. Comme souvent chez Satou, ses films sont résolument hermétiques. Le moteur du récit manque ici d'intensité et se résume aux déambulations paranoïaques de Ryuzaki dans divers lieux tels do
cks, salles de cinéma ou ruelles désertes. L'adjonction purement gratuite d'un couple hétero au récit n'en donnera pas pour autant le rebond espéré. Heureusement comme tout pinku-eiga, Muscle est court (une heure) ce qui l'empêche de s'effondrer faute de corps. Cinéphile averti, Sato double son film d'une réflexion cinématographique. Le personnage central est tenancier d'une salle obscure avant-gardiste, il est question de Pier Paolo Passolini et de son Salo. Las, ces références prétentieuses ne sont que pures citations sans aucun travail de ré-appropriation ou hommage.
Reste que Muscle comporte de belles et fortes visions singulières qui font tout son intérêt. L'étrange scène d'introduction où culturistes se mêlent à un danseur de buto décharné, le bras tranché que Ryuzaki conserve dans du formol telle une relique qui causera sa perte, la rencontre finale des deux amants dans une salle de cinéma au pied d'une toile nue entourée des protagonistes masqués comme un bal costumé macabre, la danse en bout de quai portuaire entre un manchot (Kitami) et un aveugle (Ryuzaki qui s'est crevé les yeux avec son sabre), les surprenantes et froides mélodies synthétiques.
Typique du travail de Sato, Muscle manque de maturité et reste malheureusement trop creux pour convaincre Néanmoins, l'univers fascinant et déprimant qu'il dégage saura satisfaire les amateurs de cinéma différent. Étrange et maladif.

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Fiche technique :
Avec Victor Banerjee, Peggy Ashcroft, Judy Davis, James Fox, Alec Guinness et Nigel Havers. Réalisé par David Lean. Scénario de David Lean, d’après l’œuvre de E. M. Forster. Directeur de la photographie : Ernest Day. Compositeur : Maurice Jarre.
Durée : 165 mn. Disponible en VO, VOST et VF.

Résumé :
En 1920, Miss Adela Quested part épouser en Inde un jeune magistrat. Fuyant le nationalisme étroit et l'arrogance de la colonie anglaise, elle part à la découverte de l'Inde profonde. Un jeune médecin indien va bouleverser ce parcours.
L'avis de Jean Yves :
Superproduction tirée du roman d'Edward Morgan Forster, ce film nous mène aux Indes en pleine domination britannique. La jeune Adela (Judy Davis) a entrepris le long voyage pour aller rejoindre son futur époux Ronny (Nigel Havers) qui exerce la fonction de juge dans la petite ville de Chandrapore. Adela est accompagnée de la mère de Ronny, l'anticonformiste Miss Moore (Peggy Ashcroft). Les deux nouvelles arrivantes sont un peu désorientées, choquées même, du moins Miss Moore. Les Anglais installés là-bas en conquérants arrogants vivent comme des princes, dans cet esprit ségrégationniste et raciste qui va de pair avec la volonté de puissance colonialiste.
David Lean brosse un tableau de ce pays qui demeure pour moi un éternel mystère : comment l'essentiel de l'âme indienne pouvait-elle échapper à la barbarie occidentale, alors que l'autochtone était traité en serviteur, exploité et humilié ?
C'est au cours d'une expédition qu'on aurait pu croire anodine, aux grottes de Malabar réputées pour leur écho, qu'intervient l'événement dramatique, le nœud du film, qui restera d'ailleurs une énigme jusqu'à la fin. Adela a-t-elle été violée par le Dr Aziz (Victor Banerjee) un Indien, ou bien le viol n'est-il que le fruit de son imagination après le choc de l'écho, ou bien est-ce elle qui a encouragé Aziz à un acte que, prise de remords, elle a ensuite dénoncé comme un viol ? C'est au spectateur (et au lecteur du livre) d'apporter sa propre réponse. (Sans perdre de vue qu'à ce viol entre individus, fait écho le viol des Indes par les Anglais.)
Toute la communauté britannique se serre bien sûr les coudes contre le violeur, sur la seule accusation d'Adela. Que vaut la parole d'un pauvre Indien contre celle d'une miss née de la cuisse d'Albion ? Seule Miss Moore s'insurge, et son fils la remet vite sur le premier paquebot pour l'Angleterre ; seul un célibataire marginal, Fielding (James Fox), prend ouvertement la défense d'Aziz, s'excluant lui-même de la colonie anglaise. Ce personnage de Fielding est extrêmement intéressant : sans doute y a-t-il en lui beaucoup de Forster, qui était tombé amoureux d'un étudiant indien au tout début du siècle.
Le comportement de Fielding est très subtilement joué par James Fox, et c'est sûrement son homosexualité (à la fin il se marie, mais ça ne change rien à l'affaire) qui, le plaçant déjà dans une position de différence, lui permet de devenir le héraut de la justice contre l'arbitraire.

La Route des Indes s'inscrit dans cette grande lignée de films de confection classique dont on peut gratter sans crainte le vernis : derrière la beauté des décors, la magnificence des costumes et l'abondance de figuration, derrière cette façade luisante se trament les combats et les ambiguïtés du cœur.
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Fiche technique :
Avec Nagatomo Tatuya, Shiyuto Kei et yamashina Akira. Réalisé par Nakamura Genji.
Durée : 60 mn. Disponible en VO et VOST (anglais).

L'avis de Priape :
Nakamura Genji signe son premier « Pink Film » et porte un regard radical sur l'homosexualité nippone. Shinohara, un jeune culturiste, se joint à une secte paramilitaire dans le nord du Japon. Son instructeur, Takizawa, en bave pour cette nouvelle recrue. Après une séance « spéciale » d'entraînement, les deux hommes développent une relation amoureuse. Beautiful Mystery est le premier film gay pour adultes à traverser les frontières du Japon. Quoique atténué par les standards américains, ce film n'en demeure pas moins révolutionnaire. Version originale en japonais avec sous-titres anglais.
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Fiche technique :
Avec Julie Andrews, Robert Preston, James Garner, Lesley Ann Warren, Alex Karras et John Rhys-Davies. Réalisé par Blake Edwards. Directeur de la photographie : Di
ck Bush. Compositeur : Henry Mancini et Leslie Bricusse.
Durée : 135 mn. Disponible en VO, VOST et VF.

Résumé :
Victoria, à la superbe voix d'opéra, ne trouve pas d'emploi. Jusqu'au jour où elle se transforme en Victor, comte polonais.
L'avis de Jean Yves :
Paris, 1934 : Bien qu'elle soit dotée d'une superbe voix, Victoria court les cabarets pour se faire embaucher. Tenaillée par la faim, elle entre dans un restaurant et commande un repas gargantuesque. Toddy, un artiste homosexuel au chômage, qui l'a déjà entendue chanter se joint à elle.
Une fois repue, Victoria tente d'échapper à l'addition en affirmant avoir trouvé un cafard dans sa salade. Toddy et Victoria profitent de la panique semée par la bestiole dans l'établissement pour s'éclipser. Toddy a une idée : puisque personne ne s'intéresse à Victoria et à sa belle voix d'opéra, elle n'a qu'à devenir Victor, comte polonais renié par sa famille pour avoir voulu devenir artiste et être homosexuel. Grâce à Toddy, la métamorphose et la supercherie marchent parfaitement…
C'est l'hiver. Il neige. Un jeune homme un peu fragile quitte le grand lit où un homme plus âgé se prélasse encore. C'est Toddy (Robert Preston dans un rôle de composition réussi), chanteur dans une boîte gay, caricature fripée car plus vraiment jeune mais impeccablement pomponnée, au masque pathétique et digne de vieille femme qui ne fait pas son âge.

Victor-Victoria est entièrement construit comme un spectacle, autour de l'enchaînement de situations créé par le double jeu de Julie Andrews.
L'inventaire des clichés que traîne l'homosexualité a fourni à Blake Edwards ses flèches empoisonnées contre les censeurs : « La honte est un sentiment sans joie inventé par les bigots » et surtout la perfide remarque du garde du corps à son patron "mafioso macho hétéro troublé" « Vous savez, patron, ce type, c'est le champion de France des poids moyens... mais vous n'avez rien à craindre, c'est une tapette ! ».
Cette comédie parvient à ridiculiser l'un des derniers remparts de l'ordre hétérosexuel : non seulement l'image du pédé incapable d'assurer une fonction sociale virile est remise en question, mais que ce pédé soit en outre une femme travestie ajoute à la confusion, brouillant délicieusement un jeu de cartes que la femme et le pédé n'ont jamais été invités à distribuer.
Pourtant je crains que le côté spectacle (auquel j'ai eu du mal à adhérer) de Victor-Victoria n'empêche d'en lire la satire.

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