Recherche

Podcasts

 

logonewRCN.jpg


MusicPlaylistView Profile
Create a MySpace Music Playlist at MixPod.com

Accueil

Ensembles-copie-1.jpg
pedeblog_kek_logo2.png
Blog LGBT du rédac' chef :
Daniel Conrad

twitter_logo_header.png

Daniel Hall


secondé par :

Gérard Coudougnan


L'équipe des "piliers" en exclusivité
ou en reprise autorisée :

Jean Yves
, Bernard Alapetite, Zanzi, Neil, Kim,
Matoo, Mérovingien02, Juju, Chori,
Shangols, Boris Bastide, Stéphane Riethauser,
 
Niklas,
Robert Wagner,
 Jag1366, Hari3669, Maykel Stone,
Marc-Jean Filaire,
Isabelle B. Price, Psykokwak,
Rémi Lange
, Henry Victoire, Didier Roth-Bettoni
et
BBJane Hudson...

Mais aussi, depuis, Cyril Legann,
Gérard Coudougnan (Livres), Voisin Blogueur,
Nicolas Maille, Sullivan Le Postec, Vincy Thomas,
Jann Halexander, Tom Peeping
, Lucian Durden,
Papy Potter, Nico Bally, Marie Fritsch,
Sir Francisco, Laurent Fialaix
et Hugo Rozenberg.

Special Guest Star : Philippe Arino.

Un grand merci à Francis Moury,
Olivier Nicklaus et à
Yann Gonzalez.
Et en special guest star gay-friendly... Dr Orlof !


et bien d'autres depuis le début et d'autres à venir...

Ce blog est partenaire de

Dreampress.com

Avec l'aide graphique de

Catégories

Fil infos VeryFriendly

W3C

  • Flux RSS des articles

POUR SURFER SUR CE BLOG...

Les Toiles Roses  est un blog collaboratif, indépendant et bénévole optimisé pour Mozilla Firefox (cliquer ici pour le télécharger)

TOUTES LES CRITIQUES DE FILMS : ICI
LES CRITIQUES DE LIVRES (Gérard Coudougnan) : ICI
Nos chroniques vedettes : Zanzi and the City (Zanzi), Et les filles alors ? (Isabelle B. Price),
Derrière les masques : Homollywood (Marc-Jean Filaire),
Merci Bernard (Bernard Alapetite),
Le Bazar de l'Homo Vincy (Vincy Thomas),
L'Histoire de l'homosexualité,
Dans l'ombre de Jann Halexander (Jann Halexander), Spécial Abdellah Taïa (Daniel C. Hall),
La Crypte aux gays (BBJane Hudson), Certains l'aiment camp (Tom Peeping),
 
Le Chaudron rose (Papy Potter), Petits Contes Dark-en-ciel (Nico Bally),
Marie de traverse (Marie Fritsch), Spécial Salim Kechiouche, Si j'étais homo ou hétéro...,
Spécial Stonewall, 40 ans, La gâterie du chef (Daniel Conrad Hall), La Garac'Ademy (Jean-Louis Garac)
A tort ou à travers (Laurent Fialaix), Rencontres de tous les types (Hugo Rozenberg),
 
Le Phil de l'araignée (Special Guest Star : Philippe Ariño),
Dossier et chronique-soutien
à l'association "Le Refuge" (Daniel C. Hall).

Venez rejoindre la rédaction, les lectrices et lecteurs sur le groupe Facebook :
http://www.facebook.com/group.php?gid=61890249500#/group.php?gid=61890249500


Vendredi 3 août 5 03 /08 /Août 10:18

Par Daniel C. Hall - Publié dans : VIDEOS : La TV en folie
Ecrire un commentaire - Voir les 4 commentaires

Jeudi 2 août 4 02 /08 /Août 10:46
satyriconIT.jpg satyriconF.jpg satyriconUS.jpg fellini-satyricon.jpg


Fiche technique :

Avec Martin Potter, Hiram Keller, Max Born, Mario Romagnoli, Alain Cuny, Lucia Bose, Salvo Randone, Capucine, Magali Noël, Fanfulla, Tanya Lopert, Danika La Loggia, Giuseppe Sanvitale, Genius, Gordon Mitchell, Luigi Montefiori et Elisa Mainardi. Réalisation : Federico Fellini. Scénario : Federico Fellini, Brunello Rondi & Bernardino Zapponi, d’après l’œuvre de Pétrone. Directeur de la photographie : Giuseppe Rotunno. Compositeurs : Nino Rota & Andrew Rudin.
Durée : 135 mn. Disponible en VO, VOST et VF.

Résumé :
Dans l'Italie de l'Antiquité, deux jeunes étudiants à demi vagabonds, Encolpe et Ascylte, vont d'aventures en aventures, guidés par leur instinct de jouissance.
Pour commencer, ils se disputent les faveurs d'un adolescent vaguement pervers, Giton, qu'Ascylte a vendu à une troupe théâtrale animée par le vulgaire Vernacchio.
Encolpe, éconduit et humilié, va trouver son ami le vieux poète Eumolpe qui l'entraîne à un monumental festin qu'offre Trimalcion, un nouveau riche orgueilleux et cruel. Ambiance sinistre dominée par une sensualité assez triviale.
Encolpe, Ascylte et Giton se retrouvent dans les cales d'un navire, prisonniers d'un notable de la cour impériale, Lychas, à qui il prend la fantaisie d'épouser Encolpe. Après que ces étranges épousailles homosexuelles soient célébrées, Lychas, suite au meurtre de César, est capturé et décapité par un groupuscule de mercenaires.
Les deux compagnons, rescapés de cette escarmouche navale, pénètrent dans une luxueuse villa dont les propriétaires, un couple de patriciens proscrit viennent de se donner serainement la mort. Dans la maison déserte, les jeunes gens découvrent une petite esclave noire en compagnie de laquelle ils passent une nuit de plaisir.
Dans une grotte bizarrement décorée de fresques géantes, un enfant souffreteux et hermaphrodite repose sur une couche. Il est censé accomplir des guérisons miraculeuses. Des pèlerins éclopés apportent leurs offrandes dans l'espoir d'un prodige. Ascylte, Encolpe et un nouveau complice s'emparent de l'enfant afin de l'exploiter à leur tour. La pauvre créature meurt de soif en plein désert.
Encolpe rencontre un colosse déguisé en Minotaure qui le défie en combat singulier. Une foule en liesse assiste à la confrontation... qui se révèle être un jeu organisé par le vieux poète Eumolpe. Vaincu, Encolpe est soumis à une autre épreuve : satisfaire le désir d'une femme gourmande. Impuissant avec Ariane, Encolpe ne retrouve son pouvoir sexuel qu'auprès d'une magicienne noire.
Tandis que Ascylte est assassiné et que les héritiers d'Eumolpe, mort très riche, sont contraint de dévorer son cadavre, Encolpe part pour l'Afrique. Bien plus tard sans doute, les fresques d’une maison en ruine rappelleront ses aventures.

satyriconP0.jpg

L’avis de Thomas Querqy :
Quand ai-je vu pour la première fois ce chef d’œuvre de Fellini ? Seule la date portée sur mon exemplaire du Satiricon de Pétrone devrait pouvoir me le rappeler puisque je l’ai probablement acheté après avoir vu le film. Est-ce parce que je me rapproche de l’âge de son auteur que je crois l’avoir encore davantage apprécié ?
Naturellement, j’ai de nouveau été séduit par la beauté des interprètes d’Encolpe et d’Eschylte qui se disputent au début du film l’esclave et éphèbe Giton dans un monde où les amours homosexuels semblent relever de la normalité (Gabriel a même vu dans leur relation celle d’un couple d’amants et il a par ailleurs capté le début d’un récit faisant référence à nos jumeaux Castor et Pollux).
Mais ce qui m’a davantage touché cette fois-ci, c’est la parabole sur la vie humaine qui pourrait se résumer par la formule suivante : de ta jeunesse profite avant de devenir comme tous ces vieux libidineux et laids qui n’ont d’yeux que pour ta jeunesse, l’argent, le pouvoir qu’il leur procure et leur tombe ; la vie est si courte !
La nature universelle et atemporelle des relations entre vieux qui détiennent argent et pouvoir et jeunes, jouets de leur concupiscence, habite largement l’histoire.
L’angoisse de vieillir s’exprime notamment dans la panne sexuelle subie par Encolpe et dans ses efforts pour retrouver sa puissance sexuelle, cet apanage de la jeunesse.
Dans cette tragédie humaine, le vieillard peut soulager ses angoisses et échapper au ridicule par la poésie mais encore faut-il être un véritable poète, ce qui n’est pas donné à tout le monde, pas vrai Trimalchion ?
Quoi qu’on fasse, la tragédie de l’homme est telle que mieux vaut en rire, ne serait-ce qu’au moins une fois par an à l’occasion d’une journée du rire, à l’instar d’un peuple croisé par les deux compagnons.

satyriconP1.jpg
Très belle séquence aussi que celle racontant l’histoire de la matrone d’Ephèse effondrée de douleur sur le macchabée de son époux et qui ne pense qu’à le rejoindre, jusqu’à ce qu’attiré par ses pleurs arrive un beau soldat de garde au pied d’un pilori non loin de là qui la raisonne : « À quoi te servira-t-il de te laisser mourir de faim, de t’ensevelir vivante, et, avant que les Destins ne t’y invitent, de rendre un souffle innocent ? Ne veux-tu pas revenir à la vie ? Ne veux-tu pas, renonçant à un entêtement féminin, profiter, aussi longtemps que tu le pourras, des bienfaits du jour ? Ce cadavre même, étendu en ce lieu, devrait te donner le conseil de vivre ! » De la transfigurer au terme d’une longue étreinte. Mais peu de temps après, c’est désormais lui qui va devoir mourir puisque la famille du supplicié a entre-temps volé le corps dont il avait la garde. Déjà folle à l’idée de devoir de perdre son nouvel amant, la veuve presse le soldat de l’aider à fixer son défunt époux à la place du supplicié : « Aux dieux ne plaisent que je voie en même temps les funérailles des deux êtres que je chéris le plus. J’aime mieux perdre le mort que de causer la mort du vivant. »
L’esthétique des décors comme les situations sont surréalistes : elles relèvent plutôt du domaine de la représentation du rêve en particulier dans ce que ce dernier comporte de représentations symboliques et dans cette succession de bribes d’aventures dont l’enchaînement est non linéaire. D’ailleurs, si on excepte le début du film (la querelle des deux compagnons autour de Giton puis les séquences autour du riche Trimalchion), ce film est non racontable en tant qu’histoire, ou alors quelque chose m’a échappé. Il se peut que le fil conducteur se trouve dans le personnage du poète qui est tué par Trimalchion et qui réapparaît dans le film (à revoir donc ou trouver un commentaire). 
Il est vrai qu’il s’agit d’une adaptation d’une œuvre elle-même en lambeaux et lacunaires dans son contenu. On est loin du  « récit réaliste de la Rome décadente de Néron et des affranchis » de Pétrone (le Larousse) ; Fellini y a-t-il trouvé un moyen de « traiter ses phantasmes homosexuels » comme il est affirmé sur le site ciné du Luxembourg ? Ça me paraît douteux ; Fellini offre-t-il à ses contemporains en cette année 1969 un « miroir inquiétant » ? (La petite encyclopédie du cinéma) Sans aucun doute, tout comme il démontre que le cinéma peut être œuvre d’art.
Sur le thème de la décadence et de son actualité, Trimalchion : « Croyez-moi, qui a un as, vaut un as ; possédez vous serez considéré. (…) »

satyriconP4.jpg
L’avis de J.L.L. de
Ciné-club de Caen :
Scène clé : Dans la demeure des patriciens décédés, Encolpe poursuit une jeune esclave tout en étant intrigué (deux contre-champs sur les visages des patriciens suicidés) par les fresques racontant la vie de ces patriciens. Un peu plus tard, Encolpe s’asperge dans la pièce d’eau et découvre, par une ouverture du toit, le ciel étoilé. Ce plan rappelle celui de la fin de La Strada, où prenant conscience du mal qu’il a fait à Gelsomina (Giulietta Masina), Zampano (Anthony Quinn) pleure enfin. Dans cette seconde partie de la séquence encore, l’accession à la spiritualité est effleurée. Mais Encolpe, fidèle à la philosophie épicurienne énoncée un peu plus tôt, préfère cueillir le bonheur présent. Ces fresques et la nature grandiose frappent Encolpe pour la première fois. Auparavant, il avait été indifférent à la fresque peinte durant le banquet de Trimalcion. Mais, dans cette scène clé, il ne sait pas quoi faire de cette révélation. Ce n’est qu’en Afrique qu’il prendra le temps de faire peindre sa vie et d’échapper ainsi, provisoirement peut-être, au néant.

satyriconP2.gif

Message essentiel : La création d’œuvres d’art est un moyen, provisoire peut-être, d’échapper à la mort. Les fresques sont en effet fragiles (ce motif sera reprit dans Fellini-Roma). Comme d’habitude, Fellini condamne les crimes de ses deux vittelloni que sont Encolpe et Ascylte mais compatit à leur souffrance. Pour la première fois cependant, dans ce monde d’avant l’imprégnation christique, la grâce ne peut venir d’un ange mais de la création artistique.
Fellini a expliqué que, gravement malade, il avait retrouvé l'inspiration grâce à ce récit de Pétrone, lu pendant sa jeunesse. Satyricon est le premier roman picaresque européen. Écrit sous Néron, vers le milieu du premier siècle, seulement deux fragments des livres XV et XVI nous sont parvenus; le festin chez Trimalcion occupe plus de la moitiés des vers. Fellini indique que l’aspect lacunaire de l'œuvre l’avait fasciné car elle permettait d’imaginer les épisodes manquants. C’est ce délire d’imagination qui fait la force du film. Plus que jamais, l’intrigue et le suspens ; l’aspect linéaire, contrapuntique, sont traités avec désinvolture pour se concentrer sur l’aspect vertical, harmonique de la mise en scène. Mais le cinéma n’a pas la possibilité de la musique de superposer les images. Fellini profite donc des trous du récit pour surcharger les séquences de plans qui expriment sa vision de l’époque ; Le vaisseau de Lycas, la baleine (premier rappel de La dolce vita) que l’on y pêche, l’hermaphrodite dans sa baignoire, l’immense balançoire du jardin des délices sont autant de symboles, totalement inventés, de la dégénérescence de la Rome antique.
Fellini a indiqué aussi qu’au fur et à mesure que l’œuvre se construisait, il sentait des correspondances avec la société contemporaine. Il ne faudrait toutefois pas voir dans le Satirycon qu'une allégorie moralisatrice sur l'effondrement de la culture et des mœurs de l’Europe. Le Satyricon serait alors l'équivalent du tableau pompier (ou éclectique ) de Thomas Couture; « Les romains de la décadence » (1847), exposé au musée d'Orsay, qui commente ces vers de Juvénal : « Plus cruel que la guerre, le vice s'est abattu sur Rome et venge l'univers vaincu. » C'est probablement ce qu'exprime Télérama dans l'avis suivant : « Dans cet univers livré à la dépravation, l'amour et l'art ne sont plus que des apparences. Seuls la mort et le suicide apparaissent dans toute leur inéluctable rigueur. »

styriconP3.jpg
Certes le suicide des patriciens possède une réelle beauté et est imaginé par Fellini pour faire écho à la mort élégante de Pétrone, l’auteur du Satyricon, telle qu’elle est racontée par Tacite dans Les Annales. Mais Fellini est loin de faire l’apologie du suicide. Ce n’est pour lui une attitude rigide, adoptée par ceux qui sont restés trop attachés aux valeurs du passé (froide détermination de l’intellectuel, interprété par Alain Cuny qui, dans La dolce vita, tue ses deux enfants avant de se suicider). Cette mort est donc loin d’être la solution proposée par Fellini. Juste après ce suicide, il donne une autre piste : l’art permet d’échapper à la mort.
Fellini est probablement persuadé que l'époque contemporaine a balayé les anciennes pratiques mais peut-être pas les anciennes valeurs... ou non-valeurs. Hier comme aujourd'hui, ses héros sont aveugles à la grâce. La correspondance avec la société contemporaine le frappe probablement plus prosaïquement dans son métier de cinéaste.
Fellini trouve dans les valeurs esthétiques de la Rome de la décadence (la surcharge, le foisonnement) des solutions nouvelles qu'il applique avec générosité à toutes les formes d'art. Satyricon multiplie en effet les références aux autres arts : récit (Le corps du mari prenant la place du pendu pour sauver l’amant) ; peinture (les multiples fresques), théâtre (les scènes cruelles du théâtre de Vernaccio) et jeux du cirque (le faux Minotaure).
Loin d'être une
œuvre malade, le Satyricon est bien plutôt une œuvre de renaissance, première d'une série de films où le cinéaste se veut totalement novateur (Fellini-Roma, Amarcord, Le Casanova de Fellini). Elle lui assurera une réputation au moins égale à celle de cinéaste néoréaliste. Le Satyricon a immédiatement séduit un large public.
Pour plus d’informations :

Par Thomas Querqy & J.L.L. - Publié dans : FILMS : Les Toiles Roses
Ecrire un commentaire - Voir les 3 commentaires

Jeudi 2 août 4 02 /08 /Août 09:40
gaypride2006-009.jpg
Par Daniel C. Hall - Publié dans : VISUELS : Les affiches et pubs roses
Ecrire un commentaire - Voir les 0 commentaires

Jeudi 2 août 4 02 /08 /Août 09:32

« Le drame mathématique de la vie gay (jamais convenablement exploité par les auteurs de comédie), c'est que deux rivaux peuvent non seulement se disputer un troisième homme mais qu'ils peuvent aussi coucher ensemble. » Edmund White, Mes vies, éditions Plon

Par Bernard Alapetite - Publié dans : MOTS : Citations philes et phobes
Ecrire un commentaire - Voir les 0 commentaires

Jeudi 2 août 4 02 /08 /Août 00:07
  

Fiche technique :
Avec Lee Kang-Sheng, Chien Shiang-Chyi, Norman Atun et Pearly Chua. Réalisation : Tsai Ming-Liang. Scénario : Tsai Ming-Liang. Images : Liao Pen-Jung. Lumières : Lee Long-Yu. Son : Tu Duu-Chih & Tang Shiang-Chu. Directeur artistique : Yip Kam-Tim. Montage : Chen Sheng-Chang. Décors : Lee Tian-Jue & Gan Siog-King.
Durée : 118 mn. Actuellement en salles en VO et VOST.


Résumé :
Malaisie, de nos jours, un chinois sans abri, Hsiao Kang (Lee Kang-Sheng) est tabassé et laissé pour mort par une bande de truands locaux. Des travailleurs bangladais le trouvent et le transportent, dans l’immeuble, laissé inachevé par la crise, où ils habitent. Ils ont également récupéré un matelas sur lequel ils déposent le blessé qui va être pris en charge par l'un d'eux, Rawang (Norman Atun) qui prend soin de lui en un mélange de dévotion et de désir. Il le panse, le lave, le fait manger et petit à petit le remet sur pied. On verra que le matelas sera le trait d’union entre les personnes qui gravitent autour de Hsiao Kang. Dans l’immeuble, on voit vivre Chyi (Chien Shiang-Chyi), jeune chinoise employée par la patronne d’un coffee shop (Pearlly Chua) pour prendre soin de son fils (Lee Kang-Sheng) qui est plongé dans un état catatonique. Sa situation se rapproche de celle de Hsiao Kang. Les deux hommes partagent également une ressemblance physique. Après avoir récupéré ses forces, Hsiao Kang rencontre Chyi par hasard, et à mesure qu’ils deviennent plus intimes, la jalousie de Rawang s’éveille. Rétabli, Hsiao Kang est l’objet des désirs de Rawang mais aussi de Chyi et de sa patronne...


L’avis de Bernard Alapetite :
Comme à son habitude et comme dans tous ses opus, Tsai Ming-Liang, avec son huitième film de cinéma, nous donne des nouvelles de Lee Kang-Sheng qu'il considère comme son « matériau de départ à partir duquel il peut commencer à créer ». Grand admirateur de François Truffaut, Tsai Ming-Liang tient à suivre son exemple : « ...Si François Truffaut était encore en vie, il tournerait sans doute encore avec son acteur fétiche Jean-Pierre Léaud ! » a-t-il déclaré. Lee Kang-Sheng joue ici un double rôle : celui de Hsiao Kang et celui du fils dans le coma d’une patronne de bar. Je ne résiste pas à citer le malicieux et fort juste portrait qu’en fit, dans Le Monde du 6 juin 2007, Jacques Mandelbaum : « Acteur fétiche, Lee Kang-Sheng, jeune dandy énigmatique, médium impavide et solitaire, déambulant généralement en slip, et attirant à lui, comme le paratonnerre la foudre, toutes sortes de passions muettes, à prédominance sexuelle... » Le réalisateur s’explique sur la passivité (comme toujours) du personnage qu’il fait jouer à son égérie : « Je trouve que Hsiao Kang ressemble beaucoup à ce grand papillon qui vient se poser sur son épaule. Il représente une certaine idée qu’on a de la liberté, une idée qui n’a pas vraiment d’existence dans le monde réel. Sa passivité n’est qu’une apparence, puisqu’à son contact, chacun des autres personnages se trouve. En prenant soin de Hsiao Kang, Norman va se trouver une identité et un rôle dans la vie. Quant à Chyi c’est sa rencontre avec Hsiao et le désir qu’elle a pour lui qui lui fait prendre conscience de l’asservissement dans lequel elle vit. On a tous envie d’avoir quelqu’un à côté de soi quand on se couche... »
Habituellement le cinéaste transpose ses personnages d’un film à l’autre, mais ici les personnages joués par ses acteurs préférés Lee Kang-Sheng et Chen Shiang-Chyi, de tous les films de Tsai Ming-Liang depuis La Rivière, ne sont pas ceux que l’on a déjà vus. Cette fois, ils sont tout en bas de l’échelle sociale.
Pour sa nouvelle réalisation le cinéaste, alors qu’il vit à Taiwan, est revenu dans son pays natal, : la Malaisie. Il faut préciser qu’il est de parents chinois émigrés dans ce pays, comme l’est son héros. Il explique pourquoi : « Je suis né en Malaisie et y ai vécu pendant 20 ans avant de partir à Taiwan et d’y tourner mes films. Mais en 1998, lors de la sortie de The Hole à Taiwan, la critique a été particulièrement virulente avec moi, très blessante. On m’a accusé de me servir d’une partie des fonds publics pour présenter Taiwan sous un mauvais jour, avec une dimension trop sombre de la société. À ce moment-là, je me suis senti comme un réel étranger et j’ai eu envie de repartir en Malaisie pour continuer mon travail. Mais je n’ai pas réussi à réunir les fonds suffisants pour tourner là-bas et j’ai abandonné mon projet, du moins jusqu’en 2005 où, dans le cadre du 250e anniversaire de Mozart, on m’a proposé de réaliser un film. C’est comme ça que I Don’t Want to Sleep Alone est né. »
On y retrouve pourtant la plupart des invariants de son cinéma : plans fixes hypnotiques où parfois rien ne se passe, mutisme des personnages (d’autant plus que le héros du film ne semble pas comprendre la langue du pays où il se trouve), recoins glauques (tout de même moins que dans Goodbye Dragon Inn), attentes, longueur des plans, exposition des corps, présence de la maladie... Il y a toujours de l’eau, ici une mare stagnante au centre de l’immeuble inachevé. On pisse toujours beaucoup chez Tsai Ming-Liang. Cet acte, ô combien utilitaire, nous vaut une des scènes les plus sensuelles, lorsque Rawan baisse le pantalon de Hsiao Kang pour l’aider à uriner, lui tient les hanches ; derrière le torse nu de Rawan, la caméra s’attarde sur les fesses crispées de Lee Kang-Sheng qui brillent dans un rai de lumière. Mais ce dépaysement apporte aussi son lot de nouveautés, dans son cinéma pour la première fois les êtres humains ne sont pas scrutés par un cinéaste entomologiste. L’empathie de Tsai Ming-Liang ici avec ses personnages tient que comme eux il a vécu et travaillé à l’étranger pendant plusieurs années. On sent que la tendresse qui s’exprime entre les personnages a contaminé le réalisateur. On retiendra la belle scène, traitée en plans longs à hauteur d’homme, où Rawang soigne Hsiao Kang avec tendresse, dévotion et amour. Cette relation n’est pas sans rappeler celle qu’entretenait l’infirmier dans Parle avec elle d’Almodovar avec sa patiente. Scène qui contraste avec les plans courts, pris par une caméra surplombant le corps, des soins déshumanisés à l’hôpital. Quelques séquences sont inoubliables comme celle où Tsai Ming-Liang montre une femme qui masse, savonne, talque et masturbe son fils inerte et paralysé. À mettre en parallèle avec celle de La Rivière où un père caresse son fils, joué par le même Lee Kang-Sheng, dans un sauna de rencontres homosexuelles. À l’omniprésence des fluides s’ajoute cette fois celle de la fumée provenant des continuels incendies de forêts (volontaires en Indonésie) qui enserrent Kuala Lumpur. Cette situation donne une scène fort drôle où l’on comprend alors qu’il ne sera pas facile de faire l’amour dans un monde pollué...


Une des très bonnes idées est d’avoir pris comme décor principal un immeuble inachevé qui, outre son intérêt graphique, nous parle de l’histoire récente de l’Asie. En 1997, une grave crise économique a frappé le continent. La conséquence fut l’interruption de la construction, qui était commencée, de grands immeubles de bureaux. Depuis, ils ont été laissés en l’état et offrent ce curieux spectacle de ruines modernes que le réalisateur exploite à merveille. Avant cette crise, le gouvernement malais a fait venir des milliers de travailleurs étrangers pour ces projets immobiliers, comme les tours jumelles Petronas qui furent un temps les plus hautes du monde. Du jour au lendemain, les travaux ont été stoppés et les travailleurs immigrés se sont retrouvés sans emploi et en situation illégale : c’est apparemment le cas des héros du film.
Si les acteurs, comme à l’accoutumée chez Tsai Ming-Liang, ont bien peu de dialogues à dire, le film n’est pas pour autant silencieux, étant envahi par la musique. On passe de La Flûte enchantée de Mozart à la musique populaire chinoise. De nombreux morceaux de musique retranscrivent les réactions des personnages. Il faut dire que le film est produit par le festival de Vienne 2006 en hommage à Mozart. Le film conserve de La Flûte enchantée l’argument initial : Tamino, mordu par un serpent, est recueilli par des fées qui chantent sa beauté durant son sommeil. Les sons triviaux sont également très présents, héritage direct de Godard.

Hei Yan Quan, le titre original chinois, est beaucoup plus politique que le titre international (I Don’t Want to Sleep Alone, « Je ne veux pas dormir seul »). Il signifie soit « les yeux cernés de noir », soit « les yeux au beurre noir ». C’est cette dernière proposition qu’il faut retenir. Le titre fait allusion à l’état dans lequel Rawang récupère Hsiao Kang, mais surtout à un scandale politique malais. En 1999, le vice Premier ministre et ministre des finances Anwar Ibrahim, qui faisait de l’ombre à l’inamovible Premier ministre Mahathir Mohamad, a été victime d’une cabale montée par ce dernier et s’est ainsi vu accuser de corruption et d’actes de sodomie, pratique fermement prohibée par l’Islam. Il a été finalement condamné à 6 ans de prison. Pendant son procès, Anwar Ibrahim est apparu les yeux pochés, résultat des brutalités policières. Une des pièces à conviction était un matelas souillé, que l’on retrouve dans le film The Hole flottant dans une cuve noire remplie d’eau.
Le réalisateur voulait donner le rôle de Rawang à un acteur indien ou bangladais, mais n’en ayant pas trouvé il a dû se rabattre sur un acteur malais. Néanmoins, l’homosexualité étant interdite dans ce pays musulman, il n’a pas pu tourner les scènes de sexe qu’il avait écrites entre Rawang et Hsiao Kang.

L’homosexualité, sous des formes multiples, irrigue – parfois discrètement – la plupart des films de Tsai Ming-Liang. Elle n’est jamais le point nodal de ses films, comme l’explicitait le cinéaste en 1997, lors de la sortie de La Rivière : « Il y a dans le monde actuel toutes sortes de gens qui vivent des sexualités différentes et je trouve cela parfaitement sain. S’il est vrai que je me sens proche du monde homosexuel, j’ai beaucoup de mal à accepter que l’on classe mes films dans une prétendue catégorie “films homos”. En réalité, on ne sait jamais si Hsiao Kang est homosexuel, on ne peut pas honnêtement considérer que mes films traitent directement de ce sujet. Je cherche au contraire à montrer toutes les formes d’expression sentimentale de la façon la plus naturelle possible, en essayant de briser les différences qu’il y a entre les gens. Je ne fais pas des films sur les homosexuels et je n’irais même pas voir un film présenté comme traitant spécifiquement de ce sujet. »
Il est vrai que l’hétérosexualité n’est pas non plus négligée chez Tsai Ming-Liang, voir le pornographique et fruité La Saveur de la pastèque. Le lesbianisme affleure aussi dans I Don’t Want to Sleep Alone. Mais chez le cinéaste, la sexualité n’est pas qu’un sexe bandé ou humide, elle n’est souvent que cérébrale comme le désir informulé de l’ado des Rebelles du Dieu Néon pour le voyou dont la liberté le fascine, très comparable à l’attirance impossible de l’immigré pakistanais de I Don’t Want to Sleep Alone pour le jeune homme victime d’une agression qu’il dorlote. Si dans ces films l’homosexualité est douloureuse à vivre, elle ne l’est pas plus que les autres formes de sexualité. Mais elle est bien toujours là. Dans Vive l’amour !, un jeune homme se dissimule sous un lit sur lequel le garçon dont il est amoureux fait l’amour avec une fille, et se branle au son des gémissements du couple. Dans La Rivière, qui concluait la trilogie commencée par Les Rebelles du Dieu Néon et poursuivie par Vive l’amour !, c’est un fils et un père qui se retrouvent dans la moiteur d’un sauna homo et qui font l’amour sans se reconnaître. Dans Goodbye, Dragon Inn, sorte de Chatte à deux têtes Asiatique, c’est la drague homo avec ses inlassables chassés-croisés dans les coulisses d’un vieux cinéma décrépi qui s’apprête à fermer ses portes...
Pour terminer, je vais en revenir au scénario. Che(è)r(e) lecteur(trice), ne croyez pas que l’histoire que j’ai assez laborieusement établie dans le résumé ci-dessus vous apparaîtra claire comme de l’eau de roche à la vision du film. Pour parvenir à ce piètre résultat, j’ai dû lire attentivement le dossier de presse, regarder avec beaucoup de concentration le film, avoir une longue pratique de l’œuvre de Tsai Ming-Liang, posséder quelques lumières sur la géopolitique asiatique et enfin partager quelques fantasmes de l’auteur... Encore qu’avec ces mêmes atouts, vous seriez probablement arrivé(e) à un résumé différent. Mais le vrai plaisir devant I Don’t Want ne réside pas dans l’« histoire », pourtant très riche et profonde et ceci sans aucune pesanteur. C’est dans l’abandon devant les somptueuses images en plans larges, aux cadres savants et raffinés avec leur profondeur de champ vertigineuse qui exsudent la sensualité, que vous atteindrez le nirvana cinématographique.

L’avis de Chori :
(en guise de prologue) Où il apparaît que la vision d'un film est par définition subjective : alors que je sortais de la salle, après un générique parfaitement silencieux, tout embrumé encore de la vision du dernier plan, sublime, voilà que m'aborde une connaissance, qui me lance, en souriant, « Y en a marre de ces réalisateurs qui ne savent pas comment terminer leur film... » Je le regarde, étonné, pensant qu'il plaisantait, mais non. Je lui ai juste dit « S'il te plaît, ne me gâche pas mon plaisir » et l'ai salué en tournant vite les talons, de peur qu'il n'en remette une couche...
Les films de Tsai Ming Liang sont lancinants, comme on le dirait d'une douleur, et celui-ci ne faillit pas à la règle. Bien au contraire. Oh, on est dès le départ en terrain connu, avec ces longs plans fixes (et l'art du cadre qu'ils reflètent), plans fixes que certains esprits chagrins pourraient qualifier d'interminables mais dont je dirai juste qu'ils sont pleins, Lee Kang Sheng, le complice acteur de tous les films précédents, est là aussi (et pas qu'un peu) ; on l'a connu mieux coiffé mais on comprendra pourquoi au générique de fin (je ne le suis pas très, fin, moi d'ailleurs !), les dialogues doivent tenir sur un demi confetti (les trois protagonistes principaux ne s'adresseront d'ailleurs pas un mot de tout le film, où tous les dialogues prononcés sont d'ailleurs accessoires), et ce sont les chansons qui les remplacent (mais attention, on n'est pas chez Demy !), sans oublier l'eau, comme d'hab', (dans les films de Tsai Ming Liang, il est toujours question d'eau, sous une forme une autre : rivière, pluie, inondation, voire même sècheresse !), bref les amateurs (et j'en suis, j'irais même jusqu'à « inconditionnel ») de son univers ne seront pas dépaysés...
Kuala-Lumpur, Malaisie. (Je me suis renseigné, vu que ce n'est mentionné nulle part dans le film, il est juste question de langue malaise et de monnaie malaise. Malaise, malaise, oui...) De la même façon que dans le film (et au générique), les personnages ne sont jamais nommés : comment les critiques ont-il donc deviné comment ils s'appelaient ?) C'est donc là que prend place le récit des péripéties (!) qui vont réunir sur le matelas de l'affiche un SDF (au centre), un ouvrier bengladeshi (à droite) qui l'a recueilli et soigné, et une demoiselle qui s'occupe de l'entretien d'un homme dans le coma (à gauche, donc). Le matelas a une grande importance, il est en somme le quatrième personnage du film (et, à ce titre, pas plus bavard que les autres) et on le verra d'ailleurs passer et repasser tout au long du film, porté par les uns ou les autres, d'un lieu à l'autre, d'une histoire à l'autre, crade et pesant toujours, comme la réalité.
Tsai Ming Liang possède le sens du cadrage, mais il a aussi, incontestablement, celui du décor, le plus impressionnant ici étant sans conteste ce bâtiment abandonné où vivent les ouvriers, dès le début à demi submergé (et je ne vous raconte pas l'état à la fin!), prétexte à de bluffants reflets architecturaux dans une eau parfaitement immobile, lors de plans d'ensemble qui viennent aérer un récit (plutôt moite et confiné d'ailleurs) en général proche de (et attentif à) ses personnages, mais toujours avec le plus grand raffinement dans la composition. Il nous parle de pauvres (on est vraiment chez les prolos, comme ceux de Still Life, de Jhia-Zang-Khe) mais dont il transfigure en quelque sorte le quotidien asphyxié et oppressant...
Et il y a l'amour... Sans un mot, sans une déclaration, juste des gestes, des regards, des actes... « Il n'y a pas d'amour, il n'y a que des preuves d'amour... » Yes, c'est ça, juste ça. Transporter un blessé, le soigner, le coucher, le nourrir, le laver, le regarder dormir, (j'ai pensé à cette nouvelle de Théodore Sturgeon Parcelle brillante où un attardé mental recueille une prostituée qui s'est fait agresser, la soigne avec dévotion, et quand, elle est guérie et veut s'en aller, la retape un peu sur la tête pour pouvoir la soigner et l'aimer à nouveau...) L'ouvrier et le SDF, donc. Mais c'est un amour qui reste virtuel (hmm je connais ça, j'ai l'habitude, je suis en terrain de connaissance !), dans l'intention, juste dans la douceur d'un regard ému et bienveillant face au corps de l'autre (j'apprends sur allociné qu'il devait y avoir à l'origine une scène d'amour physique entre les deux mecs mais que l'acteur non professionnel qui interprète l'ouvrier n'a pu accomplir, étant musulman et arguant que l'homosexualité est un péché... Hmmm tout ça me navre un peu) Puis le SDF et la demoiselle. Qui eux feront l'amour. (Masque respiratoire inclus). Puis re-les deux garçons (la scène de la boîte de conserve, où une pulsion de meurtre (jalousie ?) se termine en caresse silencieuse, m'a laissé, vous vous en doutez, les yeux rouges et le coeur chaviré, midinons, midinons...), et finalement tous les trois, endormis en silence, en image fixe. Trois corps sur un matelas.
Car il y a les corps. Tout au long du film. Les corps de mecs, d'ailleurs, (moins réalistement prolétaires que ceux de Still Life, oui j'y reviens encore) surtout, torses nus la plupart (il fait si moite, je l'ai déjà dit). Je ne voudrais pas avoir l'air de prêcher pour ma paroisse, mais c'est un fait que le réalisateur les filme sacrément bien, amoureusement je dirais, (avec cette prédilection qu'on lui a déjà connue pour les mecs en slip blanc d'ailleurs). Le corps désirant et le corps désiré, mais comme chantait Gainsbourg l'amour physique est sans issue... Le corps est ce qui reste, ce qui subsiste, même quand la conscience l'a abandonné (et que la demoiselle s'occupe de la toilette d'un jeune homme dans le coma répond, comme en écho, aux soins que prodigue l'ouvrier au corps inconscient et meurtri du SDF). Le corps qu'on lave, qu'on soigne, qu'on caresse, et souvent qu'on désire, qu'on appréhende, en tout cas qu'on regarde, à défaut d'oser (mais hmmm je m'emballe je m'emballe et je m'éloigne du sujet) bref l'intime et l'infime (ne l'ai-je pas aussi déjà dit ? je suis bien vieux et je radote...)
Il y a, dans chaque film de ce réalisateur (c'est pénible d'écrire toujours Tsai Ming Liang, d'ailleurs je ne suis même pas sûr de savoir où est son prénom, il semble que le Tsai soit le nom de famille, non ? vaut-il mieux dire Tsaïchounet ou Ming-Liangchounet?) une scène qui met mal à l'aise, une scène difficilement supportable, ou, en tout cas justifiable (dans La pastèque c'était la scène de la fin, dans The River c'était la rencontre au sauna...) et elle a toujours à voir avec le sexe. Ici c'est celle dite « de la branlette », d'ailleurs, fausse pudeur, filmée indirectement, un reflet dans un miroir piqueté, scène dont la « violence » confine au grotesque (mais bon je suis une petite chose fragile...), et où le bruitage en rajoute encore dans le glauque... Mais peut-être finalement votre serviteur n'est-il qu'un moraliste rigoriste et luthérien qui s'ignore ? Chassez le naturel...
Bref (!) le film est long (d'ailleurs je l'avoue – smiley rosissant – j'ai un tout petit peu décroché à un moment, la mise en place de l'idylle du SDF et de la demoiselle, comme par hasard, Tss tss !), il est exigeant (mais pas d'une exigence prétentieuse comme chez certains), il est sans compromis, il n'est certes pas très facile d'accès, mais recèle en son obscurité humide, en sa désespérance nocturne, en son mutisme délibéré, des instants fulgurants de beauté, sublime, suffocante.

Pour plus d’informations :

Par Bernard Alapetite & Chori - Publié dans : FILMS : Les Toiles Roses
Voir les 2 commentaires

Mercredi 1 août 3 01 /08 /Août 08:53
Par Daniel C. Hall - Publié dans : VIDEOS : La TV en folie
Ecrire un commentaire - Voir les 0 commentaires

Mardi 31 juillet 2 31 /07 /Juil 11:04

Sur cette photo, je décide de jouer un peu au ballon car j'ai repris six fois de la choucroute à midi.



Vendredi 20 juillet 2007 :

Rien de plus sensuel hier soir pour Zanzi que des plantes en pot sur un balcon et des piqûres de moustiques. Sa légende de grand séducteur en prend un coup (c’est toujours ça !).

Impossible d’accéder à l’administration de mon blog de toute la journée ! Je fais une grosse colère en tapotant de mes deux petits peutons la moquette de mon bureau. Je suis tellement énervé que, comme dirait le poète Devedjian, j’en chierais une pendule à treize coups… salope ! Heureusement que le blog est toujours programmé au (ou pour jouer du) kazoo. Je quitte mon bureau très déprimé à la pensée de mes millions de fans qui doivent trépigner, s’inquiéter, pleurer, se flageller, hurler leur désespoir (Williams)… J’imagine Bernard balançant son déambulateur contre les murs sous le coup de la frustration et Zanzi bouffant ses talonnettes (qui le grandissent de dix centimètres, pour arriver au mètre 32 pile poil !) en bavant comme Cujo. Je sais, vous toutes et tous qui m’adulez, que le week-end sera long comme un jour sans Sarkozy. Mais sachez que moi aussi, je suis effondré de ne pas pouvoir me lire. Je ne vous comprends que trop, mes fidèles disciples.

Mon patron est en vacances (moi, ce sera dans une semaine). Il le mérite bien mon boss, si, si, je vous jure. Bonnes vacances, François. Tu es le meilleur patron du monde ! Comment ça, j’en fais des tonnes pour avoir une augmentation ? Méééé eeeeuuuuh Pat’won… [Merci de ne pas mettre de commentaires désobligeants sur les patrons. Le mien me lit et c’est même un ami patron de gauche ! Oui, lui aussi est une minuscule minorité invisible ! J] Bon, je m’égare de l’Est ! Pierre Douglas, sors de mon corps !

J’ai fait les soldes de Cdiscount et voilà que m’arrive : les 4 Alien avec mon amoureuse et mon fantasme d’adolescent : Sigourney Weaver ; Beur, blanc, rouge avec Yasmine Belmadi ; Travail d’arabe de Christian Philibert ; Hush ! de Ryosuke Hashiguchi ; La Sucette magique de Zanzi et Tatin au pays des endives par Bernard Alapetite (catégorie triple X soldée à 0,15 €) ; Prends-moi par les 18 trous avec le ravissant Tiger Wood et le DVD interactif de Qui veut gagner des millions ? (Zut une boulette, que dis-je une erreur, de môôôsssieu Cdiscount ! Non ? Ah bon ! Autant pour moi...)

Ce soir, ce sera Koh-Lanta ou rien ! Et pis, c’est tout !

Samedi 21 juillet 2007 :

Aaaaah… un week-end de repos, enfin ! Si je voulais, je pourrais faire plein de sport, de longues promenades champêtres et bucoliques, sortir me gorger de culture et de rencontres vivifiantes… Si je voulais… Donc, je décide que ce sera week-end DVD style grosse feignasse avachie sur le canapé (c’est moi !). Et pis, c’est tout !

Pour débuter, j’enchaîne Alien de Ridley Scott et Aliens de James Cameron. Le premier est un splendide film claustrophobique d’horreur spatiale et le second un Rambo III dans l’espace. Cameron se la joue « je me reprends trois fois de la choucroute » mais force est de constater que les deux films sont toujours aussi inquiétants et forts au bout de tant d’années. Ségolène… euh, Sigourney est royale, elle s’approprie le personnage de Ripley de manière magistrale. L’univers de H.R. Giger, un artiste que j’adore, fait aussi beaucoup pour l’atmosphère mortifère et érotique de cette saga (Oh my God, j’utilise des mots de plus de deux syllabes ! Je suis en train de me bernardalapetitiser !). Et Sigourney, en petite culotte, m’a toujours fait fantasmer. Si, si, je vous jure ! Bref, il faut voir et revoir ces films. En revoyant les scènes coupées du premier, je me dis que Cameron et les scénaristes du deuxième opus n’ont pas été chercher bien loin. Tout était là, dans le premier…

Beur, blanc, rouge de Mahmoud Zemmouri, sous des couverts de comédie grinçante, est une exploration de la fracture entre certains jeunes perdus entre deux cultures. C’est une vraie réussite, drôle, décapante, intelligente (même si la fin est poussive et quelque peu plate). On y retrouve un acteur que j’apprécie beaucoup : Yasmine Belmadi. J’ai découvert Belmadi avec Les Corps ouverts de Sébastien Liefshitz, Wild Side du même réalisateur, Grande école de Robert Salis et dans un téléfilm remarquable (que m’a filé Bernard) Les Terres froides de… Liefshitz toujours. Comme Salim Kechiouche, Yasmine Belmadi a pris le risque d’avoir une véritable filmographie gay et de jouer des rôles qui marquent (comme Zinedine Zidane !

Zanzi dramacouine à Paname, achète des bédés pornos dans une librairie du Marais et me sort un jeu de mots hilarant de la Baltique : « Elles sont six les gourney ? » Moi je dis qu’il faut le piquer avant qu’il morde le Pierre Doris en miniature ! Et pis, c’est tout !

Tiens, une blague sur Zanzi : « Zanzi et TiFrère sont assis à la terrasse d'un café. Ils voient passer un super canon, mais ce canon, c'est une fille malheureusement.
Alors Zanzi s’adresse à Tifrère : — Ah je te jure! Y a des jours comme ça où on regrette... de ne pas être lesbienne. »

Dimanche 22 juillet 2007 :

Je m’attaque de bon matin à… Battlestar Galactica, la série originale de Glenn Larson. Et ce pour plusieurs raisons. Un : je fais ce que je veux ! Non mais… Deux : je suis totalement accroc à la nouvelle mouture très « Guerre mondiale contre le terrorisme à la W. Bush » dont j’attends avec impatience la sortie de la 3e saison. Trois : ça me rappelle le petit cinéma minable de mon enfance où le dimanche voyait les doubles épisodes réunis en un faux long métrage de Galactica, Hulk, Cosmos 1999 péter sur grand écran. Ah ce cinéma… crade, vieillot, puant (je ne le savais pas encore à l’époque, mais c’était très atmosphère vieux ciné porno)… mais c’était magique pour le môme que j’étais. Bref, ça a bien vieilli cette série, mais c’est toujours aussi bon pour le fan que je suis…

Après-midi en famille…

Je m’attaque au roman de Gus van Sant, Pink. Et j’ai du mal à accrocher. La traduction me semble plus que limite et j’ai vraiment des difficultés à accrocher aux premiers chapitres…

Lundi 23 juillet 2007 :

Cécilia Sarkozy est à Tripoli avec Claude Guéant. Mais qu’ils y restent, bon sang ! En plus, Khadafi relooké en Prada, ça va swinguer comme un wagon de choucroute (expression typiquement alsacienne).

Pour le reste de la journée, c’est boulot et déménagement du salon de mon pote le Jackson Five shooté. Résultat : je sue quinze litres et me nique le dos. C’est plus de mon âge ce genre de conneries !

Mardi 24 juillet 2007 :

Zanzi m’appelle, suite à la parution tardive pour raisons techniques de ma 2e chronique, et m’enguirlande comme du poisson pourri. Il me menace d’engager Maître Collard (des Guignols de l’info) et Maître Noachovitch (de Sans aucun doute de Julien Courbet et candidate UMP malheureuse aux législatives 2007) pour m’attaquer pour « publicationnage pirate de zoli poème intime à plusieurs millions de dollars (sic orange) ». Pour l’instant, je ne panique pas. Mais s’il met Maître Vergès sur le coup, alors là je suis mal. Zanzi me raccroche au nez en charlènisant : « ENCULÉÉÉÉÉÉÉ ! (sic citron) » Voilà ce que c’est de raconter que la vérité sur son blog ! C’est vraiment trop injuste !

Bernard Alapetite me snobe… Lui aussi est vexé de voir que je suis honnête et que je ne vous donne, chères lectrices et lecteurs, que la vérité et toute la vérité. Il menace d’écrire ses prochaines critiques en langage SMS ! Ah bon, c’est pas ce qu’il fait déjà ?

Je laisse Pink de van Sant en stand-by. Ce ne doit pas être ma tasse de whisky…

Mercredi 25 juillet 2007 :

Le boulot est prenant et je dois boucler pas mal de choses avant mon départ en vacances. Aussi je n’ai pas le temps (ni l’envie) de faire grand-chose les soirs en rentrant. Cette chronique est d’un passionnant !

Au dodo et j’en profite pour terminer la lecture du dernier PREF et d’un formidable dossier sur « L’influence du slip » (je vous jure que c’est vrai !). Mais je m’en fous, moi je n’aime que les caleçons Charles Ingalls de mon chéri ! Et pis, c’est tout !

Jeudi 26 juillet 2007 :

Mon petit frère arrive demain d’Allemagne ! Ça fait deux ans et demi que je ne l’ai pas vu… Autant vous dire que ça va être la fiesta : Champomy, pépito, apéricubes nature et Dragonball Z crypté pendant la nuit... Oui, nous sommes des psychopathes carbonararisés dans la famille ! En plus, je suis officiellement en vacances demain soir pour un mois ! Youpi, c’est la fête !

En relisant cette troisième chronique, je m’aperçois que vous avez bien du courage de me lire. En effet, j’ai une vie tellement plus palpitante et passionnante que la vôtre… N’est-ce pas ?

Demain, je prédis une panne d’over-blog et une administration en rade. On parie ?

Et je reviens la semaine prochaine avec un papier encore plus chiant. Et pis, c’est tout !

Daniel C. Hall

Par Daniel C. Hall - Publié dans : LES NEWS ROSES
Ecrire un commentaire - Voir les 0 commentaires

Mardi 31 juillet 2 31 /07 /Juil 09:47
Par Daniel C. Hall - Publié dans : VIDEOS : La TV en folie
Voir les 0 commentaires

Lundi 30 juillet 1 30 /07 /Juil 10:06

«  Si l'acteur ne bouscule pas la réalité pour aller plus loin dans les émotions ou dans le rire, ce n'est plus un artiste. » Michel Serrault


Dans le rôle de Zaza Napoli, La Cage aux folles

Par Daniel C. Hall - Publié dans : LES NEWS ROSES
Ecrire un commentaire - Voir les 0 commentaires

Lundi 30 juillet 1 30 /07 /Juil 09:40

Opinion de Valérie Pécresse sur le mariage des homosexuel(le)s et sur l'adoption d'enfants par des couples de même sexe. Extrait de l'émission "au Club du Net" de Karl Zéro (décembre 2006).
Pour visionner toute l'émission : http://leweb2zero.tv/video/karl_7745784b91c5775
Par Daniel C. Hall - Publié dans : URGENT : Gays, militants et résistants !
Voir les 0 commentaires

Lundi 30 juillet 1 30 /07 /Juil 07:44

Fiche technique :
Avec Alison Lohman, Kevin Bacon, Colin Firth, Sonja Bennett, Rachel Blanchard, Kathryn Winslow, Kristin Adams, Rebecca Davis, David Hayman, Shannon Lawson, Anna Silk et Maury Chaykin. Réalisation : Atom Egoyan. Scénario : Atom Egoyan, d’après le livre de Rupert Holmes. Image : Paul Sarossy. Montage : Susan Shipton. Décors : Carolyn Cal Loucks. Costumes : Beth Pasternak. Musique : Mychael Danna.
Durée : 107 mn. Disponible en VO, VOST et VF.


Résumé :
En 1959, aux USA, Lanny Morris (Kevin Bacon) et Vince Collins (Colin Firth) sont les deux artistes de music-hall les plus célèbres et populaires du pays avec leur duo, entre crooners et humoristes. S'ils sont si connus, c'est que chaque année, ils animent un marathon télévisuel durant trois jours, afin de récolter des fonds pour le Téléthon contre la Polio, ce qui les a installé durablement dans le cœur des américains. Leur « couple » est basé classiquement sur les contraires/complémentaires. Vince est l’Anglais, pince-sans-rire et bien élevé, là où Lanny, le yankee, joue la forte tête aux blagues clownesques et vaguement salaces.
Un fait divers sordide brise la carrière des deux showmen. La dernière année où ils présentent le Téléthon (en 1959), on découvre dans la suite du palace où ils logent, le corps sans vie de Maureen (Rachel Blanchard), une jeune et accorte femme de chambre de l’hôtel. Les deux comiques sont suspectés. Leur réputation est ternie, mais tous deux fournissent un alibi en béton qui les blanchit. L’enquête conclut au suicide mais le mystère reste entier. Peu de temps après cet événement, le duo se sépare. Ils entament chacun de leur côté une carrière en solo.
Des années plus tard, au début des années 70, Lanny et Vince ne sont plus des têtes d’affiche. Lanny est producteur d'un label musical et Vince est acteur, mais ses films connaissent de moins en moins de succès. Leur temps est passé, tout simplement.
Karen O’Connor (Alison Lohman aperçue dans Big Fish) est une jeune journaliste du plus pur style gonzo. Ambitieuse elle cherche le coup journalistique qui l’imposera au premier plan, lorsqu’un éditeur lui propose d'écrire une biographie de Vince et Lanny, deux vedettes auxquelles elle voue depuis sa plus tendre enfance une admiration sans bornes. Intuitivement elle pressent que la clé des deux hommes est dans la trouble affaire de 1959. Elle décide de faire la lumière sur cet événement. Si Vince accepte assez facilement l'interview (il faut dire qu’il sera largement rémunéré par l'éditeur d’Alison), Lanny, lui, refuse, car il prétend écrire un livre sur le sujet. Il ne consent qu’à une chose : envoyer deux chapitres de son livre à Karen.
Cela se complique encore lorsque Karen prend l'avion pour aller rencontrer Vince. Son voisin de siège n'est autre que... Lanny lui-même ! (petite facilité scénaristique tout de même). Elle panique, et renonce à dévoiler sa vraie identité ! Elle lui cache aussi qu'elle est journaliste et qu'elle écrit un livre sur lui. Lanny, quant à lui, cherche à la séduire... L'enquête commence... Peu à peu, elle entre dans l'intimité sexuelle et affective de chacun des deux hommes. Mais plus Karen se penche sur ces personnages et leur histoire, plus elle éprouve de difficultés à accepter les révélations qu’elle découvre sur eux, mais aussi sur elle-même. Trahison, amour, désir, secrets enfouis et confiance bafouée ponctuent son enquête...

L’avis de Bernard Alapetite :
Egoyan fait partie de ces chouchous de l'art et essai des années 90, que le triangle des Bermudes de la critique parisienne (soit les Inrockuptibles, les Cahiers du cinéma et Libération, dixit l’excellent Michel Ciment) a encensé, et que cette même critique snobe depuis, une fois la mode passée. Il n’y a pourtant aucune faiblesse dans sa filmographie, bien au contraire. Le Voyage de Felicia était très beau, et son moyen métrage adapté de Beckett, Krapp's Last Tape avec John Hurt était une réussite. Mais malgré cela, il est de bon ton de dire qu’Egoyan, ce n'est plus tout à fait ça. La Vérité nue était en compétition à Cannes en 2005, et le canadien est forcément reparti les mains vides. Alors que bien des festivaliers voyaient Kevin Bacon et Colin Firth recevoir un double prix d’interprétation masculine, ce qui n’aurait été que justice. Remarquons qu’une fois encore, un film dans lequel est présente l’homosexualité n’est pas primé à Cannes, contre toute logique.
L'ouverture est magnifique et rythmée. Elle impose d'entrée de jeu une étrange narration. L’intrigue est commentée plus que racontée par les voix-off de Karen, réfléchissant à posteriori aux événements qui ont eu lieu pendant son enquête, et aussi par celle de Lanny dont on entend par plusieurs voix des chapitres de l’autobiographie qu'il est en train d'écrire. Voix multiples et subjectives, dont on comprend assez vite qu'elles vont tisser un riche réseau d’histoires qui vont se compléter, se recouper mais aussi se contredire. À chaque nouveau témoignage, la narration part sur de nouveaux rails, parallèles certes, mais réservant des différences de taille. Avec Vince, c'est encore un autre éclairage qui nous est livré. Tout cela est habilement tricoté. D’autre part, le film ne cesse de faire des allers-retours entre les années 50 et les années 70.
Le rythme est fluide, jamais monotone. On découvre que tous les protagonistes sont reliés de manière intime aux événements de 1959, Lanny et Vince, bien sûr, mais aussi Karen. Le spectateur est plongé dans l'histoire légendaire de cette étrange mort, mais aussi dans le ressenti et le subjectif les plus intimes des héros. Ce jeu de points de vue mouvants est encore perturbé par un autre facteur. Lorsqu’ils s’adressent à Karen, les deux acteurs lui présentent une version très choisie des événements. Le tour de force du scénario, adapté du roman de Rupert Holmes, Where The Truth Lies, c’est qu’il parvient à un récit crédible à partir de strates de mensonges et de demies vérités. Très vite, on subodore qu’il y a probablement des différences entre les événements décrits à la journaliste et ce qui s'est vraiment passé. Et que la vérité sera beaucoup plus glauque que ce que les deux protagonistes suggèrent. Sinon comment expliquer que la simple annonce que Karen prépare son livre fasse autant de remous, et que derrière son dos, tout le monde tire les ficelles pour la manipuler plus ou moins, et pour protéger un passé que personne ne souhaite vraiment voir resurgir. Voilà un film subtilement rashomonien où l’on cherche la vérité avec des témoignages subjectifs et tronqués, parasités en plus (ça fait beaucoup !) par la propre confusion de l'héroïne, très attachée à ces deux hommes, icônes de son enfance. Elle s'implique bien au-delà de ce que la rigueur professionnelle lui impose. Tout ça parce que, dans l'avion où elle rencontre Lanny, Karen ment sur son identité, détruisant ainsi la position de force que pouvait lui conférer son statut de journaliste, ce qui la plonge surtout dans une intimité forcée avec Lanny ! Après tout, personne n'a intérêt à dévoiler la chose, et surtout les sommes en jeu sont tellement énormes qu'on sent très bien que cette enquête n'est pas sans danger, ni pour l'intégrité physique de chacun, ni pour le cerveau... ni pour l'âme.
La mise en scène rajoute au trouble. Egoyan joue avec ses personnages et avec les spectateurs, en faisant constamment dévier sa narration. Ellipses, ruptures, flou sur les époques (on ne sait plus parfois au début d’une scène si on est en 59 ou en 72 !). Pourtant le chef opérateur Paul Sarossy, éternel collaborateur du cinéaste, par son splendide travail a su tantôt retrouver les couleurs acidulées du cinéma des années 50, tantôt les tonalités chaudes du cinéma de 1970.
Dans ce puzzle tout est biaisé, rien ne s’emboîte. Par moments, à ces sources de lumières contradictoires on croit apercevoir la vérité, et encore, bien fugace. Mais aussitôt elle se dérobe. Tout le monde a menti, et tout le monde est impliqué. On sent que c’est avec jubilation que le cinéaste filme ce monde dont Rupert Holmes lui a donné les clés. À propos de clé, il est difficile de ne pas faire le parallèle entre d’un coté Lanny Morris/Vince Collins et de l’autre Jerry Lewis/Dean Martin. Il faut s’en défendre car ce serait perturbant et même nuisible pour l’accès au film. Surtout que les vies privées des deux comiques réels n’ont rien à voir avec ceux de cette fiction. Pour prendre de la distance avec cette possible référence, Egoyan a fait de Vince un Anglais, ce qui n’est pas le cas dans le roman d’Holmes. Au passage, on en apprend beaucoup sur le monde du show bizz et sur celui de la télévision américaine des années 50/60 et sur l’implication de la mafia dans ce milieu.
Le film semble se diriger vers le film à énigmes. Mais cette tendance est dynamitée par le dispositif global. Egoyan finit par nous perdre, très vite on ne sait plus où vont s'arrêter les chausse-trappes et les faux-semblants.
En nous perdant, mais aussi en nous montrant des évidences, le cinéaste construit un film que l’on pourrait qualifier de cubiste, à la lisière du fantastique. Ça avance, ça recule, on s’égare et l'abîme devient de plus en plus profond. 
Encore une fois Egoyan filme des trajectoires brisées, les déchus, les chutes mais pour la première fois il ose filmer la sexualité sans ambages. On en sort bouleversé.
On pense à Mulholland Drive pour le climat et les procédés cinématographiques mais aussi à La Corde pour le cynisme de Lanny et Vince, comparable à celui des deux assassins du film d’Hitchcock et aussi pour la belle et subtile théâtralité des décors.
Les personnages sont doubles, c'est-à-dire pas forcément avec une face cachée et obscure, mais dans le sens où tous les personnages sont deux ! En tout cas, l'Innocence est définitivement sacrifiée, et la mort plane. Le film aplatit et retourne la temporalité, en confortant un sentiment que, bizarrement, on pourra trouver presque fraternel. Quel beau mystère. On ne peut guère en dire plus sans risquer de gâcher le plaisir à découvrir cette merveille.
La mise en scène, complètement subjective et lyrique utilise toute la grammaire du cinéma avec une évidente gourmandise. Elle est hollywoodienne même par endroits (le restaurant japonais et ses éclairs, le cri de la femme de ménage...) Grande idée que la répétition de la séquence de la petite fille du Téléthon. On la voit sur différents supports, sous différents angles, en champ et contrechamp, et avec une diminution graduelle de l'échelle des plans ! Voilà la définition parfaite, à travers cette scène disséminée, du relief au cinéma. L’utilisation du cinémascope rend hommage aux décors soignés. On ne peut qu’admirer la fluidité des mouvements d’appareils qui pourtant ne sacrifient jamais le cadre toujours d’un raffinement extrême. Comme ce plan de Venice Beach où l’on voit un cabriolet jaune paille se garer devant une maison à la façade coquille d’œuf avec en amorce l’aile bouton d’or d’une limousine. À ce camaïeu de jaunes répondent les bleus profonds de la mer et du ciel et passe en contre-jour un surfeur sa planche sous le bras. Et pourtant Egoyan n’a eu que cinq jours de tournage en Californie ! Le reste du film a été réalisé au Canada et dans les studios Sheperton de Londres où ont été reconstituées en studio les chambres d’hôtel, quant à la vue de New York elle doit tout à l’infographie d’après des photographies d’époque.
La signifiance des dialogues nous montre que nous ne sommes pas dans un film américain dans lequel ceux-ci ne sont presque toujours qu’utilitaires et n’ont que seule fonction que de faire progresser l’intrigue. Une phrase comme : « J’ai toujours été fasciné par la façon dont on passe de celle qu’on est à celle qu’on se laisse devenir » ancre le film beaucoup plus dans la cinématographie européenne.
La B.O. due à Mychael Danna, le complice habituel dans ce domaine du réalisateur participe à la narration. Elle est sous l’influence revendiquée de Bernard Hermann et d’Elmer Bernstein via Wagner. Egoyan, entre la réalisation d’Ararat et de La Vérité nue, a mis en scène à l’opéra La Walkyrie.
Quant aux acteurs, des premiers aux derniers rôles, ils sont d'une précision renversante (l’inoubliable silhouette de mafioso interprété par Maury Chaykin). Une des idées brillantes d’Egoyan a été de confier le rôle d’une toute jeune journaliste arriviste mais en quête de vérité, et indirectement témoin d’un fait divers, à la très jeune Alison Lohmann, plus adolescente qu’adulte ; sa détermination tranche face à deux comédiens blasés et à bout de souffle qu’elle retrouve dans les années 70. La réussite de La Vérité nue tient avant tout dans ce couple trouble, merveilleusement interprété par Colin Firth et surtout Kevin Bacon qui en assume la part féminine. Mais il y a une limite indépassable que ne peuvent franchir ces deux hommes pourtant complémentaires. Cette frontière, c'est peut-être la différence entre les années 50 et les années 70...
La filmographie gay de ces deux acteurs est fort intéressante. Colin Firth a commencé sa carrière à l’écran avec Another Country (1984), quant à Kevin Bacon un de ses premiers films est Forty Deuce (42e rue) de Paul Morrissey en 1982.
Le film est édité en DVD par TF1 vidéo, belle compression, habillage soigné, en particulier en ce qui concerne les pages de chapitrage. Malheureusement, aucun bonus pour un film pour lequel le commentaire du réalisateur qui parle parfaitement le français aurait été très apprécié.
L’avis de Shangols :
La vérité nue, c'est que Atom Egoyan file un mauvais coton. Après quelques très beaux films (Exotica, Calendar, The Adjuster), le voilà qui verse depuis quelques années dans l'académisme creux et dans le film de grand-père. On se demande bien ce qui a poussé ce cinéaste, dont la réputation de « sulfureux » n'était pas imméritée, à réaliser ce Where the Truth lies fade et lisse comme tout. Tout ce qu'il savait faire auparavant se transforme ici en esthétisme de série B, en médiocrité visuelle : les scènes de cul n'impressionneraient même pas Just Jaeckin, tant elles sont filmées tout en fausse sensualité, soutenues par des musiques faussement troubles, avec un summum de ringardise obtenu avec une scène de saphisme improbable entre une jeune journaliste et Alice (celle du Pays des Merveilles, oui monsieur) ; les personnages ne sont que des ombres, portés par des acteurs médiocres (décidément Kevin Bacon n'a été bon que dans Mystic River) ; le scénario, que le gars sût à une époque rendre bien torve, est ici attendu, jamais intéressant, issu d'une veine du polar complètement dépassé, et réservant peu de surprises (le coup de théâtre final est bien décevant) ; le rythme d'ensemble, qui se voudrait sensuel, est tout juste alangui, trop lent. Et puis il y a là-dedans un paquet de scènes en trop, tentant de jouer sur la corde sensible sans que ça ne fonctionne jamais : une scène avec une mère dont la fille a été assassinée, trop mélo, pas tenue, presque gênée d'être aussi plate ; une longue séquence de Téléthon où les rapports soi-disant troubles entre les personnages sont absents à l'écran, étouffés par une reconstitution trop scolaire et appliquée...
Bref, que du mauvais à dire de ce film, mis à part peut-être un travail sur la photo qui marche bien, qui ressemble un peu à ce que Kubrick avait trouvé dans Eyes Wide Shut (lumière par en-dessous, image très lissée, qui donne une ambiance assez inquiétante). Un peu comme Spike Lee, Egoyan semble bien être un cinéaste qui n'a jamais dépassé le stade du prometteur.

Pour plus d’informations :

Par Bernard Alapetite & Shangols - Publié dans : FILMS : Les Toiles Roses
Ecrire un commentaire - Voir les 0 commentaires

Dimanche 29 juillet 7 29 /07 /Juil 00:55


La bannière et la vidéo sont (c) Films entre potes
Les vidéos présentes et futures sont diffusées avec l'autorisation de Laurent himself.
Un grand merci à l'équipe de G !
Par Daniel C. Hall - Publié dans : WEBSERIE : G ! et FOUP
Ecrire un commentaire - Voir les 0 commentaires

Samedi 28 juillet 6 28 /07 /Juil 01:34


La bannière et la vidéo sont (c) Les Dames de l'Immeuble
Les vidéos présentes et futures sont diffusées avec l'autorisation de Niko himself.
Un grand merci à toi, Niko !
Par Daniel C. Hall - Publié dans : WEBSERIE : Niko perd les pédales !
Ecrire un commentaire - Voir les 0 commentaires

Vendredi 27 juillet 5 27 /07 /Juil 09:21
  

Fiche technique :
Avec Virginie Ledoyen, Mathieu Demy, Jacques Bonnaffé, Valérie Bonneton, Frédéric Gorny, Michel Raskine, Denis Podalydès, Nelly Borgeaud, Axelle Laffont, Philippe Mangeot et brigitte Tijou. Réalisé par Olivier Ducastel et Jacques Martineau. Scénario : Olivier Ducastel et Jacques Martineau. Directeur de la photographie : Matthieu Poirot-Delpech. Compositeur : Philippe Miller.
Durée : 98 mn. Disponible en VF.


Résumé :
Jeanne, réceptionniste dans une agence de voyage, est à la recherche de l'homme de sa vie. Elle pense l'avoir enfin trouvé en la personne d'Olivier. Mais ce dernier disparaît de sa vie dès qu'il apprend qu'il est atteint du sida. Jeanne tente alors de retrouver sa trace.


L’avis de Shangols :
Il y a comme ça des films dont on reconnaît parfaitement qu'ils sont maladroits, qui sont très loin de la perfection, et qui pourtant bouleversent. J'ai dû voir Jeanne et le Garçon formidable une dizaine de fois, et j'y trouve toujours cette fraîcheur enfantine, cette douceur mélancolique qui me font hurler d'amour, sortir dans la rue et regarder le ciel. Comme les films de Jacques Demy. Et on a beau dire, ce film-là n'est pas loin d'approcher le talent de son modèle.
Oui, je sais : c'est souvent trop fleur bleue, c'est un romantisme à la Jeune et Jolie qui pourrait gaver. Ledoyen, dans le genre, est une parfaite gamine irresponsable et non concernée, énervante de nombrilisme et d'incompréhension du monde. Mais c'est ça qui rend le film attachant, cette puérilité totalement assumée, ces émerveillements ridicules devant une couleur, un bouquet de fleur ou un battement de vie. D'autant que ces moments mièvres sont contrebalancés à maintes reprises par un contexte social et sombre assez culotté. Comme dans les Demy, qui raconte des histoires de sirop dans un monde fermé et désespéré, Jeanne... nous place dans un « teen-movie » à l'époque du SIDA. Quelques chansons sont très dures (la bouleversante vision de la mort de Bonnaffé, le coming-out de Mathieu Demy, la scène d'adieu à l'hôpital...), et on entend même les noms de Pasqua ou de Cresson cités comme responsables du SIDA. Si les chansons « positives » sont souvent drôles (la chanson titre, celles sur les achats à crédit, sur les livres), les « négatives » renvoient doucement à un contexte social contemporain très aride. Tout ça très simplement, avec des petites chorégraphies minables, maladroites, amateures, et touchantes par là même, avec une très bonne sensibilité du cadre, des décors, des situations, des couleurs. Les voix ne sont pas posées, les corps sont maladroits, c'est la vie qui bat là, loin de toute maîtrise technique, qui aurait bousillé ces instants de grâce (Remember dans le même genre, Everyone says I love you, la merveille de Woody).
C'est beau comme tout, très émouvant, finalement assez engagé, et c'est une esthétique et une vision du cinéma très culottées : Martineau et Ducastel ne font aucune concession sur leurs goûts, vont au bout du bout de leur logique formelle. Total respect donc pour ce film beaucoup plus rebelle qu'il n'y paraît, en-dehors des modes et des chemins tracés. Et ça m'émeut aux larmes. Vivement ma 11e vision.

    

L'avis de Philippe Serve :
« Nous avons voulu faire un film à la fois triste et joyeux sur le plaisir de vivre, un film qui chante la beauté de la vie et l'horreur du sida, un film qui murmure avec insistance : ça vaut la peine de vivre, alors faites attention à vous... » Olivier Ducastel et Jacques Martineau
On l'a dit et redit, le film est un hommage explicite aux films musicaux passés de Jacques Demy, évident dès la première séquence: couleurs bleue et jaune dominantes (le rouge et le vert viendront plus tard), figurants passant à l'arrière plan en esquissant des pas de danse. Et puis très vite le premier numéro musical: des employés d'une entreprise de nettoyage se mettent à chanter et danser sur le thème de l'immigration. Au milieu se trouve Virginie Ledoyen, toujours aussi séduisante.
Le principe du film n'est pas compliqué: mélange de légèreté et de gravité, un peu de dialogue parlé (et sonnant trop souvent « branché jeune »), un peu de sexe et beaucoup de chansons aux textes relevant tantôt du sentimental, tantôt du social-réalisme. Avec ce « truc » en plus: associer la comédie musicale (synonyme de gaieté) au sujet de société fétiche du jeune cinéma français, le sida (synonyme évident de drame).
Malgré la bonne intention de départ, on pouvait craindre le pire lorsqu'on est soi-même absolument rétif aux Parapluies de Cherbourg ou aux Demoiselles de Rochefort (mais pas au très joli Peau d'âne). D'autant que le début aligne cliché sur cliché. On se dit alors que la fatigue va vite venir devant cette Jeanne libertine et son garçon formidable où le comble de la modernité semble de faire rimer sur les jolies lèvres de Virginie Ledoyen « baisable » et « aimable ». Les premiers textes de chansons apparaissent vraiment aussi fades et plats que ceux des modèles avoués précités, avec parfois une lourdeur d'éléphant, le message anti-sida ne faisant pas dans la finesse (a-t-on fait le tour des choses en chantant: « C'est la faute à Pasqua, la faute à Cresson, la faute à la société » ?).
Et puis, contrairement aux pires craintes, le film va en s'améliorant malgré un scénario aussi épais qu'une feuille de papier cigarette et des dialogues proches du degré zéro. Les numéros musicaux se succèdent sur des musiques plaisantes (les réalisateurs ayant eu l'excellente idée de ne pas pousser leur hommage à Jacques Demy jusqu'à lui « emprunter » son compositeur, le soporifique Michel Legrand, lui préférant Philippe Miller...) et avec de meilleurs textes. L'humour marque le film de sa présence donnant la légèreté dont je parlais précédemment. Globalement, le film devient assez plaisant même si quelques moments ici ou là sont encore un peu irritants (les « colères » justifiées et le discours militant anti-sida et pro Act Up dont Jacques Martineau fut militant tapent trop à côté de la plaque par leur simplisme ou leur caricature, du style: « Il est mort du sida, de quoi veux-tu qu'on meure aujourd'hui ? », les cardiaques et cancéreux apprécieront, ou bien encore dans la même chanson « Quand un pédé crève, c'est simple, tout le monde s'en fout »).
Si les harmonies de couleurs sont vraiment très réussies, l'interprétation reste correcte, sans plus, car manquant pas mal de relief. Outre Virginie Ledoyen déjà évoquée (Meilleure Actrice au Festival de Paris pour ce rôle, ce qui paraît tout de même très excessif), Mathieu Demy, fils du réalisateur décédé et autre symbole de l'hommage qui lui est porté avec ce film, se montre assez fade.
On pourra aussi regretter que les différents acteurs ne soient pas un (tout petit) peu meilleurs chanteurs (Virginie Ledoyen étant la seule doublée, en l'occurrence par Elise Caron)...
En conclusion, un film certes mieux réussi que des drames du même genre, style Les Nuits fauves, Love Story ou Philadelphia, ou les comédies musicales de Jacques Demy (Peau d'âne excepté) mais qui ne mérite tout de même pas les éloges tressés par des critiques dont on se demande toujours quelle part de « copinage » entre en ligne de compte dans ce genre de dithyrambe. On l'aura compris, le film n'échappe à la qualification de « surcôté » que de très, très peu...
Note : Jacques Martineau et Olivier Ducastel continuèrent de parler de choses graves (le sida encore) avec légèreté dans leur excellent second film Drôle de Félix (sorte de road-movie entre Dieppe et Marseille d'un jeune beur gay).

Pour plus d’informations :

Par Shangols & Philippe Serve - Publié dans : FILMS : Les Toiles Roses
Ecrire un commentaire - Voir les 0 commentaires

Jeudi 26 juillet 4 26 /07 /Juil 08:00


Fiche technique :

Avec Valeria Bruni-Tedeschi, Gilbert Melki, Jean-Marc Barr, Jacques Bonnaffé, Edouard Collin, Romain Torres, Sabrina Seyvecou, Julien Weber et Yannick Baudin. Réalisé par Olivier Ducastel et Jacques Martineau. Scénario de Olivier Ducastel et Jacques Martineau. Directeur de la photographie : Matthieu Poirot-Delpech. Compositeur : Philippe Miller.
Durée : 93 mn. Disponible en VF.

Résumé :
C’est l’été. Pour la première fois, Marc emmène sa femme Béatrix et leurs deux enfants au bord de la Méditerranée, dans la maison où il passait ses vacances quand il était adolescent. Le Mistral a soufflé, la mer est froide, mais la chaleur de l’été réveille les désirs. Leur fille Laura, 19 ans, attend avec impatience l’arrivée de son petit copain motard qui l’emmènera vers d’autres rivages. Charly, leur fils de 17 ans, qui ne peut en faire autant, attend Martin, son meilleur ami qui est amoureux de lui. Mais Charly n’est pas attiré par les garçons. Béatrix, sensible au non-dit qui règne entre les deux adolescents, s'imagine que son fils est homosexuel. Sans s'en émouvoir plus que cela, elle en parle à Marc qui semble, lui, plus perturbé par la nouvelle. Et quand débarque Mathieu, l’amant de Béatrix, bien décidé à la convaincre de quitter son mari, tout se complique et se trouble davantage. Les vacances se révèlent plus mouvementées que prévues, et de portes qui claquent en chassés-croisés nocturnes, le destin amoureux de chacun se trouve transformé. Vivement l’été prochain !
L’avis de Shan (
Shangols) :
Voilà un petit peu de vent frais dans le cinéma français et ça fait ben plaisir car il faut bien avouer que ce film est emballant... Très joli couple que celui formé par Valéria Bruni Tedeschi et Gilbert Melki, deux acteurs qui sont la perfection même (Gilbert c'est quand tu veux. Pour une partie de ping-pong ou un apéro, s'entend. Valéria, toi, c'est quand tu veux...) Couple certes assez olé olé : Valéria a un amant déclaré qui la suit même en vacances (via un téléphone portable chaud bouillant); il s'immisce jusqu'à chez elle la nuit – dans les fourrés du jardin, nu, ou dans la douche – ; quant à Gilbert, il refoule assez mal son homosexualité qu'il finira par consommer dans les bras de son ex-amour de jeunesse : en guest star, Jean-Marc Barr beaucoup plus couillu qu'en Jacques Maillol (lol).

Un ton de liberté dans les dialogues (enfin du français oral...), dans les thèmes (Ducastel est bien l'un des seuls capables de parler de la sexualité, de l'homosexualité, du Sida avec une telle facilité et un tel naturel... ça soulage, il n'y a pas que des Mireille Dumas en France....), dans la mise en scène – de jolis travellings bien coulés, une grande aisance dans les scènes de couple et les scènes d'intérieur... Bref, bien content dans l'ensemble. You were right Jeremie guy.

L’avis de Gols (
Shangols) :
Alors là ! Je dois reconnaître que, malgré qu'on se dise le contraire, on est souvent bien d'accord avec mon collègue Shang. C'est juste qu'on n'aime pas les mêmes choses dans un film. En général, on trouve un terrain d'entente. Mais là...

Pour moi, Crustacés et Coquillages est un navet total. Je suis pourtant un fan inconditionnel de Jeanne et le Garçon formidable, que j'aime pour sa maladresse même. Ici, ce n'est plus de la maladresse, c'est du bâclage pur et dur. Aucune technique chez ce pauvre Ducastel, qui semble avoir pour référence les soirées vidéo du retour d'Irlande de papa. Le montage est fait à la hache (je vous jure qu'il reste des bouts de plans de montages précédents, j'ai fait des arrêts sur image), le filmage à la va-comme-je-te-pousse, et la direction d'acteurs est inique. Passons sur les ombres des techniciens qui passent sur les murs, ça n'est pas si grave, c'est même presque mignon. Mais je regrette : il y a des foutages de gueule de débutant. Le film est fait visiblement sans répétitions, ce qui donne des choses du genre : Melki articule silencieusement le texte de Bruni-Tedeschi en même temps qu'elle le dit (erreur fréquente chez mes élèves de théâtre en CE2) ; les figurants ont des regards caméra ridicules (observez bien le type aux cheveux gris pendant la scène sur la terrasse du café) ; la musique, digne d'un film porno, est improvisée à l'orgue Bontempi de mon neveu de 5 ans... Jamais je n'ai vu la mer aussi mal filmée, je n'exagère pas, et Jean-Marc Barr doit effectivement regretter le misérable Grand Bleu. D'ailleurs, les acteurs, pourtant sympas d'habitude, sont totalement perdus, pas dirigés une seule seconde, ils ont l'air malheureux comme tout, et mon Dieu comme je les comprends : être lâché dans une production d'un tel flou artistique doit être terriblement difficile.

Alors, oui, je reconnais une certaine audace, voire une liberté de ton, dans le scénario. Mais à ne pas savoir s'il est en train de faire du Bunuel (pour le côté sulfureux), du Chabrol (pour la critique de la moyenne bourgeoisie) ou du Rohmer (pour les dialogues à rallonges), Ducastel finit par faire du Christian Gion. Une horreur, un massacre !

L'avis de Jean Yves :
C’est l’été. Pour la première fois, Marc emmène sa femme Béatrix et leurs deux enfants au bord de la Méditerranée, dans la maison où il passait ses vacances quand il était adolescent. Le Mistral a soufflé, la mer est froide, mais la chaleur de l’été réveille les désirs. Leur fille Laura, 19 ans, attend avec impatience l’arrivée de son petit copain motard qui l’emmènera vers d’autres rivages. Charly, leur fils de 17 ans, qui ne peut en faire autant, attend Martin, son meilleur ami qui est amoureux de lui. Mais Charly n’est pas attiré par les garçons. Béatrix, sensible au non-dit qui règne entre les deux adolescents, s'imagine que son fils est homosexuel. Sans s'en émouvoir plus que cela, elle en parle à Marc qui semble, lui, plus perturbé par la nouvelle. Et quand débarque Mathieu, l’amant de Béatrix, bien décidé à la convaincre de quitter son mari, tout se complique et se trouble davantage. Les vacances se révèlent plus mouvementées que prévues, et de portes qui claquent en chassés-croisés nocturnes, le destin amoureux de chacun se trouve transformé. Vivement l’été prochain ! Crustacés et coquillages m’a fait un peu penser au départ à l’image d’une certaine publicité familiale pour du café « l’ami du petit déjeuner » sauf que bien vite les apparences de sérénité volent vite en éclats mais sans jamais tomber dans des drames interminables. Donc pas mal de légèreté, un peu de morale - juste ce qu’il faut, plus particulièrement de la tolérance égrenée tout au long du film par une Valeria Bruni-Tedeschi dépassée par les événements entre un mari finalement gay mais qu’elle aime, un amant idiot mais qui la comble sexuellement, et surtout un fils - elle regrette presque qu’il ne soit pas homo - qui refuse avec véhémence le désordre amoureux des adultes : « On fait ce qu'on peut ! » lui hurle-t-elle, à la fin. « Attends d'avoir notre âge et d'avoir vécu avant de donner des leçons ! »
Une comédie apparemment futile mais qui pose un regard juste sur les relations dans une famille.

L'avis de Matoo :
C’est drôle, ce film m’a fait le même effet que Pourquoi pas moi ? dans le genre de film, à la thématique homo, plutôt léger et branque. Et pourtant le scénario est plus fin et un peu plus épicé, mais il a aussi de sérieux relents de téléfilm produit par TF1 qui le relègue à un niveau moindre.
Je reste donc partagé… D’un côté, j’ai adoré les différentes intrigues, les personnages et surtout le couple formé par Bruni-Tedeschi et Melki. D’un autre côté, les adolescents ne jouent pas très bien et on se demande bien où l’on veut nous emmener. Quand on a compris (rapidement), on sait exactement comment ça va finir, et ça finit en effet exactement comme ça. Ah… c’est tout ? Eh bien oui.
Un des mérites du film est aussi à double tranchant : le traitement de l’homosexualité. J’ai d’abord été franchement enchanté car l’intrigue repose sur une série de quiproquos vraiment drôles et originaux pour une production française. Gilbert Melki et Valéria Bruni-Tedeschi sont mariés et ont un fils, Charly, qui reçoit un ami sur leur lieu de vacances (qui est aussi celui de l’enfance de Gilbert Melki). Cet ami est homo et, est plus ou moins amoureux de Charly qui est parfaitement hétéro. Valéria Bruni-Tedeschi a une intuition soudaine que son fils est homo, elle le prend avec une décontraction un peu surprenante, tandis que Melki ne la prend pas vraiment au sérieux. Au final, c’est Melki qui redécouvre son homosexualité latente dans les bras d’un de ses amants d’adolescence (Jean-Marc Barr).
Valéria Bruni-Tedeschi et Gilbert Melki s’en sortent plutôt bien et sont très attachants dans leurs rôles de parents tolérants et complètement à l’ouest pour la femme, un peu plus « inquiet » pour le père. J’ai un peu plus de mal avec le jeu du fils et de son copain… même si le copain a un physique tout à fait correct. Jusque là l’homosexualité est évoquée avec une rare justesse, émotion et clairvoyance. Ensuite, quand on voit les lieux de drague et tutti quanti, pourquoi pas… c’est un cliché, mais on ne peut pas le renier dans des lieux pareils (pinèdes, calanques et rochers en tout genre…).
Par contre, j’ai vraiment été dérangé par le jeu affecté que Gilbert Melki et Jean-Marc Barr adoptent dès qu’ils sont ensemble. Juste avant, ce sont deux hommes tout à fait « straight-acting », mais dès qu’ils sont en couple, ils prennent un air pincé, prennent des manières pour s’exprimer et bouger. Ce n’est pas énorme mais c’est palpable, et c’est un peu bizarre. D’autant plus que leur scène d’amour et de « retrouvailles » se résume par quelques images d’une fin de nuit agitée où Gilbert Melki ôte ses menottes d’un haut de lit en ferraille. Sans spécialement vouloir donner une bonne ou mauvaise image des pratiques sexuelles homos, j’ai trouvé que cela sonnait faux, en décalage avec la rencontre romanesque et tellement cliché sur le coup.
Donc mon opinion est mi-figue mi-raisin, c’est une chouette comédie de vacances bien déjantée, mais qui n’a pas vraiment relevé le défi d’aller plus loin malgré quelques petites touches d’irrévérence et d’anti-conformisme bien sympathiques.
Pour plus d’informations :

Par Shan, Gols, Jean Yves & Matoo - Publié dans : FILMS : Les Toiles Roses
Ecrire un commentaire - Voir les 1 commentaires

Mercredi 25 juillet 3 25 /07 /Juil 07:51

 

(c) D.R.


Par manque d’inspiration sur des sujets trop communs ou trop farfelus, je vais continuer la série de mes révélations fracassantes. Après Flora, la fille LGBT, voici l’histoire de ma petite-cousine Stéphanie.

Stéphanie est née en mil neuf cent soixa deux ans après moi. Sa mère est ma cousine germaine. Sachant que ce blog possède un lectorat de qualité et d’un haut niveau intellectuel (donc capable de lire et de comprendre les critiques de films de mon cher collègue Bernard Alapetite), en principe je ne devrais pas être plus explicite mais, la blogosphère étant ce qu’elle est, des ignares pouvant se retrouver sur cette page tout à fait par hasard, je vais quand même préciser à toutes fins utiles que la mère de Stéphanie ne s’appelle pas Germaine. Elle se prénomme Nicole et il s’agit de la fille d’un de mes oncles paternels. Donc, pour être plus clair, mon grand-père était l’arrière-grand-père de Stéphanie, dont la mère était la fille de mon oncle qui était le frère de mon père. Si vous avez du mal à comprendre, contactez Stéphane Bern.

Je voyais peu la famille paternelle, celle-ci vivant en Normandie et moi sous des cieux moins campagnards où mon père avait élu domicile en épousant ma mère. Nos trop rares visites sur ma terre allodiale constituaient toujours un événement. La famille étant grande de ce côté-là, la tournée prenait du temps et l’allure d’un marathon culinaire. Le grand-père de Stéphanie (donc mon oncle si vous avez suivi l’exposé généalogique) était le deuxième enfant de mes grands-parents paternels, mon père étant le huitième et dernier de la fratrie. Il y a vingt ans de cela, jeune adolescent pas encore perverti par la vie (mais en voie de l’être), j’ai flirté avec ma petite-cousine.

Je l’ai charmée sans peine avec mes armes traditionnelles que, déjà, je maniais avec dextérité. Un poème à la gloire de sa beauté juvénile fit rapidement sa conquête. Je me souviens l’avoir écrit sur une nappe en papier chez l’oncle qui était malade et avait déjà un pied au tombeau.

Un saut dans le temps et onze ans plus tard, mes parents et moi allâmes en famille (sauf mon frangin qui tourdumondait avec sa copine de l’époque) au mariage de Stéphanie. Son fiancé s’appelait Stéphane (vous imaginez ça ? c’est un peu comme si j’épousais Zazie !) et ressemblait à un pirate des Caraïbes, les oreilles furieusement bouclées. Johnny Depp en nettement moins bien et certainement pas Orlando Bloom (non, ça, c’est l’un de mes arrières petits cousins… rhââââlovely !).

Je suis arrivé au mariage dans mon costume de cour, le prince charmant personnifié, éclatant de beauté, d’élégance et de classe ; en un mot comme en cent, exactement comme il fallait que je sois pour éclipser le marié. Telle n’était pas mon intention, mais pouvais-je deviner quel était son look hasardeux ? Quoi qu’il en soit, mon apparition des plus sublimes a causé un choc. La dernière fois que j’avais vu Stéphanie, c’était huit ans auparavant, lors du mariage de notre rhââlovely cousin Didier (dont la mère est aussi ma cousine germaine ainsi que celle de la mère de Stéphanie. Allô Stéphane Bern ?). D’un bout à l’autre d’une décennie, l’adolescente était devenue une jeune femme dont les grâces qui lui venaient de l’enfance s’étaient envolées avec le temps… va, tout s’en va. En la revoyant après toutes ces années, j’ai éprouvé une sensation bizarre. Cela s’est aggravé lorsque j’ai revu son père qui m’a carrément battu froid. Il s’est même comporté de la plus étrange des façons avec mes parents avec qui, pourtant, il s’entendait bien d’habitude.

Avec le recul, je réalise que je n’étais manifestement pas désiré ni attendu à ces noces. Pour le dîner, on me plaça à une table où je ne connaissais personne. Au cours du repas, les mariés firent le tour des tables, chacun présentant à l’autre sa parentèle ou ses amis que le nouveau conjoint ne connaissait pas encore, et lorsqu’ils arrivèrent à celle où je me trouvais, Stéphanie m’ignora superbement, comme si je n’existais pas ou étais invisible, accroissant davantage mon isolement. Il va sans dire que ce fut la plus nulle des soirées de mariage à laquelle il m’ait été donné d’assister. À tel point que je suis navré de vous décevoir en vous apprenant que, non, personne n’a parlé pour empêcher le mariage de se faire. Cela aurait mis du piment dans le récit de cette journée plus fastidieuse que fastueuse.

De retour à l’hôtel, je ne pus m’empêcher de faire part à mes chers géniteurs du malaise que j’avais ressenti face au comportement singulier de ma cousine. Eux-mêmes avaient éprouvé la même chose face à celui de leur neveu par alliance (le père de la mariée, vous vous souvenez ?). C’est alors que ma mère, avec une limpidité déconcertante, a levé le voile sur les raisons de ce mystère :
— Je crois que c’est parce que Stéphanie était amoureuse de toi.

J’étais abasourdi. Non que je ne me souvenais point du poème fleur bleue que je lui avais écrit une dizaine d’années auparavant, mais ce qui fondait mon étonnement, c’était d’apprendre de la bouche même de ma mère, après tout ce temps, que ce qui, dans mon souvenir, n’était rien qu’un badinage d’adolescent, avait été pris des proportions plus sérieuses du côté de ma cousine Stéphanie. C’est ainsi que j’appris que, plusieurs années durant, elle avait régulièrement demandé de mes nouvelles, ma mère ayant perçu le sentiment sous-jacent lorsque, en déplacement professionnel dans l’ouest, il lui arrivait de séjourner chez les cousins. Jusque là, elle ne m’en avait jamais rien dit. Ah, les mères ! Je vous jure…

Stéphanie dut être cruellement déçue de ne pas obtenir de réponse à ses sollicitations qui, bien entendu, ne me sont jamais parvenues. Je pense que ma mère ne se sentait pas le courage d’entreprendre un jour les démarches nécessaires auprès du Saint-Siège afin d’obtenir une dispense pontificale autorisant le mariage entre deux cousins à un degré prohibé par le droit canonique, encore que cela était monnaie courante dans les familles royales. Demandez à Stéphane Bern. Bref…

Avec le temps, la malheureuse avait tourné la page. Hélas ! Mon apparition inopinée à son mariage a fait ressurgir tout un flot de souvenirs qu’elle avait enfouis au fond de son cœur de midinette. Le secret de cet amour, sans doute l’avait-elle partagé avec son père qui, de son côté, ne pouvait espérer de plus beau parti pour sa progéniture, rêvant de la voir entrer dans le club des altesses intergalactiques auquel elle ne pouvait appartenir en raison de sa filiation paternelle (bah tiens, la princesse, c’est ma cousine germaine, pas lui !). Telle est l’explication de leur comportement inqualifiable à mon égard le jour de cet étrange mariage.

Depuis, l’eau a coulé sous le pont de Vaison-la-Romaine. Le cousin par alliance est revenu à de meilleurs sentiments envers moi. La cousine Stéphanie est toujours mariée à son pirate et elle vient de mettre au monde leur troisième enfant. Comme quoi, ma mère a bien fait de s’en mêler en ne s’en mêlant pas. Cela dit, je suis toujours célibataire…

 

 

 

 

 

Pour lire le précédent épisode de Zanzi and the City, cliquez ici.

 

 

 
 
Par Zanzi - Publié dans : HUMEUR : Zanzi and the City
Voir les 2 commentaires

Mercredi 25 juillet 3 25 /07 /Juil 00:00

Fiche technique :
Avec Vincent Dieutre, Andrzej Burzynski, Hubert Geiger, Léo Bersani et Antonino Ivorio. Réalisé par Vincent Dieutre. Scénario de Vincent Dieutre. Directeur de la photographie : Jean-Marie Boulet, Benoît Chamaillard et Gilles Marchand.
Durée : 77 mn. Disponible en VF.


Résumé :
Leçons de ténèbres reconstitue par fragments un voyage fatal placé à l'ombre de l'oeuvre sensuelle du peintre italien le Caravage.
A Utrecht, Naples et Rome, deux histoires d'amour guident l'itinéraire nocturne d'un homosexuel en mal de beauté.
A la fois journal intime et documentaire baroque, Leçons de ténèbres de Vincent Dieutre (Rome désolée) est un film esthétique sur l'amour et l'amour de l'art.

L'avis de Jean Yves :
Leçons de Ténèbres est un film rare, difficile, exigeant. À la limite de la vidéo d’art contemporain et du cinéma expérimental, le second long-métrage de Vincent Dieutre sollicite du spectateur un regard décalé et nouveau… nouveau quant au fond (donner une autre image de l'homosexualité) et nouveau quant à la forme (plans sombres, « bougés » et subjectifs, utilisation du super-huit et de la DV).
Leçons de Ténèbres (titre tiré de certaines compositions musicales du XVIIe Siècle) suit les déambulations nocturnes d'un quadragénaire (Vincent Dieutre dans son propre rôle) à travers trois villes : Utrecht, Naples et Rome. En ces trois cités, Vincent Dieutre nous fait part de sa passion pour la peinture du Caravage et de ses rencontres amoureuses. Sans scénario, sans acteur ni véritable mise en scène, le film est une sorte de journal intime accompagné d'une voix off qui crée une distance avec les évènements vécus. Les ténèbres, ici, s'avèrent le chemin indispensable vers la lumière et la vie. Vincent Dieutre tend à montrer qu’à la source de celle-ci se trouvent la mort et l’obscur (maladie, drogue, rupture, etc..).
Malgré une grande part d'improvisation et de hasard, le film est extrêmement structuré : divisé en trois blocs ou leçons qui correspondent aux trois villes, il utilise encore trois formats (Super-huit, DV, 35 mm) et fonctionne (grâce à la voix off utilisant le « tu ») selon une triangulation cinéaste-film-spectateur ayant pour but de faire circuler, entre ces entités, affects, formes et sensations.
La bande-son, toujours en décalage avec l’action, intervient à la manière d'un contre-point ou d'un élément parasitant toute tendance vers la fiction ou la narration. Plus généralement le film est rythmé par des coupures (plans « cut ») et des ruptures abruptes : Dieutre intercale notamment de nombreux plans sur les tableaux du Caravage et de ses disciples, ou encore des plans fixes sur un mur lépreux, une ruelle aveugle. Il offre au spectateur une véritable expérience de cinéma et de vision, à l'instar du Caravage qui, en son temps, faisait table rase du maniérisme en vogue pour aborder la réalité et la trivialité des corps. Si Vincent Dieutre s’essaye à de nouvelles formes et à de nouveaux dispositifs, c’est en effet pour capter le réel épars et fuyant des hommes et des villes, trop étouffé aujourd'hui par un regard dominant esthétique et uniforme. Rien n’empêche de voir ce film comme un journal imaginaire, une échappée fictive qui viendrait combler un manque profond.

Pour plus d’informations :

Voir Mon voyage d’hiver, de Vincent Dieutre

Par Jean Yves - Publié dans : FILMS : Les Toiles Roses
Ecrire un commentaire - Voir les 1 commentaires

Mardi 24 juillet 2 24 /07 /Juil 00:00

Fiche technique :
Avec Vincent Dieutre, Itvan Kebadian, Jorg Neitzert, Andreas Staier, Christoph Pregardien, Hubert Geiger, Walter Muller et Patric Chiha. Réalisé et écrit par Vincent Dieutre. Directeurs de la photographie : Jean-Marie Boulet et Benoît Chamaillard.
Durée : 104 mn. Disponible en VF.


Résumé :
Vincent a quarante ans. Hanté par la figure de Schubert, cet homosexuel cultivé et fragile s'embarque avec son filleul Itvan pour un ultime et beau voyage : son Voyage d'Hiver. L'homme et l'adolescent traversent une Allemagne enneigée, battue par les vents et peuplée de fantômes. Entre blessures du passé et vastes chantiers de la réunification, l'homme tente de changer le regard d'Itvan sur ces villes, ces paysages, invoquant tour à tour l'histoire, la poésie, et la musique... Au fil de ce parcours initiatique, fragmentaire et glacé, porté par les mélodies romantiques allemandes, l'homme voyage aussi à travers sa propre histoire. Nuremberg, Bamberg, Dresde... de retrouvailles avec d'anciens amants en rencontres de hasard, il laisse entrevoir à Itvan les traces de sa vie passée. Berlin, la fin d'une histoire, ils doivent se séparer. Mais désormais un lien indéfectible les unit en secret. Itvan ne sera plus le même. La musique peut cesser...
L'avis de Jean Yves :
« Pourquoi inventer des fictions quand elles existent déjà en nous et autour de nous ? » semble nous dire le cinéaste. Le film nous plonge dans une réflexion intime, introspective, des strates de vécu où s’entremêlent la vie et la mort, le passé et le présent, le culturel et l’émotionnel, l’amour et la perte.
C’est donc le journal d’un voyage mais aussi un roman d’éducation puisque le narrateur quadragénaire (que Vincent Dieutre incarne lui-même) est accompagné de son filleul, adolescent à qui il voudrait apprendre le monde. Histoire de passage de relais d’un quadragénaire homosexuel à un adolescent. Ainsi se croisent, sur les mêmes routes, deux regards : l’homme cherche l’Allemagne qui enchanta sa jeunesse, musique, littérature, forêts et intérieurs chauds, les Allemands qu’il y aima, le filleul apprend à mieux connaître celui qu’il accompagne. L’homme voudrait que son filleul le voit comme il est : respectueux des autres, aimant la musique, la vie. La musique et la poésie en effet portent le film, d’étape en étape, de rencontre en rencontre, lieder de Schubert essentiellement, du Roi de Thulé, sur un poème de Goethe, aux Voyages d’hiver. Tout cela se termine pour le quadragénaire et l’adolescent, à Euskirchen, avec les musiciens qui jouent Gute Nacht (bonne nuit), de Schubert : le narrateur peut s’endormir, Itvan, son filleul, écoutant la musique.
Les amants que Vincent Dieutre retrouve ont vieilli, leurs corps sont marqués, le désir éteint, mais ils se retrouvent dans ce qu’ils avaient autrefois partagé, l’amour, la musique, la poésie, la conversation... Toute la beauté du film est là, dans la pudeur avec laquelle celui qui a entrepris cette remontée dans le temps de sa jeunesse se met à nu, lui pour qui, aussi, la jeunesse est passée.
Pudeur jusque dans la rencontre avec un prostitué dans une chambre minable : après l’étreinte des corps que la caméra n’a pas montrée mais dont on aura eu seulement l’écho sonore, le narrateur demande à son compagnon d’un moment de lire une page qu’il lui tend, un poème. L’autre refuse : pour l’argent, on a les gestes de l’amour, mais quant au partage d’un poème, d’une émotion autre que mécanique, il n’en est pas question. « Notre époque a ceci de passionnant qu’elle est faite de citations, de recyclages, d’allers-retours ou d’interpénétrations des disciplines. » Vincent Dieutre n’aurait su mieux le dire que par la musique grave de ce film confidence.

Pour plus d’informations :
Site du film

Par Jean Yves - Publié dans : FILMS : Les Toiles Roses
Ecrire un commentaire - Voir les 0 commentaires

Lundi 23 juillet 1 23 /07 /Juil 08:55

Fiche technique :
Avec Wendy Crewson, Peter Outerbridge, Karyn Dwyer, Christina Fox et Ann-Marie MacDonald. Réalisé par Anne Wheeler. Scénario : Peggy Thompson.
Durée : 101 mn. Disponible en VO et VOST.


Résumé :
Maggie, dix-neuf ans, vient de lâcher la fac et travaille dans une librairie. Elle rencontre Kim, une artiste peintre, dans un night-club. Elles tombent aussitôt amoureuses l'une de l'autre. Mais un jour, Maggie reçoit un coup de fil de sa mère, Lila, qui lui annonce qu'elle divorce et qu'elle vient s'installer chez elle avec son frère cadet Paul. Maggie est paniquée par leur arrivée imminente, d'autant plus que Lila n'a aucune idée de sa vie privée ! C'est le début des surprises et des sorties de placards...
L'avis de Samuel Minne :
On entre in medias res : un spectacle avec un drag king, un travesti et une jeune fille déguisée en angelot recoupe en montage alterné le trajet de cette dernière après le spectacle. Dans les rues sombres, des skin heads importunent la jeune lesbienne surmontée d’une auréole. Par chance, un fourgon bariolé, tous phares allumés, les disperse. En sort une jeune fille blonde aux cheveux courts, indéniablement butch. Maggie, l’angélique apparition, peut rentrer à la librairie « Ten Percent Books » où elle travaille. C’est parmi les rayonnages de godemichés et les portfolios gays, que loge la jeune fille. Mais sa mère, qui ignore tout de sa vie, lui téléphone pour lui apprendre qu’elle divorce, et qu’elle compte bien s’installer chez elle en attendant, avec le frère de Maggie. Cette dernière n’a donc plus qu’à trouver très vite un appartement… Dans la rue, Maggie croise à nouveau sa salvatrice, Kim, peintre itinérante. Le courant passe tout de suite, et comme le fourgon de Kim est retenu à la fourrière, Maggie l’invite à rester chez elle.
Le film repose surtout sur le duo de deux actrices à la présence forte. Les épaules musclées et l’air déterminé, Christina Cox (Kim) sait jouer de nuances sobres, tandis que Karyn Dwyer (Maggie), le visage mutin encadré par des boucles rousses, impose un charme craquant. L’histoire d’amour entre les héroïnes permet de mettre en scène toute une galerie de seconds rôles savoureux. Les personnages sont stéréotypés, mais pas trop : Frances, la libraire lesbienne intello (Ann-Marie MacDonald) a les cheveux courts, des lunettes et des vêtements austères ; Judy, la transsexuelle au grand cœur (Peter Outerbridge), est fragile et touchante ; la mère, Lila (Wendy Crewson), se montre d’abord intolérante puis compréhensive…
« Résolument hors ghetto », affirme la jaquette : entre le bar lesbien et la librairie LGBT, le moins qu’on puisse dire c’est qu’une telle affirmation est gratuite, d’autant que le film offre une vision positive du milieu, soulignant en particulier sa solidarité, sans occulter l’intolérance qui peut surgir entre les minorités. La réalisation est simple, détendue, chaleureuse, à l’image de personnages attachants sans être forcément extraordinaires, qui n’accordent pas plus d’attention à l’homophobie qu’elle ne le mérite, et cherchent d’abord à se sentir bien.
Sensuel et consensuel, appelant à la tolérance aussi bien pour les transsexuels MtF que pour la culture porno saisie par la douane canadienne, ce film éminemment sympathique tient pleinement son pari.

Pour plus d’informations :

Par Samuel Minne - Publié dans : FILMS : Les Toiles Roses
Voir les 0 commentaires

Dimanche 22 juillet 7 22 /07 /Juil 00:55


La bannière et la vidéo sont (c) Films entre potes
Les vidéos présentes et futures sont diffusées avec l'autorisation de Laurent himself.
Un grand merci à l'équipe de G !
Par Daniel C. Hall - Publié dans : WEBSERIE : G ! et FOUP
Ecrire un commentaire - Voir les 0 commentaires

Texte Libre

Commentaires

Contact - C.G.U. - Signaler un abus - Articles les plus commentés