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Mardi 1 juin 2 01 /06 /Juin 06:09

chaudronpotter

 

19.

MES ÉPHÉMÉRIDES DE JUIN

Papy Potter


Papy Potter est né en pleine folie hippie de parents qui ne l'étaient pas. Depuis lors, il vit au milieu de ses arbres avec son adorable pirate des trains, tout au bord d'un marais nommé « du ru d'amour ». À quelques kilomètres de là, s'étend une vaste forêt où il travaille. Dans le chaudron rose, comme il est devenu vieux (il a presque 40 ans) et que Moudulard a fermé ses portes depuis longtemps, il glose sur le lien sulfureux et amoureux liant les gays aux diverses spiritualités du monde.

 

ephemeride.jpg

 

Bonjour à toutes et à tous,

Voici venu le beau mois de juin et les éphémérides de votre Papy Potter préféré.

 

1er juin : L’aigle est associé à Zeus, amant de Ganymède. Mais il est également lié à Jean, le disciple préféré de Jésus. De sorte que, contre toute attente, c’est un animal totem gay. Et votre oiseau-totem, quel est-il ?

2 juin : Elsa Gidlow est née en 1898 et vécut jusqu’en 1986. Sa recherche spirituelle la conduisit à travers la théosophie, le taoïsme, le bouddhisme, le druidisme et finalement la célébration de la déesse. Selon elle, la lesbienne est vierge par nature car indépendante des hommes. Ses désirs et ses besoins existent avant la naissance. Elle naît comme telle et ne le devient pas. Et moi, quelle est ma position actuelle sur le sujet ? Suis-je né gay ou le suis devenu ? Ai-je choisir de l’être avant ma naissance ou est-ce une prédestination indépendante de moi ?

3 juin : Le paon est la monture de la divinité indoue Kartikkeyeh, associée à l’homo-érotisme. Il représente la capacité à transformer la laideur en beauté et la mort en immortalité. Les alchimistes l’associent à l’androgynie et au transgendérisme. Il est également l’attribut du dieu bleu de la Feri tradition.

4 juin : Les Al jink sont des hommes d’ascendance turque, juive, grecque et arménienne, probablement d’origine égyptienne. Ils se maquillent, se parfument, « s’empommadent » les cheveux, portent des vêtements féminins et se livrent à des relations homosexuelles. Ils passent pour entretenir des rapports privilégiés avec les djinns. Et vous, quels êtres féériques sont en relation avec vous ?

5 juin : Saint Boniface est un religieux assassiné le 5 juin 754, qui fonda de nombreux couvents et églises. Au XVIIème siècle, et jusqu’au XIXème, les mexicains s’adressaient à ce saint pour guérir les sodomites. Ironiquement, il devint un saint patron des gays eux-mêmes alors qu’il s’était attaqué farouchement à l’homosexualité. Pourquoi les saints deviennent-ils les patrons de ce(ceux) qu’ils ont combattu ?

6 juin : La papaye est, au Chili, un symbole de l’homosexualité. Dégustons.

7 juin : Le FHAR, ou Front Homosexuel d’Action Révolutionnaire, est un groupe dissident né en 1971 dans le sillage de mai 1968 et dénonçant une société machiste, hétérocentriste et homophobe. Le manifeste des 343 salopes est sans doute ce que l’histoire a le plus retenu d’eux, avec leur intervention dans une émission de Ménie Grégoire : « Nous sommes plus de 343 salopes. Nous nous sommes fait enculer par des Arabes. Nous en sommes fiers et nous recommencerons ». Un autre slogan célèbre est sans doute le savoureux : « Prolétaires de tous les pays, caressez-vous ! ». Si j’avais été adulte dans les années 70, quelle place aurais-je adopté dans cette société ? La même qu’aujourd’hui ?

8 juin : Naissance de l’écrivain belge Marguerite Yourcenar en 1903. Les Mémoires d’Hadrien explorent la relation entre le spirituel et l’homo-érotisme en parlant des amours d’Antinous et de l’empereur Hadrien. Oserai-je un jour commencer enfin à lire L’Œuvre au noir ?

9 juin : Si la couleur rose est souvent associée aux homosexuels, la fleur est elle, celle de l’amour inconditionnel pour ne pas dire cosmique. Un amour inconditionnel, par définition, est sans condition, et ne se limite donc pas à l’hétérosexualité. Allez, hop, un bouquet de roses dans la maison.

10 juin : Le lapin est l’animal dont le lien avec l’homosexualité est le plus répandu et le plus universel sur le plan culturel. Ainsi, les kabbalistes au XVIème siècle prétendaient que les homos se réincarnent en lapins. De même, il est dit que le lapin de l’Arche de Noé perdit sa femelle et dut, du même coup, incarner aussi la féminité de son espèce. Moïse condamnait également le fait de manger du lapin car cela rendait les gens homosexuels. Un conte du Moyen Âge prétend aussi qu’un moine, ayant eu des rapports sodomites, tomba enceint et accoucha d’un lapin qui resta à ses côtés. En Chine également, le lapin était associé à l’homosexualité.

11 juin : Harihara est une divinité indoue née de l’union de Siva et de Vishnou. Il n’est donc pas androgyne mais composé de deux moitiés masculines. Sa moitié gauche (normalement féminine) est occupée par Vishnou et porte une fleur de lotus. Elle est de couleur indigo. La moitié droite (normalement masculine) est occupée par Siva, est plus pâle, et porte un trident. Il voyage à dos de cheval et protège de la famine et de la lèpre. Il unit donc en lui deux principes masculins dont il symbolise l’union.

12 juin : Culiacan est une ancienne cité de la côte ouest du Mexique. Au XVIème siècle, on y recensait des prêtres intersexués, comme le signale notamment Pedro de Castaneda. Et si on mangeait mexicain ce soir ?

13 juin : Au XIIIème siècle, les jeunes Frédéric Ier de Bade et Conradin de Hohenstaufin, connu sous le nom de Conrad III (roi d’Italie et de Jérusalem), sont parfois considérés comme ayant été amants. Ils furent en tout cas élevés ensemble et participèrent à la campagne d’Italie où ils furent emprisonnés. Tous deux furent décapités à Naples en 1268.

14 juin : Tsil tsa hassun, chez les Navajos, est décrit comme l’être des montagnes, un esprit qui ressemble à une femme mais qui, en réalité, serait un homme. Existe-t-il quelque part dans les environs un lieu semblable dont le génie protecteur serait aussi un être androgyne ?

15 juin : Les jeunes femmes de pierre sont des chinoises à l’apparence masculine, dont on disait qu’elles devenaient souvent des chamanes et avaient été créées par les dieux ou par Bouddha, selon les traditions. La plus connue d’entre elles un personnage théâtral : « sœur de pierre du couvent de la lumière pourpre ». Bienvenue à la couleur pourpre.

16 juin : Shinu No Hafuri avait un amant : Ama No Hafuri. Les shintoïstes croient que ce sont eux qui ont amené l’homosexualité au Japon. Ils servaient tous deux une déesse ancestrale. Quand Shinu tomba malade et mourut, Ama ne le supporta pas et se suicida. Tous deux furent enterrés dans la même tombe.

17 juin : C’est la fête du dieu égyptien Hapy. Ce dieu androgyne est protecteur du Nil. Il est barbu mais porte néanmoins souvent une poitrine de femme. Sa tête est coiffée de la jarre dans laquelle on entrepose les poumons des personnes momifiées. En tant que protecteur du Nil, il est considéré comme l’union de deux êtres divins masculins, Hap-Reset, seigneur du Nil du Sud et Hap-Meht, seigneur du Nil du Nord. Il était servi par des prêtres transgenres et son culte fut aboli au IVème siècle par l’empereur romain Constantin. Les musulmans en ont cependant intégré une partie dans leur fête sacrée Lêlet al-Nukta, la nuit de la pluie céleste.

18 juin : Naissance en 1566 de James Ier d’Angleterre. Il comparait son amour pour son amant Georges Villiers à celui du Christ pour Saint Jean : « Jésus a son Jean, j’ai mon Georges ».Il s’avéra très hostile aux pratiques païennes et à la sorcellerie notamment. Pourtant, c’est bien à elle que Georges fit appel pour sauver James sur son lit de mort. Pour l’empêcher de mourir, il fallait, dit-il, offrir une autre âme humaine en sacrifice. N’ayant pas d’enfant à sa disposition, il enveloppa un porcelet de vêtements enfantins. Il le sacrifia. Le subterfuge n’a pas marché et James Ier d’Angleterre mourut. Le pauvre porcelet avait donc trépassé pour rien !

19 juin : Adonis est un dieu romain, dont la féminité fait dire qu’il incarne le modèle contreculturel de la masculinité. Mais qu’est-ce que la culture de la masculinité ? Et surtout qu’est sa contre-culture ?

20 juin : La Belgique autorise aux homosexuels en 2006 d’adopter. Quel droit reste-t-il à conquérir pour les gays en Belgique ?

21 juin : Amant du roi houx, le chêne atteint ce jour le sommet de son règne. Les jours commencent à décroître, il va devoir céder peu à peu la place au seigneur de l’ombre, le roi houx. En ces jours de solstice d’été ont également lieu les fêtes de la Saint-Jean qui, rappelons-le, aurait été l’apôtre préféré du Christ. L’herbe de la Saint-Jean la plus connue est le millepertuis. C’est le moment de la cueillir. Ce sont aussi les fêtes de la musique. La musique sacrée a souvent été l’apanage des homos et des transgenres. Que l’on pense aux eunuques, aux castrats et aux autres…

22 juin : Saint Paulin de Nola vécut au IVème siècle et se convertit au Christianisme qui attirait également son mentor Hansonius. Paulin s’éloigna de lui pour se libérer de la culpabilité de leur relation homosexuelle. Il devint évêque et fut canonisé. Pourquoi le sentiment de culpabilité ?..

23 juin : On entre dans le signe du Cancer. Les femmes nées sous ce signe ont, paraît-il, une allure plus masculine que les autres, ou une tendance au lesbianisme.

24 juin : Les Paksu Mudang sont des chamanes coréens du troisième genre, associés parfois aux Hwarang, les garçons fleurs, qui formèrent un corps d’armée dans la Corée bouddhiste.

25 juin : Hé é é é est une guerrière Hopi aux deux esprits qui protégea son village contre une attaque alors que les hommes étaient partis.

26 juin : Sahaykwisa est une chamane Mohave dont le nom signifie « femme sans enfant ». Elle vécut au XIXème siècle et était spécialisée dans la lutte contre les maladies vénériennes. Elle fabriquait également des potions pour protéger les femmes des avances des hommes. Quand elle-même se maria, elle perdit ses pouvoirs. Elle fut assassinée par deux hommes qui la traitèrent de sorcière. Pourquoi les chamanes gays sont-ils si souvent spécialisés dans ce genre de thérapie ?

27 juin : Au XIXème siècle fleurirent les Molly Houses en Angleterre. Ces lieux tenaient à la fois du bar travesti et du bordel, tout en permettant à leurs visiteurs de participer à des réunions politiques ou religieuses. Ainsi, des mariages homosexuels y étaient pratiqués, à la fois sérieux et moqueurs. Ces mariages dénonçaient, tout en se les réappropriant, les coutumes du mariage. Ce genre de lieu existe-t-il toujours ? Peut-on considérer que les bars gays sont les descendants des Molly Houses ?

28 juin : En 1969 débutent à New York les émeutes de Stonewall. Suite à une descente de police, les homosexuels rassemblés là se révoltent. Ce sont les débuts d’émeutes qui vont durer trois jours. Elles sont traditionnellement considérées comme un moment phare de la lutte homosexuelle pour la conquête de ses droits civiques. Quel est mon sentiment face à cet événement ?

29 juin : Puck est un esprit farceur de la forêt, popularisé par le Songe d’une nuit d’été de Shakespeare. Au fil du temps, il fut de plus en plus relié au transgendérisme et à l’homosexualité. En effet, son rôle était le plus souvent joué par de jeunes acteurs ou actrices à l’allure androgyne. De plus, la potion dont il couvrit les yeux d’Obéron avait le pouvoir de rendre celui-ci amoureux de la première personne qu’il croiserait. Ce qui, en soi, ne garantit pas qu’il s’agira d’une personne du sexe opposé.

30 juin : La nuit des longs couteaux a lieu en 1934. On la considère en général comme marquant le début de la persécution des homosexuels dans l’Allemagne nazie. Quelle aurait été ma vie si j’avais vécu en tant qu’homosexuel à cette époque ?


Plongez dans les précédents « Chaudrons roses »

 

TO BE CONTINUED...
Par Papy Potter - Publié dans : LE CHAUDRON ROSE
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Lundi 31 mai 1 31 /05 /Mai 10:29
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LE REFUGE :

Comment les aider tout en se faisant plaisir ?

 

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Si vous êtes Parisiens, vous pouvez participer, ce 31 mai à une grande soirée d'action et de solidarité dont vous trouverez les détails sur le site de Salim Kechiouche, l'un des nouveaux parrains de cette formidable association qui lutte de la façon la plus concrète qui soit contre l'homophobie :

http://www.salimkechiouche.com/actualites.html

Ajoutons dans la série « beaux parrainages » ceux de Gaël Morel et de Chantal Lauby qui sont devenus eux aussi des soutiens pour

http://www.le-refuge.org/

 

 

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Si vous êtes le vendredi 4 juin dans le Sud-Est, ne manquez pas la représentation que donnera à 20h 30 à au bénéfice du Refuge, la meilleure troupe de théâtre amateur de la région PACA qui s'est engagée avec une énergie et une motivation aussi profondes que sincères aux côtés de ces jeunes expulsés de chez eux par leurs propres parents. La mairie de Fayence (Var) prête gracieusement son superbe espace culturel, Jean-Marie Périer, auteur de Casse-toi (1) parraine l'opération dont chaque euro gagné trouvera une utilisation concrète auprès de la seule structure en France, conventionnée par l'Etat, à proposer un hébergement temporaire et un accompagnement social, médical et psychologique aux jeunes majeurs, filles et garçons, victimes d'homophobie.

Venez donc applaudir, comme l'a fait le père docu des Toiles Roses lors de la première de La Mastication des morts, cette formidable troupe dans cette étonnante pièce de théâtre donnée à quelques kilomètres de Fréjus et de Cannes.

Réservez le matin au 04 94 76 58 15 et pour 8 au 10 € vous aurez le plaisir du spectacle vivant… au milieu de singuliers cadavres !!!

Si vous ne pouvez pas vous déplacer, n'oubliez pas que vous pouvez aussi verser le prix d'une ou plusieurs places très facilement via http://www.le-refuge.org/nous_soutenir/paypal.ht

 

(1) http://www.lestoilesroses.net/article-dossier-special-le-refuge-7-zoom-interview-jean-marie-perier-casse-toi-creve-mon-fils-je-ne-veux-pas-de-pede-dans-ma-vie--44246824.html

 

La Mastication des morts

 

Connaissez-vous Moret sur Raguse ? Près de Landon. Non ?

Le cimetière de ce village est un lieu étrange, où l'imagination de Patrick Kerman a situé La Mastication des morts (1), à l'affiche de la Compagnie de la Cordée, troupe du Var qui célèbre dans un lieu que l'on imaginait plus calme son dixième anniversaire.

On est accueilli par une dame qui distribue aux spectateurs ce que l'on prend d'abord pour la feuille communale du lieu de la représentation, à savoir Fayence pour la première du 29 janvier 2010. Une fois installé on comprend que l'on est déjà à Moret sur Raguse. Cet habile stratagème permet de se plonger, au rythme et à l'intensité de chacun, dans l'ambiance de ce village.

La vie a-t-elle un sens ? C'est dans un cimetière que l'on se trouve immergé dès le lever de rideau et au moment où il se baissera, on pourra constater que les morts n'en sont pas plus convaincus que Patrick Kerman qui s'est suicidé le 29 février 2000.

D'un tombeau à l'autre, les morts parlent, se parlent. Entre soliloques (2), dialogues et assemblées regroupant les six acteurs, on va suivre la vie des morts tout au long du XXe siècle.

Avec une étonnante harmonie, les tombeaux qui constituent le décor du début de la pièce vont être manipulés par les comédiens pour devenir tribune, monument (aux morts, bien sûr) ou mobilier urbain. Dans des vêtements neutres, ces hommes et ces femmes vont prendre la consistance des dizaines de défunts qui ne reposent pas en paix sous des dalles funéraires dont l'apparente massivité ne suffit pas à faire taire les conflits, les drames qui ont opposé les Morétiens.

Chaque acteur se coule ainsi dans le moule d'une étonnante quantité de personnages à chacun desquels il donne une vie particulière par un simple accessoire, un accent, un tic de langage ou une gestuelle spécifique.

C'est le fruit savoureux d'un impressionnant travail de recherche et de création qui est offert par les Compagnons de la Cordée. Inclassable oeuvre, ce texte est ici adapté et mis en scène avec un art qui crée une empathie instantanée avec des hommes et des femmes dont certains n'ont que quelques minutes d'existence sous les traits d'acteurs passionnés, dont le jeu est rythmé par Gabrielle Anteunis et ses instruments.

Le Père Docu, 30/01/10

 

(1) http://books.google.fr/books?id=PgVYG6Ea7FAC&dq=la+mastication+des+morts+patrick+kermann&printsec=frontcover&source=bn&hl=fr&ei=pvJjS9upI5Gv4Qbi-7XRBg&sa=X&oi=book_result&ct=result&resnum=4&ved=0CBgQ6AEwAw#v=onepage&q=&f=false

(2) http://www.dailymotion.com/video/xahzmd_soliloques-a-moret-sur-raguse_creation 

 

Pour en savoir plus :

Sur la dernière récompense de la Compagnie de la Cordée : http://festheapaca.free.fr/page17a.html

Sur la Compagnie de la Cordée http://www.compagnie-de-la-cordee.fr/ (avec un lien vers le dossier de presse de La Mastication des morts.

 

À bientôt à Fayence !!!!

 
Par Gérard Coudougnan & Daniel C. Hall - Publié dans : ASSOCIATION LE REFUGE
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Dimanche 30 mai 7 30 /05 /Mai 12:14
  
Visuel : (c) GayClic

Jarvis serait-il un "Mason du coeur" ?
Rencontrez Luke & Noah à Paris le 10 juillet 2010 (et par la même occasion, venez aussi me dire bonjour).
Informations sur : www.mgcevents.com
[ATWT appartient à TeleNext Media et CBS]




Par Jag1366 - Publié dans : SERIE : AS THE WORLD TURNS (AINSI VA LE MONDE)
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Dimanche 30 mai 7 30 /05 /Mai 12:09

http://4.bp.blogspot.com/_SNWhINHHc3Q/SqBFx2GWzEI/AAAAAAAABC4/ex5p-8SlUSY/s400/LOGOPYSCAP.jpg


Les vidéos sont (c)
Univers-L.com
Les vidéos présentes et futures sont diffusées avec l'autorisation de
Isabelle B. Price et son équipe.
Par Isabelle B. Price - Publié dans : SERIE : LOS HOMBRES DE PACO
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Dimanche 30 mai 7 30 /05 /Mai 11:58
banniererozen.jpg hugo.jpg


Gay comme mon nom ne l'indique pas, et juif comme mon nom ne l'indique pas non plus, je suis tombé tout petit dans une marmite de BD (BD, pas PD !). Depuis, j'ai noirci des milliers de pages de personnages plus ou moins étranges. Depuis cinq ans, je suis chroniqueur du site Unificationfrance.com auquel je livre chaque semaine un dessin. Concerné par la cause LGBT, c'est avec plaisir que j'ai rejoint l'équipe de Les Toiles Roses, blog auquel je participerai avec mes « p’tits miquets ».

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Hommage à Ron Hubbard et à la Scientologie : Terre, champ de cochonaille... (2)

 

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Ainsi parlait Zarozenbergheustra (8)...


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Après la voiture hantée de Stephen King, la femme politique possédée : CHRISTINE II

refugedons.jpg Faites un don pour nos jeunes du Refuge !

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TO BE CONTINUED...
Par Hugo Rozenberg - Publié dans : DESSINS : Rencontres de tous les types
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Samedi 29 mai 6 29 /05 /Mai 10:50

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« Un homosexuel qui respecte les cinq piliers de l'islam, ses cinq prières quotidiennes, son jeûne du mois de ramadan… est mieux qu’un autre qui n'est pas homosexuel mais qui ne respecte pas les cinq prières, le jeûne du mois de ramadan, le pèlerinage, la zakât, par exemple.

Il faut mettre les choses à leur juste place. En islam, celui qui a la foi est musulman. Il doit ensuite se conformer en premier lieu aux cinq piliers de l’islam puis aux pratiques morales. Celui qui ne respecte pas ses parents ou qui trompe sa femme commet une faute plus grave que l'homosexualité ! C'est un exemple qui illustre un peu la place de cette faute qui ne touche ni le répertoire des dogmes de la foi ni celui des rites (al-'ibâdât).

Toutes les fautes en islam n’ont pas la même valeur. Mais seul Dieu jugera les gens le Jour du Jugement dernier. Le fait de considérer un homosexuel musulman comme un apostat est une hérésie… » Tareq Oubrou, théologien et recteur de la mosquée de Bordeaux, interview pour SaphirNews.com, mai 2010.

Par Daniel C. Hall - Publié dans : MOTS : Citations philes et phobes
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Samedi 29 mai 6 29 /05 /Mai 10:39

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« Je suis terriblement choquée par la décision que vient de prendre la cour de justice du Malawi, qui vient de mettre derrière ses barreaux deux personnes innocentes. Je crois en l'égalité des droits, peu importe la sexualité, la race, la couleur ou la religion. Aujourd'hui le Malawi a malheureusement fait un grand pas en arrière. Le monde est déjà plein de souffrances et d'atrocités, alors nous devons tous nous battre pour les droits de l'homme. Je fais donc appel à tous les hommes et à toutes les femmes du Malawi, mais aussi à la planète entière, pour faire fléchir cette décision de justice au nom des droits de l'homme et de la dignité. » Madonna, communiqué de presse du 20 mai 2010, après avoir appris que le premier couple de gays mariés a écopé de 14 ans de prison au Malawi.


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Par Daniel C. Hall - Publié dans : MOTS : Citations philes et phobes
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Vendredi 28 mai 5 28 /05 /Mai 09:36

par  BBJane Hudson


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Fiche technique :

Avec : Beryl Reid, Susannah York, Coral Browne, Patricia Medina, Ronald Fraser, Hugh Paddick, Cyril Delavanti. Réalisation : Robert Aldrich. Scénario : Lukas Heller, d'après une pièce de Frank Marcus. Directeur de la photographie : Joseph Biroc (Metrocolor). Musique : Gerald Fried. Montage : Michael Luciano.
Durée : 138 mn. Disponible en VO, VOST et VF.


L'histoire :
Populaire actrice d’un soap opera télévisé, June Buckridge (Beryl Reid) est une quinquagénaire tempétueuse et alcoolique, dont la personnalité est à l’extrême opposé du personnage qu’elle incarne à l’écran, « Sister George », une nurse aimable et dévouée. June vit en couple avec Alice McNaught (Susannah York), de plusieurs années sa cadette. Le tempérament ingérable de l’actrice finit par irriter la chaîne qui l’emploie. Après une exhibition scandaleuse avec des nonnes qu’elle tente de trousser dans un taxi, June apprend que son personnage sera absent de la série durant quelque temps. Elle craint d’être virée, mais la lecture du scénario d’un futur épisode la rassure : « Sister George » n’est victime que d’une mauvaise grippe. Elle va fêter l’événement en compagnie d’Alice dans un bar lesbien, où elles convient Mme Croft (Coral Browne), l’une des exécutives du studio. Cette dernière ruine les espoirs de June en lui révélant que son renvoi est imminent, et que « Sister George » est appelée à mourir dans un accident de mobylette. Pour maigre consolation, la chaîne lui propose de prêter sa voix à une marionnette, la vache Clarabelle, dans une émission pour enfants. Découragée, June boit de plus en plus et multiplie les altercations avec Alice. La jeune femme tente de l’épauler dans un premier temps, mais finit par se lasser et succombe aux avances de Mme Croft. June les surprend en pleine étreinte et leur fait une scène. Alice décide de la quitter et part en compagnie de sa nouvelle protectrice. Abandonnée de tous, June s’introduit nuitamment sur le plateau de tournage et, après avoir détruit le cercueil de « Sister George », s’entraîne au rôle de la vache Clarabelle en poussant de longs meuglements de désespoir.
L'avis de BBJane Hudson :
Avec Faut-il tuer Sister George ?, Robert Aldrich franchit un pas décisif dans son exploration du Camp, qu’il associe pour la première fois, et sans détour, à l’homosexualité – en l’occurrence féminine. Cette approche, logique mais audacieuse pour l’époque, produisit son petit effet. Qu’elle déplût souverainement aux censeurs n’avait rien d’étonnant (aux États-Unis, le film fut amputé de sa longue scène d’amour saphique) ; qu’elle attisât l'ire de la communauté homosexuelle est en revanche beaucoup plus déplorable. À l’origine de ce rejet, perceptible aujourd’hui encore chez certains analystes gays du film, on trouve le souci récurrent et obsessionnel de la représentation des homosexuels à l’écran. Faut-il tuer tuer Sister George ? nous présente en effet un couple féminin composé d’une vieille butch (1) alcoolique, agressive et grossière, et d’une jeune femme faussement ingénue, quelque peu mythomane et volontiers aguicheuse. Ajoutez-y une troisième larronne, lesbienne refoulée, retorse et vampirique, et vous comprendrez pourquoi, au nom de la sacro-sainte représentation de l’homosexualité, le film d’Aldrich n’eut et n’a toujours pas bonne presse.
Faut-il tuer Sister George ? se soucie peu de plaire à la communauté homo. Il a bien mieux à faire : explorer les méandres de psychologies humaines. L’angélisme n’est pas son fort – et n’a jamais été celui de son réalisateur. Le fait que ses protagonistes soient des lesbiennes devait-il infléchir les options d’un auteur dont tout l’œuvre s’attache à révéler le monstre tapi en chaque être humain, et la part d’humanité que tout monstre recèle ? La réponse avancée par les tenants de la « politique de représentation » est un oui indigné, si l’on en juge par leur réception de ce film – et de dizaines d’autres par la suite, comme Cruising (William Friedkin, 1980), Basic Instinct (Paul Verhoeven, 1992), ou Bound (Andy & Lana Wachowski, 1996).
On ne dira jamais assez (on le dit d'ailleurs peu) à quel point les approches critiques ou théoriques d’ouvrages fondateurs comme The Celluloid Closet de Vito Russo ou Screening the sexes de Parker Tyler, ont pu fausser les perspectives d’appréciation des films, en imposant pour critère de valeur essentiel la notion de respectabilité de l’image des gays. Ce qui me frappe dans une telle position, c’est le narcissisme qu’elle exprime. Elle peut se résumer en une injonction : « Brossez-nous dans le sens du poil, ou nous vous dénierons tout crédit. » Qu’un gay soit, à l’écran, possédé d’un vice un peu trop voyant, ou que certains de ses traits recoupe une vision considérée comme clichéique (efféminement ou libido exacerbée, par exemple), et c’est aussitôt le haro. Non seulement cette attitude favorise le simplisme psychologique, mais elle promeut une production lénifiante, univoque et pas moins stéréotypique que celle du cinéma hétérocentriste. C’est toute une machinerie idéologique qui s’ébroue alors, et aboutit soit à des œuvres d’un militantisme à crever d’ennui, soit à des plaidoyers intégrationnistes d’une mièvrerie béate (Philadelphia [Jonathan Demme, 1993], Comme tout le monde [Pierre-Paul Renders, 2006]), soit à des love stories d’une vacuité suffocante, qui constituent un fort pourcentage du cinéma gay indépendant et des séries télévisées à destination des homosexuels.
Comme l’écrit Ellis Hanson dans son enthousiasmante introduction à l’anthologie d’essais queers, Out Takes (Duke University Press, 1999) : « Le cachet d’approbation gay et lesbien est souvent apposé sur des films politiquement impeccables, mais visuellement et sexuellement balbutiants. » Pour obtenir ce sceau, il convient que l’œuvre offre une représentation valide de l’homosexuel – mais quelle est la vérité de l’homosexualité ?... sur quels repères infaillibles se base-t-on pour décider de la justesse de sa représentation ?... et la justesse d’une représentation doit-elle forcément aboutir à du bon cinéma ?...
Bien que se réclamant du réalisme, une telle politique, dans son intransigeance, sa volonté de réduire un type de sexualité à un profil déterminé, donc sa méfiance envers les contradictions propres à tout être humain, relève de la fantaisie pure. Et c’est au nom de ce réalisme illusoire qu’elle bannit le Camp, accusé de n’être qu’artifice et superficialité. Pourtant, la réflexion qu’il propose sur le jeu des apparences, la confusion des genres et la complexité de leurs représentations, constitue une démarche beaucoup plus intègre, puisque refusant tout manichéisme.

 

Beryl Reid entre deux proies

 

En ce sens, les aspects Camp de Faut-il tuer Sister George ? tiennent un rôle important dans l’authenticité du drame qu’il expose et des caractères qu’il développe. Sans l’outrance affectée par ses protagonistes, leurs accès de sincérité et d’abandon auraient une résonance moindre. Il eut d’ailleurs été difficile, et même stupide, d’évacuer le Camp d’un scénario où le monde du spectacle (ici, la télévision) et la notion de « jeu » ont une importance capitale – une importance non seulement égale au thème de l’homosexualité, mais consubstantielle à celui-ci.
Loin de porter un regard hostile sur le lesbianisme, comme il fut écrit, le film en offre une vision certes sans complaisance, mais non dépourvue de tendresse. Et loin d’être une apologie simpliste du Camp, il en use également pour en dénoncer les dérives.
June est une incarnation classique de la butch : forte en gueule, directive, habillée de tailleurs en tweed de coupe masculine, elle collectionne les étriers et les éperons. Elle se conforme à l’image que la société se fait d’une lesbienne – mais aussi que la communauté gay elle-même entretient. Parallèlement, elle est prisonnière d’une autre image, cette fois appliquée par l’industrie du spectacle : celle de son personnage, Sister George, aimable nurse ne vivant que pour aider son prochain. On perçoit très nettement que les excès de son comportement privé sont pour elle une manière de se désolidariser de ce rôle bêtifiant qui lui insupporte : pour s’affranchir d’une mascarade (celle de la gentillesse dégoulinante) elle en joue une autre (celle de l’agressivité butch). Écartelée entre le kitsch de Sister George et le Camp de Georgie-la-gouine, June est perpétuellement exposée à la perte de son identité propre. Une menace qui s’aggrave lorsqu’elle apprend que son personnage doit être supprimé de la série. Le titre original du film : The Killing of Sister George (L’Assassinat de Sister George) met l’accent sur ce danger : c’est au meurtre d’une part (fictive) d’elle-même que June est confrontée. Une fois George éliminée, que lui restera-t-il à jouer ? La butch Georgie – mais puisque celle-ci n’existe en grande partie qu’en réaction contre Sister George, ne risque-t-elle pas de se dissoudre aussi ?...

 

Susannah York et Beryl Reid

 

De son côté, Alice se complaît dans l’incarnation de la petite fille prolongée. Surnommée « Childie » par June (« Fillette », dans la VF), elle affectionne les nuisettes en mousseline, possède une encombrante collection de poupées, et minaude constamment. Elle est une sorte de « Baby Jane » avant l’âge (elle a trente-deux ans), à ceci près que son attitude ne découle pas d’une nostalgie de l’enfance, mais répond à une stratégie de séduction : elle estime qu’elle lui vaut l’attention des femmes mures, qui l’attirent.
Le couple repose sur cette répartition des rôles, et son quotidien est rythmé par des petits jeux sadomasochistes où June est la dominatrice et Alice la dominée. Si certains critiques voient de la « lesbophobie » dans ce portrait d’un couple féminin stéréotypique, c’est qu’ils oublient (ou ne veulent pas considérer le fait) que les deux femmes sont parfaitement conscientes d’incarner des clichés, et qu’elles s’en amusent. Elles baptisent leurs actes SM « Rituels » (« Tu as gâché le rituel ! », s’insurge June quand Alice fait semblant de se délecter du mégot de cigare que son amante lui demande de manger), et ne sont pas dupes des personnages qu’elle campent : June sait très bien que sa « fillette » n’en est plus une depuis longtemps, puisqu’elle l’a rencontrée lorsque celle-ci était une "fille-mère" ayant abandonné son enfant. De même, Alice est consciente de la fragilité de June, et ne se laisse pas impressionner par sa façade agressive et volontaire. Endosser sciemment l’apparence de stéréotypes n’est pas les approuver, mais peut devenir une manière de s’en distancier de façon ludique. S’offusquer d’une telle attitude (et du film) trahit un fond d’arbitraire et de puritanisme – « On ne plaisante pas avec l’homosexualité » –, le même puritanisme qui juge malséant de prendre plaisir aux représentations de « méchants gays » ou de « folles » à l’écran. Il serait bon de signaler que ces restrictions portent atteinte à l’un des droits fondamentaux de tout spectateur (gay ou non) : celui de varier ses sources d’amusement.
Si le Camp du film tient à l’état de représentation où se plaisent ses protagonistes, il n’interdit pas la peinture d’un amour sincère, et touchant. Dans L’Homosexualité au cinéma (La Musardine, 2007), Didier Roth-Bettoni, souvent partisan de la « politique de représentation », concède que « la relation George/Childie n’est jamais réduite à une liaison utilitaire », mais que, « au contraire, disputes, réconciliations, souvenirs communs, vrai respect de l’autre, évidente complicité – comme lorsqu’elles imitent Laurel et Hardy dans une boîte lesbienne – etc…, les caractérisent. »

 

Laurel et Hardy

 

C’est que le couple existe réellement ; il est même l’un des plus attachants que le cinéma nous ait offert en matière d’homosexualité. La raison en est simple, et tient précisément à ce qu’Aldrich s’est abstenu d’en offrir la vision idyllique que les gays auraient souhaitée. C’est la complexité du couple, son adoption et sa subversion Camp des stéréotypes, qui en font l’authenticité. Quel intérêt aurait-il présenté sans sa dialectique sadomasochiste qui fut tant décriée, sans son recours conflictuel aux clichés gay, sans le fond de perversité habitant June et Alice ? Nous aurions alors eu un couple lesbien sympathique et propret, qui, pour nous représenter sous un jour favorable (car inoffensif) au public hétéro et à nous-même, n’en serait pas moins aussi débilitant que les protagonistes d’un roman de Barbara Cartland. Au lieu de quoi, June et Alice vivent sous nos yeux une passion qui nous touche, et s’avèrent profondément vraies à travers leurs mensonges et leurs artifices.
De même que l’évocation d’un amour sincère, le Camp n’empêche nullement, comme je l’écrivais plus haut, sa propre remise en cause. Les meilleurs films Camp n’éludent jamais l’autocritique. Dans Faut-il tuer Sister George ? elle se profile dans la détérioration du couple June/Alice, victime non pas de son goût du Camp, mais de sa difficulté croissante à le gérer. Si leurs simulacres permettent aux deux femmes de supporter le poids des conventions qui les entourent, voire de les faire éclater, c’est elles-mêmes qu’ils détruiront lorsqu’elles ne les distingueront plus de leurs identités réelles. Ainsi, les vertus du Camp sont exposées dans la scène du tournage de la mort de Sister George : June transforme un moment lugubre et tendu en une explosion de rires, à laquelle le réalisateur de la série lui-même est contraint de céder. Plus tard, lors du dîner d’adieu organisé par les studios, les déclarations cinglantes de June désamorcent l’hypocrisie ambiante, et transmuent la vexation en un petit triomphe personnel. Mais lorsque, trop investie dans son numéro, elle le poursuit avec Alice qui souhaite lui parler à cœur ouvert de ses relations avec Mme Croft, son arme Camp se retourne contre elle : Alice lui tourne le dos, et se mure à son tour dans le simulacre de la « petite fille incomprise ». Les beaux moments de partage et de sincérité (la scène dans la boîte lesbienne, ou la nuit au cours de laquelle June, écrivant des fausses lettres de fans, est consolée par une Alice sensible à son chagrin), ces instants d’authentique communication deviennent impossibles dès lors que chacune s’absorbe dans sa pose, et la confond avec sa vraie nature. Ce qu’Aldrich et son scénariste Lukas Heller nous signifient là, c’est que le Camp sans humour ni distanciation peut être nuisible – il n’est d’ailleurs plus le Camp, mais une forme de schizophrénie.

 

Intimité

 

Mme Croft, elle aussi experte en Camp (dans le registre de la sophistication et de l’hyperféminité), profitera de la situation pour conquérir Alice. Le trouble de la jeune femme, qui la fait se rétracter dans son image de « fillette », en font la partenaire idéale pour la mise en scène que Croft a concoctée. Elle y sera la « femme-femme » maternante (au lieu de la « femme-mec » personnifiée par June, et devenue trop rebutante), qui prendra la petite Alice sous son aile protectrice. Leur scène de séduction et d’amour, que Didier Roth-Bettoni estime « filmée avec une complaisance voyeuriste assez détestable », et honnie de nombre de lesbiennes, est une réussite à tout point de vue. Magnifiquement photographiée par Joseph Biroc, elle fige les deux actrices dans une pénombre ocreuse, où la palpitation des souffles annonce l’extase érotique : Alice et Mme Croft, tendues vers l’accomplissement du désir, composent un tableau vivant fortement codifié, une représentation expressionniste du triomphe de la perversité. La mise en scène est si habile que le spectateur s’y laisse prendre, et finit par oublier qu’en vérité, cette scène est exempte de perversité, et ne fait que décrire l’accomplissement d’un nouveau rituel amoureux par deux partenaires adultes et consentantes. Mme Croft prédatrice et Alice abusée n’existent que dans la mesure où elles se plaisent à endosser ces rôles. Considérer leur performance (et cette admirable séquence) comme dégradante (ou « lesbophobe »), c’est persister dans un jugement non seulement moraliste et rétrograde, mais bien peu avisé.

 

Mme Croft (Coral Browne)


Faut-il tuer Sister George ? emprunte aux thrillers gériatriques qui l’ont précédé la plupart de leurs ingrédients et de leurs figures emblématiques, et opère sur eux comme un révélateur, en les homosexualisant. June Buckridge/George, alcoolique comme Jane Hudson, est la version lesbienne de la Norma Desmond de Boulevard du Crépuscule (toutes deux sont des actrices admirées ayant perdu leur emploi, toutes deux sont éprises d’une personne plus jeune, et la scène où June se déguise en Hardy fait clairement référence à l’imitation de Chaplin par Norma dans Boulevard du crépuscule), tandis qu’Alice est un Joe Gillis féminin, posant à la fillette comme Baby Jane. Mme Croft, pour sa part, s’apparente davantage à Miriam de Chut… chut, chère Charlotte, (Robert Aldrich, 1964) par son affabilité de façade, ses manigances, et sa féminité très étudiée. Curieusement, le jeu de son interprète, Coral Browne, rappelle celui de son futur époux, Vincent Price (dans plusieurs scènes, on a presque l’impression de voir Price en drag !) Les personnages secondaires prennent eux aussi une coloration gay : Betty, la prostituée, confidente et consolatrice de June (équivalant de la voisine des sœurs Hudson) lui manifeste une compassion sans doute amoureuse (« Si tu veux quelque chose, tu n’as qu’à sonner », lui dit-elle en se retirant dans le salon où ses clients ont l’habitude de sonner, eux aussi, lorsqu’ils ont besoin d’une chose précise) ; l’assistante du réalisateur de la série télé est une butch mal embouchée, et c’est l’acteur gay Hugh Paddick qui, dans le rôle du metteur en scène, remplace le très straight Cecil B. DeMille de Boulevard du Crépuscule (Sunset Boulevard, Billy Wilder, 1950).
Signalons que Robert Aldrich déclara qu’en tournant Sister George, il espérait donner sa version personnelle de cet autre classique Camp qu’est le Eve de Joseph L. Mankiewicz. La pièce de théâtre de Frank Marcus lui parut une matière idéale pour concrétiser ce souhait, et il n’y apporta que peu de modifications. L’une d’elles lui fut néanmoins reprochée, et derechef attribuée à sa soi-disant misogynie : dans la pièce, Betty, l’amie de June, était une cartomancienne, non une prostituée. On se demande en quoi un tel changement s’avère infamant pour les femmes, sauf d’estimer que l’exploitation de la crédulité d’autrui est plus noble que le commerce du plaisir…


(1) : Butch : Femme affichant un aspect fortement masculinisé.

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Par BBJane Hudson - Publié dans : LA CRYPTE AUX GAYS
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Jeudi 27 mai 4 27 /05 /Mai 16:47


 

Le Père Docu s'appelle Gérard Coudougnan, il est né en 1962 et a pour qualification « enseignant-documentaliste », vous savez la dame qui râle au C.D.I. (centre de documentation et d'information) : c'est lui. Pour des raisons indépendantes de sa volonté, il est en ce moment éloigné de son lieu de travail habituel mais a toujours un C.D.I. (contrat à durée indéterminée) avec les bouquins pour qui il a une vraie A.L.D. (affection de longue durée).

Au hasard de ses lectures, il a croisé Marc-Jean Filaire puis Môssieur Daniel C. Hall (« The Boss ») qui lui a proposé de regrouper ici quelques « recensions » d'ouvrages à thématique LGBT.

Toute remarque, toute suggestion sera la bienvenue. Les avis, sous forme de commentaires, pour échanger des points de vue encore plus !

La bibliothèque rose est ouverte… vous avez lu Le Club des Cinq d'Enid Blyton ? Claude, le « garçon manqué » est peut-être alors votre première rencontre avec une petite lesbienne ou une future transgenre ? Ah bon, vous n'avez pas connu les Bibliothèques Rose et Verte ? Qu'importe, entrez (couverts !) ici et faites ce que vous voulez entre les rayons, ne soyez pas sages ...

 

en collaboration avec  homo6  

 

Il est des lectures dont on ne sort pas indemne, des livres qui vous emportent vers des rivages inconnus, des pages où vous avez envie de replonger plusieurs fois de suite pour en saisir toutes les nuances. Le livre d'Eric B. fut pour moi une grande expérience. Le commenter ne fut pas très compliqué, il fallait juste prendre un peu de distance, ne pas trop s'identifier à un gars qui a, comme moi, une incapacité physique.

Une interview ? Oui, mais j'ai un peu la trouille. Ce mec fréquente la jet-set de Hollywood et tu vas lui poser des questions pour deux « modestes » sites : Les Toiles Roses, et Handigay.com destiné aux handicapé(e)s LGBT ?

Je me lance. Le téléphone sonne. Dialogue Chamonix-Antibes.

Et je tombe sous le charme. Il est simple, direct et sans tabous. Nous faisons de l'humour gay, mais aussi de l'humour d'invalides. Les questions et les réponses s'enchaînent naturellement, avec fluidité. Aux éclats de rires viennent se mêler des moments où nous avouons la larme qui coule entre nos paupières. Il y a des confidences qui resteront « off », il y a un vrai échange et le projet d'une rencontre cet été du côté d'Avignon, dans le genre « l'aveugle et le paralytique ».

En attendant, faites connaissance avec Eric et, comme son bouquin est bien mis en avant dans les rayons des librairies actuellement, vous risquez comme je le fus, d'être happé par cet œil bleu…


Au-dela-de-ma-nuit.jpg

 

Eric Brun-Sanglard, Lauren Malka, Au-delà de ma nuit : Témoignage d'un designer aveugle, Presses de la Renaissance, 2010, 267 p., 18,90 €

 

Un phénix nyctalope gay témoigne. Tel l'oiseau qui renaît de ses cendres, tel un chat capable de se mouvoir dans la plus totale obscurité, Eric Brun-Sanglard raconte le début de son existence. Combien de vies dans celles de ce quadra chamoniard qui a su se hisser jusqu'aux milieux de la jet-set hollywoodienne dans un parcours semé d'obstacles insurmontables au commun des mortels?

La couverture du livre est une évocation de la trame du récit : sous le nom de l'auteur, des caractères en braille, sur un fond noir qui couvre plus de la moitié de la partie droite. À gauche, le beau visage d'un garçon qui a posé son menton sur ses doigts entrecroisés. De cette tête on ne distingue que le côté droit : un œil bleu fixe le sommet de cimes invisibles et la bouche est entrouverte. On sent bien que c'est à l'intérieur de lui-même que cet homme aveugle cherche ses souvenirs, ses réflexions dont il va nous faire la confidence.

En bas à droite le nom de l'éditeur est aussi un symbole : les Presses de la Renaissance. Combien de renaissances a connu Eric Brun-Sanglard ?

Il faut se plonger dans son incroyable autobiographie pour prendre conscience des remous, des drames qu'il a traversés. Le petit interne du lycée privé catholique a d'abord été victime d'un prêtre pédophile. Son coming out jette ensuite un froid dans cette famille de commerçants aisés de Chamonix. Son bac ? Il va le préparer à Boston avec son amour anglophone et se retrouvera à vingt ans dans la jet-set de Hollywood. Touché par le sida, il perd la vue et manque de perdre la vie dix ans plus tard. Avec une lucidité sans faille, sauf dans le domaine sentimental, avec une volonté de survivre qui dépasse la compréhension de ceux pour qui une grippe ou une jambe cassée sont des catastrophes, Eric raconte ses résurrections sans cacher ses échecs et ses doutes. Devenu Le Designer Aveugle caprice des milliardaires, il est maintenant rentré en France où il fait la pause qui lui permet de faire partager son expérience à ceux qui doutent encore de l'énergie vitale dont est capable un simple être humain.

Sans jamais se donner en exemple, avec une réelle modestie, sans aucune intention de donner la moindre leçon que ce soit, Eric Brun-Sanglard offre au lecteur le formidable cadeau d'une incroyable existence marquée par la force de l'amour et la volonté de croire au lendemain. Sa sincérité et sa simplicité, même au milieu des paillettes et de la superficialité hollywoodiennes, font de son livre un bijou de pureté et d'espérance pour lequel on a envie de lui crier : « Bravo, merci et continue longtemps, Eric ».

 

Pour en savoir plus :

Article et interview d'Eric Brun Sanglard :

http://www.handicapepasbete.com/spip.php?article121

Le site du designer aveugle : http://theblinddesigner.com/

Eric B. dans Télé-Matin du 1er mai 2010 :

http://telematin.france2.fr/?page=chronique&id_article=16148

La « bande-son » du livre : http://www.youtube.com/watch?v=yVB1lfpY4Os

Le dernier « bébé » d'Eric B, une compagnie de coaching à laquelle nous souhaitons la plus brillante réussite :

www.ericbcd.com [Eric B Consulting & Development]

 

Eric-1.JPGEric sur sa chaise de bureau sur la plage de Malibu pour illustrer son site internet : www.theheblinddesigner.com.


INTERVIEW D’ERIC BRUN-SANGLARD

par  Gérard Coudougnan

 

Les Toiles Roses : Bonjour Eric, et merci de venir bavarder avec nous sur Les Toiles Roses et Handigay. Toi qui n'aimes pas les classifications qui enferment les gens dans des boîtes hermétiques, toi qui refuses l'étiquette « handicapé », j'espère que tu ne te sentiras pas trop à l'étroit avec nous !

Dans ton livre, tu racontes l'incroyable histoire de ta vie. Toi qui résides aux États-Unis depuis plus de vingt ans, quelles sont tes impressions sur la France où tu séjournes un peu plus longuement pour le lancement de ton livre ?

Eric Brun-Sanglard : Je suis en ce moment à Chamonix où il fait un temps radieux. Je profite de l'affection de mes parents : je savoure le plaisir de moments partagés avec une famille que j'ai enfin redécouverte. Le livre démarre très bien ; je suis très content. J'ai beaucoup de projets et il faut d'abord que je définisse mes priorités ! Ce retour en France est l'occasion de vivre le second livre pour un jour l'écrire !

Je suis revenu en France avec quelqu'un avec qui j'étais à ce moment-là. Nous nous sommes beaucoup promenés. J'ai surtout apprécié toute la culture, tout l'héritage de la France, l'architecture, la gastronomie, j'ai vraiment trouvé toute cette diversité très agréable : c'est quelque chose qui me manquait plutôt aux États-Unis.

J'ai loué un appartement à Paris dans le quartier Montorgueil et je m'y sens vraiment très bien. C'est une rue piétonne, j'y descends comme si c'était un petit village. Je connais tout le monde et tout le monde me dit bonjour quand je vais faire mes courses, quand je vais à la gym. Je trouve ça assez génial, j'aime beaucoup ce côté-là de ma nouvelle vie.

Du côté social en revanche, je trouve que les gens jouent un peu les déclassés, qu'ils sont pessimistes et voient avant tout le mauvais côté des choses, ce qui n'est pas du tout mon genre. Je réagis tout de suite en mettant en avant le côté positif : s'il pleut, je dis « La pluie arrose les jardins et nettoie ».

Pour ce qui est de la communauté gay, disons que je n'ai pas approfondi le sujet. Pour l'instant cela me semble très superficiel. Je suis quand même un peu sorti et les mecs que j'ai rencontrés un peu partout, homos ou hétéros, sont beaucoup plus ouverts, moins cloisonnés dans une case, que les Américains. Quand je suis allé dans des endroits un peu plus branchés comme dans le Marais, je n'ai pas vraiment accroché : j'ai trouvé l'ambiance générale un peu trop précieuse, trop dandy pour moi. Tout tourne trop autour de la sexualité : on est gay, OK mais on est aussi tellement d'autres choses !


Eric-w-dogs.JPGEric avec ses deux chiens : Niko et Fletch, ses chiens guides, devant sa maison qu'il réserve à ses amis quand ils viennent le voir à Los Angeles.

 

As-tu déjà eu des retours intéressants de lecteurs ?

Oh oui, j'ai eu des retours sublimes, sublimes, sublimes !!!!! De très beaux e-mails, des gens qui m'ont arrêté dans la rue. J'ai fait des signatures au Salon du Livre et ce qui est génial, c'est qu'il touche des générations différentes, des hommes et des femmes de tous âges, de tous milieux. Je note au passage que je n'ai pas un retour significatif de la communauté gay. Beaucoup de gens me remercient, trouvent mon témoignage superbe. Quand je suis passé dans l'émission « Salut les Terriens », Thierry Ardisson m'a dit qu'il avait adoré le livre et nous nous sommes découvert des points communs tout à fait incroyables dans notre jeunesse à Chamonix et notre scolarité au pensionnat Saint Michel à Annecy...


LIVING-ROOM.JPGLa maison actuelle d'Eric à Los Angeles.

 

Dans ton livre, tu évoques les traitements que tu as pu suivre contre le HIV sans en évoquer leur coût financier : est-ce par pudeur ou parce que ces soins sont à la portée de la majorité des patients ?

En fait, au début, j'avais un docteur absolument génial, le Dr Scolaro, qui me trouvait des trucs incroyables, pas encore vraiment autorisés et qu'il ne me faisait même pas payer. Il a eu d'ailleurs de gros problèmes et a perdu sa licence à cause de cet esprit d'avant-garde altruiste.

Puis sont apparus les premiers médicaments de trithérapies et on a vu un incroyable courant de solidarité entre les médecins et les pharmaciens militants : les patients qui avaient de bonnes assurances se faisaient prescrire et délivrer plus de médicaments de façon à pouvoir en donner à ceux qui étaient peu ou mal assurés. On était à la limite de la légalité mais c'était dans un esprit de solidarité et d'entraide, de lutte pour la vie, qui faisait oublier le reste.


Chalet-.jpgLa maison des parents d'Eric à Chamonix où il a grandi et d'où il a fait cette interview téléphonique pour Les Toiles Roses et Handigay.com.

 

Même si tu refuses d’être catalogué, tu te qualifies comme gay : as-tu ressenti une solidarité, un soutien particulier de la part d'autres gays ou cette orientation est-elle un simple détail sans importance dans les milieux où tu évolues ?

Je n'ai jamais vraiment évolué dans le milieu gay. Je n'aime pas les ghettos et ma sexualité n'est qu'un élément de ma personnalité, tout comme quand je suis en France, je ne me revendique pas en priorité comme Français, c'est beaucoup plus complexe et beaucoup plus riche. Je n'ai jamais eu de problèmes d'identité : je parle de ma vie, de mon copain avec naturel et sincérité, c'est tout. Je n'essaie ni de choquer ni de me cacher : que ce soit avec un chauffeur de taxi ou un client, je suis naturel sur tout. J'ai beaucoup d'amis hétéros, gays, et c'est marrant, en France c'est parmi les lesbiennes que j'ai le plus d'amies. 

Je n'ai jamais recherché la solidarité d'un groupe de personnes : lorsque je suis parti aux États-Unis à 18 ans, je n'ai pas cherché la solidarité des Français, ni celle des gays, ce sont les êtres humains qui m'attirent, quels que soient leur âge, leur religion, leur race, leur sexualité. C'est la qualité de la personne qui m'intéresse.

 

Quel est ton sentiment au moment où tant de scandales de pédophilie apparaissent dans l'Eglise catholique, toi qui a été la victime d'un prêtre pédophile ?

J'ai ma propre idée qui m'a beaucoup aidé à dépasser tout ça. D'abord je ne pense pas qu'il s'agisse de véritable pédophilie. Pour moi les prêtres sont des gens qui ont arrêté de grandir dans leur sexualité à un très jeune âge, quand ils ont décidé d'entrer au séminaire, surtout que dans ces générations-là, ils avaient 12, 13 ou 14 ans. Donc à cet âge-là leur sexualité s'est arrêtée et dans leur tête, pour eux aujourd'hui, ils ont toujours cet âge-là et donc recherchent des rapports avec des personnes qui ont le même âge qu'eux dans leur tête : c'est pour cela que je ne les considère pas comme de vrais pédophiles. J'en veux plus à l'Eglise, en tant qu'institution, qu'aux personnes. Le système est archaïque et pousse à ce genre d'abus. En résumé, l'Eglise catholique a le devoir de laisser les prêtres avoir une vie sexuelle, sinon cela va continuer. On ne peut priver un être humain de sa sexualité, cela fait partie intégrante de la vie, de l'évolution de la personne…


Chalet-front.jpg

Voir légende ci-dessus.

 

Ton histoire d'amour avec Ian est, en tous points, exceptionnelle. Sans en dévoiler les détails, elle fera, dans ses aspects positifs rêver plus d'un célibataire... puis se révolter tous tes lecteurs. De cette communion qui t'a sauvé la vie, de cet homme qui t'a autorisé à évoquer ses pires aspects et à publier sa photo, tires-tu encore des leçons lorsque tu fais une nouvelle rencontre sentimentale ?

Complètement. Ian c'était… c'est l'amour de ma vie. Il est d'ailleurs de retour dans ma vie aujourd'hui. Nous sommes souvent en relation au moment où il sort d'un centre de soins. Nous parlons très souvent et c'est quelqu'un que j'adore et que j'aimerai toujours d'une manière incroyable. Je ne veux pas dire que je voudrais retourner vivre avec lui mais que c'est un être merveilleux qui place la barre très haut dans mes relations sentimentales aujourd'hui. J'ai beaucoup de mal à être satisfait après ce que j'ai vécu avec Ian. Je sais qu'il est vain de comparer mais quand tu as connu le vrai amour, quand quelqu'un te prend dans ses bras quand il sait que tu es en train de mourir, qui ne m'a jamais laissé dormir une nuit seul dans un hôpital... tu vois, ces moments horribles, les plus durs de ma vie, ont été grâce à lui… merveilleux. Je peux dire que je sais au moins une chose : avoir été aimé !

 

Tu étais venu en France pour une émission de télévision qui n'a pas été lancée : as-tu la possibilité et le souhait de nous en dire plus à ce sujet ?

Je suis arrivé à Paris, la grosse maison de production Endemol m'a proposé un contrat d'un an et demi où ils m'achetaient, ils me contrôlaient et moi j'ai refusé le marché. Je ne veux donner mon contrôle à personne. Ils voulaient refaire l'émission que j'avais déjà tournée aux États-Unis parce qu'elle avait très bien marché et je n'aime pas refaire deux fois la même chose, donc j'ai refusé. Je veux évoluer, mettre la barre plus haut et je refuse que l'on contrôle ma vie.

Je suis allé voir mon amie Sarah Lelouch, la fille de Claude Lelouch, et je fais des projets avec elle ; avec Cendrine Dominguez également, avec des gens qui sont plus motivés par la production de programmes intéressants plutôt que de gagner du fric avec des trucs déjà vus. Ce qui me passionne là-dedans c'est d'évoluer, pas de faire de l'argent ou de devenir une star.


Crescent-Front-Ext-After.JPGLa maison actuelle d'Eric à Los Angeles.

 

Combien de temps comptes-tu rester en France et quels sont tes projets immédiats ?

Je voudrais faire évoluer les mentalités sur le sida. Il y a tellement de choses que les gens ne savent pas, ne comprennent pas, qu'on leur cache. Je suis en contact avec Michel Cymes pour faire une émission là-dessus. Je lui disais l'autre jour : « Il y a trop de tabous autour du sida  : dans un dîner  mondain tu peux entendre des gens parler de leur cancer ou de leur chimio, tu n'entendras jamais personne parler de son sida ou de sa trithérapie et c'est stupide ». J'aimerais que les gens puissent parler aussi librement d'un sida que d'un cancer ou d'une sclérose en plaques. Par exemple, je n'ai plus de charge virale détectable et je suis plus safe qu'un séronégatif ; si je dis à mon partenaire ce que j'ai eu, il va flipper. Donc je voudrais expliquer ce que signifie être séropositif, les risques que cela a pu représenter, ceux que cela ne présente plus, des choses dont on parle trop peu et pas assez précisément. Si j'ai pu recevoir une greffe du rein, c'est bien que le virus du sida est inactif depuis des années. En comparaison avec les États-Unis, je trouve que les gays français ont des lacunes énormes. C'est très dur quand un mec me demande s'il risque d'attraper le sida en m'embrassant...

Je veux donc informer de façon très décontractée, faire passer un maximum d'informations avec de l'humour, sans jouer au prof de médecine ni à Monsieur Jesaistout.

L'un des mes autres projets serait de faire un truc à la Michael Moore contre les laboratoires pharmaceutiques qui bloquent certaines recherches pour continuer à s'enrichir avec les médicaments antirétroviraux. Une compagnie a trouvé un modèle de vaccin contre le sida qu'elle a testé avec de bons résultats en Thaïlande et elle a été rachetée par une société américaine qui a bloqué cette recherche pour que ce vaccin-là ne progresse pas. À un degré différent, quand je travaillais dans la pub, nous avions trouvé un produit absolument génial pour le parfum et nous avons été rachetés par une plus grosse société qui a tout bloqué pour pouvoir continuer avec leur système moins performant mais plus lucratif pour eux. Dans le cas des traitements du sida, ce sont des milliards de dollars qu'un vaccin mettrait en danger...

C'est peut-être un combat vain, sûrement inégal, mais si personne ne le tente on n'aura jamais de vaccin parce que le statu quo enrichit trop de monde. C'est une énorme bête noire à laquelle j'aimerais m'attaquer !!!

En faisant du design alors que j'étais aveugle, j'ai voulu prouver que tout est possible et je ne vais pas m'arrêter là. C'est la peur, les préjugés, c'est nous-même qui nous limitons dans la vie alors que si l'on écarte la peur, si l'on se lance, ça marche ou ça ne marche pas mais au moins on aura essayé.

J'aime la vie : quand on t'a dit à 22 ans que tu allais crever, tu vois la vie différemment, tu prends chaque jour comme si c'était le dernier, donc tu ne vas pas passer le dernier jour de ta vie à te morfondre !

L'inconvénient est que lorsque je rencontre un mec, il a peur de ce que j'ai fait avant et fait un complexe d'infériorité. Il faut donc que j'explique que c'est le présent et le futur d'une relation avec lui qui m'intéresse, pas le passé... et je voudrais que l'on me juge pour ce que je suis et non pas par ce que j'ai fait. C'est la raison pour laquelle je me présente souvent comme « Eric B » sans donner mon nom de famille, sinon les gens filent sur Google et me voient différemment et je peux dire que cela devient un vrai handicap !!!


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Devlin-Front-Door.jpgLa maison que j'avais créée pour moi après ma rupture avec Ian et où habite aujourd'hui Penelope Cruz.

 

Au nom des lectrices et lecteurs de Les Toiles Roses et de Handigay.com, en mon nom et en celui de mon rédac'chef vénéré Daniel : mille mercis, Eric.

 

 

Toutes les photos reproduites ici sont © Eric B. et publiées avec son autorisation.

Les légendes des photos ont été rédigées par Eric.

Un grand merci à Kelly Murphy, l’assistante d’Eric, pour nous les avoir envoyées depuis les USA.

Tous droits réservés.

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Note de Daniel C. Hall : Si les éditeurs ou les auteurs (auto-édités ou non) souhaitent envoyer un service de presse à Gérard en vue d’une critique sur ce blog, merci de prendre contact avec le chef Daniel C. Hall qui vous communiquera ses coordonnées : lestoilesroses@hotmail.fr.


TO BE CONTINUED…

Par Gérard Coudougnan - Publié dans : LA BIBLIOTHEQUE ROSE
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Mercredi 26 mai 3 26 /05 /Mai 11:36

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« Kiss-in : le comble du ridicule

Les rassemblements kiss-in ? Pour moi, c’est le comble du ridicule et de la bêtise. Ces lesbiennes et ces homosexuels croient en s’exhibant sur la place publique choquer les « bourgeois » ou les « bien-pensants ». Même pas ! On les prend pour ce qu’ils sont (…) Qu’ils vivent comme ils l’entendent, mais ce qu’on peut leur reprocher, ce sont ces provocations qui engendrent la colère, le dégoût même, des gens dits normaux. Mais qu’ils ne s’indignent pas si, comme dit l’un deux, « les actes homophobes sont en progression ». Une lectrice du journal [courageusement anonyme*] dans la rubrique de Forum de l’Est Républicain [journal qui ne publie qu’uniquement des témoignages homophobes et certains anonymes, bonjour la déontologie !*], 26/05/2010, suite au premier kiss-in nancéien du 19/05/2010.

 

* Notes de Daniel Conrad Hall. Je préfère ne pas rajouter de commentaire car je risque d’être grossier. Bravo L’Est Républicain !


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Par Daniel C. Hall - Publié dans : MOTS : Citations philes et phobes
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Mardi 25 mai 2 25 /05 /Mai 10:50

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« Nancy : les baisers de la honte !

Au Front National, il n’y a pas de « politique de la braguette » et chacun peut vivre librement sa sexualité dans la sphère privée. En revanche, je m’insurge contre le prosélytisme de certaines associations homosexuelles qui ont organisé le 19 mai 2010, le premier « kiss-in » nancéien avec le soutien de la mairie UMP. En effet une cinquantaine de gays et de lesbiennes se sont rassemblés sur la place Stanislas en faisant montre d’un exhibitionnisme provocateur, en s’enlaçant passionnément et en s’embrassant ostensiblement au vu des passants sur un espace public. » Jean-Luc Manoury, conseiller régional Front National de Lorraine, dans la rubrique Forum de l’Est Républicain, le 22 mai 2010.

[Note de Daniel Conrad Hall : J’y étais ! Et j’ai effectivement honte de ne pas avoir mis la langue dans la bouche de mon partenaire, un ami pas mon chéri !]

 

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Par Daniel C. Hall - Publié dans : MOTS : Citations philes et phobes
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Mardi 25 mai 2 25 /05 /Mai 10:14

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Par Bénédicte Dru - Publié dans : VISUELS : Les affiches et pubs roses
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Lundi 24 mai 1 24 /05 /Mai 17:54

 


(6.07)


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PREVIOUSLY ON ZANZI AND THE CITY : cliquer ici.

 

Il y a des moments dans la vie où l'on n'a plus rien à dire, non qu'il ne se passe rien, mais les choses qui se produisent se passent de commentaire sur le moment. Quand la douleur est trop chaude, il faut au moins attendre qu'elle tiédisse pour avoir le cran de la laisser parler.

Cela s'est passé début avril, c'était le weekend de Pâques. C'était la fin de l'hiver et le retour du printemps et des beaux jours, comme une espérance qui renaît après un long, très long sommeil. Il se prénomme Patrick, c'est un artiste et il peint des tableaux. Chez lui, artiste rime avec altruiste. Il aime rendre ses œuvres accessibles au plus grand nombre. C'est pourquoi il travaille pour un Dépanneur villageois afin de pouvoir vivre décemment. Il m'a plu, je lui ai plu : alors je suis allé passer le long weekend pascal chez lui, dans le sud de la Gaspésie.

Je suis donc parti le Vendredi Saint, et la journée s'est déroulée à la façon d'un épisode de la Quatrième Dimension, plaçant sur mon parcours des rappels de ma vie d'autrefois : l'église de Dalhousie et l'ensemble choral portant les noms des deux paroisses de mon enfance ; un restaurant à la frontière entre le Nouveau-Brunswick et le Québec portant le prénom de ma mère ; et pour terminer, retrouver chez mon hôte la jumelle exacte d'une reproduction du clown triste de Bernard Buffet. C'était bien trop de signes pour une seule journée et je ne savais exactement de quelle façon il convenait que je les interprétât. La seule chose que je savais, c'est que lorsque Patrick et moi nous sommes embrassés pour la première fois, en cette fin d'après-midi, l'aiguille de mon baromètre amoureux s'est mise à grimper pour indiquer la position « beau temps ». Là était le seul signe qui m'importait.

J'ai vécu quatre jours et quatre nuits comme un rêve, hors de mon temps et de ma routine habituels. Dans une cabane nichée dans les Appalaches, avec Patrick et ses trois chats, comme un défi à mon allergie aux félidés, j'ai touché du doigt le bonheur. Il y avait de la passion et de la tendresse au quotidien, à tout moment. Nous semblions ne jamais être rassasiés de nos baisers. Je m'imaginais déjà rester au Canada et couler des jours heureux avec lui dans la tranquillité bienfaisante de la nature environnante. Nous avons fait l'amour et j'ai exprimé des sentiments le plus naturellement du monde. Peut-être que je n'aurais pas dû...

Il a pris peur, trouvant que j'allais trop vite en besogne. Je ne l'ai pourtant pas demandé en mariage. Venant de quelqu'un qui a l'audace de m'accueillir quatre jours chez lui, c'est plutôt curieux de me reprocher d'aller vite. À quel moment les feux de détresse se sont-ils mis à clignoter ? Je ne saurais le dire. De retour à Moncton, il a fallu que je me rende à l'évidence : ce que je croyais être le miracle tant attendu n'était qu'un mirage de plus. Quelques explications plus loin, et voici ce qui ne va pas : mon sens de l'humour tendance ironique (qui est de l'auto-défense), et mes petites corrections sur la langue française quand elle est un peu malmenée à l'écrit : défaut d'un littéraire épris de sa langue maternelle mais qui ne pense pas à mal. Enfin, la cerise sur le gâteau : serais-je trop intelligent ? Il a fini par m'écrire qu'à côté de moi il aurait l'impression de passer pour mon « idiot d'accompagnement ». Quand je lis cela, j'envie les imbéciles heureux. Connaissent-ils seulement leur chance ?

Cela fait mal. Être rejeté pour des détails et des malentendus. « Ayez des élans ! » me disait Vincy en 2005. Tu vois, j'en ai eu, et pas qu'un peu. J'ai osé parcourir 750 kilomètres aller-retour, et ne le regrette pas. Mais on dirait que je n'ai vécu qu'un beau rêve au lieu d'une belle réalité, et cela ne me donne pas envie de recommencer. Il paraît que l'amour, c'est se donner complètement, sans rien attendre en retour. Je le crois volontiers, j'ai voulu tout donner, mais quand on n'est pas payé de retour, ne serait-ce qu'à moitié, c'est juste impossible. L'amour a besoin d'encouragement comme une plante a besoin d'eau pour fleurir et s'épanouir. Depuis mon retour à Moncton, je n'ai pas reçu le moindre encouragement susceptible de me donner l'espoir que ces quatre jours n'étaient pas vains.

Alors le scénario habituel a repris son cours, ramenant dans son sillage les mêmes névroses, les mêmes troubles psychosomatiques, et le spleen MacBealien. Le plus clair du temps, mon visage se peint des couleurs de la tristesse, de la lassitude et de la désespérance que me donne cette éternelle solitude dont je ne parviens pas à briser les chaînes. Il est comme le clown triste de Buffet, que j'avais retrouvé chez Patrick, longtemps après qu'il ait disparu de mon quotidien. Lorsque j'étais enfant, ce clown me faisait peur. Aujourd'hui, je l'incarne. Je suis un blagueur, mordant et moqueur, qui cache difficilement la mélancolie qui le ronge. Alors on me dit pessimiste et déprimant. Je diffuse de mauvaises ondes et deviens un repoussoir. Ne serait-il pas temps de me remiser, moi aussi, au fond d'un grenier rempli d'objets dont on ne veut plus ?

 

 

TO BE CONTINUED...

16 mai 2010

Par Zanzi - Publié dans : HUMEUR : Zanzi and the City
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Dimanche 23 mai 7 23 /05 /Mai 12:00
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Gay comme mon nom ne l'indique pas, et juif comme mon nom ne l'indique pas non plus, je suis tombé tout petit dans une marmite de BD (BD, pas PD !). Depuis, j'ai noirci des milliers de pages de personnages plus ou moins étranges. Depuis cinq ans, je suis chroniqueur du site Unificationfrance.com auquel je livre chaque semaine un dessin. Concerné par la cause LGBT, c'est avec plaisir que j'ai rejoint l'équipe de Les Toiles Roses, blog auquel je participerai avec mes « p’tits miquets ».

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Hommage à Ron Hubbard et à la Scientologie : Terre, champ de cochonaille... (1)

 

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Ainsi parlait Zarozenbergheustra (7)...


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Même si vous êtes con, sortez couvert !

sida.jpg La Menace (pas) fantôme (du tout du tout !) – 3

Voir toutes les rencontres

TO BE CONTINUED...
Par Hugo Rozenberg - Publié dans : DESSINS : Rencontres de tous les types
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Samedi 22 mai 6 22 /05 /Mai 11:55
  
Visuel : (c) GayClic

Qu'est-ce que Mason et ses foulards réservent à nos deux tourtereaux ?
[ATWT appartient à TeleNext Media et CBS]




Par Jag1366 - Publié dans : SERIE : AS THE WORLD TURNS (AINSI VA LE MONDE)
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Samedi 22 mai 6 22 /05 /Mai 11:52

http://4.bp.blogspot.com/_SNWhINHHc3Q/SqBFx2GWzEI/AAAAAAAABC4/ex5p-8SlUSY/s400/LOGOPYSCAP.jpg


Les vidéos sont (c)
Univers-L.com
Les vidéos présentes et futures sont diffusées avec l'autorisation de
Isabelle B. Price et son équipe.
Par Isabelle B. Price - Publié dans : SERIE : LOS HOMBRES DE PACO
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Vendredi 21 mai 5 21 /05 /Mai 10:37
Par Daniel C. Hall - Publié dans : VIDEOS : Lutte contre l'homophobie
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Jeudi 20 mai 4 20 /05 /Mai 11:38


 

Le Père Docu s'appelle Gérard Coudougnan, il est né en 1962 et a pour qualification « enseignant-documentaliste », vous savez la dame qui râle au C.D.I. (centre de documentation et d'information) : c'est lui. Pour des raisons indépendantes de sa volonté, il est en ce moment éloigné de son lieu de travail habituel mais a toujours un C.D.I. (contrat à durée indéterminée) avec les bouquins pour qui il a une vraie A.L.D. (affection de longue durée).

Au hasard de ses lectures, il a croisé Marc-Jean Filaire puis Môssieur Daniel C. Hall (« The Boss ») qui lui a proposé de regrouper ici quelques « recensions » d'ouvrages à thématique LGBT.

Toute remarque, toute suggestion sera la bienvenue. Les avis, sous forme de commentaires, pour échanger des points de vue encore plus !

La bibliothèque rose est ouverte… vous avez lu Le Club des Cinq d'Enid Blyton ? Claude, le « garçon manqué » est peut-être alors votre première rencontre avec une petite lesbienne ou une future transgenre ? Ah bon, vous n'avez pas connu les Bibliothèques Rose et Verte ? Qu'importe, entrez (couverts !) ici et faites ce que vous voulez entre les rayons, ne soyez pas sages ...

 

en collaboration avec  homo6 &

univers-l.png 

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Camellia rose, Cy Jung, Éditions Gaies et Lesbiennes, 2009,

127 p. 12,5 x 19 cm ‒ 5 €

 

Drôles de dames ... au camellia (ou Drôles de dames sans Farrah Fawcett qui nous manque tellement).

Marcelline Berthold, avec un h et un d, organise son pot de retraite. Cette institutrice a des projets de voyages et de loisirs divers avec la femme de sa vie, Laure Boitillart, avec un t... On entre dans une histoire qui prend immédiatement un tour très érotique avant de suivre nos deux héroïnes sur les pistes marocaines où tout va basculer cruellement, des roses des sables aux camellias roses. La collection s'intitule « Le bonheur est à tout le monde » et ce bonheur-là, nous sommes nombreux sur le site Handigay.com à en connaître le prix, les enjeux, les obstacles. Marcelline poursuit ses aventures dans un centre de rééducation de la MHHR (Mutuelle Historique des Hussards de la République : ça M'GENe pas de reconnaître une autre mutuelle !) où chagrin, désespoir, humour et esprit de combativité vont devoir mener un combat mis en musique par un merle mystérieux.

Cy Jung n'est pas une étrangère au monde du handicap : lauréate du prix d'honneur du roman lesbien 2008 pour l'ensemble de son œuvre, cette jeune non-voyante porte ici un regard vif et sans concessions sur le monde du handicap moteur. Avec des moments plus que sensuels et d'autres sans pitié, elle dissèque au scalpel les relations humaines dans des univers trop cloisonnés : l''école, l'hôpital, le CRF. Son style si personnel cisèle un univers familier que ce livre permet d'exposer à ceux qui ne l'ont pas vécu.

Un beau récit d'espoir et de lucidité sans aucun tabou ni prosélytisme, un miroir au tain frais de nos vies rapporté avec humour et tendresse... à s'offrir et/ou à apporter (moins cher qu'un paquet de cigarettes !!!) à nos copines de rééducation. À savourer sur la plage, entre deux séances de balnéothérapie ou.... à l'heure de la sieste crapuleuse !

 

En savoir plus :

Le site de l'auteur

Le site de l'éditeur

Cy Jung et le handicap visuel

Cy Jung lauréate du prix Louis Braille « Dire le non visuel »

Extrait de la nouvelle.


cy1


INTERVIEW DE CY JUNG

par Gérard Coudougnan

 

Cy Jung a pris l'initiative d'un contact avec HANDIGAY. Nous avons lu et commenté avec un immense plaisir son dernier roman Camellia rose, qui nous a donné envie d'aller plus loin avec cette auteure. Notre dialogue fut un moment riche en échanges que nous offrons aujourd'hui aux lecteurs de Handigay.com et Les Toiles Roses.

 

Les Toiles Roses : Les mondes des différents handicaps sont assez cloisonnés : en voyant que tu avais remporté un prix « Louis Braille », j'en ai bêtement conclu que tu étais non-voyante alors que tu es amblyope. Ta description de l'univers du handicap moteur est à la fois fine et sensible : comment as-tu effectué ton travail de documentation ?

Cy Jung : Les amblyopes et les malvoyants ont souvent ceci de particulier que leur handicap n'est pas visible aux autres. C'est particulièrement le cas des albinos, dont je suis, tant la spécificité de notre déficience visuelle (inférieure à 1/10 en général avec d'autres troubles associés) nous permet d'être très autonomes, surtout si l'on nous en a donné les moyens dès notre plus jeune âge. J'ai ainsi échappé aux écoles pour aveugles et amblyopes, où j'aurais certainement appris le braille alors que je n'en ai nul besoin.

Mais cette invisibilité de ma déficience visuelle ne m'extrait pas du handicap car mon autonomie n'est pas un donné, mais un construit de chaque instant. Je connais donc le prix et la valeur du dépassement de soi, cette sorte de volonté si particulière de celles et ceux qui savent que leur humanité ne peut s'absoudre de l'invalidité, qu'elle s'y confond et qu'elle peut se transformer en force qui peut aller jusqu'à un étrange sentiment de toute-puissance là où les valides ne verraient qu'infirmité et faiblesse.

Dans ce contexte, si le monde du handicap est institutionnellement cloisonné, je crois qu'il existe une identité entre les personnes handicapées. Je l'ai découvert en résidence universitaire, quand j'avais 18 ans. C'était la première fois que je rencontrais des personnes en fauteuil. Et j'ai senti que nous avions quelque chose en commun, un certain regard posé sur les valides, à coup sûr, mais au-delà, un rapport au corps, un certain type de volonté, une bonne quantité de peurs et de colère aussi, tant de choses qui font que notre rapport au monde est différent.

C'est, je crois, ce qui peut nous unir autour de Camellia rose pour lequel je n'ai pas senti le besoin de me documenter. J'ai eu quelques occasions de rendre visite à des amis ou de la famille dans des maisons médicalisées et des centres de rééducation. Si l'on ajoute à cela que mon univers comprend des personnes handicapées physiques, d'autres malades ou âgées, le handicap moteur m'est familier.

 

Il m'arrive de bondir quand je lis sous la plume de handicapés, que le fait d'être homosexuel(le) leur confère un « double handicap » : comment réagis-tu à ce genre de propos ? Peux-tu parler de cette identité à plusieurs facettes ?

J'ai mis longtemps à l'admettre (il m'a fallu écrire un livre pour cela) mais le handicap est un caractère de mon identité, au même titre que femme, fille de…, protestante, ou… homosexuelle. Je suis née amblyope ; j'ai donc eu tout le loisir de m'habituer à la chose et surtout, je n'ai pas connu d'autre condition visuelle. Quand j'ai pris conscience de mon homosexualité, j'avais 28 ans… Elle est venue sans souci et sans débat intérieur s'ajouter aux autres éléments constitutifs de mon identité. Mon homosexualité n'a ainsi jamais été un handicap, au moins dans la perception que j'en ai, et, quand j'ai enfin admis que ma déficience visuelle pouvait en être un, ce fut pour aussitôt transformer le handicap en une chance.

Mais cela n'enlève rien au fait que ce n'est pas facile d'être homosexuel, pas plus que cela ne l'est d'être handicapé, même si l'on est fier et que l'on a la niaque ! Un des soucis majeurs, il me semble, est que les valides n'imaginent pas que les personnes handicapées, notamment celles en fauteuil, puissent avoir une sexualité. Alors, une homosexualité… !

 

As-tu dans ta culture cinématographique des films qui te sont particulièrement chers et importants dans la construction de ton identité ?

De mon identité d'amblyope, aucun. De mon identité homosexuelle… Go Fish (1)

 

Même question côté littérature.

Même réponse, en remplaçant Go Fish par… Aucun livre en particulier. J'ai eu ma période de lecture frénétique de livres à contenu LGBT, toutes époques confondues. C'est leur somme qui fait ma culture homosexuelle avec juste un essai phare (Fahr !) : Le Désir homosexuel (2) de Guy Hocquenghem. Cela me fait penser que j'avais été fascinée par L'Amour en relief (3).Il y a donc bien un livre qui a marqué mon identité d'amblyope. Cela me fait plaisir de l'avoir retrouvé.

 

Merci d'avoir pris l'initiative de ce contact avec Handigay : as-tu des remarques ou des suggestions à nous faire pour rendre notre travail plus utile et plus intéressant ? Notre système d'agrandissement des caractères est-il utile ?

Les malvoyants et les aveugles disposent aujourd'hui d'outils très performants pour lire à partir d'un ordinateur. Des règles existent pour l'accessibilité des sites ; j'avoue ne pas les connaître et ne pas les avoir pas respectées sur le mien, considérant qu'il comporte essentiellement du texte, ce qui demeure le plus facile à lire.

Handigay.com m'a l'air par contre de les respecter. Cette fonction est rare, je ne la cherche donc pas et utilise d'emblée mes propres outils. Mais je viens de le tester, il est bien ! Merci.

Quant aux activités de Handigay, je les crois absolument essentielles. Si les personnes handicapées doivent toujours faire l'effort d'aller à la rencontre des valides, il est de fait important d'avoir des endroits où l'on se sent bien, chez soi, où l'on n'a pas besoin de justifier de ceci ou cela. Tout ce qui rendra par ailleurs le handicap visible ne peut qu'améliorer notre situation à tous. Alors bravo à celles et ceux qui y contribuent ; vous avez tout mon soutien.

 

Nous sommes sensibles à tes encouragements ! Souhaites-tu nous parler de tes projets actuels ?

Je vais continuer ma série des roses : je crois important de proposer une littérature sentimentale à totale implication homosexuelle. En parallèle, je travaille à d'autres textes et à l'enrichissement de mon site.

 

Merci de ta disponibilité et permets nous d'offrir à nos lecteurs une visite guidée de ce site !

 

Biographie wikipedia,

Interview vidéo de Cy Jung sur Gaypodcast.

 

(1) Go Fish

(2) Une nouvelle édition de ce classique de la littérature gay paru en 1972 est disponible : Guy Hocqenghem et René Sherer (préface), Le Désir homosexuel, Fayard, 2000, 180 p.

(3) Guy Hocquenghem, L'Amour en relief, Albin Michel, 1982, 280 p. (édition de poche au Livre de Poche, 1992, 371 p.).


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BONUS :

INTERVIEW DE CY JUNG

par Isabelle B. Price, rédactrice en chef de  Univers-L.

 

Vous êtes licenciée en Droit public et titulaire d'un diplôme de 3e cycle de L’institut d'Études politiques de Paris. Comment en êtes-vous arrivée à écrire votre premier roman Once Upon A Poulette ?

Once Upon A Poulette n’est pas mon premier roman. Avant lui, j’avais écrit L’homme à la crotte gelée, un texte tout à fait impubliable et qui n’est d’ailleurs pas publié. Après ce premier roman où l’écriture prenait le pas sur le récit, j’ai eu envie d’écrire une histoire d’amour entre filles, parce qu’à l’époque, il n’y en avait pas beaucoup de disponible.

 

Aujourd’hui vivez-vous de vos écrits ?

En dix ans, j’ai publié dix livres et cinq nouvelles qui m’ont été payés 12 000 euros bruts (pour vingt-cinq mille volumes vendus, tous titres confondus) ; je vous laisse faire le compte.

Selon les livres, je suis payée entre 2 % et 10 % du prix hors taxe du livre. Le « tarif syndical » est de 10 % mais, comme beaucoup d’auteurs, j’ai péché par crainte de ne pas être publiée lors de mes premières publications et ai signé des contrats fort peu respectueux du travail de l’auteur. Aujourd’hui, je suis payée normalement et invite les jeunes auteurs à ne pas faire la même erreur que moi.


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Comment vous organisez-vous pour écrire ? Vous avez des horaires réglés ou vous préférez suivre le cours de vos pensées ?

J’écris tous les matins (sauf le dimanche) de 9 heures à 13 ou 14 heures. Je m’assois à mon bureau. J’ai un programme précis et je le respecte. Si je travaille de nouveau l’après-midi, c’est pour m’occuper de la promotion, de la recherche de documents ou d’information, de mon site, etc.

 

Vos romans se déroulent tous en France et à Paris ou en Provence. Jamais eu envie de créer des héroïnes vivant dans d’autres pays ?

J’ai peu voyagé. Je ne connais donc bien que Paris et j’aime que mes récits soient plausibles en temps et en lieu. Je tiens également beaucoup à leur ancrage culturel ; j’aime les clins d’œil à l’histoire, à la politique, à l’actualité. J’aurais vraiment l’impression de me fourvoyer si je devais situer un récit ailleurs que dans mon univers culturel et géographique.

 

En 1998, votre premier roman Once Upon A Poulette était également la première publication des Éditions KTM. Quel était votre objectif à l’époque ? Poursuivez-vous toujours le même ?

Avec ce roman, je souhaitais proposer une belle histoire d’amour entre filles avec un peu de sexe dedans. Je suis toujours dans cette logique, notamment avec ma série des « roses » (Carton Rose, Bulletin Rose et Diadème Rose) même si avec Cul Nu, Mathilde, je l’ai rencontrée dans un train, et Un roman d’amour, enfin, mon travail se veut aussi axé sur la recherche en écriture.


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En dix ans trouvez-vous que les choses ont évolué en matière de littérature lesbienne en France ?

Je lis peu. Ce que je note essentiellement c’est que l’offre de récits a prodigieusement augmenté grâce au travail des maisons d’édition LGBT. J’en suis ravie. Les lesbiennes ont besoin de se faire une bibliothèque riche d’auteures très diverses.

 

Vous avez été la première véritable auteure à parler du désir et de la passion au féminin. En quoi était-ce important pour vous d’aborder ces sujets ?

L’oppression des femmes se traduit toujours par la servitude sexuelle et je note que leur « libération » se fait par la reconnaissance de la libre disposition de leur corps (contraception, avortement, pénalisation du viol notamment conjugal, etc.).

Être lesbienne, dans ce contexte, peut être considéré comme le stade ultime de la libre disposition de son corps et de l’autonomie sexuelle. Pourtant, les lesbiennes ont tendance à « camoufler » leur sexualité, s’accordant de l’image d’Épinal qui la réduit à quelques caresses et autres frottements de Tribades. C’est parce que cette image les protège. En se retirant de la « réalité sexuelle », elles espèrent être préservées de la violence des hommes qui sont ‒ en tant que genre ‒ toujours très rétifs à l’autonomie sexuelle des femmes.

Tout en ayant conscience de cela, je crois qu’à l’instar des femmes, les lesbiennes ne seront véritablement acceptées et respectées que par la revendication de cette autonomie sexuelle qui passe par la visibilité de leur sexualité. Voilà en tout cas le sens de mon engagement.

 

Dans votre roman, Un roman d’amour, enfin, il est beaucoup plus question d’amour, de réflexion et de tout ce que cela implique que de désir. Vous êtes passée à l’étape suivante. Ce livre marque-t-il un tournant dans votre manière d’écrire ?

Une étape, sans doute ; un tournant, l’avenir le dira. Je n’ai pas l’intention d’écrire toujours le même livre, même dans ma série des « roses » que je continue tout en préparant déjà un roman en écho à ce Roman d’Amour et à Mathilde, qui l’a précédé (et préparé).


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Vous donnez le sentiment de vous écarter des conventions, je pense notamment aux scènes d’amour que vous décrivez dans vos premiers romans, à Cul Nu et à la manière dont vous parlez du couple dans Un roman d’amour, enfin. Est-ce une manière de vous engager pour la différence ?

Je suis albinos et lesbienne ; il me semblerait fondamentalement incongru de vouloir être « comme tout le monde » ; ce serait à coup sûr source d’une véritable souffrance. Je ne cultive donc pas ma différence ; elle est mon identité, simplement, et je défends mon identité.

 

Pour votre dernier livre, était-ce difficile d’écrire un roman basé sur la réflexion où les questions se bousculent plutôt que d’imaginer des scènes d’amour diverses et variées ?

Les deux se valent. Ce n’est pas le même travail. Je revendique le fait qu’écrire est un métier : je dois donc être capable d’écrire tous les genres, tous les formats, tous les sujets. En dehors de ce que je publie, j’écris régulièrement des textes que je ne signe pas dans le cadre de mes activités associatives et militantes. À cette occasion, j’épouse le style de l’auteur présumé du texte. Écrire est une technique, ni plus, ni moins. La maîtriser implique que l’on sorte l’écriture du mythe du génie créateur. Je sais que je vais en choquer plus d’une ; tant pis, je milite aussi pour la désacralisation de l’écriture.

 

D’où est venue l’idée de changer ainsi constamment le prénom de l’être aimée dans Un roman d’amour, enfin ?

Dans Mathilde, je l’ai rencontrée dans en train, le prénom était unique pour des personnages multiples. Mon travail sur l’écriture m’a menée à vouloir tenter l’expérience de l’inverse. Cela a fonctionné et n’a en fait rien contrarié du récit. J’en suis encore un peu surprise, mais ravie.

 

Aujourd’hui vous êtes une auteure très visible et abordable, est-ce une manière pour vous de vous impliquer encore plus dans la visibilité homosexuelle ?

J’ai toujours souhaité être visible et abordable. Je ne conçois pas de vivre sans un engagement permanent. Le métier d’écrire va bien à cette volonté.


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Votre premier roman est sorti en 1998, aujourd’hui, 10 ans après, jugez-vous que le monde a beaucoup évolué en matière de visibilité et de représentation lesbienne que ce soit à la télévision, au cinéma, dans la littérature ?

La visibilité a beaucoup augmenté, en quantité. Cette « multiplication de l’offre » permet de multiplier les représentations donc de permettre à chacun de trouver plus facilement ce qu’elle cherche comme manière de se représenter, donc de vivre, sa propre homosexualité.

Je ne peux que me réjouir de tout cela parce qu’en fin de compte, le but est que chacune soit heureuse.

 

Des sujets que vous n’avez pas abordés et que vous rêvez de traiter dans un prochain livre ?

Il y en a des tonnes ! Pour l’instant, je travaille sur la vieillesse, la mort et le deuil au sens large du terme. Mais rassurez-vous, ce n’est pas forcément triste.

 

Vos parents et votre famille sont fiers que vous soyez écrivaine ? Comment ont-ils réagi à la sortie de votre premier livre ? Et de Tu vois ce que je veux dire. Vivre avec un handicap visuel qui touche un tout autre registre puisqu’il parle de votre albinisme ?

Oui, ma famille est fière et, depuis dix ans, elle a soutenu tous mes projets, tous mes écrits. Il en est de même de mon entourage. Mais je crois qu’elle serait aussi fière de moi si j’avais choisi n’importe quel autre métier. Ce qui l’importe avant tout, c’est que je réalise mes projets et construise ma vie en tendant vers le bonheur. Je m’y emploie tous les jours. Le moyen est secondaire.

 

Dernière question. Quels sont vos auteurs favoris ? Votre livre de chevet ?

À mon chevet, j’ai une radio.

J’ai beaucoup lu, plus jeune. Aujourd’hui, j’ai un peu de mal, mes yeux fatiguent vite. Alors je me concentre sur la presse. Mais si je ne devais garder qu’un livre, j’hésiterais entre La Légende des siècles de Hugo et Les Essais de Montaigne. Et si j’ai droit à un troisième, je prendrais la Bible. Je ne l’ai pas lue. J’aimerais en prendre le temps un jour. J’aime les livres qui interrogent notre humanité.

 

Interview réalisée par Isabelle B. Price en juillet 2008.

Première publication : Univers-L.

Reproduite avec l’autorisation d’Isabelle B. Price.


Note de Daniel C. Hall : Si les éditeurs ou les auteurs (auto-édités ou non) souhaitent envoyer un service de presse à Gérard en vue d’une critique sur ce blog, merci de prendre contact avec le chef Daniel C. Hall qui vous communiquera ses coordonnées :
lestoilesroses@hotmail.fr.


TO BE CONTINUED…

Par Gérard Coudougnan & Isabelle B. Price - Publié dans : LA BIBLIOTHEQUE ROSE
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Mercredi 19 mai 3 19 /05 /Mai 17:27
Par Daniel C. Hall - Publié dans : URGENT : Gays, militants et résistants !
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Mercredi 19 mai 3 19 /05 /Mai 11:32

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Interview de Benjamin Abt-Schiemann

  

par Pierre Lepori pour Hétérographe

 

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Vice-président de ProCoRé (Prostitution – Collectif – Réflexion : ONG suisse qui défend les intérêts des travailleuses et travailleurs du sexe) et prostitué depuis l’âge de 14 ans, Benjamin Abt-Schiemann allie une vaste expérience de lutte sur le terrain à un regard de grande profondeur sur les enjeux de la prostitution masculine et féminine dans le monde contemporain.

 

Vous avez connu et fréquenté Grisélidis Réal (1929-2005), écrivaine flamboyante et pionnière de la défense des droits des prostitué.e.s. Quel souvenir en gardez-vous et, surtout, quel est aujourd’hui son héritage : au-delà de l’immense qualité littéraire de ses écrits, peut-elle encore servir de boussole dans le militantisme contemporain ?

Grisélidis a été, pour moi, d’abord, une vielle dame qui promenait ses chiens aux Pâquis : on m’avait dit « c’est une prostituée, celle-là », et j’étais impressionné. Je me demandais comment les gens pouvaient le savoir, alors que moi je faisais tout pour le cacher : seulement plus tard, quand j’ai pu faire mon coming out de prostitué (ce qui m’a permis également de m’accepter en tant qu’homosexuel et d’arrêter la double vie), je suis entré en contact avec Aspasie et Grisélidis. J’étais un petit squatteur à la crête iroquoise et je n’avais rien à cirer des luttes pour que la prostitution soit reconnue en tant que travail. Mes revendications était anarchistes, sexuelles. Petit à petit j’ai découvert qu’il y avait une réelle dimension politique dans ces combats, que ça recoupait mes préoccupations. Avec les amis du squat gay et lesbien « chez Brigitte » de Genève, nous avons participé à une manif « étoile », en janvier 1995, où les cortèges des différents squats se rejoignaient sur la place Neuve : il y avait le ministre de justice et police Ramseyer qui voulait fermer des bars-squats sous prétexte, entre autres, de prostitution et nous arborions des pancartes qui clamaient « nous sommes prêts à faire des passes gratuites pour Ramseyer ». C’est la première fois où j’ai crié haut et fort mes droits de prostitué, en créant un lien entre engagement et prostitution. En même temps, je fréquentais l’Uni en lettres et un ami avait fait un travail sur les œuvres littéraires de Grisélidis Réal, que je commençais à fréquenter. Les pièces du puzzle s’assemblaient pour donner un dessin. Quant à savoir si ces prises de positions et ces combats ont encore de la valeur aujourd’hui, je crois que Grisélidis a surtout ouvert une brèche. Mais c’était une époque dans laquelle on avait encore des idées extrêmement figées sur les genres ; Grisélidis n’était certainement pas pionnière de la déconstruction du genre. Elle avait une vision assez binaire, mais cela était lié à sa manière de dire, de nommer les choses. Aujourd’hui on utiliserait d’autres expressions et d’autres arguments. C’était inhérent à son rôle de pionnière : elle ne pouvait se référer à aucune histoire terminologique ou littéraire de la prostitution, tout simplement parce que cela n’existait pas. Elle a tout fait elle-même, et elle avait un souci de radicaliser son discours et son approche. Si on est scientifique ou universitaire ‒ si on est politiquement correct ‒ on perd la provocation dont elle avait besoin alors pour être entendue. Mais aujourd’hui encore, n’importe quel prostitué qui serait à la fois écrivain et activiste ferait la même chose pour être provocateur.


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L’une des grandes résistances publiques à la lutte pour la reconnaissance des droits des prostitué.e.s se fonde sur le rôle de la femme : qu’elles viennent des féministes prohibitionnistes (qui prônent l’interdiction pure et simple, sans souci des dégâts collatéraux), ou d’une réflexion plus pertinente sur la domination masculine (le « continuum sexuo-économique » de l’anthropologue Paola Tabet), les critiques à l’encontre de la prostitution dénoncent le fait qu’elle confirme sinon renforce l’inégalité des genres. Est-ce que la prostitution masculine ‒ librement assumée, comme dans votre cas ‒ pourrait mettre en échec cette impasse théorique, ou sa situation minoritaire l’en empêche-t-elle ?

Tout d’abord, mon militantisme en tant que prostitué ne dépend pas du sexe du client ou de la cliente ni de la personne prostituée. Depuis 1992, en Suisse, tout individu ‒ peu importe son genre ou ses attirances ‒ a le droit de se prostituer ou de recourir à des services prostitutionnels. C’est une question de travail et quand on parle de travail, les droits sont syndicaux. C’est pour ceux-là que je me bats, finalement, pour des conditions de travail dignes de ce nom. Dans notre société, il n’y a pas de distinction de sexe au travail : chez les infirmiers et infirmières, le contingent masculin est également assez réduit, cela n’engendre certes pas des différences de perception ou de traitement. Ce serait stigmatisant pour les infirmières de dire qu’il s’agit d’un «travail de femmes». Dans la prostitution, par contre, même les études scientifiques ont de la difficulté à sortir d’une vision genrée : l’enquête Marché du sexe en Suisse, réalisée à l’Université de Genève par Géraldine Bugnon, Milena Chimienti et Laure Chiquet sur mandat de l’Office Fédéral de la Santé Publique se cantonne au genre grammatical féminin, comme si le marché s’y réduisait.

 

Serait-ce l’effet d’une certaine homophobie latente ? Non seulement l’image de la «pute» est féminine dans son histoire (du moins la plus connue), mais la méconnaissance sociale de l’homosexualité a empêché l’imaginaire d’intégrer d’autres paramètres : jusqu’à 1992, le Code Pénal Suisse interdisait tout simplement la prostitution masculine pour cause d’immoralité. Vous avez pourtant dit dans un entretien que les prostitués hommes vous paraissent moins lourdement stigmatisés que leurs collègues femmes…

C’est une stigmatisation différente. Historiquement, les homosexuels hommes ont souvent été marqués par une vision négative qui en faisait de facto des prostitués ou des clients : le mouvement homosexuel masculin s’est battu pendant des années pour dissocier les deux. Le prostitué homme n’était pas perçu comme un travailleur du sexe, il n’était pas plus «pervers» (ou différent) que tout autre homo. Alors que pour la femme, on a eu besoin de bien séparer la pute de la vertueuse, pour des raisons évidentes. Il n’y a donc pas une homophobie en plus, mais une homophobie structurale.

 

Ce qui est frappant, en lisant les rares livres de témoignages qui ont trait à la prostitution masculine (notamment I mignotti de Riccardo Reim, en Italie), c’est de découvrir dans ce milieu une présence assez prononcée de l’homophobie, spécialement de la part de prostitués qui méprisent leurs clients et se déclarent hétérosexuels. Avez-vous constaté ce phénomène, dans votre travail ?

C’est un problème aux implications profondes. La prostitution n’est pas un moyen facile de faire de l’argent, mais un moyen rapide. Et dans le besoin, on peut aller chercher l’argent là où il y en a, en l’occurrence chez les pédés. Je ne veux pas généraliser ni donner l’impression d’être moraliste, mais il faut prendre le temps de bien faire la part des choses. Un beau mec ‒ même homophobe ‒ bien masculin et un peu méprisant correspond à un idéal érotique homosexuel assez répandu (culturellement induit, bien évidemment : il s’agit de l’image parallèle, bien qu’inversée, de la femme soumise ou libérée qui attire certains hétéros chez les prostituées). Cet idéal introjecté est encore plus fort pour les clients qui n’ont pas encore réussi leur coming-out, qui ne veulent pas être mêlés aux autres homos, qui sont peut-être mariés et pères de famille (il s’agit quand même de la moitié de ma clientèle). Des clients qui vont essayer de trouver quelqu’un qui ne soit pas trop pédé selon leurs propres préjugés. Dans ce contexte, ni le client ni le tapin ne s’assument, ce qui augmente la vulnérabilité des deux. C’est un effet miroir qui crée une tension presque insoutenable et, en même temps, une dépendance. Cette situation émotionnelle très tendue mène à la violence et renforce l’homophobie. Dans la prostitution masculine homosexuelle, le lien le plus fort entre le prostitué et son client, c’est ce qu’ils ont très souvent en commun : la double vie. Et la double vie vise à ne surtout pas faire évoluer les choses.


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Double vie et silence, ce qui a été longtemps le lot de tout homosexuel.le occidental.e, avec des retombées sur le vécu individuel et sur la sociabilité qui ont encore de la peine à s’estomper. Ce qui explique peut-être aussi le manque assez frappant de livres consacrés à la prostitution masculine (homosexuelle), alors que sur la prostitution féminine (hétérosexuelle) nous trouvons aujourd’hui une large bibliographie et un débat nourri…

Au niveau français nous passons de Les Garçons de passe de Jean-Luc Hennig en 1978 à Doubles vies d’Hervé Latapie qui est sorti en novembre 2009 : aucune autre enquête n’a été publiée entre deux, ce qui est frappant dans une époque de revendication. À la même période, en Allemagne par exemple, vous trouvez une pléthore de publications en la matière. C’est vraiment un problème des Latins de ne pas avoir produit de la littérature spécialisée, et ce qui n’est pas dit dans l’espace public crée de l’exclusion, du déni violent.

 

Pourtant la prostitution est un lieu où certains injonctions sociales explosent ou essaient d’exploser, avec des zones d’ombre, violentes, et de nouvelles ouvertures : sentez-vous la confrontation des désirs et des règles travailler en profondeur dans votre activité prostitutionnelle ?

Ce que je constate ‒ mais je ne peux m’exprimer qu’à partir de mon expérience personnelle ‒ après des années d’activité, c’est que mes clients, dans leur grande majorité, ne m’ont jamais vu comme simple objet sexuel. Ils m’ont certes idéalisé, pour la liberté de vivre ma sexualité qu’ils n’arrivaient pas à se donner eux-mêmes, mais j’ai occupé bien d’autres rôles que celui de l’objet sexuel. Pour les uns je suis le remplaçant d’une relation d’amour, pour les autres j’incarne une liberté de dire ma sexualité. Pour beaucoup, je suis le seul interlocuteur pour parler sexualité, c’est presqu’un rôle thérapeutique, loin de la pute qu’on utilise et qu’on jette. Ces clients me donnent une vraie place dans leur vie sexuelle et sentimentale, par rapport à laquelle j’ai une responsabilité. Sans compter que dans la société contemporaine, le culte de la jeunesse et de la beauté crée des laissés-pour-compte de la sexualité (les gros, les moches, les vieux, les handicapés) qui viennent voir les prositué.e.s, un phénomène qui est encore plus visible dans les milieux homosexuels.

 

Depuis des dizaines d’années les prostitué.e.s s’organisent, revendiquent des droits et une visibilité publique longtemps niée au nom de la morale (souvent d’une double morale par ailleurs) : des organisations comme Aspasie en Suisse, Le Lucciole en Italie, ou même des groupes militants comme Les Putes en France structurent une présence publique des travailleurs et travailleuses du sexe qui empêche leur parole d’être confisquée par les savoirs étatiques (que ça soit la police ou l’université) ou les morales religieuses. Cela pose évidemment la question de la représentativité de cette prise de parole, qui est née en dépit de la stigmatisation : vous-même vous avez fait des études de lettres et de linguistique, vous avez donc une facilité à vous exprimer qui vous met au premier plan, dans les revendications, alors que d’autres prostitué.e.s ne peuvent ou ne veulent pas se manifester. Vous sentez-vous une légitimité dans les positions que vous exprimez au nom de la « masse silencieuse » ?

Regardons d’autres militantismes, l’homosexualité, notamment masculine. Ceux qui ont milité pour faire avancer les choses dans les années soixante-dix étaient souvent des folles, des personnalités excessives. Les mecs qui faisait bien mec se faufilaient sans donner une visibilité à l’homosexualité, et ils étaient peut-être les premiers à chier sur les folles et à se distancier de la Gay Pride par peur d’amalgames. Mais aujourd’hui ils peuvent se pacser. Grâce à qui ? Grâce aux folles et autres non conformistes qui se sont cassé le cul pour militer. Nous avons le même phénomène dans le cadre de la prostitution : ceux qui agissent en première personne ‒ en mettant en avant leur vécu et leur histoire ‒ et ceux qui ne s’y intéressent même pas. Cette disparité est compliquée par la présence de beaucoup d’étrangers dans la prostitution (comme tant d’autres travaux méprisés) ; un étranger qui vient travailler en Suisse en tant qu’indépendant ne peut rester que quatre-vingt-dix jours. Pendant cette période, il a tout intérêt à gagner le plus possible plutôt que de participer à des séances et des groupes de revendication. Le problème est l’accueil des étrangers, qui entraîne un manque de parole. Si ces personnes étaient plus intégrées en Suisse, si elles pouvaient tisser des liens sociaux, probablement elles réagiraient différemment.

 

Dans la «Charte» de ProCoRé, le collectif de réflexion et militantisme sur les droits des prostitué.e.s dont vous êtes le vice-président, vous insistez sur la « multiplicité des réalités que recouvre le marché du sexe », sur la promotion de la santé et de la solidarité, et sur la nécessité de « distinguer le travail du sexe exercé librement de celui exercé de manière forcée ». Mais dans des conditions fortement sujettes au marché, comment savoir où s’arrête cette liberté de choix ?

C’est le souci, justement, de ProCoRé de dire clairement que la prostitution est un travail, une profession qui peut être choisie. Et le reste ce n’est pas de la prostitution, c’est de l’exploitation. Les esclaves dans les champs de coton du sud des États-Unis au XIXe, on ne les appelait pas des agriculteurs. Les gens qui sont forcés de travailler dans la prostitution, ce sont des esclaves. Nous n’essayons pas de minimiser ce problème. Mais ce n’est pas parce que dans une profession il y a des abus, que cette profession doit être interdite, comme le pensent les abolitionnistes par rapport à la prostitution. Le citoyen-consommateur doit en être conscient, au lieu d’essayer d’éliminer le problème par des moyens trop simplistes qui ne marchent jamais. Regardons le marché du café : aujourd’hui, en Suisse, vous avez la possibilité d’acheter un produit avec le label Max Havelaar, qui vous garantit que les producteurs ne sont pas exploités (et c’est une exploitation qui porte une très grave atteinte aux droits humains les plus essentiels, même si nous avons tendance à l’oublier, car cela se passe loin de chez nous). Les clients des prostitué.e.s n’ont pas d’intérêt ‒ sinon bassement économique ‒ à avoir recours à des esclaves pour des services sexuels. Je ne veux pas non plus verser dans l’angélisme : je sais très bien que dans le monde actuel le bas-de-gamme (sans souci éthique, d’ailleurs) a largement sa place. Et cela pose des problèmes même dans les cas où la prostitution est entièrement décriminalisée (comme en Allemagne ou en Nouvelle Zélande). Car les travailleurs du sexe exploités ne sont pas en Chine, mais sous nos yeux, dans nos villes et nos quartiers. Alors que c’est difficile de se rappeler le travail des mineurs ou l’exploitation des masses travailleuses étrangères ‒ profondément ancrés dans le modèle économique mondialisé ‒ quand vous êtes dans un joli magasin de jouets fabriqués en Chine.

 

Mais le commerce ‒ qu’il soit éthique ou pas ‒ est régi par un cadre normatif assez solide (quoique pas toujours transparent ni respecté), alors que la prostitution a longtemps vécu dans une zone grise (et dans l’illégalité qui découle souvent de sa criminalisation dans plusieurs pays, y compris la France actuelle et bientôt l’Italie) qui ne garantit pas d’échapper à la spirale de l’exploitation…

Justement : la loi veut protéger des personnes susceptibles d’être exploitées, en rendant plus difficiles les conditions du travail prostitutionnel. On oublie trop souvent que les résultats d’une politique de prohibition et de l’abolitionnisme selon le modèle suédois sont abominables : cela mène à des violations des droits humains (pour un pays comme la Suède qui s’est toujours proclamé à l’avant-garde, notamment pour les droits des homosexuels et des femmes, cela est bien hypocrite). Et la criminalisation des clients mène au marché noir et à l’abandon de la prévention des maladies et des acquis de santé.


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En Suisse, par contre, la prostitution est légale depuis 1942 (la masculine, comme on l’a dit, depuis 1992), même si sa réglementation découle du code pénal (avec le choix pour chaque canton de promulguer une loi et des ordonnances). Est-ce que cela améliore vraiment le cadre de travail et la reconnaissance humaine des prostitué.e.s ?

En Suisse le Code Pénal interdit la prostitution forcée, mais laisse la liberté d’exercer ce métier en tant qu’indépendants. La loi française, au contraire, est totalement restrictive, notamment en interdisant d’une manière absolue le proxénétisme (ce qui revient à dire qu’un.e prostitué.e.s n’a pas le droit d’élever des enfants, car ils vivraient du revenu du père ou de la mère prostitué.e.s). En Suisse je constate moins de violence ‒ car il est possible de la dénoncer, alors que la mise hors la loi de la prostitution l’empêche ‒ et une reconnaissance de la dignité des travailleurs et travailleuses du sexe. Il y a pourtant un problème au niveau du code des obligations, qui parle encore d’immoralité par rapport à la prostitution. Ce qui fait que le contrat oral avec le client est valable mais difficilement défendable dans le cas d’un différend. Si un client ou une cliente ne veut pas payer, il est possible d’appeler la police, mais devant un juge nous avons du mal à faire valoir nos revendications financières.

 

Une hypothèse qui est souvent évoquée par les milieux réglementaristes par rapport à la difficile cohabitation entre prostitution et vie sociale est la réouverture des maisons closes (qui donnerait des garanties de santé publique et de respect des droits humains, tant aux clients qu’aux travailleurs et travailleurs du sexe). Mais ne s’agit-il pas encore une fois d’une mise à l’écart dans un ghetto, qui renforcerait la stigmatisation des personnes ?

Je suis clairement en faveur de la levée de l’interdiction française de ce qu’on appelle les maisons closes. En Suisse nous n’avons pas besoin de ce débat puisqu’ici, chaque travailleur ou travailleuse du sexe est libre dans ces choix et a la possibilité, selon les endroits, de trouver ses client-e-s dans la rue ou de les recevoir dans son salon de massage, de louer un espace publicitaire dans un quotidien, ou encore de mettre des annonces sur la toile. Nul est le besoin de dicter une seule forme de travail qui ne tiendrait pas compte de l’autodétermination de l’individu. Quant aux questions sanitaires, les chiffres récents de l’Office fédéral de la santé publique (OFSP) démontrent qu’en matière d’infections sexuellement transmissibles, les prostitué-e-s ne sont pas plus malade que la population générale. Et l’Aide suisse contre le SIDA (ASS) trouve que les personnes dans les métiers sexuels jouent un rôle important comme acteurs de prévention et d’éducation sexuelle. Où est donc le problème ? Les droits humais ont d’ailleurs besoin de trouver leur respect partout et non seulement dans quelques salons de massage (et c’est le terme qu’on utilise en Suisse pour désigner les maisons closes).

 

Première publication : Hétérographe n°3, printemps 2010.

Revue des homolittératures ou pas.

Par Pierre Lepori - Publié dans : LIBRE PAROLE
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