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Vendredi 5 janvier 5 05 /01 /Jan 09:07

Fiche technique :
Avec Jeremy Cooper, Viggo Mortensen, Lindsay Duncan, Sheila Moore, Duncan Fraser, David Longworth et Robert Koons. Réalisation : Philip Ridley. Scénario : Philip Ridley. Directeur de la photographie : Dick Pope. Compositeur : Nick Bicât.
Durée : 95 mn. Disponible en V0, VOST et VF.
Résumé :
Dans l'Amérique rurale des années 50, un enfant rêveur et farceur, élevé par un père violent et une mère abusive, échafaude des hypothèses farfelues à propos des villageois qui l'entourent. Il est ainsi convaincu que la vieille dame qui vit seule sur le bord de la route est un vampire...
L’avis de Jean Yves :
Dans L'enfant miroir tout est vu, d'un bout à l'autre, à travers le regard omniprésent de Seth Dove, sept ans, qui habite le réel à la manière d'une surface réfléchissante.
Le titre anglais – The Reflecting Skin – suggère que la peau figure l'emblème des obsessions sur lesquelles viennent se greffer les péripéties de cette réalisation miroitante comme le soleil dont la course rythme le film.
À la frange du fantastique, du film d'horreur, l'histoire ravive la vérité propre à l'inquiétude enfantine. « L'innocence peut être un enfer », dira un des protagonistes de ce suspense onirique chargé d'angoisse métaphysique.

L'enfer du héros – magistrale interprétation du petit Jeremy Cooper – est nourri de son imagination, fertile autant qu'immature, qui assigne le réel aux fantasmes les plus fous. En retour, la réalité lui renvoie ses images authentiquement cruelles, sa morbidité implacable.
Dans cette campagne américaine de l'Idaho au ciel oppressant, la touffeur des blés est comme une peau épaisse où l'on s'enfonce, où l'on s'échappe, où l'on se dissimule et d'où l'on observe à loisir. Sur ces chemins plats, caillouteux, non encore goudronnés des années 50, qui coupent l'immensité des champs, les gamins s'initient au sadisme sur de monstrueux batraciens (à cet égard, ne rater le prologue à aucun prix).
Ces batraciens sont certes des créatures à la peau plus extensible que celle, transparente et spectrale, de Dolphin Blue (Lindsay Duncan) que le jeune Seth Dove prendra pour un vampire, inconsolable veuve recluse parmi ses reliques dans la mémoire de son amant balayé jadis par le suicide.

Il y a la peau de la mère de l'enfant ravinée, parcourue de tics. La peau du shérif local, criblée d'éclats et cuirassée de prothèses. La peau fragile, érotique, héroïque du frère aîné, Cameron, vétéran épuisé, marqué par la guerre du Japon, et qui lâchera « Dieu, que c'est laid, ici ! », tandis qu'un des enfants court la campagne, enveloppé dans le drapeau américain.
Peau intacte des enfants, à la fois rejetés et convoités, vulnérables et puissants : l'adolescent maléfique en limousine noire promenant son doigt lourdement bagué sur les lèvres muettes de Seth Dove...
Dans ce film où chaque élément entre dans une correspondance secrète, intangible, la peau est la surface irréductible du désir. Elle est le lieu du stigmate, de l'entaille, de l'immolation.
Pompiste de métier par ratage, le père survit à la honte d'une vieille affaire homosexuelle, qu'on s'empresse d'exhumer à la suite de l'assassinat, tour à tour, des compagnons de jeu de son fils.
Il y a aussi cet arrière-plan social : cette Amérique agreste, pudibonde, tassée dans son puritanisme, avec son cortège de préjugés inexpiables, sa violente intolérance, son oppression sociale…

L'enfant miroir est un film d'initiation : à travers ces épreuves horrifiques, Seth conduit tragiquement son propre apprentissage du monde, vivant toutes choses à travers le prisme de son enfance improbable, où pêle-mêle l'angoisse de la mort, la perspective du dépérissement physique, le péril nucléaire (toujours la peau : celle des enfants d'Hiroshima, sur ces clichés que son frère lui montre), la pulsion de meurtre, l'appréhension du sexe... se cristallisent.
Pour plus d’informations :

Par Jean Yves - Publié dans : FILMS : Les Toiles Roses
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Jeudi 4 janvier 4 04 /01 /Jan 10:59
 

 

 

 


Le millésime 2007 a commencé. Que nous réservera cette année ? Élections pestilentielles, coupe du monde de rugby, et bien sûr tout un florilegio de commémorations. Après l’année Mozart, voici l’année Vauban pour le tricentenaire de son trépas. Où l’on pourra découvrir que l’architecte militaire de Louis XIV était aussi un fiscaliste en avance sur son époque. Son « Projet d’une dîme royale », publié à compte d’auteur quelques mois avant sa mort, prônait un impôt unique pour les trois ordres. Vauban avait théorisé notre actuel impôt sur le revenu. En mars, nous célèbrerons le demi-siècle du Traité de Rome, en considérant que la C.E.E. à 6 est devenue l’U.E. à 27.
En mai, nous irons déposer un bouquet de fleurs sur la tombe de Dalida, vingt ans après sa dernière révérence.
En août, tous à Graceland pour le trentième anniversaire de la disparition d’Elvis Presley ! Je préfère parler de disparition plutôt que de décès, sachant que des inconditionnels jurent encore leurs grands dieux que le King est vivant et se cache depuis trente ans dans une ferme en Alabama ! Et Pourquoi pas, après tout ? Ce n’est pas impossible qu’Elvis ait mis en scène sa mort afin de quitter la scène et le mirage de la gloire, et tout ce qui avait compromis sa santé et son équilibre. Trente ans après avoir renoncé aux sucreries et aux (e)amphétamines, il serait peut-être devenu un pionnier de l’agriculture biologique et un militant anonyme anti-OGM. Humble papy de 72 ans qui se pique de traire ses vaches à l’ancienne, il se ferait appeler Elvis Presse-Lait…
Toujours en août, nous verrons en kiosque sur la couv’ des magazines qui meublent les salles d’attente : « Diana : 10 ans déjà ! ».
En septembre, Monaco se souviendra de la Princesse Grace qui a quitté la route voici vingt-cinq ans.

Un DVD pour 2007 ? Devine qui vient dîner ? de Stanley Kramer, le chant du cygne de Spencer Tracy qui retrouve une dernière fois sa tendre Katharine Hepburn et livre un hymne magnifique à la tolérance et au respect devant le couple insolite formé par Sydney Poitiers et Katharine Houghton. C’était en 1967 et il y a quarante ans, un couple mixte aux États-Unis posait problème, même aux âmes bien-pensantes.

Il paraît que nous avons tout le mois de janvier pour nous souhaiter la bonne année. Cela dit, chacun pourra s’il le souhaite jouer les prolongations jusqu’au 18 février, date du Nouvel An Chinois que, personnellement, je compte bien ne pas manquer pour tout l’empire du Milieu. Ce matin, en arrivant au bureau, j’ai reçu les vœux de l’un des vigiles. Il est sympa comme tout et drôle sans même le savoir. Il m’a souhaité « beaucoup d’argent » (ouais, merci, mon frère aussi m’a souhaité ça, donc je vais vivre dans l’opulence) et… « plein de gonzesses » (sic !). Devant tant de bonne volonté, je n’ai pu que lui souhaiter la même chose. Cela fait toujours plaisir de passer malgré soi pour un grand séducteur viril.

Pour moi-même, je me souhaite un nouveau travail. Je le veux créatif et motivant, bien payé (sinon à quoi serviraient les vœux de mon frère et du vigile ?), et ouvert sur le monde. Chroniqueur de la jet-set pour un grand magazine, ça pourrait le faire. Ou animateur sur Pink TV. Ou encore parolier à succès pour prendre la succession de (Bertrand) Pierre Delanoë, j’ai des chansons qui dorment dans mes tiroirs en attendant qu’une voix vienne les réveiller.

Je me souhaite aussi de trouver enfin l’amour ! Aux premières minutes de l’an neuf, on a vidé une bouteille de champagne en me servant ma flûte. Alors… marié dans l’année ? Peut-être pendu, diront certains, mais je ne suis pas Saddam Hussein. Une demi-heure plus tard, j’ai vidé une deuxième bouteille de la même manière, histoire de forcer un peu la chance… et juste au cas où la bonne personne qui pourrait me passer le corde au cou n’aurait pas elle-même fini une bouteille.

Et à vous tous, lectrices et lecteurs de mon cœur, je souhaite une merveilleuse année 2007. Mwaka mzuri !


Pour lire le précédent épisode de Zanzi and the City,
cliquez ici.
Par Zanzi - Publié dans : HUMEUR : Zanzi and the City
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Lundi 1 janvier 1 01 /01 /Jan 10:13

Fiche technique :
Avec Joshua Close, Gary Farmer, James Gilpin, Josh Holliday, Mike Lobel, Max McCabe, Stephen McHattie, Andre Noble, Michèle-Barbara Pelletier et Tygh Runyan. Réalisation : Jacob Tierney. Scénario : Jacob Tierney. Images : Gerald Parker. Directeur artistique : Ethan Tobmann.
Durée : 94 mn. Disponible en VO et VOST.


Résumé :
Twist est une réécriture contemporaine et dramatique de l’Oliver Twist de Charles Dickens, transposé dans le milieu des prostitués mâles de Toronto. Le jeune SDF Oliver (Joshua Close), un orphelin homosexuel, fragile et au visage elfique, rencontre Dodge (Nick Stahl) qui lui propose un toit dans l'appartement qu'il partage avec d'autres jeunes. Très vite, il s'aperçoit que tous ces garçons sont des « junkies » qui se prostituent pour le compte du gros Fegin (Gary Farmer). Oliver n'a pas le choix, lui aussi se met à faire le trottoir. Dodge devient le mentor d’Oliver. Il l'instruit sur les plaisirs interdits. Peu à peu, une relation amoureuse entre les deux garçons se dessine... Le film est raconté du point de vue de Dodge.
L’avis de Bernard Alapetite (Eklipse) :
Twist, réalisé pour moins de 500 000 $, est la première œuvre de Jacob Tierney. Il a d’abord été acteur, notamment dans le splendide The Neon Bible de Terence Davies en 1997. Comme Scott Silver pour Johns, afin de s'imprégner de cet univers, et de peindre le portrait le plus juste possible de ces garçons perdus, Tierney et Stahl ont séjourné dans le quartier de Toronto où sévit cette prostitution. Nick Stahl déclare : « J'ai observé leurs visages, la manière dont ils se tenaient debout, la manière dont ils se déplaçaient. »  Quand à Tierney, le jeune réalisateur, il explique : « Oliver Twist est un livre incroyablement déprimant et violent. Tous les thèmes abordés par Dickens, l'exploitation de l'enfance, l'abus sexuel, le travail des mineurs, sont des sujets actuels. La prostitution masculine était la transcription la plus directe du milieu décrit par son roman... Presque tous les prostitués que j'ai rencontrés pour documenter cette histoire avaient été victimes d'abus sexuels. Quand on est tombé, c'est difficile de s'en sortir. C'est pourquoi je n'étais pas d'accord pour que l'angélique Oliver de Dickens s'en sorte et pas les autres... Nick joue Dodge parce que j'ai écrit ce rôle pour lui et il a suivi ce projet auquel il était très attaché. C'est mon meilleur ami et nous étions colocataires quand je vivais à Los Angeles... » On a aperçu Nick Stalh, entre autre, dans Bully, Terminator 3, La Ligne rouge, L’Homme sans visage, Sin City... Contrairement à River Phoenix, on ne peut pas s’empêcher de penser à My Own Private Idao (mais aussi à Sugar), dont le corps se féminisait devant la caméra. Stahl assume – lui – sa virilité d’acteur certes sensible mais structuré grâce à son corps massif. Il y a du Brando première période chez lui et c’est tout le film qui s’en trouve influencé.
La principale bonne idée du film est d’avoir centré l’intrigue sur Dodge et non sur Oliver comme dans le roman, ce qui nous évite une version attendue comme celle de Polanski qui paradoxalement est beaucoup moins fidèle à l’esprit de Dickens que Twist. Le cinéaste justifie de manière convaincante cette infidélité dans la forme : « J'ai relu le livre en cherchant ce qui était occulté. Raconter l'histoire du point de vue de Dodge signifiait que je devais lui créer un passé, ce qui donne une autre perspective à l'histoire. Dickens racontait l'histoire à travers les yeux de ce parfait enfant et je la raconte à travers ceux d'un enfant des rues, junkie et prostitué qui rencontre un enfant au visage d'ange. »
Le réalisateur a demandé à son directeur de la photo, Gérald Packer, et à Ethan Tobmann, le directeur artistique, de construire à l'aide de lumières et de décors très froids un univers où l'amour n'a pas sa place. La lumière blafarde et les tons délavés dans des bleus et bruns éteints transcrivent l’état d’esprit des personnages, de même que la propension à laisser vide le centre du cadre évoque la vacuité de leur âme. Les premières images, l'atmosphère glauque et morbide d'une chambre de motel, d'un coin de ruelle à la tombée de la nuit, plantent le décor. C'est dans cette grisaille du quotidien, dans la froidure de la nuit, dans la lumière vacillante des halos, dans l'ombre… que tout se déroule. Les jeux de lumières donnent au récit des teintes maladives et lugubres.
Le café est le rare endroit où Oliver trouve un peu de chaleur humaine que lui procure Nancy, une serveuse enceinte, admirablement interprétée par Michèle-Barbara Pelletier. Sorte de grande sœur improvisée et protectrice, elle est une oasis de bonheur volé à la désespérance des jours. Son destin tragique sonnera le glas de ces vivants en rémission. « C'était un rôle minuscule quand j'ai lu le scénario, relate la comédienne, mais en voyant le film, ce rôle est devenu très important. »
Au fur et à mesure que l’innocence d'Oliver, qui fascinait tant Dodge, se désagrège, les deux garçons se confronteront à leurs propres démons intérieurs. Oliver tentera d'exprimer son désir pour Dodge qui le refusera, traumatisé par les souvenirs trop violents des abus sexuels subis durant son enfance. Mais contrairement à la fin heureuse du roman de Dickens, les deux plans extrêmes du film, l'ouverture et le final, démontrent qu'Oliver n'échappera pas à son destin.
Et l'on se prend à en vouloir à tous ceux qui, avant, les auront abîmés : le père et le frère de Dodge ; la mère d'Oliver, partie trop tôt ; le sénateur, son grand-père en fait, qui le recherche puis le renie. Même Fagin le souteneur – un substitut paternel plus qu'un profiteur, puisqu'il recueille ces jeunes et leur rappelle les règles du jeu – disparaîtra aussi.
Une des grandes forces du film réside dans ses personnages secondaires, en particulier dans celui de Fagin, homme répugnant en apparence qui n’en demeure pas moins touchant dans sa relation empreinte de tendresse et de culpabilité envers les jeunes garçons qu’il met sur le trottoir ; c’est dans ses failles et ses contradictions qu’il révèle le mieux son humanité à l’image de tous les autres protagonistes du film. Ce côté humain est avant tout dû au choix du comédien, l'Indien mystérieux de Dead Man : Gary Farmer.
Tourné dans les ruelles de Toronto, Twist est une œuvre convaincante, qui nous plonge dans le monde de la prostitution masculine. Il est dommage que les références très appuyées à Macadam cow-boy donnent ainsi par moments l’impression d’être devant une version « jeune » du film de Schlesinger.
Le parti pris de ne pas montrer est  omniprésent. Il est parfois très efficace comme pour ce Bill, figure menaçante qu’on ne verra jamais, mais il peut être aussi contre-productif. Comment montrer l’horreur physique de la prostitution, sans jamais montrer une scène de sexe ?
La photographie est très soignée, rendant le film techniquement irréprochable. Cependant un montage plus rapide aurait amélioré le film, surtout dans sa première partie. La très belle chanson originale du film, Pantaloon in Black due à Ron Proulx et Jacob Tierney, a obtenu le prix de la meilleure chanson originale aux Genies, l’équivalent de nos Césars au Canada.
Tierney a su s’approprier l’œuvre de Dickens en la transposant dans un nouveau milieu, mais également en faisant de Dodge le personnage principal ; en nous faisant comprendre son parcours et sa détresse. La scène finale boucle la boucle. Twist se termine là où il a commencé : dans la lumière froide d’une chambre de motel, à la fin d’une passe banale. Seul le garçon a changé. Elle montre l'impasse dans laquelle se trouvent les personnages et l’impossibilité qu’ils puissent être sauvés. Tout ce qui s'est passé avec Dodge, va se reproduire avec Oliver…
Ce film est une parabole sur la perte de l'innocence, et non sur la rédemption.
Le DVD est édité par Antiprod, qui a eu la bonne idée d’ajouter à Twist un court-métrage, « Élève-toi », traitant du même thème et se déroulant aussi à Toronto.

Pour plus d’informations :

Par Bernard Alapetite - Publié dans : FILMS : Les Toiles Roses
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Lundi 1 janvier 1 01 /01 /Jan 08:30

Fiche technique :
Avec Rodolphe Marconi, Andrea Necci, Echo Danon, Orietta Gianjorio, Hervé Brunon, Tomazo d’Ulisia, Marie Teresa De Belis et Irène d’Agostino. Réalisation : Rodolphe Marconi. Scénario : Rodolphe Marconi. Images : Duccio Cimatti. Montage : Isabelle Devinck. Musique : Bruno Alesiu.
Durée : 96 mn. Disponible en VF.
Résumé :
Bruce (Rodolphe Marconi), jeune cinéaste français, débarque à Rome pour un an comme pensionnaire à la Villa Médicis. Son frère, dont on devine qu’il fut un écrivain connu, est mort ; sa petite amie semble avoir rompu avec lui. À la villa Médicis sont logés de jeunes artistes, sélectionnés sur concours et pris en charge pendant un an, avec pour seule obligation de se consacrer entièrement à leur art. Au fil des jours, coupé du monde et de ses repaires habituels, Bruce apprend à vivre dans ce décor imposant, entre le palais solennel et les jardins mystérieux. Il est rapidement approché par Matteo (Andrea Necci), stagiaire à l’administration de la Villa. Le jeune Italien, qui veut devenir écrivain, lui rappelle étrangement son frère disparu. Matteo fait découvrir Rome à Bruce, le séduit, s'impose en douceur. Mais lorsque Bruce semble prêt pour vivre quelque chose qui ressemblerait à une histoire d'amour, Matteo se dérobe. Bruce se révolte. Finalement, ils couchent ensemble. Mais aussitôt après, Matteo cesse totalement de donner signe de vie. Lassé d'appeler en vain, Bruce commence à suivre et épier son amant...
L’avis de Bernard Alapetite (Eklipse) :
L’amour comme souffrance, comme obsession autodestructrice, avec des relents de perversion dans une pérégrination romaine maniérée et mystico-érotique d'un nostalgique de la nouvelle vague parisienne qui aurait lu Stendhal et Oscar Wilde. Un film qui agace, surtout s’agissant d’une histoire homosexuelle mal assumée. On craint au début une Auberge espagnole intello mais, heureusement, notre cinéaste ne trouve pas les autres pensionnaires sympathiques. Tout ce petit monde s’évite et l’atmosphère reste glaciale…
Défense d’aimer a été réalisé lors du propre séjour du cinéaste à la villa Médicis. C’est en fait le premier long métrage du cinéaste, bien que sorti après Ceci est mon corps ! La figure christique semble tarauder le garçon, elle est récurrente dans le film ainsi que la symbolique de la passion qu’il utilise au premier degré.
Rome, décor théorique du film, est montrée de façon assez inattendue pour ce qui est des monuments les plus connus, mais on ne voit pas la rue, on ne sent pas l’ambiance. Les bars dans lesquels traîne Bruce, qui boit beaucoup, pourraient se trouver n’importe où dans le monde : la musique, le décor, tout semble interchangeable. Ce qui semble avoir fasciné Rodolphe Marconi, c’est la villa Médicis par elle-même et surtout ses jardins remarquablement bien filmés. Il parvient à leur donner un mystère digne de ceux du presbytère de La Chambre jaune. Défense d’aimer acquiert ainsi un intérêt documentaire inattendu car, c’est à ma connaissance, le seul film de fiction jamais tourné à la villa Médicis dont peu d’images sont disponibles.
Le scénario emprunte à la tragédie classique ses grands thèmes : choix cornélien, jalousie, issue fatale, sans les renouveler ni éviter le pathos.
Les personnages secondaires sont souvent touchants, en particulier cette Irène, petit oiseau fragile et ravagé, qu’on aperçoit que de façon fugitive, ou encore Aston, la new-yorkaise fan des serial killer, dont l’interprétation, malgré le côté caricatural et improbable du personnage, parvient à être crédible. Le spectateur espère alors que l'amitié du héros avec la romancière fascinée par les criminels va redonner à l'œuvre un élan. Malheureusement, le film touche à sa fin.
Le cinéaste abandonne trop vite ses personnages secondaires. Le film, visiblement autobiographique, est cannibalisé par le narcissisme de son auteur qui le ramène toujours à son pénible mal de vivre. C’est surtout l’interprétation des deux personnages principaux qui navre. Au lieu de rester sagement derrière la caméra comme il le fera dans son film suivant, le trop méconnu Le Dernier jour (2004), Rodolphe Marconi a eu la très fâcheuse idée d’interpréter Bruce. Son jeu hésite continuellement entre la maladresse et le cabotinage, comme quoi il est bien difficile de jouer son propre rôle. À sa décharge, il a du endosser le rôle en raison de la défection de dernière minute du comédien pressenti. Il manque en particulier au personnage de Bruce, une ou deux scènes dans lesquelles il exprimerait vraiment son mal de vivre. Le drame qu’entend relater Rodolphe Marconi manque d’intensité. Cette mollesse est contredite par une fin aussi brutale que dramatique que rien n’amène vraiment. Il y a toutefois quelques séquences esthétiquement très réussies comme cette belle scène d’amour entre les deux hommes, filmée comme un tableau, sur la musique de… la Passion selon Saint Mathieu.
Le film vaut surtout pour ses qualités de mise en scène. On a le sentiment que l’image prime toujours sur le scénario (étique) dans la mouvance de Claire Denis et de son Beau travail et des films de Tsai Ming-Liang, mais Rodolphe Marconi ne possède pas le subtil érotisme de ce dernier. Le réalisateur a privilégié les scènes de nuit. L’image revendique un esthétisme un peu trop présent avec ses flous fréquents, la dominante ocre des scènes de jour et ses beaux mouvements de caméra.
La beauté des images ne parvient pas à sauver le film, tant le cinéaste s’est désintéressé par nombrilisme de son histoire qui manque autant de consistance que d’originalité.
Mais il ne faut pas en vouloir à Rodolphe Marconi : voilà un monsieur à qui l’on offre aux frais de la princesse (le contribuable) un an de villégiature à Rome dans un palais. En quittant Paris, il s’est fait larguer par son petit ami (l’autobiographie a ses limites !). Mauvaise fille, il trouve ses camarades de trimard infréquentables et de la dernière vulgarité, donc il s’ennuie (s’ennuyer à Rome, à la villa Médicis, m’aurait fait douter de la qualité du personnage si je n’avais pas vu son opus suivant). À la fenêtre de sa geôle romaine, il fantasme sur le jardinier qui taille torse nu les buis, ce qu’il transpose pour notre malheur en un plumitif évanescent… La barbe soit de l’autofiction !
En résumé, on est content que Rodolphe Marconi se soit occupé pendant son séjour romain mais était-il besoin pour cela de nous ennuyer, nous cinéphiles ?

L'avis de Petit Ian :
À l'instar du sujet, le scénario de Défense d'aimer est classique et conforme aux règles communes de la tragédie (choix cornélien, jalousie, issue fatale). Pourtant, on aurait tort de réduire le deuxième film de Rodolphe Marconi au pathos.
Défense d'aimer est une magnifique démonstration des qualités de metteur en scène dont est doué Rodolphe Marconi. Au risque d'offusquer les véritables romanciers (mais ceux-là n'ont pas compris/admis que la beauté de l'image prime désormais sur le verbe et que cette tendance – on la trouve notamment chez Claire Denis, Christophe Honoré, et bien sûr chez nos précurseurs de la « Nouvelle vague asiatique » – est l'avenir du septième art), toute la grandeur du film réside en son esthétisme.
Le cinéma fait des fashion victimes. Le paraître y est aujourd'hui critère de qualité. Le fond de Défense d'aimer est un assomoir. Pour autant, la forme n'est pas trompeuse. (Il serait regrettable de n'avoir que des drames sociaux – dont, ailleurs, je suis friand ! – à la plastique sciemment négligée, au service du réalisme.) Ainsi, les exemples ne manquent pas. Sensuel, avec ce magnifique long plan sur une jeune fille émoustillée par El Desierto de Lhasa, ou l'étreinte charnelle des deux garçons (le réalisateur a choisi de la filmer avec autant de pudeur que d'intensité et celle-ci s'avère particulièrement réussie). Beaucoup de scènes de nuit, évidemment, de flous, de mouvements de caméras, et l'excellent choix de mettre en valeur la couleur ocre.
Quelques axes de narration sont suggérés par la représentation de personnages souffrant, puis délaissés : c'est le cas du malade qui refuse l'aide des « infirmières », de la serveuse que Bruce fait redescendre sur Terre, de la fan de Lhasa... Ce n'est pas la peur de l'éparpillement qui a fait renoncer Rodolphe Marconi au développement des autres protagonistes, mais l'inévitable nombrilisme d'une oeuvre semi-autobiographique où la souffrance passionnelle est reine. D'où, il est vrai, la perte d'intérêt pour la directive narratrice, manquant de consistance et d'originalité. Et les regrets d'un début remarquable.
C'est peut-être l'« amitié » du héros avec la romancière fascinée par les criminels qui redonne à l'œuvre son élan. Malheureusement, le film touche à sa fin (et quelle fin décevante !) et l'on se dit qu'une heure et demi, c'est tout de même bien court : oui, on regoûterait bien à la beauté de l'image.

Pour plus d’informations :

Par Bernard Alapetite, Petit Ian - Publié dans : FILMS : Les Toiles Roses
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Lundi 1 janvier 1 01 /01 /Jan 08:27

Fiche technique :
Avec Dustin Hoffman, Jessica Lange, Teri Garr, Bill Murray, Charles Durning, Dabney Coleman, Sydney Polla
ck, George Gaynes, Geena Davis, Doris Belack, Ellen Foley et Peter Gatto. Réalisé par Sydney Pollack. Scénario : Larry Gelbart, Barry Levinson, Elaine May et Murray Schisgal.  Directeur de la photographie : Owen Roizman. Compositeur : Dave Grusin, Alan Bergman et Marilyn Bergman.
Durée : 117 mn. Disponible en VO, VOST et VF.


Résumé :
Michael Dorsey, acteur exigeant sur le déclin, désespère de décrocher à nouveau un rôle. Sans trop y croire, il décide alors de se créer une nouvelle personnalité : il sera Dorothy Michaels, une femme dotée d'une forte personnalité. Or son déguisement va non seulement lui permettre de jouer dans une série télévisée, mais même lui attirer un vrai public de fans. Si ce nouveau statut n'est pas pour lui déplaire, il se trouve bientôt confronté à un dilemme difficile : comment avouer à sa collègue Julie Nichols, qui a fait de lui sa confidente, qu'il est en réalité un travesti amoureux d'elle ?
L'avis de Jean Yves :
Tootsie, incursion de Sydney Pollack dans la comédie, repose essentiellement sur l'immense talent de Dustin Hoffman, aussi à l'aise en femme qu'en homme.
Un comédien considéré comme génial (Dustin Hoffman) est mis à l'index de la profession en raison de sa réputation d'empêcheur de tourner en rond, de son intransigeance et de son mauvais caractère : il est condamné à ne plus pouvoir travailler. Il lui vient alors l'astuce de postuler, incognito et parfaitement travesti, un rôle féminin dans un feuilleton médical pour la télévision ; Michaël devient ainsi Dorothy.
Dustin Hoffman aux prises avec le dilemme de la femme, « séduire ou crever », domine la situation avec un aplomb stupéfiant : sa transformation est éclatante, de la pointe du soutien-gorge au vernis à ongles, beaucoup plus trouble que celui de Julie Andrews de Victoria en Victor.
Grâce à son jeu, de nombreuses scènes sont franchement drôles, notamment celles qui couvrent les inévitables mouvements d'ambiguïté provoqués par la métamorphose :
« Es-tu gay ? » lui demande-t-on.
« Dans quel sens ? » répond Dustin, qui doit affronter la double suspicion qui pèse sur lui.
Être pris pour une lesbienne quand il est femme, voir son meilleur ami (le seul dans la confidence) se demander s'il n'est pas devenu pédé pour se complaire ainsi dans le travestissement : « Il y a une femme en moi, je la sens profondément. », ajoute Dustin pour aggraver son cas…

Le problème, dans ce genre de film reposant sur un prétexte plus ou moins crédible, source potentielle de gags, est de ne pas se perdre dans les innombrables possibilités ainsi offertes. Tootsie part un peu dans toutes les directions sans les exploiter vraiment et eût gagné à un peu plus de concision. La manière de « tuer » le personnage de Dorothy qui devient une charge insupportable pour son propre créateur est assez décevante. Tout va bien, tant que l'on en reste au prétexte c'est à dire tant que Michaël berne tout le monde sans en mesurer toutes les conséquences…
Pour plus d’informations :

Par Jean Yves - Publié dans : FILMS : Les Toiles Roses
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Jeudi 28 décembre 4 28 /12 /Déc 09:53

Fiche technique :
Avec Edward D. Wood Jr, Bela Lugosi, Dolores Fuller, Lyle Talbot, Timothy Farrell, Tommy Haynes et Charles Carfts. Réalisé par Ed Wood. Scénario : Edward D. Wood Jr..
Durée : 67 mn. Disponible en VO et VOST.

Résumé :
La lutte intérieure d'un être pour savoir qui l'emportera en lui, l'homme ou la femme.


L'avis de Philippe Serve :
C'est une affaire entendue, Edward D. Wood Jr est définitivement considéré comme « le plus mauvais réalisateur » de l'Histoire du cinéma et ses films les pires jamais tournés. Et comme la nullité n'attend pas le nombre des années, Glen or Glenda, son premier opus, frappait déjà très fort.
Et pourtant… Malgré une réalisation catastrophique, des dialogues indigents, une interprétation inexistante (Ed Wood, jouant sous le pseudo de Daniel Davis, s'avère de loin l'acteur le plus « naturel ») et des « trouvailles » confondantes, Glen or Glenda mérite mieux que d'être rejeté définitivement dans les poubelles de l'Histoire. Ne serait-ce que par son audace scénaristique.
Nous sommes en 1953, en pleine période de guerre froide et de conservatisme politique mais aussi et peut-être surtout moral. L'homosexualité est tabou et tout ce qui pourrait y faire ouvertement allusion banni d'Hollywood où les cinéastes se retrouvent dans l'obligation de multiplier ellipses et sous-entendus tandis que les acteurs cachent leur « déviance », tel Ro
ck Hudson (voir sur cette période l'excellent documentaire de Rob Epstein et Jeffrey Friedman, The Celluloid Closet, 1995). Et voilà qu'un total inconnu, un rêveur, un doux dingue qui souhaite juste « raconter des histoires » comme le lui fera dire Tim Burton dans son superbe film-hommage Ed Wood (1994), voilà que ce type sorti de nulle part se lance dans un vibrant plaidoyer en forme de (faux) documentaire sur la noblesse du tavestisme dont il était lui-même adepte. Afin de bien enfoncer le clou de ce film autobiographique, il joue lui-même le « héros » et engage à ses côtés sa petite amie actrice Dolores Fuller,  le vétéran de deuxième zone Lyle Talbot et surtout Be'la Ferenc Dezso Blasko alias Bela Lugosi, l'éternel Dracula (Todd Browning, 1930) devenu un « has been » morphinomane ! Oui, il fallait un certain courage pour oser ainsi affronter l'Amérique bien pensante et puritaine d'Eisenhower. On peut donc se moquer du cinéaste Ed Wood mais plus difficilement de l'homme qui eut le mérite, au moins dans son premier film, de parler d'un sujet plus que tabou. Si Ed Wood avait été un grand réalisateur, son film eût été de toutes manières un échec à l'époque, le public n'étant pas prêt à l'accepter. Le film serait alors devenu culte avec le temps. Ironie suprême : Glen or Glenda et son auteur finirent tout de même par atteindre à la célébrité et au mythe, mais pour des raisons totalement inverses !
Si le discours tenu par Ed Wood dans son film tient à peu près la route avec son hymne à la tolérance et son « cours » délivré par le psy sur le travestisme, l'hermaphrodisme et le pseudo-hermaphrodisme, la forme, elle, empile les catastrophes. À commencer par Bela Lugosi dans le rôle d'un… d'un quoi exactement ? Le générique le qualifie de « scientifique » mais il apparaît ailleurs en tant qu'« esprit ». Certains y ont vu Dieu lui-même. En fait, il représente celui qui tire les ficelles de l'histoire (« Pull the strings ! Pull the strings ! » hurle-t-il sur fond de charge incongrue d'un troupeau de buffles !). Il surjoue tellement que le spectateur ne peut que s'interroger : s'autocaricature-t-il en pleine conscience ? La réponse, hélas, s'avère négative. Mais qui ne se délectera de l'entendre avertir de son inimitable accent hongrois : « Beware ! Beware ! » (prononcez ici « Bivère ! ») avant de l'écouter, subjugué, se lancer dans un discours inoubliable : « Prenez garde au gros dragon vert assis sur votre seuil. Il mange les petits garçons, la queue des petits chiots et les escargots gras ! Bivère ! Take care ! Bivère ! », le tout sur force grondement de tonnerre… Du grand art dans le genre !
Aux séquences Bela Lugosi intercalées tout au long du film, Ed Wood ajoute des inserts tous plus improbables les uns que les autres (éclairs orageux, trafic autoroutier), composés de « sto
ck shots » abandonnés par les studios (images de guerre). On peut d'ailleurs penser qu'il écrivit en partie son scénario à partir de la pellicule qu'on lui avait donné. Ainsi de cette scène où se succède des plans d'une usine de fonderie tandis que deux ouvriers discutent en voix off des problèmes posés par le changement de sexe et la tolérance à y porter. Ed Wood n'hésite pas non plus à réutiliser les mêmes plans à quelques minutes d'intervalle. Comme dans tous ses films, les décors sont d'une pauvreté extraordinaire, le sommet étant sans doute atteint avec son autre « chef d'œuvre » : Plan 9 From Outer Space (1959).
Le plus étonnant reste cette longue séquence de rêve où Ed Wood parvient à faire toujours plus incroyable que le plan précédent. Après une allégorie montrant la fiancée de Glen écrasée par un arbre dans… le salon (!) et que Glenda ne parvient pas à secourir mais que Glen, lui, sauve, le spectateur assiste, médusé, à une scène de mariage avec pasteur secondé par un démon à cornes, une succession de plans présentant des femmes plus ou moins dénudées (mais toujours « décentes ») se faisant fouettées ou se contorsionnant avec sensualité (?) sur un divan (l'une d'elles ressemble à la future Marilyn Monroe), tout ça sur une musique passant allégrement du jazz à la musique russe via le tango. Puis Glen se retrouve chez lui montré du doigt par une foule menaçante de gens qui l'entourent (dont le démon à cornes). Sa métamorphose en Glenda les repousse, scène filmée au ralenti avec musique sirupeuse…
D'une certaine manière, il faut le voir pour le croire.
La solution au problème posé à ceux qui souffrent de « double personnalités » et de travestisme ? L'Amour, nous répond ce rêveur de Ed Wood. Avec sa femme Barbara qui lui offre enfin son pull angora dont il rêvait tant, Glen trouve une « sœur, une mère et Glenda toutes réunies ».


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Par Philippe Serve - Publié dans : FILMS : Les Toiles Roses
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Mercredi 27 décembre 3 27 /12 /Déc 09:50
Par Daniel C. Hall - Publié dans : VIDEOS : Lutte contre le sida
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Mercredi 27 décembre 3 27 /12 /Déc 00:00

Fiche technique :
Avec Alex Dimitriades, Paul Gapsis et Julian Garner. Réalisé par Ana Kokkinos. Scénario de Ana Kokkinos, d’après le roman de Christos Tsiolkas.
Durée : 105 mn. Disponible en VO et VOST.


Résumé :
Ari s'ennuie, Ari se rebelle contre ses parents dont l'ambition est de le voir travailler, étudier, se marier. Les conversations de son frère étudiant l'ennuie, ses amis l'ennuient. Bref, il fuit l'hypocrisie. Il sort toute la nuit, toutes les nuits... Head on, à pleins tubes.
L'avis de Francis Lamberg (la lucarne) :
Head On, sélectionné en 1999 pour la Quinzaine des Réalisateurs du Festival de Cannes, est le premier long-métrage d'Ana Kokkinos. Cette réalisatrice australienne de courts et moyens métrages (Antamosi, Only the brave…), et de séries pour la télé de son pays (Eugénie Sandler P.I., The secret life of us, Young lions…) n'a donc réalisé son premier long-métrage qu'à 45 ans. D'après Loaded, roman de Christos Tsiolkas , Head On nous plonge de plein fouet, pendant 24 heures, dans la vie d'Ari, 20 ans, fils d'immigré Grec et homosexuel. Ari est un jeune homme plein de vie qui revendique une homosexualité virile. Il va sans but mais avec ambition. Cet être complexe et explosif est superbement interprété par Alex Dimitriades (vu dans Hartley cœur à vif). Funambule sur le fil du rasoir aiguisé par ses identités, il se lance à pleins tubes dans la vie. Il cloisonne les inconciliables mais les cloisons qu'il dresse sont fines et perméables… Amoureux et révolté, pédé pervers pour les Grecs et métèque barbare pour les Australiens bon teint, Ari transforme la drogue, le sexe et la provocation en exutoires de sa colère : « La liberté, certains en parlent d'autres la vivent. » En conflit avec les autres, il l'est aussi et surtout avec lui-même. Capable que de sexe furtif et violent, Ari ne saura pas se maîtriser quand l'amour se présentera à lui…
Instantané du mal de vivre d'une génération sacrifiée, perdue entre les valeurs des parents et le racisme de la société, Head On est également une illustration brillamment moderne du conflit des générations. Ce film bien de son temps pose sans onanisme intellectuel des questions d'actualité : Comment se situer par rapport à ses origines ? Que faire de l'héritage culturel qui en découle ? Comment envisager le futur quand on réfute les modèles de son entourage ? Les « deuxièmes générations » sont-elles toujours des générations sacrifiées, sous toutes les latitudes ? Tantôt envoûtant, tantôt frénétique, ce film au budget modeste et tourné presque entièrement caméra à la main, a le rythme de son unité de temps et le tempo de son antihéros. Quelques plans sont esthétiquement intéressants, certaines scènes sont de vrais moments de grâce (la danse traditionnelle en famille, dans la cuisine) et le ralenti est utilisé modérément et avec beaucoup d'à propos. La beauté fragile et polymorphe, et la sensuelle voix fêlée de l'acteur principal ne sont pas pour rien dans la justesse et l'émotion du film. Alex Dimitriades possède un jeu subtil, sur le fil comme l'exige le rôle, qui nous fait oublier la légère mais perceptible dissonance entre l'âge du personnage et celui de l'interprète. Tous les acteurs donnent le ton juste à leur interprétation. Le rôle du travesti (le seul vrai révolté « jusqu'au boutiste ») est également remarquable. La situation et le personnage passionnants sont filmés et interprétés avec passion.
« Je suis contente du film. Je voulais réaliser un film qui s'inscrit dans un contexte socioculturel bien spécifique mais qui, en même temps, aborde des thèmes universels et accessibles. Le film traite de la famille, du fait d'être jeune, sans repère, en conflit avec son environnement, d'essayer de donner un sens à ce que l'on est, de vouloir vivre des expériences et prendre des risques. La plupart d'entre nous est passé par-là à un moment de son existence. Je voulais aussi donner au public une expérience vécue de "plein fouet" et je pense que nous avons réussi. » Ana Kokkinos, réalisatrice.
« Je suis un marin et une pute. » Ari, personnage.

BONUS
CONTACT (un film de Kieran Calvin – Australie – 17 min) : Après la mort accidentelle de son amant, Paul passe quelques jours dans sa famille. En allant à la plage, il découvre que les toilettes servent de lieu de rencontres entre garçons…
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Par Francis Lamberg (La lucarne) - Publié dans : FILMS : Les Toiles Roses
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Mardi 26 décembre 2 26 /12 /Déc 17:46
 

 

Zanzi se cache sous un des bonnets de Noël. Saurez-vous le reconnaître ?

 

 

Noël est un temps fort de l’année télévisuelle. Dans les savons, ce moment très spécial est toujours prétexte à des délires scénaristiques plus ou moins réussis. Dans les savons, c’est souvent le signe d’une trêve entre deux divorces, des coups fourrés et des trahisons. Les protagonistes se retrouvent pour célébrer Noël et c’est alors un déferlement sirupeux de bons sentiments qui coulent tels du miel sur un toast. Entre rires et larmes, voici une sélection de Noëls savonneux.

Ouvrons le bal avec une compilation des meilleurs Noëls de Days of our Lives, avec en prime, les meilleurs vœux de Frances Reed :

Mais Noël, ce n’est pas toujours la joie. Observez ces visages tristes et désemparés devant le prêchi-prêcha d’un pasteur improvisé, il y a 130 ans, quelque part dans le Minnesota…

Il faut reconnaître que c’était quand même plus meugnon le Noël de 1875 où l’on voyait Isaïah Edwards s’improviser Père Noël pour la famille Ingalls :

Et maintenant, de l’inédit pour Dany ! Bref du Zanzi ! Avec cette séquence qui se passe 110 ans plus tard que la précédente, dans la capitale du Colorado…

De nos jours, pour égayer une soirée de Noël, rien de tel qu’un lutin coquin qui vous chante des chansons aussi légères que sa tenue…

Enfin, pour mes lectrices et lecteurs trentenaires, cette spéciale cacedédi qui vient du fond de mon cœur d’enfant :

JOYEUX NOËL MES AMOURS !


Pour lire le précédent épisode de Zanzi and the City,
cliquez ici.
Par Zanzi - Publié dans : HUMEUR : Zanzi and the City
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Mardi 26 décembre 2 26 /12 /Déc 16:53

Malgré la décision de la Cour d'appel du 22 décembre qui ordonnait l'expulsion de Karim, et pendant que Karim était transporté dans une première cache conformément à notre devoir de résistance citoyenne et de désobéïssance civile, Josiane Balasko est montée au créneau et vient de faire régulariser Karim !

J'ai l'honneur de vous faire part de l'appel de Josiane Balasko ce 23 décembre 2006 à 22h48. Elle vient de m'annoncer que le ministre de l'intérieur a pris l'engagement par deux fois auprès d'elle de régulariser immédiatement la situation de Karim. Cet appel intervient au moment où Karim rejoignait sa première planque et alors qu'une équipe de militants collaient les premières affiches pour sensibiliser sur la situation du jeune homme.

Il est tard et ici l'ambiance est à l'allégresse. Karim va passer Noël en famille et avec son petit ami.

Karim tient à exprimer toute sa gratitude vis à vis de toutes les personnes qui se sont mobilisées pour lui. Merci aux signataires de la pétition, à son avocat Pierre Landète, aux personnes présentes aux audiences, à ses amis du lycée Marcel Dassault de Mérignac, aux élus, associations et tout particulièrement à Josiane Balasko, sa marraine.

Merci encore, merci pour tout.

Par Daniel C. Hall - Publié dans : URGENT : Gays, militants et résistants !
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Mardi 26 décembre 2 26 /12 /Déc 09:47
Par Daniel C. Hall - Publié dans : VIDEOS : Lutte contre le sida
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Mardi 26 décembre 2 26 /12 /Déc 08:35

Fiche technique :
Avec Tom Cruise, Bard Pitt, Stephen Rea, Kirsten Dunst, Christian Slater, Antonio Banderas, Thandie Newton et Laure Marsac. Réalisé par Neil Jordan. Scénario : Anne Rice, d’après son roman. Directeur de la photographie : Philippe Rousselot. Compositeur : Elliot Goldenthal.
Durée : 123 mn. Disponible en VO, VOST et VF.


Résumé :
San Francisco dans les années 90. Un jeune journaliste, Malloy, s'entretient dans une chambre avec un homme élégant, à l'allure aristocratique et au visage blafard, Louis, qui lui fait de bien étranges confidences. Malloy, subjugué par la séduction de son interlocuteur lui demande, à l'aube, de le faire pénétrer dans son monde, celui des vampires.
L'avis de Philippe Serve :
Un film étrange. Réussi, que j'ai même revu non sans un certain plaisir et qui, pourtant, m'a laissé à chaque fois étrangement « froid », distant. Sans doute la faute à un esthétisme trop léché et à une sophistication qui « gèle » les sentiments du spectateur que je suis, et surtout empêche tout sentiment de peur, d'angoisse, voire de dégoût habituellement associé au genre…
Dommage. Car le scénario, dû à la romancière Anne Rice d'après son livre culte, est brillant et les personnages très intéressants. Beaucoup plus que celui de Lestat (finalement sans grande surprise), ceux de Louis et de la jeune Claudia (Kirsten Dunst) ont retenu toute mon attention…
Louis a ceci de passionnant qu'il ne peut se débarrasser d'un reste d'humanité en lui. Celle-ci s'exprime dans son horreur de toute souffrance, beaucoup plus celle des autres que la sienne propre. Évidemment, pour un vampire, une telle attitude ne peut que générer un certain conflit existentiel… À la fois fasciné et terrifié par le caractère « sans foi ni loi » de Lestat, Louis ne se sent à sa place ni dans le monde des vivants auquel il n'appartient plus, ni dans le « demi-monde ». D'où une constante hésitation sur les choix à faire et les ruptures à consommer (entre autres consommations…..). Sous l'emprise de Lestat, il se fait protecteur de la jeune Claudia à son tour vampirisée avant de tomber sous son charme et ses manigances. De même, il cèdera « mollement » à la séduction d'Armand (Antonio Banderas), le Vampire français du 19e siècle… On est loin du vampire triomphant et sûr de lui…
Claudia est assez fascinante. Sa transformation psychologique, une fois « vampirisée », est spectaculaire. C'est elle qui, souvent de sa propre initiative, va « rabattre » les futures victimes de Lestat et Louis. Les années et les siècles passant, elle garde son enveloppe de petite fille et de jolie poupée aux boucles blondes, tel que l'a voulue Lestat. Sa tentative de rébellion aboutit à une belle scène de cruauté où elle « tue » Lestat (plus symboliquement que pour de vrai) ce qui ressemble à un parricide… Mais là encore (tout comme sa fin tragique) ce qui aurait dû constituer un moment fort du film, voire de terreur, m'a laissé certes attentif mais « froid ». Si je compare Entretien avec un vampire avec les autres grands films du genre, la différence est vraiment très nette. Sans parler de l'extraordinaire Nosferatu, le Vampire de F.W. Murnau ou de son excellent remake Nosferatu, Vampire de la nuit de Werner Herzog, ou bien encore du captivant Vampyr de C.T.Dreyer, je pense surtout au Dracula de F.F. Coppola. Ce dernier film aussi force beaucoup sur l'esthétisme, la sophistication extrême et le dandysme du vampire. Mais l'œuvre de Coppola, à l'inverse de celui de Neil Jordan, envoûte et fait peur… L'aspect sexuel du film (donnée fondamentale des histoires de vampires) y est aussi beaucoup plus fort et exacerbé. Ici, les rapports des personnages, qu'ils soient hétérosexuels (à tendance pédophile) entre Louis et Claudia, ou homosexuels (Louis et Lestat, puis Louis et Armand) ne sont guère empreints de sensualité et, finalement, tapent à côté de la plaque…
Reste donc encore une fois la force du scénario, de certains personnages et une indéniable qualité picturale. L'interprétation est très bonne sans être exceptionnelle.
Un film à voir tout de même !

Pour plus d’informations :

Par Philippe Serve - Publié dans : FILMS : Les Toiles Roses
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Lundi 25 décembre 1 25 /12 /Déc 09:44
Par Daniel C. Hall - Publié dans : VIDEOS : Lutte contre le sida
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Lundi 25 décembre 1 25 /12 /Déc 08:31

Fiche technique :
Avec Peter Weller, Ian Holm, Judy Davis, Julian Sands, Roy Scheider, Monique Mercure, Nicholas Campbell, Joseph Scoren et Robert Silverman. Réalisé par David Cronenberg. Scénario : David Cronenberg, d’après l’œuvre de William S. Burroughs. Directeur de la photographie : Peter Suschitzky. Compositeur : Ornette Coleman et Howard Shore.
Durée : 115 mn. Disponible en VO, VOST et VF.


Résumé :
Un junkie repenti, recycle dans l'extermination des cafards et autres cancrelats, tue sa femme accidentellement après l'avoir surprise faisant l'amour avec leurs deux meilleurs amis.
L'avis de Jean Yves :
1953, New York. Intellectuel et drogué, Bill Lee gagne sa vie en tuant des cafards. Il voudrait abandonner la drogue dont Joan, sa femme, ne peut plus se passer puisqu'elle se défonce même à l'insecticide. Ses amis Hank et Martin le poussent à écrire mais il est victime d'hallucinations : un être étrange, le mugwump, le tient en son pouvoir. Il découvre que Joan couche avec leurs deux meilleurs amis et la tue accidentellement d'une balle dans la tête.
David Cronenberg a parfaitement compris que William Burroughs n'a jamais écrit qu'un seul livre : épars, fragmentaire, disséminé sous la multiplicité des titres, et dans l'éclectisme formel proprement vertigineux qui est le sien.

L'adaptation du Festin nu est délibérément infidèle à ce roman que l'écrivain américain a rédigé en 1956, plus ou moins en collaboration avec Kerouac et Ginsberg.
David Cronenberg oppose sa version métaphorique d'un univers où homosexualité, complot planétaire et drogues dures assurent la trinité fondatrice.
Le film Le festin nu est bien, accessoirement, l'adaptation du livre du même nom : mais c'est surtout, transposée dans la luxuriance de l'image, la restitution scrupuleuse de ce flot jaculatoire de la langue. Celle des Garçons sauvages mais aussi bien celle d'Exterminateur, de Queer, où Cronenberg puise sans compter.
D'ailleurs, David Cronenberg n'a pas attendu Naked Lunch (titre original du film) pour piller allègrement Burroughs : fascination pour la violence sexuelle, les mutations génétiques, les insectes... Même goût pour un fantastique cauchemardesque, érotisé.
Bref, le film, à la fois hors du livre et dans le livre, appartient surtout à la même constellation mythologique, dans un espace d'écriture à géométrie variable. D'où, également, ces emprunts d'un certain nombre d'éléments à la biographie de l'écrivain. En particulier le drame de la mort accidentelle de Joan, sa femme, en septembre 1951 : au jeu de Guillaume Tell, un verre sur la tête, en plein Mexique : William releva le défi, mais en pointant le colt 45 un peu trop bas... Homicide involontaire. Burroughs, aussitôt, replongeait dans la morphine.

Cet épisode, chez Cronenberg, revient aux deux bouts du film, à la façon dont un cauchemar se répète.
Le héros, Bill Lee, gagnera la frontière de l' « Annexie » au volant d'un étrange véhicule, à la fois futuriste et archaïque : des sentinelles en chapka exigent alors de lui la preuve qu'il est bien écrivain – l'auteur de ce rapport improbable baptisé Le festin nu. Bill Lee exhibe son stylo : l'arme parfaite pour shooter son épouse. La vocation trempée dans le sang de la Femme ? Ou bien l'écriture pour exorciser son meurtre ?
William Burroughs se définit comme un écrivain homosexuel (il ira même jusqu'à rêver d'un État utopique de nature exclusivement homo, régi et défendu par des lois anti-hétéros, une police et des tribunaux gays). On peut même dire que la fantasmatique de l'acte homosexuel (à travers la torture, la sodomie, la décharge de sperme, assimilée à l'infection de drogue, etc.) atteint chez lui à une dimension poétique absolue. Visionnaire tragique, toute l'œuvre de William Burroughs peut être lue comme une prémonition apocalyptique du sida. C'est là que se situe la fracture : Lee, dans le film, cerné par les gigolos, les michetons, les transsexuels, est comme étranger à sa propre homosexualité. Elle ne le concerne pas.
Il la vit comme une conduite passive, opportuniste. « L'homosexualité est la meilleure des couvertures qu'un agent puisse avoir », lui assure-t-on. Stratégie d'espion, donc, les pulsions du héros font partie de son contrat. Dans le film, toute l'intrigue est recentrée autour de lui, la narration s'aligne sur son périple, de manière beaucoup plus classique que dans le livre.
Lee, l'exterminateur de parasites assassins en cavale dans « l'Interzone » de Tanger, se croira (réalité, hallucination ?) investi à ses dépens d'une mission de noyautage, commanditée par une puissance étrangère : ses amis écrivains en feront les frais. Il reçoit ses ordres par l'entremise de sa machine à écrire, transformée au gré de ses visions en cafard-anus ou en mille-pattes érectile, créatures microphonées dans la voix desquels on reconnaît sans peine le timbre fameux de Burroughs en personne : pis, bites, étrons, tétons, ces muqueuses mobiles sécrètent paroles ou semence – c'est tout comme.
Le coup de génie de David Cronenberg : avoir identifié la loghorrée à l'éjaculation, l'insecticide à la poudre hallucinogène. Avoir transposé le porno dans le fantasme, substitué aux lieux emblématiques une topologie onirique : irréalité de New York, Tanger autarcique et nocturne. Cronenberg a joué à fond la carte métaphorique.
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Par Jean Yves - Publié dans : FILMS : Les Toiles Roses
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Dimanche 24 décembre 7 24 /12 /Déc 09:39
Par Daniel C. Hall - Publié dans : VIDEOS : Lutte contre le sida
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Samedi 23 décembre 6 23 /12 /Déc 09:36
Par Daniel C. Hall - Publié dans : VIDEOS : Lutte contre le sida
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Vendredi 22 décembre 5 22 /12 /Déc 09:35
Par Daniel C. Hall - Publié dans : VIDEOS : Lutte contre le sida
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Vendredi 22 décembre 5 22 /12 /Déc 00:00

Fiche technique :
Avec Winston Chao, Dion Birney, May Chin, Ah Lei Gua et Long Sihung. Réalisé par Ang Lee. Scénario de Ang Lee, Neil Peng et James Schamus.
Durée : 106 mn. Disponible en VO, VOST et VF.


L'avis de Alholg :
Avant de réaliser des blockbusters (décevants mais en couleurs !) pour Hollywood ou des chambara à succès, Ang Lee tournait des films sympathiques et humains (!). A rebours, Sense and Sensibility, son premier film non taïwanais et sans acteur asiatique, Yin shi nan nu (curieux mais que j'apprécie beaucoup) qui reprend une partie du casting de Hsi yen qui l'a précédé. Il a, cette année, remporté le Lion d’or de Venise avec son nouveau film à thématique gay, Brokeback Mountain.
Wai-tung (Winston Chao) est un jeune américain d'origine taïwanaise installé à Manhattan avec son ami Simon (Mitchell Lichtenstein), homosexuel comme lui. Il possède un vieil immeuble dont il loue quelques surfaces, notamment à la jeune peintre chinoise Wei-wei (May Chin), en situation irrégulière dans le pays et qui a le plus grand mal à s'en sortir.

La vie serait belle si les parents de Wai-tung, restés au pays, ne désiraient ardemment voir leur seul enfant se marier avec une compatriote. Ils l'ont, pour cela, inscrit dans la meilleure agence matrimoniale de Taïwan, capable, malgré les critères volontairement insensés fixés par leur adhérent, de trouver l'oiseau rare. Simon a l'idée de faire épouser, en apparences seulement, Wai-tung à Wei-wei, ce qui permettra à cette dernière d'obtenir sa green card tant désirée. Les parents Gao viennent passer quinze jours à New York pour le mariage de leur fils. On se marie discrètement à la mairie, mais les choses se gâtent lorsque les parents, contrariés parce qu'ils souhaitaient organiser une belle réception pour l'honneur de la famille et respecter les traditions, arrivent à convaincre leur fils de leur faire plaisir, surtout au père qui a déjà subi une attaque cardiaque. D'autant que Wei-wei n'est pas insensible au charme de son futur mari.
Les trois-quarts du film sont traités sur le ton de la comédie. Après une phase d'exposition assez brève, on assiste à la « mise en scène » destinée à convaincre les parents du futur marié de sa « normalité ». Le mariage et sa cérémonie sont peut-être un peu longs, même si on peut comprendre la volonté de Ang Lee de jouer sur les chocs multiples de cultures et installer plus finement les psychologies, notamment celles de Wei-wei et des parents. La dernière partie tourne au drame alors que l'on ne s'y attendait pas. L'homosexualité y est traitée de manière plus subtile et une surprise dans le scénario apporte une coloration et une saveur nouvelle à ce final. Winston Chao joue là, et cela se voit, son premier film. Il est un peu maladroit même si sa rigidité sert son personnage. Mitchell Lichtenstein, qui avait débuté avec Altman, est chargé d'apporter la « touche occidentale ». Son jeu est assez conventionnel et n'emballe pas vraiment. C'est surtout May Chin, elle aussi dans son premier film, qui donne un intérêt au film sur le plan de la comédie. Elle alterne, avec brio, force et fragilité pour donner à son rôle une épaisseur convaincante. Elle trouve, notamment, une résonance particulière dans ses rapports avec les parents de son « blanc-mari », Ah Lei Gua et Sihung Lung. A noter, enfin, que l'on aperçoit le réalisateur pendant la scène du banquet.
Pour plus d’informations :

Par Alholg - Publié dans : FILMS : Les Toiles Roses
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Jeudi 21 décembre 4 21 /12 /Déc 15:38

N'hésitez pas à copier ce bandeau et à le mettre sur vos sites et blogs avec le lien vers la péttion.



« (…) Karim, à Tizi Ouzou, a encore des parents. Qui l’ont battu, insulté, chassé. Comme ses camarades de classe. L’homosexualité est punie de trois ans de prison ferme en Algérie, sans compter ce qu’elle suppose de vexations, de discriminations, voire de mise en danger si l’on tombe dans les mains des extrémistes religieux, particulièrement actifs dans cette région. Le préfet débouté avait osé faire valoir que l’homosexualité du jeune homme était « alléguée », mais pas « prouvée », et qu’il s’en servait comme argument pour frauder l’administration française et obtenir une autorisation de séjour. Le témoignage du compagnon de Karim ne lui ayant, visiblement, pas suffi, le préfet ira-t-il jusqu’à réclamer l’installation de caméras pour évaluer la réalité de la vie privée du jeune homme ? »

« Pour Karim, que toute cette médiatisation gêne, le seul espoir est de vivre en paix, de finir ses études calmement. « Je ne peux pas retourner là-bas, je n’y ai plus personne, plus rien. Je risquerais ma vie... Pourquoi ? Au nom de quoi ? »

L’Humanité.


« Je tiens à exprimer à nouveau mon soutien total à Karim (nom d'emprunt). Ce jeune lycéen algérien est l’objet d’un arrêté préfectoral de reconduite à la frontière, annulé par le Tribunal administratif de Bordeaux.
Je ne m’explique pas l’acharnement de la Préfecture de Gironde, qui a fait appel de la décision du tribunal administratif.
Du fait de son orientation sexuelle, Karim encourt une peine de prison de 3 ans en Algérie. On ne peut innocemment renvoyer un jeune homme vers une persécution certaine.
La France, qui célèbrera en 2007 les 25 ans de la dépénalisation de l’homosexualité décidée par François Mitterrand, a le devoir d’offrir asile et protection à ce jeune homme, qui a choisi de poursuivre parmi nous ses études et d’assumer librement dans notre pays sa vie sentimentale.
L’accueillir dignement en France est une fierté. L’expulser serait une honte. »

Jack Lang
(qui vient d’écrire au Premier Ministre, Dominique de Villepin)


Les associations homosexuelles qui suivent de près l’affaire estiment que l’Etat fait tout pour ne pas faire jurisprudence, et jugent l’argument présenté par l’avocat de la préfecture « inacceptable ».
Stéphane Corbin, président de la Coordination Interpride France affirme qu’« on ne prouve pas que l’on est homosexuel en apportant la preuve d’une vie commune, même si Karim a un petit ami. En droit positif l’orientation sexuelle n’a pas à être prouvée, et il n’existe, fort heureusement, aucun certificat en attestant. On est rempli d’effroi à l’idée de devoir prouver que l’on est homosexuel, comme dans le passé il fallait prouver que l’on n’était pas Juif ! »

Coordination Interpride France

 
« Le ministre de l’Intérieur bien qu’informé de la situation, a demandé au préfet de la Gironde Francis IDRAC de poursuivre la procédure, dans l’objectif d’expulser Karim, quitte à l’exposer à de graves dangers pour son intégrité physique ou morale.
L’acharnement administratif de Francis IDRAC ne nous étonne guère, en effet c’est lorsqu’il était en poste à la préfecture de l’Hérault que les associations portant la mémoire des déportés pour homosexualité rencontraient les plus grandes difficultés pour participer aux cérémonies du souvenir de la déportation. Aujourd’hui c’est à Bordeaux qu’il sévit et fait preuve d’ostracisme à l’égard des associations gaies et lesbiennes (sur la question de la déportation pour homosexualité notamment).
L’acharnement politique du Ministre de l’Intérieur dans cette affaire révèle le vrai visage de Nicolas SARKOZY : inhumain et jusqu’au bushiste ! »

Collectif contre l’homophobie.

 
L’Inter-LGBT dénonce cet acharnement administratif et cet aveuglement, directement cautionnés par un ministre de l’Intérieur visiblement peu préoccupé par la situation tragique des personnes LGBT dans de nombreux pays du monde. Elle demande à Nicolas Sarkozy de donner les instructions nécessaires pour que le préfet de Gironde abandonne la procédure et régularise Karim.

Inter-LGBT.

 
Karim, sans-papiers, homo, expulsable vers « l'enfer »

L’article de Libération.

Par Daniel C. Hall - Publié dans : URGENT : Gays, militants et résistants !
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Jeudi 21 décembre 4 21 /12 /Déc 09:08



Rappelons la situation. Le préfet avait été condamné par le tribunal administratif de Bordeaux pour « erreur manifeste d'appréciation ». Le tribunal administratif considérait que Karim, en raison de sa situation personnelle, devait rester en France. Le préfet avait fait appel de cette décision. Une audience devait donc se tenir mardi matin devant la cour administrative d'appel de Bordeaux.

De très nombreux lycéens sont venus exprimer leur solidarité à Karim. Des ados de sa classe étaient présents alors même qu'ils ignoraient tout de la situation du jeune homme. Ils ont découvert aujourd'hui la détresse de leur copain qui ne leur avait jamais fait partager les épreuves qu'il endure maintenant depuis plusieurs mois. Vous pouvez imaginer l'émotion de tous lors de l'audience.

L'avocat du préfet et le commissaire du gouvernement ont réclamé que soit annulée la décision autorisant la régularisation de Karim. En clair : ils exigent son expulsion. L'avocat du préfet a même été jusqu'à remettre en cause l'orientation sexuelle de Karim. Pourtant, malgré l'humiliation et alors que l'homosexualité du jeune homme n'était pas un moyen invoqué par son avocat pour lui permettre de rester, Karim avait dû apporter la preuve de ses penchants en première instance. Pour répondre aux exigences du préfet, le petit ami de Karim s'était présenté à l'audience devant le tribunal administratif. Sachez, accessoirement, que, n'ayant pas été autorisé par son employeur à s'absenter ce jour là mais étant quand même venu devant le tribunal, il a été renvoyé.

Que faire maintenant ? La mobilisation doit croître car le pire n'est pas à exclure. Si la cour administrative se rend aux conclusions du commissaire du gouvernement et de l'avocat du préfet, la reconduite à la frontière peut avoir lieu très rapidement. C'est la raison pour laquelle, il ne faut pas l'attendre.

Nous proposons :

— de solliciter chacun des parlementaires pour qu'ils se prononcent pour la régularisation de Karim (au fur et à mesure des réponses, nous les afficherons sur le site www.pourkarim.net),
— de continuer à diffuser la pétition,
— de saisir la Halde contre le préfet de la Gironde qui met en doute l'orientation sexuelle de Karim.

Plus que jamais, restons mobilisés. Merci à vous tous.

Matthieu Rouveyre
Parrain de Karim,
Président de la LGP Bordeaux, membre de RESF 33,
Conseiller municipal de Bordeaux

 

Par Daniel C. Hall - Publié dans : URGENT : Gays, militants et résistants !
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