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Blog LGBT du rédac' chef :
Daniel Conrad

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Daniel Hall


secondé par :

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L'équipe des "piliers" en exclusivité
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Marc-Jean Filaire,
Isabelle B. Price, Psykokwak,
Rémi Lange
, Henry Victoire, Didier Roth-Bettoni
et
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Mais aussi, depuis, Cyril Legann,
Gérard Coudougnan (Livres), Voisin Blogueur,
Nicolas Maille, Sullivan Le Postec, Vincy Thomas,
Jann Halexander, Tom Peeping
, Lucian Durden,
Papy Potter, Nico Bally, Marie Fritsch,
Sir Francisco, Laurent Fialaix
et Hugo Rozenberg.

Special Guest Star : Philippe Arino.

Un grand merci à Francis Moury,
Olivier Nicklaus et à
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et bien d'autres depuis le début et d'autres à venir...

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à l'association "Le Refuge" (Daniel C. Hall).

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Dimanche 8 octobre 7 08 /10 /Oct 13:18

Lorsqu'un individu doit prendre la décision d'intervenir face à une situation donnée, l’homophobie d’un voisin par exemple (et quel exemple !), la présence d'autres témoins a tendance à inhiber sa réaction. Ce phénomène est couramment appelé, en psychologie sociale et notamment dans le cadre des études sur les conduites d'aide, l'effet spectateur (Latané & Darley, 1968).
Mais l’homophobie ordinaire, ici aux USA, c'est aussi celle dans n’importe quelle grande ville, petite ville, village en France, c’est ça… de suite, près de chez vous… Et vous, serez-vous spectacteur ?

Par Daniel C. Hall - Publié dans : VIDEOS : Lutte contre l'homophobie
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Dimanche 8 octobre 7 08 /10 /Oct 12:34

Première de Toutes folles de lui, émission de variétés présentée au club sportif Vitatop de Maillot par Christophe DECHAVANNE.
Celui-ci est entouré de jolies filles toutes vêtues de maillots sexys et colorés, et qui bien entendu sont toutes folles de lui.
Également autour de DECHAVANNE des éléments masculins plus ou moins déshabillés et musclés, ainsi que des comédiens qui font des gags : un homosexuel, un maniaque, des jumeaux, un garçon de cabine, un professeur de gym...
DECHAVANNE a invité (entre autres...) pour cette première :
Mylène FARMER : autour d'elle des Apollons en slip de bain dansent.

C'est vraiment un week-end détente et nostalgie sur Les Toiles Roses... en fait, très zanziesque en diable, non ?
http://www.farmermylene.fr

Par Daniel C. Hall - Publié dans : VIDEOS : La TV en folie
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Samedi 7 octobre 6 07 /10 /Oct 14:19

Par Daniel C. Hall - Publié dans : VIDEOS : La TV en folie
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Samedi 7 octobre 6 07 /10 /Oct 14:05
Par Daniel C. Hall - Publié dans : URGENT : Gays, militants et résistants !
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Samedi 7 octobre 6 07 /10 /Oct 13:09
Pour rester dans le trip Zanzi... et c'est le week-end, on peut se détendre, non ? :-)

 
Par Daniel C. Hall - Publié dans : VIDEOS : La TV en folie
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Samedi 7 octobre 6 07 /10 /Oct 10:06
 


 

Depuis quelques années, les chaînes de télévision se sont érigées en « découvreuses de talents ». TF1 avec Star Academy, France 2 avec Entrée d’artistes, M6 avec Nouvelle Star… C’est bien tout ça, mais il faut reconnaître que, excepté pour la chaîne du service public, le but premier est avant tout de faire de l’audience et de battre à plates coutures ses concurrents directs sur le terrain de l’audimat. Le défi, pour celles et ceux qui passent par ces « institutions » est de franchir la barrière qui sépare l’éphémère star-gadget de l’artiste qui construit sa carrière dans la durée. À l’image des séries médicales où l’on voit le chirurgien annoncer gravement à la famille d’un patient accidenté que « les prochaines 24 heures seront décisives », il en est ainsi, sauf quelques exceptions, de ces nombreux aspirants à la célébrité qui, une fois passé leur moment de gloire grâce à la petite lucarne, retombent piteusement dans l’anonymat au cours de l’année qui suit. C’est la dure loi du genre : multi sunt vocati, pauci vero electi.

 
 

Tout bien considéré, il n’y a aucune raison pour que les chaînes s’arrogent un monopole en la matière. Les Toiles Roses relèvent le gant et entrent dans l’arène ! À condition, bien sûr, que vous aussi, chères lectrices, chers lecteurs, participiez à ce jeu…
Non, il n’est pas question de vous demander d’envoyer des sms ni d’appeler des numéros surtaxés. Pour peu que vous ayez l’adsl, toute démarche sera gratuite. De quoi s’agit-il ? J’y viens…

 

Il y a de cela quelques années, un de mes amis avait été approché par un « arrangeur amateur » qui lui avait proposé de jouer les paroliers. Il y avait alors une jeune fille qui rêvait d’être Jenifer ou Nolwenn, et qui ânonnait des monosyllabes sur une musique pop un peu rythmée. Il m’a fait écouter le morceau, ce n’était pas mal du tout et je pense que cela aurait pu faire un joli tube si seulement les paroles qu’il avait imaginées pour coller à la musique n’avaient pas été refusées par la principale intéressée. J’ose qualifier ce veto de manque d’audace. Or, il en faut quand on veut percer dans un milieu aussi fermé et dur que celui de la chanson. Sans doute cette jeune fille n’avait pas la carrure pour oser porter des paroles aussi fortes. Peut-être que Cynthia ou Dominique de Star Ac’  6, elles…

 

Bref, sans plus de suspense, voici un extrait de ce que cela donnait :

 
 
 
 
 
 

Je t’aimerai pour l’éternité
Et au-delà de l’infini
Partager ta vie
Jour après jour
Oh mon amour
L’univers est à nous

 
 
 
 
 
 
 

Jusque-là rien de bien méchant, me direz-vous, mais voici la suite qui lui a fait peur :

J’ai toujours envie
De te faire l’amour
Et fondre dans ton corps
Au bout de la nuit
Quand renaît le jour
J’en redemande encore… et encore !

 

Ah oui, j’oubliais de vous dire que la chanson commençait ainsi :

 
 
 
 
 
 

J’ai posé mes lèvres
Sur ton corps brûlant
J’ai laissé la fièvre
Envahir mon sang
D’un désir ardent
Troublant…

 
 
 
 

Alors là, franchement, je ne sais pas ce que vous en pensez mais moi, Zanzi, je trouve que c’est un beau gâchis ! Cet ami, qui a aimablement accepté que je reproduise ici des extraits de son texte (et pour cause !) aimerait se lancer lui-même dans l’aventure. Des textes du même acabit, et plus chauds encore, il en a à revendre ! Je les ai lus… Mais il lui manque un petit quelque chose :
1) un ou des musiciens pour orchestrer ses chansons
2) un nom de scène
S’il y a parmi vous des musiciens qui sont intéressés, ils peuvent se manifester en nous envoyant un e-m@il. Pour les autres, voici le jeu que je vous propose : aider à la création de la nouvelle star rose ! Comment ? C’est bien simple. Envoyez-nous vos propositions de nom d’artiste pour ce pauvre garçon bourré de talent (il chante aussi bien qu’il écrit), les meilleures seront publiées dans un prochain billet et je les soumettrai au vote du public (par courrier électronique, pas de textos surtaxés !).

 

PINK STAR ACADEMY : avec Les Toiles Roses, participez à la révélation de la nouvelle star rose, aidez un artiste à se faire connaître. C’est aussi bien que de collaborer à la rédaction d’une nouvelle constitution. Et c’est plus amusant. À vous de jouer !

 
 

 

Notre email : lestoilesroses@hotmail.fr

ou
la mienne : zanzi.blog@gmail.com
Vous pouvez l'utiliser (la mienne, of course !) pour jouer à Pink Star Academy, pour me critiquer (positivement ou négativement), m'injurier, ou m'envoyer des lettres d'amour (oh oooouuuuuiiiiiiiiiiiiiii !!!).

 


Pour lire le précedent épisode de Zanzi and the City,
cliquez ici.

Par Zanzi - Publié dans : HUMEUR : Zanzi and the City
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Samedi 7 octobre 6 07 /10 /Oct 08:07
Par Daniel C. Hall - Publié dans : VIDEOS : La TV en folie
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Vendredi 6 octobre 5 06 /10 /Oct 09:21


Peux-tu nous présenter ton blog, sa genèse, son contenu, ce qu’il t’apporte et ce que tu penses qu’il apporte à tes lecteurs(trices) ?

Tatiblog est un savant mélange entre cyclothymie et hédonisme. Il me sert parfois d’exutoire. Je ne sais pas ce qu’il apporte aux lecteurs et lectrices, il faut leur demander !

Tu écris le premier paragraphe d’un roman ou d’une nouvelle dont le héros n’est autre que toi-même. Quel serait ce paragraphe ?

Tu sais bien que je ne sais pas écrire. Et encore moins un roman ! J

Si tu étais les premières images d’un film, quelles seraient-elles et pourquoi ?

Une image de clubbers hurlant, en communion parfaite, sur une montée électro à la Miss Kittin. Ce sont des instants magiques qui me font toujours vibrer malgré les années passées à écumer les clubs.  

Quel est ton roman préféré (à thématique gay ou LGBT) et pourquoi ?

Butch femme mode d’emploi de Leslea Newman. C’est très drôle. Mais mon préféré reste Sex Addict de Tatiana Potard ! Non, sans déc’, je viens de finir The end de Didier Lestrade, et c’est vraiment un très bon livre.

Quel est ton film préféré (à thématique gay ou LGBT) et pourquoi ?

Priscilla, folle du désert ? The Rocky Horror Picture Show ? Hedwig ? Pédale Douce ? Tipping the Velvet ? Ne me demande pas de choisir…

Quelle est ta série TV préférée (à thématique gay ou LGBT) et pourquoi ?

L Word ? Abfab ? Will & Grace ? QAF ? Non, choisis toi…

Quelle phrase tirée d’un livre ou film ou encore d’une chanson semblerait te définir à la perfection ?

Une locution latine de Virgile : « Omnia Vincit Amor »

Quelle photographie (perso ou non), image, tableau (etc.) pourrait te définir le mieux ou donner des pistes sur ta personnalité ?

Question piège : Penses-tu qu’il existe une culture gay ?

Une culture ? No comment… mais des éditeurs gays oui ! J

Quel dialogue pourrais-tu imaginer entre ton moi profond et ton moi blogueur ?

-          Tu ne peux pas écrire ça !

-          Mes lecteurs sont assez intelligents pour comprendre que je plaisante…

-          Efface ce post !

-          Fuck !

-          Je te paye une vodka-coke si tu l’effaces.

** Delete * *

Quel est le blog que tu voudrais réellement faire connaître et pourquoi ?

http://www.manycreation.com/index.php simplement j’aimerais filer un coup de pouce à cette jeune créatrice talentueuse.

Quelle question ne voudrais-tu pas que l’on te pose ?

« Et sinon, tu fais quoi comme vrai métier ? »

Dernière question. Pour passer (ou non) à la postérité, il faut préparer ses derniers mots ou dernières phrases à dire sur son lit de mort : quel(le)s seraient-ils(elles) ?

« Il est déjà fini l’happy hour ? »

Toutes les photos sont (c) D. R. Sans autorisation,
elles seront retirées sur simple demande ou munies d'un lien actif.




TO BE CONTINUED...
Le prochain épisode de cette saga mettra en vedette :
GREY DU BLOG GREY MONDAIN
Par Daniel C. Hall - Publié dans : WEB : Les Blogs Roses
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Vendredi 6 octobre 5 06 /10 /Oct 08:32
Par Daniel C. Hall - Publié dans : VIDEOS : La TV en folie
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Jeudi 5 octobre 4 05 /10 /Oct 13:47
 


Marilyn Monroe est probablement la star qui a le plus inspiré les grands photographes de son époque. De David Conover (qui a découvert Norma Jeane) à Philip Halsman, en passant par André de Dienes, tous ont été captivés par sa beauté et son aura et les ont magnifiées, chacun selon son style. Bert Stern fut, en 1962, le dernier à bénéficier de ce privilège qui marque une vie et une carrière. « The Last Sitting » représente un total de 2 571 photos, dont 59 sont devenues la propriété d’un collectionneur new-yorkais, Leon Constantiner. Elles sont actuellement exposées à la Fondation Dina Vierny – Musée Maillol à l’occasion du 80e anniversaire de la naissance de Marilyn (1er juin 1926).

Rêvant de photographier à sa manière l’icône du 7e art, Bert Stern, de sa propre initiative, propose au magazine Vogue un reportage photos sur Marilyn. Lorsque celle-ci donne son accord au projet, elle a 36 ans. En ce début d’été 1962, elle vient d’être renvoyée par son employeur, le studio 20th Century-Fox, en raison de ses absences répétées sur le tournage de Something’s got to give. La dernière d’entre elles a consisté en un célèbre aller-retour à New York pour chanter au Madison Square Garden « Happy Birthday Mr President » devant son amant, John Fitzgerald Kennedy.

Remake d’un film de 1940 avec Cary Grant et Irene Dunne, My Favorite Wife, cette comédie dont la réalisation était confiée à George Cukor devait marquer le grand retour de Marilyn après un an et demi d’absence des plateaux. Le tournage éprouvant des Désaxés en 1960, la mort brutale de Clark Gable dix jours après la fin du tournage et son divorce d’avec Arthur Miller quelques mois plus tard avaient ébranlé sa résistance nerveuse. En 1961, quelque chose avait déjà craqué… Pourtant, lorsqu’elle tourne les essais de costumes pour Something’s got to give, Marilyn apparaît transformée. Amincie, lumineuse, elle est véritablement au sommet de sa beauté et semble bien décidée à effectuer un come-back triomphal. Jamais auparavant elle ne fut plus belle qu’en ce printemps-là.

C’est alors qu’elle est en procès (qu’elle gagnera) contre la Fox pour rupture de contrat, que Marilyn Monroe accepte de poser pour Bert Stern. Ce dernier choisit de délaisser le cadre classique du studio photo pour installer ses appareils dans une suite de l’hôtel Bel-Air à Los Angeles. Seul et sans assistant, il attend, non sans un soupçon d’angoisse, la déesse de l’écran qui viendra enfin, mais avec cinq heures de retard. Qu’importe, elle est là, et ensemble ils vont joindre leurs talents respectifs pour créer un chef d’œuvre photographique à la mesure de la légende de l’actrice.

Consciente que la nature l’a dotée d’un corps de rêve, Marilyn n’a jamais hésité à en réjouir la vue de générations d’admirateurs. Jeune starlette fauchée, elle avait posé nue pour un calendrier entré dans l’histoire. Star accomplie qui n’avait plus rien à prouver, c’est dans le plus simple appareil que, quelques semaines plus tôt, elle avait tourné la fameuse scène de la piscine de son dernier film inachevé. Face à Bert Stern, elle récidive et s’expose naturellement, sans maquillage ni artifice. C’est une femme dans la splendeur de sa vérité qui est ainsi immortalisée pendant douze heures d’affilée.

Au cours de la séance, une complicité quasi-amoureuse s’instaure entre le photographe et son modèle. Un cliché, pris devant un miroir, illustre ce rapport fusionnel qui s’est établi entre eux. Au fil des heures, Marilyn s’amuse devant l’objectif. Espiègle et mutine, elle joue avec de lourds colliers d’ambre comme avec de légers foulards transparents qui ne cachent pas la cicatrice qu’elle doit à une récente opération de la vésicule biliaire. Sous le regard de Stern, elle se métamorphose en odalisque et en vestale, tantôt gamine, femme-enfant, tantôt femme fatale. Un peu de bleu sur les paupières, de rouge sur les lèvres, et c’est tout. Les photos ne sont pas retouchées. L’œuvre du temps a imprimé sa marque sur le visage de Marilyn. Quand elle sourit, rides et pattes d’oies gravent les contours de ses yeux. Elle est vraie et ne triche pas.

L’ombre de la mort plane sur cette première « dernière séance » – il y en aura une deuxième, Vogue refusant les photos jugées trop dénudées. La prude Amérique a – un peu – évolué en 45 ans, mais on ne peut s’empêcher de songer, avec la mentalité actuelle, combien ces photos n’ont cependant rien de choquant. Mais elles nous interpellent : la fin prochaine de Marilyn s’y reflète en filigrane. Par exemple, quatre photos la représentent inanimée, comme étranglée par ses fabuleux colliers entortillés autour de son cou, ces fameux diamants qui « sont les meilleurs amis d’une femme ». Ces images troublantes d’une femme dans la posture de la mort auraient pu être prises par la police sur les lieux d’un crime. Avec le recul, la mise en scène se révèle saisissante. Sur d’autres photos, Marilyn a le regard absent, perdu dans le lointain comme si, déjà, elle n’appartenait plus à ce monde. Ces gros plans contrastent avec ceux qui offrent d’elle le même sourire qui a ensorcelé l’univers dans les années 50. Enfin, les clichés « ratés » où Marilyn s’est elle-même barrée d’une croix ont une puissance évocatrice qui préfigure sa fin tragique.

Le thème de la mort ressurgit dans les épreuves de la deuxième séance où, cette fois, à la demande de Vogue, Marilyn pose habillée et maquillée. Elle s’y vêt d’une robe noire et semble alors porter son propre deuil. Sur un cliché, de profil, la tête posée sur la main droite et les yeux mi-clos tournés vers le bas, elle ressemble à ces veuves méditerranéennes qui pleurent leurs morts avec force sanglots et exubérance, sauf que son chagrin, à elle, est intériorisé. Sans qu’une larme vienne perler sur sa joue, Marilyn pleure ses illusions perdues, sa jeunesse évanouie et l’enfant qu’elle n’a jamais eu. Semblable à un cygne noir qui entonne son chant d’adieu, elle resplendit une dernière fois sous l’œil de Bert Stern qui nous livre d’elle les portraits les plus beaux et les plus bouleversants.

Dans la nuit du 4 au 5 août 1962, Norma Jeane Baker a quitté ce monde, la veille de la sortie de ce reportage dans Vogue, mais Marilyn Monroe est immortelle… pour l’éternité.

Marilyn – La Dernière séance, au Musée Maillol, 61 rue de Grenelle, Paris VII, tous les jours sauf mardi de 11 heures à 18 heures, prolongation jusqu’au 6 novembre 2006 (le 1er novembre inclus).

www.museemaillol.com


Pour lire le précedent épisode de Zanzi and the City, cliquez ici.

Par Zanzi - Publié dans : HUMEUR : Zanzi and the City
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Jeudi 5 octobre 4 05 /10 /Oct 09:56

Épisode 2 : Des clones et des Individus

Par Sullivan LePostec
Front de Libération Télévisuelle
- juin 2005


Si les gays et lesbiennes abondent dans les séries télés d’aujourd’hui, il n’en a pas toujours été ainsi... Retour sur trente ans de représentation de l’homosexualité dans les séries.

La bête médiatique a ceci d’étrange qu’elle est autant capable de s’emballer sans aucune retenue pour un événement de moyenne importance que de passer sous silence un autre d’importance plus grande. Nous avions conclu la première partie de cet article sur le coming-out double d’Ellen de Generes et de son personnage dans la sitcom Ellen à la fin de la saison 1996-1997. Un événement qui allait profondément changer la manière dont les séries télévisées aborderaient la question de l’homosexualité. Mais revenons quelques mois plus tôt...

Première fois

Au début de cette saison, une nouvelle série a fait son apparition, une création de Jason Katims, produite par Edward Zwick et Marshall Herskovitz. Cette équipe créative avait déjà été à l’origine, deux saisons plus tôt, de la formidable My so-called life (Angela 15 ans, 1994-1995). Cette série avait elle-même brisé un tabou majeur en mettant en scène un personnage homosexuel adolescent, avec en plus toute la richesse psychologique, la rigueur d’écriture, le réalisme et la qualité d’interprétation dont cette série ne se départait jamais. Angela avait connu une annulation abrupte au terme de 19 petits épisodes, mais connaîtrait une vie majeure en rediffusion, la reprise en boucle de la série par MTV la faisant connaître et la transformant en véritable série culte.

L’équipe arrive donc sur ABC (une chaîne qui, vous l’aurez remarqué, revient très souvent...) avec Relativity (1996-1997). La série est centrée sur Isabel et Leo, un jeune couple qui s’est rencontré lors de vacances en Italie, et sur leur famille et amis. Parmi eux, la sœur de Leo, Rhonda, présentée comme lesbienne ; ce personnage est le premier personnage de lesbienne récurrente à faire partie de la distribution principale d’une série.
Mimant un peu le parcours d’Angela, cette série très bien écrite ne rencontre pas le public et déroulera ses épisodes dans une relative indifférence. C’est ainsi presque en toute discrétion qu’elle mettra en scène le premier baiser homosexuel « romantique » de l’histoire de la télévision, qui sera donc lesbien. The Day the Earth Moved [1.13, janv. 1997] qui contient le baiser entre Rhonda et sa petite amie Suzanne est, à l’image de la série elle-même, remarquable en cela qu’il montre la relation de ce couple ainsi que ses interactions avec les autres personnages de manière naturelle et non sensationnaliste. Et s’ils se garderont de trop attirer l’attention sur le programme à l’audience faible, l’occasion servira tout même à justifier quelques belles sorties des fondamentalistes. Ambiance : « L’industrie télévisuelle continue de promouvoir les intérêts homosexuels avec une ferveur ascendante, au travers de personnages homosexuels réguliers, de mariages homosexuels et maintenant des scènes d’embrassades lesbiennes passionnées. Et ils n’arrêteront pas leur assaut sur la moralité avant que la société américaine ne plie et accepte totalement le mode de vie homosexuel comme légitime. »
On peut s’interroger sur le fait que cet événement marquant provoquera moins de remous et de changements que le coming-out d’Ellen cinq mois plus tard. Si la petitesse de l’audience de Relativity en est une raison, c’est la structure de cette audience elle-même qui est aussi en cause. Dans une certaine mesure, il peut être mentionné que la série, drama sensible dépeignant de façon réaliste la vie de personnages modernes, prêchait pour une large part de convaincus. A contrario, Ellen est une sitcom, genre qui plus que tout autre va rassembler la famille et tendre à toucher l’Amérique profonde. La nature de célébrité d’Ellen de Generes et l’intelligence du coup médiatique (le double coming-out personnage/actrice) achèveront de fournir à la presse et au reste des médias de quoi alimenter leur moulin.

Un autre paradoxe est intéressant à soulever. 15 ans séparent le premier personnage principal gay récurrent du premier personnage principal lesbien récurrent. Pourtant, c’est ce même personnage lesbien qui sera la première à embrasser une partenaire (et Ellen ne tardera pas à lui emboîter le pas).
L’apparent paradoxe met bien en évidence l’erreur qui consisterait à croire qu’Ellen et Relativity mettent en valeur une plus grande tolérance face au lesbianisme. Simplement, les mécanismes de rejet des lesbiennes et des gays sont très différents. Les lesbiennes sont confrontées à un déni d’existence qui veut induire que leurs relations ne sont pas véritablement sexuelles, en l’absence de pénétration. Et si on ajoute à cela les fantasmes graveleux du beauf de base qui aime à s’imaginer au milieu d’un couple de femmes... À cet égard, et en dépit de quelques merveilleux épisodes notamment de Picket Fences sur le sujet, la façon d’Ally McBeal de tourner autour du sujet des baisers féminins uniquement sous l’angle de l’érotisation hétéro manquera régulièrement de peu de sombrer dans le mauvais goût.
S’arrêtant au terme d’une cinquième saison qui aura accordé une très large part à la question gay, Ellen laisse donc derrière elle un paysage audiovisuel américain assez profondément marqué. Les personnages récurrents gays ou lesbiens se multiplient... Souvent, pourtant, ils sont encore généralement des personnages de second (voire troisième) plan. Surtout, on sent que si tout le monde a le désir d’avancer sur le sujet, encouragé par le buzz globalement positif et les frémissements d’audience souvent notés, on reste prudent. Les personnages restent généralement asexués et leurs histoires personnelles ne bénéficient pas d’une égalité de traitement avec celles de leurs camarades hétéros.

L’un des programmes les plus marquants à surfer sur la vague friendly de l’époque sera bien sûr Will & Grace (1998-~). Créée par un gay, Max Mutchnick, les intentions de la série ne sont donc pas à remettre en cause. Néanmoins, les limites de ce qu’on peut montrer à cette époque sont évidentes. Reste que la série a, tout comme Ellen, l’avantage d’être une comédie, ce qui lui permet une grande exposition ; et puis, tout comme Ellen, Will & Grace est très souvent drôle !..
En tout état de cause, la situation est parvenue à une sorte de nouveau point d’équilibre, et a besoin d’un nouvel élément provocateur pour aller à nouveau de l’avant. La nouvelle impulsion sera prodiguée par deux nouveaux acteurs du paysage audiovisuel américain.

To be or not to be consensuel

Mon premier est une chaîne pour ados qui se développe avec succès à la fin des années 90. La WB accueille sur son antenne Kevin Williamson, scénariste en odeur de sainteté puisqu’il vient, à lui tout seul, de relancer le genre du slasher movie au cinéma (il est l’auteur de Scream et de quelques succédanés tels I know what you did last summer). Williamson est aussi ouvertement gay.
Il livre à la WB une série d’évidence hautement autobiographique, Dawson’s Creek (1998-2003). Mais, il est impossible de faire de son personnage principal, son double (à ce titre, je crois que le final de la série est éloquent) un gay, à fortiori parce que la série est un teen show. Le sujet est donc évacué de la première saison de la série. Mais si Kevin Williamson n’est sans doute pas le meilleur écrivain du monde, il ne fait en revanche nul doute qu’il est extrêmement intelligent.
Dans la seconde saison de la série, il introduit ainsi le personnage de Jack McPhee. Dès l’origine, son intention est de lui faire faire son coming-out. Mais rien ne le laisse initialement supposer. Williamson intègre d’abord le personnage comme un élément d’un nouveau triangle amoureux avec Joey et Dawson. Pendant plusieurs mois, Jack est présenté, et tout est fait pour lui conférer la sympathie du public. C’est alors que Williamson place son point. On le voit, très, très consciemment, Williamson rejoue le coming-out d’Ellen en version abrégée.
C’est dans un épisode clef diffusé pendant les sweeps – période où les audiences sont scrutées au millimètre – que Jack va se révéler. Les épisodes To be or not to be... & That is the question (2.14 & 15, février 1999) seront par ailleurs la dernière occasion pour Williamson de signer un script avant le double épisode final de la série. Ces deux segments mettent en scène un coming-out forcé tout ce qu’il y a de plus artificiel, Jack étant « obligé » de se positionner comme gay alors qu’il est à peine au début de sa prise de conscience, mais qui met du coup en place une situation très représentative du Dawson original de Williamson, c’est-à-dire très (voire exagérément) analytique.
Le mauvais coté des choses est aussi facile à voir : le Dawson original est en train de vivre ses derniers jours puisque Williamson quitte la série à l’issue de la seconde saison, laissant à ses successeurs la gestion d’une story-line qu’ils auront bien du mal à laisser s’écouler naturellement.

Toujours est-il qu’au terme d’une « quête » d’une saison, Jack embrassera à la fin de la troisième année de la série son romantic interest d’alors (la formulation « petit ami » étant véritablement abusive). True Love (3.23, mai 2000) marque donc le premier baiser entre hommes de la télévision US. Si on est loin des embrassades passionnées des couples hétéros, il n’est pas anodin de noter qu’il a lieu entre deux adolescents. Ni de tempérer immédiatement cette remarque en ajoutant que les acteurs n’ont pas loin de dix ans de plus que leurs personnages... Par la suite, la série continuera longtemps sur ce mode mi-figue, mi-raisin. On pourra en rejeter la cause alternativement sur plusieurs responsables. Les scénaristes enfoncent le personnage de Jack dans une démarche, disons-le, assez cul-cul et elle-même plutôt normative. Kerr Smith, l’acteur qui interprète Jack, fait inclure dans son contrat que le nombre de baisers homos possible est limité à 1 par saison (soit 22 épisodes) – il se relâchera sur ce point vers la fin de la série. Par ailleurs, il semble relativement certain que la WB elle-même n’est pas prête à laisser ses séries aller « trop » loin.
Quoiqu’il en soit, une nouvelle étape a été franchie, une fois de plus avec plus de retours positifs que négatifs. L’intérêt économique – nous sommes en Amérique et c’est un peu tout ce qui compte – de traiter de la question gay dans les fictions est démontré.

Toujours sur la WB, un autre personnage depuis longtemps établi (et jusque là parfaitement hétérosexuel) entame sa marche vers le coming-out. C’est dans Hush (4.10, décembre 1999) que le personnage de Tara entre pour la première fois dans la vie de Willow, la meilleure amie de Buffy, the vampire slayer (1997-2003). Dans la suite de la saison, la relation entre les deux jeunes femmes se développe, sans que pratiquement rien ne soit montré. Willow et Tara sont toutes deux des sorcières, et leur relation est mise en scène au travers de métaphores magiques et de formules orgasmiques. Ce n’est qu’à l’occasion de The Body (5.16, février 2001) qu’elles échangeront leur premier baiser. Le déménagement de la série sur UPN à partir de la sixième saison entraînera des changements visibles dans la manière dont les relations sentimentales de Willow seront abordées. Les baisers deviendront aussi fréquents que pour les couples hétéros, et plus largement, c’est tout leur traitement qui sera mis sur un pied d’égalité, au point que la perte de son amour rendra Willow folle de colère lorsque Tara sera assassinée à la fin de la sixième saison. Autre témoignage de cet état d’esprit, le montage final de Touched (7.20, mai 2003) où plusieurs couples sont montrés faisant l’amour, dont Willow et Kennedy dans une scène très hot avec piercing sur la langue inclus...

Vous avez dit clonés ?

Terminons enfin de signaler les « franchissements de limites » en évoquant deux autres séries. Once & Again, dans son épisode The Gay/Straight Alliance (3.16, mars 2002) met en scène un baiser entre les deux adolescentes Jesse et Katie, interprétées par Evan Rachel Wood et Mischa Barton, 15 et 16 ans, soit deux adolescentes elles-mêmes.
Enfin, le baiser lesbien du personnage de Bianca en avril 2003 dans All my children – après trois ans de présence en tant que lesbienne affirmée dans la série – marque une autre date importante puisque All my children n’est pas une série de prime-time mais un daytime soap qui touche l’Amérique profonde en plein cœur de l’après-midi.
Du point de vue de ce qu’il est possible de montrer, la situation a considérablement progressé. Si le baiser homosexuel, en particulier gay, n’est pas encore véritablement une habitude, il est devenu suffisamment fréquent pour ne plus constituer en lui-même un réel événement médiatique.
Mais, en dépit des progrès évidents, la multiplication de gays et lesbiennes un peu clonés sur le même modèle – ils sont, il faut bien l’avouer, régulièrement imprégnés de clichés ; ils partagent presque tous une tendance à l’asexuation ; leurs histoires personnelles et leurs relations ne sont souvent pas mises sur le même plan que celles des autres personnages – pourra souvent être vue comme l’institution d’une politique de quotas non officielle relativement agaçante. Je ne suis pas loin de penser que la gestion du sujet par la franchise Law & Order (1990-~ pour la série originale, trois séries dérivées existent. Elle est diffusée en France sous le titre ‘New York... District / Unité Spéciale / Section Criminelle) en aura été le parfait contre-pied et signe l’intelligence des gestionnaires de la franchise. Depuis longtemps, les séries Law & Order ont abordé la question de l’homosexualité. Soulevant de vrais débats, adressant des questions intéressantes, elles auront très certainement été plus bénéfiques que plus d’une série avec son homo de service crédité au générique. Reste que pour certains rabat-joie, l’absence de personnage principal gay dans l’une des séries de la franchise restait un « problème ». L’équipe répondra avec roublardise en mettant en valeur le caractère injuste et vain du débat en faisant faire son coming-out à un personnage lors de la dernière scène de son dernier épisode durant la 2004-2005. (Diffusion à venir en France.)

Un autre modèle

En ce début des années 2000, les gays et lesbiennes sont devenus visibles à la télévision. Mais, trop souvent, les séries tendent à se limiter à la problématique du coming-out et à ne pas, ou pas bien, gérer la suite des choses. C’est en ce sens que va agir l’autre élément provocateur, nouvel élément du paysage audiovisuel US., que j’évoquais plus haut.
Au delà des quatre networks de base accessibles à travers tous les États-Unis, au delà même des acteurs tels que les chaînes WB ou UPN, le développement du câble va donner naissance à de nouvelles plates-formes d’ampleur nationale, et donc capables de proposer une production novatrice et courageuse. Surtout, ces chaînes sont payantes ; elles s’adressent donc à un public spécifique, plus CSP+ que couch potatoes. En conséquence, elles ont des possibilités que les networks n’ont pas en terme de nudité, de langage, de contenus. Cela aurait pu en rester là. Oui, mais voilà, ces chaînes, et en premier parmi elles, HBO, vont recueillir un succès phénoménal. À titre d’exemple, il peut y avoir autant de monde devant un épisode des Sopranos sur HBO que devant un 24 Heures sur Fox. La seconde est accessible partout gratuitement quand la première requiert un abonnement spécifique (sur le modèle de Canal+ en France) !

Deux séries du câble vont faire évoluer les choses. D’un coté, je passerai rapidement sur Queer as Folk US. (2000-2005). L’adaptation décérébrée de la formidable mini-série anglaise se transforme en effet bien vite en série-ghetto, par des gays pour des gays, et surtout en véhicule à clichés, en premier lieu duquel la glorification du gay-viril-actif-dominant, tout droit sorti d’une imagerie porno mal assimilée sur laquelle aucun recul n’a été pris. Si on ajoute à cela une écriture faible, des acteurs aussi photogéniques que fadasses, et une réalisation clinquante dénuée d’intelligence, je n’ai pas vu de raison de m’y intéresser passé une dizaine d’épisodes de la saison 2.
En face, si je puis dire, HBO et Alan Ball proposent Six Feet Under (2001-2005). Si elle aussi commencera par aborder la question du coming-out – l’homosexualité du personnage de David étant secrète au début de la série – le moins que l’on puisse dire est que peu l’auront traité avec autant de richesse, en creusant autant le sujet et ses enjeux psychologiques : pression sociale, estime de soi, rêves d’enfant à enterrer (les siens et ceux de sa famille). Par ailleurs, elle abordera très vite d’autres questions. Rien que dans la première saison, sa confrontation très directe avec le drame de Matthew Sheppard (un jeune gay américain tabassé et que ses agresseurs ont laissé mourir accroché à une barrière) marque. Dans la série comme dans la réalité, la mort violente est l’occasion d’un déferlement de haine, des manifestants anti-homo encadrant la cérémonie d’enterrement de leurs pancartes, type « God hates fags » (Dieu hait les pédés). La fiction place très directement l’Amérique face à ses démons.

S’appliquant à tenter de concurrencer les séries « payantes » sur leur terrain, les grandes séries de luxe des Networks, celles que toute l’Amérique a la possibilité de regarder, vont peu à peu entamer de s’affranchir du thème unique du coming-out et de la difficulté à s’assumer en tant qu’homosexuel pour commencer à s’intéresser au spectre des questions soulevées par le sujet.
Ainsi de Urgences (1994-~) qui aura quelque part racheté le caractère quota très marqué de l’homosexualité de Kerry Weaver au fil des saisons, en abordant un certain nombre de questions. Parfois avec peu de bonheur : l’homoparentalité laissera un goût de sujet un peu survolé marqué essentiellement par du sensationnel (la fausse couche de Kerry, l’accouchement sorti de nulle part de Sandy qui refusait pourtant catégoriquement de porter l’enfant du couple, sa mort, puis la bataille juridique entre Kerry et les parents de Sandy pour la garde de l’enfant, résolue en un coup de baguette magique paresseuse par les scénaristes). Parfois avec une grande justesse : un épisode de la saison à venir de la série confronte avec une dignité bouleversante Kerry à son passé et aborde également le « conflit » religion – homosexualité.
Cet ensemble d’éléments me laisse à penser que nous nous trouvons, en 2005, après près de trente ans de traitement positif régulier du sujet à la télévision américaine, au bord d’une représentation juste et diversifiée de l’homosexualité dans les séries. La majeure partie des tabous me semblent levés ou en train de se lever.
À cet égard, il ne me semble pas anodin de signaler que le principal succès de la saison 2004-2005, Desperate Housewives, (2005-~), créée et produite par un gay, Marc Cherry, se permette de mettre en scène un personnage d’homosexuel maléfique. Si le temps du traitement 100 % politiquement correct est derrière nous, c’est qu’un grand pas a été franchi...

Pendant ce temps en Europe...

J’en vois qui râlent à la lecture de cet intertitre : « enfin on quitte les États-Unis ! ». Il faut cependant bien reconnaître que la situation du marché audiovisuel mondial positionne de fait les productions américaines en premier référent dès qu’on aborde le sujet.
Néanmoins, un point de leur passage de l’Atlantique est intéressant à souligner. Les séries américaines sont depuis toujours diffusées en France dans la plus totale anarchie. C’est notamment particulièrement sensible en terme de cases horaires, de nombreuses productions n’étant pas diffusées de par chez nous dans la case pour laquelle elles ont été conçues. La structure de notre marché fait que, bien souvent, des séries de soirée atterrissent au beau milieu de l’après-midi.
Deux attitudes sont alors possibles et pratiquées par les chaînes. La première consiste à censurer. C’est le sort que connaîtront toutes les allusions verbales à l’homosexualité dans les premières saisons de Xéna lors de son passage sur TF1. (Ironiquement, la fin de la série où la relation d’amour entre Xéna et Gabrielle devient assumée n’a jamais été diffusée que sur le câble). L’autre revient au laisser faire. Si possible discrètement dans l’espoir que personne ne le remarque. C’est ainsi qu’en France Jack de Dawson embrassera ses petits copains à 16 heures le samedi après-midi, devant des écoliers et des collégiens plus que les lycéens et les jeunes adultes auxquels la série est plutôt destinée. En cela, le consensualisme souvent excessif dans son traitement du sujet aura clairement été un atout qui aura permis à la série d’atteindre la cible qui a peut-être le plus à profiter d’une exposition à l’existence de l’homosexualité.
Mais la possibilité d’une telle chose met aussi clairement en valeur la différence de libération en matière de mœurs qui séparent les États-Unis de la France, et d’une bonne partie de l’Europe occidentale d’une manière plus générale. C’est en cela que la production spécifique Européenne est importante.
C’est en cela, aussi, qu’il est véritablement triste que rien de notable puisse être signalé avant la deuxième moitié des années 90. Avant cela, l’homosexualité ne sera jamais que l’occasion pour un « héros récurrent citoyen » de résoudre un « douloureux problème ». Et encore, un épisode et puis basta ! La chaîne et les créatifs s’en contentent facilement pour se donner bonne conscience. Autre représentation : le Gérard des Filles d’à Coté (1993-1997). L’acteur s’en donnait visiblement à cœur joie et aura porté la « sitcom » sur ses épaules pendant toute son existence, mais on s’abstiendra de faire d’autres commentaires (évoquer l’épisode Le Trou de la balle ou Gérard, affolé, trouve un trou de balle dans sa salle de bain serait un peu bas de notre part, n’est-ce pas ?).

Premier fait notable à signaler, Une Famille Formidable. Dans la deuxième moitié des années 90, le fils aîné, incarné par Roméo Sarfati, de la famille au centre de la série régulière de téléfilms, fait son coming-out. Élément remarquable : cela se passe sur TF1, et en prime-time.
Quand, à la toute fin des années 90, les directeurs de fiction des chaînes se décident enfin à s’emparer un peu du sujet, la structure de la fiction française, séries à récurrents bâclées d’un côté, unitaires « auteurisants » de l’autre, fera qu’il sera traité au travers de téléfilms plus ou moins événementiels.
On saluera le courage de France 2 pour proposer Juste une question d’amour en 1999. On gardera aussi la tête froide : l’ambition presque affichée était de s’acheter une conscience, les créatifs travaillant sur le film s’entendront dire que leur travail se doit être aussi « définitif » que possible puisque « on ne reviendra pas tous les jours sur le sujet ». C’est toujours dans ces moments-là que l’histoire prend un malin plaisir à vous prendre à contre-pied. Contre toute attente, le film est un gros carton d’audience, mérité devant la justesse de l’intrigue et surtout de l’interprétation. Mieux, il devient culte et, fait inédit, se vent abondamment en DVD. Les réactions des téléspectateurs sont toutes positives, et nettoient les inquiétudes des exécutifs de la chaîne qui trouvaient qu’il y avait « trop de baisers » entre les deux garçons. Dans la foulée, M6 propose sa variation sur le thème, À cause d’un garçon (2001). Là encore, bien que de moindre importance, le succès est tant commercial que critique.

Dès lors, un traitement plus libéré et direct du sujet devient possible, particulièrement sur les chaînes publiques. Les délais assez affolants de la création française font qu’ils sont pour la plupart seulement ces derniers mois en train d’arriver à l’antenne.
Faisant figure d’éclaireur, puisqu’étant déjà un personnage installé dans une série en cours au moment où la bride des scénaristes a été lâchée sur le sujet, le personnage de Laurent Zelder mène son bonhomme de chemin dans Avocats & Associés (1998-~). Après une phase hétérosexuelle, les scénaristes reviendront en effet à leur idée d’origine et installeront un couple gay très exposé de manière permanente dans la série. Récemment, le personnage célébrait même son Pacs.
On évoquera aussi La Vie devant nous (2002). Mais peu auront pu profiter de cette tentative de TF1 de s’approprier le teen show post-dawsonien en l’épiçant à la sauce française (plus de nudité, plus de sexe) tant la chaîne se montrera incapable d’assumer la cinquantaine d’épisodes produits. Moins d’une dizaine passera sur TF1, les autres font les beaux jours du câble. Introduit au travers d’un épisode où il servira de tentateur homo à un des personnages principaux, la série intégrera rapidement ensuite, pour une grosse moitié de ses épisodes, le personnage de Gaël, jeune gay qui s’assume dans sa classe de Terminale. Mais autant les premiers épisodes seront souvent assez réussis, autant le départ de la série du personnage de Constant (le tenté) révèlera des scénaristes sans aucune maîtrise de leur idée. Gaël devient ainsi brusquement hétéro le temps de quelques épisodes avant de finalement se suicider sans que la trame ne convainque personne.

Ces dernières semaines, France 2 proposait Clara Sheller (2005-~). Si le ton général de la série emprunte beaucoup aux fictions centrées sur des femmes à l’Américaine, d’Ally à Sex & the City, le traitement de l’homosexualité du second personnage principal, JP, se veut, lui, réellement décomplexé et Européen. Dans les faits, la question du coming-out – s’assumer ou pas ? – reste l’alpha et l’oméga du traitement du sujet ; et certains regretteront le centrage autour du couple, même s’il fait partie intégrante du concept de la série – et qu’elle a le grand mérite de ne pas diaboliser son personnage d’ange baiseur, Ben.
Début 2006, la chaîne proposera une nouvelle (mini ?) série dont le thème central sera le coming-out. On peut espérer que le traitement continuera dans cette bonne voie...

Impossible de faire un véritable tour d’Europe des traitements du sujet, tant par manque d’espace que de connaissance du sujet. Il me semble néanmoins intéressant et important de traiter, ne serait-ce que brièvement du cas de l’Angleterre. Dans un pays où la loi sera longtemps restée très répressive vis-à-vis de l’homosexualité, la fiction se sera très vite montrée à la fois audacieuse et de très grande qualité. Nous évoquerons trois exemples.

1999, l’Angleterre coiffe le monde entier au poteau en produisant Queer as Folk (le seul, le vrai !) mini-série de 8x30 minutes de Russel T. Davies, suivie l’année suivante par deux épisodes finals d’une heure.
Clichés à la fois non niés, mais passés à la moulinette, richesse psychologique des personnages, subtilité sans faille de l’écriture et interprétation parfaite, QaF U.K. dispose de tout ce qui manque cruellement à sa copie US., ce qui lui permet, elle, d’être vue et appréciée de tous les publics et pas seulement des homos. Le coté phénomène vaguement culte mondial autour de la série ne doit rien au hasard mais tout à une qualité rare.
Encore plus révélateur d’une audace réelle au lieu d’être simplement revendiquée, Et alors ? est une série pour ados très moderne et « jeune » (jusqu’à certains excès). Un des personnages de la bande d’amis est homo et sa sexualité et ses rencontres sont mises en scènes avec un naturel peu fréquent, dans une absolue égalité de traitement avec les autres personnages. En France, France 2 passera la série à la trappe après la diffusion de quelques épisodes le samedi matin. Depuis, elle tourne en boucle sur MCM.
Enfin, le plus grand soap anglais (sur le modèle duquel Plus belle la vie est calqué), Coronation Street aura fait une place au sujet. Dans un épisode d’octobre 2003, les deux personnages gays de la série se retrouveront pour échanger un baiser à l’écran. La scène fera scandale : la chaîne devra s’excuser (!), mais l’autorité de régulation des médias locale, l’ITC, rejettera la plainte déposée...

Nouveaux défis

D’une manière générale, à travers le monde, la question de la représentation de l’homosexualité dans les programmes de journée reste en quelque sorte la nouvelle frontière, celle où la balance des intérêts économiques n’a pas encore été réellement testée, de peur, clairement, de résultats négatifs.
Aux États-Unis, le baiser lesbien d’All my children, qui date pourtant de 2003, continue de faire figure d’exception. Le sujet étant un peu moins sensible en France, comme on l’a vu dans le cas de Dawson, il sera intéressant de voir l’approche qu’empruntera Plus belle la vie, qui vient d’introduire un gay parmi ses personnages, à fortiori compte-tenu de sa diffusion sur France 3 dont la cible est globalement plutôt âgée. Je suis pour ma part convaincu qu’un baiser homo à 20h20 sur France 3 ne provoquerait pas grand remous. Mieux, il sera un pas décisif dans la marche constante vers une acceptation de l’homosexualité.

Sources :
After Ellen : Site sur la représentation des lesbiennes à la télé US.
Media G : Observatoire du traitement de l’homosexualité dans les médias
Epguides.com et TV Tome.

Note : Au moment de la publication de cet article, mi-juin 2005, Plus Belle la Vie avait déjà franchit le pas et programmé quelques chastes baisers gays. Par ailleurs, le soap quotidien de France 3 continuait au même instant sa progression vers un succès établi : courant juillet, la série battait son record d'audience et dépassait désormais les objectifs de part de marché fixés à son lancement. Depuis, un couple gay extrêmement populaire fait les beaux jours de la série.


Par Sullivan LePostec - Publié dans : TV : La Lucarne Rose
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Mercredi 4 octobre 3 04 /10 /Oct 11:52

Et voilà le moment de s’auto congratuler ! Studio Magazine n°227 d’octobre, en kiosque – une référence au niveau cinéma –, met votre blog Les Toiles Roses en vedette comme source et référence dans son dossier « Cinéma et homosexualité » (un dossier fort correct, avec un excellent article de fond, des fiches sur les 20 films à voir) rédigé pour la sortie de L’Homme de sa vie de Zabou Breitman, mais aussi de Le Diable s’habille en prada avec la délicieuse Meryl Streep (en couverture). Un grand merci à Studio pour cette reconnaissance qui nous touche et bienvenue aux lectrices et lecteurs de ce magazine qui, je l’espère, prendront beaucoup de plaisir à nous lire.

Par Daniel C. Hall - Publié dans : LES NEWS ROSES
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Mercredi 4 octobre 3 04 /10 /Oct 09:35

Film projeté dans les collèges et les lycées américains dans les années 50 pour mettre en garde les adolescents contre le danger que représentent les homosexuels. Version originale sous-titrée en français.

Par Daniel C. Hall - Publié dans : VIDEOS : Lutte contre l'homophobie
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Mercredi 4 octobre 3 04 /10 /Oct 08:55

Épisode 1 : La présence fantôme

Par Sullivan LePostec
Front de Libération Télévisuelle
- juin 2005


Si les gays et lesbiennes abondent dans les séries télés d’aujourd’hui, il n’en a pas toujours été ainsi... Retour sur trente ans de représentation de l’homosexualité dans les séries.
Comment s’est acquise la visibilité homosexuelle ? Quelles résistances a-t-elle rencontrée, et quels retours a-t-elle générée ? Quels en ont été les instigateurs, et qu’ont-ils voulu communiquer ? Voilà quelques unes des questions auxquelles nous avons voulu apporter des éléments de réponse.

L’ambiguïté difficile à lever

Il ne tardera pas à devenir évident que la question de la représentation positive des homosexuel-le-s à la télévision est étroitement liée à un genre qui voit le jour à la télévision américaine à la fin des années 70... Avant cette date, la télévision, média familial par excellence, peut difficilement accorder une place à ce sujet tabou. Si un-e homosexuel-le vient à être plus ou moins franchement mis à l’image, il le sera alors dans un cop-show. Un contexte qui multiplie les occasions de, presque systématiquement, le mettre en scène comme au mieux, un marginal, au pire, un désaxé ou un asocial. Il n’y a pas de place pour une identification positive.

Le seul moyen par lequel celle-ci peut s’exprimer, c’est celui du sous-texte, de l’allusion, de la suggestion, bref : de l’ambiguïté savamment entretenue par et pour des initiés. On se souvient de Wild Wild West (Les Mystères de l’Ouest, 1965-1969) à la fin des années 60. On peut aussi évoquer Starsky & Hutch (1975-1979), dix ans plus tard. Mais cette deuxième série arrive à l’époque où le tabou se craquelle, où il commence à devenir envisageable aux États-Unis d’aborder la question un petit peu plus frontalement. Ce que fait un épisode de la troisième saison de la série, Death in a different place [3.06, octobre 1977]. Savante gestion des non-dits et des indices pourtant révélateurs, cette enquête se déroule dans une ambiance caniculaire qui laisse d’autant plus de place aux visages en sueurs et aux chemises ouvertes. Dans les faits, la caméra, positionnée en voyeuse discrète derrière voiles, grilles ou autres éléments du décors, dévoile le parcours de John Blaine, un flic « au dessus de tout soupçon » retrouvé mort dans une chambre d’hôtel sordide. Il y venait avec des filles, disent ses collègues. Pourtant, c’est un politicien gay qui amenait les dites « filles », et Blaine passait ses soirées dans un club gay. Dans un murmure, une nouvelle réalité se dévoile. Le politicien laisse entendre que c’est la société qui a fait de John Blaine ce qu’il était, en le forçant à se cacher... Et Hutch de verbaliser l’inavouable, sur lequel un mot n’est pas placé :
« Starsky... Faut quand même s'interroger. Un homme qui passe 75 % de son temps avec un autre homme... Y'aurait pas certaines tendances à...
— Ah ! oui, oui, là, y'aurait des chances... Arrête, tu me fais peur ! »
Mais les nombreuses conquêtes féminines de Starsky et Hutch saurons sans aucun doute le rassurer, lui et surtout le téléspectateur américain moyen...

C’est donc dans ce contexte que le 2 avril 1978 voit la naissance d’une nouvelle série qui inaugure un nouveau genre télévisuel. Je parle bien évidemment de Dallas (1978-1991) et du prime-time soap.

Un univers impitoyable ?

Le soap-opera existe depuis très longtemps aux États-Unis. Il est né sous forme de fictions radiophoniques sponsorisées par des marques de lessives (soap) ce qui lui donnera son nom. Les premiers soaps franchissent la barrière de l’image dans les années 50 et certains sont la continuation de ceux qui pré-existaient à la radio. Diffusés en début d’après-midi, ils constituent une programmation de journée régulière (un épisode chaque jour), tournés donc à une vitesse folle pour des budgets réduits. Leur horaire de diffusion en fait aussi des programmes forcément consensuels : entre 14 et 16 heures, le public est âgé et peu enclin à se voir bousculer dans ses certitudes.

En adaptant en soirée (22 heures pour ce qui concerne Dallas) ces histoires d’intrigues familiales, d’amours, de trahisons et d’affrontements de clans rivaux, les scénaristes s’ouvrent de toutes nouvelles possibilités.
Le soap est un genre qu’il faut constamment nourrir de rebondissements et de conflits inter-personnages. Le thème de l’homosexualité y est donc un recours potentiellement formidable pour un scénariste, ce qui explique que ce genre l’ait autant utilisé depuis 25 ans.
Mais nous sommes à la fin des seventies, et il est question de défricher des territoires inconnus ; l’approche sera forcément progressive.
En 1979, Dallas diffuse Royal Marriage [2.21, mars 1979]. Dans cet épisode, nous sommes présentés au personnage de Kit Mainwaring, riche héritier qui se fiance à Lucy Ewing, la nièce de JR. Mais au cours de l’épisode, il sera révélé que Kit n’a pas et ne peut avoir de sentiments pour Lucy : il est gay. Les fiançailles sont annulées et le personnage disparaît aussi vite qu’il est apparu, s’ajoutant à la liste des homosexuel-les ne représentant rien d’autre qu’un problème de la semaine, l’occasion de remplir un épisode.
Pourtant, quelque part, cet épisode de Dallas a ouvert une brèche. La série est un formidable succès pour la chaîne CBS et fait des envieux...

Les premiers à tirer seront ABC. La réponse du berger à la bergère se fait en effet sous la forme de Dynasty (1981-1989). L’ambition de la chaîne avec ce soap étrangement similaire à Dallas est claire : faire plus gros, plus beau, plus fort, plus clinquant, plus provoquant, plus... Bref : faire plus de buzz, et donc plus d’audience.
La série institue parmi ses personnages principaux Steven Carrington, le fils du vicieux patriarche au centre de la série, Blake. Et Steven est gay. Le premier personnage régulier gay de l’histoire. Cela dit, son homosexualité est plus ou moins assumée. Car autant les exécutifs de la chaîne sont ravis d’avoir un personnage gay pour faire parler d’eux, autant l’avoir à l’antenne toutes les semaines les gêne gravement aux entournures. Mais il est difficile d’avoir le beurre et l’argent du beurre... Tout au long de ses apparitions dans les deux premières saisons de la série, le personnage flirtera de manière plus ou moins rapprochée avec la bisexualité sans que l’on puisse y voir un véritable choix narratif.
Mais là où il est mémorable, c’est que pour la première fois, face à son immonde Blake Carrington de père, irascible et castrateur, Steven fait figure de personnage positif, de « gentil ». Dans l’épisode The Separation [1.13, mai 1981], Blake surprend son fils chez lui avec son amant de New York, Ted Dinard. Assistant à une scène d’une provocation extrême (les deux hommes se serrent dans les bras l’un de l’autre en plan éloigné dans la pénombre (!)), Blake entre dans une rage folle, se précipite sur Ted. Une bagarre s’en suit au cours de laquelle Ted est accidentellement tué. Une situation est ainsi mise en place :
1/ la relation de Steven est physiquement éliminée (ce ne sera pas la dernière fois). Nous sommes, et pour encore longtemps, dans des temps où on peut éventuellement présenter un gay, à condition qu’il soit aussi abstinent.
2/ Blake est arrêté pour meurtre et va devoir subir un procès.
Les plaidoiries vont bon train et aux arguments de l’accusation, qui pose Blake comme un homme « homophobic enough to kill’ », celui-ci répond qu’il aime sincèrement son fils, mais qu’il souhaite pour lui autre chose qu’une « life of shame ». Le ton est donné.
Ce procès est aussi l’occasion d’introduire, en guise de cliffhanger (fin à suspense) de la première saison, le personnage d’Alexis Carrington, ex-femme de Blake jouée par Joan Collins. Il est amusant de constater que cette superbe garce hétéro, ses attitudes bitchy, ses catfights avec Kristle, etc. marqueront quelque part plus les homos que Steven. Beaucoup en feront en effet une icône. Mais c’est une autre histoire.

Dans la seconde saison, l’hétérosexualisation du personnage de Steven s’accentue encore un peu plus, les exécutifs d’ABC étant d’autant plus frileux que la première saison n’a pas été le succès espéré. Cette évolution s’effectue à la grande frustration d’Al Corley, l’acteur qui interprète le personnage. Hétéro – la chaîne a abondamment communiqué sur le sujet, ses conquêtes étant mises en avant pour dégonfler le potentiel de scandale – Corley vient cependant du théâtre New-Yorkais et a accepté le rôle à l’origine pour son potentiel transgressif. Il quitte la série à l’issue de cette deuxième année, déçu, et se déclarant « dépossédé d’un personnage provocateur ».
Par la suite, Steven fera son retour sous les traits d’un autre acteur (saison 5) et Blake parviendra progressivement à une certaine acceptation de l’homosexualité de son fils. Cependant, son nouveau petit ami aura tôt fait de tomber sous les balles de terroristes...
À bien des égards, et même si le recul du temps et des changements de mentalité créditent aujourd’hui d’une note de sympathie pour ce personnage, cette voie est vécue à l’époque plus comme un problème que comme un avantage. C’est ce qui explique qu’aucun soap concurrent ne se lancera dans les années 80 dans une lutte frontale avec Dynasty sur ce terrain.

Pour ce qui concerne le reste de la fiction, la donne reste sensiblement la même qu’auparavant, même si les personnages gays se font plus fréquents. Ils apparaissent souvent dans les séries policières et nombreux d’entre eux sont présentés sous un jour plutôt négatif ou très caricatural, alors même que les représentations positives sont excessivement rares. Au mieux, on consacre un épisode par ci, par là au sujet, ce qui permet d’assouvir des envies de scénaristes sans risquer de provoquer trop de remous. Car, on le verra plus en détail un peu plus loin, aborder ce sujet sans jugement négatif, c’est forcément générer une levée de bouclier des très puissants lobbies familiaux américains.

Des initiatives de proposer un traitement plus ouvert du sujet s’imposent néanmoins. On pourra ainsi évoquer à titre d’exemple un épisode de Love Boat (La Croisière s’amuse, 1977-1986) titré Frat Brothers Forever [8.14, décembre 1984]. Un ancien ami d’Université du Doc, joué par Roy Thinnes, monte à bord. Mais le Doc découvre qu’il a embarqué avec son petit ami ; le Doc saura accepter ce coming-out et l’épisode de se conclure sur la célébration de l’amitié éternelle.
(Une approche terriblement similaire à celle des héros citoyens français, mais eux sont toujours en action en 2005...)

Statu quo

Sur ce et avec la lente fin des grands soaps flamboyants, arrivent les années 90 et rien n’a vraiment changé.
Dans le paysage audiovisuel US, le teen soap ne tarde pas à débarquer, venant sur Fox TV se substituer aux Dallas et consorts. Dans la foulée du succès de Beverly Hills, les productions Spelling (déjà derrière Dynasty) lancent Melrose Place (1992-1999) dont l’ambition est de mettre en scène non plus des lycéens, mais des jeunes adultes actifs, et de s’ancrer dans la réalité par opposition à l’univers ultra-friqué de Beverly Hills. Pour ces raisons, et aussi parce que, là encore, pour faire parler et exister, il faut se démarquer et surprendre, un personnage gay est installé parmi les permanents. Et il est assez terrible de voir à quel point rien n’a changé, Matt Fielding étant en tous points le digne successeur de Steven Carrington, à cette exception prêt qu’il ne connaîtra pas de phase hétérosexuelle. Pendant longtemps, aussi, il sera presque encore moins marqué gay que Steven puisque ses petits amis sont inexistants ou invisibles.
La première saison de la série ne fonctionne pas. Dès la deuxième, on introduit une garce (ça vous dit quelque chose ?) et le concept initial est rapidement jeté aux orties pour laisser la série muter en un incroyable truc hystérique mais très rigolo. Les (prétentieuses) ambitions de départ sont oubliées mais, du coup, le personnage de Matt a encore moins sa place qu’avant.
À la fin de la seconde saison, l’ambition est pourtant de franchir une étape. Dans Till death do us [2.31, mai 1994], un vieil ami d’un des personnages de la série, Billy, vient d’arriver dans l’intrigue, et alors que cet ami et Matt se rapprochent, Billy est surpris de découvrir que son ami est gay. La découverte étant mise en scène par un baiser auquel assiste Billy à l’insu du couple.
La scène est potentiellement un événement, mais son évocation génère une levée de boucliers des associations familiales. Elles font pression sur la chaîne mais surtout sur les annonceurs qui achètent de espaces publicitaires pendant Melrose Place. Les grandes entreprises qui ont bâti leur succès et leur communication sur la flatterie des « valeurs familiales » sont alors placées face à un dilemme. Quel est le plus grand danger commercial ?
Aujourd’hui encore, en 2005, des marques telles que les cosmétiques Mary Kay, Lowe's, Tyson Foods et Kellogg's boycottent les espaces publicitaires d’une série comme Desperate Housewives sous la pression de lobbies conservateurs. Mais Desperate Housewives est le succès de la saison 2004-2005 et la série n’est pas en danger. En 1994, nul n’a encore eu le courage de tester qui l’emportait des gains publicitaires générés par l’événement médiatique ou des pertes générées par les boycotts. Ce ne sera pas la Fox qui aura ce courage de tenter le coup. La scène du baiser est remontée avec un ralenti et est interrompue par un plan de coupe sur Billy alors que les visages des deux garçons sont séparés de 10 centimètres. On n’en verra pas plus. Matt est condamné aux relations chastes pendant ses trois années suivantes de présence dans la série. Qui plus est, elles seront souvent trompeuses et victimisantes (on se souvient peut-être du petit ami qui le fait accuser de meurtre à sa place et l’envoie en prison...)

Melrose Place vient en quelque sorte de rater un rendez-vous avec l’Histoire et de s’affirmer définitivement comme une série écervelée incapable d’avoir le courage de ses opinions et de ses ambitions.

Nous sommes au milieu des années 90 et la situation n’a que peu changé depuis 15 ans. Tout au plus les références se font plus appuyées.
Mais l’identification positive réside souvent toujours sur le sous-texte pour initiés qui permet de ne pas (trop) s’attirer les foudres des conservateurs. Ainsi des débuts de Xéna la Guerrière (1995-2001) avec la relation ambiguë qui unit Xéna à Gabrielle. On sent nettement un air gay-friendly. Mais les scénaristes semblent peiner à trouver un moyen d’aborder le sujet en minimisant les remous. Il manque l’élément provocateur, capable de modifier le statu quo, de dépasser le cap du « douloureux problème », et de pousser pas mal de séries à faire leur coming-out, si vous me passez l’expression.

S’affirmer, c’est provoquer ?

« Yes ! I’m gay. » Dans la fiction, cette affirmation longtemps délayée est diffusée par accident dans un hall d’aéroport où Ellen est venu voir la lesbienne qu’elle vient de rencontrer et qui quitte les lieux. Dans la réalité, c’est aux oreilles de l’Amérique entière que ce cri soulagé résonne. En 1997, Ellen de Generes est, depuis quatre saisons, la star de sa sitcom Ellen (1993-1998), diffusée sur ABC. Mais l’audience de la série est chancelante. L’occasion est belle de vendre un « coup » à la chaîne. En effet, Ellen de Generes souhaite faire son coming-out et ambitionne de le faire par le truchement du personnage de la sitcom dont elle est productrice.
ABC accepte et diffuse The Puppy Episode [4.22/23, avril 1997]. L’occasion d’un déferlement médiatique énorme aux États-Unis. L’Amérique populaire se voit placée face à une réalité qu’elle avait toujours eu la possibilité d'éviter jusque là. L’Amérique médiatique retient son souffle avant de découvrir enfin qui des boycotteurs et des « curieux » l’emporteront économiquement (c’est-à-dire à la fois à l’audimat et dans les rentrées d’argent publicitaires, le premier sans le second ne servant à rien.)
Rétrospectivement, l’approche paraît évidente. Là où il avait pu paraître difficile de « vendre » (le terme est cruel, mais pas mal choisi) un personnage gay au premier plan dans une nouvelle série, faire faire son coming-out à un personnage installé tire sur la même corde que la découverte de l’homosexualité d’un membre de sa famille. L’intimité, l’amitié et l’amour font qu’il est d’autant plus facile de comprendre et d’accepter. Après quelques personnages homos secondaires perdus au sein d’un ensemble et pas très bien assumés, Ellen déboule et devient le premier personnage principal d’une série, personnage-titre qui plus est, identifié sans ambiguïté comme homosexuelle.

The Puppy Episode est un franc succès. Le ciel ne tombe pas sur la tête d’ABC et la chaîne renouvelle même Ellen devant ce nouveau succès. La possibilité de parler d’homosexualité dans les séries télévisées américaines vient d’être démontrée. La saison suivante, il sera démontré qu’elle ne constitue pas non plus un moyen de tenir bêtement captif un public : Ellen retrouve rapidement ses faibles audiences et est annulée au terme de sa cinquième saison.
Mais la relève est déjà en place...

Dans la seconde partie de cet article, nous reprendrons notre passage en revue après cet événement médiatique qui a ouvert une nouvelle ère de la représentation de l’homosexualité dans les séries, de 1997 à nos jours. De plus, on s’interrogera sur ce qu’il s’est passé pendant ce temps-là en Europe...

A suivre...

Sources :
Le Magazine des séries : analyse de Starsky et Hutch par Thierry Le Peut
Media G : Observatoire du traitement de l’homosexualité dans les médias
Epguides.com et TV Tome.

Par Sullivan LePostec - Publié dans : TV : La Lucarne Rose
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Mardi 3 octobre 2 03 /10 /Oct 08:00
Par Daniel C. Hall - Publié dans : VIDEOS : La TV en folie
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Mardi 3 octobre 2 03 /10 /Oct 05:59

Fiche technique :
Avec Yiannis Aggelakis, Myriam Vourou, Christos Mantakas, Gregory Patrikareas, Eugene Dimitriou et Themis Bazaka. Réalisation : Panos H. Koutras. Scénario : Panos H. Koutras. Compositeur : Konstantinos Vita.
Durée : 103 mn. Disponible en VO et VOST.
Résumé :
Cet hommage trash aux séries Z américaines des années cinquante met en scène une Moussaka géante de trente mètres de haut qui s'attaque aux êtres humains.
L’avis de Homo SF :
À Athènes, dans une luxueuse villa, un jeune ministre grec et son épouse cocaïnomane, Joy, se disputent au cours du dîner. Las, leur fils, Aris, s'en va donner sa part de moussaka au chien. C'est alors que surgit une soucoupe volante.
Au même moment, Tara, travesti enrobé qui rêve de devenir styliste et top model, se rend à une soirée avec ses deux amis, Dimis et Chanel. Quittant la fête suite à l'arrivée de son ex au bras d'une blondasse, elle s'enfuit en pleurs et aperçoit la soucoupe.
Elle se précipite le lendemain chez les scientifiques du Téléscope d'Athènes, une équipe de charmants jeunes hommes en blouse rose qui passent plus de temps à se mater qu'à regarder les étoiles. Sous le charme du directeur du centre, ils apprennent l'existence d'un monstre qui a envahit la ville : une Moussaka Géante.
En effet, à l'intérieur de la soucoupe volante, un équipage de bimbos a décidé de téléporter une des leurs sur Terre pour nous étudier. Mais malheureusement, tel Jeff Goblum dans La Mouche, l'ADN de l'extra-terrestre s'est mêlé à celui de la moussaka abandonnée par Aris pour devenir une moussaka de plusieurs mètres de haut.
On suit alors les déambulations de la part de moussaka à travers la ville, arrosant de son jus brûlant les passants qui fuient en courant devant elle.
D'un kitsch absolu, ce film grec renoue avec délice avec les films des années 50 : les effets spéciaux sont grossiers, les acteurs courant devant la moussaka d'une crédibilité quasi inexistante… Mais on rit et on s'émeut de l'amour tendre de Tara pour le scientifique et on passe un bon moment : que demandez de plus ?

L’avis de Philippe Serve :
Suite à une intervention d'extra-terrestres, une portion de moussaka se met à grandir démesurément et envahit les rues d'Athènes, tuant affreusement tous ceux qu'elle croise... Panique totale... brrrrrr... sluuuuurp....
Avec un titre et une histoire pareils, le spectateur est en droit de s'attendre à un vrai nanar au-delà même de la série Z.
Et, effectivement, il ne sera pas déçu car le film remplit bien tous les critères du genre et sombre plus d'une fois dans le ridicule. Mais il réserve aussi quelques bons moments pour qui saura prendre tout ça au énième degré, le film parvenant cahin-caha à tenir la route entre pur sérieux et parodie à tout va, l'intelligence du réalisateur résidant sans doute à ne pas choisir et à proposer les deux lectures mêlées.
Si le rythme s'avère souvent défaillant (le film avance trop souvent à celui de la Moussaka géante, à savoir très lentement) et ses effets spéciaux franchement nuls, on ne manquera pas de rire à certaines scènes, notamment aux parodies de journaux télévisés plus vrais que nature, aux kitschissimes pin-ups extra-terrestres responsables de la catastrophe ou encore à l'autodérision de tout ce qui est « grec » à commencer par des scientifiques homos en blouses roses ! Et on pourra (presque) s'attacher à l'esprit romanesque de la grosse Tara (joué par un homme, qui n'est pas sans nous rappeler une certain Divine, égérie de John Waters).
Au bout du compte, une sorte d'enfant naturel hellénique de ce bon vieux Ed Wood dont il n'atteint cependant pas les sommets de nullité et à qui il manque la poésie naïve du réalisateur de Glen or Glenda mais qui a su se faire une place de choix à « Nanarland ». On ne peut pas toujours regarder du Bergman et du Kurosawa...

Pour plus d’informations :

Par Homo SF et Philippe Serve - Publié dans : FILMS : Les Toiles Roses
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Lundi 2 octobre 1 02 /10 /Oct 14:36
Par Daniel C. Hall - Publié dans : VIDEOS : Lutte contre l'homophobie
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Lundi 2 octobre 1 02 /10 /Oct 08:47
 


Il y a bien quelque chose de magique dans la naissance d’un enfant. L’émerveillement des parents et des grands-parents devant une vie qui prolonge la leur, la famille dispersée qui se rassemble autour du berceau ; il ne manque, pour ainsi dire, que les fées. Entre deux considérations sur mon changement d’état – je suis passé du statut de fils éternel célibataire à celui de futur vieil oncle excentrique – je n’ai pu m’empêcher de songer que ce bonheur n’était pas le mien, et ne le serait probablement jamais, quand bien même l’on m’y associait étroitement. Soudain, le tableau tout rose célébrant la venue au monde de ma nièce se colorait d’une touche de gris.

Je me souviens qu’au cours d’une conversation que j’eus avec elle il y a seulement trois ans, ma mère me dit : « Tu aimes les enfants, songe au bonheur dont tu te prives ». J’y songe, en effet, plus que de raison, plus qu’il ne faudrait. Je croyais que mon frère m’ôterait un poids considérable des épaules, mais il n’en est rien. Je ne devrais pas penser comme ça. Je sais que je ne ferais pas un père exemplaire. Le rôle du tonton qu’on voit de temps en temps et uniquement dans les bons moments me va beaucoup mieux. Alors pourquoi m’arrive-t-il de rêver dans mon sommeil que je suis papa ?

Je n’irai pas jusqu’à dire qu’il s’agit de rêves prémonitoires, la figure de la mère étant singulièrement absente de ces délires oniriques. Peut-être s’agit-il d’un désir latent qui remue mon inconscient de temps à autre. Être père est une responsabilité que je ne suis pas prêt à assumer. J’ai une vie compliquée, déréglée, indisciplinée, et toutes choses que je ne peux imposer à un enfant. Et ce n’est pas la peine de me dire que cela donnerait un but à ma vie, ou encore que je me sentirais moins seul. Un enfant n’est pas un jouet à la mode qu’on peut désirer au gré de ses envies.

Mais quand ce désir d’être parent est mûrement réfléchi, et que l’on est prêt à prendre l’engagement d’élever un enfant et d’assumer toutes les responsabilités qui en découlent, je pense que chacun devrait avoir le droit de le faire, sans être obligé par un cadre législatif désuet à recourir à des subterfuges et des combinaisons bancales.

Il y a beaucoup d’enfants malheureux de par le monde, ou à deux pas de chez nous. Il y a de petits êtres qui demandent à être aimés, choyés, protégés et guidés sur le chemin de la vie. D’un autre côté, il y a des couples qui ont de l’amour à donner. Vouloir agrandir leur famille de sang ou être confrontés à la stérilité ? Les couples hétérosexuels candidats à l’adoption sont pareils que les couples homosexuels : ils ont quelque chose à offrir ou/et un manque à combler. Pourquoi établir une différence ? Lorsque l’amour est là, le droit à l’adoption devrait être le même pour tous.


Pour lire le précedent épisode de Zanzi and the City, cliquez ici.

Par Zanzi - Publié dans : HUMEUR : Zanzi and the City
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Lundi 2 octobre 1 02 /10 /Oct 04:28
Par Daniel C. Hall - Publié dans : VIDEOS : La TV en folie
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Samedi 30 septembre 6 30 /09 /Sep 09:55

Fiche technique :
Avec Pier Paolo Pasolini. Réalisation : Pier Paolo Pasolini.
Durée : 90 mn. Disponible en VO et VOST.

Résumé :
Pier Paolo Pasolini se définit dans ce film comme un « commis voyageur » qui parcourt l'Italie, du sud au nord, pour sonder les idées et les mots des Italiens sur la sexualité et démontrer la culture "petite-bourgeoise" des années soixante.
L’avis de Jean Yves :
Dans ce film, Pasolini joue les intervieweurs dans une enquête sur la sexualité qui fut une première en Italie.
C'est si l'on veut du cinéma-vérité à l'italienne qui aurait comme moteur autant le tabou et l'hypocrisie qui pouvaient régner à l'époque autour du sexe, que l'esprit à la fois analytique et corrosif du cinéaste.
Pier Paolo Pasolini se transforme, comme il le dit lui-même, en « commis voyageur parcourant l'Italie pour sonder les Italiens sur leurs goûts sexuels ». Le cinéaste, donc, se promène et interroge les gens à l'improviste, provoquant le trouble, la gêne, voire le sourire ou le rire défensif.
À travers le sexe comme révélateur, au sens quasi chimique du terme, Pasolini parvient à faire surgir des profondeurs une culture répressive dans le Nord (« débris d'une idéologie clérico-fasciste ») et réprimée dans le Sud (où elle révèle « sa propre nature archaïque, incongrue et névrotique »).
À une jeune fille milanaise, Pasolini parle des « invertis » et lui fait remarquer que si elle a des enfants, ceux-ci « aussi pourraient être comme ces personnes ». Cri du cœur : « Ah... espérons que non. » Et Pasolini, jouant le jeu : « Espérons que non, je vous souhaite de tout cœur, mais vous savez, il vaut mieux être au courant de certains problèmes si on veut pouvoir les résoudre, non ? » Et la jeune fille de dire : « Oui, non d'accord... Petits, ils seront peut-être invertis, mais espérons qu'ils changeront en grandissant. »
Il y a ensuite tout un passage exemplaire sur la notion de scandale, toujours à partir de cette notion « d'irrégularités sexuelles ». Pasolini interroge un cheminot d'un certain âge : « Ben oui... parce qu'en tant qu'homme je trouve ça dégueulasse. » Puis un passager de première classe : « Face à des cas de ce genre, je n'éprouve que du dégoût, de l'horreur. » Et à la question de savoir ce qui scandalise ce passager : « Tout ce qui sort de la normalité. »
Au milieu de ces témoignages qui en disent long (on a presque l'impression que Pasolini pousse les interviewés, avec malice, dans les retranchements de leur hypocrisie et de leurs tabous) s'intercalent des conversations avec deux intellectuels, Alberto Moravia et Cesare Musatti. Moravia déclare ne jamais être scandalisé dans la mesure où « il est toujours possible de comprendre les choses, et les choses qui se comprennent ne scandalisent pas ».
Et de commenter encore : « Se scandalise celui qui voit quelque chose de différent de lui, donc quelque chose de menaçant pour lui. Une menace tant physique que pour l'image qu'il a de lui-même. Au fond, le scandale est la peur primitive de perdre sa propre personnalité... Je ne crois pas que le Christ se soit scandalisé... ce sont les pharisiens qui se scandalisaient. »

Dans ce film qui fascine, tellement il met à nu, avec la simplicité des évidences, les mentalités profondes d'un peuple à un moment donné, Pasolini se comporte à la façon de Socrate, comme un accoucheur, à cette différence près que les interrogés ne sont pas forcément conscients que le spectateur va lire en eux à livre ouvert.
Un film à ne pas manquer qui met directement en scène le Pasolini dialecticien et observateur-analyste de la société.

Pour plus d’informations :
Bande annonce sous-titrée

Par Jean Yves - Publié dans : FILMS : Les Toiles Roses
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