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HUMEUR : Zanzi and the City

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De nombreux messages arrivent sur notre email et dans les commentaires pour demander des nouvelles de Zanzi et savoir si il était sérieux en démissionnant. Je ne peux apporter de réponse certaine, n’ayant plus aucune nouvelle de ce sinistre individu depuis le mois d’août. Mais hier, j’ai reçu un message anonyme prétendant que « le prince Sélim Al-Zanzi (sic) s'est retiré a Dubaï afin de profiter des revenus de ses puits de pétrole et d’un ensemble hôtelier catégorie super-luxe. » Message accompagné de la photo que je mets en ligne ci-dessous. Je peux vous dire que je reconnais Zanzi. Et dire que je le croyais parti en pénitence dans le trou du cul du Canada ! Pour le reste, je vous tiendrai au courant, ô fans hystériques de notre mégalo and the City.

Daniel C. Hall

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Photo gauche : Zanzi pose pour une marque de jeans / Photo droite : La poitrine généreuse de Queen of Sheba
(c) Zanzi


Pour ce dernier billet, je ne mets pas de (sous-)titre. Je n’ai pas pu choisir entre « Le premier jour du reste de ma vie », « Love actually », « Farewell my lovelies », « Zanzi’s Party », etc. Pas le temps de faire original, je vais rester sobre. La suite ne l’est pas.

Comme l’a expliqué Daniel avec ses mots à lui dans l’un de ses billets, j’avais invité de nombreuses personnes, dont (presque) tous mes ex, des amis et des membres de ma famille à venir fêter autour de moi mon départ à Caribouland. TiFrère m’avait proposé d’organiser la fête au Presbytère, puisque que mon appart a été vidé le 8 août, mais vu le nombre d’invités il me fallait une surface plus grande alors j’ai demandé à mon ami Amar, peintre de renom et grand organisateur de fiestas, si je pouvais faire la mienne chez lui. Comme il a un cœur d’or et un grand sens du marketing, il a tout de suite accepté.

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Photo gauche : Charlène Lopez drague un hippie / Photo droite : Moment privé dans les toilettes (est-ce Juju à droite ?)
(c) Zanzi


Passons les détails mineurs et venons-en directement aux choses sérieuses. Il y avait des invités de marque ! Mon frère Jay, sa femme, la sœur de ma belle-sœur, le parrain de ma nièce et son mari représentaient la famiglia Zanzi. Les special guest stars de cette soirée phénoménale étaient la sculpturale Queen of Sheba et la divine déesse Charlène Lopez.

Quel honneur !!! Quel bonheur intersidéral !!! Je n’avais pas connu une telle joie depuis que j’ai retrouvé mon visage. Même Daniel, retenu dans son bled par des obligations familiales, a téléphoné pour participer à l’événement de l’année du siècle. Ce coquin a donné mandat à TiFrère de m’embrasser sur la bouche et de me faire des papouilles embarrassantes devant tout le monde.

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Photo gauche : De la Romance... / Photo droite : ... de la Passion...
(c) Zanzi


Presque tous mes ex n’ont pu venir, mais je dois vous dire qu’il y avait quand même un comédien américain, un trendy boy, un grand rémois, un grand alsacien (tiens tiens, mais qui donc ?) qui a eu la présence d’esprit d’amener avec lui une bombasse qui a fait le bonheur de Queeny qui ne s’en tenait plus d’excitation, un bel allemand habillé en rocker anglais, un grand critique de cinéma, de vieux amis très chers (au moins 10.000 euros l’unité) et même des filles pour agrémenter cette soirée multiculturelle ! Il y avait aussi l’un de mes chéris à qui je vais beaucoup manquer (et vice-Verseau). Charlène a fait sa truie et n’a pu s’empêcher de le draguer (entre autres). C’est de ma faute : le dress-code était « petite cochonne sexy ».

Tous les ingrédients d’une bonne soirée étaient réunis pour en faire un grand succès : de l’alcool comme s’il en pleuvait, des invités bourrés, du sexe, de l’exhibitionnisme dans les toilettes, du roulage de pelles, de la drague à deux balles, des voisins grincheux qui appellent la police à cause du tohu-bohu… sans oublier la quiche et le gâteau au chocolat de TiF dont les heureux convives se sont régalés. Mais aussi de la romance, de la passion, et des adieux macbealiens. A must see !

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Photo gauche : ... et de la Luxure ! / Photo droite : Des Stars en pleine lumière !
(c) Zanzi


Mission accomplie : de nouvelles amitiés se sont nouées durant la soirée, des salives se sont mélangées, des corps se sont touchés… Tout le monde m’a promis de venir me rendre visite dans ma grande et sublime maison cariboulandaise qui pourra accueillir au moins cinq fois plus d’invités (samedi 25 août nous étions 28) pour des garden-party à répétition (même inside the house, car il y a un jardin d’hiver). Goodbye Paris ! Au revoir mes chéris-chéries.  Kiss y’all !



Pour lire le précédent épisode de Zanzi and the City, cliquez ici.
 

 

DSCF1430.JPG Casablanca by night en flou artistique (c) Zanzi


Ceci est une parodie de la chronique de M’sieu Daniel, pour narrer avec mon style à moi que j’ai mon bref et récent séjour à Casablanca.

1ère nuit (du vendredi 10 au samedi 11 août)

J’ai bousculé mes habitudes pour goûter aux joies (croyais-je… quel naïf !) de l’incognito en voyageant low-cost avec la plèbe. Quelle erreur ! Je suis parti de l’aéroport du roi Charles avec une compagnie quelconque au nom débile : Jet4You. Le seul jet for you (and me) que je pratique, c’est l’éjaculation. Premier ennui technique dans la « zone stérile » ou une énooooorme grosse belge très laide a commencé à m’asticoter quand ma petite valise rouge (made in USSR), que j’emmenais en cabine, a fait du bruit en passant au contrôle. Le collègue de la grosse vache, un type au demeurant pas moche, m’a emmené dans une espèce de « cabine d’essayage » pour une fouille au corps. L’idiot n’en a même pas profité pour me faire passer un moment agréable. Ensuite la grosse a demandé si elle pouvait ouvrir ma valise. J’ai accepté. Nouvelle erreur ! J’aurais dû répondre à cette loutre jamais baisée que les conventions de Vienne lui interdisent de me faire subir le traitement des gens du commun. Je suis une Altesse Intergalactique !!! Cette bougresse a vidé ma trousse de toilette de presque tous ses éléments : parfum Kenzo (cadeau de ma belle-sœur, snif…), huiles et crèmes solaires, etc., jusqu’au tube de dentifrice. Tout ça à cause de ces maudits terroristes qui trouvent le moyen de transporter des matières dangereuses dans les objets les plus anodins ! Après ce vol qualifié de mes effets personnels, vint le vol proprement dit dans un misérable Boeing 737 – bon pour la casse – qui pouvait faire craindre le pire. Et le pire est arrivé : une intolérable douleur à l’approche de l’atterrissage, qui a commencé dans l’oreille pour se répandre dans la mâchoire puis dans le crâne. Je n’avais pas connu un tel calvaire depuis le siècle dernier !

1er jour (samedi 11 août)

Ma sœur adoptive m’emmène à la plage. Nous allons à Mohammedia, station balnéaire des Marocains qui font du tourisme au Maroc. Dans l’appartement, je retrouve ses filles. Peu de garçons dans les parages, ma sœur n’a eu que des filles. Mon bébé Mayman est un petiot de 3 ans qu’elle a adopté à la marocaine. Heureusement, il y a là son neveu qui a beaucoup changé en un an, il arbore une coupe punk (c’est revenu à la mode ce truc ?). Il y a aussi un autre garçon de son âge (16-17 ans) : c’est le fils de la bonne. Mmmm… il a l’air bon le fils de la bonne. Les garçons m’emmènent à la plage et là j’ai de nouveau 17 ans (normal, ces chéris adorables m’ont donné dix ans de moins ! ils sont mimiiiiiiiiis). Le sable est brûlant au soleil de midi, et il faut négocier pour obtenir un parasol. Ma blanche peau rougirait de honte sous les rayons d’Amon-Râ. Principe de précaution : je me baigne en t-shirt. Après la pause déjeuner, retour à la playa vers 4 heures de l’après-midi. J’accepte de me défaire enfin de mon t-shirt et les garçons m’obligent à jouer dans l’eau avec eux. C’est une course-poursuite à trois qui tourne au jeu nautique limite homo-érotique. Le neveu a l’idée curieuse de vouloir ôter son maillot de bain au fils de la bonne… avec mon aide. Je maintiens la victime à moitié consentante pendant qu’elle se débat, ce qui donne lieu à des attouchements au bon endroit. Après la blancheur de ses fesses contrastant avec le bronzage, j’ai eu la vue plongeante sur son kiki mis à l’air, battu par les vagues de la marée basse. Un millier de bronzeurs et de surfeurs font semblant de ne rien voir. C’est viril, c’est maghrébin, ce n’est rien. Ce sont trois ados qui s’amusent dans l’eau…

2e nuit (du samedi 11 au dimanche 12 août)

Retour à Casablanca. Nuit calme et paisible dans la chambre de la fille aînée qui est partie à Marrakech avec une amie française. C’est vraiment l’auberge espagnole chez ma sœurette.

2e jour (dimanche 12 août)

Réveil en douceur. Les bonnes (elles sont 3) s’affairent dans la cuisine. Nous partons en famille déjeuner à l’extérieur. J’attends M., un ami de Fès qui a promis de m’emmener en ballade dans le Moyen Atlas. Chouette, je vais pouvoir passer deux jours loin du gynécée. Pas de bol : il m’annonce que le trekking est annulé pour cause de rupture de canalisation dans le village. Je ne peux pas échapper à la malédiction du harem. Ma sœur est inquiète : un homme de plus dans le sérail, c’est un loup dans la bergerie. Je la rassure, je tiendrai M. en laisse. Ma sœur a-t-elle trop regardé la série préférée de ses filles qui passait sur M6 l’an dernier ?

3e nuit (du dimanche 12 au lundi 13 août)

Nuit de canicule. Il fait 40° dans la chambre. Sont-ce les effluves du whisky de Daniel qui parviennent jusqu’à moi, ou s’agit-il de la présence de M. ? Anyway, le thermomètre a explosé deux fois.

3e jour (lundi 13 août)

M. fait ses bagages pour retourner au bled. Nous allons faire des courses et manger une pizza (c’est original). Je l’emmène à la gare routière et rentre en ville où je vais me promener au Kissariat. Je salue les commerçants qui reconnaissent « le prince Selim » (c’est mon nom au Maroc). Amdullah ! Comme les sultans ottomans, j’aime me promener dans les souks à la rencontre des vrais gens. Le soir, projection d’une vidéo familiale dans le salon d’apparat. C’est plein de youyous et de falbalas. Je suis dans un harem, je vous le rappelle.

4e nuit (du lundi 13 au mardi 14 août)

J’ai manqué dormir à la belle étoile. La fille aînée de ma sœur et son amie sont déjà revenues de Marrakech. Heureusement, je suis dans un pays civilisé où l’homme a encore la préséance sur les femmes. Celles-ci s’en vont docilement dormir dans le salon. Amdullah !

4e jour (mardi 14 août)

Je peux enfin m’échapper au café du coin pour faire une pipe parfumée à la pomme. Croyez-moi sur parole, rien ne vaut une bonne pipe en ce bas monde.

5e nuit (du mardi 14 au mercredi 15 août)

Nuit agitée par des rêves idiots. J’ai envie de faire exploser le thermomètre mais il ne fait plus aussi chaud que la veille de la veille avec Zanzi.

5e jour (mercredi 15 août)

Road-movie jusqu’au hammam avec le neveu de ma sœur. Il me prend en croupe sur son scooter, sans casque ni aucune protection, et surfe entre les véhicules qui rendent la circulation à Casablanca si folklorique. Ma mère crèverait d’une attaque de trouille si elles nous voyaient en ce moment. Au hammam, j’ai droit au masseur mignon et bien foutu. Sous son caleçon, je devine une belle bite côté face et côté pile, un beau petit cul serré et bien ferme. Le bougre bride sa sensualité et a hâte de terminer le massage pour s’en aller décompresser sur sa litière. Quand il se relève, il ne peut dissimuler une belle érection. Quel gâchis ! Le soir, je vais à la pâtisserie faire des folies pour offrir un goûter royal à mes hôtes. Biscuits aux amandes et à la fleur d’oranger obligatoires. Ces dames ont de quoi grossir pour une semaine.

6e nuit (du mercredi 15 au jeudi 16 août)

Je me pose une question existentielle : est-ce que je ronfle ?

6e jour (jeudi 16 août)

Premier levé. Ma sœur m’envoie faire les courses pour le petit déjeuner. Est-ce le jour de congé de la bonne ? J’en profite pour m’acheter une chemise repérée la veille dans une boutique de prêt-à-porter. Les heures filent à toute allure et déjà il nous faut aller à l’aéroport. Mayman pleure de me voir partir. Mon petit garçon n’a que trois ans. Je reviendrai l’an prochain pour la grande fête de sa circoncision, incha Allah !



Pour lire le précédent épisode de Zanzi and the City, cliquez ici.
 

 

DSCF1214.JPG (c) Zanzi


Logiquement, un déménagement se prépare longtemps à l’avance. Malheureusement, je suis l’homme de la dernière minute. Il faut penser à tant de choses et s’efforcer de ne rien oublier que cela en devient flippant. Cette fois, il ne s’agit pas d’un faux départ comme en 2002 lorsque je suis parti travailler en Belgique. Cette fois, je ne reviendrai jamais. En tout cas, jamais dans cet appartement que je quitte.

Mercredi 8 août, le ciel de Paris était en larmes pour mon dernier jour de présence. J’ai horreur qu’il pleuve quand des gens viennent chez moi, c’est salissant. Le temps était à peine meilleur deux jours auparavant lorsque certains effets personnels furent ramenés de province, et échangés avec d’autres qui ne devaient pas partir outre-Atlantique. Lundi 6, c’était ma dernière vraie soirée de liberté à Paris. Entre le désœuvrement total et des loisirs plus classiques, j’ai opté pour une séance de ciné au Pathé Wepler, où je suis allé voir Ratatouille. Ce film d’animation est un vrai bijou et je m’en suis délecté… sur fond de nostalgie. L’action se déroule à Paris. Si je voulais forcer la dose, j’irais voir aussi 2 Days in Paris de Julie Delpy, mais il ne faut pas exagérer. J’ai déjà le dvd collector de Paris je t’aime et c’est bien suffisant.

Paris je t’aime. Paris, je te quitte. Tout doit disparaître et les visages familiers s’en vont aussi. Comme un signe supplémentaire de ce changement, ma boulangère préférée a pris sa retraite le 2 août. Dans trois ans, viendra le tour de la gardienne de mon immeuble. Trois ans : soit la durée moyenne de ma mission au Canada. Ce même 2 août, je lui ai fait mes adieux avant qu’elle parte en vacances au Portugal. Ce même jour, je quittai mes fonctions au bureau de Paris.

Mardi 7, j’ai couru comme un dératé pour finir les derniers cartons. Le come-back de ma mère venue jouer les inspectrices des travaux pas finis n’a rien arrangé à mon speed (1). Mercredi matin, les déménageurs étaient à l’heure, même un peu trop. Un grand alsacien dégingandé et édenté, aux cheveux noirs, et un allemand blond aux yeux bleu, plutôt potable celui-là.

Il y a toujours des abrutis qui se garent mal et là où il ne faut pas. Je me suis donc transformé en agent de la circulation, poteau de déviation, engueulant ces connards d’automobilistes parisiens qui feraient mieux de se branler plus souvent au lieu de s’acharner comme des malades sur le klaxon. J’ai même houspillé la blonde pervenche qui stationnait aux abords de ma rue dans une bagnole estampillée PPP (2). En mode total parano, je croyais qu’elle venait me chercher des noises. Bordel ! J’avais une autorisation de la PUP (3), merde ! Rien que d’y repenser, ça m’énerve.

Sous la drache, j’aurais pu attraper la crève, mais le Noni aidant il n’en fut rien, heureusement. Laissant les casques à pointe faire leur boulot, je suis allé reporter le matériel de la télévision par câble. Les commerciaux au téléphone sont des imbéciles. Ils m’ont promené loin en ville alors qu’une boutique à 300 mètres de chez moi pouvait récupérer le matos. Franchement, je ne suis pas fâché de partir de cette ville de m***.

DSCF1317.JPG (c) Zanzi


Je soupçonne la société de déménagement d’avoir gonflé la facture après que j’eus commis l’imprudence de dire que mon employeur prenait les frais à sa charge. C’est vrai jusqu’à un certain point. Le fait est que ces usuriers ont fait exploser mon budget. Résultat : 7 000 euros dans les lattes. Pour ce prix-là, ils ont intérêt à faire un travail impeccable. Et pour ce prix-là, ces salauds de déménageurs m’ont volé mes lunettes de soleil Emporio Armani !

Tout doit disparaître, et tout a disparu… ou presque. Maintenant, c’est à mon tour.


(1) Depuis, elle me gave d’anxiolytiques et nous nous sommes gravement disputés au point que j’ai hâte de la quitter pour ne plus jamais la revoir.
(2) Préfecture de Police de Paris.
(3) Police Urbaine de Proximité.


Pour lire le précédent épisode de Zanzi and the City, cliquez ici.
 

 

zanzietemeurtrier.jpg (c) D.R.


Aujourd’hui, j’ai juste envie de rendre hommage à des stars qui ont marqué le XXe siècle et qui ont disparu dans des circonstances tragiques, au cours du dernier été de leur vie. Mon propos n’est pas d’écrire des biographies de quelques lignes, mais seulement de me souvenir et de vous proposer des illustrations.

Marilyn Monroe : nuit du 4 au 5 août 1962

Dans la nuit du 4 au 5 août 1962, à seulement 36 ans, Norma Jeane Baker Dougherty Di Maggio Miller, alias Marilyn Monroe, s’éteint dans sa maison de Brentwood, Los Angeles. On conclue au suicide. Plus tard, surgit la thèse d’un assassinat organisé par la CIA. Marilyn, maîtresse de John F. Kennedy, aurait eu accès à des secrets d’état et comme elle avait des sympathies avec les communistes, il fallait l’éliminer. Si c’est le cas, son sang est retombé sur les têtes de JFK et de Bobby Kennedy. Quoi qu’il en soit, l’icône d’Hollywood la plus reproduite, la déesse de l’écran qui faisait rêver des millions de personnes, est morte officiellement d’une surdose médicament(u)euse. Il n’en demeure pas moins que sa gouvernante, Eunice Murray, et son psy, le docteur Greenson, ont joué un rôle trouble dans son décès.

Mon Dieu, qu’elle était belle…


Et c’est avec cette transition…

 
… que j’en viens à l’été meurtrier suivant.

Elvis Aaron Presley : 16 août 1977 (trente ans déjà !)

Il était, selon John Lennon, la plus grande voix de l’Amérique. Il était le « roi du rock’n’roll ». À la fin de sa vie, il pesait 140 kilos. Ce matin du 16 août 1977 (le meilleur été de mon enfance), il est découvert inanimé dans la salle de bains de sa maison de Graceland. Là aussi, il fut question d’overdose de médicaments. L’addiction au Valium, Demerol, Nembutal et Dilaudil aurait provoqué dans son corps un fabuleux mélange : la synthèse de l’héroïne pure. Wikipédia nous apprend qu’il est mort d’une crise d’arythmie. Ou plus simplement d’un arrêt du cœur, Docteur Carter. Mais les légendes ne meurent jamais, surtout lorsqu’elles connaissent une fin à la fois tragique et pathétique. Selon d’irréductibles adversaires de la mort d’Elvis, celui-ci vivrait retiré du monde dans une ferme en Alabama [Ou qu’il combattrait des momies comme dans Bubba Ho-Tep, un sublime film réalisé d’après le scénario d’un de mes amis très chers, Joe Lansdale – j’en parlais dans une de mes chroniques d’à moi !!!! (Note de Daniel C. Hall)]. Une chose est sûre : trente ans après, la carrière d’Elvis se porte toujours à merveille, merci pour Priscilla et Lisa Marie.

Comme nous sommes quand même sur un site gay, plutôt que de vous montrer un Elvis bouffi, je vous propose un Elvis jeune et nu sous la douche…


Grace Patricia Kelly, Princesse de Monaco : 14 septembre 1982 (25 ans déjà !)

Le 13 septembre au matin, Grace et Stéphanie ont quitté le domaine de Roc-Agel où la famille princière de Monaco avait l’habitude de passer le week-end. Quelques minutes plus tard, en contrebas, la Range Rover s’est mise à zigzaguer sur la route de La Turbie, puis a basculé dans le vide. La princesse Grace de Monaco est décédée le 14 septembre 1982 à l’hôpital qui porte son nom, d’une hémorragie vasculaire cérébrale. Elle était dans sa cinquante-troisième année. Elle a laissé un époux anéanti, une fille cadette grièvement blessée et marquée à vie par la tragédie, et un fils confronté à un complexe d’Œdipe jamais résolu. Désormais souverain, Albert II est régulièrement photographié au bras d’une certaine Charlène. 

Seule Caroline, sa fille aînée qui pourtant connut elle aussi par la suite son lot de drames, porte haut le flambeau de Grace de Monaco, l’une des plus belles femmes du 20e siècle :


Et voici Grace Kelly par le bandant Mika :



Diana Frances Spencer, Princesse de Galles : 31 août 1997 (10 ans déjà !)

Je vous l’avais bien dit, le 31 août 2006, que j’allais en reparler. Eh bien voilà, c’est fait. Je ne vais pas me répéter. En terminant ce billet, je me rends compte que j’ai évoqué deux décès liés à des overdoses présumées, et deux autres à des accidents de la route. C’est assez singulier. Appelons cela le Destin. Je n’ai pas évoqué Maria Callas, décédée le 16 septembre 1977 (donc, à la fin de l’été), mais je laisse ce soin au cher Julien du blog I Love Juju (qui s’en charge depuis quelque temps déjà et beaucoup mieux que je ne saurais le faire moi-même.

Et maintenant, la vidéo hommage à celle que le peuple et les médias appelaient simplement « Lady Di » et qui, contrairement à la Reine, n’a pas toujours su conserver sa coiffure (heureusement d’ailleurs, car en 1992 sa coupe grosse éponge frisée était vraiment moche, est-ce un hasard si c’est cette année là qu’elle et Charles se sont séparés ?).

 
Allez, encore une.

 
Et en guise de bouquet final, la chanson « England’s rose » interprétée par Queer Mum :

 
Bon été à toutes et à tous.



Pour lire le précédent épisode de Zanzi and the City, cliquez ici.
 

 

zanzilumieres.jpg (c) D.R.


Charlie Chaplin, ce noble clown qui nous a quittés il y a près de trente ans, ne m’en voudra pas j’espère de lui emprunter, pour annoncer cette rubrique, le titre de l’un de ses plus beaux films. Mes adieux à la Ville Lumière sont aussi des adieux aux lumières de la ville. Dans quelques jours, je quitterai enfin la cité de toutes les solitudes. Solitude de celui qui dort dans un grand lit froid et vide. Solitude de celui qui déambule au milieu de la foule sans tenir la main de quelqu’un qui l’aime et qu’il aime. Solitude du téléphone muet qui ne sonne presque jamais. Solitude que l’on tente en vain de tromper en perdant des heures devant un ordinateur.
Car les minutes se transforment en heures
Les heures se transforment en jours
Et les jours font des semaines
Et les semaines font des mois
Et les mois deviennent des années… et des années…

Je n’ai plus d’ordinateur ni Internet chez moi. Cela tombe bien. Je peux enfin remettre le nez dehors. Des échos résonnent en moi, dans la grande vallée du passé. En cette fin de journée de juillet, plus clémente que les autres, mes pas me conduisent vers des lieux autrefois familiers. En divers endroits, j’ai dansé aux rythmes des nuits du Paris joyeux ; j’ai éprouvé des émois qui depuis ont déserté mon ressenti ; j’ai échangé des baisers doux, fougueux, passionnés, hésitants, espiègles, toute une gamme de bisous ; j’ai séduit et me suis laissé séduire ; j’ai cueilli des instants et laissé d’autres m’échapper sans espoir de retour.

Au Carré, j’essaie de rassembler mes pensées malgré le vacarme de la « musique d’ambiance » qui couvre les conversations. Bien que l’endroit soit bruyant, je me suis plu à m’y rendre quelquefois et j’y ai même écrit plusieurs textes qui dorment encore dans mes tiroirs. Parmi la clientèle, de jeunes gens trop beaux, en couple, me renvoient l’image de ce bonheur simple que je n’ai jamais connu. À cet instant, le film des années perdues déroule sa bobine devant mes yeux. Une tequila sunrise m’aide à faire passer ce moment, de même que le stylo noir qui jette ces mots sur mon bloc-notes. Écrire, pour exorciser le passé, oublier le présent et préparer l’avenir.

Le serveur est très mignon. Il s’appelle Emmanuel. Je l’aurais volontiers emmené dans mes rêves, rien qu’une heure. Une heure pour l’éternité. J’ai envie de m’enivrer de cocktails colorés, de me baigner dans un arc-en-ciel psychédélique, de brûler à l’eau-de-vie (l’eau d’envie ?) les heures qui me restent à vivre ici et que je ne sais comment tuer. J’en suis à ma sixième cigarette de la journée. Des Camel pas light. Pas des clopes de pédé, comme on dit. Daniel serait étonné. Je l’imagine me dire : « Six clopes ? Mon œil ! » . Disons que c’est la septième que je grille, et à ce stade, c’est signe de crise. Mes yeux se posent négligemment sur l’écran plasma accroché au mur, et je regarde Madonna faire sa gym dans ce qui doit être probablement son dernier clip. On dirait Véronique et Davina en une. La Ciccone porte belle ses 49 ans (le 16 août prochain), elle est vachement bien roulée, même. Je parie que cette femme va tout faire pour être encore une bombe sexuelle quand elle sera octogénaire.

Il n’y a pas un seul célibataire dans ce bar. Tout le monde, sauf moi, a dû se maquer le soir de la Gay Pride. Mais bon, quel intérêt aurais-je eu de me chercher un compagnon alors que je vais quitter le pays ? Dehors, j’ai croisé beaucoup de cyclistes. Non, il ne s’agit pas de l’arrivée du Tour de France (les événements de ce billet, sauf les flash-back, se sont déroulés au cours de la semaine du 16 au 22 juillet 2007 – Note additionnelle de Zanzi). C’est Vélib’. Pourquoi diable la mairie de Paris a-t-elle attendu mon départ pour prendre une initiative aussi sympa ? J’aurais pu me rendre au boulot à vélo plutôt que de subir les affres du métro infâme et puant. Bertrand, méchante.

Changement de décor. Me voici au Banana Café. Le serveur m’a l’air d’une belle petite pute qui doit adorer se faire niquer à la chaîne. Pardon, je veux dire qu’il a tout d’un garçon fort sympathique qui doit aimer participer à des soirées très conviviales avec ses nombreux amis. Daniel que j’ai en direct live au téléphone, en train de bouffer des croque-monsieur, me dit d’attaquer franco. Je n’ose lui apprendre que Franco est mort depuis presque trente-deux ans, ça pourrait le vexer et être déformé dans sa nouvelle chronique. Aussi me suis-je contenté de reluquer le beau petit cul de ce minet moulé dans un short de plage. Ambiance bananesque !

Flash-back : il y a cinq ou six ans, j’allais de temps en temps au Banana, plus pour le piano-bar du sous-sol qui attirait une clientèle diversifiée et souvent hétéro, que pour les gogos du rez-de-chaussée qui déjà ne montrait rien, sinon qu’ils étaient parfaitement épilés. J’y ai flirté, dragué, je n’y suis pas assez sorti en fait. À deux rares exceptions que je connaissais d’avant et d’ailleurs, les gens que j’y ai croisés sont définitivement sortis de ma vie. Même la célèbre Fanny ne fait plus partie du décor du Banana. Avec le temps…

 


Avec le temps tout a changé. Mes deux années à Bruxelles (2002-2004) ont provoqué une rupture dans le déroulement de ma vie parisienne. À mon retour, il y a trois ans, je n’ai pas retrouvé ce que j’avais quitté. Et tout d’abord, l’Onix Café, le premier bar gay dans lequel j’étais allé, un soir de juillet 2000. Avec sa thématique égyptienne, il devint mon lieu préféré, celui où je pris l’habitude de sortir les vendredis et samedis soir. Je me souviens de Diane et de Carlos, un duo insolite d’habitués, qui m’avaient fait les honneurs de la maison, et bien d’autres encore. Je me souviens du DJ, Eddy, qui animait les karaokés du samedi au sous-sol ; de ce serveur aux longs cheveux noirs que l’on surnommait Pocahontas et qui est parti dans le sud de la France depuis six ans déjà, du couple de filles qui « dirigeait » la boîte, l’une d’elles s’appelait Maève… En 2002 l’Onix s’est transformé et est devenu le Bazooka Café. Le décor avait changé, l’esprit et la clientèle aussi. Le Bazooka est mort à son tour et a cédé la place au Dandy’s. J’y suis retourné il y a quelques jours (début août – note additionnelle) parce que j’y avais aperçu Johan. Il est encore jeune (comme moi, quoi !) mais il a des allures d’antiquité. Ce serveur est le seul qui a connu successivement les trois bars. Dialogue :
Zanzi : — Johan ! Le nom change, la déco change, et toi tu es toujours là !
Johan : — Eh oui, il faut bien un pilier.
Johan, tu es mon pilier de bar préféré…

Même le Bar du Palmier, en face, dans la rue des Lombards, a changé. La déco tropicale a disparu au profit de lignes modernes. Le Bar du Palmier a été sobrement rebaptisé Le Palmier. Mais c’est toujours un bar. Le Déclic, club situé au 12 rue Quincampoix, a fermé ses portes depuis plusieurs années. J’y ai passé quelques soirées très réussies, si vous voyez ce que je veux dire…

Le 19 juillet, j’ai osé entreprendre une excursion dans la proche banlieue ! Quand on est parisien, la banlieue, c’est déjà un autre pays… Je n’ai pas regretté le détour à Bois-Colombes. Au huitième et dernier étage d’un immeuble de l’avenue de Verdun, j’ai pris les lumières de la ville plein les mirettes. Olivier, l’ami qui m’avait invité ce soir-là dans l’appartement de son frère (en tout bien, tout honneur, contrairement aux racontars de « M’sieu Daniel ») m’a expliqué que l’on voyait cinq départements de l’Ile-de-France depuis la terrasse panoramique. À la nuit tombée, en grimpant sur le toit de l’immeuble, le spectacle fut magique. Proches de nous, les tours de La Défense, plus loin, la tour Eiffel, l’Arc de Triomphe et le Sacré Cœur de Montmartre brillaient comme des étoiles. Dans le ciel, les éclairs des lointains orages zébraient l’horizon nocturne pour mon plus grand plaisir. Après avoir vécu sept ans au rez-de-chaussée, j’ai savouré cet instant comme si j’étais enfin arrivé sur le toit du monde…

Dimanche 22 juillet, je suis ressorti de ma garçonnière pour effectuer une dernière tournée des bars parallèles. J’ai commencé par l’Open Café ou je fis une entrée remarquée qui m’a valu de me faire draguer par des gens qui ne sont même pas des lecteurs de ce blog ! Je me dois de reconnaître ici que je me suis amusé à jouer les allumeurs, laissant à d’autres le soin de jouer les pompiers et d’éteindre les incendies que j’ai allumés, à l’Open puis à l’Oh ! Fada et enfin à l’Amnésia que, personnellement, je n’ai jamais aimé. Mes néo-adorateurs m’y ont emmené quasi de force, mais je n’y suis resté que cinq minutes, profitant d’une seconde d’inattention pour leur fausser compagnie. Ils étaient déjà bien tristes d’apprendre que j’allais partir à Caribouland pour vivre de nouvelles aventures. Comme un prince en exil…

 

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(c) D.R.


Par manque d’inspiration sur des sujets trop communs ou trop farfelus, je vais continuer la série de mes révélations fracassantes. Après Flora, la fille LGBT, voici l’histoire de ma petite-cousine Stéphanie.

Stéphanie est née en mil neuf cent soixa deux ans après moi. Sa mère est ma cousine germaine. Sachant que ce blog possède un lectorat de qualité et d’un haut niveau intellectuel (donc capable de lire et de comprendre les critiques de films de mon cher collègue Bernard Alapetite), en principe je ne devrais pas être plus explicite mais, la blogosphère étant ce qu’elle est, des ignares pouvant se retrouver sur cette page tout à fait par hasard, je vais quand même préciser à toutes fins utiles que la mère de Stéphanie ne s’appelle pas Germaine. Elle se prénomme Nicole et il s’agit de la fille d’un de mes oncles paternels. Donc, pour être plus clair, mon grand-père était l’arrière-grand-père de Stéphanie, dont la mère était la fille de mon oncle qui était le frère de mon père. Si vous avez du mal à comprendre, contactez Stéphane Bern.

Je voyais peu la famille paternelle, celle-ci vivant en Normandie et moi sous des cieux moins campagnards où mon père avait élu domicile en épousant ma mère. Nos trop rares visites sur ma terre allodiale constituaient toujours un événement. La famille étant grande de ce côté-là, la tournée prenait du temps et l’allure d’un marathon culinaire. Le grand-père de Stéphanie (donc mon oncle si vous avez suivi l’exposé généalogique) était le deuxième enfant de mes grands-parents paternels, mon père étant le huitième et dernier de la fratrie. Il y a vingt ans de cela, jeune adolescent pas encore perverti par la vie (mais en voie de l’être), j’ai flirté avec ma petite-cousine.

Je l’ai charmée sans peine avec mes armes traditionnelles que, déjà, je maniais avec dextérité. Un poème à la gloire de sa beauté juvénile fit rapidement sa conquête. Je me souviens l’avoir écrit sur une nappe en papier chez l’oncle qui était malade et avait déjà un pied au tombeau.

Un saut dans le temps et onze ans plus tard, mes parents et moi allâmes en famille (sauf mon frangin qui tourdumondait avec sa copine de l’époque) au mariage de Stéphanie. Son fiancé s’appelait Stéphane (vous imaginez ça ? c’est un peu comme si j’épousais Zazie !) et ressemblait à un pirate des Caraïbes, les oreilles furieusement bouclées. Johnny Depp en nettement moins bien et certainement pas Orlando Bloom (non, ça, c’est l’un de mes arrières petits cousins… rhââââlovely !).

Je suis arrivé au mariage dans mon costume de cour, le prince charmant personnifié, éclatant de beauté, d’élégance et de classe ; en un mot comme en cent, exactement comme il fallait que je sois pour éclipser le marié. Telle n’était pas mon intention, mais pouvais-je deviner quel était son look hasardeux ? Quoi qu’il en soit, mon apparition des plus sublimes a causé un choc. La dernière fois que j’avais vu Stéphanie, c’était huit ans auparavant, lors du mariage de notre rhââlovely cousin Didier (dont la mère est aussi ma cousine germaine ainsi que celle de la mère de Stéphanie. Allô Stéphane Bern ?). D’un bout à l’autre d’une décennie, l’adolescente était devenue une jeune femme dont les grâces qui lui venaient de l’enfance s’étaient envolées avec le temps… va, tout s’en va. En la revoyant après toutes ces années, j’ai éprouvé une sensation bizarre. Cela s’est aggravé lorsque j’ai revu son père qui m’a carrément battu froid. Il s’est même comporté de la plus étrange des façons avec mes parents avec qui, pourtant, il s’entendait bien d’habitude.

Avec le recul, je réalise que je n’étais manifestement pas désiré ni attendu à ces noces. Pour le dîner, on me plaça à une table où je ne connaissais personne. Au cours du repas, les mariés firent le tour des tables, chacun présentant à l’autre sa parentèle ou ses amis que le nouveau conjoint ne connaissait pas encore, et lorsqu’ils arrivèrent à celle où je me trouvais, Stéphanie m’ignora superbement, comme si je n’existais pas ou étais invisible, accroissant davantage mon isolement. Il va sans dire que ce fut la plus nulle des soirées de mariage à laquelle il m’ait été donné d’assister. À tel point que je suis navré de vous décevoir en vous apprenant que, non, personne n’a parlé pour empêcher le mariage de se faire. Cela aurait mis du piment dans le récit de cette journée plus fastidieuse que fastueuse.

De retour à l’hôtel, je ne pus m’empêcher de faire part à mes chers géniteurs du malaise que j’avais ressenti face au comportement singulier de ma cousine. Eux-mêmes avaient éprouvé la même chose face à celui de leur neveu par alliance (le père de la mariée, vous vous souvenez ?). C’est alors que ma mère, avec une limpidité déconcertante, a levé le voile sur les raisons de ce mystère :
— Je crois que c’est parce que Stéphanie était amoureuse de toi.

J’étais abasourdi. Non que je ne me souvenais point du poème fleur bleue que je lui avais écrit une dizaine d’années auparavant, mais ce qui fondait mon étonnement, c’était d’apprendre de la bouche même de ma mère, après tout ce temps, que ce qui, dans mon souvenir, n’était rien qu’un badinage d’adolescent, avait été pris des proportions plus sérieuses du côté de ma cousine Stéphanie. C’est ainsi que j’appris que, plusieurs années durant, elle avait régulièrement demandé de mes nouvelles, ma mère ayant perçu le sentiment sous-jacent lorsque, en déplacement professionnel dans l’ouest, il lui arrivait de séjourner chez les cousins. Jusque là, elle ne m’en avait jamais rien dit. Ah, les mères ! Je vous jure…

Stéphanie dut être cruellement déçue de ne pas obtenir de réponse à ses sollicitations qui, bien entendu, ne me sont jamais parvenues. Je pense que ma mère ne se sentait pas le courage d’entreprendre un jour les démarches nécessaires auprès du Saint-Siège afin d’obtenir une dispense pontificale autorisant le mariage entre deux cousins à un degré prohibé par le droit canonique, encore que cela était monnaie courante dans les familles royales. Demandez à Stéphane Bern. Bref…

Avec le temps, la malheureuse avait tourné la page. Hélas ! Mon apparition inopinée à son mariage a fait ressurgir tout un flot de souvenirs qu’elle avait enfouis au fond de son cœur de midinette. Le secret de cet amour, sans doute l’avait-elle partagé avec son père qui, de son côté, ne pouvait espérer de plus beau parti pour sa progéniture, rêvant de la voir entrer dans le club des altesses intergalactiques auquel elle ne pouvait appartenir en raison de sa filiation paternelle (bah tiens, la princesse, c’est ma cousine germaine, pas lui !). Telle est l’explication de leur comportement inqualifiable à mon égard le jour de cet étrange mariage.

Depuis, l’eau a coulé sous le pont de Vaison-la-Romaine. Le cousin par alliance est revenu à de meilleurs sentiments envers moi. La cousine Stéphanie est toujours mariée à son pirate et elle vient de mettre au monde leur troisième enfant. Comme quoi, ma mère a bien fait de s’en mêler en ne s’en mêlant pas. Cela dit, je suis toujours célibataire…

 

 

 

 

 

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(c) Zanzi


Au moment de refermer un chapitre de ma vie, ce n’est pas sans émotion que j’en écris les dernières lignes. Bientôt, un nouveau tome s’ouvrira, si possible avec de nombreuses pages blanches qui se rempliront peu à peu. Je conterai mes passions à l’encre de mon sang, narrerai mes voyages à l’encre de mes yeux, et noircirai mes pages en rouge et en bleu. Mais nous n’en sommes pas encore là.

Flash-back, juillet-août 1999. Je débarque à Paris, petit provincial à la poursuite de rêves que, pour lors, il doit ranger dans son coffre aux secrets. Je viens de décrocher un emploi dans la capitale. L’urgence est de trouver un logement. Pas question de gaspiller le tiers ou la moitié de mon petit salaire en loyer. Je vais acheter. Je me souviens avoir visité des appartements dans les 10e et 18e arrondissements, certains à la distribution improbable. Finalement, l’affaire s’est conclue dans le 17e, dans la maison où vécut Paul Verlaine de 1851 à 1865. Une plaque commémorative le signale au-dessus de la porte d’entrée de la copropriété. J’y vins donc, comme si je répondais à travers les siècles à un appel entre poètes amateurs de garçons.

J’ai pu faire l’acquisition d’un studio de 28 m2 (loi Carrez) grâce à l’aide de mes parents, et je les en remercie. Leur soutien et leur clairvoyance m’ont permis de démarrer dans la vie active avec un avantage qui n’est pas donné à tout le monde. N’allez pas vous imaginer que je viens d’une famille aisée (Révolutions et guerres nous ont ruinés… signé, la grande-duchesse). Mes parents connaissaient leurs années de vaches maigres au moment de ma naissance. C’est à force de travail, de sacrifices et de persévérance qu’ils ont remonté la pente, ayant à l’esprit le seul souci d’assurer à leurs enfants du bien-être et une vie meilleure.

Je n’ai qu’un seul regret concernant cet appartement : celui de n’avoir pas été plus ambitieux alors qu’en 1998 le marché de l’immobilier était au plus bas. Un deux pièces m’aurait rendu encore plus riche aujourd’hui. Le fait est que l’achat a été effectué pour un célibataire, sans envisager qu’il pourrait, un jour, ne plus être seul et avoir besoin de davantage d’espace. Neuf années se sont écoulées et il se trouve que je suis toujours seul. Bien des raisons peuvent expliquer cet état. Cela va de « il n’a pas trouvé la bonne personne » à « il est trop difficile », sans oublier qu’il m’arrive d’être ombrageux et de me cloîtrer dans ma thébaïde pendant de longues périodes. Il est possible que, de façon tout à fait inconsciente, j’ai intégré le fait que je ne pouvais de toutes façons que vivre seul dans ma garçonnière. C’est une excuse un peu bancale dans la mesure où, si j’avais rencontré quelqu’un avec qui partager ma vie, nous aurions pu nous installer ailleurs. Que voulez-vous, je suis doué pour me compliquer la vie.

Hormis deux années à Bruxelles (2002-2004), j’ai donc vécu 7 ans dans ma garçonnière. Un ancien bail présidentiel. J’y ai connu des moments de tristesse et des moments de joie, des moments de solitude et des moments de complétude. C’est entre ces murs que j’ai connu la volupté avec Patrice, puis avec d’autres. Au final, peu de nuits ont été marquantes. La première, bien sûr, à la fin du siècle dernier, et la plus récente, au début du printemps passé. Entre les deux, quelques souvenirs fugaces s’entremêlent dans ma mémoire, et la plupart, déjà, s’estompent derrière les brumes du temps. Heureusement, je n’ai pas vécu toutes mes heures amoureuses chez moi.

Au retour de Bruxelles, j’ai fait rajeunir la salle de bains. Nouvelle baignoire, système de douche massante, sèche-serviettes, nouveau lavabo et son meuble, nouveau carrelage (et n’oublie pas le nouveau trône ! – signé, la grande-duchesse). Compte tenu de l’espace, je tenais à retrouver le confort que j’avais connu en Belgique. J’ai aussi repeint les murs (avec de la peinture) à mes couleurs solaires, et parqueté le sol qui avait une moquette. Je voulais aussi refaire la cuisine, mais j’ai procrastiné et laisserait donc ce soin au prochain propriétaire.

Je regretterai mon adorable gardienne Lucinda qui veillait sur moi, et sait si bien s’occuper de la copropriété et de ses résidents. Je crois que le quartier va me manquer aussi. Si des bobos sont intéressés, ils vont certainement l’adorer. Les Batignolles, la place de Clichy, les boutiques colorées du haut de la rue des Dames, le Pathé Wepler pour les séances de ciné. Tout est inclus dans le prix (me contacter). Tout, sauf les meubles.

Le clic-clac de mes premières amours (1998), l’ensemble lit-armoire qui me vient de Belgique (2002), vous ne les aurez pas. Ils ne me suivront pas non plus au Canada, où je me ferai de nouveaux souvenirs avec un nouveau mobilier, mais ils m’attendront en province, comme Pénélope attendait Ulysse, dans une nouvelle garçonnière que ma famille va mettre à ma disposition lorsque, de temps en temps, je reviendrai en France.

Adieu, mon premier chez-moi. Je t’ai habité, un peu, mais tu ne m’habitais pas. Pour moi, tu étais tel une chambre d’hôtel, un relais, une étape en attendant mieux. Ne m’en veux pas, car je m’en veux assez pour deux. J’ai besoin d’espace ; j’ai besoin de voir le soleil, de me retrouver près de la nature, de voir le ciel déployer ses atours et de vibrer de toute mon âme de poète au rythme de ses contrastes. J’ai besoin de respirer un air plus pur que celui de la cité lumière. Besoin de tourner la page, de passer à autre chose. De vivre vraiment, enfin.

[Les lecteurs/trices qui recherchent un appartement peuvent prendre rendez-vous pour le visiter à lestoilesroses@hotmail.fr. Habiter l’appartement de Zanzi, qui n’en veut ?]

 
Note de Daniel : Cette andouille de Zanzi a oublié de signaler que j’ai dormi dans cet appartement, que j’ai mangé des endives sur le lit en regardant le porno sur Pink et que j’ai prouté dans le clic-clac. Ce qui doit faire grimper en flèche la valeur de cet appartement, non ?

 

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(c) D.R.


Ceci est une histoire vraie « based on a true story ». L’histoire d’une nana (1) qui a traversé ma vie en l’espace d’un peu moins de deux ans, et y a laissé son empreinte.

Flash-back, fin 1999. À la poursuite de mes rêves de gloire, en une époque bénie où la Secret Loft Nouvelle Star Academy Story n’existait pas encore, je cherchais à enregistrer un disque. J’avais trouvé dans Casting Magazine les coordonnées de deux mecs possédant un studio d’enregistrement et qui étaient susceptibles de me faire une maquette. Sur la base de l’orchestration de l’un d’eux, j’ai écrit des lyrics et imaginé une mélodie. La chanson s’intitulait « Ailleurs », et quelques rares vernis en ce monde ont pu l’écouter a capella. Afin de perfectionner ma technique avant l’enregistrement, les gars m’ont branché avec une jeune femme qui donnait des cours de chant. C’est ainsi que je fis la connaissance de Flora (2). Elle avait 25 ans, elle était blonde et charmante. Malgré son jeune âge, elle en connaissait visiblement un rayon et m’enseigna la technique : exercices préparatoires, respiration avec le diaphragme, façon de poser ma voix…

(Dans l’impossibilité de vous montrer une photo de Flora, voici ce que j’ai trouvé de plus ressemblant : Pete Doherty. Mettez-lui des cheveux blonds, des yeux bleus, un soupçon de rouge à lèvres et vous aurez une idée assez ressemblante de l’héroïne de ce billet.)

J’avais matière à faire un tube, mais les deux guignols ont foiré l’enregistrement. La prise de son était minable. Flora, stupéfaite en écoutant le CD, disait même qu’on ne reconnaissait pas ma voix. Bref, je n’étais pas tombé sur des « professionnels » sérieux. Bien évidemment, il aurait fallu que j’aligne un nouveau chèque pour faire une nouvelle prise. Dépités, nous laissâmes tomber ces escrocs (je ne vais pas les citer nommément, mais cela dit, méfiez-vous de Monsieur Bruno « Odibé » – patronyme codé – Note de Zanzi). Si l’orchestration est la propriété intellectuelle de son auteur, en revanche la mélodie et les lyrics sont miens et donc, s’il existe parmi vous, chers lecteurs et zanzifans, un musicien sérieux qui aimerait créer une nouvelle orchestration pour ma chanson, qu’il se manifeste.

Après cette mésaventure, Flora et moi avons davantage sympathisé. Un soir où nous allâmes dîner pour faire plus ample connaissance en dehors du cadre prof/élève, elle se mit à me parler d’elle à cœur ouvert. Elle me raconta qu’elle sortait d’une relation de cinq ans avec un homme qui avait failli la conduire jusqu’à l’autel. Effrayée à la perspective de s’engager, elle avait tout annulé alors que les préparatifs du mariage allaient bon train. Son ex, C.J., était franco-américain, métissé (papa chocolat et maman crème). Tandis que je me désolais de cette rupture, elle me dit qu’à ce moment de sa vie elle sortait avec une femme et était donc bisexuelle. J’écarquillai les yeux. La fille en question était, disait-elle, une des girls du clip de Tom Jones, « Sex Bomb ». Tout un programme…

(Regardez le clip, il y a trois girls, je vous donne un indice : l’ex-amante de Flora n’est pas brune…)

Leur relation n’a pas duré, et bien que C.J. tînt toujours une grande place dans sa vie, Flora ne renouait pas avec lui, en dépit de mes encouragements à le faire. En effet, si tout ce qu’elle m’avait raconté à son sujet était vrai, alors ce mec était vraiment le genre de bon numéro qu’on ne tire qu’une fois dans sa vie et qu’il vaut mieux ne pas lâcher. C.J., à ce que me disait Flora, était en effet plein aux as. Ses parents possédaient un hôtel particulier à Paris 8e, près des Champs-Elysées. Apparemment, son papa était à ce point fortuné qu’un jour Flora me dit en parlant de lui :
— À côté, les Carrington de Dynasty font pauvres.

C’est dire ! Personnellement, je n’ai jamais rencontré C.J. Dubitatif devant une histoire aussi extraordinaire, j’ai néanmoins vu quelques preuves de son existence présumée. À commencer par une lettre à Flora dans laquelle il se disait heureux qu’elle ait trouvé un ami (moi) pour veiller sur elle à sa place (pauvre de lui, toujours entre deux avions entre la France et les USA et ailleurs…). Ensuite, j’ai écouté la cassette d’une chanson qu’il avait enregistrée pour elle. Eh oui, non content d’être le rejeton d’une famille richissime, C.J. était un artiste, auteur, compositeur et interprète à ses heures. Visiblement talentueux, car cette chanson très personnelle – jamais mise sur le marché et que peu de « happy few » ont eu l’honneur d’écouter – était très belle. C.J. avait aussi la particularité (et là attention, accrochez vos ceintures, c’est LE SCOOP en majuscules par lequel je vais griller toute la presse pipelette), il avait, donc, la particularité d’être également le sosie du gendre d’Elvis Presley. Voyez-vous de qui je veux parler ? Pour respecter son anonymat de star mystérieuse, appelons-le « Bambi », comme ça, au hasard.

Bambi avait rencontré C.J. à New York dans les années 80, alors que ce dernier se produisait dans un spectacle de sosies sur une petite scène locale. La star fut impressionnée car, non seulement C.J. lui ressemblait comme deux gouttes d’eau, mais en outre il avait un timbre de voix approchant celui de son illustre modèle. C’est ainsi que C.J. devint la doublure attitrée de Bambi.

Re-SCOOP : ceux qui ont déjà assisté à l’un de ses concerts ont, en réalité, peut-être vu C.J. faire tout le spectacle à la place d’un Bambino fatigué et surmené, ou en tout cas une partie.

C’est là qu’arrivent les dernières preuves qu’il m’ait été donné de voir : une photo de Flora avec C.J. où l’on dirait que c’est Bambi, et l’enregistrement privé en VHS d’un concert de Bambi où l’on voit Flora y assister depuis le backstage…

(Bambi ou C.J. ?)

Je ne comprenais pas pourquoi Flora avait renoncé à une existence à la fois bohème et dorée pour vivre dans un petit (quoique charmant) appartement de la rue du Poteau (qui appartenait à sa mère, ancien professeur de musique du prince Omar de Meknès, actuel roi – j’ai vu une photo ! – NdZ), ou plutôt vivoter de ses cours de chant… et finalement du RMI ! Courant 2000, elle tomba amoureuse d’une mini camionneuse et se déclara officiellement lesbienne. Annabelle, sa copine, aurait pu ne s’appeler qu’Anna, la dernière syllabe étant vraiment de trop. Flora elle-même commença à se métamorphoser progressivement, son look devint plus masculin et sa silhouette s’alourdit. Fin 2000, sa dernière lubie était de passer le concours de la police nationale !

Nous étions cependant plus proches que jamais, je passais tous les mercredis soir chez elle et elle me mitonnait de délicieux plats pantagruéliques. Flora était ma meilleure amie… ou était-elle son meilleur ami ? Sa métamorphose physique et mentale se poursuivait. De lesbienne, elle passa à transsexuelle, se fit appeler « Floris » et m’annonça qu’elle envisageait de se faire opérer pour changer de sexe… quand elle aurait suffisamment d’argent. Ce qui n’était pas pour le lendemain de la veille puisque, après avoir tué la poule aux œufs d’or, elle vivait à la limite de l’indigence. Quelques temps après, elle franchit un nouveau seuil, cessa de se définir comme une transsexuelle car elle estimait qu’en réalité elle était hétérosexuel(le), en tant qu’homme qui aime les femmes prisonnier dans un corps de femme.

Sur ces entrefaites, sa liaison d’un an avec l’insipide Annabelle (il aurait mieux valu qu’elle reste avec la Tom Jones girl) s’acheva et un nouveau court-circuit n’allait pas tarder à se produire. Flora/Floris était mal dans sa peau et cela me peinait. Un soir, elle a dormi chez moi, je ne me rappelle plus quand exactement. Était-ce avant ou après sa rupture avec Anna ? Elle a dormi dans mon lit comme un(e) ami(e), malgré tout c’était très bizarre. Je précise que j’ai la vieille habitude de dormir seul, et que la présence d’un corps étranger à mon côté perturbe mon sommeil.

Juin 2001 arriva. Nous sortîmes ensemble à la fête de la musique, puis à la Gay Pride. Ce samedi-là, c’est Flora qui s’aperçut qu’un twinkie super canon, perché sur le char du club « Le Déclic » (fermé depuis plusieurs années), me matait avec gourmandise. Quelquefois, je suis tellement à l’ouest que je ne vois pas ce qui crève les yeux et ce jour-là, sans ceux de Flora, je n’aurais jamais remarqué le beau Nicolas. Le soir venu, nous allâmes au Déclic. Nicolas était là, magnifique provincial avec le feu au cul, fraîchement débarqué de son Limousin natal pour cette grande occasion. Je me suis laissé draguer avec bonheur. J’ai dansé avec lui, j’ai dansé avec Flora, j’ai fait la fête ce soir-là comme je ne la fais plus depuis belle lurette. Puis je suis rentré chez moi… avec Nicolas. Et notre nuit d’été fut douce et chaude et moite.

Quelques jours plus tard, Flora m’avoua qu’elle avait ressenti de la jalousie en me voyant danser avec Nicolas, puis repartir avec lui. Elle me dit aussi qu’en dansant avec moi elle avait eu un orgasme. Cette prouesse inédite me remplit d’une fierté stupide. Cet été-là, Flora insista pour que nous partions quelque part ensemble pendant un week-end. Nous avions prévu d’aller à Deauville autour du 15 août, mais le projet tomba dans la Manche pour des raisons financières. Je ne sais plus comment nous décidâmes finalement de passer ce week-end « entre amis » chez mes parents. Ce fut le week-end des 15 et 16 septembre 2001. Semaine terrible, mardi tragique, et le vendredi 14 suivant frappa les trois coups du dernier acte de notre histoire insolite.

Gare du Nord, tandis que nous lisions en attendant le TGV, deux cailleras m’ont volé mon sac à dos, malencontreusement posé sur le siège à côté de moi. Je ne les ai pas vus faire. En voyant que mon bien avait disparu, j’ai couru comme un fou à la poursuite de mon diamant vert. Finalement, je les ai rattrapés avec un agent de la SNCF. Ces maudits (grrmmlllbbbrrrr – gros mots autocensurés – NdZ) ont nié l’évidence, prétextant avoir « trouvé » le sac. J’aurais voulu les foudroyer sur place mais les ai laissés partir. Hélas, avant que je les retrouve ils s’étaient débarrassés de ce qui, pour eux, n’avait aucune valeur. Parmi les divers papiers jetés je ne sais où, dans une poubelle ou dans un train en partance pour l’Allemagne, se trouvait mon journal intime. Il recelait une foule de souvenirs et de secrets. J’étais anéanti, triste et en colère. Le voyage jusqu’à Lille fut lugubre.

Chez mes parents, j’ai essayé de surmonter ma perte et de passer un week-end agréable, mais le dimanche, le rideau soudain tomba. Nous nous promenions au parc lorsque Flora me révéla enfin le but caché de cette escapade à deux :
— Je suis amoureuse de toi. Auprès de toi, je me sens redevenir femme. Je t’aime…

J’étais interloqué, sous un choc qu’il fallait que j’encaisse. Ma meilleure amie, la fille hétéro puis LGBT puis de nouveau hétéro m’avouait son amour. Et c’est alors que le voile que j’avais devant les yeux depuis si longtemps se déchira, et tout devint limpide. Des détails que, dans mon aveuglement, je n’avais pas remarqués, révélèrent l’évidence qui couvait depuis des mois. Je rembobinai le film, me repassant les scènes. La réalité me sautait aux yeux après si longtemps, et jusque là je n’avais rien vu venir.

Le soir, de retour à Paris, elle voulut rester chez moi mais je lui dit qu’il fallait que je reste seul pour le moment. J’avais besoin de mettre de l’ordre dans mes idées. Elle m’embrassa sur la bouche et me dit « Bonne nuit, mon amour », puis s’en retourna chez elle. Lorsque enfin je fus seul, la tempête se déchaîna dans ma tête. Tant de questions, si peu de réponses, et le pourquoi qui revenait en boucle. Pourquoi n’avais-je rien remarqué ? Pourquoi brisait-elle ainsi notre amitié ? Pourquoi avait-il fallu que nous partions pour ce voyage sans retour ? Les jours suivants, j’ai laissé sonné mon téléphone, n’ai pas répondu à ses messages. Je ne savais que dire. J’aurais perdu mes moyens en m’exprimant de vive voix. C’est pourquoi j’ai pris ma plume pour lui expliquer comment je ressentais les choses, et pourquoi je trouvais qu’il fallait que nous prenions un peu de distance par rapport à tout ça, pour réfléchir calmement. Je crois que j’ai été dur. Au cours de cette dernière année, elle avait construit autour de moi les murs de sa vie. Je ne supporte pas de me sentir prisonnier comme cela. Je ne voulais pas tout casser, « rompre », d’une certaine façon. Elle et moi avons sans doute attendu que l’autre fasse le premier pas. Je ne pouvais pas. Cet automne 2001, j’en suis tombé malade. Le fil était brisé.

Longtemps, je me suis demandé ce qui aurait pu se passer si cette déclaration avait eu lieu au cours du premier semestre de l’an 2000, lorsque nous entretenions encore des rapports professionnels de maître à élève, et lorsqu’à l’issue de sa première liaison saphique, en tant que bisexuelle, elle était encore féminine. Je l’aimais, c’est vrai, comme un ami, je n’étais pas amoureux d’elle mais aurais-je pu le devenir à ce moment-là si elle m’avait persuadé de tenter l’aventure avec elle ? Le cours de ma vie en eut été différent. En septembre 2001, après toutes ses métamorphoses psychiques, cela n’était plus possible. Tout ceci me semblait relever de la mascarade, au sens premier du jeu de masques. Flora en avait changé trop souvent. Le dernier avait achevé de me troubler et, je peux le dire, de me perturber. J’ai préféré laisser tomber. 

La dernière fois que j’ai aperçu Flora, c’était lors de la Gay Pride 2002. Elle dansait sur le char des transsexuel(le)s.


Notes :

(1) La plupart des (pré)noms ont été changés pour respecter l’anonymat des principaux protagonistes ;-)
(2) Dans le 11e épisode de Zanzi and the City, « Mémoires d’outre-bombe », Flora est citée sous le prénom de Casilda qui est aussi un pseudonyme.

 

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Toutes les photos sont (c) Zanzi


Mes adieux à Paris ont commencé avec le rituel du début de l’été. Cette année, la Gay Pride coïncidait avec le dernier jour de juin et, manque de bol, tombait aussi pendant le premier week-end de départ en vacances des juilletistes. Raison pour laquelle notre Daniel C. Hall national n’a pu faire le déplacement, les trains et les avions étant overbookés. Le pauvre, il aurait dû demander de l’aide à lastminute.com…

Cette édition 2007 a pour moi une saveur différente des autres. J’avais suivi la précédente avec un couple d’amis et, déjà, l’événement ne présentait plus un intérêt évident. Mon meilleur souvenir demeurera à jamais lié à la Gay Pride 2001. Depuis celle-ci, aucune ne m’a véritablement marqué. Cette année, j’avais décidé de retrouver TiFrère et un ami que je vois trop rarement : Wiredfrog. J’avais fixé rencard à TiF au Carré à 15h30, étant entendu que nous n’avions nullement l’intention de nous casser les oreilles et les orteils au beau milieu de la parade.

Au Carré, nous étions en terrasse. Avantage : ne pas subir la musique assourdissante que ce lieu a le mauvais goût de passer (je ne critique pas la musique mais les décibels). Inconvénient : une espèce d’épouvantail avec des cheveux de paille nous enfumait avec sa cigarette. Comme il avait un air stupide, je n’ai pas insisté. Sur la table, du faux gazon tentait désespérément de colorer l’endroit avec un peu de verdure. Était-ce pour se mettre au diapason de la place de l’Hôtel de Ville où se trouvait exposés des jardins bucoliques ? Un serveur un peu à l’ouest, venu prendre la commande, nous souhaita une « bonne fête ». Il nous gratifia pour l’occasion d’un sourire que les meilleurs dentistes cariboulandais se feraient sans doute un plaisir divin de corriger.


 


Un café viennois et un Pepsi plus loin, nous partîmes à la rencontre des enfilés du défilé de nos cousins et cousines et néanmoins frères et sœurs en Adam et Yves Éve, en prenant cependant le chemin des écoliers. Celui-ci nous conduisit à travers le marché aux fleurs de l’île de la Cité, l’île Saint-Louis, avant de nous amener aux marches de la place de la Bastille. Les premiers chars n’étant pas encore arrivés, nous prîmes place parmi les badauds et les touristes.

Les trompettes de la renommée sonnèrent bruyamment pour annoncer la tête du cortège, et là, ce fut l’horreur. Pendant un long moment de solitude, je me suis cru dans un film de Todd Browning. Entre momies exhumées, zombies excavés et statues de cire échappées du musée Grévin, je ne savais plus que penser des participants de cette « monstrueuse parade ». Une chose est sûre : si l’on en retranchait les syndicats et les partis politiques, celle-ci perdrait un bon tiers de ses « Freaks ». J’ai vainement cherché le char des trans’ mais ne l’ai pas trouvé. Étaient-elles toutes en salle d’op’ ? En revanche, celui de la SNCF reçut un franc succès. La compagnie aurait-elle promis des Prem’s ou des billets gratuits pour se faire escorter par un si grand nombre ? Quoi qu’il en soit, TiF et moi étions atterrés par ce que nous voyions. Pour TiF, les choses étaient toutefois différentes : il avait un compagnon qui l’attendait sagement à la maison. Mais moi, l’éternel célibataire, tout ce que je voyais agissait comme un repoussoir et me donnait l’envie de virer ma cuti !


En outre, le rendez-vous avec ma grenouille câblée était manqué. On ne pouvait faire mieux comme ratage. C’est alors que, sur le boulevard Henri IV que nous avions un peu remonté, TiF se mit à me parler d’homéomorphisme. Il me désigna un couple mixte sur le trottoir d’en face et me demanda si je trouvais qu’il entrait dans cette catégorie. Je vis un grand black enlacer un blanc-bec. Soudain, mes yeux multicolores s’écarquillèrent lorsque mon regard se posa sur la beauté guadeloupéenne qui souriait à pleines dents.
— Mais… c’est mon ex !
— Hein ? dit TiF
— Le black, c’est mon ex !

Je me suis précipité de l’autre côté de la rue et ce visage joyeux toujours aussi beau s’est illuminé d’un franc sourire en me voyant. Patrice me serra dans ses bras comme il a l’habitude de le faire, un gros câlin américain façon « free hug ». Il se tourna vers le garçon à côté de lui et me présenta son petit ami Pilou. En retour, je leur présentai TiFrère qui se comporte toujours comme un chat sauvage en présence de gens qu’il ne connaît pas : un peu primiTiF, un peu crainTiF… Heureusement, la bonne humeur de Pat’ et son exubérance tactile ont vite raison de toutes les inhibitions ! À présent, je vous laisse admirer ce splendide spécimen de mâle, la fine fleur des Antilles françaises.

Je vous confie un secret : Patrice fut, il y a des années de cela, mon premier amant. C’est la raison pour laquelle il est tout particulièrement cher à mon cœur. C’est toujours un bonheur, hélas trop rare, de le revoir. Il a sauvé ma journée en m’invitant à me joindre à lui et à ses amis au restaurant thaï « Blue Elephant ». De la cuisine exotique dans un décor féerique avec des amis fantastiques. Je lui dédie ce billet, ainsi qu’à Pilou, Anne-Christine, Ronan, Francisco et Martin.

 

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(c) D.R.


Quelques âmes charitables parmi mon public chéri ont eu la bonté de s’inquiéter de mon silence suite à mon récent voyage à Caribouland. Elles craignaient que j’eusse été victime d’un nouvel enlèvement intersidéral aux conséquences savonneuses pour ma chronique. La vérité est toujours ailleurs… J’ai beaucoup de choses à raconter, mais je ne peux quand même pas tout raconter. Je devais faire le tri entre mes expériences vécues et le flot d’émotions que j’ai ressenties dernièrement.

Pour commencer, je me dois de vous informer que je vais prendre un nouveau départ dans ma vie. Mon travail actuel va m’amener, dans un peu plus de deux mois, à changer de pays, de continent, d’atmosphère. Cela ne va pas se faire sans un certain déchirement. L’événement en soi est riche en paradoxes. D’un côté, il symbolise l’échec de ma vie en France (et particulièrement à Paris) ; de l’autre, il me propulse vers de nouveaux horizons, de nouvelles espérances, et peut-être le succès. Ailleurs. Le Nouveau Monde me tend les bras.

En attendant, je ne suis plus tout à fait chez moi ici, pas encore tout à fait chez moi là-bas. À Roissy, j’ai réalisé que je me sentais chez moi dans les aéroports. « C’est-à-dire, nulle part », m’a rétorqué l’un de mes ex. Je ne suis pas d’accord. Cela me fait beaucoup de maisons. « Le monde est ma maison et le ciel est mon toit » (Henri Salvador).

Quelquefois, je me dis que j’aurais dû devenir steward. J’adore voyager en avion. C’est une façon de s’envoyer en l’air. Je prends véritablement mon pied en altitude, bénissant au passage le fait d’être né à une époque qui permet de réaliser le rêve d’Icare. Je songe à mes ancêtres qui n’ont jamais eu la chance de voir la taille depuis le ciel. Le plus beau, c’est encore de traverser les nuages et de les survoler, de comparer leurs formes, de rêver devant l’infini en blanc et bleu. Il fait toujours beau au-dessus des nuages.

J’ai posé le pied aux marches de l’Acadie, à la recherche de mon nouveau foyer. Une maison dans un écrin de verdure. Ma première maison à moi. Pas celle de mes parents. Adieu Paris, adieu ma garçonnière. Je tourne la page et vais plier bagages. Pour trouver ma cabane au Canada, il m’a fallu prospecter. Un vrai safari semé d’embûches. Un parcours du combattant, pavé de déceptions ; et finalement, au détour du chemin, surgit l’inattendue que je n’espérais plus. Tout s’est fait très vite, pas de temps à perdre car il est court. Une négociation à l’américaine, et l’affaire fut emballée.

Comme Michael Bublé le chantait dans mon précédent billet : « I want to come home, let me go home ». This is my home. Pas encore, mais bientôt… en septembre. Nous serons réunis pour l’été indien. Une solitude à deux, pour commencer. Home alone…



Notre union à peine scellée il me fallut déjà rentrer, reprendre l’aigle des airs et faire le chemin en arrière, vers cette France qui m'a vu naître et que je vais laisser derrière moi. Un ultime et bref été entre deux avions, puis nous nous quitterons.

 

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(c) D.R.


J’ai décidé de laisser mes petits savons de côté pendant un moment. À la place, je vais vous parler de musique et de chanteurs ; en particulier des chanteurs charmeurs séducteurs qui sont spécialisés dans les chansons d’amour. Il s’agit des crooners. Historiquement, je pourrais vous citer Frank Sinatra et Bing Crosby. J’en parlerai peut-être un jour mais en attendant, place aux vivants et pour inaugurer la série, je vous présente le « bogoss » de Vancouver, l’étoile montante qui nous vient de Caribouland et qui va vous faire cha-vi-rer de bonheur : starring Michael Bublé !

Je l’ai découvert en 2005 alors que je visitais mon cher cousin Clode. Mon propos n’est pas de vous raconter sa jeune vie. Si cela vous intéresse, vous irez lire sa biographie sur son site web. Je veux plutôt vous le faire découvrir à travers quelques chansons qui me font monter et planer au 7e ciel, me remplissent le cœur de joie et de tristesse et illustrent ma vie. Aussi ce billet comporte-t-il peu de texte, si ce n’est quelques phrases pour introduire chaque titre sélectionné, car les paroles des chansons sont suffisamment éloquentes et révèlent mes émotions.

Voici, pour commencer la mise en bouche, un classique des chansons d’amûûûûûr, « Quando, Quando, Quando », interprété ici en duo avec la sublime Nelly Furtado. En prime, messieurs et les filles aussi, dans ce clip, le beau Wentworth Miller (de Prison Break) prête ses traits délicieux à l’homme de ma vie, à qui je dédie ce premier titre.


La chanson suivante est un tube de Ray Charles, « You don’t know me ». Ses paroles s’appliquent hélas à nombreuses de mes love stories qui demeureront à jamais à l’état de fœtus victime d’un avortement.

Vous le savez bien, je suis un cœur en voyage, toujours en mouvement. Passent les saisons et tourne la Terre, seul au milieu de la foule, je n’ai qu’une envie : rentrer à la maison.



Tu le sais parfaitement, toi qui me lis, toi que j’aime : tu ne trouveras jamais quelqu’un qui t’aime comme je t’aime.
Mais tu risques de passer à côté. You’re gonna miss my love (and you know that)…

J’ai eu des faiblesses, j’ai eu des manquements, mais j’étais sincère dans tous les moments que nous avons partagés. Et c’est pour toi que je chante cette chanson…


Je ne veux pas renoncer. À deux, on est toujours plus fort. Toi et moi, ensemble sur la Terre, amoureux, nous pouvons conquérir le monde…


Admirez la magnifique voix de Michael, si chaude ; ses déhanchements façon Elvis Presley (quand il était jeune) et son incroyable talent de bête de scène, quand il chante qu’il m’a dans la peau (moi ou quelqu’un d’autre… plutôt quelqu’un d’autre… oooouuuuiiiiinnnnn… snif !).

 

Michael, je t’adore. Essaye tout de même de ne pas abuser du coca et des frites afin que tes rondeurs naturelles ne subissent aucune déformation qui porterait préjudice à ton charme. Pitiéééé, pas de syndrome Elvis ! Sur ce, je m’en vais au Canada (sans passer par l’île d’Anticosti, je vous rassure) pour acheter à la source ton nouvel album : Call Me Irresponsible (encore un titre qui me va bien, tiens).

Pour en savoir plus :
http://www.michaelbuble.com/ et http://www.myspace.com/michaelbuble

 

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Jusqu’à présent, j’ai évoqué les feuilletons de l’après-midi, ces petits savons qui font les riches heures de la télévision américaine depuis les années cinquante. Les petits savons de l’après-midi sont diffusés quotidiennement, du lundi au vendredi. Aujourd’hui je vais étudier un feuilleton du soir, dont le genre connut son heure de gloire dans les années 80. Le « prime time soap », contrairement au petit savon, est quant à lui diffusé à raison d’un épisode par semaine. L’intrigue n’est donc pas traitée selon le même rythme.

L’année 1981 vit la naissance de deux nouveaux « prime time soaps ». Le 12 janvier, la chaîne ABC lançait Dynasty pour concurrencer directement Dallas avec le même produit raffiné : le pétrole. Le 4 décembre, la chaîne CBS sur laquelle on pouvait voir les Ewing et les Barnes évoluer dans leur univers impitoyable, lança un nouveau feuilleton avec son cortège d’intrigues, d’amour et de haine, de passions et de jalousies entre gens riches et beaux (les pauvres et les moches n’intéressaient personne). Ce fut Falcon Crest, dont l’action se situe en Californie, dans la région de San Francisco, et plus précisément dans la Tuscany Valley (littéralement : la vallée de Toscane). Au risque de vous décevoir, je me dois de vous apprendre que cette région californienne est une pure invention scénaristique. Les épisodes furent tournés dans la Napa Valley, région du nord de la Californie connue pour sa production vinicole. Car, il faut le savoir, le premier personnage de Falcon Crest, c’est le vin ! (Hips ! Du Guerrouane gris, chef, siyouplé ! re-Hips ! [Note de Daniel C. Hall])

Tandis que les millionnaires du Texas et du Colorado ne juraient que par l’or noir, les familles Channing, Gioberti et Agretti se disputaient l’or rouge de la vallée de Tuscany. On observera au passage que les personnages sont des latins, et en particulier des descendants d’immigrés italiens qui fondèrent à la fin du XIXe siècle la Tuscany Valley censée leur rappeler leur Toscane natale. Et si la matriarche incarnée par Jane Wyman s’appelle Angela Channing, c’est uniquement par mariage avec un yankee car elle est née Gioberti.

Une fois n’est pas coutume, le pivot central du clan principal est une femme. Angela Channing (Jane Wyman) est la propriétaire et maîtresse absolue du domaine de Falcon Crest. De son mariage avec Douglas Channing (Stephen Eliot), baron de presse dirigeant le San Francisco Globe, elle a eu deux filles : l’énigmatique Julia (Abby Dalton) et la fantasque Emma (Margaret Ladd). Elle est la grand-mère d’un play-boy rebelle, le beau Lance (Lorenzo Lamas), fils de Julia et de Tony Cumson (John Saxon). Angela a un frère, Jason Gioberti, dont le trépas accidentel et mystérieux au commencement du premier épisode est le prétexte à l’arrivée de son fils Chase (Robert Foxworth), qui débarque en Californie avec sa femme Maggie (Susan Sullivan) et leurs enfants Victoria (Jamie Rose) et Cole (William R. Moses). Sur un coup de tête, Chase décide de « retourner aux sources » et, au grand dam de sa tante, de reprendre la partie du domaine de Falcon Crest qu’exploitait son père. De son côté, Angela, qui a un esprit un peu féodal, arrange le mariage de son petit-fils Lance avec la belle Melissa Agretti (Ana-Alicia), unique héritière du domaine vinicole de son père qui se trouve être l’amant de la mère de Lance. Les choses vont empirer lorsque le père de Melissa sera mystérieusement assassiné. Douglas Channing meurt lui aussi à la fin de la première saison, et son décès apporte la révélation d’un fils adultérin, Richard Channing (David Selby) qui hérite du journal Le Globe ! L’un des rebondissements de la saison 2 sera la révélation par la mère de Chase, la flamboyante Jacqueline Perrault (d’origine française, incarnée par Lana Turner !) que Richard Channing est son demi-frère. Dès lors, tout est en place pour une succession de drames. Vengeances sur fond de vendanges…

Mes personnages préférés : d’abord Melissa Agretti Cumson Gioberti, interprétée par la splendide Ana-Alicia. La bomba latina, épouse successive de Lance Cumson et de son cousin Cole Gioberti. Son personnage connut un destin tragique, et j’ai beaucoup pesté quand elle a été renvoyée par la prod. La nouvelle beauté latine qui la remplaça pendant deux ans fut Kristian Alfonso, à l’époque en congés de Days of our Lives (ouiiiiii, c’est Hope Williams Brady et la princesse Gina !). J’aimais beaucoup le personnage de Maggie Gioberti Channing. J’avais découvert Susan Sullivan au côté de Peter Strauss dans Le Riche et le Pauvre – Les Héritiers. Les plus jeunes de nos lecteurs(trices) la connaissent dans le rôle plus récent de la mère de Dharma dans Dharma and Greg. Son petit air de Greta Garbo humaine et accessible m’a toujours beaucoup plu. Du côté masculin, mon kiff est pour David Selby, le tourmenté Richard Channing, brillante synthèse du vice et de la vertu, probablement le caractère mi-ange mi-démon le plus contrasté et qui passe sans cesse de l’ombre à la lumière.


Falcon Crest eut la particularité d’être la saga dramatique qui accueillit dans son casting le plus grand nombre de stars hollywoodiennes. À commencer par Jane Wyman, oscar de la meilleure actrice en 1948 pour son rôle dans Johnny Belinda, et accessoirement première épouse de Ronald Reagan. Lorenzo Lamas, qui joue son petit-fils, est quant à lui le rejeton de l’un des latin lovers de la MGM Fernando Lamas (1915-1982) et de sa troisième épouse l’actrice Arlene Dahl, et le beau-fils de la sirène de Hollywood Esther Williams. Beaux quartiers de noblesse cinématographique ! La somptueuse Lana Turner (1920-1995), grande figure de la MGM des années quarante et cinquante, a incarné Jacqueline Perrault au cours de la deuxième saison (1982-83). Sa rivalité avec Jane Wyman était patente. Le feuilleton accueillit aussi Mel Ferrer, Gina Lollobridgida, Kim Novak, Cesar Romero, Celeste Holm, Eddie Albert, Rod Taylor, la première James Bond girl Ursula Andress, la française Leslie « Gigi » Caron, l’ancien mannequin Lauren Hutton, et beaucoup d’autres encore. Il lança les carrières des jeunes Tahnee Welch (fille de Raquel), Carla Gugino (vue dernièrement au cinéma au côté de Ben Stiller dans La Nuit au musée) et Mariska Hargitay (fille de Jayne Mansfield et de Mickey Hargitay) qui triomphe à la télévision dans les séries Law & Order (New York District et New York Unité Spéciale).

Falcon Crest s’est arrêté à la fin de la neuvième saison, en 1990. C’est, à ma connaissance, le seul feuilleton auquel les scénaristes ont donné une fin cohérente. Placée sous le signe du « happy end », la dernière scène voit Angela Channing faire le bilan de sa vie et rendre hommage aux gens qui l’ont traversée. À la fin, elle porte un toast à son domaine en lui souhaitant longue vie. Malade du diabète, Jane Wyman avait fortement décliné au cours de la saison 8. Cette femme à la silhouette impeccable mais dont le visage avait conservé les rondeurs de ses jeunes années avait perdu tellement de poids qu’elle n’avait plus que la peau sur les os ! Au cours de la dernière saison, un rebondissement fit disparaître son personnage pendant plusieurs mois, le temps pour la comédienne de se refaire une santé et de revenir fermer le ban.

 


Si Angela Channing était fière de son cabernet sauvignon (Hips ! [Note de qui-vous-savez]), Falcon Crest est un feuilleton bon comme un vin de Bordeaux. Ce grand cru classé des savons américains préfigurait, avec trois ans d’avance, le français Chateauvallon
 

dont l’univers était semblable (vignobles et monde de la presse). Présenté à l’époque comme le « Dallas à la française », Chateauvallon mourut au berceau au bout d’un an, victime du dramatique accident de son héroïne Chantal Nobel. Ce fait divers sonna le glas de sa production, alors qu’en Amérique, l’indisposition de l’actrice principale aurait servi à faire rebondir l’intrigue dans une autre direction. Dallas ne s’est pas arrêté au décès de Jim Davis, mais la mort de Jock Ewing a ouvert la voie à une longue bataille entre J.R. et Bobby pour le contrôle de la Ewing Oil…

Et des trépas, Dieu sait qu’il y en a dans les sagas ! Au moins un mort à chaque saison, la Grande Faucheuse est gourmande. Falcon Crest lui offrit à plusieurs reprises des victimes aux bons soins de cliffhangers spectaculaires (un accident d’avion et un séisme), quand celle-ci ne venait pas se servir en cours d’année. Cela donna un casting évolutif et un générique soigné. À plusieurs reprises, des saisons furent présentées avec deux génériques successifs, que malheureusement la télévision française, habituée aux traficotages irrespectueux de l’œuvre originale, n’a jamais diffusés. Cet oubli sera réparé dans les commentaires, et sera l’occasion de réécouter le thème de Bill Conti, l’un des grands compositeurs de feuilletons et de films américains, qui est notamment le père de la musique de Rocky.



Pour les curieux qui souhaitent aller plus loin, je recommande un site allemand (également disponible en anglais) très complet qui rend merveilleusement hommage à la saga : http://www.falcon-crest-tv.de/.

Et n’oubliez pas : si l’abus d’alcool est mauvais pour la santé (De quoi que quoi ? N’importe hips… euh… n’importe quoi ! Hips [Dote de Naniel H. Call]), boire trop d’eau à la fin n’est pas beau.

Cheers !



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Précédemment, dans Zanzi and the City : Après des vacances aux Bahamas, Zanzi rentre en France où TiFrère l’attend pour lui offrir son aide. Grâce à l’étrange agence de voyages Queeny Travels, ils parviennent à localiser les frères Bodganoff qui détiennent peut-être la clé qui permettra à Zanzi de retrouver son visage…

Dans le décor fantastique du Futuroscope, TiF et moi avons retrouvé les mystérieux frères de l’espace (MFE), grâce aux bons offices de Michel Chevalet et de Roger Gicquel qui nous ont facilité une entrevue avec ces créatures étonnantes. Nous les surprîmes qui s’envoyaient gracieusement en l’air dans la salle d’apesanteur. Leur petite session de lévitation terminée, les MFE acceptèrent d’écouter mon histoire. Quand j’eus fini mon récit (voir épisodes 45 et 46), Grichka prit la parole :
— Vous avez été enlevé par Nelfius. C’est un être qui vient des confins de notre galaxie et qui se nourrit de terriens pour rester jeune. Ceux qu’il ne tue pas ont le privilège de faire l’amour avec lui, mais en contrepartie, ils perdent leur visage jusqu’à ce que Nelfius trouve une autre victime ou plutôt un nouvel amant.
— C’est donc une question de temps ? demandai-je. Il me suffit d’attendre que ce Nelfius fasse l’amour avec quelqu’un d’autre et alors mon visage me sera rendu ?
Igor poursuivit :
— C’est cela. Le problème… (Il toussota) c’est que le visage ne retrouve plus son aspect d’autrefois. Il subit une modification irréversible. Vous l’avez compris, Grichka et moi avons connu Nelfius et vécu avec lui la même expérience que vous. Après cela, nous sommes restés quatorze mois sans visage, vivant cachés et retirés de tout.
— Quoi ? Quatorze mois !!!
— Oui, dit Igor, ce fut extrêmement long. Un matin, nous nous sommes réveillés et nous avions de nouveau un visage, mais il était bouffi et notre menton était allongé.

Je tremblais comme une feuille. Je voulais mon visage d’avant, pas un visage différent !
— Vous êtes en train de me dire que lorsque Nelfius aura pris un nouvel amant, je retrouverai mon visage mais en plus gros et avec le menton comme une trappe à coulons ?
— Ce n’est pas aussi simple, répondit Grichka. La métamorphose diffère d’un individu à l’autre. Igor et moi avons subi la même altération car nous sommes jumeaux. Mais pour vous, ce sera sans doute différent.
— D’ailleurs, dit Igor, nous allons vous en donner la preuve. Nous hébergeons ici même, dans le plus grand secret, une ancienne victime de Nelfius dont nous sommes en train d’étudier la structure moléculaire et la métamorphose progressive.

Les MFE nous conduisirent dans une pièce inconnue du Futuroscope. Lorsque s’ouvrit la porte électronique sur le malheureux personnage que Nelfius avait saccagé, je ne pus réprimer un cri :
— Mais… c’est Michael Jackson !!!
— En effet, dit Grichka. Voyez comme la métamorphose peut diverger d’un sujet à l’autre. Vous allez peut-être avoir le nez de Pinocchio ou devenir noir.
Si seulement dans ce cas, je pouvais avoir une bite de 25 centimètres, pensai-je in petto
Igor conclut l’entretien :
— La légende qui court dans l’espace prétend que la malédiction de Nelfius cessera lorsqu’il aura trouvé le visage de l’amour, c’est-à-dire, son ultime amant. Alors, il ne mangera plus de terriens et son amant précédent, mais celui-là seulement, retrouvera son visage d’avant. Certains disent que ce n’est qu’une légende, d’autres prétendent qu’il s’agit d’une prophétie…
— Il faut que je retrouve Nelfius coûte que coûte, dis-je. Je dois tenter quelque chose. Savez-vous où il se trouve ?
— Hélas, nous n’en savons rien, avoua tristement Igor.
— Moi, je sais ! clama soudain une voix derrière nous. Je sursautai de surprise. C’était Matthew Sharp  !

— Matthew ! Mais comment ?..
— Je ne t’ai jamais perdu de vue, mon Zanzi. Après t’avoir laissé près de Las Vegas, j’ai contacté l’unité spéciale du FBI chargée des études spatiales. Pendant des semaines, j’ai travaillé sans relâche. Finalement, j’ai découvert dans un vieux dossier ultraconfidentiel que le cas de Michael Jackson était connu. J’ai retrouvé l’agent spécial, aujourd’hui à la retraite, qui avait mené l’enquête et découvert l’existence de Nelfius. Grâce à lui, nous savons où il se cache.

Nous quittâmes tous Poitiers, le cœur rempli d’espoir et d’inquiétude. Matthew nous conduisit en Crimée, dans une base secrète près de Yalta.
— C’est ici, dit-il, au bord de la Mer Noire, là où le monde fut coupé en deux en 1945, que les scientifiques américains collaborent depuis six ans avec leurs homologues russes afin de percer les mystères de l’univers. Regardez cette machine. Nous l’avons mise au point en 2005. Il s’agit d’un prototype de téléportateur.

Les MFE étaient fascinés. Matthew poursuivit son exposé :
— Jusqu’à présent, nous n’avons pu l’expérimenter que sur Terre, et dans un laps de temps maximal de deux heures par séance de téléportation. Nos savants vont tenter de repousser les limites de la machine dans l’espace et le temps.
Il nous conduisit à une carte électronique du système solaire :
— Nelfius a établi sa base sur la face cachée de la Lune. La machine va nous y projeter en doublant la durée de la téléportation, mais elle ne peut transporter que deux personnes à la fois. Zanzi, j’irai donc avec toi.
— Et si ça ne marche pas ?
— Le risque est grand. Dans le meilleur des cas, nous ne bougerons pas d’ici. Dans le pire des cas… nous disparaîtrons dans le néant.
— Tentons le tout pour le tout !

Les MFE transpiraient et TiF s’arrachait les cheveux tandis que Matthew et moi prenions place dans le téléportateur. Pour ma part, j’avais le cœur serré, à la limite de la bradycardie. Les témoins de cette scène capitale pour mon avenir comme pour les progrès de la science nous regardaient avec angoisse. Seuls, les experts en blouse blanche semblaient confiants. Pourtant, si les calculs n’étaient pas exacts, et si entre-temps le vaisseau de Nelfius avait quitté sa base, tout serait perdu…
Le sas se referma sur nous et tout se mit à tournoyer. Un flash nous aspira, et j’eus l’impression de voir mon corps s’évanouir. L’instant d’après, je me retrouvai près de Matthew, dans un jardin familier. C’est là que Nelfius m’avait uni à lui ! L’expérience était un succès. À présent, nous avions quatre heures pour retrouver l’alien anthropophage et voleur de visage, et tenter n’importe quoi pour qu’il me rende le mien.
L’attente ne fut pas longue. Nelfius était là, entourés de sbires féroces. Seul, il s’avança vers nous, majestueux et menaçant. Allait-il nous dévorer ? Il me regarda puis contempla Matthew. Alors le temps suspendit sa course, et toute vie retint son souffle. Nelfius, la terreur de l’espace, le cruel magnifique, tomba à genoux devant l’agent Sharp et lui dit :
— Tu es celui que j’attendais, que les devins me promettaient, celui que j’ai recherché à travers les cieux, l’espace et tant de siècles.
Nous étions abasourdis, mais Nelfius dit encore :
— Mon amour, je suis à toi. Si tu me dis oui, toute souffrance cessera et les portes de l’univers s’ouvriront devant toi. Si tu me dis non, tu me détruiras et je serai condamné à errer dans les ténèbres de la Nébuleuse de la Mort.

Ainsi, la légende qui courait dans toutes les galaxies était vraie. La Providence m’avait mis en présence de celui qui devait me sauver, à moins qu’elle ne m’ait mis en la sienne pour le conduire vers sa destinée. Nelfius m’avait séduit comme une sirène chante pour un marin afin de s’emparer de moi, comme il le fit avec tant d’autres. Mais devant Matthew, il était sans défense. L’agent Sharp avait le choix. Matthew se tourna vers moi :
— Zanzi, je t’aime. Tout ce que j’ai fait, je l’ai fait pour toi. L’amour est grand, l’amour peut tout.
J’étais éploré.
— Regarde-moi. Nous avons peu de temps. Si je me refuse à lui, il mourra et nous mourrons peut-être nous aussi. Il m’offre le choix, mais nous savons tous que je ne l’ai pas.

Je compris que sa décision était prise. Pour Matthew, j’avais le visage de l’amour, et lui l’avait pour Nelfius. Il y a toujours un prix à payer. L’amour exige un sacrifice et un renoncement pour vivre. Matthew me serra dans ses bras puis s’avança résolument vers Nelfius. Il le releva, le serra contre lui et l’embrassa. Alors commença la sarabande érotique que j’avais moi-même dansée en ces lieux quelques semaines auparavant. Nelfius et Matthew s’unir devant moi, leurs corps en fusion dégageaient une énergie considérable. À mesure qu’ils faisaient l’amour, je vis une auréole lumineuse tourner autour de moi. Elle était chaude et aveuglante. L’accouplement du terrien et de l’alien atteignit bientôt son paroxysme et déchaîna les éléments. Dans un grand cri passionné, leur orgasme simultané provoqua une gigantesque explosion qui me fit perdre connaissance…

En reprenant conscience sur un lit d’hôpital, je vis TiF et les MFE qui me souriaient. Un infirmier russe à la sensualité sauvage (et peut-être au goût bulgare…) s’approcha de moi et me tendit un miroir. Je pouvais de nouveau me regarder en face.

FIN / THE END

Pour lire le précédent épisode de Zanzi and the City, cliquez ici.

 
 

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