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FILMS : Les Toiles Roses

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Fiche technique :

Avec Igor Hossein, Olivier Pagès et Brigitte Audrey. Réalisation : Daniel Ringold. Scénario : Harry & Bernard Schumanski. Image : Stephan Jones. Montage: Bernard Schumanski.

Durée : 93 mn.

Résumé et avis de Jean Yves :

Issus d'un milieu bourgeois royannais, Philippe (Igor Hossein) et Bertrand (Olivier Pages) sont liés par une affection virile, mais exclusive. Un jour, Philippe disparaît. Bertrand finit par retrouver sa trace à Tahiti.

Là, l'étrange, le passionné Philippe s'est mis à mener une vie marginale, ouverte à tous les abus, des « Hombœs », qui prétendent continuer les hippies californiens. Dans une île des Australes, Rouroutou, ils déchaînent leurs instincts.

Douleur de Bertrand en constatant le changement de son ami, plus beau encore, mais retourné à l'état sauvage. Quant à Philippe, bien vite, il ne supporte plus le regard de juge de Bertrand, il le traite de pédé, et celui-ci se sent rejeté, roulé.

D'autant que Philippe pratique sans vergogne la bisexualité. Alors qu'ils se retrouvent dans une grotte taboue, est-ce le pouvoir maléfique du lieu, la jalousie qui le dévore ? Bertrand tue Philippe d'un coup de poignard, se barbouille de son sang, retourne à leur case, puis disparaît dans les profondeurs de l'océan.

Daniel Ringold est surtout connu pour avoir écrit quelques textes des opérettes de Francis Lopez. Le réalisateur y a préservé toute la magie de la Polynésie originelle. Pour incarner Philippe, Ringold a choisi une personnalité tout à fait originale : Igor Hossein (fils de Robert, dont il a le charme mystérieux). Il forme avec Olivier Pages un couple inoubliable.

Hombo permet de découvrir tout un côté ignoré de la Polynésie : Papeete by Night, l'île de Rouroutou, préservée, encore à cette époque, de la civilisation du tourisme.

Il faut retenir encore le bain de minuit, les baisers, les caresses de Philippe et Bertrand en tenue d’Adam, l'enterrement des deux garçons devant le petit temple de Moere, les voix d'Esther Tefana et David Teai, le groupe folk de Rouroutou.

Pour plus d’informations :

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Fiche technique :

Avec Theo Montgomery, Forth Richards (Ryan), Benji Crisnis (Daniel), Jake Casey, Womack Daryl, Peter Petersen, Beatrice Carina, Heidi Blissenbach et Garett Dragovitz. Réalisation : Harry & Bernard Schumanski. Scénario : Harry & Bernard Schumanski. Image : Stephan Jones. Montage: Bernard Schumanski.

Durée : 73 mn. Disponible en VO (zone 1) et bientôt en VOST (zone 2).

 


Résumé :

Wrecked a pour sujet la descente aux enfers causée par la drogue et le sexe, le sexe considéré comme une drogue, de Ryan (Forth Richards), un adolescent gay de 18 ans qui essaye de devenir acteur et de mettre sa vie sur la bonne voie. Mais ce désir est rapidement supplanté par le retour soudain de son ex, Daniel (Benji Crisnis). Ce dernier demande à Ryan un endroit pour l’héberger, en lui promettant une vie normale et une relation amoureuse stable. Ryan sait que Daniel est incorrigible et que ce garçon est mauvais pour lui, pourtant il l'accueille, par faiblesse, par attirance physique incontrôlable. Mais la toxicomanie de Daniel et sa soif inextinguible de sexe sapent tout espoir de normalité pour Ryan. Daniel entraine le garçon dans sa spirale de sexe et de drogue.


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L'avis de Bernard Alapetite :

La première chose qui me paraît important d’écrire est que Wrecked est l'un des films les plus économiques, un des plus faibles budgets que l'on peut voir. C'est aussi l'un des films les plus sexuellement explicites que le cinéma américain nous ait montré.

Le film multiplie les séquences très justes, comme celle où l'on voit Ryan tenté d'obtenir un rôle lors d'une audition digne de la pure ethnologie sur la tribu du cinéma indépendant, idem pour toutes les scènes de répétitions. J'adore le personnage de l'assistante du metteur en scène, quasi muet et qui pourtant parvient à exister très fort à l'écran.


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Une de mes premières surprises devant ce film a été de voir apparaître des dollars, alors que j'étais persuadé que ce que je voyais se passait en Europe, et plus particulièrement en Angleterre tant la forme de Wrecked est plus proche du cinéma indépendant européen que de son homologue américain.

Wrecked a été tourné avec une caméra de poche qui suit les personnages (souvent fort attrayants) dans leurs moindres gestes d'où aussi, malheureusement, la fréquente instabilité de l'image.


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Je suppute, après une petite enquête, que tous les acteurs du film (d'ailleurs tous excellents) ont utilisé des pseudonymes. Ceci, peut-être, pour ne pas gêner leurs futures carrières ou vis-à-vis de leurs familles, en raison des scènes de sexe on ne peut plus crues. Sont-elles simulées (se demande le voyeur libidineux et quasi professionnel que je suis) ? Nous voyons quatre des acteurs complètement nus. Chacun se donne beaucoup de mal pour que ses partenaires aient une érection (que nous voyons aussi). Mais il ne faudrait pas croire que Wrecked est un porno. Les scènes de sexe, ici, ne sont pas tournées pour exciter le chaland. Leur grand intérêt est que leur contenu sexuel explicite construit les personnages, fond leurs l'actions et ancre d'avantage l'histoire et les personnages dans la réalité. Wrecked a plus besoin de cela, étant une pure fiction, que par exemple le film Shortbus avec lequel il présente bien des similitudes car Shortbus a (en partie) des gens de la vie réelle comme acteurs.


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La force de Wrecked est que l'on entre immédiatement en empathie avec Ryan. Son très agréable physique n'est sans doute pas pour rien dans l'affaire. On a envie de crier à ce pauvre garçon de laisser tomber Daniel qui ruine sa vie. Pendant la journée, Ryan travaille en tant qu'acteur mais bientôt il commence à avoir des difficultés avec son rôle du fait de ses inquiétudes quant à la sincérité de son amant, qui, pendant ce temps-là, est continuellement à la recherche de nouvelles drogues ou d'argent pour en acheter ou… de sexe. Daniel est immergé toujours plus dans son monde de drogué mais lui fait croire que tout va bien. Quand les deux garçons sont ensemble, on a le sentiment que le sexe est l'arme qu'utilise le couple pour s'éviter d'aborder les véritables questions auxquelles ils devraient faire face. La meilleure partie du film est celle qui décrit le quotidien de la relation tumultueuse entre les deux garçons.


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La production a des faiblesses techniques multiples. Par exemple, on voit une fenêtre dans la maison de Ryan, recouverte d'un drap (pour le tournage). Certains dialogues semblent s'évanouir. La pellicule est assez granuleuse. Surtout la scripte ne devait pas être très vigilante car par exemple, dans une séquence, Ryan va au lit torse nu, se réveille tôt avec un t-shirt, puis sort du lit avec un autre totalement différent ! Les faux raccords lumière sont innombrables. Paradoxalement, le film est néanmoins assez bien éclairé. Les réalisateurs jouent sur la lumière et l'intensité des couleurs pour appuyer leur narration. Les scènes dans lesquelles Ryan est seul sont lumineuses et sont dominées par les couleurs vives, alors que lorsque Daniel est à l'écran, l'image est à la fois plus sombre et plus granuleuse (tournées avec une autre caméra ?). Et qu'on ne vienne pas me dire que ce genre de bourde a un rapport quelconque avec un petit budget ! Il suffit d'ouvrir les yeux au moment du tournage et encore plus à celui du montage. L'argument scénaristique est mince : un parasite, vivant aux crochets de son hôte, le manipule… mais après tout le Tartuffe de Molière n'est pas autre chose...


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Wrecked est le premier film des frères Schumanski, cinéastes dont je ne sais rien.

La fin du film, quelque peu en divorce avec le reste, est aussi brusque que puissante. Sans être moralisatrice ou didactique, elle ne se laisse pas oublier même si elle est ratée. Probablement que tout simplement les cinéastes ne savaient pas comment terminer leur film.

C'est seulement en voyant cette fin malheureuse que je me suis aperçu que le jeune acteur qui interprète Ryan, que tous les amateurs de choupinets devraient adorer, ressemblait beaucoup à Vincent Branchet dans F est un salaud que Wrecked rappelle dans la dépendance (sexuelle) qu'a Ryan envers Daniel. Cela m'étonnerait beaucoup que les frères Schumanski ne connaissent pas F est un salaud.


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Le plus gros reproche que je ferais au film est d'être trop court, ce qui est plutôt bon signe. J'aurais aimé suivre un peu plus longtemps le parcours de Ryan. D'autant que quelques minutes de plus auraient permis d'approfondir la psychologie des deux principaux protagonistes, ce qui n'aurait pas été inutile.

Wrecked est un film provocateur et hypnotique qui, comme Shortbus, ose prendre des risques.

Pour plus d’informations :

 

Fiche technique :
Réalisation : Alessandro Avellis & Gabriele Ferluga.
Durée : 80 mn. Disponible en VF.




Résumé :
La Révolution du désir est une exploration de la nébuleuse qui a donné vie aux mouvements de libération sexuelle en France et une interrogation sur le passage de la révolte à la normalisation des homos. Au travers des actions de commandos délirants et d’essais aux titres évocateurs (Le rapport contre la normalité, Trois milliards de pervers), s’esquissent les portraits de Guy Hocquenghem et de Françoise d’Eaubonne, intellectuels étonnants et partisans inconditionnels de la révolution du désir.
On y retrouve le philosophe René Schérer, Catherine Deudon, photographe du MLF, Carole Roussopoulos, cinéaste militante, Joani Hocquenghem, frère de Guy, Marie-Jo Bonnet, historienne, les Panthères Roses et d’autres intervenants.


Le travail d’Hystérie Prod. :
Les deux auteurs de ce film ont été captivés par l’aventure humaine et intellectuelle représentée par le FHAR (Front Homosexuel d’Action Révolutionnaire), ce mouvement décisif dans l’histoire des homosexuels français et européens.
C’est en 1971 que les homos parisiens descendent dans la rue pour la première fois, osant ainsi prendre part, à visage découvert, à une manifestation publique. Les slogans : « Notre corps est politique ! », « Famille = pollution », « Prolétaires de tous les pays, caressez-vous ! ». En quelques années, on oublie les vieux refrains, du genre « pour vivre heureux, vivons cachés », et avec une grande liberté le mouvement du FHAR rend visibles les homosexuel/les en France.Le film se concentre sur la lutte croisée des homos et des féministes, qui venaient elles aussi de faire leur coming-out avec le naissant MLF (Mouvement de Libération des Femmes). Dans leurs discours politiques, les femmes et les homosexuels se retrouvaient sur un terrain commun, la libre disposition du corps, et luttaient ensemble contre l’archaïque système patriarcal, qui les opprimait.


LE FHAR ?
Le FHAR fut principalement créé par des lesbiennes. Mal à l’aise dans un MLF centré sur des problématiques hétéro, elles cherchent un nouvel espace d’expression. Elles commencent alors à se réunir séparément et se font accueillir par le groupe homophile, mais légèrement misogyne, d’Arcadie.
Le moment déclencheur de la naissance du FHAR est représenté par le boycottage de l’émission de Ménie Grégoire sur RTL, en direct de la Salle Pleyel, le 10 mars 1971. Intitulée « L’homosexualité, ce douloureux problème », l’émission vire très vite à la digression homophobe décomplexée, ce qui pousse les lesbiennes et les quelques homos présents, à se révolter et à attaquer la célèbre présentatrice, qui se voit obligée à prendre la fuite.


Suite au succès de cette action et à son écho médiatique, le groupe féminin qui s’était constitué est rapidement élargi par l’arrivée de nombreux homosexuels, ce qui va petit à petit donner de l’ampleur au mouvement et permettre pour la première fois un changement radical de la vision du « douloureux problème » par la société. Soudain, on pouvait être pédé et gauchiste, tout en accusant la pensée unique bourgeoise des « hétéro-flics ».
Le MLF et le FHAR naissent des cendres de Mai 68, tout en se révoltant contre ce mouvement machiste qui avait refusé les amalgames avec des instances de libération sexuelle. Il a fallu trois ans aux membres du FHAR pour retrouver l’esprit qui les avait animés sur les barricades du Quartier Latin ou dans la cour de la Sorbonne. Des militants plus jeunes, des intellectuels, des écrivains et des anarchistes rejoignent le mouvement. On y croise Daniel Guérin, Jean-Louis Bory et Françoise d’Eaubonne, qui organise les premières réunions.


Guy Hocquenghem rejoint le groupe en cours de route et en devient assez vite une figure emblématique, par la rigueur de sa pensée et par la cohérence de ses théories révolutionnaires. Le FHAR exprime une philosophie en rupture déclarée contre la société bien-pensante de l’époque : la sexualité homo, centrée sur l’anus, peut détruire les schémas freudiens simplistes et castrateurs. La différence des homosexuels va être revendiquée et va devenir un model alternatif au couple hétéro et aux divisions de genre imposées par la famille procréatrice.
La pensée du FHAR demeure aujourd’hui révolutionnaire et garde intact son esprit provocateur. Toute une partie des réflexions développées en ces années-là, ont été trop vite oubliées. La tendance normalisante du mouvement gay et le bouleversement causé par le fléau du Sida ont beaucoup contribué à cela.
Au travers des extraits d’archives vidéo de l’époque, des journaux du FHAR (L’antinorm, Le fléau social, Sexpol) ou de ses essais (Le Rapport contre la normalité, Trois milliards de pervers), on découvre la face cachée d’une révolution culturelle explosive qui a déchiré les clichés sexuels de toute une génération. Un nouveau langage a vu le jour (« phallocrate », « cellule familiale »), toutes les mœurs secrètes ou refoulées pendant des siècles, sont devenues sujets de débats philosophiques et d’analyses sociales : la prostitution masculine, les lieux de drague, le sexe en plein air, les orgies et l’amour avec des arabes ou avec des jeunes éphèbes. Les salles des Beaux-arts, où les militant/es se retrouvaient tous les jeudis soir, deviennent très vite un lieu de séduction et de consommation sexuelle immédiate, un lieu de libération.


La conséquence est que aussi vite les revendications et les priorités politiques changent. Au fil du temps, les lesbiennes du FHAR se rendent compte que leur parole est limitée et que les combats divergent : au-delà de la base commune de l’acceptation sociale de l’homosexualité, elles luttent contre les oppressions qu’elles subissent même en tant que femmes, alors que les garçons se concentrent sur une liberté sexuelle, déculpabilisée et revendiquée. La séparation semble inévitable et le FHAR s’éteindra à petits feux.
« Le FHAR a été un feu follet », affirme un des intervenants du documentaire. Malgré ce constat, ce mouvement anarco-libertaire a déclenché au tout début des années 1970 une véritable révolution des mœurs et un incontestable changement d’horizon politique des homos français.


LES INTERVENANT/ES
La Révolution du désir recueille donc des témoignages inédits de protagonistes des mouvements de libération homosexuelle en France : René Schérer, philosophe et professeur émérite à l’Université Paris VIII, confie pour la première fois ses mémoires et partage avec nous ses souvenirs de l’existence courte mais intense de son disciple, Guy Hocquenghem. Joani Hocquenghem, son frère, nous permet de découvrir les côtés les plus intimes de cet écrivain dont les œuvres, étudiées aux États-Unis dans le cadre de la « Queer theory et des Gays studies », demeurent un peu oubliées en France. La cause de cet oubli remonte peut-être à sa « Lettre ouverte à ceux qui sont passé du col mao au Rotary » (1986), pamphlet où il osait critiquer l’intelligentsia parisienne des années Mitterrand. Anne Querrien, une des proches de Guy Hocquenghem, et Roland Surzur, son dernier petit ami, nous aident à esquisser le portrait de ce personnage-clef et à remettre en perspective ses écrits. Carole Roussopoulos, réalisatrice de films militants (FHAR 1971, dont les extraits ponctuent les propos des interviewé/es) et Anne-Marie Faure, cinéaste féministe, explorent avec nous la naissance de la vidéo, instrument qui a accompagné leurs luttes et a contribué à leur émancipation personnelle. Catherine Deudon nous explique à quel point son engagement féministe allait de pair avec sa passion pour la photo. Les moments marquants de la vie de Françoise d’Eaubonne, écrivaine récemment disparue, sont esquissés avec tendresse et nostalgie par ses proches, notamment Alain Lezongar, Marc et Magali Payen. Son humour reste vif dans l’évocation du célèbre commando saucisson ou dans les sourires de Marie-Jo Bonnet, historienne, ou d’Angelo Pezzana, un des fondateurs du mouvement gay italien, qui se souviennent de son engagement lors du sabotage du congrès de psychiatrie à Sanremo, en 1972. Un des amis de Françoise d’Eaubonne, André Piana, nous rappelle le rôle qu’elle a joué dans le combat féministe et dans celui des homos.


Le film poursuit sa recherche historique tout en se promenant régulièrement dans l’actualité et en cherchant une trace de cette rébellion dans un des jeunes groupes qui poursuivent ces luttes, les Panthères Roses. Leurs revendications transpédégouines contre l’ordre moral nous permettent de comprendre comment le message révolutionnaire de Guy Hocquenghem peut trouver un écho aujourd’hui dans les luttes altermondialistes et dans l’exploration des politiques du désir, au-delà du retour unilatéral à la conjugalité. Le but : faire sortir l’homosexualité de l’image patinée et marketing telle qu’elle est perçue dans la société et relayée par les médias.
Le film, présenté en avant-première lors du dernier Festival des films gays et lesbiens de Paris, a reçu un accueil très chaleureux. Le public, nombreux, tous âges confondus, a participé au débat très animé qui a suivi la séance.


LA PRODUCTION
Créée par trois auteures, Hystérie Prod est une société indépendante de production de films, dont la vocation première est de révéler et d'accompagner de nouveaux talents, de promouvoir un cinéma engagé à travers des courts-métrages, des longs métrages et des documentaires.
La Révolution du désir est un film historiquement très intéressant car il raconte une histoire marquante qui a eu une grande importance sur l’évolution des mentalités par rapport à l’homosexualité, mais également sur l’avancée des droits de la communauté homosexuelle. Mais qui aujourd’hui connaît le FHAR ? Peu racontée, mal connue, encore taboue, l’histoire des homosexuel/les reste malgré tout encore assez cachée. L’histoire a une importance énorme pour le mouvement lui-même, qui est toujours « en construction » et qui doit, pour avancer, connaître et analyser sa propre histoire.


GUY HOCQUENGHEM
À presque 20 ans de la mort de Guy Hocquenghem, survenue en août 1988, sort en Dvd un documentaire qui retrace le parcours de cet écrivain militant et journaliste dans le premier Libération.
La Révolution du désir – 1970, la libération homosexuelle de Alessandro Avellis et Gabriele Ferluga, suit le parcours qui a mené des jeunes rebelles de mai 68, au féminisme, jusqu’à la formation du FHAR (le Front Homosexuel d’Action Révolutionnaire). C’est aussi l’occasion pour rendre hommage à deux figures éminentes de ce mouvement, l’écrivaine et féministe de la première heure Françoise d’Eaubonne (récemment disparue), et le beau révolté, Guy Hocquenghem. Trop longtemps oublié, suite à ses attaques contre l’intelligentsia mitterrandienne des années-fric, cet essayiste anticonformiste revient à la mode dans les années 1990 aux USA, grâce à l’influence que son œuvre exerce dans l’élaboration de la théorie queer. Selon le philosophe Didier Eribon, cette théorie, née dans les départements de gay studies des universités américaines et vite répandue partout dans le monde, « peut être considérée comme une redécouverte à la fois des questionnements politiques et théoriques du FHAR et des critiques d’Hocquenghem à leur égard ». Dans son Désir homosexuel, suivant les pas de Deleuze et Guattari, ainsi que de son père spirituel et ami de toute une vie, René Schérer, Hocquenghem veut faire sortir la sexualité du triangle œdipien freudien et se concentre sur une sexualité anale comme élément d’indifférenciation des deux sexes : « notre trou du cul est révolutionnaire », écrira-t-il.


Guy Hocquenghem était surtout persuadé que l’homosexualité ne pouvait pas se concilier avec une normalisation sociale. Ce qu’il ne pouvait pas imaginer, c’était l’arrivée d’un virus terrible qui allait, par une ironie tragique, normaliser au cours d’une quinzaine d’année les homos en les montrant dignes d’humaine compassion aux yeux de la société bien-pensante. Ce même virus qui allait le tuer à l’âge de 41 ans, alors même qu’il commençait un parcours littéraire prometteur.


Aujourd’hui, les théories d’Hocquenghem reviennent d’actualité. Une conception révolutionnaire, ou du moins rebelle, de l’homosexualité demeure possible dans un monde globalisé, qui a conformé les homos aux lois du tout-marketing et de l’ultralibéralisme. S’opposer à la fausse tolérance de certains politiques, critiquer les magouilles électorales d’un Sarkozy qui, malgré les beaux discours, garde dans son parti l’homophobe Vanneste, ou d’un Delanoë qui inaugure en grande pompe la place du réactionnaire pape Jean-Paul 2, militer pour les droits des transsexuels, restent parmi les objectifs d’une partie du mouvement LGBT qui demeure combative et vivace. Dans le documentaire en question, les deux auteurs ont choisi de mettre en relation le FHAR avec les Panthères Roses (« Gouines et pédés à l’offensive » est un de leurs slogans) et de comprendre les influences des jeunes hyper idéologisés d’antan, sur les militants, peut-être un peu plus désabusés, d’aujourd’hui.


Parue en 1986, La « lettre ouverte à ceux qui sont passés du col mao au Rotary », de Guy Hocquenghem, montre un autre aspect de l’actualité de la pensée de cet écrivain. Le parcours des « nouveaux philosophes » giscardiens et des différents ténors du mitterrandisme sont examinés, entre souvenirs personnels des barricades de mai 68 et déclarations publiques, afin d'amorcer le portrait de l’élite d’une génération qui, en grande partie, a renié ses valeurs et qui est passée du pacifisme et des grands idéaux de cette jeunesse dorée au militarisme forcené, au soutien du nucléaire et du système ultra capitaliste. Guy Hocquenghem, lui, n’aurait pas été étonné de voir Kouchner dans le gouvernement Fillon/Sarkozy…
Pour plus d’informations :

Fiche technique :

Avec Daniel MacIvor, Joshua Peace, Jonathan Torrens, Carroll Godsman, Jack LaLanne et Joe D’Allesandro. Réalisé par Thom Fitzgerald.
Durée : 93 mn. Disponible en VO, VF et VOST.


Résumé (dos du dvd) :

Beefcake raconte l'histoire vraie de Bob Mizer, le fondateur de l'athletic model guild, une compagnie qui produisait des photos d'hommes nus musclés pour le magazine "Physique Pictorial".
Bob Mizer va connaître le succès et va entraîner sa mère, puis toute sa famille, dans une entreprise basée sur l'homo-érotisme, avant de finir pourchassé par la censure, puis la loi américaine.

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L'avis de Jean Yves :
À cette époque, les photographes pouvaient photographier en toute impunité des corps d'hommes beaux et musclés, images et expression abstraite de la beauté masculine. Mais, de leur côté, les éditeurs des magazines de culture physique pouvaient être poursuivis et arrêtés pour pornographie. Vingt ans avant le procès de Larry Flint, tout était question de dosage dans cette « nebulous interpretation of art ». Le film commence par des entretiens avec d'anciens modèles. L'un d'eux explique que la plupart des modèles ne soupçonnèrent jamais qu'il pût y avoir la moindre note d'érotisme gay dans leurs séances de pose. Ils pensaient donner à la jeunesse un modèle de santé et de force physique.

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Le film mêle un noir et blanc très théâtral et des images acidulées dans le style du magazine « The athletic model guild ». Le passé est évoqué sur un mode hallucinatoire, à tel point qu'on ne sait plus très bien où se situe la limite entre l'érotisme et les fantasmes du jeune homme. Pour Thom Fitzgerald, cette absence de frontière est au cœur même du personnage de Mizer. Pas plus homosexuel qu'amateur de beauté masculine, Mizer devient la métaphore d'une culture qui s'éveille à sa sexualité sans vraiment savoir qu'en faire.
Quel jugement porter sur Bob Mizer ? Photographe de génie pour les uns, pape de la pornographie pour les autres, le personnage ne laisse pas indifférent.

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L’avis de Gui :

Sous cet étrange titre peu évocateur, Beefcake rejoint les rares films dans la lignée de Larry Flint et Boogie Nights, c'est-à-dire des films consacrés au cinéma et à la photo pornographique. « Pornographique », ou du moins, considéré comme tel par la censure américaine à l’époque de Mc Carthy… Beefcake relate l’authentique histoire de Bob Mizer, créateur de la revue très controversée Athletic Model Guild.

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Si ce nom est moins significatif d’émoustillement que Playboy ou Hustler pour nous autres hétérosexuels, il en est tout autrement pour la gente masculine homosexuelle. Athletic Model Guild (AMG) était en effet la référence absolue dans le domaine du magazine de photographie d’étalons nus aux muscles saillants; de sa création en 1952 à son tout dernier tirage en 1993. Tous les grands noms du body-building (qu’ils soient gays ou non) de la seconde partie du XXe siècle sont passés sous l’œil du fondateur et photographe en chef de l’AMG, Bob Mizer, de Joe Dallesandro (acteur fétiche de Warhol et Morrissey dans la trilogie Flesh, Trash, Heat) à Jack Lalanne.

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Tous ceux qui aiment d’habitude les récits biographiques seront ici comblés par le style du film qui mêle tout du long les véritables photographies de Mizer, aux documents vidéos d’époque et reconstitutions (librement réinterprétées). Par contre, ceux pour qui voir des jeunes hommes nus exhiber leurs biscotos sous une épaisse couche de crème solaire, pose un problème quelconque passeront leur chemin sans savoir ce qu’ils ratent. Car au-delà du simple film gay, Beefcake est avant tout une attendrissante comédie chargée en candeur et en bonne humeur comme on aimerait en voir plus souvent.

Pour plus d'information :


Fiche technique :

Avec Israel Rodríguez, Pepa Aniorte, Mehroz Arif, Hugo Catalán, Inma Cuevas, Fany de Castro, Antonio Dechent, Juan Luis Galiardo, Juan Gea, Luis Hostalot, Juanma Lara, Pablo Puyol, Ana Rayo, Raúl Zajdner et Estrella Zapatero. Réalisation : Antonio Hens. Scénario : Antonio Hens et Gabriel Olivares. Musique : Sergio de La Puente. Directeur de la photographie : César Hernando. Montage : Julio Gutiérrez.

Durée : 80 mn. Disponible en VO et VOSTfr.

 


Résumé :

Xabi (Israel Rodríguez), un jeune homme gay sortant de prison, recherche son petit ami. Xabi a été abandonné dans son enfance et sa vie sauvage l'a conduit dans de nombreux « centres de redressement ». Après avoir été libéré cette fois, il rencontre Iñaki (Luis Hostalot), un homme plus âgé qui est un membre influent du groupe terrorisme ETA et qui devient un véritable ami, professeur et amant du jeune homme. Par amour et admiration pour son amant Javi adopte sa cause et veut lutter pour l'indépendance basque, au point de renier ses racines et de changer son nom de Javi pour Xabi.



Malheureusement, Xabi est envoyé dans un établissement pénitentiaire de haute sécurité pour avoir lancé un cocktail Molotov sur un policier lors d'un vol qualifié, le blessant grièvement. Le centre au fin fond de l’Andalousie fait cohabiter de jeunes délinquants et des étrangers dont on attend la majorité pour les expulser. Xabi s'échappe du centre de mineurs avec la complicité de Joel, un jeune mexicain, et de Driss (Mehroz Arif), un marocain, tous les deux en attente d’expulsion. Ils partent à Madrid à la recherche d’ Iñaki, le mentor de Xabi. Mais Iñaki reste introuvable. Le trio décide alors de préparer un attentat dans le centre-ville afin de démontrer leur volonté d'adhésion à l'organisation...



L'avis de Bernard Alapetite :

Clandestinos est un film ambitieux qui a le grand mérite de mêler deux thèmes qui, malheureusement, sont rarement réunis, l'homosexualité et la politique (dans le sens le plus large de ce terme) à l'instar par exemple d'un autre film espagnol El Diputado (à noter que Hens était un ami de feu Eloy de la Iglesia). Trop souvent dans le cinéma gay on a le sentiment, surtout dans bon nombre de films américains, que les gays vivent leurs histoires de cul et/ou de cœur en marge de la marche du monde. Clandestinos est une sorte de thriller et aussi un mélodrame qui raconte comment cacher nos sentiments avec des masques différents dont celui du fanatisme. Il dépasse les contraintes de son budget modeste grâce à ses excellents acteurs qui semblent tous donner le meilleur d'eux-mêmes. Il faut dire qu'ils ont presque tous déjà une copieuse filmographie, y compris les plus jeunes qui ne sont pas désagréables à regarder. Les acteurs sont à l'aise et crédibles, même si Israel Rodríguez me parait un peu trop âgé pour son rôle. Le montage maintient un rythme efficace tout le long du film.

Après s'être échappés du centre pénitentiaire, nos trois scélérats adolescents sont dans une problématique de survie. Ils sont aussi en quête pour faire leurs preuves. Le film met en lumière les problèmes habituels de la vie des adolescents sans pourtant jamais être ennuyeux : la pression de leurs pairs, le désir d'affirmer chacun leur individualité, l'importance de la sexualité... Un aspect intéressant du film est sa réflexion sur le terrorisme dans un monde post 11 septembre.



Hens soulève une question que bien peu soulève : peut-on être gay et un terroriste en même temps ? Si la réponse est évidente lorsqu'il s'agit des islamistes radicaux, il n'en est pas nécessairement de même quand il s'agit de terrorisme européen comme l'IRA ou l'ETA...

Clandestinos met en évidence l'engrenage qui conduit Xabi au terrorisme. La nécessité d'être aimé et respecté par l'objet de son désir peut conduire à des extrêmes. À l'âge de 18 ans, bien des garçons ont également tendance à être intransigeants dans leurs opinions. Cette vision en noir et blanc du monde est aussi ce qui aide les recruteurs de terroristes, des gens prêts à mourir « pour le bien » d'une cause.

Le film laisse aussi entrevoir la raison pour laquelle Xabi (qui était certainement mûr pour être cueilli par les recruteurs de l'ETA) n'a jamais été intégré dans l'organisation, une raison qui doit être recherchée dans les circonstances dans lesquelles il a rencontré Iñaki. Pour Iñaki, admettre être gay aurait très probablement entraîné un suicide politique...



Le film, qui passe de la comédie au mélodrame, semble vouloir briser un maximum de tabous en vigueur. Il n'hésite pas à brasser plusieurs thèmes dont certains sont très chauds en Espagne tels que le terrorisme basque, la prostitution masculine, les relations intergénérationnelles, la recherche de son identité dans un monde médiatisé, où l'omniprésence de la police et le chaos spirituel ont été installés dans le quotidien des grandes villes. Un monde violent, insensible, homophobe et étranger à la vraie nature de leurs problèmes de vie. Au passage, on y voit comment fabriquer une machine infernale…

Il est dommage que Hens n'ait pas su terminer son film. En le coupant cinq minutes avant la fin, le spectateur en garderait un bien meilleur souvenir.

Le réalisateur ne rechigne pas à montrer ses acteurs nus, ceci sans ostentation ni pudibonderie, en particulier son acteur principal, le bel Israel Rodríguez, qui est déjà apparu dans plusieurs séries télévisées espagnoles.



Le film a connu une histoire mouvementée. Il a été teinté de controverses, à la fois parce qu'il aborde la question du terrorisme et surtout à cause d'une photographie publiée dans le magazine Zero, qui illustrait un article sur Clandestinos et où l'on voyait un garde civil se faire faire une fellation par un terroriste qui avait posé le canon d'un pistolet sur la tempe du policier. Cette image a mené le Parti populaire à exiger des explications du gouvernement andalou et de celui de la Castille et de La Manche au sujet de l'octroi de subventions pour le film.

Le réalisateur revient sur la genèse de son film : « D'abord, je pensais que mon premier film devait être une histoire d'adolescents, la question de la transition de l'adolescence à l'âge adulte est un sujet qui m'a toujours intéressé. Clandestinos est l'histoire d'un adolescent en quête d'une identité, et qui décide de se réinventer en quelque sorte, de remplacer les quelques traits de sa personnalité par un nouveau caractère. Deuxièmement, je voulais faire un film pour réfléchir à la politique, sur la notion de notre réalité, sur les mythes et les tabous de notre société, apparemment détaché de toute censure, mais vraiment redevable à une tradition de pensée. Autrement dit, je voulais montrer ma position sur le nationalisme dans notre pays, une question qui devrait être de troisième ordre dans toute société développée, mais qui souvent en Espagne occupe la première place dans l'intérêt du public. Au départ ne sachant pas très bien comment lier tout cela, j'ai décidé d'adapter une partie de mon travail des trois années précédentes que j'avais développé en tant que scénariste pour un autre réalisateur, mais qui n'a jamais été transformée en scénario, et encore moins en films. Je suis parti d'une l'histoire vraie, celle d'un adolescent qui a été arrêté au Pays basque après avoir blessé avec un cocktail Molotov. Au début, le garçon s'était fait passer pour un membre d'un gang pratiquant le combat de rue, mais après avoir été entendu par des psychologues du centre pour mineurs où il avait été incarcéré, ils ont découvert que le garçon n'était pas ce qu'il prétend être, et n'avait pas agi par convictions politiques. Il avait fait cette agression pour attirer l'attention sur lui d'un autre garçon plus âgé, qui était son ainé et dont il était épris. Autrement dit, son acte terroriste était un acte d'amour. »



Clandestinos a reçu le prix du public lors de la deuxième édition du Festival international Gay Lesbien d'Andalousie. Il a été également primé au festival Gay de Madrid, et à celui d'Israël où Rodríguez a reçu le prix du meilleur acteur.

Clandestinos est le premier long métrage du réalisateur pour le cinéma. Auparavant, Antonio Hens a tourné beaucoup pour la télévision espagnole mais il est surtout l'auteur en 2000, d'un formidable court métrage gay « En Malas companias » (« Bad Company ») qui a remporté un grand succès dans de nombreux festivals et dont l'acteur principal était déjà Israel Rodríguez. On trouve ce court-métrage, sous-titré en français, sous le titre « Mauvaises fréquentations » dans le tome 3 de Courts mais gay édité par Antiprod.



À ceux qui en douteraient encore, ce film démontre que le cinéma espagnol est riche de talents et que surtout, il ne manque ni d'ambition ni de courage, sachant comme aucune cinématographie mêler les genres avec bonheur.

Pour plus d’informations :

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Fiche technique :

Avec Josean Bengoetxea, Eriz Alberdi, Christian Esquivel, Jose Kruz Gurrutxaga, Juancho Kerejeta et Unax Martin. Réalisation : Roberto Caston. Scénario : Robert Caston.

Durée : 128 mn. Actuellement en salles.

 

 

Résumé :

Une histoire d'amour entre un paysan basque et un immigré péruvien.
Ander a la quarantaine passée, il est paysan et vit dans un coin perdu de la Biscaye avec sa soeur Arantxa et leur vieille mère. Il mène une existence monotone et ne connaît que le travail, que ce soit à la ferme ou dans l'usine voisine. Alors qu'Arantxa doit bientôt se marier et laisser Ander s'occuper seul de leur mère, celui-ci se casse la jambe et doit rester plâtré pendant deux mois.
Pour l'assister dans ses tâches, la famille embauche José, un travailleur péruvien. Le nouveau venu bouleverse bientôt les relations familiales en même temps qu'il trouble de plus en plus Ander...


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L’avis de Voisin blogueur :

Dans un hameau du Pays Basque, Ander (Joxean Bengoetxea) fait tourner la ferme familiale. Il vit avec sa mère et sa sœur. La mère semble encore attachée au souvenir de son défunt mari et voit de temps en temps un autre homme, vieil ami de la famille. La sœur se prépare à se marier et à quitter le cocon familial. Elle a 14 années de moins qu’Ander qui, décidément, a du mal à se trouver une compagne. Ander est un homme solitaire qui passe ses journées à travailler la terre. De temps en temps, il sort avec un ami voisin qui l’emmène boire dans des bars et partage avec lui la prostituée du coin, Reme (Mamen Rivera). Reme vit seule avec son petit garçon, elle a été abandonnée quand son mari a appris qu’elle attendait un heureux évènement. Depuis, elle attend.


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Le quotidien mécanique de la vie à la ferme (et des alentours) va basculer quand Ander se blesse à la jambe. Alité, condamné à rester quelques semaines sans travailler, il encourage sa mère à embaucher quelqu’un. Le remplaçant s’appelle Jose (Christian Esquivel), c’est un jeune péruvien. La mère de la famille a du mal à se faire à ce nouvel arrivant qui se lie très vite avec ses enfants. Pour sa part, Ander trouve un nouvel ami et plus encore : rapidement, il se sent attiré par Jose. Mais une fois que le passage à l’acte aura lieu, les choses vont se compliquer. À l’aube des années 2000, dans ce trou paumé aux paysages apaisants mais où les gens ne cessent de ragoter, peut-on vraiment assumer ce que l’on est ?


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Ander commence dans un climat de quiétude et de solitude. Roberto Caston prend son temps pour poser son personnage principal ; nous plonge dans son quotidien, sa routine, ses relations avec les deux femmes de sa famille. On comprend vite que la ferme est tout ce qu’il a, qu’il y a comme un manque quelque part. Ander est un homme qui masque ses émotions, un homme qui probablement souffre, retient beaucoup de choses en lui. Sa vie va connaître un tournant avec l’arrivée de Jose. Un homme plus jeune, d’une autre culture, un employé dévoué, une personne timide mais qui a la grande qualité de savoir écouter. Il y a presque instantanément un rapport affectif qui s’instaure entre eux. Mais une fois qu’ils décident de s’abandonner à leurs pulsions, le cœur d’Ander explose. Lui qui a tout gardé à l’intérieur pendant tant d’années semble avoir du mal à accepter cet amour qui s’offre à lui, cette chance de ne plus être seul. Première scène extrêmement forte que celle du passage à l’acte qui vient briser tout romantisme pour exprimer la détresse du personnage principal (je ne vous en dis pas plus mais c'est un vrai coup de poing).


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Ce qui fait la force d’Ander et lui permet d’ailleurs de largement dépasser son statut de « Brokeback Mountain au Pays Basque », c’est que ce long-métrage n’est jamais vraiment là où l’attend. Avec une infinie délicatesse, le réalisateur expose, construit sous nos yeux des personnages extrêmement forts. Des personnages qui n’ont rien pour nous faire fantasmer mais dont la saisissante humanité finit par nous foudroyer. Plusieurs scènes confrontent Ander à son corps : un corps mou, fatigué. Un corps "vrai" ? L’œuvre joue du non-dit, fait passer beaucoup d’émotions par la frustration, des gestes simples.


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Avant de rentrer dans la romance avortée entre Ander et Jose, Roberto Caston a bien pris le temps de poser ses protagonistes et le décor. On assiste à plusieurs scènes de repas où chacun a bien sa chaise, sa place, il ne faut pas changer les habitudes. Des scènes de repas souvent drôles d’ailleurs, notamment grâce au personnage de la mère de la famille qui a bien du mal à voir débarquer un étranger dans son foyer. Plus qu’un racisme latent de sa part, on y voit une peur de l’autre.


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Le montage du film opte pour de nombreuses ruptures entre les scènes, Ander est alors un long-métrage peuplé de moments suspendus, forts, révélateurs des personnalités de chacun. Et petit à petit, le sujet de l’homosexualité difficile à assumer dans un bled paumé est transcendé par des portraits de personnages aussi sublimes que bouleversants. On retiendra notamment plusieurs portraits de femmes et surtout celui de Reme (prostituée malgré elle, mère abandonnée, trouvant l'apaisement dans son amitié avec Ander et Jose). Ander est donc avant tout un film sur la solitude, la difficulté de se lier ou de se délier les uns aux autres, sur la peur de la marginalité.


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La fin du film est assez magnifique, ne manquera pas de provoquer de vives émotions. Tout le long du métrage on voit des réveils. Des réveils qui organisent la vie mécanique de chacun. Ander se demande à un moment si son réveil sera à remplacer pour l’an 2000, peut-être qu’il ne fera pas la transition avec ce changement de millénaire. Finalement le réveil fera le changement, il s’en surprendra et on lui dira « et pourquoi pas ? ».


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C’est le tour de force du film : et pourquoi ne pas aller contre les idées reçues ? Arrêter d’avoir peur, aller vers l’autre. Mettant en scène des relations pudiques, sensibles entre ses personnages, Ander se révèle comme une œuvre d’une folle intensité. Un film très émouvant mais qui surtout nous fait du bien.

Pour plus d’informations :

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Fiche technique :

Avec Javier Beltran, Robert Pattinson, Matthew McNulty, Arly Jover, Marina Gatell, Esther Nubiola, Simon Andreu, Christian Rodrigo, Sue Flack et Victoria Pena. Réalisation : Paul Morrison. Scénario : Philippa Goslett. Directeur de la photographie : Adam Suschitzky. Monteuse : Rachel Tunnard. Compositeur : Miguel Mera.

Durée : 112 mn. Disponible en DVD Zone 1, VO. 

 

 

Résumé :

Madrid, 1922. Salvador Dalí vient d'entrer à l'université. Il a 18 ans, et il est bien décidé à devenir un grand artiste. Son excentricité attire l'attention de deux de ses condisciples, Federico García Lorca et Luis Buñuel. Tous trois ne tardent pas à former le groupe le plus moderne et novateur de la capitale espagnole...


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L’avis de Voisin blogueur :

Madrid, 1922. Alors que les forces de l’armée et le conservatisme règnent, de jeunes étudiants rêvent d’un avenir lumineux, guidé par l’art. Parmi eux, Federico Garcia Lorca (Javier Beltran), poète à la renommée florissante et Luis Bunuel (Matthew McNulty), jeune cinéaste en devenir. Leur quotidien va être ébranlé par l’arrivée d’un autre artiste, un certain Salvador Dali (Robert Pattinson). Il s’attire l’amitié de Bunuel et génère chez Garcia Lorca des émotions inédites. En effet, plus il passe du temps avec lui, plus le jeune poète se délecte de sa compagnie et se met à envisager leur relation de façon peut-être trop sentimentale.


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Les garçons se jurent de ne se poser aucune limite, d’aller au bout de leur créativité. Mais en amour, tout n’est peut-être pas aussi possible. Alors que Federico et Salvador finissent par s’embrasser et goûter à la passion, les choses se compliquent sérieusement. Bunuel, légèrement homophobe, vit mal son éloignement avec son ami de toujours, ne le comprend soudainement plus. Et Salvador a bien du mal à assumer ses désirs homosexuels. Itinéraire de trois artistes amenés à éclore… et à se détruire.


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À l’heure où j’écris ces lignes, Little Ashes n’est disponible qu’en dvd import. Direct to dvd sur de nombreux territoires, jamais sorti en France, le film a pourtant beaucoup fait parler de lui. Déjà parce qu’il revient sur la liaison (longtemps tenue secrète) entre Salvador Dali et Federico Garcia Lorca. Et aussi parce que l’on retrouve au casting le héros de la saga Twilight, Robert Pattinson. J’avoue que j’étais très curieux de le voir dans le rôle de Dali, surtout si en prime scènes de sexe gay au programme il y avait. De ce côté, on peut largement être déçu.


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L’acteur campe avec bien des difficultés le personnage de cet artiste complètement fou. Il ne l’incarne pas vraiment, son jeu est encore maladroit, hésitant. Et on ne reviendra pas sur son horrible coupe de cheveux en début de métrage (remarque totalement superficielle, je sais bien « c’était l’époque qui voulait ça et bla bla bla » mais quand même, il faut assassiner les coiffeurs de ce film qui ont fait un carnage considérable).


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Little Ashes, titre qui reflète des échanges entre Garcia Lorca et Dali. C’est le nom que proposera le poète pour un tableau de son ami. Car les hommes finissent toujours par ne plus être que cendre, poussière. Sur le papier la relation entre les deux artistes est magnifique, passionnante. Et il faut bien avouer que pour les plus romantiques, on peut s’autoriser quelques frémissements à la vision de cette histoire d’amour compliquée, à vif, où la soif de liberté, d’interdits, se mêle qu’on le veuille ou non à l’angoisse. La reconstitution d’époque n’est pas trop mal, bien que souvent très « carte postale », l’œuvre a le mérite de nous laisser entrevoir les univers de trois artistes, univers aussi indispensables que passionnants. Dommage que la réalisation ne suive pas.


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Avec pour sujets Dali, Garcia Lorca et Bunuel (et pour un film sur la liberté), Little Ashes affiche un certain formatage qui déçoit forcément. Les idées de mise en scène sont rares ou trop attendues, beaucoup de clichés et finalement bien peu d’audace (tout reste assez chaste et lisse). Pire : le film vire parfois au sirupeux (une scène de baignade entre les deux amants d’un kitsch gênant / la musique qui surligne chaque émotion / des dialogues cucul).


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Et pourtant… force est de constater qu’on s’attache, qu’on se laisse émouvoir, que Javier Beltran et Matthew McNulty sont particulièrement convaincants. Finalement, Little Ashes est le film dvd idéal : à regarder tranquillement chez soi, un jour de pluie, allongé, en se laissant emporter par ces amours contrariés. Ni plus, ni moins.

Pour plus d’informations :

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Fiche technique :

Avec Jim Carrey, Ewan McGregor, Leslie Mann, Rodrigo Santoro, David Jensen, Jessica Heap, Marc Macaulay, Antoni Corone, Griff Furst et Morgana Shaw. Réalisation et scénario : Glenn Ficarra et John Requa, d'après le livre de Steve McVicker. Image : Xavier Perez Grobet. Son : Paul Urmson et Mark weber. Montage : Thomas J. Nordberg.

Durée : 96 mn. Actuellement en salles.

 


Résumé :

L’histoire vraie d’un ex-flic, ex-mari, ex-arnaqueur aux assurances, ex-prisonnier modèle et éternel amant du codétenu Phillip Morris. Steven Russell est prêt à tout pour ne jamais être séparé de l’homme de sa vie. Ce qui implique notamment de ne pas moisir en prison. Jusqu’où peut-on aller par amour ? Très loin si l’on en croit l’histoire incroyable de Steven Russell, un génie de l’évasion rattrapé par son romantisme.


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L’avis de Frédéric Mignard :

Mensonges et arnaques au cœur d’une histoire d’amour folle et enjouée entre Jim Carrey et Ewan McGregor. Est-ce que l’acteur de The Mask s’écarte tant des personnages qu’il interprète habituellement ? On en doute.

Vendu comme une performance en contre-registre dans la carrière de Jim Carrey, I Love you Phillip Morris est effectivement une prise de risque considérable pour le comédien de The Mask, puisqu’il campe un homosexuel éloigné des pitreries grand public de ses blockbusters habituels. Toutefois à travers cette histoire d’amour à l’eau de rose-gay, le comédien change-t-il radicalement de bord ? La réponse serait plutôt négative.

Incarnant Steven Russell, un homme qui ne s’embarrasse d’aucune honte à l’égard de sa sexualité, malgré l’écart que cela implique vis-à-vis de la religion et de la famille, le comédien retombe dans les travers fatigants d’hyperactivité de ses anciennes personnalités. Passant avec l’agilité d’une anguille du mari aimant au prisonnier en fuite, de l’agent d’assurance à l’avocat ou encore au flic, il synthétise le mensonge dans tout ce qu’il a de plus névrotique. Menteur compulsif à la frontière de la schizophrénie, Carrey s’amuse dans un rôle type qu’il connaît sur le bout des doigts pour le jouer régulièrement depuis plus de 19 ans maintenant !


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Fidèle à son jeu aux antipodes de la subtilité, il trouve néanmoins la repentance dans la véracité qu’il apporte à son histoire d’amour avec Ewan McGregor. Seule constance positive de son personnage, une passion inconditionnelle pour l’homme de sa vie. L’arnaqueur va multiplier les escroqueries et les entourloupes extraordinaires pour se rapprocher de son bien-aimé, malgré les menaces judiciaires et la réalité pénitentiaire. La romance, agrémentée d’une sacrée dose d’humour, évite le communautarisme et les clichés pink pour se concentrer sur l’universalité de l’amour. Il n’y est finalement jamais question d’homosexualité, mais toujours de passion entre deux êtres. Bref, une histoire de couple (tirée de vrais personnages) qui prend des proportions extraordinaires. Au final, c’est plutôt enjoué et frais ; il faut juste adhérer au jeu extravagant de Jim Carrey, et ça, on peut le comprendre, ce n’est pas donné à tout le monde.


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L’avis de Voisin blogueur :

Steven semble mener la vie parfaite avec sa famille complice et croyante. Mais ce n’est qu’un leurre. En douce, Steven s’offre des aventures avec des hommes. Menteur ? Complètement ! Alors qu’il se sépare de sa compagne pour mener une vie de gay très « bling bling », notre ami se retrouve à court d’argent. Il décide alors de faire de nombreuses magouilles vis à vis des assurances… Il sera finalement arrêté et mis en prison. C’est là qu’il va rencontrer l’amour de sa vie : Phillip Morris. Un homme un peu timide, toujours gentil, dont la confiance a trop souvent été abusée. Steven lui promet de lui offrir la relation qu’il mérite. Mais les péripéties ne vont pas manquer, menaçant de séparer les deux tourtereaux. Entre transferts de cellule et mensonges, l’amour aura-t-il le dernier mot ?


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Énorme buzz autour de ce premier long-métrage d’un duo de scénaristes. Pour le moment privé de sortie en salles aux États-Unis, I Love you Phillip Morris choque plus par certains de ses propos que pour sa vision de l’homosexualité, extrêmement caricaturale. Steven comme Phillip sont des gays très typés (l’un est plus masculin et sûr de lui, l’autre plus féminin et sensible). Mais ce côté cliché est incorporé dans un univers très coloré, décalé, qui fait que l’on accepte volontiers cette vision réductrice de l’homosexualité. Dès les premières minutes l’excellent scénario fait son effet : des gags et répliques extrêmement efficaces et surprenants, le principe que l’on peut rire de tout (et donc aller très loin), de l’audace.


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Alors que la réalisation s’amuse à être plus ou moins explicitement phallique (des objets placés pour dessiner les formes du sexe masculin ou des plans composés pour faire ressortir ce fascinant phallus), la comédie prend le dessus tout en essayant de se muer de temps en temps en vrai film romantique susceptible d’arracher quelques larmes aux yeux. Brillant de bout en bout dans sa première partie, le film perd un peu de sa force comique dans sa seconde moitié. Mais le niveau reste très haut. Jim Carrey et Ewan McGregor font de leurs caricatures homos des personnages amusants mais surtout crédibles. On croit directement à cette histoire d’amour, impossible de ne pas s’attacher à ses deux hommes qui font la pair.

À la fois romance gay décomplexée et souvent kitsch, portrait d’un arnaqueur fantasque, critique de la société américaine, I Love you Phillip Morris ravira les amateurs de comédie comme les autres de par l’efficacité de son écriture garantissant de nombreux fous rires. Rares sont les comédies qui parviennent à obtenir ce résultat. Oui disons-le : I Love you Phillip Morris est l’une des meilleures comédies de ces dernières années. Adaptée d’une « histoire vraie », ce long-métrage phallique et parfois féroce finit bel et bien par être jubilatoire.


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L’avis de Bernard Alapetite :

Steven Russell, un flic lambda de Géorgie, marié à une bigote et père d'une gamine qu'il adore, a un grave accident de voiture. Le choc lui fait prendre conscience de la fausseté de sa vie et il décide d'être vraiment lui-même. C'est à dire de vivre son homosexualité au grand jour. Il démissionne de son travail de policier et quitte sa femme. On le retrouve dans la séquence suivante en tata cossue et dépensière, dans un palace de Floride, doté d'un petit ami (Rodrigo Santoro) et de deux chihuahuas. Il énonce ensuite cette sentence on ne peut plus vraie : « Être gay coûte cher. » Il est donc devenu un escroc de haut vol pour payer son fastueux train de vie. Mais la dolce vita se termine derrière les barreaux. Il a bientôt le coup de foudre pour un autre prisonnier, Phillip Morris ( Ewan McGregor), qui devient l'amour de sa vie. Steven ne tarde pas à s'évader et réussit rapidement à faire sortir de prison l'élu de son cœur. Le couple mène grand train grâce aux différentes arnaques de Steven, qui est parvenu à se faire embaucher comme directeur financier d'une grande firme. Mais une nouvelle fois les malversations de Steven sont découvertes. Retour à la case prison. Suivent plusieurs épisodes où notre héros connait des hauts et des bas, surtout des bas mais toujours amoureux de Phillip Morris, qui a lui décidé de prendre ses distances avec son soupirant. La comédie devient de plus en plus sombre pour se muer en un mélodrame lacrymal.


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I Love you Phillip Morris nous propose trois films en un seul. C'est d'abord une comédie dont le modèle serait celles des frères Farelli ; un film de prison, façon Oz light et enfin un mélodrame qui regarderait du coté de Brokeback Mountain. Dès le générique de début, on nous annonce que l'histoire qui va nous être racontée est vraie. Et c'est peut-être la plus grosse erreur des cinéastes car pas un seul instant nous pouvons croire à ce que nous voyons. On aurait sans doute été mieux intentionné pour le film sans cette annonce qui le condamne dès les premières scènes. On l'aurait accepté alors comme une des nombreuses comédies gays farfelues et bâclées qui, généralement, sortent directement en vidéo et l'on aurait attribué son incongrue sortie en salle en raison de son casting. À propos, le fait que les protagonistes de cette laborieuse pochade soient gays n'a que peu d'importance. Ils seraient hétéros que cela ne changerait rien à l'affaire.


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Comment croire qu'un petit flic du sud se transforme instantanément en un flamboyant escroc ? Le scénario se garde bien d'ailleurs de nous l'expliquer et ce n'est malheureusement pas le seul raccourci pris par le duo qui met le spectateur devant le fait accompli de nombreuses invraisemblances. D'autre part, comment admettre que toutes les personnes que rencontre Steven tombent sous le charme de son discours alors que nous ne voyons qu'un camelot de troisième zone débitant des fadaises d'un air fat ? La première règle pour un escroc est de ne pas paraître ce qu'il est, mais avec Steven Russell, le plus naïf des spectateurs aura décelé d'emblée le faisan. À partir de là, il est difficile de s'intéresser à la pantomime qui se déroule sur l'écran.


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À mesure que se déroule le film, on pense de plus en plus à Arrête-moi si tu peux de Steven Spielberg, mais Glenn Ficarra et John Requa n'arrivent pas au doigt de pied de ce dernier et la comparaison de Jim Carrey avec Di Caprio est accablante pour le premier. Car ce qui plombe I Love you Phillip Morris, ce n'est pas que son scénario peu crédible, c'est aussi son interprétation. Jim Carrey joue comme au temps du muet où l'art de l'acteur se résumait souvent à de pénibles roulements de quinquets. Durant les 1h36 du film, Jim Carrey nous sert toujours le même numéro aux grimaces convenues. Dans les scènes de mélodrame, gêné, on se distrait en essayant de se souvenir depuis combien de temps on n’a pas vu un aussi mauvais acteur au cinéma. Jim Carrey, vieilli, émacié, m'a fait penser aux vieux comiques des tournées miteuses qui font un sort à chaque mot. J'ai toujours pensé que les stigmates de l'âge ne vont pas aux comiques. Le pitre doit être dans la fleur de l'âge, sinon ses grimaces sont plus pitoyables que drôles. Ewan McGregor ne relève pas le niveau. Il est inexistant en godiche molle et n'a rien pour inspirer l'amour, ce qui rend encore plus improbable toute cette histoire.


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Si le filmage est correct, au standard des productions commerciales américaines, le montage est d'une grande mollesse ce qui est d'autant plus étonnant pour un film fait de petites scènes mises bout à bout.

Au final, on en veut à cette médiocre équipe d'avoir gâché ce roman d'un tricheur qui n'aurait que l'amour pour se raccrocher à la vie.

Pour plus d’informations :

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Fiche technique :
Avec: Nicolas Gob, Michaël Cohen, Clémentine Célarié, Nozha Khouadra, Bérénice Béjo, Valérie Donzelli, Valérie Mairesse, Sophie Quinton, Carlo Brandt, Philippe Lefebvre, Cyril Descours
, Jean Dell, Alexandre Mercouroff, Sophie de La Rochefoucauld, Isabelle Ferron et Dominique Frot. Réalisateur : Renaud Bertrand. Scénario : Véronique Lecharpy & Pascal Fontanille. Image : Marc Koninckx. Son : Jean Casanova. Montage : Laurence Bawedin. Musique : Stéphane Zidi.
Durée : 200 mn. Disponible en VF.


 

Résumé :
Nous sommes au début 1981. Lors d’un match de foot, un beau brun (Michael Cohen), genre intello mais qui soigne ses abdos, kiffe sur un blond (Nicolas Gob), Bruno de style plus rustique, dans la douche des vestiaires. Tout ce qui va suivre est raconté par le brun. Nicolas et Bruno deviennent amis. Bruno a une petite amie, Isabelle (Sophie Quinton), qui se trouve être la sœur de Nicolas. Isabelle accouche de Jérémy mais Bruno n’en est pas le père. De son coté Nicolas, homo et grand fêtard, a un meilleur ami, Jérôme (Cyril Descours), avec lequel il couche régulièrement. Jérôme tombe amoureux d’un steward américain. Ce dernier ne tarde pas à tomber malade et meurt ; c’est une des premières victimes du sida. Jérôme est contaminé. Bruno voudrait se marier avec Isabelle et reconnaître Jérémy. Isabelle hésite. Bruno réussit à la convaincre. Quelques jours avant de s’unir, passant par là, le couple est victime de l’attentat antisémite de la rue des Rosiers. Isabelle est tuée, Bruno très gravement blessé. Hélène (Clémentine Célarié), la mère de Nicolas, élève Jérémy. Nicolas est désespéré et se jette dans la drogue et la fornication intensive. Bruno sort du coma mais il est paralysé des jambes. Nicolas arrache Jérémy à sa mère Hélène pour s’en occuper et le rendre à Bruno. La séparation d’avec l’enfant rend Hélène folle. Bruno se rééduque et tombe amoureux de son infirmière Nadia (Nozha Khouadra), d’origine algérienne. Elle est mariée avec Nabil, militant de Touche pas à mon pote. Elle a deux enfants. À cet instant, nous sommes à la quarantième minute du film et si les scénaristes n’ont pas chaumé, il y a néanmoins beaucoup de trous dans la narration. Nous ne savons pas alors par exemple ce qui nourrit au sens propre comme au sens figuré, Nicolas, son père ou Jérôme...

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Nicolas fait accueillir Bruno, en chaise roulante, dans la belle et grande maison de ses parents. La famille recomposée disperse les cendres d’Isabelle dans un fleuve voisin.
1983, Jérôme développe le sida. Vers la quarante-cinquième minute, on comprend enfin que Nicolas est le secrétaire d’une importante politicienne de droite, tout en s’occupant de Jérémy et en cohabitant avec la marraine de l’enfant qui lui sert d’alibi dans sa profession. Dix minutes plus tard, on apprend que le père va enseigner à l’université de Montréal. Nicolas et Bruno prennent un appartement ensemble pour élever Jérémy. Au bout d’une heure de film, Bruno tente d’avoir une relation sexuelle avec Nicolas, mais il n’arrive pas à bander, fin de l’expérience, ce qui nous vaut tout de même de voir Bruno nu de dos. La cohabitation des deux hommes est difficile. Presque guéri, Bruno a repris son emploi d’ouvrier menuisier.
1985, Nadia se bat pour faire éclater la vérité sur le sang contaminé. La mère de Nicolas vire alcoolique grave. Nadia s’aperçoit que Bruno a été contaminé lors d’une transfusion. La mère de Bruno divorce et se remarie avec le patron de son ex-mari. Nicolas devient l’attaché parlementaire d’un député de droite qui recherche à faire éclater la vérité sur le scandale du sang contaminé. Le député en question, tout marié qu’il est, est un un pédé dans le placard. Il drague Nicolas et rapidement ils couchent ensemble, la première fois dans leur bureau de l’assemblée nationale. Mais leur histoire doit rester secrète. Bruno est viré de son boulot lorsque l’on découvre qu’il est séropositif. Le jeune et joli Jérôme meurt du sida. Fin de la première partie.

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1986, Jérémy apprend que Bruno est malade et qu’il n’est pas son père. Nicolas est très amoureux de Pierre (Philippe Lefèbvre), son député. Bruno retrouve du travail chez un vieil ébéniste. Nadia, qui a été chassée de son hôpital à cause de son engagement sur le sang contaminé, travaille maintenant dans un laboratoire spécialisé dans le suivi des malades du sida. Le sida de Bruno se déclare. Il développe une première maladie opportuniste. Nadia passe de plus en plus de temps à son chevet. Nabil est jaloux. Bruno se remet.
1989, il se trouve une nouvelle copine, Fabienne (Bérénice Béjo). Quelque temps après, il développe une autre maladie opportuniste. Nadia se sépare de Nabil et vient vivre avec les deux hommes. Bruno se relève encore et décide de vivre avec Fabienne. La mère de Nicolas n’accepte pas la nouvelle liaison de Bruno. Le député de Nicolas devient secrétaire d’État et lui, chef de cabinet. Bruno retombe malade mais cette fois encore il s’en sort grâce à la bithérapie. Hélène se suicide par noyade le matin de Noël 1995. Bruno a une nouvelle maladie dont il ne se remet pas. Nadia lui injecte la piqûre de la délivrance devant la télévision sur laquelle Bruno vient de voir la France être sacrée championne du monde de football. Pierre s’oppose au PACS. Nicolas menace Pierre de l’outer. Ils se séparent. Pour se consoler, Nicolas, qui a trop bu, lève un jeune mec au matin ; il s’aperçoit que son coup d’une nuit est séropo et qu’ils ont eu un rapport non protégé. Nicolas est contaminé. Pour récupérer Nicolas, Pierre rend public son homosexualité. Ils se remettent ensemble.

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L’avis de Bernard Alapetite :
Contrairement à l’habitude, je n’ai pas écrit un résumé car il n’aurait pu être que trompeur, mais ce que l’on appelle, dans le jargon cinématographique, une continuité dramatique pour bien, je l'espère, montrer l’incongruité de cette histoire causée par un trop plein de péripéties. C'est cette continuité dramatique que l'on présente aux producteurs pour essayer de les convaincre de monter le film et aux différentes autorités pour essayer de récupérer quelque argent.
Dès les premières images, on sent que l’on va droit à la catastrophe artistique, plan trop serré sur l’action, les figurants c’est cher, donc le réalisateur resserre le cadre pour que le spectateur ne s’aperçoive pas que la foule que le cinéaste est censé filmer, ne se résume en fait qu'à une demi douzaine de clampins. Mais surtout, la voix off, nous expliquant le pourquoi du comment de ce que l’on devrait voir, est presque toujours un aveu d’impuissance cinématographique ; c'est ici patent.

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L’échec du film tient autant à son esprit qu’à sa forme. Déblayons tout de suite la forme technique de la chose, n’importe quel producteur de bon sens devrait se rendre compte que traiter 27 ans d’histoire en 3 heures, avec une foule de personnages lancés dans des péripéties des plus romanesques, est déraisonnable. Si la chaîne (1ère diffusion le 26 Mars 2008 sur la 2) avait été vraiment courageuse et responsable, elle aurait dû produire une mini série de cinq à six épisodes de 90 minutes. Mais le péché originel de Sa raison d’être est d’avoir voulu mêler des genres qui se révèlent antagonistes, soit le mélo cinématographique façon Douglas Sirk, avec le roman feuilleton genre Eugène Sue, qui a engendré le feuilleton télévisé tombé en désuétude depuis la mort de l’ORTF. La différence principale des deux genres réside dans leur construction : le premier se nourrit d’un nœud gordien aussi inextricable qu’improbable et est d’essence fondamentalement pessimiste ; le deuxième ne vit que par une incessante avalanche de péripéties tragiques et également peu réalistes mais rendues crédibles justement par leur arrivée continue dont la fréquence empêche le spectateur de réfléchir. Dans cette dernière forme, au bout du compte, après bien des tragédies, quelques personnages arriveront au terme de ce chemin infernal et toucheront au paradis. On le voit, des conceptions bien différentes, tant par leurs philosophies que par leurs rythmes. Les scénaristes Véronique Lecharpy et Pascal Fontanille, qui étaient déjà aux commandes du très bon Un Amour à taire, ont voulu de surcroît faire coller les aventures particulières de leurs personnages avec l’Histoire de la période traversée : élection de François Mitterrand, pandémie du sida, scandale du sang contaminé... La seule idée raisonnable qu’aient eu les auteurs est de rendre compte de toute cette foisonnante période par le biais d’un regard spécifique, en l’occurrence celui des gays, personnifiés par le narrateur Nicolas. Non que la bonne idée ait été de choisir le regard gay, aucun communautarisme dans mon propos, ce regard en vaut un autre pas plus, mais surtout, il réduit le champ narratif de ce scénario, qui par ailleurs explore beaucoup trop de sujets jusqu’à toucher au ridicule par leur accumulation et veut tout embrasser sans rien étreindre...
Dans la deuxième partie, bien meilleure que la première si l’on excepte la toute fin lourdement didactique, le rythme devenant moins frénétique laisse enfin passer l’émotion. Les scènes entre Bruno et Fabienne, par exemple, sont réussies.

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Le parti pris de ne pas vieillir les acteurs par le maquillage (les personnages, au cheveu près, ont presque le même aspect du début à la fin du film alors que plus de vingt-cinq ans ont passé, sauf Jérémy qui est joué par des garçons différents au fil du temps) est une bonne solution. N’imagine-t-on pas souvent les autres (et soi-même) avec un aspect qu’ils ont cessé d’avoir depuis longtemps ? Autre bonne idée de faire des réunions de la famille élargie dans la grande maison des parents de Nicolas qui constituent des bornes sur la route du temps.

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Si les poncifs ont souvent leur part de vérité, il est déconseillé à un réalisateur d’en faire un catalogue quasi exhaustif dans son film, comme c’est le cas dans Sa raison d’être. C’est forcément un steward qui a contaminé le joli Jérôme, lourde allusion au « patient zéro » ; quand une femme est enceinte, elle ne peut que vomir ; le jeune prolo (Ah les gros plan sur le torse de Gob en marcel ! Un grand moment !) est bien sûr homophobe et fils d’un routier. La politicienne de droite ne peut être qu’une caricature façon Boutin revue par Marie-France Garaud...
Les allusions à l’actualité du moment (la guerre des Malouines, les régimes communistes en Europe de l’est...) sont plaquées artificiellement dans les conversations entre les personnages et arrivent comme des cheveux sur la soupe.

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Il serait grand temps que les cinéastes s’aperçoivent que situer un film en 1981, présente les mêmes difficultés logistiques que de filmer une action se déroulant pendant les guerres napoléoniennes ou le premier conflit mondial. Dans les trois cas, les objets de la vie quotidienne sont complètement différents de ceux d’aujourd’hui. Il y a même la difficulté supplémentaire, lorsqu'une fiction se déroule dans les quarante dernières années, que bon nombre de spectateurs qui verront le film se souviendront des détails de ce temps-là et qu’ils n’auront pas oublié les visages connus d’alors. Et bien avec des moyens limités, Renaud Bertrand s’en tire très honorablement, évitant les anachronismes trop flagrants (je n’ai guère vu qu’un sweet capuche peu plausible lors d’un entraînement de foot en 1981). La reconstitution du Palace est plausible, en revanche l’avatar de Fabrice Emaert est grotesque et n’a aucune ressemblance avec son modèle dont la physionomie est encore bien présente dans la mémoire de ceux qui sont passés au Palace.

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Le miracle est qu’au milieu de séquences parfaitement ridicules, super téléphonées et très mal dialoguées, certaines scènes parviennent à être des îlots d’émotion, comme lorsque Bruno annonce à sa mère qu’il est séropositif, et qui parviennent donc à étrangler notre rire continu tout au long des deux parties.
Cela est dû principalement aux comédiens (Michael Cohen et Nicolas Gob ont tous deux reçu, à juste titre, le Prix d’interprétation masculine à Luchon) qui dans ce mélo improbable, se débattant dans des situations impossibles, débitant un texte parfois indigent, parviennent à rendre leur personnage convaincant et nous force à rester devant l’écran pour connaître la suite.

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L’avis de Franck :
À la télévision, il n'y a pas que la Nouvelle Star. Le même soir, il peut arriver qu'un chef-d'œuvre soit diffusé sur une autre chaîne. On a bien lu quelque part qu'il y a un truc bien sur France 2 ce soir-là, alors on enregistre, c'est là sur son disque dur de son lecteur de DVD, en attente d'être regardé, et puis on voit les piles de DVD à la Fnac, alors on se dit que ça vaut peut-être le coup d'être regardé, vraiment.
Alors, ce soir-là, car on n'a pas grand chose d'autre à faire, on se met à regarder Sa raison d'être. Et on prend une baffe. On aurait aimé ne pas être seul ce soir-là devant la télé, avoir à ses côtés des bras où se lover pour pleurer, et rire aussi. Parce que ce téléfilm français est ce que j'ai vu de mieux à la télévision depuis l'épopée de la Coupe du Monde 98 racontée par Stéphane Meunier, c'est dire. À propos de la Coupe du Monde, il y a une scène terrible, belle et tragique, dans Sa raison d'être, qui se déroule pendant la finale. Rien que d'y repenser, là maintenant, les sanglots reviennent. C'est là où j'ai pleuré toutes les larmes de mon corps, en sanglots mesurés dans un premier temps, qui se sont transformés en cataractes quand le réalisateur a eu la bonne idée de mettre Jeff Buckley pour accompagner la deuxième partie de la scène. Il n'y a décidément pas de hasard.


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Sa raison d'être, donc. 28 ans de la vie de Nicolas, Bruno, Isabelle, Nathalie, et de Nadia, et Nabil aussi. Vaste fresque d'une France que je connais bien, d'une époque que j'ai vécue en adulte, 1980-2008. Comment une société coincée s'est ouverte le 10 mai 1981, et comment elle s'est repliée, d'un coup, avec le retour de bâton de la crise, le culte de l'argent-roi… et le SIDA. Le réalisateur – Renaud Bertrand – décrit bien ces années-là, cette rupture-là, sous l'angle du SIDA, car c'est le thème du téléfilm, les années SIDA, la découverte de la maladie, les premières années, où les malades étaient ostracisés à l'extrême, coupables, forcément coupables, l'hécatombe, puis les premières découvertes, la stabilisation, la vie qui lutte, et qui perd parfois, mais de moins en moins, et le relaps, et la contamination qui continue.
Chronique sociale aussi, avec un couple de beurs, elle infirmière, lui macho qui aime ses enfants, qui sont ni violents ni mafieux, qui aspirent à la normalité, trouver leur place dans cette société-là. Cette image-là est encore trop rare à la télé française, de la même façon qu'une relation homo est très rarement montrée dans ce qu'elle peut avoir de normale, un coup de foudre, l'émoi et les premières approches, une relation durable, avec ses crises. C'est le cas dans Sa raison d'être, bravo.


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Ce téléfilm, c'est ce que j'ai vécu, parfois, beaucoup trop, par procuration, mais pas toujours.
Comme Nicolas, j'ai été assistant parlementaire ces années-là, et j'avais des patronnes, donc la comparaison s'arrête là. Dans la réalité, les bureaux sont bien moins vastes, et il n'y a pas de telles salles de bain à l'Assemblée nationale ! À ce propos, seule erreur repérée dans le scénario, pour 200 minutes de téléfilm, ce qui est mince, les élections de 86 sont à la proportionnelle, donc l'ouverture d'un musée dans une circonscription ne doit pas émouvoir un candidat aux législatives...


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Comme Nicolas, dans les années 84-86, on effaçait des noms de nos calepins, on allait bien trop souvent à des enterrements. Je vous parlerais un jour d'Erik, l'homme grâce à qui je suis devenu outrageusement européen, et libéral, au sens XIXe du terme s'entend. Comme pour le reste, il m'aura fallu des années de déni avant de pleinement l'assumer. Il est mort du SIDA. Et il y a eu Pascal et Denis, chez qui, avec toute une bande de jeunes socialistes, filles et garçons, on s'éclatait des week-ends entiers, à Noisiel, dans ce superbe appartement au pied du RER. C'était l'époque des « Nuits de la pleine lune », quand on découvrait la froideur et la post-modernité si « in » des villes nouvelles. C'était aussi l'époque des Nuits fauves, et la bande découvrit l'hôpital Saint-Antoine. L'un des deux partit, le deuxième se retrouva en enfer. Et la bande se délita, chacun prit sa route, nos chemins politiques nous ont éloignés les uns des autres.
Superbe téléfilm donc, avec d'excellents acteurs, dont Clémentine Célarié – on n'oubliera pas qu'elle a roulé un patin à un mec atteint du SIDA en plein Sidaction, pour démontrer qu'il n'y avait pas de risque de ce côté-là. Dans le rôle de Nicolas, un excellent Michaël Cohen, qui a su jouer aussi bien le jeune con que nous étions tous dans les early 80's que le quadra en belle maturité des années 2000 (et là, on est un peu moins à pouvoir souffrir la comparaison...). Belle maturité mais qui n'empêche pas les conneries...
À voir, malgré cette critique (juste mais négative) ici [Franck lie à son billet la critique de Bernard Alapetite publiée sur notre blog (voir ci-dessus.) Merci à Franck de m’avoir autorisé à reproduire son post qui m’a profondément touché. Note de Daniel C. Hall].

Pour plus d'informations :

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Fiche technique :
Avec Aki Avni, Rivka Michaely, Sharon Alexander, Gal Hoyberger, Dvora Bertononv, Ada Valery-Tal et Hinna Rozovska. Réalisé par Amos Gutman. Scénario : Amos Gutman. Directeur de la photographie : Amnon Zalayit. Compositeur : Arkady Duchin.
Durée : 95 mn. VO et VOSTanglais. Disponible en zone 1.



Résumé :

Israël, les années 1990. Jonathan a 18 ans et il est malheureux. Il a quitté le Moshav et sa mère pour aller vivre en ville avec son premier amour Micky. Jonatan déteste son travail et sa nouvelle vie avec Micky s'avère insatisfaisante (celui-ci est volage et le laisse seul en compagnie d’une chanteuse toxicomane). Son existence qui tourne à vide va trouver un sens en la personne du beau Thomas, un jeune new-yorkais venu rendre visite à sa famille.
Le film raconte la rencontre de Jonathan, qui rêve d'un grand amour salvateur, avec Thomas qui a renoncé à tout et mène une existence sans projets ni but. Il évoque le problème du sida qui menace les éventuelles intimités entre homosexuels. Mais séropositif, Thomas ne peut vivre pleinement cette relation pleinement.


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L'avis de Bernard Alapetite :
Ce drame intense et mélancolique, situé à Tel Aviv, suit Jonathan, 18-20 ans, un adolescent romantique et dégingandé, en crise, abandonné par son ami, une larve veule aux slips aussi moulants qu’improbables, frustré par les absences continuelles de sa mère, déçu par sa bande de copains et détestant son boulot. Il travaille comme moniteur dans la garderie d’enfant que dirige sa mère. Il retrouve goût à la vie quand il a le coup de foudre pour Thomas, le fils de ses voisins qui habite avec sa mère et sa sœur, deux femmes qui ne cessent de se disputer. Le beau (beaucoup moins que Jonathan et cela nuit un peu à la crédibilité du scénario) Thomas de retour de New York. On comprend peu à peu que Thomas revient dans son pays parce qu’il est atteint du sida. Leur relation naissante et hésitante sert de toile de fond à cet ambitieux drame social et sexuel qui aborde aussi bien le sida, la mort, la drogue, le milieu gay de Tel Aviv, la militarisation de la société israélienne que la crise de la famille.


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Bien que le film se disperse un peu, il reste un beau film qui invite à la réflexion et à la contemplation tant est sublime Rivka Michaely qui interprète le rôle de Jonathan, une sorte de « Boticelli » askenase à la chevelure bouclée, blond vénitien. Il n’est pas douteux que le cinéaste est aussi subjugué par son acteur que nous et si malheureusement on ne fait qu’apercevoir son anguleuse et pourtant désirable nudité le film n’est pas avare de scènes où le beau sabra n’a pour tout vêtement qu’un lâche caleçon.


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On comprend que Gutman ait eu quelques problèmes avec les autorités de son pays. Car à travers son viseur, Israël, très loin de son image officielle, fière et guerrière, ne semble peuplé que de folles droguées, de mères juives hystériques, de militaires brutaux et de bourgeois bornés, le tout évoluant dans des décors très « chip ». La communauté gay n’est pas non plus épargnée. Elle parait composée que par de jeunes gigolos ringards dont le rêve serait d’être… Mireille Mathieu ! À noter que le film a été projeté il y a quelques années au festival du cinéma israélien.
Le film est édité en vidéo aux USA en hébreux sous-titré anglais.

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Ce film d’Amos Gutman traite des relations homo, du tragi-comique de l’autorité matriarcale et de la dangereuse menace du HIV. Le réalisateur est décédé des suites de sa maladie en février 93 à Tel Aviv.
Amos Gutman est le réalisateur du premier film israélien de sensibilité gay, Drifting (Nagua), 1983, que le gouvernement israélien a essayé de faire retirer de la programmation du festival de films de Montréal comme n'étant pas représentatif de la culture israélienne.
Pour plus d’informations :
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Fiche technique :

Avec Stephan Bender, Maximillian Roeg, Rickie Lee Jones, Randy Wayne, Owen Beckman, Diana Scarwid et Rooney Mara. Réalisation : James Bolton. Scénario : James Bolton, adapté du livre éponyme de Jim Grimsley. Musique : Richard Buckner.

Durée : 86 mn. Disponible en VO et VOSTfr.



Résumé :

Nathan (Stephan Bender), 15 ans, fraîchement débarqué avec sa famille dans une petite ville du sud profond des États-Unis, est un adolescent intelligent mais timide qui veut s'échapper de l’emprise de son père abusif et violent. Il fantasme sur une relation avec Roy (Maximillian Roeg), un garçon un peu plus âgé que lui qui vit juste à côté de son domicile.


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Roy fréquente la même école secondaire que Nathan ; il conduit d’ailleurs l’autobus scolaire. Progressivement, les deux garçons commencent à se parler. Petit à petit leur relation s'approfondit. Rapidement, l'un et l'autre s’aperçoivent de leur commune attirance, mais Roy peine à assumer pleinement leur passion. Un soir, le père de Nathan tente de violer son fils. Ce n'est clairement pas la première fois que cela se passe et l’on comprend alors le désir de Nathan d’échapper à sa famille, d’autant que la mère sait mais ferme les yeux. Nathan doit à la fois cacher les abus dont il est victime et son amour secret pour Roy. Nathan est accepté dans le cercle social de Roy. Il est bientôt invité à aller camper avec Roy et ses amis, Randy et Burke. Pendant cette escapade, ils découvrent une maison abandonnée (et peut-être hantée) dans une ancienne plantation. Une nuit, dans cette maison abandonnée, Roy et Nathan sont découverts en pleins ébats par Randy et Burke, les amis de Roy...


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L’avis de Bernard Alapetite :

On appréhende totalement différemment le film si on connaît le roman de Jim Grimsley, au titre éponyme, dont il est issu et si on s’y réfère ou si on l’ignore. En effet, le film que je considère assez réussi est une trahison à un peu près totale du roman, à tel point qu’il me semble qu’il est un véritable abus que le film porte le même titre que le livre. Bolton aurait du en changer et faire figurer dans le générique une expression semblable à « Très librement inspiré du livre » suivie du titre et de son auteur. Ce qui l’aurait libéré des contraintes du roman dont il ne parvient pas à traduire le côté fantastique.


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Une fois débarrassés de cette importante réserve, regardons l’objet libéré de ses références.

La première qualité de Bolton est de croire au langage spécifiquement cinématographique et en particulier à la force de l’image. On peut même avancer qu’il lui fait même un peu trop confiance. Ne pas laisser les dialogues, ici malheureusement particulièrement plats, faire avancer l’histoire que l’on raconte est souvent (pas toujours) une bonne chose et une preuve de la qualité d’un cinéaste. Dream Boy est un film peu bavard. Mais il aurait tout de même été utile, par quelques répliques supplémentaires d’éclairer le spectateur sur différents points précis, par exemple comment se fait-il que Roy collégien (dans le sens américain du terme) se retrouve à conduire le bus de ramassage scolaire…


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Le cinéaste avait été particulièrement bien inspiré pour son premier film, Eban et Charley, de choisir pour le rôle principal Giovanni Andrade ; disons-le tout de suite, il a eu la main beaucoup moins heureuse pour Dream Boy. Non que Stephan Bender et Maximillian Roeg soient mauvais acteurs, même si Bender a une panoplie d’expressions un peu limitée, mais ils ne correspondent pas aux rôles qu’ils interprètent. Ils paraissent et sont tous les deux trop âgés (je ne parle pas des personnages du roman qui sont beaucoup plus jeunes) pour les situations qu’ils jouent, ce qui nuit à la crédibilité de l’ensemble.


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Problème subsidiaire, Stephan Bender (Nathan) est plus grand que Maximillian Roeg (Roy) alors que le personnage doit avoir deux ans de moins que Roy. C’est une erreur tellement grossière que l’on ne comprend pas comment personne ne l’a expliquée à Bolton avant le tournage. Néanmoins ils arrivent à nous faire sentir la délicate incertitude qui caractérise la situation de Nathan et de Roy, qui est mise en valeur par l’interprétation empreinte d’érotisme des deux jeunes acteurs.


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Le cinéaste semble d’ailleurs très heureux de ses interprètes comme en témoigne cette réponse faite à un interviewer qui lui demandait comment les deux garçons avaient abordé les scènes intimes : « Ces jeunes gens sont des professionnels. Ils ont pris leur rôle très au sérieux. Ils ont beaucoup puisé dans les personnages du roman. Ils ont aussi passé du temps avec les jeunes de Louisiane. Ils ont également parlé longuement de leur rôle avec moi et des personnages avec Jim Grimsley. Ils n'étaient pas du tout craintifs pour les scènes intimes du film. Il faut dire que Max est le fils du réalisateur Nicolas Roeg et a grandi dans le milieu du cinéma; il a par exemple, parmi tant d’autres côtoyé David Bowie à la table familiale ce qui a fait que c’est un garçon très ouvert d'esprit et professionnel. Quant à Stephan, sa première expérience derrière une caméra, il l’a fait dans Superman Returns. Il ne se demandait pas si son rôle pourrait lui procurer une plus grande célébrité, mais comment puis-je faire pour que mon personnage soit celui que l'auteur et le réalisateur ont envisagé ? Comme ils sont très professionnels, je pense que tous les deux vont continuer à jouer dans beaucoup de films. »


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Bolton a choisi de ne pas exactement dater son film. On peut penser qu’il se déroule dans la Louisiane dans le milieu du 20ème siècle.

Le cinéaste est assez inspiré dans la première scène de sexe entre les deux garçons. S’il ne montre pas grand chose, il réussit bien cependant à suggérer leur émoi, leur maladresse, leur fougue et leur plaisir.

La réalisation posée donne au film intensité et puissance. Le souci constant du détail lui apporte une touche très authentique. Le réalisateur a échangé le style urbain de son précédent film, The Graffiti Artist, à la dominante froide pour des images plus romantiques que baigne une lumière dorée.


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Peu de cinéastes ont autant de courage que Bolton qui n’hésite pas à s’attaquer à des sujets tabous comme à un amour entre un garçon de 15 ans et un homme qui a le double de son âge dans Eban et Charley et comme ici à l’inceste entre un père et son fils. En filmant les conséquences de l’acte et non celui-ci, le cinéaste n’évite pas l’obstacle, mais réussit mieux à peindre l’atmosphère irrespirable qui règne dans la maison de la famille de Nathan.


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Alors que James Bolton était l’auteur des scénarii de ses deux premiers films, dans un journal de Chicago il explique la raison du choix d’adapter un roman aussi difficile que Dream Boy d’autant que son auteur Jim Grimsley est aussi un auteur dramatique : « J'ai pensé que c'était une belle histoire qui me touchait de multiples façons. Y compris, les lieux. Je suis né et j’ai grandi dans le Sud, à St. Augustine, en Floride. Je ne crois pas que beaucoup de choses aient changé en Amérique si vous habitez en dehors des grandes villes, c'est encore très difficile d'être jeune et gay. Les enfants sont toujours harcelés dans les petites villes où ils doivent cacher et réprimer leur sexualité. Le fondamentalisme religieux est galopant et à tant d'égards l'estime de soi de ces jeunes est détruit. Je voulais faire un film qui traite de toutes ces choses pour aider à promouvoir un dialogue sur ces sujets. »


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Dans la même interview, il revient sur les difficultés de tournage dans le sud : « Mes deux premiers longs-métrages Eban & Charley et The Graffiti Artist ont tous deux été filmés dans le Nord-Ouest du pays sur la côte du Pacifique. Le tournage dans le Sud a été beaucoup plus difficile que je le pensais. Nous y sommes allés principalement pour retrouver l’atmosphère du roman. C'est une histoire très sudiste et je voulais faire quelque chose d'un peu différent de mes films précédents. Nous avons rencontré beaucoup d'homophobie lors du tournage. Ce qui n'a fait que renforcer les raisons pour lesquelles je voulais faire le film. Il y avait aussi des gens merveilleux... »

Mais Bolton a un peu présumé de ses forces en voulant traiter en un seul film, trop court, des sujets aussi complexes que l’inceste, l’amitié adolescente, la bigoterie du vieux sud et les légendes fantastiques qui le travaillent. C’est tout ce versant onirique du livre de Grimsley que le cinéaste peine a agréger dans un film par ailleurs convaincant par son âpre naturalisme.


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Le dvd :

Comme presque toujours chez Optimale, aucun bonus. Pour un tel film, quelques explications du réalisateur sur son choix et les problèmes qu’il a rencontré pour adapter un roman aussi culte n’aurait pourtant pas été inutiles. L’encodage du film est correct.

Pour plus d’informations :

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Fiche technique :

Avec Sacha Baron Cohen, Alice Evens, Trishelle Cannatella, Emerson Brooks, David Hill, Tom Yi, Alexander Von Roon, Richard Beymer, Ron Paul, Elton John, Snoop Doggy Dogg, Bono, Harrison Ford, Chris Martin, Sting et Paul dit Slash Hudson. Réalisateur : Larry Charles. Scénario : Sacha Baron Cohen, Dan Mazer, Anthony Hines et Jeff Schaffer. Image : Anthony Hardwick et Wolfgang Held. Montage : Scott M. Davids et James Thomas. Compositeur : Erran Baron Cohen.

Durée : 83 mn. Disponible en VO, VOST et VF.

 


Résumé :

Sacha Baron Cohen introduit à l’écran un personnage hors du commun dans une satire docu(l)mentaire très active dans la provocation. Bref, un pamphlet contre l’homophobie, dégénéré et rentre-dedans, forcément hilarant, qui prend par derrière toutes les communautés, y compris celles qu’il défend.

Les aventures du personnage de Brüno, un homosexuel autrichien, roi de la mode créé par Sacha Baron Cohen pour son émission de télévision Da Ali G Show.


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L’avis de Frédéric Mignard :

Les anales, désolé, les annales de la comédie peuvent rougir de l’arrivée de Brüno parmi les grands classiques comiques. Non seulement, s’agit-il de l’œuvre la plus drôle vue ces dernières années, mais surtout la nouvelle comédie des auteurs de Borat s’inscrit comme l’apologie du subversif, un suppositoire dans le derrière du tout bien-pensant qui implose là où cela fait le plus mal, c’est-à-dire au plus profond des mentalités arriérées et étriquées.

L’humour subversif et dévastateur vise le communautarisme homosexuel, religieux, juif, musulman, les hétéros du terroir, les blacks du ghetto et les amateurs de talk-shows, les militaires, le show-biz et le monde de la mode... Tout le monde en prend pour son grade dans une apologie du mauvais goût irrésistible qui aurait pu valoir au film de Larry Charles Religolo une très lourde interdiction, d’autant que niveau cul, porno excepté, on aura rarement vu autant d’attributs masculins jetés en pâture aux mirettes.


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Traité sur le mode du faux documentaire, qui ajoute au mode comique, Brüno relate l’exil d’un journaliste de la mode autrichien déchu vers l’eldorado hollywoodien où il va tenter de devenir célèbre par tous les moyens. Prêt à tout pour remuer son petit popotin sur scène, il va tenter de résoudre le conflit israélo-palestinien (très tendance la politique), organiser des interviews avec des vedettes (caméos de Paula Abdul et d’Harrison Ford inclus), adopter un bébé noir à la façon de Madonna et d’Angelina Jolie (en fait le môme a été échangé contre un Ipod lors d’un détour shopping en Afrique noire), faire un film X avec un politicien, participer à un talk-show et, comme rien ne marche, tenter par tous les moyens de devenir hétéro pour réussir une carrière de comédien comme Kevin Spacey et Tom Cruise (les rumeurs d’homosexualité sur les deux comédiens étant légion...).


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L’imbécilité crasse de Brüno, emblème d’un monde branché et superficiel, rappelle le personnage de Candide à la découverte du monde. Le récit quasi picaresque n’est évidemment pas sans faire écho aux péripéties du reporter kazakh Borat qui découvrait les USA avec sa crédulité et ses préjugés. Face à la vraie vie, l’homosexuel fantasque à la sexualité exacerbée et aux goûts vestimentaires kitsch, devient immédiatement la victime consentante de sa propre bêtise et des intolérances agressives. Le procédé de tourner avec des anonymes a valu à l’équipe pas mal de sueurs froides. Sacha Baron Cohen, créateur du personnage, qui joue également le rôle éponyme, s’est placé à plusieurs reprises en danger de mort en se fourvoyant dans la provocation la plus chargée parmi des homophobes endurcis, prêts à manifester leur haine viscérale pour les impies par la violence.

La frontière entre la réalité et l’écrit est troublante et rend le spectacle aussi étonnant qu’hilarant. L’incroyable cohérence qui en ressort, la finesse des dialogues paradoxalement lourds en réflexions politiquement incorrectes... tout cela fait de Brüno la comédie de studio la plus outrancière jamais tournée. Une page de l’Histoire du cinéma, édulcorée par la bande-annonce (pour une fois le trailer en dévoile peu), qui ne laissera, pour sûr, personne indifférent.


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L’avis de Voisin Blogueur :

Brüno présente une émission télé de mode en Autriche. Gay très efféminé, extravagant, trash, il est un curieux mélange de naïveté et de provocation permanente. Licencié par sa chaine, Brüno tente sa chance aux États-Unis et compte bien tout mettre en œuvre pour devenir célèbre : concepts télévisuels aux frontières du porno, charity business, adoption d’un bébé black… Jusqu’où ira-t-il ?

Après un Borat aussi débile que divertissant, Sacha Baron Cohen revient sur les écrans avec un nouveau personnage qui se veut encore plus déjanté. On aurait tendance à l’oublier mais derrière la caméra il y a quand même un réalisateur (dont personne ne parle), Larry Charles. Il vaut d’ailleurs mieux ne pas trop se pencher sur la réalisation, car disons le franchement : Brüno est visuellement très laid, plus mal filmé qu’une émission people sans budget. Se pose alors la question de savoir si cette farce « no limit » a vraiment sa place sur un écran de cinéma. Tout fait penser à une émission MTV (en beaucoup plus trash quand même).


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Le concept est simple : accumuler les provocations, choquer le petit bourgeois, enchainer les blagues de cul de plus en plus graveleuses. D’un mauvais goût extrême, cette production va parfois tellement loin qu’on ne peut s’empêcher de rigoler. Le show est assuré. Mais on regrette vraiment que le scénario soit si pauvre. On assiste à une collection de sketchs plus ou moins drôles et assez répétitifs et le côté « docu-fiction » laisse perplexe tant on sent que certaines situations sont préparées.

Faire de la bêtise des autres son fond de commerce, pourquoi pas. Reste que Brüno est une comédie extrêmement périssable, qui accumule les clins d’œil people qui dans quelques années n’évoqueront déjà plus grand-chose. À recommander aux gens à l’humour très « pipi caca » et à ceux qui veulent se vider la tête grâce à une surenchère constante.


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L’avis de Bernard Alapetite :

J'essaye ici que ne s'étale pas une suite de bougonnages et au contraire je tente d'y faire partager plus mes admirations que mes colères. Je pense que c'est à la fois plus productif et meilleur pour ma santé. Mais lorsque je lis, à longueur de gazettes des considérations louangeuses sur la daube de l'année (j'arrête un instant ma diatribe pour m'interroger sur le pourquoi on affuble un mauvais film du qualificatif de daube ? Qui signifie, selon le petit Larousse illustré, un de mes plus fidèles et anciens compagnons : « Manière de cuire à l'étouffée certaines viandes braisées (surtout le bœuf) avec un fond de vin rouge; viande ainsi accommodée. » Si un docte lexicographe est de passage, j'aimerais qu'il m'informe sur cette curiosité, car le bœuf en daube c'est bien bon...)... Or donc devant tant de propos laudatifs sur la daube en question, qui est Brüno, je me sens néanmoins contraint d'y aller de ma petite hargne. Dans ce film, nous voyons essentiellement durant plus de 90 minutes interminables un personnage sans aucun talent exhiber sa queue circoncise, même pas belle ! Je lis ici et là que Sacha Baron Cohen, le navrant réalisateur de Brüno, est subversif. Il me faut encore faire une incise et rappeler qu'être qualifié de « subversif » de nos jours par l'intelligentsia est la condition sine qua non pour pouvoir briguer l'espérance d'une audience. Est-ce que faire des moulinets avec son sexe est « subversif » ? J'avais, il y a de cela bien longtemps, un amant de passage qui réalisait cet exercice, d'un intérêt somme toute limité, très bien. Je précise qu'il était beaucoup plus beau que le sieur Cohen, mais il ne me serait pas venu à l'idée de le considérer alors comme un preux révolutionnaire.


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Il n'est pas plus subversif de ridiculiser, une fois de plus, les intégristes de tout poil. Je m'aperçois depuis déjà longtemps que cela ne les empêchent de se multiplier encore plus vite que les lapins, tout en ayant beaucoup moins de cervelle que ces charmantes bêtes. La seule subversion de ce film, qui en outre est un pâle calque de Borat précédent pensum commis par Cohen, est d'arnaquer le prix d'une place de cinéma ou d’un DVD à autant de gogos de par le monde.

Il y a un seul cinéaste (je n'oublie pas la prestigieuse fratrie des Coen mais leur nom n'a pas la même orthographe) qui a pour nom Cohen et il est français : c'est Ilan Duran Cohen. Si vous ne le connaissez pas encore, à la place de voir Brüno, découvrez-le; vous pouvez voir et revoir ses films qui sont des modèles d'intelligence, d'humour et de sensualité et dont le dernier Le Plaisir de chanter est sorti récemment en DVD.

Nota : Vous remarquerez que pour une fois, sur mon blog, je n'ai pas mis une seule illustration mais je ne voulais pas que la gueule de raie (cher lexicographe de passage, pourquoi ce délicieux et gracieux poisson est une injure ?) du sieur Cohen dépare mon blog.

Pour plus d’informations :

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Fiche technique :

Avec Sebastian Schlecht (Johann), Eric Golub (Robin), Iris Minich (Grit), Denis Alevis (Henri) et Rainer Winkelvoss. Réalisateur : Jan Kruger. Scénario : Jan Kruger. Image : Bernadette Paassen. Montage : Ute Sound. Musique : Tarwater.

Durée : 75 mn. Disponible en VO.

 


Résumé :

Johann (Sebastian Schlecht) et son ami Robin (Eric Golub) font une escapade à bicyclette à travers les forêts pittoresques du Brandebourg ; ils rencontrent une série d'obstacles et d'incidents qui non seulement va tester leurs relations mais aussi la relation que chacun d’eux a avec le monde qui l’entoure.

Espiègle, Robin teste immédiatement leur résilience par des « peut-être ». A-t-il oublié sciemment les piquets de la tente à la maison ? Mais peu importe : les garçons n'ont aucune difficulté à trouver des moyens pour se réchauffer durant la nuit...


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Après quelques jours de vélo, de frugalité et de natation réparatrice dans le plus simple appareil, les choses prennent une tournure étrange lorsque leurs vélos disparaissent mystérieusement... Les cartes se révèlent inutiles. Et dans l’épreuve chacun apprend à connaître une nouvelle facette de l'autre. Johann et Robin considère la nouvelle situation comme une sorte de défi sportif.

Ils poursuivent le voyage à pieds. Les garçons trouvent une ferme au cadre chaleureux, habitée par une femme, qui semble très libre d'esprit, et son fils adolescent (Denis Alevis, la seule belle créature du film). Johann et Robin sont inviter à rester quelque jours dans cette thébaïde; ce qui va changer le cours de leur voyage...


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L’avis de Bernard Alapetite :

Kruger a voulu faire avec Ruckenwind, que l’on peut traduire par « vent arrière » ou « vent favorable » (titre qui a bien peu de rapport avec ce que l’on voit sur l’écran...), à la fois un road-movie idiosyncratique et un conte érotique homosexuel et contemplatif dans lequel il prendrait son temps pour nous faire ressentir l'intimité et la découverte de soi de chacun de ses personnages plongés dans une majestueuse forêt. Il résulte de cette tentative éminemment germanique, de confrontation entre culture et nature, un profond ennui.


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Cela commence très mal avec la scène d'ouverture, où l’on comprendra rétrospectivement que le cinéaste a opéré un transfert du point de départ de son histoire sur un plan symbolique. Alors que Johann regarde un couloir d'un hôpital vide (que l’on ne retrouvera qu’à la fin du film qui ne sera donc qu’un long flashback), il récite, hors champ, d’une voix que l’on a du mal à identifier comme celle du jeune homme, la fable du lièvre et du renard, qui se réunissent dans la forêt et s’y font des amis, comme les protagonistes du film dont les premiers mots sont : « Il était une fois un renard et un lièvre... » L’histoire, ici abstraite, fondée sur des créatures mythiques, est révélatrice de la manipulation de Kruger envers ses personnages. On ne saura qu’à la fin du film que Johann est dans cet hôpital, qui tient de la prison, parce qu’il aurait ingéré des baies toxiques (le conditionnel est de rigueur tant tout cela est confus !). La dernière scène en forêt pourrait donc n’être qu’un délire (?).


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Les raisons de ce ratage sont multiples, à commencer par le parti pris de se regarder filmer constamment. Le réalisateur semble interpeller le spectateur pour lui dire : regardez comme je filme bien, comme je fais de beaux plans parfaitement inutiles, tel le dernier du film. Durant toute la durée de Ruckenwind, le cinéaste multiplie les afféteries de caméra, long, long plan fixe signifiant, très signifiant, avec musique surlignante, filmage des reflets de ses protagonistes dans vitres et miroirs, point flou volontairement, agitation brusque de la caméra, gros plans vains...


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Ruckenwind, en outre, ne possède pas d’unité narrative mais est divisé en deux parties bien distinctes. La première, dans laquelle les deux randonneurs sont seuls et où chaque fois que le spectateur, à travers la reconnaissance d'une scène type, a l'illusion de comprendre les relations qui unissent Johann et Robin et est déstabilisé par la scène suivante qui le met dans la position d’un observateur extérieur. Il se retrouve alors, reluquant en douce les jeux mystérieux des deux garçons qui se terminent souvent par des joutes sexuelles. Cette opacité ne renforce pas l’épaisseur des personnages mais la perplexité du regardeur...


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Puis, lorsque Johann et Robin sont cantonnés avec Grit (Iris Minich) et son fils Henri (Denis Alevis), j’ai eu alors l’impression, vite démentie, que ce vent arrière, allait tourner façon Amants criminels d’Ozon, le film laisse le mystère en grande partie derrière lui et adopte une narration plus classique du récit. Soudain, Kruger se concentre davantage sur ses personnages et leurs relations les uns avec les autres qu’il illustre par de courtes scènes telles un dîner, la séance de tir... Il recentre son récit sur les relations qui se développent entre le couple et ses hôtes, une relation amicale qui n'est pas dépourvue de tensions érotiques. Elle est comme un écho avec celle que développent les deux garçons au début, relation à la fois ludique et érotique dans laquelle la violence a aussi sa place. Encore et encore, les personnages se perdent dans des comportements enfantins comme l'aspersion avec un tuyau d'arrosage par Grit de Johann et Robin, ce qui nous vaut un panoramique sur leur assez triste anatomie ou encore cette course à bicyclette pour tester le caractère de leur rapport sur un mode purement physique.


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Les caractères de Grit et d’Henry aurait demandé un approfondissement qui aurait peut-être éclairé ce qui tient lieu d'intrigue.

Et puis sans véritable raison Kruger fait revenir son film dans la forêt, ce qui embrouille complètement le spectateur.

Kruger trouve beaux ses deux héros principaux. Il s’attarde longuement sur leur plastique et nous offre à plusieurs reprises leur nudité intégrale. Malheureusement, je suis loin de partager les goûts du cinéaste. Un film aussi peu naturaliste (Kruger a déclaré que le film n’était pas prévu à l'origine comme un long métrage, mais comme un essai poétique) aurait pu permettre à son réalisateur de choisir pour les deux rôles principaux, qui ne quittent quasiment jamais l’écran, des jeunes gens au physique de rêve, ce qui n’est pas le cas avec le velu Sebastian Schlecht et le grassouillet Eric Golub, d’autant qu’ils ne compensent pas leur physique ingrat par leur jeu. De toutes les manières il aurait fallu des acteurs beaucoup plus jeunes, quinze-seize ans, pour donner un peu de consistance et de vérité à cette histoire qui en aurait eu bien besoin...


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Ruckenwind est le deuxième long métrage de Jan Kruger, qui est né en 1973, et a par ailleurs réalisé plusieurs courts métrages dont l’excellent Freund.

La fable est un genre bien difficile, en particulier au cinéma où ses réussites sont extrêmement rares. Il demande une grande clarté pour que le spectateur en saisisse la morale. Malheureusement la clarté n’est pas la qualité première de Jan Kruger.


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Le film a été édité en dvd en Allemagne.

Pour plus d’informations :


Fiche technique :
Avec Bernard Campan, Charles Berling, Léa Drucker, Jacqueline Jehanneuf, Eric Prat, Niels Lexcellent, Anna Chalon, Antonin Chalon, Léocadia Rodriguez-Henocq, Caroline Gonce, Aurélie Guichard et Philippe Lefebvre. Réalisation : Zabou Breitman. Scénario : Zabou Breitman et Agnes de Sacy. Image : Michel Amathieu. Son : Lucien Balibar. Montage : Richard Marizy. Décor : Pierre Quefféléan. Musique : Laurent Korcia.
Durée : 114 mn. Disponible en VF.



Résumé :

Frédéric, avec famille et amis, passe ses vacances dans une belle maison près d’un non moins beau village drômois. La tribu décide, le premier soir de leur installation, d’organiser un barbecue pour fêter leurs retrouvailles. Au débotté Frédéric propose d’inviter leur nouveau et énigmatique voisin que la smala a déjà aperçu se baigner nu dans sa piscine. Après un repas bien arrosé pendant lequel Hugo n’a pas fait mystère de son homosexualité, Hugo et Frédéric prolongent leurs agapes, seuls sur la terrasse de la propriété qui domine la campagne, sirotant du vin, confortablement installés dans leurs fauteuils. Durant cette longue conversation, qui ne se terminera qu’au petit matin, les deux hommes se dévoilent en se livrant à une sorte de jeu de la vérité sous les étoiles de cette nuit estivale. Leurs échanges nous seront distillés petits morceaux par petits morceaux tout au long du film. Au fur et à mesure que cette longue conversation infusera lentement dans le cerveau de Frédéric, attiré par Hugo, par sa culture, par sa liberté d’esprit, par son charme et son élégance, il va remettre en question sa vie de couple bourgeois avec enfant et... son hétérosexualité.

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L’avis de Bernard Alapetite :
Il est incontestable que cela fait plaisir de voir un film français aussi bien filmé de la première à la dernière image. Mais parfois une trop belle photo peut aller à l’encontre d’un film, étouffant l’émotion sous la virtuosité technique. C’est le cas ici. La réalisatrice n’a semble-t-il pas pu empêcher son chef opérateur de prendre le pouvoir d’où un grand nombre d’images gratuites. Les acteurs, tous parfaits, sont contraints de défendre leur personnage dans les interstices de tableaux au cadrage extrêmement étudié dans lesquels on sent que le plus petit détail, le moindre rayon de lumière ont été pensés et repensés. Ce volontarisme exacerbé bride la création artistique.

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Pour certains cinéastes, le montage est une deuxième écriture. À voir L'Homme de sa vie, Zabou Breitman est de ceux-là. Si souvent ce montage et ce filmage sophistiqués servent et sont même la matrice du film, comme le procédé consistant à découper la conversation, génératrice de l’intrigue, et à en disséminer des fragments tout au long du film comme autant de petits cailloux blancs balisant le chemin qui mènera Frédéric à se découvrir, parfois ils laissent perplexe quant à leur bien fondé narratif. Telle cette propension à ne filmer que les pieds des acteurs lors d’une scène ; même si, comme c’est le cas assez souvent, le film joue alors à merveille sur le hors champ, laissant la bande-son nous informer sur l’action. Plutôt que L’Homme de sa vie, jeu de mots un peu plat, le film aurait du s’appeler « la signifiance des pieds », ce qui aurait été plus en accord avec son très appuyé freudisme, surtout dans sa dernière partie. On a alors l’impression que la cinéaste, ayant peur que le spectateur ne comprenne pas ses intentions qui sont pourtant assez limpides dès le début, se croit obligée d’ajouter des scènes, toujours belles formellement mais lourdement explicatives. Une frôle le ridicule : Hugo adulte devant la porte rouge de la maison de son enfance dont l’adolescent a été chassé lorsque son père découvrit son homosexualité, à une échelle si grande qu’elle semble écraser Hugo qui tente, trop petit, d’en atteindre la poignée. Porte qui lui donnerait accès à l’hôpital où il finit par rendre visite à son père qu’il n’a pas vu depuis vingt-cinq ans et qui meurt d’un sida contracté lors d’une transfusion. On le voit, tout cela n’est pas particulièrement léger. Ce qui sauve ces séquences du pathos c’est que l’on ne sait jamais si ce que l’on voit est du domaine du songe ou du réel.

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Pourtant, la réalisatrice sait aussi être légère quand, mine de rien, par petites notations, elle nous parle d’un homosexuel répudié adolescent par son père, d’un gay cherchant sa propre place de père d’une adolescente, d’un révolté contre la norme, d’un homme heureux dans sa sexualité compulsive, d’un hédoniste que la mort angoisse, d’un solitaire défendant pied à pied une liberté que l’on suppute acquise de haute lutte, d’un créateur entre rêve et devoir...

Dans L'Homme de sa vie, Zabou Breitman ne donne que de rares éléments sur ses personnages. Elle s’en explique : « On sait vaguement que l'un est chimiste et l'autre est graphiste, mais on pourrait les intervertir. Au casting, je me suis attachée à ce que les personnages de Frédéric et Hugo soient absolument interchangeables. Frédéric et Frédérique (Léa Drucker) portent d'ailleurs le même nom. En parlant des trois, je parle de la même personne. Chacun porte en lui un tiers de l'autre. Lorsque Frédéric est à côté d'un homme, il a l'air plus féminin et lorsqu'il est à côté d'une femme, plus masculin... Frédéric n’a jamais vu quelqu’un comme Hugo et Hugo n’a jamais vu quelqu’un comme Frédéric. » Cette dernière allégation n’est pas évidente. On peut même en douter au vu de leur statut social. Comme souvent dans le cinéma français, on ne peut s’empêcher de penser que le scénario aurait eu plus de pertinence si les personnages avaient appartenu à une classe sociale moins privilégiée.
Un des grands atouts du film est l’excellence des comédiens. Charles Berling retrouve un rôle d’une subtilité équivalente à celui de Petits arrangements avec les morts qui nous l’a fait découvrir au cinéma en 1993. Il commente la relation entre Hugo et Frédéric de la façon suivante : « J’ai le sentiment que ces deux hommes s’aiment parce qu’ils sont parvenus à un point de vérité, que leur rencontre se fait sur la révélation et l’acceptation de leurs faiblesses. » La grande confirmation reste Bernard Campan que l’on ne verra plus jamais comme un « Inconnu ». Il y a quelques années, le magazine Première contenait une rubrique intitulée, « On ne sait jamais comment ils s’appellent ». Pour qu’il n’en soit jamais plus ainsi, je signale que l’acteur remarquable dans le rôle du beauf et qui était déjà parfait en flic pourri dans 93 rue Lauriston a pour nom, Éric Prat.

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Si belles soient-elles dans leur photographie, plusieurs scènes paraissent aussi inutiles qu’absconses en particulier celle d’un quatuor de musiciens jouant dans une masure avec fougue et sérieux comme s’ils étaient à Pleyel ! Il reste à espérer que la réalisatrice éclairera nos lanternes dans un commentaire sur le futur dvd.
Rien ne doit être gratuit dans un film, tout doit être au service des émotions, des sensations, des idées... que le cinéaste veut faire passer par l’image. Mais que nous apporte le décor raffiné à l’extrême de l’intérieur de la maison d’Hugo (en complet divorce avec son extérieur) avec le sol transparent de la mezzanine ? Sinon le plaisir d’admirer l’ange blond d’une nuit qu’Hugo a levé dans la boîte locale, un beau garçon nu en « vue de dessous », ce qui n’est pas banal mais très cucul.

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Paradoxalement pour un film qui se veut aussi « cinématographique », on a le sentiment que cette histoire, si bien dialoguée, même si l’on pense un peu à Un petit jeu sans conséquences de Bernard Rapp, aurait plus sa place sur les planches que sur un écran de cinéma. C’est plus le théâtre de Bernstein qu’elle nous rappelle que tout autre souvenir cinématographique et comme spectacle récent la pièce de Besset Les Grecs qui, elle aussi, mettait en scène l’homosexualité, dans un milieu similaire à celui de L’Homme de sa vie.
Le premier film de Zabou Breitman avait pour titre Se souvenir des belles choses, ne nous souvenons que de celles-ci dans ce deuxième film où il y en a beaucoup.

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L’avis de Niklas :
Frédéric et Frédérique passent leurs vacances en famille dans un petit hameau. Un soir, ils invitent leur nouveau voisin, Hugo, à dîner en compagnie de toute la petite tribu. Hugo leur apprend avec amusement qu'il est homosexuel. Et après que les deux hommes aient passé la soirée à discuter tardivement (ou plutôt matinalement), le trouble va naître dans le cœur et dans la tête de Frédéric...


L'homme d'à côté par Zabou Breitman.
Le film à caractère homosexuel français est assez rare pour qu'on le note, surtout quand il n'est pas réalisé par Ozon ou Chéreau et qui plus est, quand il l'est par une femme qui a tout de même décroché un petit César de réalisatrice pour Se souvenir des belles choses. Je précise au passage que je ne l'ai pas vu.
Ici, elle nous propose donc de suivre le bouleversement qui intervient dans la vie d'un homme après sa rencontre avec un autre qui mène une vie à l'opposée de la sienne. Ce face à face hétéro en couple/homo célibataire est interprété par un Bernard Campan assez touchant et un Charles Berling parfait dans son rôle (comme toujours, serais-je tenté de dire). À plusieurs moments, la réalisatrice fait preuve de subtilité là où je craignais qu'elle se vautre platement. Elle filme ce rapport ambigu avec beaucoup d'émotion, mais développe trop en effets de style et pousse très loin ses personnages jusqu'à nous faire attendre et nous essouffler comme après un footing.


J'ai attendu, à tort peut-être, le moment où tout prendrait feu et exploserait alors que Zabou se contente de peindre des personnages (certes elle le fait très bien) se perdant dans la confusion des sentiments. Elle, se reposant probablement sur le talent des comédiens (surtout Berling), n'offre rien d'autre qu'une histoire dont je ne retiens au final que la beauté de quelques plans et la longueur d'un scénario qu'elle brode à force de répétitions sans grand intérêt. Dommage, mais pour moi si elle voulait raconter une histoire d'amour, elle est passée à côté de son film.
Les seuls moments palpitants sont les discours de Berling sur le couple, mais probablement parce que je suis PD et que je pense globalement comme lui.
Pour plus d’informations :

 

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Fiche technique :

Avec Wayne Virgo (Cal), Tom Bott (Jonno), Alice Payne (Nessa), Marc Laurent (Olivier), Garry Summers (Scott), Bernie Hodges (Will), Christian Martin (David), Louise Fearnside (Dayna), Oliver Park. Réalisateur : Simon Pearce. Scénario : Simon Pearce, Darren Flaxtone & Christian Martin. Image : Simon Pearce. Musique : Barnaby Taylor. Montage : Darren Flaxtone.

Durée : 89 mn. Disponible en VOSTfr.

 


Résumé :

Bristol, 2009, sa drogue, ses gangs et ses ados mignons et à l’ouest (pas seulement géographiquement) bien connus des fervents de la série anglaise Skins. Cal (Wayne Virgo), 18 ans, mignon genre lascar mélangé, est membre d’un gang qui à l’occasion casse du pédé. Mais Cal a un gros secret, non seulement il se mitonne des plans cul avec des amants de passage via le net, mais surtout il est secrètement amoureux du joli dur du gang, Jonno (Tom Bott que l’on pourrait croire sorti d’un film de Bruno Dumont). Ce dernier est totalement sous la coupe de Nessa, une virago qui hait les “sissies”. Un jour, alors que la petite bande tuait le temps en taguant une palissade (tout du long du film les amateurs de street art sont gâtés) passe une jeune et gracile follasse revenant de son shopping. Le gang se rue sur cette offense à la virilité. Jonno roue de coups le mignon.


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Mais bientôt Cal s’interpose pour protéger le garçon à la stupeur de ses potes. Le voilà désormais tricard pour le gang, poursuivi par la haine de Nessa... Le dit mignon s’appelle Olivier, jeune français, il est venu à Bristol parfaire sa connaissance de la civilisation britannique. On a vite compris que Cal ne va pas rester longtemps insensible au charme d’Olivier. Pour corser l’affaire, Olivier a un prof gay, Scott (Garry Summers), qui n’est peut-être pas non plus sans vouloir du bien au jeune français. Ce prof a été tabassé par Cal à la fin d’un plan cul qui a mal tourné...


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L’avis de Bernard Alapetite :

Shank est d’abord le portrait d’un adolescent, Cal, et montre à quel point il est difficile pour un jeune de se réconcilier avec sa sexualité, quand tout autour de lui l’oblige à croire que ses sentiments naturels ne sont pas naturels.

L'histoire d'amour atypique qui se tisse entre Cal et Olivier est tendre et étonnamment douce, au milieu des dangers et de la violence qui entourent les deux garçons...


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Souvenez-vous, Bristol est aussi la ville où se déroule la série Skins. En y allant, je ne m’étais pas aperçu que cette jolie ville, dont le décor est bien utilisé par le réalisateur, était la patrie d’aussi jolis garçons se livrant à autant de turpitudes... Je ne serais pas surpris que Simon Pearce soit un grand fan de la série Skins mais aussi des films de Gregg Araki. Il est certain également que Pearce a eu l’ambition, pas complètement réussie, en raison des lourdeurs de son scénario, de faire le Beautiful Thing des années 2000.

Mais il n’en est pas si loin. Shank ouvre la voie à un nouveau cinéma gay hyper réaliste et contemporain, qui n’hésite pas à passer du romantisme à une violence à fleur de peau. Le film prend une résonance tout à fait différente quant à sa crédibilité lorsqu’on apprend que la majorité du récit a été nourri par des événements réels qui ont eu lieu au Royaume Uni.


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Pearce, tout en renouvelant le cinéma gay, réussit à se mettre dans la droite ligne de toute une tradition, excellente, du cinéma britannique. Comme dans Beautiful Thing, il explore des milieux qui sont rarement visités par le cinéma gay mais dont le cinéma anglais avec Mike Leigh et Stephen Frears avec son My Beautiful Laundrette s’est fait depuis longtemps le meilleur anthropologue.

Sociologiquement, le film est très novateur. D’abord il dépeint un milieu très peu visité dans le cinéma gay, et même dans le cinéma « main street », les gangs, mais surtout il illustre très justement l’intrusion et la conséquence de média récents, comme le net et le téléphone portable dans le quotidien.


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Moralement, il me parait dans sa fin, qui malgré sa virtuosité n’est pas complètement convaincante, la dernière demi heure est plus faible, très discutable. Shank suggère quelque chose qui m’a un peu déconcerté car le film nous fait croire que même les pires d'entre nous méritent une deuxième chance...

La construction du scénario de Shank est complexe avec sa mise en abîme des écrans des téléphones portables, des ordinateurs dans le grand écran. Elle joue également sur le temps, le dilatant parfois ou du moins utilisant le temps réel, qui n’est presque jamais le temps du cinéma, par exemple dans la scène de sexe entre Cal et Olivier. À ce propos le cinéaste réussit, au milieu des chauds ébats amoureux entre Cal et Olivier, à placer très discrètement et habilement la mise du préservatif (ce qui est aussi louable que rare ; ce que pour ma part je n’avais pas réussi à faire dans mon film Comme un frère, ce qui me fut reproché.). A contrario, le scénario contient également de nombreuses ellipses.


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Dans plusieurs courtes séquences, Pearce utilise une figure de style habile (elle me semble assez nouvelle, ne me venant pas à l’esprit un autre exemple dans le cinéma, sinon un peu dans Parle avec elle d’Almodovar, mais est proche de l’aparté du théâtre), Scott s’adresse à un personnage muet que l’on ne voit pas. Le cinéaste se sert du champ mais occulte le contre champ qu’il ne montre jamais. Nous découvrirons ce dernier qu’à la toute fin du film, ce qui construira énormément le personnage de Scott.

C’est justement dans la construction des personnages que le scénario est léger, ce qui est partiellement masqué par l’excellence et l’engagement des comédiens. Mais par exemple nous ne savons pas ce qui a amené Olivier en Angleterre, ni quel est l’origine des membres du gang qui semblent être nés de lui. On peut s’étonner aussi de l’aisance financière d’Olivier et encore plus de celle de Cal. Mis à part Scott, les autres personnages ne sont pas situés socialement.


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La musique, du compositeur britannique Barnaby Taylor, qui emprunte aussi bien au hip-hop qu’au rap est conforme sociologiquement au groupe que l’on voit se mouvoir sur l’écran. Mais plus original, elle utilise aussi des solos de piano et de guitare qui sont autant de ponctuations à des moments clés et les soulignent magnifiquement. Ils aident à amener l’histoire du personnage principal à son plus haut niveau émotionnel.

Ce qu’il y a de bien dans le cinéma anglais c’est que les acteurs sont toujours parfaits, et cela dès leur premier film. Shank ne déroge pas à la règle, même le jeune français, qui en fait est belge, se tire très bien de son personnage un tantinet caricatural ; il doit y avoir un phénomène d’osmose ! En outre, dans Shank, les trois principaux protagonistes sont, chacun dans leur genre, très appétissants...

Qui sont-il ? Tom Bott (Jonno) est né dans le Surrey et vit à Londres. Il est apparu dans plusieurs productions de théâtre et de télévision au cours de sa carrière d'acteur. Shank est son premier rôle dans un long métrage.


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Wayne Virgo est un récent diplômé de l'Académie Western South of Dramatic Arts (SWADA). C'est un natif de la banlieue de Bristol. Il a joué à domicile, comme Alice Payne (Nessa). Shank est son premier rôle professionnel. Depuis Shank, Wayne Vigo a tourné un autre film, cette fois par les scénaristes de Shank, Christian Marin et Darren Flaxtone, dans lequel l’on retrouve Simon Pearce faisant l’acteur. On peut ajouter que Darren Flaxtone est le monteur des deux films et que Pearce ne laisse à personne d’autre le soin de signer l’image de son film. L’étonnante polyvalence de ce groupe n’est sans doute pas pour rien dans la qualité de Shank.

On peut noter aussi que Marc Laurent, qui est né en Belgique et qui a étudié le théâtre avant de venir au Royaume Uni pour apprendre l'anglais et étudier l'art dramatique à la South West Academy of Dramatic Arts (SWADA), vient donc de la même école que Wayne Virgo. Shank est sa première expérience dans un long métrage.


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Pour insister sur l’homogénéité dans la différence de l’équipe du film, Bernie Hodges, qui joue le rôle de Will, est professeur dans cette même SWADA et a aidé Pearce dans sa direction des acteurs.

Le filmage fait preuve d’une étonnante maturité quand on connaît l’âge du réalisateur. Beaux plans, caméra bien posée qui parfois fait place à une judicieuse utilisation de la caméra portée. Le montage très nerveux dynamise le film.

La grande scène de sexe du film entre Cal et Olivier est certainement ce que l’on peut voir de mieux dans le domaine dans le cinéma gay non pornographique. Je me suis amusé à faire une sorte de roman photo de la scène qui en dit, je crois beaucoup plus qu'un long discours.

C’est paradoxalement son excellence qui m’amène à plusieurs réflexions et qui met en exergue la difficulté de filmer une scène de sexe vraiment réaliste. Le fait de simuler l’acte de pénétration (sinon on tombe dans le pornographique selon les critères de l’exploitation des films) oblige à des positions des partenaires souvent à la limite du crédible, même si, cela semble être le cas ici, les acteurs ne font preuve d’aucune inhibition. Pour des problèmes de censure, il est quasiment impossible de montrer un sexe en érection (les exemples dans le cinéma non pornographique sont extrêmement rares ; les seuls exemples qui me viennent à l’esprit sont une vision fugitive dans Le Temps qui reste de François Ozon et beaucoup plus évidente dans Le Pornographe de Bertrand Bonello. Il doit en avoir d’autres mais je laisse le soin de nous les indiquer aux sagaces lecteurs qui j’espère ne manqueront pas de le faire). Avec de telles contraintes, le cinéaste se pose toujours la question de la nécessité de montrer des scènes de sexe à l’écran. Il devrait se poser la question suivante : « Ne vaudrait-il pas mieux les remplacer par des scènes de tendresse ? » Ce que fait aussi très bien Pearce qui réussit à mêler le hard avec le romantisme. Ce qui est rarissime au cinéma et particulièrement dans le cinéma gay dans lequel les gestes de tendresse semblent bannis.


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Le film n’a pas été sans déranger dans son pays alors qu’il a été sélectionné dans une trentaine de festivals gay et lesbien de par le monde ; la BFI, organisateur d’un des plus grands festivals gays, celui de Londres, a refusé de le sélectionner, ce qui a provoqué un tollé.

Pour son premier film, Simon Pearce (mais on peut penser que plus que jamais, même si c’est toujours plus ou moins le cas au cinéma, ce film est autant celui d’une équipe que d’un seul homme), qui lorsqu’il a tourné Shank n’était âgé que de 21 ans, soit à peu près l’âge de ses héros, a frappé très fort même s’il n’a pas évité tous les écueils du premier film comme de surcharger son scénario et le doter d’une fin peu crédible mais réconfortante. Il réussit néanmoins à renouveler le film gay, se défiant de l’obligé coming-out et autres conventions du genre, en ancrant son intrigue dans l’univers des gangs. Le sexe y est explicite, la violence est déchirante, et la qualité d’interprétation des jeunes acteurs est tout à fait impressionnante.


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Le DVD :

Shank est édité en France par Optimale qui, comme à son habitude, en fait le minimum question bonus. Il y a bien un macking of très bien fait où l’on découvre que le réalisateur est un gamin, qui en outre a les plus belles oreilles du Royaume Uni, réussit à être très informatif tout en étant léger grâce notamment à un remarquable montage. Le seul problème, c’est qu’Optimale n’a pas jugé bon de le sous-titrer ! Et comme toujours chez cet éditeur, on est obligé de passer par les bandes annonces d’autres films du catalogue pour parvenir au menu principal à l’habillage indigent. La qualité de l’image est correcte.

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